L’Occident appelle les pays du Sud global à soutenir l’Ukraine

Une réunion de deux jours s’est tenue à Copenhague avec des assistants et conseillers à la sécurité nationale, certains représentant l’Occident, d’autres représentant ce que les médias appellent de plus en plus le Sud global. Parmi ces derniers se trouvaient des invités de l’Inde, de l’Afrique du Sud et du Brésil. Ces trois pays, avec la Chine et la Russie, font partie du club informel des Brics.
Les participants à la réunion dans la capitale danoise ont discuté de la coopération visant à soutenir l’Ukraine. Certains ont été appelés à rejoindre la coalition antirusse, d’autres ont été invités à y participer plus activement.
En Ukraine, la réunion des 24 et 25 juin est considérée comme une incarnation de l’idée de Volodymyr Zelensky, qu’il a exprimée le 22 mai lors du sommet du G7 au Japon. Il a proposé d’organiser une conférence avec la participation du plus grand nombre possible de pays dans le monde. Là, selon le leader ukrainien, un soutien collectif devrait être exprimé à Kiev dans son opposition à la Russie. Zelensky a appelé à tenir cet événement en juillet, à l’occasion du 500ème jour le conflit armé russo-ukrainien. À Copenhague, il était prévu de déterminer une date précise.
À Washington et Bruxelles, Zelensky a été globalement soutenu. À en juger par ce qui est rapporté sur la réunion à Copenhague, son organisateur réel était les États-Unis. Selon le Financial Times, une entente à ce sujet a été convenue lors d’un entretien entre Joe Biden et la première ministre danoise Mette Frederiksen, qui a récemment eu lieu à Washington.
La réunion s’est tenue au ministère des Affaires étrangères du Danemark. Aucun accord officiel n’a été conclu, ce qui n’est pas surprenant: elle était informelle. En particulier, la date exacte du « sommet sur la formule de paix » est restée inconnue pour la presse. Le Wall Street Journal affirme seulement qu’il est prévu de le tenir avant le sommet de l’Otan à Vilnius, c’est-à-dire avant les 11 et 12 juillet. Il aura probablement lieu à Paris. En tout cas, le président français Emmanuel Macron a exprimé le désir d’accueillir le « sommet sur la formule de paix ». Cependant, d’autres pays ont été mentionnés: la Suède, le Danemark et, enfin, l’Ukraine. L’organisation du « sommet sur la formule de paix » dans ce pays a été qualifiée de « l’option la plus souhaitée pour nous » par le chef du bureau du président ukrainien Andrij Ermak.
Mais hormis les décisions prises, la réunion de Copenhague a marqué par la composition de ses participants. La Maison Blanche était représentée par Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis, et Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe pour les affaires politiques. Tous deux supervisent largement la politique étrangère américaine en Ukraine, mais on ne peut pas dire qu’ils soient des spécialistes de profil étroit. Yermak a écrit sur les réseaux sociaux qu’en plus de son pays, du Danemark et des États-Unis, des représentants du Brésil, du Royaume-Uni, de l’Union européenne, de l’Italie, de l’Inde, du Canada, de l’Allemagne, de l’Afrique du Sud, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie, de la France et du Japon avaient participé à la réunion de Copenhague.
La Chine, qui avait également été invitée, n’a pas envoyé de représentant à la capitale danoise. Si elle l’avait fait, on aurait pu dire que des envoyés de conseils de sécurité nationale de deux clubs internationaux se sont rencontrés à Copenhague. Il s’agit du G7 (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Canada, France Japon, et l’Union européenne participe parfois aux sommets) et des Brics, mais sans la Russie (la Turquie et l’Arabie Saoudite prévoient de demander à participer à ce groupe dans un avenir proche).
On peut considérer l’absence de la Chine à la réunion de Copenhague comme un échec de la diplomatie américaine. Il y avait certainement des signes que la Chine était prête à changer radicalement son attitude envers le conflit russo-ukrainien. Rappelons, par exemple, le vote du 26 avril à l’Assemblée générale de l’ONU sur la résolution concernant la coopération avec le Conseil de l’Europe, qui condamnait les actions de la Russie en Ukraine. Parmi les pays qui ont voté pour le document, il y avait la Chine. C’était la première fois que Pékin soutenait une résolution antirusse sur l’Ukraine. Cependant, la Chine n’a pas voulu aller plus loin.
L’Inde est une autre histoire. Ce pays, qui a également soutenu la résolution d’avril de l’Assemblée générale de l’ONU, coopère de plus en plus étroitement avec les États-Unis et l’UE sur le dossier ukrainien. Cela s’est clairement manifesté lors de la récente visite à Washington du premier ministre indien Narendra Modi. À l’issue de ses entretiens avec Biden, une déclaration conjointe a été adoptée. Il a été noté que les deux pays « s’engagent à fournir une aide humanitaire constante au peuple ukrainien » et appellent « au respect du droit international, des principes de la Charte des Nations unies, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté », et étaient également d’accord sur « l’importance de la reconstruction post-conflit en Ukraine ». Également à Washington, Modi a annoncé qu’un représentant indien participerait à la réunion à Copenhague., C’est un mauvais signal pour la Russie: l’Inde est le plus gros acheteur de pétrole russe, bien plus important que la Chine.
Alexandre Lemoine