L’Otan « à la chasse aux pirates » dans l’océan indien

Brève histoire de l’Otan de 1991 à nos jours. Septième partie.

En octobre 2008, un groupe naval de l’Otan, le Standing Nato Maritime Group 2 (Snmg2), traverse le Canal de Suez pour entrer dans l’Océan Indien. En font partie des navires de guerre d’Italie, Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, Grèce et Turquie. Ce groupe naval (dont le commandement est assumé par roulement des pays membres) fait partie d’une des trois composantes de l’Allied Joint Force Command Naples, dont le commandement est attribué de façon permanente à un amiral étasunien, le même qui commande les Forces navales USA en Europe. L’aire dans laquelle opère le Snmg2 n’a désormais plus de frontières, en ceci qu’il constitue une des unités de la « Force de réaction Otan », prête à être projetée « pour n’importe quelle mission dans n’importe quelle partie du monde ».

Objectif officiel de la mission du Snmg2 dans l’Océan Indien : mener des « opérations anti-piraterie » le long des côtes de la Somalie, en escortant les navires marchands qui transportent les aides alimentaires du World Food Program des Nations Unies. Dans cet « effort humanitaire », l’Otan « continue à coordonner son assistance avec l’opération Enduring Freedom sous conduite USA ». Derrière cette mission Otan, il y a donc bien autre chose. À ce moment-là, en Somalie, la politique étasunienne est en train de subir un nouvel échec : les troupes éthiopiennes, qui y ont été envoyées en 2006 après l’échec de la tentative de la CIA de renverser les Cours islamiques en soutenant une coalition « anti-terrorisme » des seigneurs de la guerre, ont été contraintes à se retirer par la résistance somalienne.

Washington prépare alors d’autres opérations militaires pour étendre son propre contrôle sur la Somalie, provoquant d’autres désastreuses conséquences sociales. Ces dernières sont à la base du phénomène de la piraterie, né à la suite de la pêche illégale par des flottes étrangères et de la décharge de substances toxiques dans les eaux somaliennes, qui ont ruiné les petits pêcheurs, parmi lesquels certains ont eu recours à la piraterie.

Dans la stratégie USA/Otan, la Somalie est importante par sa position géographique sur les côtes de l’Océan Indien. Pour contrôler cette aire a été positionnée à Djibouti, à l’embouchure de la Mer Rouge, une task force étasunienne. L’intervention militaire, directe et indirecte, dans cette zone et dans d’autres s’intensifie alors avec la naissance du Commandement Africa des Etats-Unis. C’est dans son « aire de responsabilité » qu’est envoyé le groupe naval Otan.

Celui-ci a aussi une autre mission officielle : visiter certains pays du Golfe persique (Koweit, Bahrein, Qatar et Emirats Arabes Unis), partenaires Otan dans le cadre de l’Initiative de coopération d’Istanbul. Les navires de guerre de l’Otan vont ainsi s’ajouter aux porte-avions et autres nombreuses unités que les USA ont déployés dans le Golfe et dans l’Océan Indien, en fonction anti-Iran et pour mener, y compris avec l’aviation navale, la guerre aérienne en Afghanistan.

Manlio Dinucci

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Première partie :

La « Grande Otan ».

 

Deuxième partie :

L’intervention Otan dans la crise des Balkans

 

Troisième partie :

Otan – Le contournement de l’article 5 et la confirmation du leadership USA

 

Quatrième partie :

L’expansion de l’Otan vers la Russie

 

Cinquième partie :

Afghanistan : la première guerre de l’Otan en-dehors de l’aire euro-atlantique

 

Sixième partie :

La guerre US/Otan en Irak



Articles Par : Manlio Dinucci

A propos :

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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