L’ours blanc dans l’espace arctique circumpolaire: Un symbole de la survie de la Biosphère

Les regards sont tournés depuis plusieurs années vers le toit du monde, vers l’Arctique et ses ressources énergétiques et minières au potentiel très prometteur. Une véritable ruée vers ce nouveau Klondike s’est amorcée dans la deuxième partie du XXème siècle. Une poussée vers le Yukon, vers l’Alaska mais surtout dans l’immense nord de la Russie. Les champs pétrolifères se sont multipliés et, avec de nouvelles évaluations des réserves potentielles de pétrole et de gaz et pouvant compter sur un baril d’une valeur supérieure à $100.00, les projets n’ont pas cessé de surgir (mondialisation.ca). Un autre facteur favorable à cette poussée vers l’Arctique est venu s’ajouter, soit la fonte plus rapide que prévu de la banquise laissant un passage libre pour le transport entre l’Europe et l’Asie.

Si les entreprises y voient éventuellement des affaires d’or ce n’est pas sans que l’on craigne les répercussions des activités d’extraction et de transport en plus de la fonte de la banquise sur les habitats fauniques de l’ensemble de l’Arctique. Dans ce contexte, notre attention s’est tournée vers le symbole de l’Arctique, l’ours blanc, parce qu’il aura à s’adapter à des changements importants dans son habitat. Rappelons que le nom Arctique vient du grec ancien ἄρκτος (árktos) qui signifie ours, en référence aux noms des constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse, situées près du pôle nord céleste.

Nous proposons, ici, de donner un aperçu de l’état des lieux concernant les populations de l’ours blanc (ursus maritimus) dans l’ensemble du monde circumpolaire. Nous présenterons le phénomène de la fonte de la banquise considérée comme la principale menace qui pèse sur son habitat et nous esquisserons les principaux éléments du plan de la gestion de l’espèce, concerté et appliqué par les États de l’Arctique, soit le Canada, la Norvège, la Russie, les États-Unis et le Danemark et ce dans un contexte général de coopération et de paix. 

I. L’espace arctique

Un territoire immense, froid  et aride (figure 1)

L’Arctique est un immense territoire qui couvre une superficie d’environ 18 millions de km2, soit un peu plus que celle de la Russie avec 17 098 242 km2.  Aux hivers longs et froids s’opposent les étés courts et frais. Cette région reçoit, en effet, peu de rayonnement solaire en raison de son inclinaison par rapport à la zone intertropicale (où le soleil est au zénith). En hiver, le soleil n’apparaît jamais (au pôle Nord, cette saison dure théoriquement six mois). Les températures sont le plus souvent inférieures à − 10 °C, et n’approchent 0 °C au pôle Nord qu’en juillet et août.

«Le froid qui sévit pendant le long et rigoureux hiver (moyennes mensuelles souvent inférieures à − 10 °C ou même − 20 °C) conditionne toute la vie. Il explique : la présence d’un sol gelé (pergélisol) jusqu’à une grande profondeur, même sous les fonds marins ; la durée du manteau nival ; l’importance d’une banquise (palustre, lacustre, fluviale et côtière) interdisant l’écoulement superficiel pendant près de 200 jours par an ; la persistance d’inlandsis (au Groenland) et de calottes insulaires (Spitzberg, île de Baffin, etc.) dont les émissaires donnent naissance à des icebergs de petites dimensions».

«Le cœur de l’Arctique est le siège d’un anticyclone qui confère une certaine aridité à cette région. Véritable désert froid, elle ne reçoit – sauf exceptions localisées – que 250 mm de précipitations annuelles en moyenne, le plus souvent sous forme de neige. Cependant, des perturbations atlantiques remontent les côtes toute l’année en apportant vents, brouillards et neiges. La présence de l’inlandsis du Groenland et l’important volume de glaces océaniques contribuent à maintenir des températures froides tout au long de l’année, bien que les franges côtières se réchauffent quelque peu durant le court été».

Figure 1. L’espace arctique ou le toit du monde

Source : http://photojournal.jpl.nasa.gov/jpeg/PIA02970.j

«Des températures minimales atteignant − 70 °C ont été enregistrées au Groenland et à Verkhoïansk, en Sibérie. Bien que les vents arctiques soient moins fréquents et moins puissants qu’au pôle Sud, les zones côtières peuvent être balayées par des tempêtes».

«La nuit polaire dure environ cinq mois, puis vient une période de un mois où le jour et la nuit sont en alternance. Au début, les jours sont très courts, puis ils s’allongent progressivement pour durer 24 heures : c’est alors que commence le jour polaire, qui dure environ cinq mois»  (larousse.fr).

Les peuples de l’Arctique (figure 2)

Les principaux peuples dits « arctiques » sont les Inuit, qui sont présents du Groenland à la Sibérie orientale, en passant par le nord du Canada et l’Alaska, et dont font partie les Yupiks d’Alaska et de Sibérie et les Samis qui occupent le nord de la Scandinavie et un petit territoire au Nord-ouest de la Russie. Il faut ajouter une vingtaine de peuples vivant de manière plus ou moins permanente dans l’arctique sibérien russe, dont les Yakoutes d’une part, et ceux que l’on appelle les « Petits peuples du Nord » d’autre part les Aléoutes, les Dolganes, les Évènes, les Évenks, les Kètes, les Khantys, les Koriaks, les Mansis, les Nénetses, les Nganassanes, les Selkoupes, les Tchouktches, les Youkaghirs etc…) (underthepole.com).

«L’Arctique accueille de longue date des hommes dont les Inuit, peuple d’origine mongole, qui ont développé la plus fameuse civilisation. Ils ont colonisé l’Arctique depuis l’Asie, il y a 10 000 ans. Leur vie fut longtemps dépendante de la pêche et de la chasse aux phoques, morses, baleines et caribous. Les formes traditionnelles de l’élevage, de la chasse et de la pêche ont subi de profonds bouleversements et ne se maintiennent en l’état qu’en quelques secteurs reculés».

«Les Lapons, peuple d’origine finno-ougrienne, sont présents dans le nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, et dans le nord-ouest de la Russie (ces différents territoires constituant la Laponie). Principalement chasseurs de rennes à terre et pêcheurs le long des côtes, les Lapons ont développé ces dernières années des activités sédentaires, comme l’élevage du renne».

Figure 2. Les peuples de l’Arctique

 

Source : http://www.underthepole.com/milieu-polaire/les-peuples-de-larctique/

Les organisations politiques (figure 3)

Les peuples de l’Arctique sont regroupés autour de six organisations veillant à défendre leurs droits et leurs intérêts politiques et économiques. Nous avons le Conseil Sami (Saami Council – SC), l’Association Internationale des Aléoutes (Aleut International Association – AIA), l’Arctic Athabaskan Council – AAC, le Conseil circumpolaire inuit (Inuit Circumpolar Council et le Gwich’in Council International – GCI (underthepole.com).

Figure 3. Les organisations politiques dans l’Arctique

 

Source : http://www.underthepole.com/milieu-polaire/les-peuples-de-larctique/

II.  La biodiversité arctique

La biodiversité de l’Arctique est très riche. Elle parvient à son plus grand développement dans les polynies (figure 4). Ces aires jouent un rôle très important dans l’écologie de l’océan Arctique. Elles offrent une zone d’eau libre aux mammifères marins, aux manchots, et aux ours blancs qui ne migrent pas durant l’hiver. La richesse en plancton — pouvant se développer dès que le soleil apparaît —, apportée par les polynies, amorce la chaîne alimentaire, qui permet à la faune arctique de se développer (arctic-council.org).

Ces écosystèmes marins sont parmi les plus productifs de la planète. De nombreuses espèces d’invertébrés, poissons, oiseaux et mammifères marins se retrouvent dans ces sites considérés comme les hotspots biologiques les plus importants de l’Arctique. Par exemple, la population mondiale entière d’eiders à lunettes, un grand canard de mer, passe l’hiver dans les fractures temporaires dans la glace de mer au sud de l’île Saint-Laurent dans l’est de la mer de Béring. Les grandes polynies récurrentes assurent les conditions d’un large éventail des oiseaux qui hivernent ainsi que des espèces de glace comme les phoques et les baleines (arctic-council.org).

Figure 4. Localisation de concentrations de polynies dans l’océan Arctique

 

 

Source : (http://www.arctic-council.org/index.php/en/resources/news-and-press/news-archive/918-arctic-oases-the-role-of-polynyas

III. L’ours blanc (figure 5)

L’ours blanc est l’emblème de l’Arctique et aussi appelé son seigneur. Le plus grand ursidé de la planète et sans conteste le plus grand prédateur de l’Arctique. Symbole puissant de la vigueur et de la résistance de l’Arctique, ce chasseur infatigable voit sa survie menacée par le réchauffement climatique. La banquise, son habitat essentiel et fondement de l’écosystème arctique à l’équilibre fragile, est en train, littéralement, de lui fondre entre les pattes. Son nom scientifique Ursus maritimus signifie « ours marin », et on ne saurait mieux désigner que par ce nom ce fabuleux animal dont la vie tout entière est liée à l’océan, et plus particulièrement sur la banquise, ou glace de mer (wwf.ca).

Figure 5. Sur la baie d’Hudson lors d’une excursion de chasse au nord de Sanikiluaq (ᓴᓂᑭᓗᐊᖅ) situé sur la rive nord de l’île Flaherty des îles Belcher dans la baie d’Hudson dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut au Canada. C’est la communauté la plus australe du territoire. Photo prise en février 2015.


Source : Piita Kattuk, membre du Conseil de la gestion des ressources fauniques de la région marine d’Eeyou.

Figure 6. L’île Akpatok, Baie d’Ungava. Nunavut. Lieu de chasse de l’ours blanc des Inuit du Nunavik

Source : http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=2223

La population de l’ours blanc et sa distribution spatiale

Selon les données inscrites dans le Plan de gestion circumpolaire – version préliminaire – de 2014 on estime que la population de l’ours blanc se situerait entre 20 000 et 25 000 individus. Le Canada possède la plus grande bande côtière où des ours blancs sont présents. Il est suivi par la Russie, le Groenland, les États-Unis et la Norvège (voir la figure 7 et le tableau 1). Cette vaste zone d’une superficie totale de plus de 22 millions de kilomètres carrés est composée en majeure partie par l’archipel arctique canadien, qui est riche et productif sur le plan biologique, ce qui explique partiellement la raison pour laquelle le Canada abrite la majorité des ours blancs de l’Arctique. On estime leur nombre à 16 413 individus, soit plus des 2/3 de la population totale appartenant à 13 des 19 sous-populations de l’Arctique (Plan de gestion – Version préliminaire – 2014).

«L’aire de tanières active la plus au sud se trouve sur l’île Akimiski, dans la baie James, au Canada. On sait que des ours sont présents dans le Haut-Arctique autour de l’île d’Ellesmere et dans le nord du Groenland, mais leurs effectifs sont beaucoup plus faibles que dans les zones plus au sud, en raison des conditions de glace épaisse peu favorables et du manque de nourriture dans les eaux profondes, qui abritent peu d’organismes vivants» (Plan de gestion. Version préliminaire – 2014).

Figure 7. Limites aires de répartition des sous populations d’ours blancs depuis juin 2014

Source : Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014

Tableau 1 : Données du GSOB sur les sous-populations d’ours blancs dans l’ensemble de l’Arctique –   2014

Bassin arctique (AB) : Population Inconnue; superficie de l’unité de gestion :                  4 233 530 km2 Territoire : Région circumpolaire.

Baie de Baffin (BB) : Effectifs estimés de 1 546 individus en 2004 sur une superficie de 1 078 840 km2  – Territoires : Canada (Nunavut) et Groenland.

Mer de Barents (BS) : Effectifs estimés de 2 644 individus en 2004 sur une superficie de 1 691 458 km2 – Territoires : Norvège et Russie.

Mer des Tchoukthes (CS) : Effectifs estimés de 2 000 individus en 1993 sur un espace d’une superficie de 1 836 922 de km2 – Territoires : Russie et États-Unis.

Détroit de Davis (DS) : Effectifs estimés de 2 158 individus en 2007 sur un espace d’une superficie de 2 620 106 km2 – Territoires : Canada (Nunavut, Québec, Terre-Neuve-et-Labrador) et Groenland.

Groenland oriental (EG) : Effectifs inconnus – Superficie : 2 054 115 km2 – Territoire : Groenland

Bassin de Foxe (FB) : 2 580 individus en 2010 sur une superficie de 1 181 019 de km2 – Territoire : Canada (Nunavut, Québec)

Golfe de Boothia (GB) : Population estimée de 1 592 individus en 2000 sur une superficie de 171 136 km2 – Territoire : Canada (Nunavut)

Bassin Kane (KB) : Effectifs estimés de 164 individus en 1997 sur une superficie de 166 514 km2 – Territoires : Canada (Nunavut) et Groenland.

Mer de Kara (KS) : Effectifs Inconnus – Superficie de 1 763 680 km2 – Territoire : Russie.

Détroit de Lancaster (LS) : Effectifs estimés de 2 541 individus en 1998 sur une superficie de 487 532 de km2 – Territoire : Canada (Nunavut).

Mer des Laptev (LP) : De 800 à 1200 individus en 1993 sur une superficie de 2 459 282 km2 – Territoire : Russie.

Détroit de M’Clintock (MC) : Population estimée de 284  individus en 2000  sur une superficie de 495 256 km2 – Territoire : Canada (Nunavut)

Nord de la mer de Beaufort (NB) : Effectifs estimés de 2 191 individus en 2014 sur une superficie de 944 667 km2 – Territoire : Canada (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest)

Baie Norwegian (NW) : Effectifs estimés de 203 individus en            1997 sur une superficie de 147 262 km2 – Territoire : Canada (Nunavut)

Sud de la mer de Beaufort (SB) : Population estimée de 1 215 individus en   2014        sur une superficie de 715 030 km2 – Territoires :                Canada (Yukon, Territoires du Nord-Ouest) et États-Unis.

Sud de la baie d’Hudson (SH) : Effectifs estimés de 951 individus en 2012 sur une superficie de                 1 135 249 km2 – Territoire : Canada (Nunavut, Québec, Ontario)

Détroit du Vicomte de Melville (VM) : Population estimée de          161 individus en 1992           sur une superficie de 209 962 km2 – Territoire : Canada (Nunavut)

Ouest de la baie d’Hudson (WH) : Population estimée de                  1 030 individus en                  2011 sur une superficie de 502 379 km2 – Territoire : Canada (Manitoba, Nunavut)

Source : Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014, p. 16.

Tendances des sous-populations (figure 8)

L’établissement de la situation et des tendances des 19 sous-populations montre qu’au cours des douze dernières années une seule, celle du Détroit de M’Clintock, a vu ses effectifs augmenter, trois ont vu leur nombre diminuer et six sont restées stables. Pour les autres les données n’ont pas permis d’évaluer leur état démographique (http://pbsg.npolar.no/en/status/status-table.html). On apprend que les Norvégiens et les Russes vont coopérer pour le comptage des sous-populations de leurs territoires. Ce qui ne s’est pas fait depuis 11 ans (barentsobserver.com).

Figure 8. Répartition spatiale de l’ours blanc dans l’Arctique circumpolaire

Source : http://www.wwf.ca/fr/conservation/arctique/faune_arctique/ours_polaire/

Son habitat

L’ours blanc est considéré comme un mammifère marin. Son poids moyen se situe entre 400 et 600 kg (male) et entre 150 et 250 kg (femelle). Son espérance de vie est d’environ 25 ans. Son habitat de prédilection se situe sur les aires glaciées à proximité de portions d’eau libre. Il utilise la glace comme une plateforme pour se nourrir de sa nourriture favorite, le phoque annelé, l’une des espèces de phoques communes dans l’Arctique. Il mange aussi des phoques barbus, des phoques du Groenland, et des phoques communs. L’ours polaire utilise son sens de l’odorat pour détecter la respiration des phoques qui peuvent se trouver jusqu’à un kilomètre à la ronde. Il peut chasser à l’occasion le morse, le béluga et le narval. En raison des difficultés pour se nourrir l’ours blanc possède l’habilité de pouvoir relentir son métabolisme de manière à conserver son énergie sans se nourrir pendant sept à dix jours (http://www.canadiangeographic.ca/kids/animal-facts/polar_bear.asp). L’ours blanc est un excellent nageur (figure 9). Son épaisse couche de gras lui permet de se garder au chaud dans les eaux froides et l’aide à rester à la surface. Ses larges pattes lui servent de rames. Il peut nager jusqu’à une vitesse de 10 km à l’heure et parcourir une distance de 90 km sans s’arrêter. Il peut retenir son souffle sous l’eau pendant une minute (canadiangeographic.ca).

Figure 9. Sur la baie d’Hudson lors d’une excursion de chasse près de Sanikiluaq (ᓴᓂᑭᓗᐊᖅ) situé sur la rive nord de l’île Flaherty des îles Belcher dans la baie d’Hudson dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut au Canada. C’est la communauté la plus australe du territoire

Source : Piita Kattuk, membre du Conseil de la gestion des ressources fauniques de la région marine d’Eeyou.

La vie sur la banquise

«L’avenir de l’ours polaire est indissociable du sort de son habitat, la banquise. Moins de glace, moins d’ours. Or le réchauffement climatique entraîne la réduction de la superficie de la banquise d’été, et l’épaisseur des glaces en hiver, ce qui représente à terme une menace pour la survie de Nanuq. La banquise est le fondement de la vie marine arctique; l’écosystème sur lequel repose toutes les dimensions de la vie de l’ours polaire. De fait, la banquise représente bien plus qu’une surface de déplacement et de chasse, car l’ours y fait la cour à sa belle, qui y élèvera ensuite ses petits» (wwf.ca). Les femelles ont des bébés tous les trois ans. En général, elles mettent bas à un ou deux petits, mais il peut y avoir jusqu’à quatre bébés par portée.

Les principales menaces qui pèsent sur son habitat

Selon le Polar Bear Specialist Group (PBSG), les principales menaces qui pèsent sur l’habitat de l’ours blanc sont la fonte de la banquise due au changement climatique, les maladies, les mortalités causées par l’homme, les activités pétrolières et gazières, l’exploitation minière, les contaminants, la navigation et le tourisme. Étant donné l’importance cruciale de la présence de la banquise pour l’ours blanc nous donnons un aperçu du processus de la fonte et l’amincissement observés depuis une trentaine d’années et puis une idée des risques entourant l’exploitation pétrolière et gazière.

La fonte inexorable de la banquise arctique (figure 10)

Selon Michel Alberganti, utilisant les données du Goddard Space Flight Center, «la surface de l’océan arctique couverte par la glace a atteint 5,83 millions de km2 le 21 août 2013, contre un minimum de 4,34 millions de km2 enregistré en août 2012, et même de 3,41 millions de km2 le 16 septembre : «En 2012, le taux de couverture par la glace ne dépassait pas la moitié de la moyenne enregistrée entre 1979 et 2010»   (http://www.slate.fr/life/77458/coup-de-froid-arctique) (figure 10). En effet, en 2012, selon les analyses et les observations préliminaires du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) (Université du Colorado à Boulder) en partenariat avec la NASA, la banquise arctique a atteint son plus bas niveau depuis plus de 30 ans ! Une tendance lourde et alarmante selon les scientifiques.

«Pour la première fois, la banquise arctique a atteint sa plus faible superficie depuis les observations satellitaires (1979), battant ainsi le record de 2007. L’étendue de la glace de mer était de seulement 4,10 millions de km² le 26 août 2012, c’est 70 000 km² de moins que le précédent record du 18 septembre 2007 ! Cela correspond à une perte équivalente à la superficie de l’Irlande. Le 5 septembre 2012, la glace n’en finissait pas de fondre avec une superficie désormais inférieure à 4 millions de km², à une dizaine de jours de la fin de la saison de fonte en Arctique».

Figure 10. Extension moyenne mensuelle de la glace de mer dans l’Arctique (décembre 1978-2013)

Source: http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2014/01/banquises-arctique-et-antarctique-sopposent.html

«Walt Meier, scientifique au NSIDC a indiqué, « Par lui-même, il ne s’agit que d’un nombre et quelques fois de nouveaux records sont établis. Mais dans le contexte de ce qui est arrivé dans les dernières années et via les observations satellitaires, il s’agit d’une indication que la banquise arctique est en train de changer fondamentalement» (notre-planete.info).

Selon l’Arctic Sea Ice News & Analysis «l’étendue des glaces de mer en Décembre 2014 (figure 12) montrait une moyenne de 12,52 millions de kilomètres carrés, soit 540 000 km carrés en-dessous de la moyenne observée entre 1981-2010 de 13.060.000 kilomètres carrés et 500 000 kilomètres carrés au-dessus du plancher record pour le mois observé en 2010 ».

«L’étendue de la glace de mer en décembre 2014 se situait au neuvième rang des données les plus basses obtenues par satellite. Pour 2014, le taux du déclin pour décembre dépasse le record des données obtenues par satellite qui est de 3,4% par décennie» (nsidc.org).

En date du 20 mars 2015, l’étendue maximum des glaces de l’océan arctique s’avère la plus faible jamais mesurée. L’étendue maximum des glaces arctiques a été la plus faible mesurée en hiver cette année depuis le début des observations par satellite en 1979, a indiqué le Centre américain de la neige et de la glace (National Snow and Ice Data Center/NSIDC). La superficie de la banquise a atteint au plus 14,54 millions de km2 le 25 février, ce qui devrait être le maximum pour l’année, selon une estimation préliminaire, soit 1,10 million de km2 sous la moyenne de  15,64 millions de km2 mesurée de 1981 à 2010 et 130.000 km2 au-dessous du précédent minimum en 2011. Cette année, le maximum a été atteint quinze jours plus tôt que la moyenne entre 1981 et 2010 à savoir le 12 mars, précise le NSIDC. La date de l’étendue maximum de la banquise arctique varie considérablement d’une année sur l’autre allant du 24 février en 1996 au plus tôt au 2 avril au plus tard en 2010, précisent ces scientifiques (levif.be).

Au cours de l’hiver 2014-2015, les glaces dans l’océan Arctique se sont accrues de 9,91 millions de km2, un accroissement nettement inférieur comparativement à 2013-2014 qui avait connu une augmentation record. La faible formation de glace durant ce dernier hiver s’explique en partie par un mois de février caractérisé par une combinaison inhabituelle du jet stream qui s’est traduit par un réchauffement de l’Arctique du côté de l’océan Pacifique entraînant une faible étendue de la glace dans la mer de Béring et d’Okhotsk.

Durant les deux premières semaines de mars, les températures sur l’ensemble de l’est l’Arctique à environ mille mètres d’altitude ont été plusieurs degrés au-dessus de la moyenne jusqu’à huit à dix degrés en mer de Barents au nord de la Norvège, précise le NSIDC.

Pour le WWF « cela devrait être une sonnette d’alarme ». « Le changement climatique ne s’arrêtera pas au cercle arctique et sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre nous finirons par avoir un climat complètement différent, imprévisible et destructeur pour les écosystèmes et les humains », a déclaré dans un communiqué Samantha Smith, responsable de l’Initiative climat et énergie de l’organisation. Elle rappelle que 2014 a été l’année la plus chaude sur le globe depuis le début des relevés de température en 1881 (levif.be).

Figure 11. Superficie de la banquise arctique – 2012 et 2013

 

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3454_record_fonte_banquise_arctique.php

Figure 12. Étendue de la banquise arctique le 26 août 2012 par rapport à l’extension minimale moyenne pour la période 1979-2010 (ligne orange)

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3454_record_fonte_banquise_arctique.php

Figure 13. Extension de la banquise arctique en 2014. Maximum en Mars ; minimum en septembre

Source : http://www.clubdesargonautes.org/actualites/news2015.php – Les lignes magenta indiquent les moyennes d’extension sur la période 1981-2010. Arctic Report Card 2014

L’amincissement de la glace de mer

Utilisant des techniques de mesures modernes (depuis l’an 2000 les enregistrements ont été remplacés par une foule de mesures aéroportées et par satellite, ainsi que par d’autres méthodes de collecte de données directement sur ou sous la glace) et des données historiques, les chercheurs de l’Université de Washington ont pu observer la façon avec laquelle l’épaisseur de la banquise arctique a changé au cours des dernières décennies. L’étude, publiée dans The Cryophere, montre que la glace dans l’océan Arctique central s’est amincie de 65% entre 1975 et 2012, passant de 3,59 m à 1,25 m.

L’amincissement est encore plus marqué au mois de septembre au moment où  la glace de mer est à sa plus faible épaisseur après la fonte estivale. Pendant cette période de 37 ans d’observation, l’épaisseur de la glace du mois de septembre s’est amincie de 85%, soit de 3,01 à 0,44 m : «La glace s’est amincie considérablement a déclaré le chercheur principal, Ron Lindsay, climatologue du Laboratoire de physique appliquée de la même université. Nous savions que la glace s’amincissait, mais nous avons maintenant une confirmation supplémentaire concernant la vitesse avec laquelle s’effectue le phénomène et nous pouvons constater que celui-ci ne ralentit pas» (barentsobserver.com).

Figure 14. La fonte de la banquise arctique

Source : http://barentsobserver.com/en/nature/2015/03/arctic-sea-ice-thinning-dramatically-study-finds-06-03

Figure 15. Les changements prévisibles pour le XXIème siècle dans l’Arctique

Source : http://www.grida.no/graphicslib/detail/shift-in-climatic-zones-arctic-scenario_1154

Les scénarios présentés par l’Arctic Climate Impact Assessment (ACIA) montre une hausse considérable des températures dans l’Arctique, plus que dans beaucoup d’autres parties du monde, ce qui peut avoir des effets tels que la diminution de la superficie des zones de la toundra sous le pergélisol continu, le déplacement vers le nord de la limite des arbres et la diminution de la glace de mer de l’Arctique. La synthèse est basée sur plusieurs modèles et différents ensembles et cette carte illustre la situation qui est susceptible de se produire à la fin du XXIème siècle (grida.no) (figure 15).

Les risques liés à l’exploitation pétrolière et gazière (figure 16)

Plusieurs gisements de pétrole et de gaz sont en exploitation présentement dans l’Arctique : «Le site de Prudhoe Bay, l’un des plus anciens en Arctique, fournit (2007) environ 700 kbbl/j de pétrole, pour des réserves restantes de 3 Gbbl ; le maximum de production fut de 2 Mbbl/j en 1988. Il a justifié la mise en place du pipeline de l’Alaska. En Russie, on a le site de liquéfaction de Hammerfest, relié à Snøhvit. De plus, le gisement de pétrole de Prirazlomnoe, découvert en 1989 au sud-est de la mer de Barents, dans le golfe entre l’estuaire de la Petchora et la Nouvelle-Zemble, n’a commencé à être exploité que 24 ans plus tard: Gazprom a déchargé au début de mai 2014 un premier chargement de 70 000 tonnes de pétrole ARCO (nouvelle marque du pétrole du plateau arctique russe), de qualité inférieure par rapport à l’Urals ; la licence du gisement appartient à Gazprom Neft Shelf et l’opérateur est Gazprom Neft ; les investissements dans le projet d’exploitation sur le plateau arctique atteignent environ 1,8 milliard d’euros; la plate-forme Prirazlomnoe a été installée en août 2011 et l’exploitation a commencé fin 2013; les réserves disponibles sont estimées à 72 millions de tonnes; pour 2014, la production prévue est de 300 000 tonnes» (wikipedia.org).

Figure 16. Les menaces environnementales dans la Mer de Barents 

Source : http://www.grida.no/images/series/et-common/envthreatinregion_L.jpg

Selon le PBSG, «les déversements d’hydrocarbures dans l’habitat de l’ours blanc sont particulièrement inquiétants. L’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière croissantes dans l’Arctique,  conjuguées au transport accru associé à la plus longue saison d’eaux libres, font augmenter le potentiel de déversements d’hydrocarbures dans le milieu marin». (Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014)

«En Russie, de manière générale, la pollution des mers de l’Arctique russe par les hydrocarbures ne  dépasse pas les seuils maximums établis, sauf dans quelques régions, notamment dans la mer de Barents… En Alaska, depuis 2014, aucun déversement majeur ne s’est produit. Toutefois, les petites fuites chroniques des pipelines sous-marins pourraient entraîner le rejet non détecté de grandes quantités d’hydrocarbures au large…Au Canada, depuis 2014, la seule production de gaz à l’intérieur de l’aire de répartition de l’ours blanc dans l’Arctique canadien a lieu dans le gisement d’Ikhil, dans le delta du Mackenzie. Le gaz est produit à partir de deux puits, et est acheminé par un pipeline de 50 km jusqu’à Inuvik, où il est utilisé pour la production d’électricité et pour le chauffage…En Norvège, à l’heure actuelle, les seuls gisements de pétrole/gaz faisant l’objet d’un  développement industriel sont ceux de Snøhvit et de Goliat» (Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014).

IV. Le plan de gestion de l’espèce. Une coopération circumpolaire (figures 17, 18 et 19).

Les États de l’aire de répartition de l’ours blanc considèrent la conservation de l’ours blanc comme étant importante sur les plans écologique, culturel, spirituel et esthétique. Le but du présent Plan est le suivant :

– Assurer une persistance à long terme des ours blancs à l’état sauvage qui soit représentative de la diversité génétique, comportementale, biologique et écologique de l’espèce;

– La conservation de la grande aire de répartition des ours blancs et de la diversité écologique de leur habitat dans l’ensemble de l’Arctique à court et moyen terme.

« Pour protéger l’environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, le manque de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l’environnement. » (Principe 15 de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement de 1992 : (un.org).

Reconnaissons que l’ours blanc est une ressource importante qui joue un rôle essentiel dans le mieux‑être social et culturel des collectivités locales de l’Arctique et de plus, reconnaissons les besoins de subsistance des peuples autochtones de l’Arctique, de façon à ce que la conservation soit la mieux réalisée de concert avec l’engagement des collectivités qui dépendent traditionnellement de l’ours blanc et de leur participation au processus décisionnel de gestion  (Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014).

Territoires protégés par législation

La superficie marine totale occupée par les sous-populations dans la région circumpolaire est estimée à 15 523 600 km2, dont quelque 548 600 km2 (4 %) sont protégés. La superficie marine protégée correspond environ aux deux tiers de la superficie terrestre protégée (Plan d’action circumpolaire volume I. Stratégie de conservation de l’ours blanc, août 2014) (figures 17 et 18).

Gestion des habitats des sous-populations (tableau 2)

Des systèmes de gestion des habitats des sous-populations sont en place dans tous les États basés sur des stratégies nationales et des plans de mise en œuvre qui couvrent l’ensemble des territoires fréquentés par l’espèce. Les nombreuses prises manifestent une volonté réelle cherchant à diminuer la vulnérabilité des écosystèmes qui la soutiennent. Une belle illustration de ce vouloir politique se retrouve en Norvège ou l’on a créé des zones exemptes de l’exploitation pétrolière dans la Mer de Barents (figure 19).

Figure 17. Distribution des aires protégées de la région circumpolaire se trouvant en tout ou en partie dans l’aire de répartition potentielle des ours blancs

Source : Plan d’action – Stratégie de conservation de l’ours blanc (ébauche). Août 2014

Figure 18.  Les aires naturelles protégées


 Source : http://www.grida.no/graphicslib/detail/protected-areas-and-wilderness_60e9

Tableau 2. Systèmes de conservation de l’ours plan dans l’ensemble de la région circumpolaire

NORVÈGE

En Norvège, avec une superficie totale de 1 400 000 km2, la mer de Barents est protégée avec les dispositions de la Loi du Svalbard de 2002. Dans cette région plus de 65% du territoire et 87% des aires marines sont protégées. Un plan d’action nationale est en vigueur depuis 2013 et sa révision est prévue pour 2018.

CANADA

La zone de prédilection de l’ours blanc est l’archipel arctique qui est sous la gouverne de multiples législations. Là on retrouve cinq réserves nationales de faune, trois zones de protection marine, 11 parcs nationaux et 58 parcs provinciaux terrestres. On procède à une évaluation annuelle des 13 sous-populations présentes dans le territoire en fonction de la stratégie nationale de conservation dont la dernière révision date de 2011.             e

RUSSIE    

Le territoire visé par les mesures de conservation couvre une superficie de 1 763 680 de km2. Il s’agit principalement de la Mer de Kara (880 000 km2)  et de la Mer de Laptev (672 000 km2). Là s’applique la Loi fédérale sur les espèces sauvages. On trouve quatre Réserves naturelles de l’État (zapovedniks) couvrant une superficie de 49 537 km2, le Parc national de l’Arctique russe avec une superficie de 14 260 km2, trois Réserves nationales de faune, un parc national et une réserve nationale marine, cinq Réserves de ressources naturelles de la République de Sakha (Iakoutie). Le Plan d’action de la Fédération de Russie établi en 2010 est en  vigueur jusqu’en 2020.

DANEMARK (GROENLAND)

La superficie totale visée par les mesures de conservation est de 2 054 115 km2 en fonction des dispositions de La « Greenland Home Rule Act No. 12 of October 29, 1999, on Hunting and Game, on Hunting and Game » et de l’ « Executive Order on the Protection and Hunting of Polar Bear » de 2006. Les aires protégées sont la Baie Melville d’une superficie de 10 500 km2 et le Parc national du Groenland avec 972 000 km2. L’évaluation des sous-populations présentes dans la zone est à venir.

ÉTATS-UNIS

Le territoire sous les mesures de conservation sont la Mer des Tchouktches ou de la région Alaska-Tchoukotk et le Sud de la mer de Beaufort d’une superficie totale de 715 030 km2. Le 7 décembre 2010, le Service a désigné environ 484 734 kilomètres carrés (en tant qu’habitat essentiel pour les ours blancs suivant trois grandes catégories : glace de mer, Îles-barrières comme habitat de repos, et habitat de tanières

Mer des Tchouktches. La gestion de la chasse d’ours blancs est régie par l’Agreement between the United States and the Russian Federation on the Conservation and Management of the Alaska-Chukotka Polar Bear Population, accord qui a été promulgué aux États-Unis en 2006. La Gestion se fait en collaboration avec l’Alaska Nanuuq Commission, principal partenaire de cogestion créée en 1994

Mer de Beaufort. La chasse de subsistance est régulée volontairement par l’entremise d’un accord passé en 1988 entre les Inuvialuits du Canada et les Inupiats d’Alaska (Inupiat-Inuvialuit Agreement for the Management of Polar Bears of the Southern Beaufort Sea), qui promeut une gestion fondée sur un niveau de prises soutenable. Le Service mène en collaboration avec le North Slope Borough des activités de recherche et de gestion de la chasse.

Source : Plan d’action circumpolaire. Stratégie de conservation de l’ours blanc – Version préliminaire -Août 2014

Figure 19. Mer de Norvège et Mer de Barents. Zones exemptes de l’exploitation pétrolière

 

Source : http://www.grida.no/graphicslib/detail/barents-sea-oil-free-zones_f319

Conclusion

La plupart des analyses sur la situation de l’ours blanc manifestent des inquiétudes quant à sa survie lorsque la banquise aura disparu. Les termes utilisés pour décrire le devenir de l’espèce s’apparentent au drame ou à la catastrophe : L’ours blanc est en voie de disparition. Une vision différente est celle du gouvernement du Nunavut qui expose un point de vue plutôt rassurant: «Les ours polaires sont très intelligents et s’adaptent rapidement à des circonstances changeantes. Comme ils ont survécu à de nombreux cycles de changements climatiques dans le passé, ils ont de bonnes chances de pouvoir s’adapter aux changements qui pourraient survenir dans le futur. Il est toutefois fort possible qu’il y ait des changements à leur aire de distribution et à leur composition. Certaines régions pourraient observer une baisse de la population d’ours polaires, voire la disparition dans ces régions pendant les périodes les plus chaudes. D’autres régions pourraient observer une augmentation du nombre d’ours polaires à mesure que les changements climatiques rendront les habitats plus favorables aux ours en entraînant la réduction de la glace pluriannuelle. Pour d’autres régions encore, le nombre et le taux de reproduction des ours polaires pourraient demeurer relativement constants» (env.gov.nu.ca).

Nous sommes d’avis que les efforts consentis par les membres du Polar Bear Specialist Group (PBSG), dans l’application du Plan de de gestion des habitats de l’ours blanc ont donné et donneront de bons résultats. Assurer par législation la conservation des ressources dont dépend l’espèce et diminuer la vulnérabilité des sous-populations par une gestion rigoureuse de leurs habitats sont les objectis visés  (Plan d’action circumpolaire volume I. Stratégie de conservation de l’ours blanc, août 2014).

Déclaration des ministres de 2013 des pays de l’espace circumpolaire sur le changement climatique et l’étendue et la composition de la glace de mer

Selon le PBSG, « Le changement environnemental représente la menace à long terme la plus grave pour l’ours blanc et son habitat. Le réchauffement prévu dans une grande partie de son aire de répartition, les réductions associées de l’étendue et de l’épaisseur de la glace de mer pluriannuelle ainsi que de la durée et de l’épaisseur de la glace de mer annuelle auront des effets directs et indirects sur l’espèce. La perte d’habitat est l’un des effets directs (c.-à-d. étendue et composition de la glace de mer). Les effets indirects comprennent les changements à l’échelle de l’écosystème influant sur la disponibilité des proies comme le phoque, l’isolement des aires de tanières et des refuges terrestres, la libération et le transfert de contaminants, et l’expansion des activités humaines donnant lieu à une hausse de la probabilité d’interactions entre des humains et des ours. La fonte plus hâtive de la glace de mer en été et la formation plus tardive de la glace à l’automne feront en sorte que les ours dépendront davantage des zones côtières terrestres ».

« Reconnaissons que la lutte contre les changements climatiques est importante pour la conservation à long terme des ours blancs. Reconnaissons la nécessité de gérer l’habitat de l’ours blanc pour réduire la vulnérabilité des populations d’ours blancs, et pour prendre en compte les changements à long terme prévus dans les conditions des glaces de mer dans l’Arctique, ainsi que les répercussions de ces changements sur les ours blancs et leurs proies » (Plan d’action circumpolaire volume I. Stratégie de conservation de l’ours blanc, août 2014).

Déclaration du ministre de l’Environnement du Nunavut

« Les Inuit ont toujours eu la capacité de s’adapter au changement, et le changement survient très rapidement. Si nous nous adaptons, cela se fait en partie au détriment de notre santé, de nos familles et de notre culture. Nous nous engageons ainsi – à nous opposer aux éléments qui causent du tort à la population – et à opérer des changements positifs et réalisables qui nous permettront d’être mieux préparés à affronter l’avenir. » Tamapta : Bâtir notre avenir ensemble».

Jules Dufour

Centre de recherche sur la Mondialisation (CRM), Montréal

 

Jules Dufour, Ph.D., C.Q., géographe, professeur émérite, membre Chevalier de l’Ordre national du Québec, membre de la Commission mondiale des Aires protégées de  l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN), Gland, Suisse, membre du Cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, Paris, membre du COFEX-Nord. Projet d’aménagement hydroélectrique de Grande Baleine (1992-1994), membre de la Commission du Nunavik (1999-2001), membre du Conseil de gestion des ressources fauniques de la région marine d’Eeyou (Baie James et Baie d’Hudson), Waskaganish, Eeyou Istchee (2013- ).

 

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RAGOBERT, Thierry et Thierry Piantanida. La Planète Blanche. Glacialis Production. Gedeon Programmes. Bac Films.

 

 

 

 



Articles Par : Prof. Jules Dufour

A propos :

Jules Dufour, Ph.D., C.Q., géographe et professeur émérite. Chercheur-associé au Centre de recherche sur la Mondialisation, Montréal, Québec, Canada.

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