L’UE choisit la voie d’une confrontation militaire directe avec la Russie

Le 10 novembre, la Commission européenne a dévoilé le nouveau Plan d’action sur la mobilité militaire 2.0. La présentation de ce plan a été accompagnée d’une communication conjointe sur la politique de cyberdéfense de l’UE. Il est officiellement indiqué que ces documents visent à faire face à la détérioration de la situation sécuritaire après l’agression de la Russie contre l’Ukraine et à accroître la capacité de l’UE à protéger ses citoyens et ses infrastructures.

Le nouveau plan d’action sur la mobilité militaire vise à renforcer la coopération entre l’UE et l’Otan. Dans le même temps, il s’agit d’un cap vers une nouvelle confrontation avec la Russie et l’entrée dans l’orbite d’influence de Bruxelles d’Etats qui ne sont encore membres ni de l’UE ni de l’Otan, approfondissant la coopération avec les «pays de l’élargissement» (Ukraine, Moldavie, pays des Balkans occidentaux).

Observateur Continental a souligné que le plan propose des actions pour assurer le mouvement rapide de forces importantes, y compris le personnel et l’équipement militaires, et met l’accent sur la nécessité de développer: les corridors de transport multimodaux, y compris les routes, les chemins de fer, les routes aériennes et les voies navigables intérieures avec des infrastructures de transport à double usage capables de desservir le transport militaire; hubs de transport et centres logistiques; faciliter le déploiement des troupes et du matériel; améliorer la résilience et l’état de préparation des capacités civiles et militaires de transport et de logistique.

Militarisation de l’UE. En fait, il s’agit de la militarisation de la politique intérieure de l’Union européenne elle-même et de chaque membre individuel de la communauté. Il est supposé que tout cela sera réalisé dans le cadre de la coopération permanente structurée de défense (PESCO), ainsi qu’en étroite coordination avec l’Otan. La procédure de circulation transfrontalière au sein de l’UE sera simplifiée. En parallèle, des exercices à grande échelle seront organisés, y compris des manœuvres multinationales de l’Otan.

Il est prévu de mettre en œuvre rapidement la directive sur la sécurité des réseaux et de l’information (NIS2) récemment adoptée dans le secteur des transports. Le but est d’établir l’échange d’informations nécessaires pour assurer la connaissance la plus complète possible de la situation entre les secteurs des transports militaires et civils. Cela sera effectué par le réseau européen de liaison en cas de crise cybernétique (EU – CyCLONe).

D’une manière générale, on observe une tendance à l’accroissement de l’interdépendance euro-atlantique, puisque, outre l’Otan, qui est une organisation partenaire clé de l’UE, d’autres participants au projet PESCO sur la mobilité militaire sont mentionnés, notamment les Etats-Unis, le Canada et la Norvège. Le Royaume-Uni devrait également rejoindre le projet.

En octobre dernier, Observateur Continental, a fait savoir que le Royaume-Uni veut que les soldats britanniques puissent se déplacer plus rapidement en UE.

La France a également présenté sa stratégie de défense nationale. Elle contient 10 objectifs stratégiques pour la stratégie de sa défense nationale:

1.Maintenir une dissuasion nucléaire fiable et crédible.

2.Accroître la résilience aux défis militaires et non traditionnels, c’est-à-dire la manipulation de l’information, le changement climatique, la chasse aux ressources, les pandémies, etc…

3.Donner à l’industrie française les moyens de soutenir durablement l’effort de guerre en constituant des stocks stratégiques, en relocalisant les chaînes de production sensibles et en diversifiant les fournisseurs. C’est essentiellement l’idée d’une «économie de guerre» que Emmanuel Macron a avancée pour la première fois lors de la conférence Eurosatory en juin 2022.

4.Accroître la cyber-résilience. «Il est nécessaire d’augmenter considérablement le niveau de cybersécurité de tous les services publics», indique le document.

5.Assurer le rôle clé de l’Otan dans la défense de l’Europe et le rôle de la France dans celle-ci comme l’un des «piliers européens».

6.Renforcer la souveraineté européenne et développer l’industrie de défense européenne, en mettant l’accent sur «l’autonomie stratégique européenne» qui dépend d’une «capacité industrielle de défense européenne fiable».

7. Devenir un fournisseur de sécurité de confiance. Le document mentionne des relations approfondies avec l’Allemagne, des partenariats clés avec l’Italie et l’Espagne, des partenariats stratégiques avec la Grèce et la Croatie, un partenariat de renforcement des capacités avec la Belgique. L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie sont mentionnées. Dans le même temps, le partenariat stratégique avec les Etats-Unis «restera fondamental». Les relations avec les pays africains, le golfe Persique, la Méditerranée et la mer Rouge, ainsi que la région indopacifique sont évoquées.

8.Améliorer l’intelligence (La France doit poursuivre les réformes profondes de ses services de renseignement et mener une politique du personnel «ambitieuse» pour attirer et retenir le personnel).

9.Construire la défense dans les guerres hybrides (combinaisons ambiguës de méthodes d’action directes et indirectes, militaires et non militaires, légales et illégales). Développer des outils pour contrer l’utilisation de sociétés militaires privées comme mandataires par des puissances hostiles.

10.Veiller à ce que les forces armées françaises soient prêtes non seulement à participer à des combats de haute intensité, mais aussi à déployer leurs forces dès que possible et à être les premières à entrer sur le champ de bataille.

Le contexte de ces plans reste inchangé: les actions envisagées sont prévues en vue d’une confrontation militaire avec la Russie.

Philippe Rosenthal



Articles Par : Philippe Rosenthal

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