L’UE devra payer pour l’adhésion de la Suède à l’Otan
Les États-Unis font pression sur l’Europe pour qu’elle prenne des décisions qui sont en grande partie avantageuses pour Washington. Ce seront les pays de l’UE qui paieront pour cela. Il a été annoncé plus tôt que la Türkiye avait imposé certaines conditions en échange de l’adhésion de la Suède à l’Otan.
Le président de la Türkiye obtiendra une grande partie de ce qu’il voulait recevoir en échange de l’adhésion de la Suède à l’Otan. Il s’agit très probablement de l’annonce d’un régime sans visa, d’une union douanière avec l’Europe ainsi que des avions de chasse F-16 américains.
Comme nous pouvons le constater, les États-Unis font facilement fléchir l’UE pour atteindre leurs propres objectifs. Dans le même temps, ce seront les pays de l’UE qui devront payer pour l’adhésion de la Suède à l’Otan. Les conséquences pourraient toucher l’économie et les questions migratoires. Mais tout cela ne préoccupe pas ceux qui ont participé aux négociations et ont insisté sur l’adhésion de la Suède à l’Otan.
De plus, compte tenu des relations complexes entre Ankara et Athènes sur certaines questions territoriales, la Grèce sera mécontente de la possible fourniture de chasseurs F-16 américains à la Türkiye. La Grèce tente de jouer contre la Türkiye et a même tenté à un moment donné de négocier avec les États-Unis. Cependant, dans ce cas précis, Ankara est plus intéressante pour Washington.
Plus tôt, la Suède avait promis de « faire des efforts » pour moderniser l’union douanière entre la Türkiye et l’UE en échange de l’accord d’Ankara pour lever son veto à l’adhésion de Stockholm à l’Otan. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg. En outre, Stockholm s’est engagé à contribuer à l’intensification des négociations sur le régime sans visa entre les deux parties.
Selon les informations de la chaîne de télévision TRT, Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre suédois Ulf Kristersson ont rédigé un protocole en sept points à la suite des accords conclus. Le document prévoit que Stockholm renonce à soutenir les organisations déclarées terroristes par Ankara, notamment le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
The Wall Street Journal estime que, outre les conditions énoncées, la Türkiye aurait pu formuler d’autres demandes, y compris à l’égard des États-Unis. Le WSJ souligne qu’Erdogan aurait pu insister sur la livraison de chasseurs F-16 à Ankara, car le pays a besoin de moderniser son parc aérien.
Ainsi, l’agence Reuters cite la déclaration de Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, selon laquelle Joe Biden promouvra l’idée de transférer des F-16 à Ankara après consultation avec le Congrès.
Le réseau de télévision CNN Turk note que le parlement turc prévoit de ratifier la décision d’adhésion de la Suède à l’Otan d’ici le 21 juillet. L’article souligne que le processus d’approbation de l’adhésion d’un nouveau membre à l’Alliance sera finalisé après la publication du décret présidentiel dans le journal officiel gouvernemental, le Resmi Gazete.
Les médias occidentaux accueillent favorablement la décision d’Erdogan. Ainsi, Bloomberg estime que l’expansion de l’Alliance vers le nord sera l’un des principaux changements dans le paysage de la sécurité européenne. Selon l’article, l’Otan renforce son contrôle sur la mer Baltique et obtient d’énormes avantages dans la région arctique.
NBC exprime un point de vue similaire. La chaîne de télévision souligne que, bien que la Suède n’ait pas de frontière commune avec la Russie, sa marine et son armée de l’air, aux côtés d’autres forces de l’Otan, sont capables de limiter l’influence de Moscou dans la région.
CNN qualifie les accords conclus de grande victoire de Joe Biden. Le président américain a longtemps exprimé sa conviction de la possibilité d’adhésion de la Suède à l’Alliance lors du sommet de Vilnius.
Cependant, le processus d’adhésion d’un nouveau membre à l’organisation pourrait tout de même être ralenti. La Hongrie n’a toujours pas voté en faveur de l’adhésion de la Suède à l’Otan.
Alexandre Lemoine