Macron, macro, micro et répression

Macron n’attache d’importance qu’au macro, parce que ça brille, c’est grand, c’est beau, c’est chic, c’est international, et ça permet de faire une communication hors pair. Et donc, il y consacre tout son temps. Il fait le tour du monde des cours étrangères parce que ça fait de belles photos et que c’est bien agréable d’être honoré au lieu d’être critiqué ; il multiplie les déclarations creuses et contradictoires aux sommets de l’UE, au G20, à Davos ; pour « résoudre » la crise des Gilets jaunes, il organise un Grand débat qui lui donne l’occasion de monologuer interminablement devant toutes les caméras ; pour « résoudre » la crise écologique, il réunit sa Convention citoyenne pour le climat ; il crée le Grand commandement de l’espace et se pose en cyberdéfenseur ; il pérore devant les patrons des multinationales au sommet Choose France, à Versailles ; face au Coronavirus, il instaure un Conseil scientifique qui donne du sérieux à son impréparation et il convoque un hôpital de campagne d’opérette (30 lits) pour annoncer l’Opération Résilience qui, bien que destinée surtout à augmenter les budgets de l’armée comme le réclame Trump, lui permet de se poser en chef de guerre. Macron n’a pas de vision globale, il n’a pas de direction, il ne connait que l’apparence, le faux-semblant, il ne sait que se mettre en scène. Rien de ce qu’il fait et dit dans l’ordre du macro ne se traduit dans la réalité. Ça n’a pas d’importance, parce ce n’est pas pour ça que l’oligarchie l’a fait élire président de la France, l’essentiel, à ce niveau, est qu’il joue bien son rôle, celui d’un grand chef d’Etat investi d’une grande mission.

Macron méprise tout ce qui est petit, à commencer par les « riens » que nous sommes. Il laisse la micro-économie à ses sbires, engagés comme lui pour piller la France au profit de l’oligarchie. Malheureusement, si l’on peut faire illusion auprès des médias au niveau macro, c’est plus difficile au niveau micro qui touche directement les populations. Or pour qu’un système fonctionne, il faut, théoriquement, tenir dans son champ d’opération « en même temps » le macro et le micro. Dès lors qu’on néglige un des deux, rien ne va plus. Si on néglige le macro, on perd de vue les grandes évolutions géo-politiques, scientifiques, historiques, géographiques, et il devient impossible de prendre les bonnes décisions dans un univers qu’on ne comprend pas. Si on néglige le micro, on se prive des moyens nécessaires à la réalisation du macro. C’est toute la difficulté de gouverner : il faut avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Comme on le voit dans crise sanitaire, ce sont précisément ceux que Macron et sa valetaille médiatique méprisent, ignorent et diffament sans répit, qui “tiennent aujourd’hui le pays à bout de bras !” comme l’a noté Rachida Dati. Les Gilets jaunes et, bien entendu, les soignants qui soi-disant « pleurnichent » depuis plus d’un an sur la destruction de l’hôpital public, d’après Yves Calvi, un des plus serviles représentants de la ploutocratie médiatique.

Les milliardaires qui pilotent Macron ne sont pas idiots. Ils savent que, si au niveau macro on peut se contenter de faire semblant, le mépris du micro engendre révoltes et chaos. Comme dit Alain Deneault : « Le capitalisme ne peut pas être démocratique puisqu’il favorise la croissance du Capital et donc une oligarchie. Il consiste à faire travailler le moins de gens possibles au moindre coût possible. Tous les droits qu’on peut avoir s’estompent au travail où on est totalement subordonné ». Les patrons de Macron savent tout ça, puisque le système a été mis en place eux et pour eux. Et pour le justifier, comme l’explique encore Alain Deneault, ils ont détourné le mot « Économie » et ont donné le statut de scientifiques aux économistes autoproclamés qui sont en fait des idéologues propagandistes. « L’idéologie, consiste à déguiser un discours d’intérêt en sciences » note Alain Deneault. Jusqu’au 18ième siècle, l’économie de la nature, des arts, de la foi, « c’était la pensée des relations fécondes ». Aujourd’hui, l’économie est « un processus destructeur, inique, anti-social et impérialiste ». Des relations fécondes, on est passé aux relations prédatrices !

Donc, puisqu’il est clair que les peuples ne peuvent pas accepter de bon cœur de voir leur existence détruite au profit de quelques-uns, il ne reste plus qu’à les mater.  Quand on a un appareil sécuritaire et judiciaire aguerri et docile, ce n’est pas un problème. Depuis que Macron est aux manettes (les lois travail de Hollande, c’était déjà lui) la répression a atteint des proportions dramatiques dans notre pays, au point que  même les députés de l’UE s’en sont émus. Depuis les lois travail, chaque fois que les travailleurs sortent dans la rue pour protester contre la mise à sac du pays, la police les nasse et les gaze.

L’état d’urgence sanitaire et l’assignation à résidence permettent donc, tout  la fois, de dissimuler l’état de délabrement de la micro-économie (il n’y a plus d’entreprises de production ni de services publics à cause de l’austérité décrétée par Bruxelles), de faire taire les protestataires (qualifiés d’ennemis de la Nation), de contrôler la population (on voit progresser le tracking à grands pas), de poursuivre la destruction du droit du travail, de terroriser les Français, et de préparer l’après confinement.

Sans compter le plaisir que la Macronie (dispensée, elle, de confinement, d’amendes, de masques, et testée régulièrement), doit éprouver à se venger, enfin, de ces Gaulois récalcitrants. La jouissance narcissique que cette répression violente, arbitraire et rentable procure à la Macronie n’échappe à personne. Il n’y a qu’à voir la joie sadique de Castaner se vantant du nombre de contrôles et de PV, du préfet Lallement affirmant que « que ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, qu’on trouve dans les réanimations, sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté », des flics de terrain qui s’en donnent à cœur-joie et des éditocrates qui commentent avec gourmandises chaque nouvelle interdiction. Notez qu’obligé de s’excuser, Lallement s’est vengé cruellement, dès le lendemain, en interdisant aux Parisiens de sortir courir pendant la journée. Déjà, ils avaient fermé les parcs, les forêts, les bois, les plages, bref tous les endroits où on pouvait se détendre, faire du sport, se sentir revivre, sans mettre personne en danger, chaque instance locale ou nationale faisant assaut de mesures répressives, pour montrer sa réactivité, mais révélant, en fait, sa profonde défiance de la population, le pompon revenant à ce maire qui avait interdit qu’on s’éloigne de plus de dix mètres de son domicile. Ainsi, plusieurs communes d’IDF se sont-elles empressées d’emboîter le pas à Lallement/Hidalgo pour interdire le jogging. À défaut de masques, de tests et de respirateurs, les mesures de durcissement du confinement pleuvent comme les feuilles en automne. On dirait que la Macronie veut tuer en nous toute étincelle de vie et de résistance !

La Macronie s’est approprié notre présent

La Macronie contrôle désormais presque chaque instant de notre vie. Le temps de ceux qui sont obligés d’aller travailler sans protection, et le temps de ceux qui sont obligés de rester « confinés » et qui ne peuvent sortir qu’une heure par jour pour faire des courses avec une « attestation de déplacement dérogatoire » infantilisante. Les médias de cour si prompts à dénoncer la moindre incartade des opposants du pouvoir ou des nations qui résistent à l’Empire, sont muets sur les abus infligés à une population déjà privée de liberté de mouvement, de protections sanitaires et du libre usage de son temps ; tout cela, il ne faudra jamais l’oublier, à cause du choix initial d’ « immunité collective » que des dirigeants à la solde du grand capital ont fait. Espérons qu’ils seront jugés un jour !

Pour me consoler, j’ai repensé à Pierre Rabhi qui parlait si bien du temps et de l’enfermement: « Le vrai temps, celui qui est ponctué par la respiration ou les battements du cœur, est le seul à procurer un sentiment d’éternité. De même, la civilisation agraire imposait un temps différent de celui de la société industrielle dans laquelle les gens acceptent d’être enfermés dans des villes, d’être enfermés toute leur vie dans des boîtes, dans un espace où le soleil se lève et se couche pour rien. C’est à se demander s’il existe une vie avant la mort. » Enfermée dans ma boîte par ce temps magnifique, je repense à toutes les boîtes de ma vie, celles où j’ai étudié, celles où j’ai travaillé, celles où je suis allée danser le soir, et celle où je reposerai après ma mort.

Pendant ce temps, les médias, toujours aussi fous de Macron, si photogénique, nous montrent le-chef-de-l’Etat qui, tout sourire et sans masque, brave le virus et ses détracteurs en paradant, à Pantin, au milieu d’une foule de gens sans masques eux non plus. Sans doute parce que la loi interdit de se cacher le visage !

Tous ces fous vont finir par nous rendre aussi fous qu’eux !

La Macronie veut s’approprier notre avenir

Les promesses de changement de Macron ne sont évidemment que poudre aux yeux. Il n’y a aucune chance que Macron se convertisse. Il est missionné par l’oligarchie financière et, comme tous les faibles, plus ça résiste, plus il s’obstine.

Autrement dit, pour sortir d’une crise qu’elle n’a pas vu venir, l’oligarchie occidentale va recourir aux recettes éculées qui ont fait le succès de l’Empire et de ses satellites (répression et guerres) après l’effondrement de l’Union soviétique. Hélas pour eux, le monde a changé. La chine a gagné le combat contre le coronavirus en s’appuyant sur une approche opposée à celle de l’Occident : « Chercher la vérité dans les faits ». Comme l’explique John Ross, « Il n’y a rien de plus dangereux pour un pays que de se mentir à soi-même. Les grands désastres de l’histoire résultent souvent d’un déni de réalité. » Et voilà sa conclusion : «  L’aveuglement des cercles dirigeants étasuniens a déjà mené à des désastres géo-politiques– au Vietnam, en Iraq, en croyant que la Russie accepterait l’expansion agressive de l’OTAN. Cette faculté de s’illusionner sur soi-même a maintenant provoqué un désastre sur le sol étasunien lui-même. Il faut espérer que les Étasuniens vont rapidement en tirer les leçons, sauver la vie de dizaines de milliers de leurs propres citoyens et forcer leurs leaders à établir des relations plus générales et plus rationnelles avec le reste du monde. »

Les États-Unis, l’étoile que suit notre président, sont l’exemple type de ces régimes basés uniquement sur la communication et la répression. Ils finissent par croire à leur propre propagande, ne voient pas leur pays s’enfoncer, et mettent de plus en plus de gens en prison (les USA ont le taux le plus élevé de prisonniers par habitant du monde).

La controverse sur la chloroquine est  un des plus récents exemples de cet aveuglement têtu et criminel de la « mafia » atlantiste d’extrême-centre qui gouverne une France aux mains des cartels (banquiers, big pharma et consorts). Alors que la Chine, qui selon le Professeur Raoult a dix ans d’avance sur nous pour les maladies infectieuses, et d’autres pays confirment son efficacité, et que même les Etats-Unis l’autorisent au niveau fédéral, en France elle n’est toujours autorisée que quand elle ne sert plus à rien.

Comme dit Valérie Bugault : « Les cartes sont actuellement dans les mains des populations civiles : ces dernières ont enfin, phénomène unique dans l’histoire, la possibilité de reprendre leur destin en main ; ce qui signifie, très précisément, qu’elles ont la possibilité de réinstaurer des gouvernements politiques en lieu et place des ersatz actuels entièrement aux mains des puissances financières … Finalement, les lois naturelles, tellement honnies des globalistes, reprennent le dessus et les choses vont entrer dans l’ordre : soit on lutte collectivement pour survivre collectivement, soit on ne lutte pas collectivement et ce sera la fin de la civilisation et de la liberté, y compris celle de vivre et de mourir. »

Dominique Muselet

Photo en vedette : Macron par Jacques Paquier, flickr.com



Articles Par : Dominique Muselet

A propos :

Dominique Muselet a passé la première partie de sa vie dans le Nord de la France. Après des études universitaires, elle a enseigné quelques années en Collège, avant de passer dans le monde de l'entreprise, à différents postes de direction. Elle a vécu dans plusieurs pays étrangers : Cameroun, Canada, Inde, Palestine/Israël, Mexique. Ces séjours prolongés dans des pays pour beaucoup soumis à l'impérialisme occidental, l'ont aidée à mieux comprendre les rapports de force géopolitiques. La tragédie que vivent les Palestiniens et leur lutte pour la liberté l'ont particulièrement touchée. Depuis qu'elle est revenue s'installer en France à Paris, elle s'efforce de partager sa large expérience économique, politique, géopolitique et spirituelle à travers ses traductions et ses articles.

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