Mali: De l’irresponsabilité. De la fuite en avant : La caution d’Israël

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A l’image des pétro monarchies du Golfe, la nomenklatura malienne a cherché à diluer ses responsabilités dans le désastre de son pays, en se cherchant une caution israélienne pour s’exonérer de ses turpitudes.

Certes, il est de notoriété publique que des entreprises israéliennes sont présentes au Mali: Elbit et Mer, mais surtout Israël Aerospace ont réussi à décrocher le contrat de protection périmétrique de la Minusma, au Mali.

Des sociétés israéliennes fournissent aussi des équipements visant à renforcer la sécurité des bases de la Minusma dans tout l’Azawad. Ils visent désormais les quelque 40 bases de maintien de la paix onusiennes dans le monde, dont certaines sont situées au Proche-Orient.

Mais ce que l’on connaît moins c’est que l’infiltration israélienne en Afrique occidentale s’est faite avec l’accord de la France qui a souhaité défendre son pré carré africain en tandem avec Israël, faisant du Mali «la porte d’entrée» de l’État Hébreu vers l’Afrique francophone.

L’intervention de la France au Mali, en janvier 2013, a relevé d’une stratégie de défense du pré carré africain, face à la politique de grignotage menée tant par la Chine que par le wahhabisme via les finances islamiques (Qatar et Arabie Saoudite). Première opération militaire en solitaire sur un théâtre extérieur depuis la fin de la Guerre d’Algérie, en 1962, la France, via Serval, y jouait son rang de puissance.

Une cible idéale en ce que Le Mali constitue le plus grand pays musulman d’Afrique occidentale, où la finance islamique y prospère, alors que les Maliens depuis une décennie se détournaient progressivement de la France vers les pétromonarchies et que la Chine jouit d’un prestige certain du fait de sa restauration du centre de documentation islamique de Tombouctou.

Au–delà de l’objectif affiché de s’interposer entre les belligérants et d’éviter l’effondrement de l’État malien, Serval puis Barkhane répondaient au souci des Occidentaux de créer un glacis stratégique au centre de l’Afrique, à proximité de la plate forme opérationnelle de la Chine dans la zone. Un cordon sanitaire identique à celui que les pays occidentaux veulent établir autour de l’Iran, l’autre grand fournisseur d’énergie de la Chine.

La nomination à la tête de l’Agence française pour le développement de M. Dov Zerah, dans la décennie 2010, a donné crédit à cette hypothèse en ce que la propulsion du président du consistoire israélite de Paris et secrétaire général de la Fondation France Israël au poste stratégique de dispensateur de l’aide financière française à l’Afrique est intervenue, le 2 Juin 2010, six mois avant l’indépendance du sud Soudan, alors que «la bataille du Nil» sur la répartition des quotas des eaux de ce fleuve africain battait son plein entre l’Égypte et les alliés africains d’Israël: l’Éthiopie et le Kenya notamment.

Cette tendance s’est accentuée et amplifiée avec la présence de deux philo sionistes patentés au Quai d’Orsay, Bernard Kouchner sous Nicolas Sarkozy, et Laurent Fabius, sous François Hollande.

L’enjeu sous-jacent du conflit sahélo-saharien.

L’enjeu essentiel de la question sahélo-saharien ne se joue pas à l’échelle locale. Il concerne l’économie mondiale et le redécoupage des zones d’influence entre les puissances internationales avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs (américains, chinois, indiens) qui bousculent l’ancien paysage colonial.

L’accès convoité aux richesses minières (pétrole, gaz, uranium, or, phosphates) dont regorgent le Niger, la Libye, l’Algérie, et le Mali d’après des prospections plus récentes, est au centre de la bataille invisible qui se déroule dans le désert.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme et de sigles abscons, African command ou Serval-Barkhane, le groupe atlantiste s’applique, en fait, à contrecarrer l’influence grandissante de la Chine sur le marché africain, au point que Pékin a réussi le tour de force d’évincer en une décennie les puissances coloniales historiques sur le continent noir, Le Royaume Uni et la France.

Leur forfait accompli en Syrie, les compagnies militaires privées se sont projetées en Afrique pour compléter leur travail mercenaire.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien:

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/guinee-equatoriale/passage-en-revue-des-mercenaires-chiens-de-guerre-et-autres-societes-militaires-privees-presents-en-afrique_3749699.html

Dans un livre blanc de 2010, «Stratégie pour les minéraux indispensables aux États-Unis», Washington plaidait, conjointement avec l’Union européenne, pour l’urgente nécessité de constituer des réserves de cobalt, du niobium, du tungstène et naturellement le Coltàn, indispensables pour la composition de matières de haute technologie. 80 pour cent des réserves mondiales du Coltàn se trouvent en République Démocratique du Congo (RDC-Kinshasa). Ressource stratégique essentielle au développement des nouvelles technologies, le Coltàn (par fusion des termes Columbio et Tantalio) entre dans la production des écrans plasma, des téléphones portables, des GPS, des missiles, des fusées spéciales, des appareils photos et des jeux Nintendo), dont les principaux bénéficiaires sont les grandes firmes électroniques et informatiques (Appel, Nokia, Siemens, Samsung).

La Chine est depuis 2009 le premier partenaire commercial de l’Afrique avec des échanges de l’ordre de 166,3 milliards de dollars, en augmentation de 83% par rapport à 2009.

Les Chinois ont décidé le doublement à 20 milliards de dollars leurs crédits à l’Afrique, qui fait partie de la réserve stratégique des multinationales.

Soixante ans après l’indépendance de l’Afrique, Américains et Européens, sur fond de lourd contentieux post colonial non purgé, continuent de gérer l’Afrique à travers leurs réseaux politico-affairistes et les institutions multilatérales (FMI et Banque mondiale). Le Mali a été ainsi contraint de se spécialiser dans la production de coton par la Banque mondiale, se plaçant en concurrence avec les producteurs de coton nord-américains qui bénéficient de subventions de la première puissance libérale.

En contrechamp, la Chine, nullement philanthrope, mais infiniment plus perspicace, se présente aux Africains sans passif colonial, sans les pratiques craintes de la corruption des Djembés et des Mallettes, la marque de fabrique de la Françafrique.

La déliquescence de l’État Malien.

Jamais pays n’a connu pareille décélération, où, en un semestre, le Mali s’est vu projeter dans une vertigineuse phase de fragmentation accélérée par la déliquescence de l’État et la régression de la société.

Tous les grands secteurs de l’État sont en panne, alors que la classe politique se délecte, en toute inconscience de ses querelles byzantines, que la famine menace, que le Pouvoir est déconnecté des réalités du pays, l’armée démotivée par le formidable étalage de sa cupidité, la population plongée dans la désespérance. Avec en prime, une fois le forfait accompli, le sauf conduit à ses dirigeants faillis.

Classé parmi les pays les moins avancés de la planète, le Mali est en outre affligé d’un parlementarisme hérité des pratiques corrosives de la défunte III me République française, où près de quarante partis politiques se disputent les faveurs des électeurs maliens, sur fond d’accusation de népotisme, de corruption et de gabegie.

Que d’anciens diplomates en poste dans le Golfe se soient transformés en chef rebelles, tels Abder Raham Galla, ancien ambassadeur du Mali en Arabie saoudite, ou Yat Agali, ancien consul général à Djeddah, chef du mouvement «Ansar Eddine (les partisans de la religion) donnent la mesure du délitement moral de l’élite de la nation.
Les prébendes et les sinécures ont pour fonction de calmer les appétits. Elles n’ont pas vocation à forger une conscience nationale.

La vocation du Mali

Le Mali a vocation à être un élément fédérateur de l’Afrique occidentale, et non le chien de garde de la France, affecté à en faire le sale boulot, contrecoup de la politique néocoloniale de la France, sur le plan international, et de sa xénophobie, sur le plan interne.

Héritier d’un des grands empires d’Afrique, avec le Ghana, situé au cours de l’Afrique occidentale en connexion avec sept pays, en pleine zone du sahel, le nouveau foyer de tension internationale dans la zone sub-sahélienne dans la guerre contre l’AQMI, le Mali a vocation à redevenir un centre fédérateur, un élément de stabilisation de la vallée du Niger, tant par sa configuration géographique que son déploiement démographique à l’intérieur de l’Afrique que sur le continent européen, particulièrement la France.

Septième pays d’Afrique par sa superficie avec 1 241 000 km², le Mali se situe au cœur de l’Afrique Occidentale sans aucun débouché sur le mer, enclavé entre sept pays : le Burkina Faso, ex Haute-Volta (avec 1000 km de frontières), le Niger (821 km) à l’Est ; le Sénégal (419 km) et la Mauritanie (2237 km) à l’Ouest ; l’Algérie (1376 km) au Nord ; la Côte d’Ivoire (532 km) et la Guinée Conakry (858 km) au Sud.

Cet immense pays est divisé en irrigué par deux grands fleuves et leurs affluents, le Niger (4200 km de la source à la mer) et le Sénégal (1700 km). Il dispose d’un réseau fluvial de 2 717 km qui le relie au Sénégal, de Koulikoro à Saint Louis et à la Guinée Conakry, de Bamako à Kouroussa. Le fleuve Niger permet également une navigation intérieure de Koulikoro à Tombouctou, en passant par Ségou, Mopti et Diré.

Le sous-sol du pays regorge entre autre de quelques-uns des minéraux les plus recherchés: or, uranium, lithium, phosphates, plomb, zinc, manganèse, fer, platine, étain, cuivre. L’industrie est embryonnaire, mais l’artisanat florissant.

Le Mali exporte essentiellement des matières premières : coton, or et bétail,tandis qu’il importe surtout des produits finis : machines, outils, équipements, matériel de construction, essence, tissus et produits alimentaires.

Sous le nom de Soudan français, le Mali a été colonisé pendant près de 75 ans, de 1885 à 1960, par la France, apportant une contribution significative au combat de la métropole durant les deux guerres mondiales du XXe siècle (1914-1918, 1939-1945).

Un des principaux contributeurs du contingent des tirailleurs africains au cours des deux guerres mondiales (1914-1918 / 1939-1945) dont la France a été le théâtre au cours du XXe siècle, amputé de surcroît de ses débouchés maritimes, une donnée naturelle du pays, le Mali, héritier de l’Empire Mandingue développera une sorte de colère rentrée à l’égard de l’ancienne puissance coloniale. Ni vociférations, ni jérémiades, mais une froide détermination dans l’établissement d’une sorte de contiguïté passive vis-à-vis de son ancien colonisateur.

La talibanisation de la Libye sur le modèle Afghan tant redoutée lors de l’intervention atlantiste s’est en fait réalisée au Mali, un an plus tard. Tombouctou, “la cité des 333 saints”, “la perle du désert”, inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1988, a été la cible d’une opération de vandalisme dans la pure tradition talibane.
Douze ans après la destruction des Bouddhas de Bamyan, en Afghanistan, en mars 2001, leurs émules maliens d’Ansar Eddine se sont acharnés à coups de pioches sur neuf mausolées notamment Sidi Mahmoud, Sidi Moctar, Alpha Moya et celui de Cheikh el-Kébir, ainsi que deux mausolées de la grande Mosquée de Djingareyber (sud) et de Tombouctou.

Fondée entre le XIe et le XIIe siècle, la cité abrite en outre près de 30 000 manuscrits datant du XII me siècle….donnant ainsi une belle image de «L’Islam des Lumières» tant vantée par le philosophe du botulisme Bernard Henry Lévy, le fer de lance de l’offensive israélienne sur le plan européen.

Il est à espérer aussi que les Africains garderont présents à l’esprit qu’Israël dont l’expérience de la colonisation de la Palestine l’a conduite à coloniser des terres à travers le Monde représentant vingt fois sa superficie au détriment des populations et de l’environnement des pays pauvres notamment en République Démocratique du Congo pour la culture de la canne à sucre; au Gabon pour la culture du Jatropha, nécessaire à la production de biocarburants; en Sierra Leone où la colonisation israélienne représente 6,9 pour cent du territoire de ce pays de l’Afrique de l’Ouest.

Tant en Libye qu’au Mali, qu’en Syrie, qu’en Ukraine, le pouvoir français dans ses variantes Nicolas Sarkozy et François Hollande est apparu comme un pays de hâbleurs et de bonimenteurs de foire, le grand perdant de la mondialisation le grand perdant de l’européanisation du continent le grand perdant de la bataille de Syrie et de Crimée, le grand perdant de l’Afrique.

Il est à espérer surtout que le Mali, premier pays africain post indépendant à envoyer un contingent en Algérie en soutien à la guerre de libération nationale algérienne, se souvienne qu’Israël enfin, (Last but not the Least), a été le partenaire de l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid.

Faute d’un digue robuste, le Mali, de maillon faible mutera au statut de maillon non fiable, et, de naufrage en naufrage, il se dirigera vers une immersion certaine.

René Naba

 

 

 

René NabaJournaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe. Auteur de « L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres » (Golias), « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » (Harmattan), « Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres (Harmattan), « Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David » (Bachari), « Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l’Association d’amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.



Articles Par : René Naba

A propos :

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe. Auteur de “L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres” (Golias), “Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français” (Harmattan), “Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres (Harmattan), “Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David” (Bachari), “Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l’Association d’amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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