Parmi les lauréats du Concours national et international de journalisme, organisé par le Club de Periodistas de México (Club des Journalistes du Mexique), figure aussi cette année Manlio Dinucci, porte-parole du Comitato No Guerra No Nato (Comité Non à la Guerre Non à l’OTAN, CNGNN).
Le Club de Periodistas de Mexico, A.C. né dans les années 50 du XXème siècle, bénéficie d’une longue histoire de luttes pour la liberté d’expression, pour un journalisme indépendant et véridique, défiant les pouvoirs forts, ouverts et occultes, au risque même d’y perdre la vie.
Les lauréats du Concours -choisis par un jury indépendant- ont été présentés à la cérémonie de remise du Prix, à Mexico, par Celeste Sáenz de Miera, secrétaire générale du Club.
Le prix le plus significatif a été attribué à Julian Assange, dont le nom est devenu “symbole mondial du nouveau journalisme d’investigation et de dénonciation, de la lutte contre la manipulation des informations et l’occultation des réels intérêts qui se dissimulent derrière les présentations médiatiques”. Le Prix d’Assange a été retiré par Pedro Miguel, directeur de Wikileaks au Mexique.
À Manlio Dinucci -dont les articles sont souvent publiés en espagnol sur la revue du Club de Periodistas de Mexico- a été attribué le Prix international d’analyse géostratégique, parce qu’ “il met ses connaissances de chercheur et ses capacités d’analyse au service du pacifisme mondial, dans une époque de graves menaces pour l’intégrité de nombreuses nations, et qu’il est une des voix défendant la raison et la justice”.
Dans sa présentation la secrétaire du Club, Celeste Saenz de Miera, a mise en évidence l’importance de la Déclaration de Florencepubliée, au terme du Colloque international du 7 avril, par le CNGNN et par Global Research, le centre canadien de recherche sur la mondialisation dirigé par le Professeur Michel Chossudovsky.
Discours intégral de remerciements au Club des Journalistes du Mexique, A.C.
Chers collègues et amis,
C’est un grand honneur pour moi de recevoir le Prix International de Journalisme du prestigieux Club de Journalistes du Mexique.
Même si nous opérons dans des contextes différents, je pense que nous avons devant nous la même question fondamentale : quel est aujourd’hui le rôle des journalistes ? La réponse est plus complexe qu’il ne semble.
Un développement technologique sans précédents a créé, en l’espace d’une génération, un système d’information et communication étendu à l’échelle mondiale : les mêmes nouvelles et images arrivent simultanément dans chaque pays et entrent dans chaque maison reliée au réseau télévisé et à Internet.
La vitesse avec laquelle sont arrivées et arrivent ces informations risque cependant de faire perdre de vue les caractéristiques du phénomène : l’information et communication mondiale a en réalité ses “frontières”.
Le décalage dans les technologies de l’information et communication (dit digital divide) est beaucoup plus fort.
Les centres moteurs du système mondial d’information et communication sont largement concentrés dans les pays définis (selon les catégories conventionnelles) comme “les plus développés”. C’est là que se trouvent les maisons mères de colossaux groupes multimédias qui sont en mesure d’influencer les opinions et les goûts des gens à l’échelle planétaire.
L’élément décisif n’est pas la technologie, mais l’usage qu’on en fait.
Par exemple, la capacité de la télévision de faire arriver dans chaque pays les images d’un événement, alors que, d’une pat, elle peut être utilisée pour élargir l’horizon des connaissances des téléspectateurs, peut, d’autre part, être utilisée pour le restreindre en les induisant à croire que n’existe que ce qu’on voit et n’existe pas ce qu’on ne voit pas.
La capacité d’Internet de mettre en contact des personnes du monde entier peut d’un côté servir au développement des multiculturalités, mais de l’autre peut servir à l’hégémonie d’une langue et culture déterminée sur les autres. La même chose vaut pour les réseaux sociaux (social networks), étendus à niveau planétaire.
En général, le système mondial d’information et communication peut servir d’une part à la connaissance réciproque, en contribuant à créer des relations de paix, d’autre part il peut servir à la préparation de l’opinion publique à la guerre, par exemple à travers des campagnes médiatiques de diabolisation de certains pays et gouvernements.
Dans ce cadre le rôle des journalistes est fondamental. Ils ne doivent pas être réduits à de simples distributeurs d’informations pré-confectionnées dans les centres de pouvoir médiatique. Ils doivent être les chercheurs infatigables de la vérité, ils doivent avoir le courage de dire ce que d’autres taisent. Devoir souvent dur et risqué, aujourd’hui plus important que jamais pour les grands choix dont dépend l’avenir de l’humanité.
C’est le devoir que vous poursuivez, estimés amis du Club de Journalistes du Mexique. J’apprécie donc tout particulièrement le prix que vous m’avez fait l’honneur de m’attribuer, symbole d’un engagement commun sur le même front de lutte.
Manlio Dinucci, journaliste et essayiste, a vécu et travaillé à Pékin dans les années 60 du XXème siècle, contribuant à la publication de la première revue chinoise en langue italienne et à la diffusion des Lettres de la Chine de la journaliste étasunienne Anna Louise Strong.
Dans les années 80, il a dirigé la revue Lotta per la pace (Lutte pour la paix) (née de l’”Appello contro l’installazione dei missili nucleari in Italia” -Appel contre l’installation des missiles nucléaires en Italie-, lancé en 1979 par Ludovico Geymonat et alt.) et a été directeur exécutif pour l’Italie de l’International Physicians for the Prevention of Nuclear War, association lauréate du Prix Nobel de la paix en 1985.
Collaborateur de il manifesto, avec la rubrique hebdomadaire L’Arte della Guerra. Collaborateur de Pandora TV, dirigée par Giulietto Chiesa. Il est aussi l’auteur de manuels scolaires de géographie humaine.
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