Mercosur, cinquième puissance mondiale, des Caraïbes à la Patagonie !

Plus de 20 ans après sa création, le Mercosur accueille donc le Venezuela. Le bloc régional désormais représente 82,3% du PIB de l’ Amérique latine-, 13 millions de km² et plus de 270 millions d’habitants.

« La cinquième économie du monde », c’est ainsi que la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a salué la nouvelle dimension prise par le bloc régional avec l’entrée du Venezuela. « Un nouveau pas dans ce XXI éme siècle », comme l’a relevé la présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner mais « les défis sont énormes ». Le premier défi étant de préserver l’indépendance de ce bloc réunissant des pays aux richesses tant convoitées.

L’intégration du Venezuela, c’est celle d’un nouveau membre, qui selon le dernier rapport de l’Opep, dispose des plus grandes réserves certifiées de pétrole du monde , devant l’Arabie Saoudite. Ce qui fait que la complémentarité des pays du Mercosur semble plus équilibrée qu’en Europe où le problème énergétique reste un point faible. Car aujourd’hui, le bloc régional réunit à la fois de grands producteurs de matières premières alimentaires et minérales avec l’Argentine et le Brésil et d’énergie avec le Venezuela. Sans oublier évidemment la dimension industrielle, d’ailleurs Dilma Rousseff, autour du Mercosur « de la Patagonie aux caraïbes » a envoyé un message à l’univers entrepreneurial afin de participer activement au processus d’intégration.

Dans un contexte de crise mondiale, tout ceci n’est pas négligeable, à travers le Mercosur, il y a une chance pour mieux amortir les effets de la crise du capitalisme. De plus, le Mercosur avec l’arrivée du Venezuela a une carte à jouer face à la déconfiture de l’Alca, et des coups d’état déguisés ou pas, fomentés dans la région, avec l’aval du voisin étasunien. La dimension géopolitique de ce Mercosur à cinq prend tout son sens.

Il est donc absolument nécessaire de créer des institutions et des instruments qui cimentent ce nouveau rapport de force. Y compris en trouvant de nouveaux moyens dans les mécanismes de crédit pour financer des projets, dont nombreux sont déjà approuvés. Car il y aussi les autres aspects du Mercosur qu’il faut renforcer – social, emploi, éducation- pour dépasser le simple volet commercial et douanier. Cela offre aux mouvements sociaux et aux forces politiques des opportunités pour se faire entendre et que les gouvernements à travers le bloc, prennent des mesures qui permettent de transformer le Mercosur en un véritable projet pour les peuples des pays membres. Et le président uruguayen de rappeler, « Nous vivons sur le continent le plus riche en ressources naturelles », ajoutant « il ne s’agit pas d’être les plus riches de la planète mais les plus heureux, le processus d’intégration doit bénéficier à toute la population, et surtout les pauvres ».

Quant au Venezuela, dans un premier temps, il faut qu’il s’adapte au bloc du point de vue normatif, en termes de tarifs douaniers et commerciaux, ce qui prendra sans doute plusieurs mois. Mais Chavez, a également bien l’intention de jouer le jeu pour aussi sortir son pays d’un modèle axé sur seule la rente pétrolière, et souhaite à travers l’intégration « accroitre le développement agricole avec plus de 30 millions d’hectares disponibles » et le « développement industriel autour des ressources en bauxite ou en minerais stratégiques ». L’impétrant Hugo Chávez l’a bien saisi, le Mercosur est « la locomotive la plus grande qui existe pour préserver l’indépendance et accélérer le développement intégral de l’Amérique Latine ».

Estelle Leroy-Debiasi pour El Correo, Paris le 1er aout 2012

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Articles Par : Estèle Leroy-Debiasi

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