Mesures draconiennes du gouvernement allemand pour dissuader les réfugiés

Le gouvernement allemand veut chasser les réfugiés en les laissant mourir de faim et en leur refusant toute aide médicale. Un projet de loi à cet effet est discuté depuis lundi dernier entre les différents ministères et sera débattu au parlement en octobre.

Selon la Süddeutsche Zeitung, qui a vu le texte du projet de loi, celui-ci représente la « plus dure restriction de l’aide aux réfugiés dans l’histoire allemande d’après-guerre ». Les soi-disant « réfugiés de Dublin » n’auraient pas droit à de l’argent de poche, à l’hébergement et à l’aide médicale; on leur donnerait simplement un billet de retour et quelques provisions.

Les « réfugiés de Dublin » sont ceux qui sont passés par d’autres pays européens avant d’atteindre l’Allemagne. Puisque l’Allemagne ne se trouve pas aux frontières extérieures de l’Union européenne, cela touche presque tous les demandeurs d’asile dans le pays. Selon l’Accord de Dublin, le pays dans lequel un réfugié arrive en premier est responsable de son accueil et du traitement de sa demande d’asile.

Ces dernières semaines, l’Accord de Dublin s’était effondré en raison du nombre élevé de réfugiés fuyant la Syrie pour aller en Europe. En durcissant les conditions du droit d’asile, le gouvernement allemand veut clairement « stabiliser de nouveau le système de Dublin », selon le Süddeutsche Zeitung.

Ce changement de politique s’effectue sur le dos des réfugiés, qui se voient refuser les droits les plus élémentaires. Ils doivent être effrayés par la faim et une existence de sans-abri, et transportés comme du bétail vers des pays où règnent des conditions ignobles et où ils sont enfermés dans de virtuels camps de concentration.

Il y a trois semaines, la chancelière Angela Merkel avait promis, en réponse à une vague de solidarité de la part de la population allemande, de permettre l’entrée des réfugiés venant des régions déchirées par la guerre au Moyen-Orient et le souligna en disant, « Nous le pouvons ». Depuis, son gouvernement a oeuvré systématiquement pour fermer les frontières de l’Allemagne; les autres pays européens ont suivi.

La frontière entre la Hongrie et la Serbie, par laquelle de nombreux réfugiés étaient venus en Autriche et en Allemagne la semaine dernière, a été hermétiquement bouclée par une clôture de barbelés de plusieurs mètres de haut, gardée par une force policière et militaire massive.

Le président hongrois Viktor Orban a été très critiqué internationalement pour son traitement brutal des réfugiés. Cependant, en fermant la frontière, il a simplement fait ce que le gouvernement allemand et d’autres ont exigé de lui. En durcissant les lois sur l’asile, l’Allemagne adopte les méthodes brutales de Orban.

Après la fermeture de la frontière hongroise, de nombreux réfugiés ont cherché à aller de Serbie en Autriche via la Croatie et la Slovénie. Rien que ces deux derniers jours, 11.000 réfugiés ont traversé la frontière serbo-croate.

La Croatie ne leur a donné pratiquement aucun soutien, ce qui a provoqué des scènes dramatiques. Jeudi, au poste frontalier de Tovarnik, des milliers de réfugiés sont restés assis pendant des heures sans eau ni nourriture. Quand ils ont tenté de poursuivre leur voyage à pied, ils ont été bloqués par la police.

Depuis, la Croatie et la Slovénie ont bouclé leurs frontières. Jeudi soir, Zagreb a fermé sept des huit postes frontaliers vers la Serbie et placé l’armée en alerte. La Slovénie a arrêté un train et renvoyé 150 réfugiés à Zagreb, disant que leurs papiers n’étaient pas en règle. Les liaisons ferroviaires entre les deux pays ont été interrompues temporairement.

En Méditerranée, les opérations militaires de l’UE entrent dans leur deuxième phase. Les bateaux des réfugiés ne seront pas seulement observés, mais saisis, les trafiquants arrêtés et les bateaux coulés. Cette escalade des opérations militaires vise aussi à bloquer les chemins de fuite des réfugiés.

L’UE se dépêche aussi de verrouiller les itinéraires pris par les réfugiés venant de Turquie et passant par les îles Egéennes grecques. À l’heure actuelle, quelque 2 millions de réfugiés en provenance de Syrie sont en Turquie. Dans un accord de 2002, le gouvernement turc avait promis de reprendre les migrants « illégaux » en provenance de Grèce, mais ne respecte pas actuellement cet accord.

L’UE veut maintenant faire en sorte que la Turquie, le Liban et la Jordanie gardent des centaines de milliers de réfugiés syriens en leur offrant de l’argent.

Tout en cherchant à repousser les réfugiés fuyant la guerre au Moyen-Orient et en Afrique, le durcissement des lois sur l’asile a aussi pour but de juguler l’afflux de réfugiés en provenance des pays les plus pauvres des Balkans et d’Europe orientale.

À cette fin, l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été prononcés «pays d’origine sûrs ». Les réfugiés de ces pays se verront refuser le droit de travailler, les empêchant d’obtenir le statut de résidents légaux, ce qui nécessite d’avoir un emploi. En outre, ils seront maintenant obligés de rester dans un camp d’accueil pendant six mois au lieu de trois et ne recevraient que des prestations en nature au lieu d’argent.

Peter Schwarz

Article paru en anglais, WSWS, le 19 septembre 2015



Articles Par : Peter Schwarz

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