Meta ne veut plus de «vérificateurs de faits» – mais qu’en est-il du «shadowbanning» ?

L’ère des soi-disant «vérificateurs de faits» devrait prendre fin sur Facebook, Instagram et Threads. C’est ce qu’a annoncé Mark Zuckerberg, le patron de Meta. Mais quel est l’intérêt de mettre un terme aux mesures de censure idéologiquement motivées si certaines restrictions sur la portée de certains comptes persistent ?

Mark Zuckerberg se présente désormais comme un défenseur de la liberté d’expression. À la place des «vérificateurs de faits», les utilisateurs des plateformes de Meta comme Facebook, Instagram ou Threads devraient dorénavant aider à signaler les fausses informations via des «Community Notes» – un système également utilisé par X (anciennement Twitter) d’Elon Musk. Si beaucoup de médias alternatifs ou indépendants y voient un espoir de plus grande liberté et diversité d’opinion, cette annonce comporte toutefois un point problématique: personne ne parle de la pratique du «shadowbanning» des comptes indésirables.

Le «shadowbanning» désigne une pratique sur les réseaux sociaux consistant à limiter la visibilité des contenus d’un utilisateur sans que celui-ci en soit informé. Cette mesure est souvent utilisée comme sanction pour des violations présumées des règles ou en fonction des décisions des «vérificateurs de faits». Ce type de restriction algorithmique de la portée des publications est appliqué depuis des années et a poussé de nombreux médias indépendants à quitter ces plateformes.

Des articles intéressants qui, avant l’instauration de ces mesures de censure, atteignaient parfois des centaines de milliers de personnes sur Facebook, peinent aujourd’hui à atteindre quelques milliers d’utilisateurs. Ce phénomène affecte l’ensemble du secteur médiatique, car Zuckerberg privilégie sur ses plateformes les contenus légers et apolitiques, comme les images de chats, au détriment des actualités et des informations utiles.

Même si la suppression de ces organisations de «vérification des faits» – généralement marquées à gauche, dont l’incontournable et controversée association «Correctiv» (Allemagne) – devrait réduire la rigueur de la machine à censurer, il est peu probable qu’un changement radical s’opère. La Commission européenne continue d’exiger des mesures strictes de censure contre les opinions et informations jugées indésirables, souvent qualifiées de «désinformation» ou de «fake news». par conséquent, les modifications annoncées semblent avant tout d’ordre cosmétique.

Ce n’est que lorsque Meta reviendra à ses racines et garantira une liberté comparable à celle d’il y a dix ou douze ans que l’on pourra parler d’un véritable tournant. Cela nécessiterait cependant un changement politique à l’échelle européenne, et particulièrement en Allemagne, semblable à celui observé aux États-Unis. Avec la CDU de Merz – à laquelle appartient également la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, surnommée «Zensursula» («Censursula») – ce changement est tout aussi improbable qu’avec le SPD ou les Verts, favorables à une censure accrue.

Ce qui reste, c’est un arrière-goût amer d’une opération de communication de la part de Zuckerberg, qui cherche à se rapprocher de Donald Trump sans pour autant faire de réels compromis en faveur de la liberté d’expression. Trump devrait également accroître la pression sur Bruxelles pour que ces libertés fondamentales et ces droits soient mieux respectés, au lieu d’être continuellement restreints par des lois et des règlements de censure de plus en plus sévères.

Heinz Steiner

 

source : Report24 via Euro-Synergies



Articles Par : Heinz Steiner

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