Mission de paix Isaf en Afghanistan : 80 avions de chasse étasuniens prêts à frapper

Le groupe de combat formé par le porte-avions John C. Stennis et six navires de guerre dont des unités lance-missiles, avec plus de 6.500 marins et marines à bord, est entré dans la zone d’opérations de la 5ième flotte (qui comprend le Golfe, la Mer Rouge et une partie de l’Océan Indien), soit pour mener des  » opérations de sécurité maritime « , soit pour  » fournir un appui aux troupes Isaf (mandat Onu en Afghanistan, ndt) en Afghanistan  » et à celles de la coalition en Irak : communiqué du Commandement central étasunien. Cela signifie que sont aussi sur le point d’entrer en action en Afghanistan les 80 chasseurs-bombardiers embarqués sur le Stennis.

Ils viennent s’ajouter à ceux du porte-avions Eisenhower qui, déployé dans le Golfe avec son groupe de combat, a repris le 4 février  » l’appui aérien rapproché des troupes Isaf en Afghanistan  » : en 14 jours, il a effectué plus de 200  » sorties de combat  » pour plus de mille heures de vol. Le communiqué du Commandement central (19 février) ne contient cependant pas que cette information technique. Il s’ouvre en fait par l’annonce que  » l’aviation embarquée sur le porte-avions de la classe Nimitz Dwight D. Eisenhower continue à fournir un appui aérien rapproché aux troupes Isaf en Afghanistan, en participant à l’opération Enduring Freedom (étasunienne, sans mandat Onu, NDT) ».

Et, après avoir réaffirmé que ces missions appartiennent à l’opération Enduring Freeedom « , il spécifie que l’aviation du Eisenhower  » s’intègre étroitement  » avec les forces multinationales Isaf, en touchant les positions ennemis désignées par elles.

Le Commandement central confirme ainsi qu’il n’y a pas, en réalité, de ligne de démarcation entre l’opération Isaf/Otan et celle étasunienne d’Enduring Freedom : elles entret toutes les deux dans une seule chaîne de commandement, celle du Pentagone. Le Commandant suprême de l’Otan est toujours un général étasunien. Et, en Afghanistan, c’est un autre général étasunien qui concentre entre ses mains le commandement des forces Isaf/Otan, forces italiennes comprises, et des forces étasuniennes de Enduring Freedom.

Sont impliqués dans les raids sur l’Afghanistan non seulement les (plus de) 160 avions du Stennis et de l’Eisenhower, mais aussi les bombardiers lourds. C’est le Commandement central des Etats-Unis lui-même qui donne l’information : par exemple, dans un communiqué du 21 février, il déclare que  » un B-1B de l’aviation étasunienne a fourni hier un appui aérien rapproché aux troupes Isaf en Afghanistan, en lâchant des bombes Gbu-31 « .

Le B-1B est un bombardier stratégique pour attaque nucléaire, utilisé aussi avec des bombes non nucléaires. Grâce à ses trois soutes, qui lui permettent de transporter une charge guerrière supérieure à celle d’un B-52, il peut en lâcher des dizaines. Parmi lesquelles, la Gbu-31 de 2.000 libbre (presque une tonne), une bombe  » idiote  » à chute inerte, rendue  » intelligente  » par un kit fabriqué par Boeing et perfectionné par Alenia Marconi Systems : une section de queue guidée par Gps, qui permet de lâcher les bombes simultanément contre plus d’objectifs, même à plus de 60 Km de distance.

Chaque jour, d’après le Commandement central, les B-1B, les F-15 et F-16 et les A-10 (canonnières volantes) de l’aéronautique Us effectuent 35 à 40  » missions d’appui rapproché aux troupes Isaf « . Si on ajoute celles des chasseurs bombardiers des deux porte-avions, elles se montent à plus de 60 par jour. Et au printemps, comme il a déjà été annoncé, elles augmenteront.

En Afghanistan se trouve ainsi menée par les Etats-Unis une guerre aérienne d’intensité croissante en appui aux troupes Isaf/Otan. Jour après jour, le Commandement central des Etats-Unis en rend compte, sans fournir cependant aucune information sur les morts et blessés provoqués par les bombardements, officiellement dirigés contre les  » talibans  » ou des  » ennemis  » ou  » insurgés  » pas davantage définis. Encore moins en trouve-t-on dans les communiqués de l’Isaf/Otan, où on se tait complètement sur l’  » appui aérien rapproché  » fourni aux troupes Isaf par l’aviation étasunienne.

A première vue, en lisant les communiqués, on a l’impression que la mission Isaf/Otan n’est pas une mission de guerre mais de bienfaisance : hier, par exemple, on a annoncé que des  » troupes Isaf ont construit une nouvelle route pour les habitants de la région  » dans le district de Zharei. On précise cependant que  » la route a été construite en appui des opérations de combat « , de manière à ce que les troupes Isaf puissent se déplacer plus rapidement pour combattre les  » insurgés talibans « . Si la route ne suffit pas, un B-1B s’en occupera en lâchant quelque bombe  » intelligente  » de 2.000 libbre.

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio.



Articles Par : Manlio Dinucci

A propos :

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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