Mohamed Salah Dembri nous quitte: Le savoir élégant et le savoir être
« Aux hommes illustres, la patrie reconnaissante »
Encore une nouvelle qui nous rend triste ! Mohamed Salah Dembri * éclectique enseignant de littérature nous quitte. Né dans une région de l’Algérie profonde à El Harrocuhe le 30 janvier 1938, Mohamed Salah Dembri est décédé ce jeudi 2 janvier à l’âge de 82 ans. Il a occupé plusieurs hautes fonctions au sein de l’état algérien. Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères de 1979 à 1982, il est nommé au même poste au ministère des affaires sociales en 1990. Il y restera jusqu’à 1992. En 1993, Mohamed Salah Dembri devient ministre des affaires étrangères jusqu’à 1995. Durant la période allant de 2005 au 30 novembre 2010, il est ambassadeur au Canada, au Royaume Uni et Irlande, en Grèce puis au Vatican. Il a également été ambassadeur de l’Algérie auprès des Nations Unies.
- Homme politique et diplomate algérien, ministre des affaires étrangères de 1993 à 1992, ambassadeur d’Algérie auprès du Royaume-Uni et de l’Irlande de 2005 à 2010.
- De 1979–1982 : Secrétaire général du Ministère des Affaires Étrangères.
- De 1990- 1992 : Secrétaire général du ministère des affaires sociales
- Conseiller du Chef de Gouvernement Mouloud Hamrouche
- 1993–1995 : Ministre des Affaires Étrangères
- De 2005 au 30 novembre 2010 : Ambassadeur au Canada, Royaume-Uni & Irlande, Grèce, Vatican
- Il sera aussi ’ambassadeur d’Algérie auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) à Genève.
Mohamed Salah Dembri est avant tout un universitaire pur et dur qui avait fait ses humanités les plus complètes, c’est-à-dire du latin et du grec ! Après avoir enseigné à l’université, la littérature il fut appelé à la fin des années 60 par Mohamed Salah Benyahia pour occuper le poste de secrétaire général du ministère de l’Enseignement Supérieur nouvellement créé. Il sera donc l’un des artisans de la Réforme de l’Université algérienne pour la sortir de l’orbite coloniale et commencer l’algérianisation du corps enseignant. Ce fut très difficile car tout était à faire à la fois sur le plan qualitatif, il fallait former des formateurs mais aussi faire appel à la coopération internationale. De plus la massification pesant de tout son poids il fallait construire des centres universitaires dans les grandes villes . Ce fut une période héroïque où les rares compétences existantes étaient sollicitées à donner le meilleur d’elles mêmes. Il en est ainsi à titre d’exemple du professeur Hacene Lazreg fondateur de l’université d’Oran Es Senia puis plus tard de l’USTO du professeur Abdelhak Brerehi fondateur de l’Université de Constantine .
Par la suite la personnalité éclectique que fut Mohamed Salah Dembri accompagna Mohamed Salah Benyahia dans les mêmes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Il sera dans l’équipe qui a négocié avec la République Islamique d’Iran la libération des otages américain. Ce fut une formidable victoire de la diplomatie algérienne Il n’est que de souvenir de l’hommage de Warren Christopher le secrétaire d’Etat américain venu à Alger, accueillit officiellement la cinquantaine d’otages américains; C’est dire si l’Algérie était écoutée Mohamed Salah Dembri était un homme à principe élégant dans ses interventions, mais ferme sur ses positions était respecté dans les instances diplomatiques internationales.
Je veux porter témoignage des rares moments que j’ai partagés avec lui D’abord en tant que secrétaire général des affaires sociales j’étais son vis-à-vis à l’enseignement supérieur. Je me souviens de la compréhension dont il avait fait preuve quand nous négocions le niveau de bourses des étudiants ; la dernière réunion ayant eu lieu la veille du 5 octobre.
Par la suite en janvier février 1990, le chef de gouvernement de l’époque Mouloud Hamrouche avait appelé comme chargé de missions (conseillers) quatre anciens secrétaires généraux Mokdad Sifi, Mohamed Salah Dembri, Tahar Allane et moi-même. Nous fûmes rejoint par le professeur de médecine Farid Chaoui. En janvier et février 1991, l’Algérie organisa une conférence internationale sur la Dérive du droit suite à la deuxième guerre du Golfe, Etats-Unis, Irak. Mohamed Salah Dembri en fut l’un des organisateurs.
Je retiens de lui, l’image du haut commis de l’Etat, très élégant dans ses interventions et toujours soucieux de comprendre sans condamner appliquant à merveille la fameuse citation de Spinaoza : « Ne pas juger, ne pas condamner, mais comprendre ». Dans toutes ses discussions, il allait au fond des choses pour comprendre. Je lui disais souvent qu’il remontait dans chaque situation aux causes premières « jusqu’au déluge » s’il le faut ! Mohamed Salah Dembri qui portait beau par sa voix basse et linéaire avait le don de mettre ses interlocuteurs à l’aise. C’est réellement une perte pour l’Algérie. Que Dieu lui fasse miséricorde.
Prof . Chems Eddine Chitour