Mohammad Sawalha : « Nous attendons depuis une semaine à Lattaquié le feu vert de l’Égypte »

Cinquième convoi international de Viva Palestina


Le convoi Viva Palestina 5, en Syrie.


Mohammad Sawalha, vice président du Comité international pour lever le siège de Gaza, exprime, dans cet entretien, son inquiétude au sujet des difficultés que les autorités égyptiennes imposent au convoi Viva Palestina, bloqué depuis une semaine au port de Lattaquié en Syrie dans l’attente de l’autorisation égyptienne de se rendre à Al-Arish.

Silvia Cattori : Le cinquième convoi Viva Palestina [1] qui est parti de Londres le 18 septembre est bloqué à Lattaquié en Syrie depuis une semaine. Les autorités égyptiennes vont-elles laisser le convoi accoster à Al-Arish ?

Mohammad Sawalha : Tous les participants, qui sont venus de trois directions – le premier convoi d’Europe, le second d’Afrique du Sud, le troisième de Jordanie et des pays du Golfe – attendent maintenant au port de Lattaquié. Depuis une semaine, 400 personnes et 150 véhicules chargés de médicaments et de matériel scolaire attendent que l’Égypte accepte de leur accorder la permission de poursuivre leur route vers Gaza, en passant, comme elle l’avait initialement accepté, par Al-Arish. Nous attendons la réponse des autorités égyptiennes. Nous leur avons donné, comme elles l’ont demandé, la liste des noms des participants, des véhicules et des produits que nous transportons. Nous avons rencontré l’ambassadeur égyptien à Damas en Syrie ; il nous avait promis de nous répondre samedi. Jusqu’à ce jour il ne nous a donné aucune réponse.

Silvia Cattori : Pour quelle raison les Égyptiens bloquent-ils le convoi ? Ils avaient pourtant défini et accepté cet itinéraire de longue date ?

Mohammad Sawalha : Ce n’est pas la première fois, malheureusement, que l’Égypte n’autorise pas nos convois à continuer naturellement leur route vers Gaza en passant par son territoire. Or, c’est la seule manière d’aller à Gaza. C’est pourquoi, de longue date, nous avons prié l’Égypte de ne pas nous donner de fausses informations. Notre objectif est de rappeler qu’Israël organise le siège contre les Palestiniens, et pas de donner l’impression que l’Égypte est partie prenante de ce siège. Les autorités égyptiennes nous ont promis de faire en sorte que tout se déroule bien. Mais jusqu’à maintenant rien ne se passe.

Silvia Cattori : Craignez-vous qu’elles aient changé d’avis sous la pression d’Israël ?

Mohammad Sawalha : Nous n’en avons pas la preuve. Nous sommes dans l’attente impatiente de poursuivre notre route. La manière avec laquelle ils ont agi avec nous auparavant, en nous retardant, cause de nombreux tracas et souffrances pour les participants ; nous avons avec nous des personnes âgées, l’une d’elle a 83 ans et un grand nombre ont plus de 60 ans. L’Égypte doit comprendre qu’il est inacceptable de laisser des gens souffrir de la sorte sans raison. Ils veulent juste aller à Gaza pour soutenir leur frères et sœurs.

Par leur présence les gens qui participent au convoi veulent simplement dire au monde que ce siège israélien n’a pas lieu d’être. C’est un siège criminel, et c’est le devoir de chacun d’aller au secours des habitants de Gaza pour leur apporter de l’aide.

Silvia Cattori : Après un si long voyage, trois semaines sur les routes dans des conditions très inconfortables, quel est le moral des participants ?

Mohammad Sawalha : Je puis vous assurer que, malgré les grandes difficultés auxquelles ils font face, leur moral est très haut. Ils sont conscients qu’ils servent une cause noble, leur objectif étant de défier le siège inhumain qu’Israël impose au peuple palestinien. Bien sûr, ils souffrent, surtout les gens plus âgés, mais chacun d’eux est prêt à attendre le temps que l’Egypte les autorise à continuer leur route.

Silvia Cattori : Le paradoxe n’est-il pas que, alors que le siège est imposé par Israël, dans cette histoire c’est l’Egypte qui se trouve ainsi en première ligne ?

Mohammad Sawalha : Ce n’est pas notre décision. Depuis le début, nous avons demandé aux autorités égyptiennes de nous faciliter l’entrée. Pour être francs, la politique égyptienne qui maintient fermée la frontière de Rafah, seule porte pour entrer à Gaza, n’est pas acceptable pour nous. Ils l’ouvrent parfois, comme après le massacre de Gaza, en disant que c’est pour des raisons humanitaires. Mais cela est inacceptable, cette frontière de Rafah devrait être toujours ouverte comme n’importe quelle frontière entre pays. Les Palestiniens ont le droit de vivre dans la dignité et la liberté comme n’importe quelle nation au monde. C’est ce que nous croyons et, pour cette raison, nous devons nous battre jusqu’à ce que nous ayons atteint cet objectif.

[1] Voir : 
 « De Londres à Gaza – Entretien avec Kevin Ovenden », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 28 septembre 2010. 
 « Le combat pour briser le siège illégal de Gaza continue », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 25 septembre 2010.



Articles Par : Silvia Cattori

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