N’oublions pas les femmes autochtones

Le 8 mars, des femmes de toutes les régions du globe imaginent des façons originales de souligner leurs réalisations et de promouvoir un monde plus équitable dans lequel les filles du monde entier pourront s’épanouir et réaliser leur plein potentiel. Cette année, le thème privilégié de la Journée internationale des droits des femmes est l’appel à l’action pour accélérer la réalisation des objectifs d’équilibre entre les sexes. Nous souscrivons entièrement à l’objectif de cette journée mondiale que l’on célèbre depuis 1911, soit depuis plus d’un siècle : améliorer la situation sociale, économique, culturelle et politique des femmes.
Cependant, nous ne pouvons pas tendre à l’égalité tant que nous n’aurons pas reconnu et tenté d’éliminer la violence que vivent trop de femmes et de filles. Des rapports de l’Organisation mondiale de la santé indiquent qu’au cours de leur vie, 35 % des femmes dans le monde sont victimes de violence physique ou sexuelle, et ce chiffre ne représente que les cas de violence signalés.
Une autre réalité inacceptable est qu’ici même, au Canada, les femmes et les filles autochtones sont douze fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes non autochtones. La Gendarmerie royale du Canada a dénombré plus de 1200 femmes et filles autochtones portées disparues ou assassinées entre 1980 et 2012, et ce nombre continue d’augmenter. En effet, la collecte de données est incomplète et signifie que la réalité est bien pire encore.
Ces femmes et ces filles — des mères, des tantes, des soeurs, des nièces — ne sont plus. Leurs rêves, leurs talents, leurs aptitudes ne se concrétiseront jamais, et cela, c’est une perte incommensurable non seulement pour ces familles, mais pour nous tous. Aujourd’hui, nous utilisons l’expression « équilibre entre les sexes », mais comprenons-nous ce qu’elle signifie vraiment ? Créer l’équilibre, c’est créer et maintenir un réseau de relations saines, fondées sur le respect mutuel.
Rapport attendu
L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées soumettra son rapport final au plus tard le 30 avril 2019. Partout au pays, 2386 personnes ont participé au processus de consignation de la vérité. Les preuves et les recommandations seront fondées sur les centaines d’heures de témoignages déchirants que les familles, les experts et les gardiens du savoir traditionnel ont généreusement livrés. Un merci sincère à toutes celles et tous ceux qui sont venus livrer leur témoignage. Ces femmes, ces hommes et ces familles qui les ont appuyés méritent toute notre reconnaissance et notre soutien.
Aujourd’hui est le premier jour du Canada de demain. On ne peut pas changer le passé, mais on peut travailler ensemble à modeler un avenir meilleur. Soyons tous porteurs et porteuses d’un souffle rassembleur pour offrir au Canada de demain le cadeau de sa diversité par les forces unies de toutes ses communautés.
Aujourd’hui sera aussi pour nous l’occasion de souligner l’extraordinaire résilience des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQQIA autochtones lorsqu’il s’agit de défendre leurs droits et de tracer une route pour l’avenir, une route que nous devons tous emprunter ensemble dès aujourd’hui.
Marion Buller et Michèle Audette
Marion Buller et Michèle Audette : Commissaire en chef et commissaire, Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, au nom des commissaires