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NSA: Le seul secteur du gouvernement qui écoute vraiment ce que vous avez à dire
Par William Blum
Mondialisation.ca, 15 novembre 2013
williamblum.org
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Il m’est arrivé de demander aux gens qui rejettent ou rationalisent toute critique envers la politique étrangère des États-Unis : «  Que faudrait-il que les États-Unis fassent en matière de politique étrangère pour perdre votre soutien ? Qu’est-ce qui, pour vous, serait de trop ?  » Je n’ai pas encore reçu de réponse satisfaisante à cette question.

Le New York Times (2 Novembre) a publié un long article sur la base de documents de la NSA publiés par Edward Snowden. Une des choses qui a le plus attiré mon attention concernait « Sigint » –Signals intelligence, le terme utilisé pour les interceptions électroniques. On pouvait lire :

« Les professionnels de Sigint doivent suivre une étique irréprochable, même lorsque des terroristes ou des dictateurs cherchent à exploiter nos libertés. Certains de nos adversaires diront ou feront n’importe quoi pour faire avancer leur cause ; pas nous. »

Et là je me suis demandé : qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que la NSA pourrait bien refuser de faire – pour une question d’étique ?

Il m’est arrivé de demander aux gens qui rejettent ou rationalisent toute critique envers la politique étrangère des États-Unis : «  Que faudrait-il que les États-Unis fassent en matière de politique étrangère pour perdre votre soutien ? Qu’est-ce qui, pour vous, serait de trop ?  » Je n’ai pas encore reçu de réponse satisfaisante à cette question. Je soupçonne que c’est parce qu’ils ont peur que quoi qu’ils disent, je ferai remarquer que les États-Unis l’ont déjà fait.

Le vote des Nations Unies sur l’embargo sur Cuba – 22 années consécutives.

Pendant des années, les dirigeants politiques et médias américains aimaient qualifier Cuba de « paria international ». Ça fait longtemps qu’on ne l’entend plus. Peut-être qu’une des raisons est le vote annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la résolution intitulée : « Nécessité de lever le blocus économique , commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba ». Voici les résultats des votes :

 

Votes aux Assemblées Générales des Nations-Unies sur la nécessité de cesser le blocus des Etats-Unis contre Cuba

Année Date Pour Contre Abstention Pays votant contre
1992 24 Novembre 59 2 72 Etats-Unis, Israel
1993 3 Novembre 88 4 57 Etats-Unis, Israel, Albanie, Paraguay
1994 26 Octobre 101 2 48 Etats-Unis, Israel
1995 2 Novembre 117 3 38 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
1996 12 Novembre 137 3 25 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
1997 Octobre 143 3 17 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
1998 Octobre 157 2 12 Etats-Unis, Israel
1999 Novembre 155 2 8 Etats-Unis, Israel
2000 Novembre 167 3 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
2001 Novembre 167 3 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
2002 Novembre 173 3 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
2003 Novembre 179 3 2 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
2004 Octobre 179 4 7 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
2005 Novembre 182 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
2006 Novembre 183 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
2007 Novembre 184 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
2008 Octobre 185 3 2 Etats-Unis, Israel, Palau
2009 Octobre 187 3 2 Etats-Unis, Israel, Palau
2010 Octobre 187 2 3 Etats-Unis, Israel
2011 25 Octobre 186 2 3 Etats-Unis, Israel
2012 13 Novembre 188 3 2 Etats-Unis, Israël, Palau
2013 29 Octobre 188 2 3 Etats-Unis, Israël

(source www.legrandsoir.info)

Chaque automne, le vote de l’ONU est un rappel bienvenu que le monde n’a pas complètement perdu ses esprits et que l’empire américain ne contrôle pas complètement l’opinion des autres gouvernements.

Prenant la parole devant l’Assemblée générale, le 29 Octobre, le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez a déclaré : « Les dommages économiques accumulés depuis un demi-siècle à la suite de la mise en oeuvre du blocus s’élèvent à $ 1.126.000.000.000. » Il a ajouté que le blocus « a été renforcé sous l’administration du président Obama  » et quelques 30 entités américaines et étrangères ont été frappées avec 2,446 milliards de dollars en amendes en raison de leurs interactions avec Cuba.

Cependant, l’émissaire américain, Ronald Godard, dans un appel aux autres pays à s’opposer à la résolution, a déclaré :

« La communauté internationale ne peut pas … en toute bonne conscience ignorer la facilité et la fréquence avec laquelle le régime cubain fait taire les critiques, perturbe les réunions pacifiques, entrave le journalisme indépendant et, en dépit de réformes positives, continue à empêcher certains Cubains de quitter ou de retourner sur l’île. Le gouvernement cubain poursuit ses tactiques de détentions politiques, de harcèlement et de violences policières contre des citoyens cubains. » [1]

Et voilà. Voilà pourquoi Cuba doit être punie. On ne peut que deviner ce que M. Godard répondrait si on lui apprenait que plus de 7.000 personnes ont été arrêtées aux États-Unis pendant les 8 premiers mois du mouvement de protestation Occupy [2] ; que leurs campements ont été violemment fracassés, et que beaucoup d’entre eux ont été brutalisés par la police.

Est-ce qu’il arrive à M. Godard de lire un journal, de surfer sur Internet ou de regarder la télévision ? Pas un jour ne passe aux États-Unis sans qu’un officier de police ne tue par balles une personne désarmée.

Quant au « journalisme indépendant » – qu’arriverait-il à Cuba si on annonçait que désormais n’importe qui pouvait posséder un média quelconque ? Combien de temps faudrait-il avant que l’argent de la CIA – des fonds secrets et illimités de la CIA financent déjà toutes sortes d’opérations à Cuba – ne détienne ou contrôle la majorité des médias dignes d’être détenus ou contrôlés ?

La vraie raison de l’hostilité éternelle de Washington envers Cuba ? La crainte d’un bon exemple d’alternative au modèle capitaliste, une crainte justifiée à plusieurs reprises au fil des ans, chaque fois qu’un pays du Tiers-Monde exprime son admiration pour Cuba.

Voici comment l’embargo a commencé : Le 6 Avril 1960, Lester D. Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint aux affaires interaméricaines, a écrit dans une note interne : « La majorité des Cubains soutiennent Castro … Le seul moyen envisageable à terme pour saper le soutien interne est par le désenchantement et la désaffection provoqués par l’insatisfaction et des difficultés économiques. … Tous les moyens possibles doivent être rapidement mis en œuvre pour affaiblir l’économie cubaine. » Mallory a proposé « une ligne d’action qui … s’attache au maximum à priver Cuba d’argent et de fournitures, à diminuer les salaires monétaires et réels, à provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement ». [3] Plus tard dans l’année, l’administration Eisenhower instaura l’embargo étouffant contre son ennemi éternel.

La guerre froide revisitée

J’ai écrit l’introduction d’un nouveau livre publié récemment en Russie, qui est en quelque sorte une mise à jour de mon livre Killing Hope (« Guerres Scélérates » en français – NdT). [4] Voici un court extrait :

La guerre froide n’a pas été une lutte entre les États-Unis et l’Union soviétique. Elle a été une lutte entre les États-Unis et le Tiers-Monde qui, dans la décennie qui a suivi la dissolution de l’Union soviétique, s’est poursuivie en Haïti, en Somalie, en Irak, en Yougoslavie et ailleurs.

La guerre froide avait pas été une croisade mondiale des États-Unis pour stopper l’expansion soviétique, réelle ou imaginaire. Elle a été une croisade mondiale des États-Unis pour bloquer les changements politiques et sociaux dans le Tiers-Monde, changements auxquels s’opposait l’élite de la puissance étatsunienne.

La guerre froide n’a pas été un mouvement glorieux et noble de la liberté et de la démocratie contre le totalitarisme communiste. Elle a généralement été un mouvement des États-Unis d’appui aux dictatures, aux régimes autoritaires et aux oligarchies corrompues qui étaient prêtes à suivre la ligne du parti de Washington sur la Gauche, les sociétés US, Israël, le pétrole, les bases militaires, etc., et qui protégeaient les intérêts politiques et économiques américaines dans leur pays en échange de leur maintien au pouvoir par l’armée américaine et la CIA, contre la volonté de leur propre peuple.

En d’autres termes, quoi que les diplomates de l’époque aient pu penser qu’ils faisaient, les révisionnistes de la guerre froide ont été réhabilités. La politique américaine n’a été qu’impérialisme et expansion militaire.

À propos des innombrables autres mythes que nous avons tous appris sur l’Union soviétique, j’ai récemment reçu cette lettre d’un de mes lecteurs, une femme russe, de 49 ans, qui a déménagé aux États-Unis il y a huit ans et vit désormais dans le Nord de la Virginie :

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi quelqu’un est surpris de m’entendre dire que la vie en Union soviétique me manque : qu’y a-t-il de mauvais dans la gratuité des soins et de l’éducation, dans la garantie de l’emploi, la gratuité d’un logement garanti ? Aucun loyer ou hypothèque d’aucune sorte, seulement des services publics, mais subventionnés aussi, donc c’était vraiment bon marché. Maintenant, pour être honnête, il y avait une liste d’attente pour obtenir ces logements, de sorte que certains les obtenaient plus rapidement, certains devaient attendre des années, tout dépendait de l’endroit où on travaillait. Mais personne n’était à la rue, et la criminalité était beaucoup plus faible. À l’école primaire, je prenais les transports en commun pour aller à l’école, qui était à environ 1 heure en bus (c’était une grande ville, de la taille de Washington DC, nous vivions à la périphérie, et mon école était en centre-ville), et c’était bien, tous les enfants faisaient pareil. Pouvez-vous l’imaginer aujourd’hui ? Je ne dis pas que tout était parfait, mais dans l’ensemble, c’était un système plus stable et socialement équitable pour tous, personne n’était laissé pour compte. C’est ça qui me manque : la paix et la stabilité, et ne pas avoir peur de l’avenir.

Le problème, c’est que personne ne me croit, ils disent que je suis une « tovarish » [camarade] qui a subi un lavage de cerveau. Avant, j’essayais de discuter de ça avec des Américains, mais j’ai maintenant j’ai laissé tomber. Ils refusent tout simplement de croire à tout ce qui contredit ce que CNN leur a raconté toute leur vie. Une dame m’a dit : « Tu ne sais pas ce qui se passait là-bas, parce que vous n’aviez pas de liberté d’expression, mais nous, les Américains, savions tout, parce que nous pouvions lire sur tout ça dans nos médias. » Je lui ai dit «  j’étais là ! Je n’ai pas besoin de le lire dans les médias, j’ai vécu cette vie ! » , Mais elle n’était toujours pas convaincue ! Vous n’allez pas croire ce qu’elle a dit : « Oui, peut-être, mais nous avons plus de choses ! ». Sérieusement, avoir le choix entre 50 sortes de céréales et des centres commerciaux remplis de trucs en plastique est plus précieux pour les Américains qu’une vie stable et sûre, et la justice sociale pour tous ?

Bien sûr, il y a des gens qui ont vécu dans l’Union soviétique et qui ne sont pas d’accord avec moi, et je leur ai parlé aussi, mais je trouve leurs arguments tout aussi ridicules. J’ai entendu une dame russe dont l’argument était que Staline a tué « 30, non, 40 millions de personnes ». Premièrement, c’est faux (je ne défends en aucun cas Staline, mais je pense que mentir et exagérer à son sujet est tout aussi mauvais) (*) et deuxièmement, quel rapport avec les années 70, quand j’étais un enfant ? À cette époque-là, la vie était complètement différente. J’ai entendu d’autres arguments, comme les pénuries alimentaires (là encore, c’est faux, ce n’est pas comme s’il n’y avait rien à manger, il y avait une pénurie de tel ou tel produit particulier, comme la mayonnaise ou la sauce bolognaise, dans les magasins pendant quelques jours, mais il y avait tout le reste !). Donc, vous reveniez le lendemain ou 2-3 jours plus tard, et vous les trouviez. Vraiment, est-ce une grosse affaire ? Ou il fallait faire la queue pour acheter un autre produit, (des raviolis par exemple). Mais à quel point aviez-vous vraiment envie de raviolis ce jour-là au point de ne pas acheter autre chose à la place ? Il suffisait d’acheter autre chose, comme des pommes de terre, où il n’y avait pas la queue.

Etait-ce exaspérant ? Oui, et à l’époque j’étais exaspérée aussi, mais c’est seulement maintenant que j’ai réalisé que je préfère de loin cette nuisance à ma vie présente, où je suis constamment en situation de stress, dans la crainte de perdre mon emploi (comme mon mari l’a déjà fait), et, par conséquent, de perdre tout le reste – peut-être ma maison ? Vous ne pouviez pas perdre votre maison en Union Soviétique, elle était à vous pour la vie, sans hypothèque. Seulement voilà, en vivant ici aux États-Unis, j’ai réalisé que toutes ces nuisances soviétiques combinées n’étaient pas aussi importantes que les avantages que nous avions – logement, éducation, santé, emploi, la sécurité dans les rues, toutes sortes d’activités extra-scolaires gratuites (musique, sports, arts, tout ce que vous vouliez) pour les enfants, afin que les parents n’aient jamais à se soucier de ce qu’ils faisaient jusqu’à ce qu’ils rentrent à la maison.

Nous avons tous entendu les chiffres plusieurs fois … 10 millions … 20 millions … 40 millions … 60 millions … de morts sous Staline. Mais que signifie ce nombre, quel qu’il soit ? Bien sûr, beaucoup de personnes sont mortes sous Staline, beaucoup de gens sont morts sous Roosevelt, et beaucoup de gens sont morts sous l’administration Bush. Mourir semble être un phénomène naturel dans tous les pays. La question est de savoir comment ces gens sont morts sous Staline. Sont-ils morts de faim lors de la famine qui a sévi en URSS dans les années 1920 et 30 ? Les bolcheviks ont-ils délibérément provoqué les famines ? Comment ? Pourquoi ? Il y a certainement plus de gens qui sont morts de faim en Inde au 20e siècle que dans l’Union soviétique, mais personne accuse l’Inde d’assassinat en masse de ses propres citoyens. Est-ce que des millions sont morts de maladie à une époque où antibiotiques n’existaient pas ? Sont-ils morts en prison ? De quelles causes ? Les gens meurent régulièrement en prison aux États-Unis. Est-ce que des millions ont réellement été assassinés de sang-froid ? Si oui, comment ? Combien étaient des criminels exécutés pour des crimes non politiques ? La logistique requise pour assassiner des dizaines de millions de gens est vertigineuse. [5]


Ne recommençons pas avec Hillary la même connerie que nous avons faite avec Obama.

Qui sera désigné comme candidat démocrate aux présidentielles de 2016 n’a pas vraiment d’importance. Celui qui sera choisi par ce parti régressif et moralement en faillite, au mieux, un centriste banal et sans intérêt (en termes européens, de centre-droite), qui croit que l’empire américain – malgré le comportement excessif certes occasionnel – est le dernier grand espoir de l’humanité. La seule raison pour laquelle je prends la peine de formuler quelques commentaires à ce sujet, et en avance sur l’élection, est que les forces derrière Clinton ont à l’évidence déjà commencé leur campagne et je voudrais profiter de l’occasion pour essayer de sensibiliser les nombreux progressistes qui sont tombés amoureux d’Obama et qui sont peut être prêts maintenant à embrasser Clinton. Voici ce que j’ai écrit en Juillet 2007 durant les tous premiers jours de la campagne 2008 :

Selon vous, qui a dit ce qui suit, le 20 juin ? a) Rudy Giuliani , b) Hillary Clinton ; c) George Bush ; d) Mitt Romney , ou e) Barack Obama ?

 « L’armée américaine a fait son travail. Regardez ce qu’ils ont accompli. Ils se sont débarrassés de Saddam Hussein. Ils ont donné aux Irakiens l’opportunité de tenir des élections libres et honnêtes. Ils ont donné au gouvernement irakien l’opportunité de commencer à démontrer qu’il comprend ses responsabilités de prendre les décisions politiques difficiles nécessaires pour offrir au peuple irakien un avenir meilleur. L’armée américaine a donc réussi. C’est le gouvernement irakien qui n’a pas réussi à prendre les décisions difficiles et importantes pour son propre peuple. » [6]

Exact, c’est la femme qui veut être présidente parce que… parce qu’elle veut être présidente… parce qu’elle pense que ce serait bien d’être présidente… pas d’autre raison, pas de cause qui lui tient à coeur, aucun désir sincère de changer fondamentalement la société américaine ou de rendre le monde meilleur… elle pense juste que ce serait bien, et même très bien, d’être présidente – et de maintenir en activité l’empire américain, dont les horreurs et misères routinières ne lui posent aucun problème ; elle ne voudrait surtout pas entrer dans l’histoire comme la présidente qui a précipité le déclin de l’empire.

Et elle a prononcé les mots ci-dessus à la conférence « Take Back America » ; elle parlait à des libéraux, des démocrates libéraux et d’autres plus à gauche. Elle n’était pas obligée de leur servir une rhétorique patriotique et pro-guerre ; ils voulaient entendre une rhétorique anti-guerre (et bien sûr, elle leur en a servi un petit peu, comme ça, en passant), on peut donc supposer que c’est bien ce qu’elle ressent réellement, si tant est que cette femme puisse ressentir quelque chose. Il convient de noter qu’elle fut huée par le public, pour la deuxième année consécutive.

Pensez aux raisons pour lesquelles vous êtes opposé à la guerre. N’est-ce pas en grande partie à cause de toutes les souffrances indicibles infligées à tous ces pauvres gens en Irak par l’armée américaine ? Hillary Clinton se moque de ça, littéralement. Elle pense que l’armée américaine a « réussi ». A-t-elle déjà clairement qualifiée la guerre d’« illégale » ou d’« immorale » ? J’avais l’habitude de penser que Tony Blair était un membre de l’aile droite ou de l’aile conservatrice du Parti travailliste britannique. J’ai finalement réalisé un jour que c’était une description erronée de son idéologie. Blair est un conservateur, un putain de Tory. Comment il s’est retrouvé au Parti travailliste est une question que je n’ai pas élucidée. Par contre, en ce qui concerne Hillary Clinton, je sais depuis longtemps déjà qu’elle est une conservatrice, depuis au moins les années 1980, lorsqu’en tant qu’épouse du gouverneur de l’Arkansas, elle a fermement soutenu les escadrons de la mort tortionnaires connus sous le nom de Contras, l’armée mercenaire de l’empire au Nicaragua. [7]

Maintenant, lisons dans le vénérable magazine américain conservateur, National Review de William Buckley, un éditorial de Bruce Bartlett, conseiller politique du président Ronald Reagan, fonctionnaire du Trésor sous le président George HW Bush, membre deux des principaux think-tanks conservateurs, la Heritage Foundation et le Cato Institute– vous voyez le tableau ? Bartlett dit à ses lecteurs qu’il est presque certain que les démocrates vont gagner la Maison Blanche en 2008. Alors, que faire ? Appuyer le Démocrate le plus conservateur. Il écrit : « Pour des gens de droite prêts à regarder au-delà de ce qui peut paraître comme des opinions identiques chez les candidats démocrates, il est assez clair que Hillary Clinton est la plus conservatrice. » [8]

Nous le trouvons également dans le premier magazine pour les plus riches des États-Unis, Fortune, dont la couverture récente montre la photo de Clinton avec le titre : «  Les milieux d’affaires aiment Hillary ». [9]

Retour à 2013 : En Octobre, le bureau du milliardaire George Soros, qui a longtemps travaillé avec la politique étrangère américaine à déstabiliser des gouvernements en désamour avec l’Empire, a annoncé que « George Soros est ravi de rejoindre plus d’un million d’Américains dans le soutien à Ready for Hillary (Prêts pour Hillary- NdT) » [10].

Il y a beaucoup plus de preuves de la tendance conservatrice de Hillary Clinton, mais s’il vous en faut plus, c’est que vous êtes probablement encore amoureux d’Obama qui, dans un nouveau livre, est cité déclarant à ses collaborateurs lors d’un commentaire sur les frappes de drones qu’il est « vraiment doué pour tuer des gens ». [11]Peut-on s’attendre à voir Hillary remporter le très discrédité prix Nobel de la Paix ?

Désolé de gâcher votre plaisir.

William Blum

Article original en anglais : http://williamblum.org/aer/read/122

Traduction par VD pour le Grand Soir.

[1Democracy Now !, “U.N. General Assembly Votes Overwhelmingly Against U.S. Embargo of Cuba”, October 30, 2013

[2Huffingfton Post, May 3, 2012

[3] Department of State, Foreign Relations of the United States, 1958-1960, Volume VI, Cuba (1991), p.885

[4] Copies can be purchased by emailing [email protected]

[5] From William Blum, Freeing the World to Death : Essays on the American Empire (2005), p.194

[6] Speaking at the “Take Back America” conference, organized by the Campaign for America’s Future, June 20, 2007, Washington, DC ; this excerpt can be heard on Democracy Now !’s website

[7] Roger Morris, former member of the National Security Council, Partners in Power (1996), p.415

[8National Review Online, May 1, 2007

[9Fortune magazine, July 9, 2007

[10Washington Post, October 25, 2013

[11Washington Post, November 1, 2013, review of “Double Down : Game Change 2012”

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