Où iriez-vous ?
Le drame de Gaza
Si votre terre surpeuplée et incroyablement petite était terrorisée, pulvérisée par les bombes de la 4ème armée du monde, et que vos frontières soient fermées ; si vous étiez en sécurité ni dans votre maison, ni dans votre mosquée ou dans votre église, ni dans votre école, ni dans vos rues, ni dans un camp de réfugiés des Nations Unies… où courriez-vous vous cacher ?
Les bombardements des maisons et les mitraillages d’Israël ont transformé plus de 15.000 Palestiniens en sans-abris. Certains ont été hébergés dans les écoles des Nations Unies, autour de Gaza.
A Jabaliya aujourd’hui, les avions de guerre israéliens ont bombardé une de ses écoles.
Le directeur de l’école de Shifa a estimé qu’il y avait eu 40 morts, 10 blessés. Il pourrait y en avoir davantage.
J’irai les voir à l’hôpital et je regarderai les survivants mutilés, peut-être verrai-je les cadavres. Et puis je vous dirai, et je vous montrerai, si je n’ai pas été bombardée. Le directeur de Shifa m’a aussi dit que les secouristes d’urgence ne peuvent toujours pas aller à la maison de Zaytoun qui a été bombardée hier avec les habitants enfermés à l’intérieur.
Cette histoire est doublement criminelle.
Un : les soldats israéliens ont raflé les habitants d’une maison de plusieurs étages, ils ont séparé les hommes – 15, m’a-t-on dit – et ils les ont abattus à bout portant devant les femmes et les enfants de la famille, 20 personnes, m’a-t-on dit. Ensuite, ils ont posé des explosifs autour de la maison et ils ont fait explosé le reste de la famille.
Deux : les soldats israéliens ont raflé les habitants d’une maison de plusieurs étages, les ont bouclés dans une pièce pendant une journée, puis ont bombardé la maison le matin suivant.
Dans les deux cas, les soldats israéliens ont intentionnellement emprisonné et bombardé les habitants de la maison. Et ils empêchent activement les secouristes d’atteindre tout survivant éventuel.
Les médecins ont tenté de se coordonner avec le Comité International de la Croix Rouge sans succès : personne ne peut atteindre la maison.
Est-ce logique, humain, moral ? Qu’arrive-t-il au CICR ? Ceci arriverait-il dans un autre endroit, avec une autre force d’invasion ?
Hier, une maison du Camp de la Plage, sur la côte et à l’extérieur de Gaza ville, a été bombardée vers 8h30 : 7 tués, dont 5 enfants.
Et bien sûr, le bombardement des zones résidentielles au nord continue. Je suis coupée de ce qui se passe dans les secteurs du centre et du sud, jusqu’à ce que je puisse m’asseoir avec des journalistes et avoir des informations.
Mais je sais qu’ils ne sont pas exclus de ce carnage.
Article original: Where would you go ? , In Gaza, le 6 janvier 2008.
Traduction: MR pour ISM.