Obama à Bagram : La diversion de la guerre

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Alors que Barack Obama a été largement sanctionné par les Etats-uniens lors des élections de mi-mandat, que le taux de chômage US atteint les 9,8% pour novembre 2010, soit 15,2 millions de sans emplois, à quoi « joue » aujourd’hui le premier président noir US, le démocrate élu pour le changement ?

A la guerre.

En ces temps économiquement et socialement troubles pour lui, le prix Nobel de la paix 2009 veut apparemment soigner son image de chef de guerre, c’est cela qui compte. Peu importent les coûts phénoménaux pour la société civile engendrés par tous les foyers de violence allumés par les Etats-Unis et le paradoxe intenable entre l’image de puissance démocratique, leader sur l’Axe du Bien, entretenue par l’Occident et tous ces conflits qu’il provoque, finance, entretient, justifie, au minimum cautionne. A la tristement célèbre base de Bagram, en Afghanistan envahi et dévasté, Obama a réactivé l’éternel mensonge, repris la litanie habituelle, soulignant la bravoure et l’héroïsme des soldats engagés dans la sainte lutte contre le terrorisme.

Obama élu pour le changement reprend ad nauseam la bonne vieille recette, sacralisée depuis le 11 septembre 2001 par les républicains néoconservateurs. Selon Obama, grâce au dévouement des militaires, les meilleurs jours de la nation se trouvent encore devant elle.

Au QG du Commandement régional de l’Est, aux environs duquel se trouve la 101è Division aéroportée US, responsable du contrôle de certains des territoires les plus dangereux du pays, Obama a remercié tout le personnel, militaire et civils, pour leur sacrifice.

Pendant ce temps, aux Etats-Unis, il fait de moins en moins bon vivre. Les promesses ne sont pas tenues, les prédictions ne sont pas atteintes. Des 170 000 nouveaux emplois espérés par les économistes pour octobre dans le secteur privé, seulement 50 000 ont été réellement créés. Le gouvernement fédéral fait lui état de 11000 emplois perdus.

A 11000 Km de New York, Barack Obama a pourtant d’autres chats à fouetter : les Talibans. A Bagram, il a rencontré le général David H. Petraeus, le commandant en chef de la Force de Sécurité Internationale pour l’OTAN, et Karl W. Eikenberry, l’ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan. Remise de médailles, de Purple Heart,  visite d’hôpital. Le tralala habituel.

Le président n’a pas visité le « département torture » de la prison, où les « terroristes », le nom donné aux résistants par les envahisseurs, sont appelés par des numéros.

Dans le sillage de Georges Bush junior, Barack Obama fait et dit les mêmes choses. Il ne ressent pas le besoin de se faire passer pour un pilote d’hélicoptère et ne se pavane pas sur des porte-avions, mais il perpétue les mêmes crimes, voire les intensifie, les justifie.

Dans un hangar de la base de Bagram, devant 3500 personnes, le président remercie ces patriotes « qui ont sacrifié leur confort, leur aise, leur bien-être pour la sécurité des Etats-Unis ». Les soldats et civils envoyés par leur président et son administration à des milliers de kilomètres de leurs foyers doivent se sentir fiers : grâce à leurs efforts et sacrifices, ce ne sont pas les seuls Etats-Unis qui auront droit à un avenir radieux, mais également l’Afghanistan.

Peut-être les Afghans, en guise de remerciement, érigeront-ils certains morceaux de drones US au milieu de leurs places et carrefours ?

La guerre, et sa justification moderne habituelle, le terrorisme, sont décidément de bonnes diversions pour tous les dirigeants occidentaux actuels. Ainsi en est-il de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre.

Quand Nicolas Sarkozy se retrouve au cœur de scandales, affaire Woerth-Bettencourt, Karachigate, réforme des retraites, le spectre du terrorisme est aussitôt agité.

Alain Chouet – ex-directeur du Service de renseignement de sécurité à la DGSE – lors d’une table ronde qui s’est tenue au Sénat le 29 janvier 2010, dit qu’Al-Qaida n’existe plus ?

Qu’à cela ne tienne, il suffit d’en décliner une version locale, AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique), et le tour est joué.

Le principal est d’entretenir l’illusion, en jouant sur l’émotion, surtout la peur, et le besoin naturel de sécurité que nous avons tous.

Dans « Le Pouvoir des Cauchemars » (« The Power of Nightmares »), un documentaire produit par la BBC, réalisé par Adam Curtis, considéré comme étant le meilleur documentariste en Grande Bretagne, il y est démontré qu’Al-Qaida n’existe pas et que l’idée d’une menace terroriste globale est un pur fantasme.

Paul Craig Roberts, ex-secrétaire adjoint au Trésor durant le premier mandat du Président Reagan et ex-rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal, démontre bien que le terrorisme est inventé par les administrations occidentales pour justifier leurs mesures impopulaires, enrichir certains secteurs privés et fournir aux présidents des diversions quand les populations dégoûtées finissent par demander des comptes.

Satish Chandra, expert hindou en défense stratégique pour son pays, le père du programme stratégique hindou, dont celui de développement de guidage de missiles, affirme que l’ensemble du terrorisme dans le sous-continent indien et dans le reste du monde est sponsorisé par la CIA, l’agence US.  La CIA est derrière l’ISI pakistanais, le RAW (Research and Analysis Wing) hindou, les services secrets saoudiens, véritables sponsors en armes, en finances, en camps d’entraînement et en écoles de conditionnement pour Al-Qaida et toutes ses déclinaisons de par le monde. La CIA contrôle l’ISI qui contrôle les Talibans. L’agence US contrôle ainsi les deux parties du conflit imaginé par les stratèges et politiciens véreux. Tout cela dans le double intérêt des Présidents qui peuvent se servir de ces guerres comme autant de diversions à leurs scandales, et des secteurs privés intéressés : armement, sécurité, reconstruction, énergies…

C’est bien pour cela que les civils et militaires exilés en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et dans toutes les mers du monde sacrifient leur confort et leur vie, aucunement pour assurer un avenir radieux aux Etats-Unis et à tous ces pays envahis ou menacés.

Pour Mike Baker, analyste politique, la visite d’Obama à Bagram en pleine déroute économique et électorale, lui fait penser à l’affaire Monica Lewinsky.  Dans la tourmente, Bill Clinton décida opportunément de déclencher une vaste opération militaire de bombardements en Afghanistan et au Soudan.

Le terrorisme tel qu’il est présenté par l’Occident, organisé, hypertrophié, systématisé, n’existe pas. C’est un outil de diversion et de contrôle de populations par des élites politiques qui ont perdu tout sens moral et tout engagement à servir les peuples qui les ont élus.

Les civils devraient se réveiller et demander des comptes.

Les militaires devraient déposer leurs armes et rentrer chez eux.

Sources :

President runs to Afghanistan to escape U.S. economic woes, say critics http://www.examiner.com/law-enforcement-in-national/president-runs-to-afghanistan-to-escape-u-s-economic-woes-say-critics

Nuclear Supremacy for India over U.S.
http://nuclearsupremacyforindiaoverus.blogspot.com/   

Le Pouvoir des Cauchemars
http://www.dailymotion.com/video/xcn73w_le-pouvoir-des-cauchemars-11-septem_news#from=embed

Londres annonce une «forte menace terroriste» en France et Allemagne
http://www.cyberpresse.ca/international/europe/201010/03/01-4329089-londres-annonce-une-forte-menace-terroriste-en-france-et-allemagne.php

Fabriquer le terrorisme
http://fr.sott.net/articles/show/1445-Fabriquer-le-terrorisme

L’opération Infinite Reach
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Infinite_Reach



Articles Par : Dr Pascal Sacré

A propos :

Pascal Sacré est diplômé en médecine, en Belgique, depuis 1995. Il a entamé une spécialité en anesthésie-réanimation en 1997, terminée en 2002 et complétée par une spécialisation en soins intensifs (critical care) en 2003. Il travaille en milieu hospitalier depuis cette date, en soins intensifs, avec un passage de 2,5 ans dans un centre pour grands brûlés (l'hopital militaire Reine Astrid HMRA à Bruxelles) entre 2009 et 2011. Depuis 2011, il travaille dans un centre de soins intensifs médico-chirurgical à Charleroi, Belgique. Il est formé en hypnothérapie en milieu médical depuis 2014 et à ce titre, il est responsable de formations en gestion du stress pour le personnel de son hôpital. Il collabore pour le Centre de recherche sur la Mondialisation depuis 2009.

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