Observer la Syrie et se rappeler le Nicaragua
L’histoire nous montre que les Etats-Unis attaquent vicieusement les vraies révolutions et ne les soutiennent certainement pas

Funéraille d’état pour les victimes du bombardement le 18 juillet
Photo: SANA
Les Sandinistes entrent dans Managua, le 19 juillet 1979
Le 18 Juillet, une grosse bombe a tué ou grièvement blessé plusieurs top officiels de la sécurité syrienne. Alors que l’ “Armée Syrienne Libre “ (ASL) a revendiqué l’attentat, cette attaque à la bombe hautement sophistiquée du 18 Juillet à Damas ne porte pas les stigmates d’une organisation fraîchement émoulue d’un groupe paramilitaire, mais plutôt les marques de fabrique de la CIA voire du Mossad. L’attentat a été accueilli par Leon Panetta, patron de la CIA, comme démontrant “une véritable dynamique” pour l’opposition syrienne soutenue par l’occident. Le New York Times du 19 Juillet, dans un article de couverture, louait la technique des faiseurs de bombe de l’opposition syrienne. La Maison Blanche et le ministère des affaires étrangères quant à eux, ne masquèrent qu’à peine leur contentement et leur approbation.
Il serait absolument impossible d’imaginer des sentiments similaires émanant de Washington et des faiseurs de politique de New York, épaulés par leurs médias corporatifs propagandistes, à l’égard d’un véritable mouvement progressiste ou révolutionnaire. Le 19 Juillet a aussi marqué le 33ème anniversaire du triomphe d’une de ces révolutions, menée par le Front de Libération Nationale Sandiniste du Nicaragua (FLNSN). Il n’y a eu aucune félicitation pour le FLNSN venant du congrès ou des médias capitalistes. Le gouvernement de Jimmy Carter s’était engagée dans un gros effort afin de prévenir que le FLNSN ne prenne le pouvoir contre le régime brutal et corrompu d’Anastasio Somoza qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis plus de quarante ans. Ce ne furent que l’esprit combattant, l’organisation et le sacrifice des sandinistes qui mirent fin à la dictature de Somoza.
Les résultats héroïques des combattants sandinistes contre la garde nationale de Somoza, créée par les États-Unis, ne furent jamais loués par les médias d’ici. Aucun article célébrant la qualité des techniques combattantes des jeunes militants du FLNSN, développée à un tel point, qu’ils furent capables, en ne recevant qu’une aide extérieure minimale, de vaincre une garde nationale armée et préparée de bien meilleure façon. Au contraire, bien qu’il y eu des différences d’ordre tactique au sein des cercles de la classe dirigeante, reflétées par ailleurs dans des journaux, chaînes de radio et de télévision concurrentes, il y avait en fait un consensus dès le premier jour du conflit interne: la destruction de la révolution sandiniste.
Un article du 10 Juillet 1979 dans le New York Times, caractérisait laconiquement le rôle des États-Unis comme étant celui “d’arbitre final de la destinée politique du Nicaragua”. L’article continuait en disant que le gouvernement Carter “avait indiqué que la démission du général Somoza ne serait effective que quand les États-Unis seront satisfaits de la composition et du programme politique du régime successeur… Les États-Unis ont convaincu Somoza de retarder son départ jusqu’à ce que, des mots mêmes d’un officiel américain, ceux-ci aient “neutralisé” les éléments radicaux de l’opposition.”
En Juillet 1979, les statistiques des décès s’élevaient à près de 50 000 personnes, pour la plupart victimes civiles de la garde nationale et ce dans un pays comptant moins de 2,5 millions d’habitants. La vaste majorité du pays était en ruines, mais le gouvernement Carter n’eut aucun problème à continuer les combats et à ajouter à ce qui était déjà un chiffre énorme de pertes humaines et de destruction dans le but de continuer à dominer l’Amérique centrale. Lorsque le nouveau gouvernement du FLNSN refusa de plier aux diktats de Washington, le peuple nicaraguayen fut soumis à une décennie de terrible punition. Les États-Unis autorisèrent Somoza à amener avec lui l’argent public de la nation dévastée lorsqu’ils lui accordèrent l’asile politique.
Des sanctions économiques draconiennes furent imposées au pays, un des plus pauvres du continent américain. Le port principal du pays fut miné par la marine américaine et un embargo naval total fut appliqué jusqu’en 1985. La CIA créa, recruta, finança et arma un des groupes paramilitaires les plus redoutables et assassins connu sous le nom de Contras.
Plus de 50 000 citoyens nicaraguayens moururent dans la guerre qui s’en suivit. La tactique des Contras étaient les assassinats de masse, les viols, la torture et la destruction. Ils ont massacrés des médecins, des infirmières, des enseignants; ils ont brûlé des hôpitaux, des écoles, des coopératives. Les chefs maffieux des Contras étaient nourris et reçus en grandes pompes par les membres du congrès américains et les présidents successifs.
Aujourd’hui, La CIA coordonne l’armement et la réalisation de beaucoup d’opérations de l’ “Armée Syrienne Libre” (ASL), décidant quelles forces doivent recevoir armes et équipement (New York Times du 21 Juin 2012). Les agences de renseignement américaines et leurs contreparties dans les pays anciennement colonisateurs du Moyen-Orient comme la Grande-Bretagne et la France, de concert avec Israël, en font même encore plus sans aucun doute.
Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe essentiellement composé d’exilés syriens de très longue date quasiment inconnus, est traité par les États-Unis et ses alliés comme étant le gouvernement légitime en attente. Les leaders américains sont à 100% derrière la révolte armée du CNS/ASL pour la même raison qu’ils étaient opposés à la révolution sandiniste et soutenaient les Contras au Nicaragua. Ils ont confiance que la victoire de l’opposition syrienne sera également leur victoire et un autre grand pas vers plus de dominance américaine au Moyen-Orient.
Article original en anglais : Watching Syria, remembering Nicaragua, History shows U.S. viciously attacks—not supports—real revolutions, le 22 juillet 2012.
Traduction : Résistance 71