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Obssession pour les murs
Par Comité du Tribunal de Bruxelles
Mondialisation.ca, 15 mai 2007
Planète non-violence (version française) 15 mai 2007
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/obssession-pour-les-murs/5650

Irak –  Communiqué du Comité du Tribunal de Bruxelles 25 avril 2007

Les plans pour Al-Adhamiyah confirment que l’occupation US et ses marionnettes en Irak ne peuvent construire rien d’autre que des prisons à ciel ouvert. Cela échouera.

Aucune stratégie militaire ne peut imposer au peuple irakien une occupation qu’il refuse massivement.

Quel sorte de gouvernement emmure son propre peuple ? Un gouvernement désespéré et illégitime lié au sort de l’occupation vaincue.

C’est la Liberté des USA : Dessin sur le mur de Sadr City Bagdad – AFP C’est la Liberté des USA : Dessin sur le mur de Sadr City Bagdad – AFP

Ce Mur est leur Tombe Le dernier stratagème Des US pour soumettre Bagdad – dont un exemple c’est le plan d’emmurer le district d’Al-Adhamyah- révèle clairement le Grand Mensonge de l’occupation de l’Irak menée par les US. Ceci n’est rien moins que l’application de l’apartheid et du sectarisme par un état de police militaire étrangère, ayant pour but de briser les irakiens qui refusent de céder leur pays, ses ressources et son futur à des puissances étrangères et leurs laquais locaux.

Ni cette tactique ni d’autres ne vaincront l’héroïque résistance du peuple irakien, née à la fois de la situation et de l’histoire, de la culture et du progrès. Le sectarisme et l’apartheid ne peuvent pas briser l’unité géopolitique de l’Irak, qui est une réalité historique, sociale, économique et culturelle.

Les mots sont déjà inscrits sur le mur : c’est la banqueroute morale, politique, économique, militaire de l’occupation menée par les US ; le gouvernement fantoche de Maliki se découvre pour ce qu’il est : une cabale désespérée, sectaire, séditieuse, incompétente corrompue et arriérée.

Apartheid et non protection

Tandis que les troupes US et les sous traitants travaillent en hâte la nuit et sous protection militaire, pour emmurer des quartiers « sélectionnés » de Bagdad, Maliki dit une chose et ses conseillers une autre. Confronté à l’ignominie de la similitude entre les barricades derrière lesquelles son gouvernement enferme le peuple irakien, et la vaste offensive sioniste de fortification qui divise la Palestine occupée, Maliki a fait machine arrière, disant qu’il y avait « d’autres façons de protéger » Bagdad.

Mais ces murs – des blocs de béton énormes que l’occupation US fabrique à la cadence de 2000 par semaine – continuent d’être construits et n’a rien à voir avec la protection et tout à voir avec la création d’une division sectaire de Bagdad en prévision de la division de toute l’Irak sur des frontières sectaires.

La logique simple veut que quand l’occupation construit des barrières en Irak elle impose l’existence des différences sectaires ou ethniques. Ce sectarisme a été amené avec l’occupation US et est la pierre angulaire de sa stratégie. Que Bagdad et l’Irak restent unis dans le cœur de la population est une défaite pour l’occupation. Des murs sont imposés pour briser l’unité, tandis qu’en même temps ils sont la preuve de l’échec et du désespoir de l’occupation et de ses soutiens.

Non seulement immoral mais illégal selon le droit international

L’option de l’emprisonnement général n’est pas une nouvelle stratégie, ni limitée à Al-Adhamanyah. Al-Dawra, Al-Ghazaliyah, Al-Amiriya, Al-Amel and Al-Adl – tous dans Bagdad – ils font parties des 10-30 autres quartiers de Bagdad dont il est prévu qu’ils soient séparés du monde extérieur, rejoignant Tel Afar, Fallujah, Al-Qaim, Haditha, Samarra, Hit, Al-Khalidiyah, Yathreb et Al-Ratba, comme des « communautés bouclées » assiégées, plaçant de facto des centaines de milliers de personnes sous mandat d’arrêt à domicile et plaçant de facto des villes entières et districts en isolement total.(i)

Les lois internationales humanitaires et des droits de l’homme interdisent les punitions collectives, l’emprisonnement de masse de civils, et les violations graves de la liberté de mouvement. (ii) Les puissances occupantes ont aussi interdiction de concevoir des changements démographiques dans les pays occupés régis par les lois de la guerre. La division forcée de la population de l’Irak – que ce soit nationalement ou localement – est un crime de guerre.(iii)

Les plans pour Al-Adhamiyah révèlent des buts encore plus néfastes concernant des plans d’emmurement d’autres communautés de Bagdad. Al-Adhamyiah est un bastion historique de la culture, des sciences, du progrès et de la résistance au colonialisme et à l’impérialisme. Emmurer Al-Adhamiyah c’est le prélude à une vague d’assassinats, de violation massive des droits humains, et de nettoyage ethnique politique.

Stop aux murs, stop aux occupations Malgré 4 ans d’agression militaire brutale, les US refusent de comprendre que, par définition, la résistance irakienne c’est la population irakienne entière résistant à l’occupation.

Avec des sondages qui disent que 80% des irakiens refusent l’occupation, les US et leurs marionnettes sectaires devront pacifier, emprisonner ou tuer plus de 18 millions d’irakiens pour réussir. Le destin de l’Amérique en Irak est par conséquent celui du rejet. L’occupation US devrait admettre sa défaite et partir.

Toute tentative passée de ghettoïser, emmurer ou emprisonner collectivement une population – de Varsovie au Vietnam, et à l’Algérie, de l’Afrique du sud à la Palestine occupée – a échoué moralement et militairement. Les plans US pour Al-Adhamiyah, et en fait la totalité de l’Irak, se termineront de même dans les poubelles de l’histoire.

Nous en appelons aux personnes d’intégrité et de conscience – travailleurs, juristes, parlementaires, syndicalistes, activistes, militants et praticiens – d’élever la voix en signe de protestation, dégoût et action :

Stop au financement militaire

Stop aux murs

Stop à la torture

Stop aux viols

Stop aux assassinats

Stop au pillage

Stop aux mensonges

Stop à l’impunité

Stop aux illégalités

Stop à l’occupation

Reconnaissez la résistance !

Comité du Tribunal de Bruxelles

Merci de bien vouloir faire circuler largement ce communiqué (Version anglaise d’origine sur le site)

Pour toute information contact : [email protected]

Notes

(i ) Le principe d’auto détermination des peuples est inscrit dans la Charte des Nations Unies et réaffirmé par la Résolution 2625 (XXV) de l’Assemblée Générale de l’ONU du 24 octobre 1970, stipulant que « tout état a le devoir d’empêcher toute action forcée qui prive les peuples auxquels il est fait référence (dans la résolution)… de leur droit à l’autodétermination. » L’article 1 commun à la Convention Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels, et la Convention Internationale sur les Droits Civils et Politiques, réaffirme le droit de tous les peuples à l’auto détermination, et demande aux états parties prenantes de promouvoir la réalisation de ce droit et de le respecter, en conformité avec les provisions de la Charte des Nations Unies.

La Commission des Droits de l’Homme a réaffirmé de manière routinière la légitimité du combat contre l’occupation par tous les moyens disponibles incluse la lutte armée (CHR Résolution N° 3 XXXV, 21 février 1979, et CHR Résolution N° 1989/19, 6 mars 1989).

Explicitement, la Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies 37/43 adoptée le 3 décembre 1982 « réaffirme la légitimité de la lutte des peuples pour leur indépendance, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la libération de la domination coloniale et étrangère et de l’occupation étrangère par tous les moyens disponibles, incluse la lutte armée. » (Voir également les Résolutions de l’Assemblée Générale 1514, 3070, 3103, 3246, 3328, 3382, 3421, 3481, 31/91, 32/42 et 32/154).

L’ Article 1 du paragraphe 4 du protocole additionnel des Conventions de Genève de 1977, considère les luttes pour l’auto détermination comme des situations de conflits armés internationaux. La Déclaration de Genève sur le Terrorisme déclare : « comme c’est reconnu de manière répétitive par l’Assemblée Générale de l’ONU, les peuples qui luttent contre la domination coloniale et l’occupation aliénante et des régimes racistes dans l’exercice de leurs pleins droits à l’auto détermination ont le droit d’utiliser la force pour accomplir leurs objectifs dans le cadre du droit humanitaire international. De tels usages légaux de la force ne doivent pas être confondus avec des actes de terrorisme international. »

Dans l’exercice de leur droit à l’auto détermination, les peuples sous domination coloniale et étrangère ont le droit de « combattre… et de chercher et de recevoir du soutien, selon les principes de la Charte » et en conformité avec la Déclaration des Principes du Droit International concernant les Relations Amicales et la Coopération parmi les Etats. C’est en ces termes que l’Article 7 de la Définition de l’Agression (Assemblée Générale Résolution 3314 (XXIX) du 14 décembre 1974) reconnaît la légitimité du combat des peuples sous domination coloniale ou étrangère. Voir également Seule la Résistance est légale de Hana Al Bayaty, Abdul Ilah Albayaty et Ian Douglas (5 octobre 2006).

(ii) Sur l’interdiction des punitions collectives, voir l’Article 50 des Règles de la Hayes, 1907 : « aucune punition générale, pécuniaire ou autre ne doit être infligée à une population à cause d’actes individuels pour lesquels ils ne peuvent être tenus comme conjointement et gravement responsables » ; Article 33, de la IVème Convention de Genève, 1949 : « les punitions collectives et toutes les autres mesures d’intimidation ou de terrorisme sont interdites » ; et l’Article 51, Le 1er Protocole Additionnel des Conventions de Genève, 1977.

Sur la liberté de mouvement, l’Article 12, paragraphe 1 de la Convention internationale sur les Droits Civils et Politiques stipule que : « quiconque légalement dans le territoire de l’état doit, à l’intérieur de ce territoire, avoir la liberté de mouvement et la liberté de choisir sa résidence. »

Les plans US de construire des « communautés bouclées » empiétera sur l’exercice par les irakiens du droit de travailler, droit à la santé, à l’éducation, et à avoir accès à un standard de vie adéquat comme affirmé dans la Convention Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels et dans la Convention de l’ONU sur les Droits de l’Enfant.

(iii) La construction de districts emmurés et leurs régimes associés, en contribuant à des changements démographiques en Irak et en enfermant potentiellement des personnes protégées dans des endroits dangereux, contrevient à l’Article 49, paragraphe 1 et 5 de la IVème Convention de Genève relative à la Protection des Personnes Civiles en Temps de Guerre, 1949, et comme telles – comme violations des lois de la guerre – constituent des crimes de guerre.

Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org

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