Oh la la, BBC : Une photo d’Irak pour illustrer le massacre de Houla ?
29 mai 2012 – Alors que le monde résonne du choc de la tragédie de Houla, la BBC a publié un article illustré d’une photo qui montre des rangées et des rangées des cadavres d’enfants attendant d’être enterrés… Mais est-ce que ce ne se situe pas plutôt dans l’Irak d’après Saddam ?
Le photographe Marco di Lauro qui a pris la photo utilisée par la BBC a dit qu’il était presque « tombé de sa chaise » quand il a vu l’image sur le site de la radio avec la mention : « Photo d’un militant. Cette photo -qui n’a pas pu être authentifiée indépendamment – montrerait les corps des enfants de Houla attendant leurs funérailles ».
La photo a en fait été prise le 27 mars 2003 ; elle montre un garçon irakien qui saute au dessus de douzaines de linceuls blancs contenant des squelettes trouvés dans un désert au sud de Bagdad. La photo qui se trouve sur le site web de Marco di Lauro appartient à l’histoire irakienne d’après Saddam.
Marco di Lauro travaille comme photographe pour la firme Getty Images et ses oeuvres ont été diffusées dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. Mais le fait que la BBC ait pris cette photo sur Internet, et non dans son stock officiel, l’inquiète énormément.
« Ce qui m’étonne le plus c’est qu’un organisme comme la BBC ne vérifie pas ses sources et accepte de publier n’importe quelle photo que n’importe quel journaliste, citoyen ou militant leur envoie. C’est tout », a dit le photographe au Daily Telegraph.
« Quelqu’un utilise la photo de quelqu’un d’autre pour faire de la propagande » a-t-il ajouté.
Un porte parole de la BBC a dit que la photo qui illustrait l’article de dimanche « Le massacre syrien de Houla fait l’objet d’une condamnation grandissante » avait été enlevée « immédiatement » après que la source ait été identifiée.
« Nous nous sommes rendus compte que la photo avait beaucoup circulé sur Internet dans le premières heures de la matinée qui a suivi les récentes atrocités en Syrie. Nous l’avons utilisée avec une claire mise en garde qui disait qu’elle n’avait pas pu être authentifiée indépendamment » a-t-il ajouté
L’expression, « qui n’a pas pu être authentifiée indépendamment », est devenue l’estampille de la couverture médiatique des 14 mois de conflit en Syrie. Avant que l’envoyé spécial de l’ONU, Kofi Annan, ait apporté son plan de paix au pays arabe en difficulté, le gouvernement syrien renâclait à ouvrir ses frontières à la plupart des journalistes internationaux.
Mais aujourd’hui encore, la majeure partie de l’information provient de gens qui disent être des militants de l’opposition par le biais de vidéos amateurs mises sur Youtube ou de témoignages.
On a parfois l’impression que le mantra « ne peut pas être authentifié indépendamment » sert de prétexte à la publication d’informations qui n’auraient jamais aucune chance de pouvoir être authentifiée.
Traduction : Dominique Muselet pour LGS