Pétrole: Iran-Bolivie-Nigéria propulsent le cours
Alors que l’Iran faisait déjà véritablement flamber le baril, d’autres contextes géopolitiques se font de plus en menaçant sur les marches pétroliers. C’est le cas notamment du Nigéria, ou les militants séparatistes accentuent leurs actions. L’annonce faite par Evo Morales de la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie influe également sur le cours du baril.
Ainsi, les prix du pétrole ont nettement monté lundi, repassant au-dessus de 73 dollars le baril, le dossier nucléaire iranien maintenant également les tensions. Bientôt la voie royale pour le vélo !!! les routes sont déjà prêtes !
I – Le baril en nette hausse lundi
A New York, le baril de « light sweet crude » pour livraison en juin a fini lundi en hausse de 1,82 dollar à 73,70 dollars. A Londres, baril de Brent de la mer du Nord a pris 1,87 dollar à 73,89 dollars. Les cours ont monté tout au long de la séance, accélérant leur progression après l’annonce du président Evo Morales de la nationalisation des champs de pétrole et de gaz naturel en Bolivie. Les analystes ne s’attendent pas cependant à voir les cours de pétrole réagir très fortement à cette nouvelle, jugeant la production de pétrole en Bolivie « assez peu importante ». L’information semble surtout avoir amplifié la tendance haussière déjà très présente lundi en raison des craintes d’escalade entre Iran et Occident.
Le dossier nucléaire iranien demeure en effet la principale préoccupation du marché avec la crainte d’une baisse de la production de ce pays aux volumes d’exportations majeurs. D’éventuelles sanctions internationales, voire des actions militaires – telles qu’ évoquées par les Etats-Unis – pourraient en effet provoquer une telle attitude de l’Iran en guise de répartie. Les cours du brut avaient ainsi de nouveau monté vendredi, alors qu’expirait l’ultimatum lancé par l’Onu à l’Iran en vue de le faire stopper tout enrichissement d’uranium et qu’un rapport de l’AIEA démontrait que Téhéran n’avait ni coopéré ni suspendu son programme.
Le regain de violence au Nigeria, dont une partie de la production est amputée depuis janvier en raison d’attaques contre les installations pétrolières des compagnies étrangères a également fait progresser le cours.
II – Impact du contexte bolivien
Selon les analystes, l’annonce de la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie ne devrait pas avoir un impact immédiat sur le marché pétrolier, sa production de gaz et de pétrole étant assez restreinte. Néanmoins, ils indiquent que le contexte est de nature à amplifier la tension sur l’industrie pétrolière en général et est susceptible de faire monter les cours.
A noter que la Bolivie produit 42.000 barils de pétrole par jour, sur 84 millions par jour produits dans le monde, soit 0,05% de la production mondiale, et consomme la totalité de sa production. Au 1er janvier 2004, les réserves prouvées de pétrole en Bolivie étaient de 486,1millions de barils, soit les 5ème d’Amérique du Sud. Les réserves de pétrole ont augmenté de facon exponentielle grâce aux investissements directs étrangers. En 2004, La Bolivie importait 35 % de ses besoins en diesel. Par ailleurs, la Bolivie produit 0,25% de la production quotidienne de gaz naturel dont le cours a quant à lui progressé de 1,40 cent à 6,695 dollars par MBTU lundi sur le marché new-yorkais.
A la différence des prix du pétrole, certains analystes estiment que les cours du gaz naturel sont assez peu dépendants des événements géopolitiques. Cependant, la probabilité de plus en plus importante d’une éventuelle formation d’un cartel du gaz de type OPEP entre Russie et Algérie notamment, pourraient faire grandement évoluer la tendance. Nous en reparlerons très prochainement.
III – Le contexte iranien pourrait être désastreux pour le marché
Lundi, l’Iran s’est plaint à l’Onu de ce qu’il considère comme des menaces d’attaque des Etats-Unis, tentant de jouer sur les divisions de la communauté internationale, à la veille d’une réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et de l’Allemagne où ils tenteront de trouver une stratégie commune. Cette réunion, au niveau des directeurs politiques est préliminaire à celle fixée au 9 mai à New York entre ministres des Affaires étrangères des six pays.
Selon les analystes, il n’est pas sûr que la communauté internationale soit en mesure de trouver rapidement une solution au problème, annonçant d’ores et déjà cependant que les conséquences de sanctions contre l’Iran seraient clairement désastreuses pour le marché.
IV – Nouveaux troubles au Nigéria
Samedi soir, des militants séparatistes nigérians ont lancé une attaque à la voiture piégée contre des camions-citernes dans le delta du Niger. L’information figure dans un communiqué diffusé sur internet, dans lequel les rebelles demandent aux compagnies pétrolières d’évacuer leur personnel de la région. « Il s’agit du dernier avertissement à tous les travailleurs du secteur pétrolier. Il concerne en particulier les chauffeurs de camions-citernes et tous ceux mêlés à l’industrie pétrolière d’une manière ou d’une autre », déclare le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND).
La région du Delta du Niger, principale zone de production du Nigéria fait régulièrement l’objet de violences de la part de groupes séparatistes, qui réclament notamment une meilleure répartition des revenus du pétrole. Depuis janvier, leurs attaques ont coûté la vie à au moins 24 membres des forces de l’ordre nigérianes et ont fortement réduit les exportations de pétrole, contribuant à la flambée des prix du brut.