Le changement de régime en Russie dont rêve l’Empire du Chaos a toujours été lié au contrôle de larges pans de l’Eurasie.

Avec des amis comme Donald Tusk, le président du Conseil européen, et le général Philip Breedlove, le commandant suprême de l’Otan, l’Union européenne (UE) n’a certes pas besoin d’ennemis.Le général Breedlove, dont le nom se traduit littéralement en français par Folamour [ça ne s’invente pas – NdT], s’est particulièrement distingué dans son imitation du docteur du même nom avec ses mises en garde quotidiennes d’une invasion de l’Ukraine par les méchants Russes. L’establishment politique allemand ne trouve pas cela drôle.

Quant à Donald Tusk, lors d’une rencontre avec le président des USA Barack Obama, il a repris à son compte la tactique de diviser pour régner, en soutenant que des adversaires de l’étranger cherchaient à diviser les USA et l’UE, alors qu’en fait ce sont les USA qui cherchent à semer la division entre l’UE et la Russie. Tout de suite après, il a jeté le blâme à la fois sur la Russie et sur le faux califat de l’EIIS/EIIL/Da’ech.

Allemagne – Otan, premier conflit ouvert à propos de la crise ukrainienne
 

La porte de sortie de Tusk ? L’UE devrait ratifier le racket concocté par le monde des affaires aux USA connu sous le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), la version commerciale de l’Otan. L’Occident pourra alors régner indéfiniment.

On pourrait dire que l’Otan incarne l’ultime paradoxe existentiel géopolitique, à savoir une alliance dont l’existence repose sur la gestion du chaos qu’il nourrit.

 

Une pétition de 1.3 millions d’européens contre le TTIP

Un coup d’œil sur tout ce qui gravite autour de l’Otan permet toutefois de constater que les tactiques de diversion abondent. La dernière en date a été évoquée par le russophobe notoire Zbigniew grand échiquier Brzezinski. Lors d’une conférence au Center for Strategic and International Studies, Zbig a soutenu que les USA et la Russie devraient s’entendre sur le fait que si l’Ukraine rejoint l’UE, elle ne deviendra pas membre de l’Otan.

Il ne faut plus parler de l’Ukraine dans l’Otan

Sauf qu’il y a un petit problème, Docteur Zbig. L’UE n’a absolument aucun intérêt à accueillir un État en déliquescence maintenu en vie artificiellement (à un coût exorbitant) par le FMI et techniquement englué dans une guerre civile.

Par ailleurs, les USA ont tout intérêt à ce que l’Ukraine rejoigne l’Otan, car c’est la raison d’être de la diabolisation post-Maïdan à outrance de la Russie.

Qu’il s’agisse d’une manœuvre de Zbig, d’une idée chimérique néoconservatrice, de la convoitise de certaines factions des Maîtres de l’Univers de l’Empire du Chaos ou de toutes ces réponses, le but ultime demeure un changement de régime et le démembrement de la Russie. Les services secrets russes connaissent très bien le fin fond de l’histoire.

Pour prévenir les coups, il n’y a qu’une solution possible, qui comprend la levée des sanctions contre la Russie, la fin du raid sur le rouble et de la guerre des prix du pétrole, la sortie des pays de l’Est de l’Otan, la reconnaissance de la Crimée comme faisant partie de la Russie et la création, à l’est de l’Ukraine, d’une entité entièrement autonome faisant néanmoins partie de l’Ukraine.

Nous savons tous que ce n’est pas demain la veille que cela arrivera. Un climat malsain de guerre froide 2.0 va prévaloir et la campagne de diabolisation incessante ne manquera pas de tirer les marrons de ce feu. Un nouveau sondage Gallup a révélé que la plupart des Américains placent maintenant la Russie devant la Corée du Nord, la Chine et l’Iran comme l’ennemi public numéro un des USA et la plus grande menace contre l’Occident.

Les missiles de croisière s’amusent

Le changement de régime en Russie dont rêve l’Empire du Chaos a toujours été lié au contrôle de larges pans de l’Eurasie. L’accession au pouvoir d’une marionnette à Moscou (qui serait une copie conforme d’un larbin bourré comme Eltsine) permettrait à l’Occident de mettre la main sur les immenses ressources naturelles de la Russie, avec en prime celles se trouvant dans les pays limitrophes en Asie centrale.

L’empire du chaos: Un nouvel épisode de l’oeil itinérant

En revanche, si la Russie maintient son influence, même indirecte, en Ukraine et sur la manne pétrolière et gazière en Asie centrale, Moscou serait bien capable d’avoir de nouveau des velléités de superpuissance. Ce qui est principalement en cause une fois de plus ici, c’est la domination du pipelinistan eurasiatique, toute autre considération étant perçue comme une menace directe au monde unipolaire.

Les services secrets russes sont fort conscients de la pression constante exercée par les USA pour gruger des morceaux de la Russie et les affaiblir jusqu’à faire de la Russie une zone dévastée livrée au chaos, à la manière de l’Irak ou du Yémen, sans pour autant empêcher les ressources naturelles de circuler librement jusqu’en Occident.

Voilà pourquoi la pression a atteint des proportions d’une ampleur digne d’une guerre nucléaire. Certains adultes au sein de l’UE commencent à bien saisir la situation.

L’UE n’a tout simplement pas les moyens d’investir dans les pays de l’Asie centrale ou d’injecter des milliards d’euros (dévalués) dans des pipelines en Azerbaïdjan, en Libye, au Nigeria et au Moyen-Orient (de l’Irak au Yémen), où c’est la pagaille. L’UE ne peut compter sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord pour assurer sa sécurité énergétique et sans la Russie, elle la perd totalement.

Ce concours de circonstances rend le spectre d’une guerre froide 2.0 qui commence à chauffer encore plus ahurissant. Il va sans dire que la Pologne, l’Ukraine et les autres malheureux pays de l’Est ne seraient que des pions sur l’échiquier si une guerre civile ouverte éclatait en Ukraine, qui est l’objectif explicite de l’univers fantaisiste des USA qu’est le Kaganat de Nuland, appelé aussi le Nulandistan.

La Russie sort complètement du Traité sur les armes conventionnelles

Dans un scénario de guerre (terrifiant, il faut l’admettre), la Russie fermerait l’espace aérien de l’est de l’Ukraine aux forces aériennes des USA au moyen d’une batterie de missiles défensifs perfectionnés. Des armes nucléaires tactiques seraient utilisées pour la première fois. L’Europe deviendrait pratiquement sans défense si jamais les docteurs Folamour de l’Otan songeaient à déclencher une guerre nucléaire totale. Sauf que les missiles balistiques intercontinentaux, les missiles de croisière et les avions de combat de l’Otan ne pourraient percer les systèmes de défense antimissiles russes S-400 et S-500.

Provoquer l’ours russe est une tactique vouée à l’échec. Le retrait de la Russie du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe n’est pas une mince affaire et l’Otan est plus qu’alarmée. À cela s’ajoute l’annonce, par Moscou, que la Russie a le droit de déployer des armes nucléaires en Crimée (c’est peut-être déjà fait). Dans l’intervalle, les militaires russes continuent de mettre à l’épreuve les défenses de l’Otan en faisant voler leurs avions à l’intérieur du périmètre défensif de l’Otan.

L’Eurasie ne cesse de souffler le chaud (la provocation) et le froid (la réconciliation). Cui bono? Moscou est passé maître dans l’art d’amener Washington et l’Otan à se perdre en conjectures.

Il ne faut pas vendre la peau de l’ours…

La Russie et la Chine vont améliorer leur coopération dans le secteur de l’énergie nucléaire

Poutine a été le premier à proposer, il y a quelques années, de créer un vaste empire commercial s’étendant de Lisbonne à Vladivostok, qui englobait aussi la Chine, au moyen d’un train à grande vitesse pour éviter les eaux sous contrôle des USA. C’était cela le plan commercial original et non une alliance sino-russe contre l’Otan.

Ce que l’Empire du Chaos est parvenu à faire en Ukraine, pour l’instant du moins, c’est de diviser l’Eurasie en trois blocs qui se font concurrence: la France et l’Allemagne alliées des USA (quoique les deux commencent à avoir des doutes), la Russie, et la Chine, contrebalancée par le Japon. C’est diviser pour régner une fois encore, la puissance hégémonique américaine étant toujours capable d’adapter et d’affiner sa proverbiale stratégie de politique étrangère fondée sur le largage de bombes et l’intimidation.

Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours (géopolitique) avant de l’avoir tué. Le partenariat stratégique russo-chinois poursuit sa progression (à surveiller : le sommet des BRICS et celui de l’Organisation de coopération de Shanghai en Russie cet été). L’exploitation de la manne pétrolière et gazière de la Russie et de l’Asie centrale poursuivra son virage vers la Chine et l’Asie. D’ici quelques années, ce devrait en être fait du mantra des exceptionnalistes maîtres du jeu.

Un changement de régime vous dites ? Vous pouvez toujours rêver.

Pepe Escobar

Article original : Power Play Behind Regime Change in Russia, Sputniknews, 16 mars, 2015

Traduit par Daniel, relu par jj pour le Saker Francophone

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

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A major recent event last week largely went unnoticed by both MSM and independent news sources alike. The British are apparently jumping ship away from the US dollar/petrodollar in an overt effort to align itself more closely with the BRICS alliance as it seeks a new standard international currency. For several years Russia, China, Brazil, India and South Africa (BRICS) have been preparing the world for its transition from USD standard international currency to its own alternative-in-the-making. America’s so called mother country England has seen the writing on the wall and knows the global balance of power is rapidly tilting in favor of where the sun always rises in the emerging East. 

The European central banking cabal from the City of London, a separate and private political and financial entity apart from the rest of both London and England, sent British royalty Prince William to China to quietly sign a deal to become a founding member of the Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB). This surprising new development is a clear indication that the royal Bank of England is placing its financial bet and future on China and the East as its rock solid anchor. Much of the world has been looking to move away from and abandon the longtime global financial stronghold of the US Federal Reserve, its World Bank and US dollar standard. A US official feebly chastised UK in the Financial Times:

We are wary about a trend toward constant accommodation of China, which is not the best way to engage a rising power.

More consternation arose when Germany, France and Italy have additionally made overtures in the same direction. This worldwide trend spells utter defeat for Obama and his disastrous foreign policy. After Washington’s been exerting strong-armed pressure on Australia as its key allied partner supporting its failing Asian pivot designed to check China’s growing regional and global dominance in the Pacific Asian market, Australia is now also looking to follow suit accepting and embracing China’s lead.

According to international investor and entrepreneur Simon Black, the US is experiencing major economic blowback after two plus decades of aggression as the only global superpower:

     … After years of endless wars, spying, debt, money printing, bailouts, and insane regulations, the

rest of the world has had enough. And they’re looking for an alternative.

Enter the China led BRICS alliance and its New Development Bank and now China’s other investment bank entry AIIB. Simon takes liberty in his interpretation of Britain and Europe’s bold rebellion after decades relegated to being a mere puppet of the US Empire:

Look, you have $18.1 trillion in official debt, you have $42 trillion in unfunded liabilities, and you’re kind of a dick. I’m dumping you.

Perhaps some Americans may feel a bit betrayed and unsettled by our longtime strongest global allies one by one seemingly abandoning the US dollar and American Empire in its reckoning time of need. If these geopolitical and economic trends are examined beyond their face value though, the changes occurring now may reflect much more significant, deeper changes than a mere alteration of standard international currency (as impactful as that will likely be for the US). These deep rooted fundamental changes have everything to do with the major global shift now taking place where the West’s ruling power elite itself is losing to the emerging global power rising in the East.

The latest act of bold economic defiance breaking rank with US Empire interests mirrors last month’s bucking trend that Europe exercised when putting the skids on the US campaign for sending heavy armaments to Ukraine and pushing for war against Russia. The fact is Europe and especially Germany depend on natural gas from Russia and the US imposed sanctions on Russia hurt Europe even more than Russia. That along with wanting to avoid war in their own backyard has nations like Germany and France softening their hardline, US pushed anti-Russian posturing.

Several weeks ago German and French leaders attended meetings in Mink, Belarus to negotiate a peaceful way out of the escalating violence in Eastern Ukraine between the government forces in Kiev and the ethnic Russian separatists seeking autonomy in the Donetsk and Lugansk region. In the same way Netanyahu attempted to fan the war flames against Iran, the same day Germany and France were gathering in Minsk to meet with Putin and Ukraine leaders, Secretary of State Kerry showed up in Kiev mouthing the same worn out lie of “Russian aggression” in a transparent feeble attempt to sabotage the Minsk talks. Again, the tie-in is the Israeli-US crime cabal constantly at work every chance they get peddling and promoting more global violence, death and war.

For over a year now Washington’s war drums have been beating louder for NATO to join forces with Ukraine, pressuring Europe to submit as it always has in going along with its permanent war agenda, all the while falsely demonizing Russia’s President Putin with outrageous propaganda lies and nonstop false flags not unlike the WMD lies against Hussein in 2002-3 Iraq. But in a rare gesture of independence, unwilling to start a war so close to home against nuclear powered Russia that Europe relies heavily as a critical source for its natural gas consumption, the powers of Europe are seeking a non-violent resolution to its regional conflict that carries the devastating potential of triggering World War III.

Meanwhile, NATO Supreme Commander US Air Force General Philip Breedlove fashions himself to be a Dr. Strangelove incarnate, making repeated bogus claims and lies of Russian army presence inside Eastern Ukraine in a vain yet persistent attempt to foment war. Having such a deluded and deceitful warmonger in charge of the NATO nuclear arsenal poses a calamitous threat to the entire world. Yet his commander-in-chief Obama has chosen not to relieve him of command. Instead German leaders have openly criticized Breedlove and the European Union wants to replace NATO with its own continental army. This very public geopolitical conflict over such widely differing Western approaches toward Ukraine seriously undermine American Empire’s global influence and power, again underscoring simultaneous developments around the world that indicate consistent across the boards US foreign policy failures and from the broader context, a rapid US decline as the sole global hegemonic superpower.

Putin advisor Sergei Glazyev nailed it when he said:

The war has been provoked to destroy the Russian World, to draw Europe into it, and to surround Russia with hostile countries. Unleashing this world war, America is trying to deal with its own internal problems.

Current economic turmoil reverberating in Japan is in large part due to the notorious corruption of the Abe government that may soon have additional problems to contend with once accusations over a fraudulent past elections get fully exposed. Abe has been a subservient tool used by the same international crime syndicate controlled by subversive Israeli-American forces. As such, Japan will also be moving away from the USD/West geopolitics and very likely pivoting toward China and a Pacific alliance that excludes the US Empire finding itself increasingly isolated on the outs.

Though incumbent Prime Minister Netanyahu is the apparent winner in today’s Israeli election, the despot had to claw and fight for his political life to survive another day. Recent revelations that he’s been a Russian spy surfaced right after his disgraceful debacle in front of the Israeli captured US congressional audience on Capitol Hill two weeks ago and then came the despicable treasonous display of 47 Republican senators threatening letter to Iran. Bibi’s days of hate, war and paranoia are numbered as the ugly truth about his evildoing will continue to unfold that will soon bring him down. Showing his true evil colors right to the end, the day before the election Netanyahu once again reminded the world that an autonomous Palestinian state will never come to pass while on his watch.

Within the last couple weeks other mysterious events suggesting some cataclysmic, behind-the-scenes development included the apparent disappearance of Vladimir Putin for 11 consecutive days, fueling speculation from an internal political coup to possible sickness and/or death to witnessing the birth of his child at the bedside of his girlfriend in Switzerland. Because so many monumental breaking stories and developments seem to abound every week, Putin’s normally high profile lifestyle would naturally generate even higher profile speculation over his abrupt, extended disappearance. Of course it begs the question asking if it’s merely coincidental with these other earth-shaking events or very much related.

For years the CIA and US Empire have been hard at work in nations from Eastern Europe through the Caucasus to Central Asia all the way to China courting the favor of corrupt dictators and supporting coups promoting anti-Russo-Sino US puppet governments along the entire corridor bordering Russia and China. Despite such Obama’s plan after the 2008 Russian-Georgia conflict was to a reset relations with Russia. But with last year’s US-induced Ukrainian coup and Russia’s annexation by consensual vote of Crimea that “reset” plan went out the window. In 2011 Russia, Belarus and Kazakhstan signed the economic alliance of the Eurasian Union. Meanwhile, recognizing the strategic importance of the land bridge between Europe, the Middle East and Asia, Putin has made inroads strengthening ties with the three South Caucasus nations. Putin enticed Armenia to also join the Eurasian Union and has mediated hostilities between Armenia and oil rich Azerbaijan while seeking to repair and realign with Georgia that previously leaned toward the West. US Empire has largely failed to gain a foothold in this part of the world.

Other key geopolitical developments that have been ongoing for some time center in such remote places as western China’s mineral and oil-rich Xinjiang Province. With the powerful US Navy patrolling and to a great extent controlling Pacific waters in conjunction with Obama’s flop of an Asian Pacific pivot, the geopolitics chessboard strategy to hem the two adversarial giants in with hostile neighbors has generally backfired. Furthermore, the US was not prepared for Russia and China to suddenly renew an ultra-close economic, political and military bond that would effectively counter US Empire’s hegemonic aggression. They promptly signed a $400 billion oil-gas pipeline deal that will span a landlocked pathway, thereby foiling the US plan to seal off the China’s energy access via the Pacific. Hence, Moslem populated Xinjiang Province that is the proposed pipeline passage route has become a highly contentious target where the West and CIA in particular have been funding and supporting a separatist movement and acts of terrorism as a disruptive interdiction tactic. Overall this covert strategy has failed.

The Western cabal controlled crime syndicate led by the likes of kingpin Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu financed and supported by the likes of multibillionaire Sheldon Adelson and the Saudi royal family along with congressional henchman and ISIS friend Senator John McCain and the rest of his treasonous Republicans, the rogue US intelligence agency the CIA and NATO’s General Breedlove are all bent on plunging the US Empire-NATO forces into World War III on multiple warfronts at every global hotspot – Ukraine, Syria, Iran, the Caucasus all the way eastward to China’s Xinjiang Province and northward to the oil-rich Arctic against the forces of the two most powerful nations of the East – Russia and China. As a desperate last ditch attempt to retain its many centuries of Rothschild-Rockefeller power and dominance, these evil-minded, megalomaniacal psychopaths know that their hitherto unchallenged global control and strength that have bankrupted and nearly destroyed the planet is fast slipping away. So they seem all the more erratically resolute in seeking revenge by taking the entire earth down with them.

The truth about the horror and destruction these Western oligarchs have conspired and caused worldwide for centuries cannot even be fathomed. They have ensured a permanent state of war (in the US alone 93% of its 239 years) right up to the present Bush crime family-neocon fabrication of the “war on terror,” then under Obama this last year alone wrongly plunging America into another dangerous cold war with Putin’s Russia, and dozens of tragic false flag events like 9/11 designed to demonize Moslems into becoming the instantaneous post-Communist designated enemy of the twenty-first century with the US-Saudi-Israeli creation of al Qaeda/ISIS. These dark malevolent forces of evil that have propagated so much misery and suffering on humanity for so long are finally at last being exposed like never before.

The Western oligarch agenda to inflict a globalized system of absolute totalitarian fascist police state NWO control on every nation and people on earth trapped in hopeless debtor bondage may just be running into a brick Eastern wall as clear losers in the ongoing economic/currency war. Despite the constant jabbing of Putin and his Russian bear in vain attempts to manipulate him to react with military force in eastern Ukraine and despite the failed overt assault in the form of US Empire’s Asian pivot designed to close in and isolate China from the rest of Pacific Asia, ironically it’s the United States that finds itself increasingly alone as the longtime global village bully that’s finally met its match about to get its comeuppance. The smarter, economically stronger forces emerging from the East are winning the power war potentially without even firing a single shot against Western oppressors. Hopefully peace will prevail and the international crime syndicate that has long controlled the West will be deposed of as the murderous traitors to both peace and humankind.

As a necessary qualifier, actual real life tends toward shades of gray far more than black and white. Undoubtedly elements of corruption and evil lurk behind all the most powerful nations in both the West and the East. But the forces of China and Russia appear to be seeking a far more rational, humane and even peaceful resolution to the West-instigated West vs. East geopolitical military showdown sinisterly orchestrated by the international crime cabal’s global agenda of polarization, militarization, privatization and unsustainable, insurmountable debt-driven feudalism based on pure theft, deception, exploitation, impoverishment and pervasive planetary destruction.

Seeking to avoid the inevitable bloodbath that would result from world war and possible nuclear annihilation of all life forms on earth, the East appears to be seeking to avert such global disaster by ensuring that this ongoing war is won by successfully transitioning to an international currency backed once again by the gold standard. The Western central banking cabal consisting of the Bank of England and other European central banks, America’s Federal Reserve Board, its World Bank and International Monetary Fund along with the Israeli-US government crime cabal all stand to ultimately be stripped of their absolute power that have the entire world drowning in debt, crushing destabilization and impoverished despair. But now a light at the end of the tunnel at least is shining a little brighter.

Joachim Hagopian is a West Point graduate and former US Army officer. He has written a manuscript based on his unique military experience entitled “Don’t Let The Bastards Getcha Down.” It examines and focuses on US international relations, leadership and national security issues. After the military, Joachim earned a master’s degree in Clinical Psychology and worked as a licensed therapist in the mental health field for more than a quarter century. He now concentrates on his writing and has a blog site at http://empireexposed. blogspot. com/.

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As an addendum to yesterday’s writing, today we should tie together the new alliances and what appears to be Western defections toward the East.  Just overnight, Australia also applied for membership to the AIIB, a U.S. rebuke is sure to follow, who is next?  With this in mind, it is my belief the Chinese will be the key player in the gold market and the « pricing » of gold in the future.  In turn they will gain even more financial strength because of the massive amounts they have already accumulated.  As a side note, do you believe it is by mistake China is now the largest gold producer in the world?  I think not.  I will give you my theory first, then work my way toward supporting it.

Very simply, I believe China will fare poorly when the paper and derivatives markets around the world collapse.  They have a very over levered real estate market to which many of their banks and « shadow banks » have lent to and have exposure.  Their real economy and manufacturing will suffer as global demand drops further because of economic depression.  It won’t be « pretty » but they will survive and eventually thrive.  Why?  Because undoubtedly, China is working toward the yuan becoming « a » reserve currency and given time, « the » reserve currency.  My theory is this, China, even though they are probably willing and plan to eventually re mark gold much higher than where it trades today, will be FORCED to mark gold higher to re liquefy or re capitalize their banking system.  This is not groundbreaking thought as gold has been marked higher in past monetary episodes in order to re capitalize treasuries and banking systems.  It also had the side effects of generating some inflation and kick starting the economy.  It is in a parallel fashion to this which I believe China will ultimately be forced into.

As you know, Britain (and Australia) has applied to become a charter member of the AIIB.  No matter what is given as reason, this is simply their recognition of where the future is headed and the Brits wanting to be allied with the winner in a « if you can’t beat ’em, join ’em » type of move.  Britain must first clear the hurdle of being accepted.  China has introduced them but they must be ratified by the various founding countries.  I find this intriguing because of the potential motivations for either a yes or a no vote.  Does Britain bring much to the table other than reputation or the fact they are the number one U.S. ally changing their allegiance?  If Britain is accepted, they will merely be a « feather » in the East’s cap.  A no vote would be quite embarrassing because Britain has now shown their hand and intent, …only deemed to be « not good enough »?  A very bad place to be if you asked me.

Why am I even bringing Britain’s application up?  Because I believe it is a timing thing.  The East, obviously led by China is beginning a new « fix » to challenge London’s and they are also beginning a new cash and carry metals exchange which will challenge COMEX and LBMA.  Maybe « challenge » is the wrong the word.  Better said would be to make these two exchanges « obsolete ».  What will happen if (when) China’s physical exchange prices metal higher than the paper exchanges?  « Arbitrage » will happen and the Western vaults will be cleaned out, that’s what!  I hate to state the obvious but how do you have a « business », in this case an exchange, if you have no product?  For Britain to make application now and against direct « orders » from the U.S., at this point in time, tells me something is changing and it may now be coming to a head.

Whether or not the timing of the East beginning new exchanges and pricing, along with their own alternate clearing system and global bank is « cause » can be debated.  Have they timed it with the demise of the overleveraged system of the West?  Or will the alternative systems themselves pull the rug out from under the dollar and all that goes with it?  It really does not matter.  As I wrote above, China will not go unscathed and will be defaulted on in many instances and will also watch as much of their internal leverage defaults.

It is the nature of defaults that leads me to my theory of China revaluing gold higher whether they want to or not.  It will be their natural, if not ONLY choice.  I don’t believe they will have any other choice even though they have been preparing for many years, simply because they have played and are playing in the paper game.  They have built a manufacturing base the Rockefellers, Vanderbilts and Fords would marvel at in both size and technology.  They have built new infrastructure and even new cities preparing for « something ».  During this « build out », China has also amassed more gold than the U.S. even claims to have.  It is my contention China has done all of this because they understand the end game.  They understand the dollar game fully. They have known ever since and even before 1971 the rules were « never pay » or settle as the key component.

Think this through, clearly default of nearly everything paper is coming.  If you don’t agree with this or cannot see it then my theory is useless to you.  If you can see this, and the Chinese surely do based on their actions, what is the plan?  Just as has always been done in the past many times, their « treasury » will require a MUCH higher gold price to rebuild their base from.  With much of everything paper defaulted on (and including « to » the Chinese), there will by necessity need to be a restart button pushed.  China’s gold will serve this function.  As with Exter’s pyramid I recently showed you, a new pyramid will begin to build …using China’s gold as a foundation.

Revaluing their gold hoard has many advantages and zero disadvantages as I see it.  Their treasury coffers will swell, their currency will begin to enjoy the fruits of reserve status and along with this, they will enjoy new found power.  We will witness not only the greatest transfer of wealth in all of history, along with this will come a transfer of power, financial power.  When China revalues gold higher, this will serve several functions beyond the obvious of devaluing their currency against it.  For those countries not holding gold, a very long and arduous financial time will follow.  By marking the price up, they will be making any accumulation or « catch up » plans very difficult.  Another aspect is from the very micro standpoint of gold being priced too high for the average citizen to buy much if any.  For China to do this makes perfect sense.  They take the lead and the power while making it difficult for anyone to catch up to them for possibly several hundred years …which is exactly how they think.  The West has clearly forgotten the old saying about gold and those making the rules, I believe China will be forced to invoke it!

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La conseillère politique et médiatique du  président syrien Bachar al-Assad, Bouthayna Chaabane a affirmé que « le changement dans les positions internationales de certains pays envers la Syrie n’est qu’un changement  médiatique », soulignant que « ce qui est exigé c’est un changement sérieux dans la lutte contre le terrorisme, à commencer par certains  pays de la région qui financent ce terrorisme en passant par la Communauté internationale».

S’exprimant lors d’une interview en exclusivité avec notre chaine al-Manar, Bouthayana Chaabane a ajouté :  » Il est nécessaire de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant  la lutte contre le terrorisme ».

1. Quatre ans après le début de la guerre sur la Syrie … Comment évaluez-vous la place de la Syrie aujourd’hui tant au niveau de la résistance qu’au niveau de son rôle?

B-C : « La  Syrie a vécu  quatre pénibles années à travers lesquelles le peuple syrien a  offert des sacrifices immenses. Parce qu’il était une cible dans son  unité, dans son patrimoine, son histoire, son identité,  et sa vie commune.

En visant la Syrie, il s’agissait de viser  l’identité de toute la région.  Ce complot a commencé avec  l’occupation américaine de l’Irak en 2003. L’objectif principal de ce ciblage était de diviser les Arabes et de consacrer à l’entité sioniste un rôle régional et international unique en tant qu’ Etat juif entourée par des États ethniques et sectaires.

Nous avons constaté comment ces divisions au  Soudan, en Libye, en Irak, en Syrie et au Yémen ont été nourries par des conflits et des guerres superficielles financés et armés par des puissances étrangères, voire par l’exploitation d’outils locaux, tels les mercenaires ou les milices. Et donc,  la résistance de l’armée et du peuple était essentielle pour la poursuite de la lutte contre ce plan dangereux et aussi pour fournir un modèle aux autres pays arabes, un modèle syrien de surcroit, pour ne pas baisser les bras. Cette bataille qui a lieu  aujourd’hui dans plus d’un pays arabe est existencielle.  Et donc la résistance  est une condition sine qua non à la poursuite de notre existence et à la lutte contre  le sionisme et le  colonialisme afin que les pays arabes puissent résoudre le conflit israélo-arabe au profit de l’identité arabe de la Palestine et pour réaliser la victoire des Arabes dans tous leurs pays ».

2. Comment expliquez-vous la relation entre les takfiristes et  l’ennemi israélien à la frontière sud?

B-C : « Nous avons vu que la relation entre l’ennemi israélien et les terroristes en Syrie est une relation organique. Ils servent d’outils pour l’ennemi. Par conséquent, nos pays ont été entrainés dans de féroces guerres contre ces outils qui n’ont pas été détectés rapidement, c’est pourquoi nous vivons des guerres dangereuses. Surtout que ces outils sont en train de détruire le patrimoine et l’identité culturels de nos sociétés, la structure économique de nos pays dans un plan bien réfléchi et systématique afin de voler à ces pays  leur capacité de vie et à jouer un rôle  régional et international ».

3. Après quatre années sanglantes, qui profite aujourd’hui de la poursuite de cette guerre en Syrie?

B-C : «  Le bénéficiaire de cette guerre contre la Syrie est en premier lieu l’ennemi sioniste et derrière lui tous ceux qui  partagent avec lui son hostilité envers les Arabes, sans compter ceux qui cherchent à s’approprier nos richesses et nos ressources ».

4. Il y a un changement dans les positions internationales Syrie .. Comment voyez-vous ce changement?

B-C : « Aujourd’hui, le changement dans les positions internationales n’est que médiatique, pour qu’il soit sérieux il faut faire cesser le  financement et l’armement des terroristes qui continue d’affluer en  Syrie.

Le véritable changement n’aura lieu que  lorsque les pays régionaux cesseront de financer et d’armer les terroristes et de faciliter leur passage. Mais aussi,  il est nécessaire que la communauté internationale prenne une position forte pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, qui prévoit des sanctions contre les  pays ou les parties qui financent ou arment ou facilitent le transit des terroristes ».

5. Quel est le rôle de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar .. Y-a-t-il des changements en faveur de la  Syrie?

B-C : « Le rôle de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar est le même, et il est essentiel  dans le soutien au terrorisme qui frappe la Syrie et  le peuple syrien. Tant que la communauté internationale n’exercera pas de  pression pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, ce rôle se poursuivra contre le peuple syrien et ira à l’encontre des intérêts de la stabilité de la région et de la paix et de la sécurité internationales » .

6. Quels sont les Etats et les parties qui vous soutiennent principalement?

B-C : « Nos alliés dans la région qui sont des alliés de la paix et de la sécurité internationale ont soutenu la Syrie face à ce terrorisme abominable. Nous rappelons en particulier le soutien de la République islamique d’Iran et le Hezbollah dans la bataille menée contre le terrorisme mais aussi la Russie pour  son soutien initial envers la Syrie et sa position contre le terrorisme.

Bref, les Etats et les parties qui ont soutenu le peuple syrien dans cette bataille sont ceux qui croient en la paix et la sécurité et en la mise en œuvre de la légitimité internationale. Nous savons que la paix et la sécurité dans tous les pays du monde  est une question qui implique tout le monde , et donc aucun pays ne peut  vivre sur une île sure quand tout ce qui est autour de lui est en feu. Par conséquent, la lutte contre le terrorisme en Syrie est une lutte contre le terrorisme dans le monde, et la défense de la sécurité et de la stabilité de la Syrie est la défense de la sécurité et de la stabilité de la région et du monde ».

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Le boom de l’industrie de guerre

mars 17th, 2015 by Manlio Dinucci

Le commerce international d’armements a grossi en volume de 16% en cinq ans et continuera à augmenter : les données diffusées par le Sipri le 16 mars 2015 le confirment. Les principaux exportateurs restent les Etats-Unis (avec 31% de l’export mondial), suivis par la Russie (27%), la Chine (passée du sixième au troisième rang avec 5%), et par Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Ukraine et Israël. L’Italie -dont l’export militaire a augmenté de plus de 30% en cinq ans et augmentera ultérieurement grâce à la reconversion de Finmeccanica du civil au militaire- est ainsi le huitième exportateur mondial d’armements, qui fournit surtout les Emirats Arabes Unis, l’Inde et la Turquie. Les principaux importateurs mondiaux sont : Inde, Arabie Saoudite, Chine, Emirats Arabes Unis, Pakistan, Australie, Turquie, Etats-Unis (qui importent des armements allemands, britanniques et canadiens). Forte augmentation de l’import militaire des monarchies du Golfe (71% en cinq ans) et du Moyen-Orient en général (54%), et de celui de l’Afrique (45%). Personne ne connaît cependant le volume réel et la valeur des transferts internationaux d’armes, dont beaucoup ont lieu sur la base de transactions politiques. Le tout sous le paravent du Traité sur le commerce d’armements, lancé solennellement par l’Onu il y a deux ans. Ceci n’est que la pointe de l’iceberg de la production d’armements, pour la majeure partie destinée aux forces armées des pays producteurs. En tête les Etats-Unis, qui attribuent (si l’on s’en tient aux seuls chiffres du budget du Pentagone) environ 95 milliards de dollars annuels pour l’acquisition d’armements : une énorme quantité d’argent public qui, reversée dans les caisses des plus grandes industries de guerre étasuniennes (Lockheed-Martin, Boeing, Raytheon, Northrop Grumman, General Dynamics, United Technologies), leur permet de se placer aux plus hauts rangs de l’échelle mondiale.

Comme le business des armes augmente au fur et à mesure que croissent les tensions et les guerres, l’explosion de la crise ukrainienne et la confrontation Otan/Russie ultérieure ont représenté une chance pour les gros actionnaires des industries de guère étasuniennes et européennes.

Dans la manoeuvre Otan qui se déroule ce mois-ci en Pologne, les Etats-Unis déploieront une batterie de missiles Patriot « comme dissuasion à l’agression sur le flanc oriental ». En réalité surtout parce que la Pologne doit décider dans l’année si elle achète les missiles Patriot, produits par l’étasunien Raytheon, ou ceux analogues du consortium franco-italien Eurosam : une affaire de 8 milliards de dollars, dans le cadre d’une attribution de 42 milliards (presque 40 milliards d’euros) décidée par Varsovie pour potentialiser ses forces armées. La Pologne entend aussi acheter trois nouveaux sous-marins d’attaque, en les armant de missiles de croisière (à double capacité conventionnelle et nucléaire) fournis par Raytheon ou par le français Dcns.

Même business en Ukraine : Washington a annoncé une nouvelle fourniture à Kiev, d’une valeur de 75 millions de dollars, de matériels militaires « non létaux », parmi lesquels des centaines de blindés « non armés » qui peuvent être facilement armés avec des systèmes produits en Ukraine ou importés. Poroshenko  a annoncé, le 13 mars, que le gouvernement de Kiev a signé des contrats pour importer des « armes létales » de 11 pays de l’Union européenne, dont certainement l’Italie.

En pleine activité aussi les industries de guerre russe et chinoise. Pour contrebalancer la force navale étasunienne, qui dispose d’environ 300 navires de guerre dont 10 porte-avions, la Russie est en train de construire simultanément quatre sous-marins nucléaires et la Chine se dote d’un second porte-avions produit nationalement.

Ainsi le monde fabrique-t-il les instruments de sa destruction.

 Manlio Dinucci

Edition de mardi 17 mars 2015 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/il-boom-dellindustria-bellica/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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Le front des libertés publiques est l’un des rares domaines où le gouvernement ne chôme pas. L’encre du dernier décret concernant les sites faisant l’apologie du terrorisme est à peine sèche qu’une première victime est déjà tombée : le site islamic-news, réputé pro-djihad. Et celui-ci ne devrait être que le premier d’une (très) longue liste car au moins une cinquantaine de plateformes sont d’ores et déjà dans le collimateur du gouvernement. Prenant acte d’une individualisation des parcours terroristes, la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme est dirigée contre les « loups solitaires » se radicalisant sur Internet. Mais gares aux victimes collatérales… La tentation est évidemment grande de s’en servir aussi contre des sites contestataires non liés à la mouvance islamique mais prônant l’activisme militant ou le soutien aux mouvements de libération nationale. En réalité, tout est dans la manière de définir le « terrorisme », notion éminemment élastique…

un-premier-site-bloque-pour-apologie-du-terrorisme,M205819

A l’occasion des débats parlementaires de l’automne dernier, le projet de loi antiterroriste porté par Bernard Cazeneuve a été dénoncé comme inadapté à la menace qu’il prétendait éradiquer et fortement liberticide. Renforçant la surveillance sur Internet,  il permet, par son article 4, le blocage administratif des sites faisant l’apologie du terrorisme ou incitant à commettre des actes terroristes.

L’apologie du terrorisme, comme l’apologie des crimes de guerre, était jusque-là réprimée par la loi sur la presse de 1881 qui encadre la liberté d’expression en France. Le texte a sorti de ce périmètre législatif relativement protecteur les délits de « provocation aux actes de terrorisme » et d’« apologie du terrorisme », pour les intégrer dans un article spécifique du code pénal, considérant qu’il ne s’agit pas « d’abus de la liberté d’expression (…) mais de faits qui sont directement à l’origine d’actes terroristes », afin de les réprimer plus sévèrement tout en donnant davantage de pouvoirs aux enquêteurs travaillant sur ces dossiers, notamment pour infiltrer des réseaux et avoir recours à des écoutes et des sonorisations. Le texte permet aussi la possibilité d’un blocage administratif, sans requérir l’aval d’un juge, de sites faisant l’apologie du terrorisme. La procédure est expéditive : si l’éditeur et l’hébergeur d’un site ne répondent pas aux demandes de retrait de la police judiciaire, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) sont alors saisis pour bloquer l’accès sans délai. Une mesure qui s’inspire des dispositions prévues pour les sites pédopornographiques et qui, à défaut d’être efficace, constitue une entrave de plus à la liberté d’expression. Ce dispositif de blocage qui échappe à toute procédure contradictoire est en effet totalement opaque en plus d’être arbitraire :  le ministère de l’Intérieur rend inaccessible les contenus incriminés et n’a pas à motiver pas sa décision. Ainsi, pas un début de preuve de la dangerosité du site islamic-news n’a été apportée. Et, cerise sur le gâteau, en redirigeant les internautes vers une page d’accueil sous son contrôle, le ministère de l’intérieur se donne les moyens de connaître les adresses IP des visiteurs de ces sites… Plutôt inquiétant quand on sait par ailleurs que le gouvernement envisage d’étendre le blocage administratif aux sites faisant la promotion de propos racistes ou antisémites, voire antisionistes, infractions qui seraient également sorties de la loi de la presse de 1881 afin de faciliter et durcir les sanctions à leur encontre.

Plus grave, le blocage concerne une infraction dont les contours sont toujours aussi flous : la définition  du terrorisme donnée par L’Union Européenne est en effet assez large pour permettre la répression d’actions syndicales ou politiques non-violentes (grève illégale, blocage de systèmes informatiques, occupation de routes, de bâtiments publics ou privés pour manifester) : « association structurée, de plus de deux personnes, établie dans le temps et agissant de façon concertée en vue de commettre des infractions terroristes (…) visant à menacer un ou plusieurs pays, leurs institutions ou leur population avec l’intention d’intimider ces derniers et de modifier ou détruire les structures politiques, sociales et économiques de ces pays ». Le soutien à un mouvement social radical ou à une lutte comme celle du mouvement palestinien pourrait très bien tomber à terme sous le coup de l’inculpation d’apologie du terrorisme. Le CRIF considère d’ores et déjà qu’une exposition photographique sur le Hamas fait l’apologie du terrorisme et à demandé son interdiction.

Le contrôle d’Internet est une constante préoccupation des gouvernements qui se succèdent depuis 10 ans car cet espace de liberté et aussi souvent un espace de contestation. Mais jamais on n’était allé aussi loin dans les mesures liberticides. Le prétexte de l’antiterrorisme justifie une surveillance sans précédent d’Internet et un renforcement du pouvoir exécutif en installant une justice administrative expéditive. Cette reprise en main est bien utile au gouvernement pour faire diversion et resserrer les rangs dans un moment de crise économique, sociale et politique sans précédent.

Nicolas Bourgoin

Voir également : un entretien à propos de La République contre les libertés

Une présentation orale de cet ouvrage

Nicolas Bourgoin est démographe, docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et enseignant-chercheur. Pour rejoindre l’auteur :  facebook et twitter !

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Dans le chaos qui caractérise toute crise, les discours explicatifs se multiplient comme autant de tentatives d’imposer sa vision du monde, dont l’enjeu est la domination de celui-ci. La « béance[1] » chaotique ouverte par une crise est aussi un espace de guerre narrative dont les vainqueurs seront soit les plus forts (pour un temps court), soit les plus lucides (pour un temps long).

Pour le citoyen ou acteur lambda, la grande difficulté consiste à ne pas perdre la tête au milieu de ces innombrables storytellings. La mission que se donne le GEAB depuis janvier 2006 est précisément celle-ci : aider ses lecteurs à dépasser les évidences et les bruits dominants, et tenter de se rapprocher au plus près de la réalité des évolutions profondes. Ce travail est important à titre individuel dans les décisions que chacun doit continuer à faire dans un contexte instable. Mais c’est plus important encore sur le plan collectif, car le choix narratif est bien entendu un choix d’avenir. Or, entre la narration qui s’impose par la force et celle qui prévaut par la réalité, une société peut s’enfermer dans un système idéologique ou s’engager résolument dans un monde ouvert.

Au XXe siècle, les peuples qui ont basculé dans des systèmes idéologiques déconnectés de la réalité ont probablement eu peu le choix. Aujourd’hui, les sociétés ultra-connectées et multi-informées ont une vraie responsabilité du choix de leur avenir. C’est pourquoi le GEAB et l’anticipation politique, sans prétendre avoir toujours raison, proposent une grille de lecture des narrations tentant d’optimiser l’objectivité et aider ses lecteurs à conserver le plus possible de distance face aux événements, à distinguer entre information factuelle et opinion, entre information fallacieuse et information fiable, et à se donner les outils pour forger et avoir confiance en sa propre opinion.

Nous avons déjà évoqué le fait que 2015 serait caractérisé par un « chevauchement monstrueux » entre monde d’avant et monde d’après, où les deux mondes sont en apparence à égalité : l’un par la puissance des outils de pouvoir dont il disposait et qui sont encore opérationnels (médias, armées, finance…), l’autre par sa force intrinsèque.

En réalité, le monde d’avant est désormais éminemment affaibli et son résidu de domination n’est plus que le fruit de ses efforts surhumains à « faire parler » ses outils de puissance à sa place, effort dans lequel il s’épuise, tout autant que l’URSS s’était épuisé dans la course à l’armement.

Notre équipe a choisi de rendre publique la première partie de la section « Perspectives », consacrée aux outils de puissance en crise, sachant que la deuxième partie propose une analyse du QE européen et de la parité euro-dollar.


Quatre outils de puissance en crise

Observons un instant où en sont ces fameux outils du pouvoir du monde d’avant :

. des médias en plein questionnement sur leur objectivité, leur professionnalisme, leur valeur ajoutée, etc., avec l’affaire Charlie Hebdo en événement emblématique de cette profonde remise en question. Le contraste entre des chefs de rédaction aux méthodes ultra-autoritaires soudain fiers de se badger « Je suis Charlie » ne manque pas d’interroger des classes entières de journalistes, mais aussi les citoyens, sur la liberté d’expression. Un débat sain sur le travail réalisé par les médias occidentaux sur l’Ukraine, par exemple, apparaît timidement. La question se pose quant à la pertinence de médias pyramidaux bien trop petits (problème de plomberie) pour pouvoir retraiter correctement l’immense complexité de la réalité d’un monde multipolaire, multiculturel, multilinguistique, etc. La question aussi de la légitimité de cette auto-proclamation comme « quatrième pouvoir » qui ressemble de plus en plus à une « usurpation de pouvoir », celle des citoyens qu’ils avaient en effet comme mission implicite de représenter avant Internet. Mais celui-ci est là, et désormais, si les médias ont un rôle à jouer, ce n’est certainement pas celui d’un quelconque exercice de quatrième pouvoir, mais bien celui, originel et incontournable, de contribuer à la bonne information du vrai quatrième pouvoir : les gens. La couverture de la crise ukrainienne a révélé la mise sous tutelle des médias par des intérêts divers, mais aucunement citoyens. Les dégâts pour cette profession sont considérables, lui imposant de persister en une officialisation de son virage propagandiste ou de se réinventer. Mais dans les deux cas, les médias auront bien du mal à servir de manière crédible le système d’avant.

. un système financier dollaro-centré en pleine surchauffe[2], dopé par l’instabilité et les opportunités de spéculation, mais totalement déconnecté de ses missions premières de financement de l’économie. La réalité, c’est que les banques de détail continuent à licencier et à faire faillite[3] ; seules les banques d’investissement spéculatif prospèrent, mais d’une manière qui n’obtient plus l’adhésion de qui que ce soit. Les particuliers ont quitté le monde des actions boursières qui s’était ouvert à eux tel un pays de cocagne dans les années 1990[4]. Les États-souverains (en particuliers émergents, telle la Chine) ne savent plus quoi inventer pour se protéger des bulles qu’elles essaiment sur leur passage, provoquant toujours plus d’instabilité et perturbant toute planification économique stratégique[5]. L’économie réelle s’en éloigne aussi, qui n’en obtient plus les financements dont elle a besoin pour se développer et cherche désormais du côté de nouvelles formules, telles que le crowdfunding pour n’en citer qu’une[6].

. un « système-pétrole » en plein effondrement. La mainmise nord-américaine sur la suprême ressource énergétique du XXe siècle s’est effondrée sous le triple choc du découplage pétrole-dollar opéré par l’arrivée de l’euro en 2002 (suivi des efforts de certains pays producteurs de vendre leur pétrole en euros pour se dégager de la tutelle US), de la dislocation du système américano-centré de gouvernance du pétrole, l’Opep, induite à l’instigation des États-Unis eux-mêmes par les forages schisteux, enfin de la transition énergétique menée par l’Europe au premier plan, bientôt suivie par tous les émergents, aboutissant à l’effondrement des cours… et de ce qu’il restait de crédibilité au dollar.

. un appareil militaro-industriel occidental attaqué par les coupes budgétaires et les plans d’austérité. Et ce n’est pas parce que le ministre allemand des Finances, Schaüble, annonce qu’il va falloir réaugmenter les budgets militaires à l’horizon 2017 (!) que cela change quoi que ce soit au fait que les dépenses militaires allemandes ne font que baisser – encore cette année[7] – et que la Grèce de Tsipras ne manquera pas d’entreprendre de diminuer la monstrueuse ponction effectuée par l’armée sur les Grecs via le financement d’une armée totalement disproportionnée avec la « menace » turque[8]. On observe également les réductions du budget militaire britannique qui inquiètent les Américains[9], la Bulgarie vient pour sa part d’annuler tout budget militaire[10], etc. La réalité, c’est que l’Occident n’a plus les moyens de sa politique.

Les grincements stridents de ces outils émoussés

Alors, bien sûr, ces quatre piliers de la puissance du monde d’avant n’ont jamais crié aussi fort que maintenant. Et les grincements stridents de tous ces outils émoussés créent de vrais dangers :

. du côté des médias, tout en manifestant des vraies tentatives de réinvention, la tentation subsiste de s’idéologiser encore davantage, s’y autorisant même pour contrer la propagande, très officielle celle-ci, de la machine médiatique russe, par exemple[11].

. les banques, les marchés financiers, les statistiques, les montants des amendes et des profits, et surtout les hausses toujours plus improbables des cours de la bourse remplissent les pages des médias financiers et les esprits hypnotisés par le précipice qui sépare ces sommes astronomiques de la réalité économique. Mais la puissance que donnent ces chiffres faramineux autorise le système bancaire et financier à dicter pour quelque temps encore sa loi aux banques centrales et aux gouvernements.

. l’effondrement du pétrole rend plus centrales que jamais les puissances pétrolières aux abois et en plein impératif de réorganisation : Arabie Saoudite, au premier plan, qui tente de faire main basse sur la région via ses armées d’islamistes daeshiens répandant le wahhabisme sur le Moyen Orient[12].

. l’Otan, quant à elle, a tenté un coup d’État militaire sur l’Europe en 2014, tirant profit d’une gestion inepte des relations de voisinage de l’UE. Le fait est qu’il n’est pas facile de demander sa bourse à celui qui tient le pistolet… La stratégie de l’appareil militaro-industriel occidental est donc simple et parfaitement logique : capitaliser sur, voire créer des conflits pour se rendre indispensable et parvenir à maintenir/redresser ses budgets.

C’est ainsi que l’affaiblissement considérable des outils de pouvoir, qui restaient l’apanage d’un monde d’avant malade, fait courir encore un temps des risques importants à la planète, à savoir : risques de guerre (pétrole, Otan), risques d’enfermement idéologique d’un camp occidental sur lui-même (médias), risques d’effondrement économique (marchés financiers)…

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[1] Le mot « chaos » vient du grec «  khaos » qui signifie « béance, faille ». Source : Wikipedia

[2] Notre équipe s’est souvent demandée dans quelle mesure la sortie de route de l’étalon-dollar ne se ferait pas plutôt par le haut que par le bas. La surchauffe actuelle de la monnaie étasunienne, même si elle n’est pas définitive, semble consommer actuellement la transition du dollar US hors de son statut d’étalon mondial.

[3] Le grand nettoyage, en particulier aux États-Unis, s’est certes surtout produit au début de la crise (2008-2010), et le nombre réduit de survivants rend plus anecdotiques leurs difficultés. Cela dit, les banques souffrent toujours comme en témoigne cette liste de licenciements et faillites récentes : Boston BankDoral Bank Puerto Ricobanques hongroisesbanques polonaisesANZ Bank AustralieBank of AmericaJP Morgan, Royal Bank of Scotland, etc…08/01/2013)

[4] Sources : La Tribune, 08/01/2013; CNN, 27/12/2012

[5] Source : Ecns.cn, 02/03/2015

[6] Source : BusinessBecause, 18/02/2015

[7] Source : Deutsche Welle, 01/03/2015

[8] Source : The Guardian, 19/04/2012

[9] Source : Washington Post, 12/03/2015

[10] Source : Novinite, 24/02/2015

[11] Nos équipes ont constaté une hystérie sur la prétendue guerre médiatique entre l’Occident et la Russie, qui semble autoriser l’usage de discours propagandistes pour équilibrer les forces en présence. Un média comme Ukraine Today, par exemple, s’est créé dans le camp occidental ukrainien avec pour objectif officiel de faire de la contre-propagande (soit de la propagande, bien entendu). Il est intéressant de lire ce que dit la BBC sur ces questions (03/03/2015)

[12] Source : New Statesman, 27/11/2014

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Cher président Obama,

Nous te saluons comme un frère, disciple de Jésus, avec tout l’amour et le respect que nous devons, conformément à notre voeu, même à ceux qui se sont comportés avec nous en ennemis.

Qu’est-ce qui t’est arrivé, cher frère ? Qu’est-il advenu de cet intrépide et lumineux Obama qui, en 2008 et à travers sa campagne présidentielle, a parlé de changement, d’un VRAI changement qui emporterait l’adhésion du peuple? Tu as redonné l’espoir à des millions de personnes, non seulement aux Etats-Unis mais partout dans le monde, à nous y compris.

Nous nous rappelons des sondages d’opinion recensant un nombre étrangement significatif d’afroaméricains qui n’étaient pas favorables à ton élection, non pas parce que ils ne t’aimaient pas, ou qu’ils n’étaient pas d’accord avec les valeurs que tu défendais. Ils t’aimaient trop. Ils craignaient ton assassinat par le complexe industriel-militaire et financier, qui serait certainement passé à l’acte si tu avais eu le courage de l’affronter avec ta vision et ta promesse que les Etats-Unis fassent à nouveau partie de la communauté humaine.

Tu es bien placé pour savoir que les Etats-Unis ont toujours été le pays le plus haï dans l’histoire du monde pour son arrogance et son obsession nationaliste, diabolique, de domination planétaire. Contrairement à des leaders comme Ronald Reagan et Georges W. Bush, qui ne se sont pas distingués par leur intelligence, tu es sans nul doute une personne douée d’intelligence. De plus, tu as manifesté un attachement à des valeurs morales et éthiques profondément ancrées, et une adhésion aux valeurs prônées par Jésus, et de fait, par tous les grands leaders spirituels du monde, quelle que soit leur religion.

Ce qui nous presse, cher frère, de t’écrire cette lettre, c’est le décret exécutif extrêmement honteux d’urgence nationale que tu as pris le 9 mars 2015 en déclarant que « la situation au Venezuela représente une menace inhabituelle et et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis ». Ce qui n’est pas sans nous rappeler la décision ordonnée par Reagan, il y a plus de trente ans, de déclencher la guerre des Contras contre le Nicaragua dans les années 80. Cette décision, que nous considérons comme honteuse et extrêmement hypocrite est en plus une violation flagrante du droit international: Il s’agit bien d’une menace d’user de la force contre le Venezuela, et en même temps une incitation pour tes valais vénézuéliens de poursuivre leurs efforts pour déstabiliser le pays.

Tu devrais savoir, cher frère, qu’en Amérique Latine, il existe un sentiment croissant d’unité et de solidarité, dans toute cette région Latino-américaine et afro-antillaise que le peuple considère comme la terre de ses ancêtres.

En même temps que nous rejetons ton ordre exécutif arrogant et interventionniste, nous t’adjurons de te tourner vers Jésus, la fraternité et la solidarité, et de rejeter une fois pour toutes, les démons de la cupidité, de la guerre et de la domination planétaire.

Nous continuerons de prier pour toi et tes proches. Ton pays est notre monde.

Sois assuré de la grâce infinie de Dieu, si toutefois tu ne lui tournes pas le dos.

Amour et bénédiction,

Miguel d’Escoto Brockmann, Prêtre Maryknoll, Nicaragua

Pedro Casaldáliga, Évêque, Brésil

Ramsey Clark, États-Unis

Leonardo Boff, Brésil

Thomas Gumbleton, Evêque, États-Unis

Copie : Pape François

Sources (anglais) : https://fromcentralamerica.wordpress.com/2015/03/13/letter-to-obama/

(espagnol) : http://www.cubadebate.cu/noticias/2015/03/13/importantes-teologos-y-activistas-envian-carta-a-obama-denunciando-injerencia-de-eeuu-en-venezuela/

Traduction : Philippe Tasquin

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La remarquable renaissance de la Russie

mars 16th, 2015 by F. William Engdahl

Quelque chose de remarquable se déroule en Russie, et il est tout à fait différent de ce à quoi nous aurions pu nous attendre. Plutôt que de se sentir humiliée et déprimée, la Russie connaît ce que j’appellerais une sorte de renaissance, une renaissance en tant que nation. Et ceci malgré, ou parce que l’Occident, dirigé par les soi-disant néo-conservateurs à Washington, tente tout, y compris la guerre à sa porte en Ukraine, pour faire effondrer l’économie russe, humilier Poutine et donner une mauvaise image générale des Russes. Ce faisant, la Russie est en train de découvrir les aspects positifs de sa culture, son peuple, sa terre qui ont longtemps été oubliés ou occultés.

La première de mes nombreuses visites en Russie date d’il y a plus de vingt ans, en mai 1994. J’avais été invité par un groupe de réflexion sur l’économie à Moscou pour livrer quelques remarques importantes sur le FMI. Mon impression à l’époque était celle d’un peuple au passé formidable qui se faisait humilier jusqu’à en perdre son énergie vitale. Des gangsters mafieux filaient le long des larges boulevards de Moscou dans des limousines Mercedes 600 rutilantes aux vitres teintées et sans plaques d’immatriculation. L’anarchie régnait, depuis le Kremlin d’Elstine soutenu par les Etats-Unis jusque dans les rues. Des « gars de Harvard » comme Jeffrey Sachs ou Anders Aaslund de la Suède ou George Soros grouillaient dans la ville à la recherche de nouvelles opportunités de saccager et piller la Russie sous la bannière de la « thérapie de choc » et des « réformes orientées vers le marché », une manière comme une autre de dire « donnez-nous vos joyaux de la couronne ».

Le bilan humain de ce traumatisme suite à l’effondrement total de la vie en Russie après Novembre 1989 a été stupéfiant. Je pouvais le voir dans les yeux des Russes de tous les jours, dans les rues de Moscou, chez les chauffeurs de taxi, les mères qui faisaient leurs courses, les Russes ordinaires.

Aujourd’hui, près de vingt ans plus tard, la Russie est à nouveau confrontée à un ennemi à l’Ouest, l’OTAN, qui cherche non seulement à l’humilier, mais à la détruire en tant qu’Etat viable parce que seule la Russie a la capacité d’entraver les projets des élites occidentales qui sont derrière les guerres en Ukraine, en Syrie, en Libye, en Irak et plus loin en Afghanistan, en Afrique et en Amérique du Sud.

Au lieu de la déprime, j’ai senti, lors de mes récentes visites en Russie au cours de l’année écoulée ainsi que dans de nombreuses discussions avec une variété de connaissances russes, un nouveau sentiment de fierté, de détermination, une sorte de renaissance de quelque chose qui avait été longtemps enfouie.

Sanctions Boomerang

Prenez la guerre des sanctions que l’administration Obama a imposé à l’Allemagne, la France et d’autres Etats réticents de l’UE. L’unité de guerre financière du Trésor américain a ciblé le rouble. Les agences de notation de Wall Street, moralement corrompues et sous l’influence de Washington, ont dégradé la dette de l’Etat russe à « de la camelote ». Les Saoudiens, de mèche avec Washington, ont provoqué une chute libre des prix du pétrole. Le chaos en Ukraine et le sabotage par l’UE du gazoduc russe South Stream vers l’UE, étaient censés flaire plier une Russie terrifiée. Ca n’a pas été le cas.

Comme nous l’avons déjà détaillé, Poutine et un nombre croissant d’industriels russes influents, certains même qui, il y a quelques années, se seraient enfuis vers leurs résidences chics à Londres, ont décidé de se battre pour l’avenir de la Russie en tant qu’Etat souverain. Oops ! Une réaction imprévue dans ce monde de mondialisation et de dissolution de l’État-nation. La fierté nationale était censée être une relique, comme l’or. Mais pas dans la Russie d’aujourd’hui.

Lors du premier anniversaire du flagrant coup d’État des États-Unis à Kiev qui a installé un régime d’auto-proclamés néonazis, de criminels, et un prétendu scientologue devenu Premier ministre, Andriy Yansenyuk, tous triés sur le volet par le Département d’Etat américain, il y a eu une manifestation dans le centre-ville de Moscou, le 22 février. On estime que 35 000 à 50 000 personnes y ont participé – étudiants, enseignants, retraités, et même des motards pro-Kremlin. Ils ne protestaient pas contre Poutine pour avoir provoqué les sanctions économiques par son intransigeance contre les exigences de Washington et de l’UE. Ils protestaient contre l’intervention flagrante des États-Unis et de l’UE en Ukraine. Ils ont appelé la manifestation « anti-Maidan ». Elle avait été organisée par l’une des nombreuses réactions spontanées de citoyens devant les atrocités observées à leurs frontières. Sur internet, des blogs politiques satiriques se moquent du ridicule Jan Paski, qui jusqu’à la semaine dernière encore était le porte-parole bafouillant du Département d’Etat américain.

Même la tentative évidente de « faux drapeau » dans le Financial Times de Londres et les médias occidentaux sous contrôle pour accuser Poutine d’avoir « crée le climat de paranoïa qui a provoqué » l’assassinat de Boris Nemtsov n’est pas prise au sérieux. Les « ficelles » occidentales ne fonctionnent plus dans la Russie d’aujourd’hui.

Et regardez les sanctions américaines et européennes. Plutôt que d’affaiblir la popularité de Poutine, les sanctions ont poussé les Russes ordinaires qui étaient jusqu’à là politiquement apathiques à se rallier autour du président, qui jouit encore d’une cote de popularité de plus de 80%. Un récent sondage réalisé par le Centre Levada indépendant a trouvé que 81% des Russes avaient une opinion négative sur les Etats-Unis, le chiffre le plus élevé depuis le début des années 1990 et la « thérapie de choc » de l’ère Eltsine. Et 71% avaient une opinion négative sur l’Union européenne.

Cependant, la renaissance que je perçois est évidente au-delà des manifestations et des sondages. La guerre américaine instiguée en Ukraine depuis mars 2014 a provoqué une catastrophe humanitaire dont les médias allemands et autres en occident, orientés par les Etats-Unis, ne parlent pas. Plus d’un million de citoyens ukrainiens, par peur de perdre leurs maisons ou d’être les victimes du carnage insensé instigué par les Etats-Unis et qui déferle sur l’Ukraine, ont demandé l’asile en Russie. Selon tous les rapports, ils ont été accueillis comme des frères. Une réaction humaine qui a des résonances profondes chez les Russes ordinaires. Grâce aux merveilles des vidéos sur YouTube et des smartphones, les Russes sont pleinement conscients de la vérité de la guerre américaine en Ukraine orientale. Pour la première fois depuis des années, les Russes deviennent politiquement conscients, car ils réalisent que certains milieux à l’Ouest veulent tout simplement les détruire parce qu’ils refusent de devenir les vassaux d’un Washington devenu fou furieux.

Plutôt que de plier devant la guerre du Rouble lancée par le Trésor américain et la menace d’exclusion des banques russes du système d’échanges interbancaires international SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), une mesure assimilable à un acte de guerre, le gouvernement russe a annoncé le 16 février qu’il avait monté son propre réseau de compensation bancaire dans lequel quelque 91 établissements nationaux de crédit ont été incorporés. Le système permet aux banques russes de communiquer de façon transparente à travers la Banque centrale de Russie.

Sont concernées les banques à l’intérieur de la Russie qui, sans cela, étaient vulnérables, même au niveau national, par une exclusion de SWIFT. La Russie avait rejoint le système privé SWIFT, qui est basé à Bruxelles, après la chute du mur de Berlin en 1989. Aujourd’hui, ses banques sont les deuxième plus grandes utilisatrices de SWIFT. Le nouveau système est à l’intérieur de la Russie. Nécessaire, mais pas suffisant, pour se protéger contre une exclusion de SWIFT. La prochaine étape en discussion est un système d’échanges conjoint sino-russe, indépendant de SWIFT et de Washington. C’est également en cours.

Le lendemain de l’annonce de la mise en service d’une alternative russe à SWIFT, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Cheng Guoping a dit que la Chine allait construire son partenariat stratégique avec la Russie dans les domaines de la finance, de l’espace et de l’aéronautique et « élever la coopération commerciale à un nouveau sans précédent. » Il a ajouté que la Chine envisage de coopérer davantage avec la Russie dans le domaine financier, et le Premier vice-Premier ministre de Russie, Igor Chouvalov, a déclaré en janvier que les paiements en monnaies nationales, la dé-dollarisation, faisaient l’objet de négociations avec la Chine. La Chine sait que si la Russie s’effondre, elle sera la prochaine sur la liste car les empires vacillants recourent à des mesures désespérées pour survivre.

Les Russes se rendent compte aussi que leurs dirigeants manoeuvrent de manière sans précédent pour construire une alternative à ce qu’ils considèrent comme un monde Américain moralement décadent et en faillite. Pour la plupart des Russes, la décennie désastreuse de la pauvreté, du chaos et de privation de l’ère Eltsine dans les années 1990 suffit pour leur rappeler ce qui les attend si d’aventure les dirigeants russes devaient se prostituer à nouveau aux banques et aux sociétés américaines, le tristement célèbre « redémarrage » des relations américano-russes tenté par Hillary Clinton lorsque Medvedev était président. Les Russes voient ce que les États-Unis ont fait en Ukraine voisine où même le ministre des Finances, Natalia Jaresko, est un Américain, un ancien employé du Département d’Etat.

La Russie et ses dirigeants ne tremblent guère derrière les murs du Kremlin. Ils sont en train de forger l’ossature d’un nouvel ordre économique international qui a le potentiel de sauver le monde de la faillite actuelle du système Dollar. Moscou et Pékin ont récemment annoncé, comme je l’ai discuté dans un précédent article, leur projet de créer une alternative commune au monopole américain de notation de Moody, S & P et Fitch. L’ordre du jour des voyages du président Poutine depuis un an est ahurissant. Loin d’être le paria international que Washington et Victoria Nuland espéraient, la Russie est en train de devenir le pays qui a le courage de dire « non » à Washington.

Le Président de la Russie s’est rendu à Chypre ou la possibilité d’installer une base navale russe a été discutée, en Egypte où le général al-Sisi a chaleureusement accueilli le leader russe et discuté d’une importante coopération conjointe économique et autre. L’année dernière, la Russie et les états BRICS ont convenu de former une banque d’infrastructure de $100 millions qui rend caduque la Banque Mondiale sous contrôle américain. La liste s’allonge chaque jour ou presque.

Le côté humain particulier

Cependant, pour moi, la caractéristique la plus encourageante de cette renaissance russe se situe dans la génération des 30/40 ans – jeune, très intelligente et ayant une expérience à la fois de la dépravation de la bureaucratie communiste soviétique, mais aussi du monde creux du soi-disant « capitalisme de marché » conduit par les États-Unis. Je vais partager quelques exemples relevés chez de nombreux Russes que j’ai connus ces dernières années.

Ce qui est unique à propos de cette génération, c’est qu’ils forment une génération hybride. L’éducation qu’ils ont reçue dans les écoles et les universités était encore largement dominée par la science russe classique. Cette science russe classique, comme j’ai pu le vérifier lors des nombreuses discussions avec des amis russes scientifiques au fil des ans, était d’une qualité presque inconnue dans l’Occident pragmatique. Un professeur américain de physique du MIT qui a enseigné dans les universités de Moscou au début des années 1990 m’a dit : « En Russie, quand un étudiant en sciences entre en première année d’université, il a déjà derrière lui quatre années de biologie, 4 de chimie, de physique, de calcul intégral et différentiel, de géométrie… Ils commencent leurs études universitaires à un niveau comparable à un post-doctorant américain ».

Ils ont grandi dans une Russie où il était courant pour les jeunes filles d’apprendre le ballet classique ou la danse, pour tous les enfants d’apprendre à jouer du piano ou d’apprendre un instrument de musique, de faire du sport, de peindre, comme dans l’éducation grecque classique du temps de Socrate ou de l’Allemagne des années 1800. Ces bases, qui étaient présentes aussi dans les écoles américaines jusqu’aux années 1950, ont été abandonnées dans les années 1980. L’Industrie américaine voulait des travailleurs dociles et « abêtis » qui ne posaient pas de questions.

La biologie russe, les mathématiques russes, la physique russe, l’astrophysique russe, la géophysique russe – toutes ces disciplines russes abordaient leur sujet avec une qualité qui avait depuis longtemps disparu de la science américaine. Je sais, car j’ai grandi à la fin des années 1950 lors du « choc Spoutnik », où on disait aux élèves qu’il fallait redoubler d’efforts pour « rattraper les Russes ». Il y avait là une part de vérité, mais la différence n’était pas dans le manque d’étudiants américains qui travaillent dur. A cette époque, nous travaillions et étudions plutôt dur. C’était la qualité de l’enseignement scientifique russe qui était réellement supérieure.

L’enseignement des sciences en particulier, en Russie ou dans l’Union soviétique, avait été fortement influencé par le système éducatif allemand des années 1800, les soi-disant réformes de Humboldt Alexander von Humboldt et d’autres.

Les liens entre l’éducation russe classique du 19ème siècle et la culture et la science allemande étaient étroits, et remontaient à l’époque du tsar Alexandre II qui a libéré les serfs en 1861, suivant l’exemple de son ami, Abraham Lincoln. Ces liens ont été plus tard renforcés avec la culture classique allemande sous le tsar Alexandre II, avant la guerre russo-japonaise de 1905 lorsque le brillant Sergei Witte était ministre des Transports, puis ministre des Finances, et enfin Premier ministre avant que les intrigues occidentales le forcent à démissionner. Witte avait traduit en russe les travaux de l’économiste national allemand Friederich Liste, l’adversaire brillant de l’anglais Adam Smith. Avant que les intrigues étrangères et nationales ne manipulent le tsar dans la désastreuse Entente anglo-russe de 1907 contre l’Allemagne, un pacte qui a rendu possible la guerre de l’Angleterre de 1914, l’Etat russe reconnaissait le système classique allemand comme supérieur à l’empirisme et réductionnisme britannique.

J’ai souvent demandé à des Russes de la génération des années 1980 pourquoi ils sont venus en Russie pour travailler après avoir vécu aux Etats-Unis. La réponse était toujours plus ou moins, « L’éducation aux États-Unis était si ennuyeuse, aucun défi… les étudiants américains sont tellement superficiels, et n’ont aucune idée de quoi que ce soit en dehors des États-Unis… malgré tous ses problèmes, j’ai décidé de revenir à la maison et d’aider à construire une nouvelle Russie … »

Quelques exemples personnels illustrent ce que je ai trouvé : Irina est allée avec ses parents dans l’Oregon au début des années 1990. Son père était un militaire de haut rang en URSS. Après l’effondrement de sa retraite, il voulait s’éloigner de la Russie et des souvenirs de guerres, de vivre ses dernières années paisiblement dans l’Oregon. Sa fille a grandi là, elle est allée au collège et a finalement réalisé qu’elle pouvait être bien plus épanouie en Russie où, aujourd’hui, en tant que journaliste célèbre couvrant les guerres initiées par les Etats-Unis en Syrie et ailleurs, y compris en Ukraine, elle apporte une contribution courageuse à la paix mondiale.

Konstantin est allé aux États-Unis pour travailler comme un jeune journaliste à la radio, a fait une maîtrise de cinéma à New York et a décidé de retourner en Russie où il réalise des documentaires télévisés précieux sur les dangers des OGM et d’autres thèmes importants. Anton est resté en Russie, est entré dans l’édition scientifique et commerciale et a profité de ses connaissances en informatique pour fonder sa propre maison d’édition. Dmitry qui enseigne la physique dans une université allemande respectée, est retourné à son domicile de Saint-Pétersbourg pour devenir professeur et sa femme, qui est aussi physicienne, traduit et gère un site Internet en langue russe ainsi que la traduction en russe de plusieurs de mes propres ouvrages.

Ce que toutes ces connaissances russes, âgées aujourd’hui entre trente et quarante ans, ont en commun c’est qu’ils sont nés lorsque les restes de l’ancienne Russie soviétique étaient encore très visibles, pour le meilleur et pour le pire, mais sont devenus adultes après 1991. Cette génération a un sens du développement, du progrès, du changement dans leur vie qui à présent s’avère inestimable pour façonner l’avenir de la Russie. Ils sont aussi, de par leurs familles et même leur enfance, enracinés dans la vieille Russie, comme Vladimir Poutine, et perçoivent la réalité à la fois de l’ancienne et de la nouvelle.

Désormais, à cause de la sauvagerie ouverte de la politique de Washington contre la Russie, cette génération est à la recherche à ce qui était précieux. Ils se rendent compte que la torpeur bureaucratique abrutissante de l’ère stalinienne fut mortelle pour l’URSS. Et ils se rendent compte qu’ils ont une chance unique de façonner une nouvelle et dynamique Russie du 21e siècle qui ne repose pas sur le modèle en faillite et à présent moribond du siècle américain de Henry Luce et FD Roosevelt.

Ceci constitue à mes yeux le coeur d’une renaissance émergente des esprits chez les Russes qui me donne plus que de l’espoir pour l’avenir. Et, un dernier commentaire, la politique habituelle des soi-disant Dieux de l’Argent, les banquiers de Londres et de New York, depuis au moins l’assassinat en 1881 du tsar Alexandre II, est d’empêcher une alliance pacifique entre l’Allemagne et la Russie. Un des objectifs principaux de la guerre de Victoria Nuland en Ukraine était la rupture de la coopération économique croissante russo-allemande. Une question vitale pour l’avenir de l’Allemagne et de l’Europe sera de savoir si les politiciens allemands continueront à s’agenouiller devant le trône d’Obama, ou son successeur, ou s’ils définiront leurs véritables intérêts dans une coopération plus étroite avec la renaissance économique eurasienne émergente qui est en train d’être façonnée par le Président russe Poutine et le Président chinois Xi.

Ironiquement, c’est la « guerre non déclarée » de Washington, qui est maintenant de facto aussi celle de l’OTAN, contre la Russie qui a suscité cette renaissance remarquable de l’esprit russe. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les Russes commencent à se sentir bien dans leur peau et à sentir qu’ils sont les bons dans un monde peuplé de gens très mauvais. C’est peut-être cela qui sauvera notre monde d’une dictature globale des banquiers et de leurs armées.

F. William Engdahl

 

Article original :

Surrounding Russia

Russia’s Remarkable Renaissance, le 10 mars 2015

New Eastern Outlook, 9 mars 2015

Traduction par VD pour le Grand Soir 

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Le dernier document de stratégie maritime des Etats-Unis intitulé « Une stratégie coopérative pour la puissance maritime au 21ème siècle: en avant, engagé, prêt » rendu public vendredi, montre clairement que Washington va de l’avant dans sa politique du « pivot vers l’Asie » et ses préparatifs militaires contre la Chine. Dans ce contexte, les États Unis continuent d’attiser les tensions en Mer de Chine orientale et méridionale, faisant monter le danger d’une guerre.

Ce document, préparé par l’US Navy, le Corps des Marines et la Garde côtière des États Unis et connu par l’acronyme « CS21R, » est la première mise à jour majeure de la stratégie maritime depuis 2007. Il décrit « un environnement sécuritaire mondial caractérisé par la volatilité, l’instabilité, la complexité et les interdépendances » et se concentre sur « l’importance croissante de la région Inde-Asie-Pacifique. » Il souligne que « l’importance économique, les intérêts stratégiques et la géographie de cette vaste région maritime dictent un recours croissant à des forces navales pour protéger les intérêts américains. »

CS21R insiste sur le fait qu’il est « impératif » pour les États-Unis de maintenir leur prédominance navale mondiale en défense d’intérêts américains clés et d’empêcher « [leurs] adversaires de s’appuyer sur les océans du monde contre [eux]. » Le document fait aussi remarquer que « la capacité de soutenir des opérations dans les eaux internationales loin de notre rives constitue un net avantage pour les Etats-Unis. »

La stratégie américaine de maintien d’une supériorité navale écrasante dans la région Indo-Pacifique est tout sauf innocente. Le plan du Pentagone pour une guerre contre la Chine, nommé « Bataille de l’air et de la mer » repose sur la capacité de monter une attaque aérienne et par missiles massive sur le continent chinois à partir de la mer, visant entre autres les forces militaires et l’infrastructure de la Chine, le tout complété par un blocus économique. Sous prétexte d’assurer « la liberté de navigation, » la marine américaine s’assure la capacité de bloquer les voies maritimes-clés de l’océan Indien dont se sert la Chine pour ses importations d’énergie et de matières premières depuis l’Afrique et le Moyen-Orient.

CS21R réaffirme le plan de l’armée américaine d’un « rééquilibrage » de 60 pour cent de ses forces navales et aériennes vers la région Inde-Pacifique d’ici 2020, c’est-à-dire à peine cinq ans. Il déclare: « La marine maintiendra un groupe porte-avions, des escadrons aériens aéroportés et un groupe d’intervention amphibien au Japon; un sous-marin d’attaque s’ajoutera à ceux déjà stationnés à Guam et … le nombre des navires de combat littoral à l’avant-poste de Singapour [sera porté] à quatre… La marine fournira également à la région ses plateformes de guerre les plus avancées, y compris des navires multi-mission capables d’une défense anti-missiles balistiques, des sous-marins et des avions de surveillance, de renseignement et de reconnaissance. »

De même, le Corps des Marines maintiendra une troupe expéditionnaire navale dans la région, ainsi qu’une force de Marines de rotation en Australie, soutenue par les avions de combat, les navires et les véhicules amphibies les plus récents afin de « donner à ces forces la portée accrue et les capacités améliorées requises dans cette vaste région. »

Le seul aspect « coopératif » de cette stratégie est l’effort fait par des Etats-Unis pour renforcer leurs alliances et partenariats stratégiques contre la Chine dans toute la région indo-pacifique. Ceci est mis en exergue dans le document comme le principal « défi lorsque [les Etats-Unis] font usage de force ou d’intimidation contre d’autres nations souveraines pour faire valoir des revendications territoriales. »

En fait, c’est Washington qui a délibérément enflammé les disputes maritimes dans l’ouest du Pacifique et encouragé le Japon, les Philippines et le Vietnam à mettre agressivement en avant leurs revendications territoriales contre la Chine.

La décision provocatrice du gouvernement japonais en 2012 de « nationaliser » les îlots rocheux inhabités (Senkaku au Japon et Diaoyu en Chine) en Mer de Chine orientale, a mis en mouvement une confrontation dangereuse et en cours d’escalade. Le New York Times a rapporté la semaine dernière depuis la base aérienne japonaise de Naha « [qu’]au moins une fois par jour, des avions de combat japonais F-15 décollent en rugissant afin d’intercepter des avions étrangers, principalement chinois » près des îles contestées. Parfois, écrit le quotidien, ils font face à des chasseurs chinois « dans des prouesses de pilotage et de maîtrise de soi à faire blêmir. »

Alors que les Etats-Unis disent être nominalement neutres dans ce différend territorial, le président Obama s’est publiquement engagé l’année dernière à soutenir le Japon dans une guerre avec la Chine à propos de ces îles. La collaboration militaire américano-japonaise avance rapidement y compris dans la formation des unités de Marines japonaises pour « la défense de l’île » et le développement de systèmes de missiles anti-balistiques, nécessaires pour combattre dans une guerre nucléaire. L’armée japonaise prévoit le stationnement d’un autre escadron de F-15 à Naha et construit une base de radar sur l’île de Yonaguni – sa première nouvelle base militaire depuis des décennies.

Les tensions en Mer de Chine méridionale sont encore plus intenses. En décembre dernier, Washington a abandonné son semblant de neutralité dans les conflits maritimes de la région en publiant un rapport du Département d’Etat qui déclarait que les revendications chinoises violaient le droit maritime international. Dans les coulisses, les Etats-Unis soutiennent une contestation judiciaire des Philippines, soutenue par le Vietnam, des revendications territoriales de Pékin en Mer de Chine méridionale.

Au cours du mois dernier, les médias et l’establishment militaire et politique américains ont fait monter la pression sur la Chine et attaqué ses projets de construction sur des îles et récifs administrés par elle en Mer de Chine méridionale. Dans des commentaires au Sénat fin février, le directeur du renseignement national James Clapper a déclaré que la Chine s’efforçait « de façon agressive » de s’assurer le contrôle de voies maritimes stratégiques. Le sénateur républicain John McCain a été encore plus inflammatoire et a suggéré que la Chine était en train de construire des aérodromes et des bases de missiles qui pourraient interdire l’accès de la région à la marine américaine.

Sous couvert de « liberté de navigation, » les États-Unis sont déterminés à maintenir leur « droit » de positionner une puissance de feu navale importante dans les eaux sensibles bordant la Chine continentale et à proximité de ses bases militaires. Non seulement Washington soutient les Philippines et le Vietnam dans leurs différends territoriaux, il encourage encore le Japon et l’Inde à maintenir une présence militaire plus importante en Mer de Chine méridionale.

Le document CS21R souligne le caractère irresponsable de la politique étrangère et militaire américaine. En réponse à l’effondrement du capitalisme mondial, l’impérialisme américain est déterminé à maintenir et à renforcer son hégémonie mondiale à tout prix, poursuivant une stratégie qui alimente inexorablement, que ce soit en Asie, au Moyen-Orient ou en Europe de l’Est, une confrontation avec des pouvoirs disposant de l’arme nucléaire – la Chine et la Russie.

Le danger d’une guerre nucléaire a dernièrement été mis en évidence par le magazine The Economist. Dans un article publié ce mois-ci et intitulé « The New Age, » celui-ci concluait qu’« un quart de siècle après la fin de la guerre froide, le monde fait face à une menace croissante de conflit nucléaire. »

Bien que traitant principalement des dangers posés par la guerre en Ukraine, l’article mettait aussi en garde contre une course aux armements nucléaires et des conflits en Asie. Notant « [qu’]une crise, par exemple à Taiwan, pourrait dégénérer de façon alarmante, » le magazine dit que « le Japon, voyant l’armée conventionnelle se renforcer en Chine, pourrait considérer qu’il ne peut plus compter sur l’Amérique pour sa protection. S’il en était ainsi, le Japon et la Corée du Sud pourraient développer des bombes nucléaires créant, avec la Corée du Nord, un autre affrontement régional terrifiant. »

Peter Symonds

Article original, WSWS, publié le 14 mars 2015

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Le défilé annuel des anciens combattants et partisans de la légion lettonne Waffen SS, qui faisait partie des forces nazies, a eu lieu lundi 16 mars à Riga, capitale de la Lettonie.

Près d’une centaine de personnes se sont rassemblées lors d’un défilé dans le centre de Riga, des fleurs ont été déposées près du Monument de la Liberté.

Des anciens combattants de la Waffen SS (branche militaire de la SS, initialement l’organisation de protection rapprochée d’Hitler) et des députés de la Saeima (parlement letton) ont participé à cet évènement annuel.

 

 

Plusieurs centaines de policiers et d’agents de sécurité ont été mobilisés pour assurer la sécurité lors du défilé. Aucun incident majeur n’a été enregistré.

Auparavant, Konstantine Dolgov, délégué du ministère russe des Affaires étrangères aux droits de l’homme, à la démocratie et à la suprématie de la loi a fermement critiqué la tradition du défilé SS comme «une insulte à la mémoire des millions des victimes de la Seconde guerre mondiale».

«Cela contredit directement les obligations internationales de la Lettonie, et en particulier les décisions du tribunal de Nuremberg», a estimé le responsable russe, cité par Interfax.

Le légion lettonne des «Waffen SS» a été créée en 1943 et faisait partie des forces nazies. La date du 16 mars a été choisie en commémoration des premiers combats des forces lettonnes SS contre l’armée soviétique en 1944. Les Lettons combattant pour l’Allemagne nazie étaient alors regroupés dans la 15ème division SS de grenadiers «Lettland». Pendant quelques années après le démantèlement de l’URSS et la proclamation de l’indépendance de la Lettonie, c’était un jour férié officiel dans le pays; des réactions négatives de la Russie et des Occidentaux ont ensuite poussé à son abrogation. Le défilé des anciens légionnaires SS se tient néanmoins chaque année à Riga.

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Projet de loi anti-terroriste C-51 : Une vraie menace

mars 16th, 2015 by Manon Cornellier

La menace terroriste est devenue la justification passe-partout du gouvernement conservateur pour défendre les contours flous de la mission en Irak et dénigrer quiconque ose critiquer ses initiatives, en particulier le projet de loi antiterroriste C-51.

Jeudi, en comité, il fallait voir les conservateurs à l’oeuvre. Ils ont passé leur temps à faire la leçon aux témoins, tentant même à maintes reprises de mettre en doute leur crédibilité. La tactique a fait chou blanc parce que tous, y compris ceux plus ouverts aux arguments du gouvernement, avaient des problèmes à souligner.
Cette attitude conservatrice révèle un malheureux aveuglement devant les dangers réels que pose ce projet de loi. Pour la protection de la vie privée, pour le droit d’être à l’abri de mesures arbitraires, pour le respect de l’État de droit et de l’ordre constitutionnel, au dire même des plus éminents juristes canadiens en matière de sécurité.
Le gouvernement refuse de le reconnaître, trop heureux de compter sur l’appui d’une majorité de Canadiens que le contexte actuel inquiète. Mais les citoyens doivent savoir qu’on ne leur propose pas un juste équilibre, loin de là, entre la protection contre le terrorisme et la préservation de leurs droits et libertés.
Impossible ici d’en faire le portrait complet, mais voici un court, très court, échantillon des véritables dangers posés par ce projet de loi. Et encore, ce n’est qu’un résumé.
L’atteinte à la vie privée d’abord. Le projet de loi permettra à 17 ministères et agences d’échanger toute information personnelle déjà en leur possession s’ils l’estiment nécessaire pour protéger la sécurité du pays. Le commissaire à la vie privée, Daniel Therrien, a sonné l’alarme avec son mémoire transmis au comité. Selon lui, « l’ampleur de la communication d’information proposée est sans précédent, la portée des nouveaux pouvoirs conférés par la loi est excessive, d’autant plus que ces pouvoirs touchent les Canadiens ordinaires, et les garanties juridiques propres à assurer le respect de la vie privée laissent grandement à désirer ».
L’avocat Paul Champ lui a fait écho, notant que le projet de loi « transformerait en espions tous les fonctionnaires des ministères cités et faciliterait la création de dossiers secrets sur des Canadiens simplement parce qu’un fonctionnaire inconnu trouverait suspects ou inhabituels leurs comportements, mode de vie, opinions ou associations ».
Professeur de droit spécialiste des questions de sécurité, Craig Forcese a, avec son collègue de l’Université de Toronto Ken Roach, décortiqué C-51. Ensemble, ils ont produit plus de 200 pages d’analyse. Les deux juristes trouvent trop large la définition de ce qui constitue une menace à la sécurité du Canada pouvant justifier cet échange d’informations (de votre déclaration de revenus à votre dossier de voyageur). Elle dépasse largement le terrorisme pour inclure, par exemple, l’entrave au fonctionnement d’infrastructures essentielles. Selon ces experts, la définition plus étroite déjà contenue dans la loi du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) aurait suffi.
De plus, en vertu de la nouvelle définition, quiconque se livre à de la désobéissance civile non violente pour défendre un point de vue légitime pourrait se retrouver pris dans ce filet d’échange de données. Cette personne n’aurait aucun véritable recours, pas même celui de poursuivre le gouvernement advenant une erreur lui causant du tort. De toute l’affaire Arar, c’est à peu près tout ce que le gouvernement a retenu, se protéger contre les poursuites coûteuses.
C-51 a aussi une incidence sur l’ordre constitutionnel et sur la protection des citoyens contre des mesures arbitraires en accordant au SCRS le pouvoir de perturber une menace au moyen d’actes illégaux ou en contravention de la Charte des droits et libertés. Pour s’y livrer, le SCRS devra obtenir un mandat d’un juge de la Cour fédérale.
En d’autres mots, on crée un système pour permettre de contrevenir à la Charte sans avoir recours à la disposition de dérogation (« clause nonobstant »). Et sans grands garde-fous. Les gestes illégaux posés au Canada ou à l’étranger devraient être tout au plus « justes et adaptés aux circonstances », ne pas causer la mort ou de lésions corporelles, ne pas porter atteinte à l’intégrité sexuelle d’un individu et ne pas « volontairement » contrecarrer le cours de la justice.
Rien n’interdit la détention secrète ou le kidnappage. Tant Paul Champ que Craig Forcese ont noté que rien n’empêcherait de mettre sur pied un système de détention parallèle et secret. À l’image de ce qu’a fait la CIA.
« Cette idée que le Parlement pourrait autoriser une violation de la Charte […] est tout à fait inconstitutionnelle », a tranché le professeur Ron Atkey, premier président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS).
 Ce projet de loi est du jamais vu. Pourtant, une majorité de Canadiens l’appuient. Avons-nous peur au point d’être prêts à donner pareille carte blanche au gouvernement et à ses espions ? Sommes-nous conscients du prix à payer ? Le gouvernement ne tient pas à nous le rappeler. Au contraire, il espère notre capitulation satisfaite.

Manon Cornellier

ledevoir.com

14 mars 2015

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ANTIMEDIA) LONDON, UK – Les citoyens du Royaume-Uni constituent probablement la population la plus surveillée de l’histoire de l’humanité. Oubliez la mainmise toujours plus grande de la NSA sur toutes les formes de communications possibles. Nous parlons de caméras… partout.

La ville de Londres est équipée de milliers de caméras, comme Manchester, Liverpool, Birmingham et, comme je l’ai dit, elles sont partout. Pour une nation de 64 millions d’habitants, le Royaume-uni compte une caméra de vidéo surveillance pour 11 personnes.

La British Security Industry Authority (BSIA) [L’Autorité britannique sur la sécurité industrielle NdT]estime qu’il y a près de 5,9 millions de caméras de télévisions en circuit fermé, dispersées à l’intérieur du Royaume-Uni, dont 750.000 sont situées dans des zones sensibles comme les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite. Cette statistique date de 2013, mais pensez-vous qu’ils aient décidé d’arrêter un seul instant l’expansion de leur État orwellien durant ces deux dernières années? Il est plus probable que ces chiffres se soient accrus de façon exponentielle depuis deux ans.

L’information la plus remarquable, presque insondable, au sujet des caméras de vidéo-surveillance au Royaume Uni, est que personne ne connait véritablement leur nombre.

Simon Adcock, de la BSIA, à déclaré en 2013: «A cause du fait qu’il n’existe pas de source de données unique et fiable, aucun chiffre ne peut être considéré comme certain». Donc il dit sans fard qu’il y a tant de ces satanés trucs qu’ils ne sont plus comptés depuis longtemps. Il voit que la BSIA a donné un nombre au pifomètre dans le but d’apaiser la population.

Voici maintenant la cerise sur le gâteau… Il semble, selon Scotland Yard, qu’il n’y ait pas assez de caméras de surveillance pour espionner les citoyens innocents du Royaume-Uni.

Sir Bernard Hogan Howe, le chef des services de la police métropolitaine de Londres, appelle instamment les habitants à installer des caméras de vidéo-surveillance dans leurs foyers et leurs locaux professionnels. Pour la sécurité. C’est préférable…

Sir Bernard encourage les habitants à installer des caméras à hauteur des yeux parce que, selon le chef de Scotland Yard,

«Les logiciels de reconnaissance faciale se sont améliorés et nous pouvons maintenant les appliquer aux images de cambriolages et ensuite les comparer avec les images que nous prenons lorsque nous arrêtons les gens.

» Nous devons être capables de comparer cette photographie avec les images que nous avons des personnes commettant un crime.

» Prendre le haut du visage n’est pas d’une grande utilité lorsqu’il s’agit d’une reconnaissance faciale, celle-ci se fie au yeux et à la configuration de la zone autour du nez et de la bouche. Nous essayons donc de faire en sorte qu’idéalement, les gens installent leur caméra au niveau du visage.

» Si une des personnes qui m’écoutent a un local où il exerce une activité professionnelle, qu’elle pense aussi à acquérir une nouvelle caméra, elle ne sont vraiment pas chères. Si vous ne pouvez pas en acheter une, peut-être pouvez vous penser à la déplacer avec vous?

 

Une authentique propagande crasseuse, générée pour instiller la peur chez ceux qui sont assez naïfs pour renoncer à leur intimité.

 

Sir Bernard veut porter l’atteinte à l’intimité des honnêtes gens du Royaume-Uni à un niveau tel qu’il les encourage à installer des caméras vidéo à reconnaissance faciale, à l’intérieur même de leurs espaces les plus intimes? Wow.

Le gouvernement doit-il vraiment scruter nos moments les plus intimes d’isolement pour nous protéger ?

Sommes-nous véritablement arrivés à un point tel de notre civilisation que nous installons des caméras équipées de reconnaissance faciale dans nos foyers? Et ceci dans une société qui, je vous le rappelle, est supposée libre.

Non merci, Sir Bernard.

Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici.

 SM Gibson

 Article original : Scotland Yard Chief Wants CCTV Cameras in EVERY Home, 9 mars 2015

Traduit par Lionel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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MH-17: The Cover-Up Deal (MH-17 (l’arrangement sur le camouflage) ; c’est le titre d’un ouvrage explosif du journaliste Joost Niemoller, publié aux Pays-Bas en octobre dernier.

Un seul des grands journaux néerlandais, De Volkskrant, a donné l’occasion à Niemoller de parler de son livre. En voici la traduction.

«Trois mois après l’attaque perpétrée contre le vol MH-17, le mécontentement et la frustration ne cessent de croître aux Pays-Bas. La colère vise le gouvernement, qui semble incapable de fournir des réponses satisfaisantes à propos des responsables de l’attaque. Elle s’est d’abord manifestée lorsque Frans Timmerman, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, a indiqué (le 8 octobre) qu’une des victimes portait un masque à oxygène. Le gouvernement néerlandais en saurait-il beaucoup plus que ce qu’il est prêt à révéler?

L’arrangement entre Kiev et le gouvernement hollandais rend impossible les recherches de preuves sur le site.

Le gouvernement avait aussi fait une promesse au lendemain de l’écrasement, lorsque le premier ministre Rutte a dit qu’aucune piste ne devrait être négligée. Sauf que certaines pistes semblent moins empruntées que d’autres. Le gouvernement répond maintenant aux questions des députés sur les faits entourant l’attaque en leur disant d’attendre les résultats de l’enquête. L’attente risque d’être très longue. D’ici un an, le Conseil national de la recherche néerlandais va publier un rapport qui ne dira rien à propos du responsable de l’attaque, parce que cela ne cadre pas avec ses intentions. Le procureur général a seulement mentionné au passage que l’enquête a commencé et que l’on cherche à en savoir plus à propos d’un missile. Sauf que le problème structurel réel de cette enquête initiée par le gouvernement ne retient aucunement l’attention.

Les Pays-Bas, le pays à la tête de l’enquête internationale, ont organisé l’enquête confiée au procureur général et au Conseil national de la recherche d’une manière qui les empêche de progresser de manière objective et qui s’explique par le cours des événements. L’Ukraine a été le premier pays à enquêter, ce qui est assujetti à des ententes internationales sous l’égide de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Après plusieurs jours de pourparlers secrets avec le ministre des Affaires étrangères néerlandais Timmermans à Kiev, l’enquête a été déléguée aux Pays-Bas, au moyen d’une série de nominations. Les ententes conclues entre le Conseil national de la recherche et Kiev n’ont pas été publiées initialement, mais ont été affichées fortuitement sur le site Web du conseil. Il convient de noter que cela s’est passé au moment même où le gouvernement néerlandais informait la Chambre des représentants que ces ententes ne devraient pas être rendues publiques.

Les ententes en question prévoient entre autres que l’Ukraine et les Pays-Bas s’engagent à assurer un échange d’information complet, à se soumettre l’un et l’autre au secret et à garantir la participation d’enquêteurs ukrainiens à l’enquête menée par les Néerlandais. Quant aux ententes se rapportant au procureur général, elles ont été rendues publiques grâce au procureur général ukrainien Yuri Boychenko, qui n’a su tenir sa langue lors d’une conférence de presse à Kiev le 10 août annonçant la signature d’un accord de non-divulgation, lorsqu’il a dit que les Pays-Bas, l’Ukraine, la Belgique, l’Australie et (peut-être aussi) la Malaisie avaient un droit de veto relativement à la poursuite de l’enquête. Par conséquent, si certains résultats ne sont pas du goût de Kiev, l’enquête sera annulée. Le gouvernement néerlandais est demeuré silencieux à propos de cette entente avec le procureur général.

Le premier ministre néerlandais Rutte est ainsi devenu la marionnette de Kiev. L’enquête ne peut donc aboutir qu’à un résultat : ce sont les séparatistes qui ont fait le coup. La plupart des Néerlandais ne vont pas s’en formaliser outre mesure. Ce que la plupart des gens croient, c’est que ce sont les séparatistes qui ont abattu le vol MH17 à l’aide d’un missile. Il ne reste qu’à le prouver. C’est aussi ce qui ressort dans les médias, ce qui mène à une vision étriquée. Tout ce qui pointe dans cette direction alimente l’hystérie, comme cet article vague publié dans le journal allemand Der Spiegel ayant pour titre «Nous les avons! Des photos des satellites américains montrent que les séparatistes sont les coupables!» Pourquoi ne pouvons-nous pas les voir, alors ?

L’article en question ne porte pas du tout sur des photos satellites, il ne fait que parler d’analyses de photos satellites et du fait que la chaîne de télé allemande ARD (qui a aussi rapporté des fuites d’information à propos de la réunion) a parlé d’options plausibles que les services secrets auraient apparemment partagées avec des députés du Bundestag membres d’une commission allemande, ce sur quoi on a fermé les yeux dans l’énervement général. Des nouvelles comparables et même des faits qui pointent en direction de l’Ukraine sont passés sous silence par les médias néerlandais. Un exemple éloquent de vision étriquée.

Le mécontentement ne peut qu’empirer. Les ententes conclues entre le gouvernement néerlandais et Kiev font en sorte qu’il devient en pratique impossible d’enquêter sur le lieu du crash et d’obtenir des éléments de preuve (à l’exception des corps et de quelques bagages). Tout ce que le procureur général peut faire, c’est d’examiner des images sur Internet. Il est possible que les particules de métal trouvées sur le lieu du crash soient d’une quelconque utilité. Mais même cela est entouré d’un silence mystérieux.

D’un point de vue plus général, la nature de ce genre d’attaque rend pratiquement impossible d’en identifier l’auteur. Au cours des soixante dernières années, un avion de ligne a été touché en vol à vingt reprises par un missile sol-air ou par un avion de combat pendant une opération militaire, habituellement de façon accidentelle. Dans tous les cas, on est parvenu à un règlement en dehors du tribunal. Les parties ont été soudoyées. Même lorsque la preuve ne faisait aucun doute comme en 2001, quand l’Ukraine a descendu un avion de ligne au moyen d’un missile. Les intérêts politiques ont toujours préséance sur la vérité. Le vol MH17 ne fera pas exception à cette règle.

La frustration des Néerlandais ne joue aucun rôle en politique internationale. Mais le premier ministre des Pays-Bas ne devrait pas se contenter du minimum. »

Pepe Escobar

Traduit par Daniel, relu par jj et Diane pour Le Saker francophone, le 9 mars 2015

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

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Obama se sent « menacé » par le Venezuela

mars 15th, 2015 by Atilio A. Boron

Le président a annoncé une mesure d’« urgence nationale » contre le Venezuela qui représenterait « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure  ». Maduro a immédiatement rappelé son plus haut représentant à Washington.

Le président étasunien, Barack Obama, a présenté hier le Venezuela comme une « menace » à la sécurité nationale et a publié un décret annonçant des sanctions à l’encontre de sept hauts responsables vénézuéliens. Son homologue, Nicolás Maduro, qui accuse les Etats-Unis de financer des campagnes de déstabilisation dans son pays déclare qu’ « Obama a pris l’initiative la plus agressive, injuste et désastreuse jamais subie par le Venezuela ». Son gouvernement a immédiatement rappelé son chargé d’Affaires à Washington, Maximilien Sánchez Arveláiz. En outre, le vice-président du parti au pouvoir, le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), Diosdado Cabello, affirme que les Etats-Unis prévoient des « frappes militaires » contre son pays.

Obama a annoncé une mesure « d’urgence nationale » face à la « menace inhabituelle et extraordinaire » que représente la situation dans le pays sud-américain pour la sécurité nationale et la politique extérieure de Washington. Les sanctions prévues par le décret « sont basées sur la loi en faveur de la défense des droits de l’homme et de la société civile de 2014 au Venezuela, ratifiée par le leader démocrate le 18 décembre 2014 et vont au-delà des conditions requises par cette législation », soutient le document de la Maison Blanche. Le porte-parole, Josh Earnest, a déclaré à cet égard que « les fonctionnaires vénézuéliens passés et actuels qui violent les droits de l’homme de leurs concitoyens et se livrent à la corruption publique n’ont pas leur place ici ; par ailleurs nous disposons maintenant des moyens nécessaires pour geler leurs avoirs et les empêcher d’utiliser les systèmes financiers des Etats-Unis ». Il a également affirmé qu’Obama se montrait « particulièrement préoccupé par l’ampleur des tentatives d’intimidation du gouvernement vénézuélien à l’encontre de ses opposants politiques ». La Maison Blanche réclame de ce fait que le gouvernement de Maduro « libère tous les prisonniers politiques, c’est-à-dire des dizaines d’étudiants, le leader de l’opposition, Leopoldo López, et les maires Daniel Ceballos y Antonio Ledezma ».

Les sanctions visent Antonio José Benavides, commandant des Régions Stratégiques pour le Développement Intégré des Forces Armées Nationales Bolivariennes (FANB) ; Gustavo González López, directeur général des Services de Renseignements Nationaux ; Justo Noguera Pietri, président de la Corporation Vénézuelienne de Guyane (CVG), compagnie minière étatisée. Cette liste comprend également Katherine Haringhton, procureur au niveau national du 20ème bureau de district du ministère public du Venezuela ; Manuel Eduardo Pérez Urdaneta, directeur de la Police Nationale Bolivarienne ; Manuel Bernal Martínez, chef de la 31ème Brigade Blindée de Caracas, de l’Armée Bolivarienne et ex directeur général des Services Secrets, et Miguel Vivas Landino, inspecteur général des Forces Armées Bolivariennes. Le décret doit conduire à bloquer ou geler les avoirs et les biens des personnes concernées par ces sanctions, sur le sol américain, et interdit aux citoyens usaméricains toute transaction commerciale avec elles.

Diosdado Cabello, président de l’Assemblée Nationale et vice-président du PSUV, fait corps avec ces fonctionnaires et a récusé les sanctions « de façon percutante ». « Monsieur Obama, vous et votre impérialisme allez devoir sanctionner de nombreuses personnes, un très grand nombre de vénézuéliens qui sommes prêts à donner nos vies pour la révolution bolivarienne », a-t-il mis en garde. Il ajoute : « De quelles armes disposons-nous pour menacer les Etats-Unis d’Amérique ? Seulement la dignité, le courage, l’amour, la fermeté d’un peuple qui a opté pour sa liberté ». Hier, le gouvernement vénézuélien a ainsi rappelé “immédiatement ” son chargé d’Affaires aux Etats-Unis et plus haut diplomate en poste à Washington, Maximilien Sánchez Arveláiz. Les relations entre Washington et Caracas se trouvent donc actuellement entre ses mains.

La ministre vénézuélienne des Affaires Étrangères Delcy Rodríguez a déclaré hier qu’elle répondrait « très vite » à l’ordonnance rendue par le président Obama pour l’application des nouvelles sanctions. « Nous ne souhaitons pas mélanger les politiques internationales et nous ferons très vite connaître la position du Venezuela quant à la portée de ces déclarations », a-t-elle annoncé lors d’une conférence de presse donnée pour répondre à d’autres questions internationales. Le gouvernement avait auparavant qualifié les sanctions d’ « arrogantes ». La semaine dernière, Maduro avait déjà annoncé la diminution du personnel diplomatique sur la centaine de fonctionnaires en poste à l’Ambassade des Etats-Unis à Caracas et avait décidé de la demande de visas de tourisme pour les nord-américains se rendant au Venezuela.

Les Sénateurs et membres du Congrès latinos ont applaudi la décision d’Obama de sanctionner les sept fonctionnaires vénézuéliens, bien qu’ils considèrent que l’administration démocrate ait vu trop juste et qu’il conviendrait de compléter la liste des « 7 ». Les sénateurs Robert « Bob » Menéndez et Marco Rubio ont appelé Obama à prendre des mesures contre le ministre de la Défense vénézuélien Vladimir Padrino pour l’aval qu’il donne aux forces de sécurité de son pays à l’usage de « la force meurtrière contre des manifestants pacifiques » au Venezuela. « Ce général devrait figurer en bonne place sur la liste, mais curieusement il en a été écarté », se plaint Rubio.

Les relations entre le Venezuela et les Etats-Unis ont subi des hauts et des bas jusqu’en 2010, où les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs. La tension s’est accrue ces dernières semaines après les accusations portées par le gouvernement vénézuelien contre le pays du Nord qui serait derrière un coup d’État avorté le 11 février.

« Manigances putschistes »

« Le décret signé aujourd’hui (pour hier) par le président Barack Obama dans lequel il dénonce la menace extraordinaire et inhabituelle que représente le Venezuela pour la sûreté nationale et la politique extérieure des États-Unis est la justification d’une attaque militaire contre le Venezuela », a déclaré Oscar Laborde, directeur de l’Institut d’Études de l’Amérique latine (Instituto de Estudios de América latina) et dirigeant du Front Transversal (Frente Transversal). « Il est maintenant évident que les manigances putschistes de la droite vénézuélienne dénoncées par le président Nicolás Maduro bénéficient du soutien des États-Unis, qui n’attend qu’une chose : des troubles intérieurs dans ce pays pour pouvoir intervenir militairement, enrayer le processus bolivarien et avoir accès au pétrole, qui a déjà servi de déclencheur à ses nombreuses guerres », conclut Laborde.

Atilio Boron

Article original : Obama se siente “amenazado” por Venezuela, Página 12. Buenos Aires, 10 mars 2015.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Florence Olier-Robine

El Correo. Paris, le 12 mars 2015

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Barack Obama, potiche décorative qui ne réussit pas à empêcher qu’un fou comme Benjamin Netanyahu s’adresse aux deux chambres du Congrès pour faire capoter les pourparlers avec l’Iran à propos de son programme nucléaire, a reçu un ordre sans appel du complexe « militaro-industriel-financier » : créer les conditions justifiant une intervention militaire en République Bolivarienne du Venezuela. Le décret présidentiel diffusé il y a quelques heures par le bureau de presse de la Maison Blanche affirme que le pays de Bolivar et de Chávez « constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis », raison pour laquelle « je proclame l’urgence nationale pour y faire face ».

D’ordinaire, ce genre de déclarations précèdent l’agression militaire, que ce soit directement, comme ce fut le cas lors de l’invasion sanglante du Panama, dans le but d’évincer Manuel Noriega, en 1989, ou par propagation, comme par exemple en Asie du Sud-Est qui déboucha sur la guerre d’Indochine, plus particulièrement du Vietnam, à partir de 1964. Mais ce peut être aussi le prélude à un autre genre d’opérations militaires, où les Etats-Unis agissent de concert avec leurs valets européens, noyautés au sein de l’OTAN, et les théocraties du pétrole de la région concernée. Quelques exemples : la Première Guerre du Golfe, en 1991 ; ou la guerre d’Irak, 2003-2011, avec l’enthousiaste participation de la Grande Bretagne de Tony Blair et de l’Espagne de l’insortable José María Aznar ; ou le cas de la Libye, en 2011, et de la bouffonnerie ubuesque montée à Benghazi, où de supposés « combattants de la liberté » –dont on a découvert plus tard qu’ils n’étaient que des mercenaires engagés par Washington, Londres et Paris – pour renverser Kadhafi et transférer le contrôle des richesses pétrolières de ce pays à leurs maîtres. Parmi des affaires plus récentes, on peut citer le cas de la Syrie et, surtout, celui de l’Ukraine, où le « changement de régime » désiré si ardemment, but que poursuit sans trêve Washington pour redessiner le monde –en particulier l’Amérique Latine et la Caraïbe– à son image a pu se réaliser grâce à la précieuse collaboration de l’Union Européenne et de l’OTAN, dont la conséquence a été le bain de sang qui continue au jour d’aujourd’hui. Le surprenant Prix Nobel de la Paix 2009 a même envoyé madame Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe aux affaires eurasiatiques, à Kiev, place Maidan, pour exprimer sa solidarité aux manifestants, y compris aux bandes de néonazis qui allaient prendre le pouvoir par le feu et l’épée et à qui l’aimable fonctionnaire remettait biscuits et bouteilles d’eau, pour prouver par ce geste si affectueux, que Washington était, comme toujours, du côté de la liberté, des droits de l’homme et de la démocratie.

Quand un « État vaurien » comme les Etats-Unis, qui violent systématiquement les lois internationales, profère des menaces comme celle dont nous parlons, il ne faut pas le prendre à la légère. Surtout si l’on se souvient de la force d’une vieille tradition politique nord-américaine, qui consiste à fomenter des attentats contre eux-mêmes, prétextes utilisés pour justifier leur immédiate riposte militaire. Ce fut le cas en 1898, lorsqu’ils provoquèrent l’explosion du croiseur américain Maine, dans la baie de La Havane, tuant les deux tiers de son équipage et provoquant l’indignation de l’opinion publique usaméricaine, qui poussa Washington à déclarer la guerre à l’Espagne. Ce fut encore le cas à Pearl Harbor, en décembre 1941, où 2403 marins nord-américains périrent et 1178 autres furent blessés, victimes de cette infâme manœuvre. Puis, de nouveau lorsqu’ils ont ourdi l’incident du Golfe du Tonkin pour « vendre » leur guerre en Indonésie : l’attaque présumée du Nord Vietnam contre deux croiseurs nord-américains –finalement démasquée comme étant une opération de la CIA- amena le président Lyndon B. Johnson à décréter l’urgence nationale et, peu après, à déclarer la guerre au Vietnam du Nord. Maurice Bishop, lui aussi, sur la petite île de Grenade, fut considéré comme une menace à la sécurité nationale nord-américaine en 1983, dûment renversé et liquidé par une invasion de marines. Que dire de l’attentat, plus que suspect, du 11 septembre pour lancer la « guerre contre le terrorisme » ? L’histoire pourrait se poursuivre indéfiniment.

En conclusion : il n’y aurait rien de surprenant à ce qu’Obama, dans les prochaines heures, ou jours, autorise une opération secrète de la CIA ou d’autres services ou même des forces armées vénézuéliennes contre un objectif américain sensible au Venezuela. Par exemple, l’ambassade de Caracas. Ou quelque autre opération terrifiante au Venezuela contre d’innocents civils lambda, comme ce fut le cas lors des « attentats terroristes » qui secouèrent l’Italie – l’assassinat d’Aldo Moro, en 1978 ou l’explosion de la bombe à la gare de Bologne en 1980- pour créer la panique et justifier la réponse de l’empire amené à « restaurer » le respect des droits de l’homme, la démocratie et les libertés publiques. Des années plus tard, on a découvert qu’en réalité, ces crimes avaient été perpétrés par la CIA. N’oublions pas que Washington a approuvé le coup d’État de 2002 au Venezuela, peut-être pour protéger leur ravitaillement en pétrole avant d’attaquer l’Irak. Aujourd’hui, c’est une guerre sur deux fronts qui se joue : la Syrie/ l’État Islamique et la Russie, en voulant aussi assurer leurs arrières au niveau de l’énergie. C’est grave, très grave ! Une solidarité active et immédiate des gouvernements sud-américains s’impose afin de dénoncer et de contrecarrer une telle manœuvre.

Atilio Boron

Article original : Preparando la agresión militar a Venezuela, Buenos Aires, 9 mars 2015

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Florence Olier-Robine

Pour tout contact professionnel avec la traductrice : [email protected]
Complément d’information :
« ESPAGNE ET LA TERTIARISATION DU CHAOS AU VENEZUELA ».
Carlos Fazio, 29 septembre 2014.

El Correo. Paris, le 12 mars 2015

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Atilio A. Boron Directeur du PLED, Programme Latino-américain d’Éducation à Distance en Sciences Sociales. Centre Culturel de la Coopération Floreal Gorini.

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L’espion qui aurait aidé trois jeunes filles britanniques à rejoindre le groupe État islamique le mois dernier serait un citoyen syrien collaborant avec le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS), atteste un rapport des services de renseignement turcs obtenus par CBC.

Le document en question indiquerait que le Dr Mehmet Resit, de son vrai nom Mohammad al-Rashed, a été arrêté le 28 février en possession d’un passeport syrien.

Le réseau anglais de Radio-Canada rapporte, toujours sur la base de la documentation obtenue, que l’homme a fourni de l’information sur le voyage des trois jeunes au SCRS le 21 février.

Lors de son interrogatoire, il aurait déclaré aux agents turcs « qu’il travaillait pour les services de renseignement canadiens, qu’il voyageait de temps à autre en Jordanie avec des billets payés par le service [de renseignement] et qu’il partageait de l’information qu’il avait obtenue avec l’ambassade canadienne en Jordanie ».

Le document fait également état de messages textes que M. Al-Rashed aurait échangés avec des membres du SCRS. Fait à noter, aucun paiement provenant des services canadiens n’a toutefois été retrouvé.

Il semblerait donc que l’homme à l’origine de nombreuses questions depuis jeudi soit un collaborateur pigiste du SCRS, et non un employé en bonne et due forme.

Ces informations portent un éclairage nouveau sur les déclarations du chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu, qui a pris la parole vendredi. « La personne que nous avons arrêtée est quelqu’un travaillant pour le service de renseignement d’un pays de la coalition » menée par les États-Unis, a indiqué M. Çavusoglu lors d’un point de presse à Ankara. Cette personne « est de nationalité syrienne », a-t-il ajouté, sans fournir d’autres détails.

Premières images

Des images de la rencontre entre l’espion présumé et les jeunes filles avant leur départ pour la Syrie, apparemment dans une gare routière du sud de la Turquie, ont par ailleurs été diffusées vendredi par la chaîne de télévision A Haber.

L’agent a filmé les images lui-même, selon le quotidien Sabah. Les trois jeunes filles n’y sont que partiellement visibles et portent toutes le voile islamique. L’homme leur parle dans un mélange d’anglais et d’arabe.

« Allons-y ma soeur ! Va vers cette voiture », dit l’homme pendant le chargement des bagages. « J’oublie de vous donner les passeports », ajoute-t-il dans un éclat de rire, avant d’assurer aux jeunes filles qu’il n’y a qu’une heure de voiture jusqu’à la frontière syrienne.

D’autres images montrant le même homme, barbu et muni de lunettes, comparaissant devant un juge, ont été diffusées.

M. Çavusoglu avait annoncé jeudi que son pays avait arrêté une personne « ayant aidé les trois adolescentes britanniques à passer en Syrie » depuis la Turquie, et d’ajouter que le pays en question pour lequel il travaillait n’était ni les États-Unis ni un pays de l’Union européenne.

Le journal turc Milliyet a affirmé vendredi que cet agent était de nationalité canadienne, mais cette information avait été rejetée la veille à Ottawa, où une source officielle a indiqué à l’AFP que « l’individu n’était pas un citoyen canadien » ni « un employé du SCRS ». Le quotidien Sabah a maintenu que le Syrien travaillait pour le renseignement canadiens.

Annonce tardive

Trois amies proches, Kadiza Sultana, 16 ans, Shamina Begum et Amira Abase, toutes deux âgées de 15 ans, ont pénétré en Syrie le 17 février après avoir voyagé en avion de Londres à Istanbul. Elles s’étaient rendues en bus jusqu’à la ville turque de Sanliurfa, près de la frontière syrienne, selon l’enquête turque.

La Turquie avait reproché aux autorités britanniques d’avoir tardé à annoncer le départ des trois adolescentes de leur territoire. Elle a souligné avoir besoin de recevoir de telles informations avant l’arrivée sur son territoire pour pouvoir endiguer le flot de candidats souhaitant rejoindre les rangs du groupe djihadiste État islamique.

 Karl Rettino-Parazelli – Avec l’Agence France-Presse

Voir la vidéo :

L’espion détenu en Turquie affirme qu’il travaillait pour le Service de renseignement canadien (SCRS)

 

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FranceTVinfo pour France2

Un épisode de la Seconde Guerre mondiale est resté méconnu : celui des imams qui ont sauvé des juifs. Mohamed Mesli a découvert dans une valise, il y a quatre ans, l’incroyable vie de son père, Abdelkader Mesli. Il l’a peu connu, car il avait à peine dix ans quand il est mort, en 1960. « Il y a des carnets, beaucoup de textes en arabe. Après la découverte de ces documents, j’ai pris la mesure de la personne qu’était mon père »,déclare Mohamed Mesli.

La mosquée de Paris, un refuge pour des juifs sépharades

Abdelkader Mesli, orphelin algérien, est arrivé à 17 ans à Marseille. Il a commencé par être docker et charpentier, puis mineur en Belgique. Dans les années 1930, il est l’un des cinq imams de la mosquée de Paris. Pendant l’occupation allemande, dès 1940, les juifs doivent fuir ou se cacher. La mosquée de Paris devient un refuge pour certains juifs séfarades. Abdelkader Mesli, dans l’équipe du recteur, en abrite quelques-uns, délivre des certificats de religion musulmane à d’autres et des tickets de rationnement à des familles.
« Mon père a participé à cette forme de résistance », explique Mohamed Mesli. Dénoncé à la Gestapo, torturé puis déporté en juillet 1944, il ne révélera jamais les noms des membres de son réseau. Libéré du camp de Dachau en mai 1945, il prendra finalement la tête de la mosquée de Bobigny dans les années 1950.

Voir la vidéo :

http://www.francetvinfo.fr/societe/seconde-guerre-mondiale-des-imams-ont-vole-au-secours-des-juifs_841503.html

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La future guerre froide

mars 15th, 2015 by Ghaleb Kandil

Dans un récent article, l’analyste américain Michael Klare révèle les trois axes de la stratégie d’une future guerre froide qui se dessine dans les centres de planification de la politique étrangère des États-Unis, dans le but de pérenniser leur hégémonie sur le monde et d’empêcher les forces concurrentes de poursuivre leur ascension [1].

Ces trois axes sont : la puissance militaire [Hard Power], la puissance douce [Soft Power], et la puissance énergétique [Energy Power] ajoutée aux outils stratégiques après analyse du pari consistant à provoquer la baisse des prix du pétrole par l’intervention concertée entre l’Arabie saoudite et Washington, afin d’influer négativement sur les ressources financières de la Russie et de l’Iran.

Premièrement :

Ces dernières années, l’empire américain s’est évertué à restaurer sa « puissance militaire » après les revers subis en Irak et en Afghanistan, le constat de l’impuissance d’Israël et de sa dépendance croissante aux États-Unis dans toutes ses guerres depuis celle de 2006 ; et aussi, le constat de la course effrénée à l’armement dans le monde avec des technologies militaires industrielles gigantesques, l’émergence d’arsenaux énormes et de forces modernes bien entraînées dans de nombreux pays, notamment en Russie, en Chine et en Iran ; le lancement de la marine militaire en mer de Chine avec la possibilité de la voir se diriger vers le Yémen et les côtes de l’Afrique étant devenue une obsession majeure, ajoutée à celle motivée par la force des missiles en perpétuel développement en Iran et les capacités de combat de ses forces spéciales, et à celle motivée par le développement remarquable de toutes sortes d’armes modernes en Russie. Sans oublier une dernière obsession US engendrée par les progrès techniques de ces trois pays, dans le domaine de la conquête de l’espace.

Quant aux outils de la « puissance douce » au service de l’hégémonie US, ils ont été renforcés par le développement des systèmes de sanction, des techniques de pénétration des sociétés médiatiquement et culturellement, des procédés d’accroche d’espions ou de partis et de coalitions politiques à sa machine de guerre. Et, c’est par cette deuxième puissance que Washington essaye de dépasser l’énorme fiasco consécutif à ses expériences de prétendus printemps arabes et de soi-disant révolutions colorées, lancées depuis les années quatre vingt dix du siècle dernier pour récupérer l’héritage de l’Union soviétique.

Ceci, alors que le plan étasunien pour la possession de « la puissance énergétique » vise plus spécifiquement la mainmise des compagnies géantes US sur les réserves de pétrole et de gaz mexicains et canadiens en vue de l’édification d’un pôle nord-américain géant, sur le marché mondial de l’énergie, garantissant l’autosuffisance des États-Unis et dérobant le marché européen à la Russie. Et c’est là le cœur de la future guerre froide : empêcher l’ascension de la Russie en frappant sous la ceinture !

Deuxièmement :

Il est difficile de trouver des différences essentielles entre les deux partis US, Démocrate et Républicain, soumis à l’impératif majeur prohibant les guerres et les aventures militaires du type de celles qui ont caractérisé les deux mandats de Georges W. Bush.

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique et l’entreprise hégémonique US, des rivières de sang ont coulé en ce monde qui a vu nombre d’inversions d’équilibre, de changements et d’évolutions dans les domaines économique et militaire ; avec émergence de puissances montantes à l’Est, face au vacillement des puissances de l’Ouest accompagné de la dépression de leur influence sur les pays du monde.

Sujets d’ailleurs traités par nombre d’écrivains, de théoriciens et d’économistes occidentaux, qui ont analysé ce transfert de richesse de l’Ouest vers l’Est, après des siècles de la première révolution industrielle qui a inauguré les guerres pour toutes sortes de ressources et les conquêtes coloniales ayant mené vers deux guerres mondiales.

Et alors que les guerres coloniales du XXème siècle ont mené à des catastrophes innombrables et indescriptibles, le monde contemporain paie le prix de l’obstination US à refuser de reconnaître les nouvelles réalités et de s’adapter aux changements établis quant à la carte des ressources mondiales et à ce qu’elle impose de modifier dans l’équilibre des forces et la nature les relations internationales.

En d’autres termes, devant la défaite de leur logique de monopolisation du capital, de la technologie et de la force, les États-Unis sont déterminés à tenter toutes les chances de sabotage des États et Blocs internationaux qui leur feraient concurrence, pour sauvegarder leur hégémonie ; et ce, même sur des tas de ruines, de gravats et de crânes.

Troisièmement :

Le « Centre Stratfor » est couramment décrit comme une société privée américaine qui œuvre dans l’ombre de la CIA [Central Intelligence Agency], ses prévisions et rapports étant suspectés de plutôt « vendre » les plans conçus par l’Agence, que de prédire sur une base d’analyse des données et des lois régissant les conflits du monde.

Or, fin février, Stratfor a publié un rapport sous la forme de prévisions concernant la situation mondiale entre 2015 et 2025 [2]. L’essentiel de ces « prévisions » porte sur :

  • la désintégration de la Russie et de la Chine après une phase de désordre et de violence sanglante qui démarreraient de la rébellion de certaines régions asiatiques ;
  • l’embourbement des pays arabes dans des guerres tout aussi sanglantes et usantes, avec désintégration des États nationaux et des Armées ;
  • la montée en puissance de la force turque qui étendrait son influence, notamment en Asie centrale ;
  • la désintégration de l’Union européenne suite à la sortie de nombreux pays de ses rangs.

Le résultat global escompté étant, bien entendu, la pérennité de l’hégémonie des États-Unis sur le monde.

Image virtuelle de la future situation mondiale, fondée sur les plans d’une guerre froide conçue pour brider les capacités économiques russe et chinoise et, aussi, sur la détermination des États-Unis à continuer d’utiliser l’Organisation Mondiale des Frères Musulmans et ses produits takfiristes et terroristes pour le démantèlement des pays arabes, tout en la préparant à des guerres par procuration en Asie centrale contre la Russie et la Chine. Ceci, sans oublier le rôle essentiel d’une Turquie agressive, sur laquelle misent les planificateurs et stratèges US pour leurs guerres à venir.

Il y a évidemment maintes failles et faiblesses dans ce rapport. Nous les aborderons plus tard. Mais la leçon la plus importante est que les États-Unis se préparent à dix années de guerre froide et parient dessus pour protéger leur domination unilatérale sur le monde.

Par conséquent, ce pari pose en lui-même un défi aux États et aux peuples ciblés, surtout à nos pays arabes, que l’esprit agresseur US traite telles des scènes de jeu ouvertes à ses outils de guerre hard ou soft, légitimant la mainmise d’un mélange de sociétés occidentales géantes et ensauvagées sur la  formidable force énergétique de notre région et lâchant les hordes terroristes qui pratiquent un pillage, sans précédent, du pétrole et du gaz en Irak, en Syrie et en Libye, en partenariat avec des pirates occidentaux et turcs sous l’égide de l’OTAN et de sa direction US.

Ghaleb Kandil

14/03/2015

 

Source : New Orient News

http://neworientnews.com/index.php/news-analysis/8543-2015-03-14-07-30-53

Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

Notes :

[1] Hard Power, Soft Power, and Energy Power. The New Foreign Policy Tool

By Michael T. Klare, March 3, 2015

http://www.foreignaffairs.com/articles/143219/michael-t-klare/hard-power-soft-power-and-energy-power

[2] Decade Forecast: 2015-2025 / February 23, 2015

https://www.stratfor.com/forecast/decade-forecast-2015-2025

 

Monsieur Ghaleb kandil est le Directeur du Centre New Orient News (Liban)

 

 

 

 

 

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Según la institución internacional, ningún país, incluidos los más ricos, dedica una parte tan alta de su presupuesto nacional a la educación como Cuba. Los resultados son excepcionales.
Cuba es una referencia mundial en educación. Es lo que acaba de recordar un informe del Banco Mundial que clasifica a Cuba en el primer puesto en cuanto a la inversión en el sistema educativo para el periodo 2009-2013. Con cerca del 13% (12,9%) del PIB invertido en este sector, ningún otro país del mundo, incluidos los más desarrollados, iguala a la Isla del Caribe, que ha hecho de su política social un modelo para las naciones en vía de desarrollo.[1]

Timor Leste y Dinamarca completan el podio mundial, con un 11,3% y un 8,7% del PIB, respectivamente, dedicado a la educación. A guisa de comparación, Estados Unidos invierte apenas un 5,4%, o sea dos veces menos que Cuba, y Canadá un 5,5%. En Europa, Francia dedica un 5,9% de su presupuesto nacional a la educación, Alemania un 5,1%, Reino Unido un 6,2%, Italia un 4,5% y España un 5%. En cuanto a América Latina, Bolivia ocupa el segundo puesto detrás de Cuba con un 7,6%. Brasil atribuye un 5,8% de su PIB a este sector, mientras que México y Argentina le destinan respectivamente un 5,2% y un 5,8%.[2]

No es la primera vez que el Banco Mundial elogia a Cuba en este campo. En otro informe publicado en 2014, el organismo internacional recuerda que la Isla dispone del mejor sistema educativo de América Latina y del Caribe, la única con “los parámetros elevados, el fuerte talento académico, las remuneraciones altas o al menos adecuadas y la elevada autonomía profesional que caracterizan a los sistemas educativos más eficaces del mundo, como los de Finlandia, Singapur, Shanghái (China), República de Corea, Suiza, Países Bajos y Canadá”.[3]

La educación –como la salud, la cultura o el deporte– siempre ha sido una prioridad en Cuba y los resultados son excepcionales. Con una tasa de alfabetización del 99,8%, la isla exhibe la tasa de analfabetismo más baja del continente latinoamericano, según la UNESCO, que subraya también que Cuba tiene la tasa de escolarización más elevada de América Latina con un 99,7 de los alumnos con educación gratuita. Otro informe de la UNESCO sobre la educación en 13 países de América Latina clasifica a Cuba en el primer puesto en todas las asignaturas y subraya que un alumno cubano dispone como promedio de dos veces más conocimientos y competencias que un alumno latinoamericano.[4]

El Banco Mundo, al elogiar el sistema educativo cubano, confirma de cierto modo que las políticas de austeridad y de desmantelamiento del Estado de bienestar que preconiza son en realidad perjudiciales para el interés general. Al priorizar la educación, Cuba demuestra al mundo que es posible ofrecer a todos los ciudadanos un acceso de alto nivel al conocimiento y a la formación. Los recursos limitados inherentes a una nación del Tercer Mundo y las sanciones económicas extremadamente severas que impone Estados Unidos desde hace más de medio siglo no han impedido que la isla del Caribe disfrute de un sistema educativo eficiente, recordando así que debe ubicarse al ser humano en el centro del proyecto de sociedad.

 Salim Lamrani

 

Doctor en Estudios Ibéricos y Latinoamericanos de la Universidad Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani es profesor titular de la Universidad de La Reunión y periodista, especialista de las relaciones entre Cuba y Estados Unidos. Su último libro se titula Cuba, the Media, and the Challenge of Impartiality, New York, Monthly Review Press, 2014, con un prólogo de Eduardo Galeano. 

http://monthlyreview.org/books/pb4710/

Contacto: [email protected] ; [email protected]

Página Facebook: https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

 

[1]World Bank, «Public Spending on Education, Total (% of GDP)”, 2014. http://data.worldbank.org/indicator/SE.XPD.TOTL.GD.ZS (sitio consultado el 31 de diciembre de 2014).[2]Ibid.

[3]Barbara Bruns & Javier Luque, Profesores excelentes. Cómo mejorar el aprendizaje en América Latina y el Caribe, Washington, Banco Mundial, 2014.http://www.bancomundial.org/content/dam/Worldbank/Highlights%20&%20Features/lac/LC5/Spanish-excellent-teachers-report.pdf (sitio consultado el 30 de agosto de 2014).

[4] Salim Lamrani, Cuba : les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Estrella, 2013, p. 38.

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Selon l’institution internationale, aucun pays, y compris les plus riches, ne dédie une part aussi élevée de son budget national à l’éducation que Cuba. Les résultats sont exceptionnels.

Cuba est une référence mondiale pour l’éducation. C’est ce que vient de rappeler un rapport de la Banque mondiale qui classe Cuba au premier rang en ce qui concerne l’investissement dans le système éducatif pour la période 2009-2013. Avec près de 13% (12,8%) du PIB investi dans ce secteur, aucun autre pays au monde, y compris les plus développés, n’égale l’île de la Caraïbe, qui a fait de sa politique sociale un modèle pour les nations en voie de développement[1].

Le Timor Oriental et le Danemark complètent le podium mondial, avec respectivement 11,3% et 8,7% du PIB dédiés à l’éducation. En guise de comparaison, les Etats-Unis investissent à peine 5,4%, soit deux fois moins que Cuba, et le Canada 5,5%. En Europe, la France consacre 5,9% de son budget national à l’éducation, l’Allemagne – 5,1%, le Royaume-Uni- 6,2%, l’Italie – 4,5% et l’Espagne – 5%. Pour ce qui est du continent latino-américain, la Bolivie occupe le second rang derrière Cuba avec 7,6%. Le Brésil attribue 5,8% de son PIB à ce secteur alors que le Mexique et l’Argentine lui destinent respectivement 5,2% et 5,8%[2].

Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale fait l’éloge de Cuba dans ce domaine. Dans un autre rapport publié en 2014, l’organisme international rappelle que l’île dispose du meilleur système éducatif d’Amérique latine et de la Caraïbe, la seule ayant « des paramètres élevés, du fort talent académique, des rémunérations élevées ou du moins adéquates et de l’autonomie professionnelle élevée qui caractérisent les systèmes éducatifs les plus efficaces au monde, comme ceux de Finlande, de Singapour, de Shanghai (Chine), de la République de Corée, de la Suisse, des Pays-Bas et du Canada[3] ».

L’éducation – comme la santé, la culture ou le sport – a toujours été une priorité à Cuba et les résultats sont exceptionnels. Avec un taux d’alphabétisation de 99,8%, l’île dispose du taux d’illettrisme le plus bas du continent latino-américain, selon l’UNESCO, qui rappelle également que Cuba a le taux de scolarisation le plus élevé de l’Amérique latine avec 99,7% des enfants disposant d’une éducation gratuite. Un autre rapport de l’UNESCO portant sur l’éducation dans 13 pays d’Amérique latine classe Cuba en tête dans toutes les matières d’enseignement et note qu’un élève cubain dispose en moyenne de deux fois plus de connaissances et de compétences qu’un élève latino-américain[4].

La Banque mondiale, en faisant l’éloge du système éducatif cubain, rappelle d’une certaine manière que les politiques d’austérité et de démantèlement de l’Etat-providence qu’elle préconise sont en réalité préjudiciables à l’intérêt général. En faisant de l’éducation nationale une priorité, Cuba démontre aux yeux du monde qu’il est possible d’offrir à tous les citoyens un accès de haut niveau à la connaissance et à la formation. Les ressources limitées inhérentes à une nation du Tiers-monde et les sanctions économiques extrêmement sévères imposées par les Etats-Unis depuis plus d’un demi-siècle n’ont pas empêché l’île de la Caraïbe de se doter d’un système éducatif performant, rappelant ainsi que l’humain doit être placé au centre du projet sociétal.

Salim Lamrani

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1

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[1] World Bank, « Public Spending on Education, Total (% of GDP)”, 2014. http://data.worldbank.org/indicator/SE.XPD.TOTL.GD.ZS (site consulté le 31 décembre 2014).

[2] Ibid.

[3] Barbara Bruns & Javier Luque, Profesores excelentes. Cómo mejorar el aprendizaje en América Latina y el Caribe, Washington, Banco Mundial, 2014. http://www.bancomundial.org/content/dam/Worldbank/Highlights%20&%20Features/lac/LC5/Spanish-excellent-teachers-report.pdf (site consulté le 30 août 2014).

[4] Salim Lamrani, Cuba : les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Estrella, 2013, p. 38.

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Eine EU-Armee wird als Schutz vor Russland rechtfertigt, aber es kann auch einen Weg sein der Einfluss der USA zu mindern, wie die EU und Deutschland auf Kriegsfuß mit den USA und der NATO über Ukraine sind.

Im Gespräch mit der deutschen Zeitung Welt am Sonntag, der Präsident der Europäischen Kommission Jean-Claude Juncker hat angekündigt, die Zeit für die Schaffung einer einheitlichen EU-Militärmacht sei gekommen. Juncker Rhetorik über die “Verteidigung der Werte der Europäischen Union” bediente sich eine nuancierte antirussische Polemik, und die Entstehung der Europäischen Armee, wurde eine Botschaft nach Moskau vermitteln.

Die Polemik und Argumente für eine EU-Armee könnten rund um Russland basieren, aber die Idee ist wirklich gegen die USA gerichtet. Die hier zugrunde liegende Geschichte, sind die Spannungen, die zwischen den USA, auf der einen Seite und der EU und Deutschland auf der anderen Seite entstanden sind. Deshalb Deutschland hat mit Begeisterung auf den Vorschlag reagiert, und  setze ihre Unterstützung hinter einer gemeinsames EU-Streitmacht.

Zuvor, über die Entstehung von EU-Streitkräfte wurde ernsthaft während der illegale anglo-amerikanische Invasion des Irak im Jahr 2003 nachgedacht, als Deutschland, Frankreich, Belgien und Luxemburg sich trafen, um es als Alternative zum US-dominierten NATO zu diskutieren. Die Idee wurde unter ähnlichen Umständen wieder ausgegraben. Im Jahr 2003 war die Spannung über die US-geführten Invasion des Irak. Im Jahr 2015 ist es wegen der immer höhere Spannung zwischen Deutschland und den USA über die Krise in der Ukraine.

Umdenken in Berlin und Paris?

Um die Ereignisse hinter der Forderung nach einer gemeinsamen militärischen EU zu verstehen, müssen wir die Ereignisse betrachten, die von November 2014 bis März 2015 stattfanden. Es begann, als Deutschland und Frankreich fingen an sich über USA und die NATO Kriegspolitik  Gedanken zu machen, die sie in der Ukraine und Osteuropa Kriegsereignisse einbeziehen wurden.

Deutsch-französische Differenzen mit den USA fing an zu entstehen, nachdem Tony Blinken, US-Präsident Barak Obama ehemaliger stellvertretender nationaler Sicherheitsberater und aktuelle Deputy Secretary Of State und Nummer zwei Diplomat des US Department of State, bei einer Anhörung am 19.02.14 des US-Kongresses über seine Nominierung, kündigt an, dass das Pentagon wollte Waffen in die Ukraine senden. Wie die Fiscal Times sagte,“Washington hat Russland und den Europäern, einem Doppelschlag versetzt, wenn offenbarte, man hatte vor die Ukraine aufzurüsten.”

Das russische Außenministerium reagierte auf Blinken mit der Ankündigung, dass, wenn das Pentagon Waffen in Ukraine sendet, Washington würde nicht nur ernsthaft den Konflikt eskalieren, aber es wäre ein ernsthaftes Signal aus den USA, dass die Dynamik des Konflikts innerhalb Ukraine könnte auch verändern werden.

Realisierend, dass die Dinge außer Kontrolle eskalieren könnten, die französische und deutsche Antwort war eine Friedens-Verhandlung durch diplomatische Gespräche zu initiieren, die letztendlich zu einem neuen Waffenstillstandsabkommen in Minsk, Weißrussland unter der “Normandie-Format” kam, und von den Vertretern von Frankreich, Deutschland, Russland und der Ukraine geführt würde.

Pessimisten mögen argumentieren, dass Frankreich und Deutschland im Februar 2015 sich für Diplomatie entschieden haben, weil die Rebellen in der Ost-Ukraine oder Novorossiya (Neurussland), wie sie es nennen, die Kiew Kräfte am besiegen waren. Mit anderen Worten, die primäre Motivation der Diplomatie war, den Kollaps der Kiews Regierung zu verhindern ohne eine faire Einigung im Osten erreicht zu haben. Dies kann bis zum einen Punkt wahr sein, aber das deutsch-französische Duo will auch nicht sehen, wie Europa in ein Inferno verwandelt wird, das alle zu Asche verwandeln wurde.

Transatlantischer Unterschiede waren sichtbar auf der Münchner Sicherheitskonferenz im Februar. US-Senator Robert Corker, der Vorsitzende der US Senate Committee on Foreign Relations, kommentierte während einer Pressekonferenz mit der deutschen Bundeskanzlerin Angela Merkel, dass man im US-Kongress glaubte, dass Berlin, verhindern will, dass Washington offiziell  US- und NATO Militärhilfe an die Behörden in Kiew erhöht.

Kanzlerin Merkel wurde explizit in ihre Antwort, wenn sie Senator Corker sagte, dass die schwelende Krise in der Ukraine nicht mit militärischen Mitteln gelöst werden konnte und das Vorgehen der USA würde nirgendwo bringen und die Situation in der Ukraine viel schlimmer zu machen. Wenn Merkel, von der britischen MP Malcolm Rifkind, Chef der Intelligence and Security Committee des britischen Parlaments, unter Druck gesetzt wurde, den Konflikt in der Ukraine zu militarisieren sagte sie, dass mehr Waffen nach Kiew zu schicken nutzlos und unrealistisch sei. Merkel sagte der britischen Abgeordneten“, die Realität ins Auge zu sehen.”  Die deutsche Bundeskanzlerin unterstrich auch, dass es nicht Sicherheit in Europa ohne Russland geben kann.

Deutschland öffentliche Position bei der Münchner Sicherheitskonferenz war angesichts der US Forderungen zu ihrer europäischen Verbündeten, den Konflikt in der Ukraine zu militarisieren völlig widersprechend. Während US-Außenminister John Kerry  die Versammlung verliess, um den Medien und der Öffentlichkeit zu versichern, dass es keine Kluft, zwischen Washington und der deutsch-französische Seite gab, wurde berichtet, dass der Kriegstreiber Senator John McCain, während er in Bayern war, hat seine Contenance verloren. Angeblich nannte er die deutsch-französische Friedensinitiative “Moskau Blödsinn.”  Er hat dann Angela Merkel in einem Interview mit dem deutschen Kanal Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF) kritisiert, die die Forderungen von Peter Tauber, der Generalsekretär der Demokratischen Union (CDU), für eine Entschuldigung von Senator McCain zu Folgte hatte.

Deutsche Ressentiments gegenüber US-Kontrolle der NATO

Bereits im Februar Bloomberg schrieb: “für alle die alarmierende Rhetorik über russische Barbaren und Sanktionen, NATO-Staaten zögern ihr Geld anzulegen, bzw. Worte Taten folgen lassen. Nur die Länder, die an Russlands Grenzen liegen, haben dieses Jahr ihrer Militärausgaben erhöht, während wichtige Länder ihre Militär-Budget gekürzt haben.Unabhängig davon, was ihre Führer über Vladimir Putin sagen, sie glauben nicht, dass er eine echte Bedrohung für den Westen ist.”

Washington, gab jedoch nicht auf. Wenn die deutsch-französische Friedensoffensive im Februar begann, General Philip Breedlove , der Oberbefehlshaber der NATO-Streitkräfte, sagte in München, “Ich glaube, dass wir die Möglichkeit, eine militärische Option in der Ukraine nicht ablehnen sollten.” General Breedlove ist ein US Air Force Flaggoffizier, der seine Befehle von der US-Regierung nimmt, um sie auf die NATO Militärstruktur unter US-Befehl weiter zu geben.Während Berlin und Paris Deeskalation versuchen, Washington benutzte Breedlove und NATO-Generalsekretär Jens Stoltenberg um seinen Druck zu erhöhen.

Nach einem Gespräch mit der Armed Services Committee des US-Repräsentantenhauses, General Breedlove behauptete, dass die russische Aggression in der Ukraine sich erhöht hat. Deutschland, hat jedoch Breedloves Aussage widerlegt, und nannte sie “gefährliche Propaganda”.

“Deutschen Politiker in Berlin waren fassungslos. Sie verstanden nicht, über was Breedlove gesprochen hatte. Und es war nicht das erste Mal. Noch einmal, die deutsche Regierung, unterstützt von Informationen die durch Intelligenz von der Bundesnachrichtendienst (BND) und Deutschlands ausländischen Nachrichtendienst gesammelt wurden, teilte die Ansicht der NATO Supreme Allied Commander in Europe  (SACEUR) nicht,” so Der Spiegel berichtete am 6. März.

Während Berlin die Berichte über einen Bruch mit der NATO über General Breedlove irreführende Kommentare, herunterzuspielen versucht hat, gab Bundesaußenminister Steinmeier offen, dass es wahr sei, dass die Deutschen nicht mit den USA und der NATO, während er in Lettland am 7. März war, einverstanden waren. Was Steinmeier eigentlich diplomatisch tat, war USA und der NATO Aussagen über die ‘Russische Aggression’ in der Ukraine zurück zuweisen.

In Lettland, der hohe Vertreter der Union für Außen- und Security Policy Federica Mogherini hat ihre Stimme zu Steinmeiers Aussage hinzu getan. Sie erzählte Reportern in Riga, dass die EU einen realistischen Annäherung mit Moskau verfolgt und wird von niemandem zu einer Konfrontation-Beziehung zu Russland hineingezogen. Dies war eine stillschweigende Botschaft an Washington: die EU erkennt, dass es keinen Frieden in Europa ohne Russland geben kann und will nicht als ein US-Bauer gegen Moskau positioniert werden.

 Eurasien destabilisieren

Deutschland selbst ist das Endziel für die USA in den Konflikt in der Ukraine, denn Berlin hat großen Einfluss in die EU Politik. Die USA werden weiterhin die Flammen in der Ukraine schüren um  Europa und Eurasien zu destabilisieren. Es wird tun was es kann, um zu verhindern, dass die EU und Russland zusammenkommen und einer “Gemeinsamen Wirtschaftsraum” von Lissabon bis Wladiwostok aufzubauen, das in den Augen von Washingtons Hegemonie Weltbild, eine Art alternatives Universum bildet, und daher gekämpft werden muss.

The Fiscal Times beschreibt am besten die verschiedenen Ansagen von US-Beamten, wie sie Waffen an der Ukraine Waffen zukommen zu lassen. “Angesichts den choreographierten Rollout, Washington-Analysten sagen, aller Wahrscheinlichkeit nach, dies ist eine Öffentlichkeit Übung um der Unterstützung für ein Waffenprogramm zu sichern, das bereits sich in der Planungsphase befindet,”  schrieb The Fiscal Time4s am 9. Februar.

Nach der Münchner Sicherheitskonferenz wurde tatsächlich bekannt, dass illegale Waffenlieferungen nach Kiew bereits unternommen wurden. Der russische Präsident Vladimir Putin gab dies  auf einer gemeinsamen Pressekonferenz mit ungarischer Ministerpräsident Viktor Orban in Budapest öffentlich bekannt, als er sagte dass Waffen an der Kiew-Behörden bereits heimlich gesendet wurden.

Im selben Monat einen Bericht mit dem Namen “Die Unabhängigkeit der Ukraine bewahren, Widerstand gegen russische Aggression: Was die USA und NATO tun müssen”, erschien als Argument für die Notwendigkeit, Waffen in die Ukraine zu schicken, inklusive Ersatzteile und Raketen bis hin zu schwer gepanzerte Transportfahrzeugen, letztlich, als Mittel gegen Russland vorzugehen. – Dieser Bericht wurde verfasst von einem Triumvirat von führende USA Denkfabriken, der Brookings-Institut, Atlantic Council und der Chicago Council on Global Affairs – die letzte zwei gehören die weltfremde “Think-Tankistan”-Riege, der zu Washington Beltway gehören. Dies ist die gleiche Clique, die die Invasion der Irak, Libyen, Syrien und dem Iran befürwortet hat.

(Washington Beltway means Die politische Einrichtung von Washington DC, einschließlich Bundesverwaltung, Lobbyisten, Beratern und MedienKommentatoren … ..man Könnte available mit Mischpoke übersetzen. Anm.d.Ü.).

NATO aufpassen! Vereintes EU-Militär am Horizont?

Es ist im Zusammenhang mit der Auseinandersetzung zwischen der EU und Washington, die die Forderungen nach einer EU-Armee wird von der Europäische Kommission und Deutschland befürwortet.

Die EU und die Deutschen erkennen, es gibt nicht viel, was sie tun können, um Washington entgegenzutreten, so lange die USA in der EU und europäische Sicherheit mitreden kann. Berlin und einige der EU Länder sind wütend wie Washington die NATO für seinen Interessen benutzt und die Ereignisse innerhalb Europas beeinflussen will. Wenn keine Form von Druck hinter der  Verhandlungen mit Washington vorhanden ist, die Anrufe für eine EU-Militär sollen Washingtons Einfluss in Europa vermindern und vielleicht die NATO den Todesstoß geben.

Eine EU-Armee, die die NATO neutralisiert, würde schwere strategische Kosten für die USA bedeuten. In diesem Zusammenhang würde Washington seiner westlichen Übermacht in Eurasien verlieren. Es würde automatisch “Amerikas-Teilnahme am Spiel auf dem eurasischen Schachbrett beenden”, so in den Worten der ehemalige US nationaler Sicherheitsberater Zbigniew Brzezinski.

Die Intelligenzia in den USA ist bereits von der Gefahr, die eine militarisierte EU für amerikanischen Einfluss darstellen würde, beunruhigt. Das American Jewish Committee einflussreichen “Commentary Magazine”, die die Neocons in den Washington Beltway dazu gehört, hat mit dem Titel des Artikels von Seth Mandel gefragt, “Warum will Deutschland die NATO untergraben?” Dies ist während der “Washington Examiner” mit dem Titel des Artikels von Hoskingson gefragt hat “was ist aus der Einfluss der USA geworden?”

Deshalb Washingtons Vasallen in der EU — insbesondere Großbritannien, Polen und die drei baltischen Staaten —  haben alle sehr lautstark in ihren Widerstand gegen die Idee einer gemeinsamen EU-Militärmacht zum Ausdruck gebracht. Während Paris sehr schüchtern zeigte, sich an die Anrufe für eine EU-Armee zu gesellen, der französische Oppositionspolitiker Marine Le Pen hat angekündigt, das die Zeit für Frankreich gekommen sei, aus dem Schatten der Vereinigten Staaten zu kommen.

Der britische Premierminister David Camerons Regierung reagierte auf Jean-Claude Juncker ungehalten und nannte seine Idee eine unerhörte Fantasie und erklärt, dass das Militär eine nationale Aufgabe und keine EU-Verantwortung ist.Polen und Lettland reagierten auch auf den Vorschlag sehr skeptisch. Alle diese Aussagen dienen US-Interessen an der Erhaltung der NATO als Instrument zur Einflussnahme in Europa und Eurasien.

10 Downing Street hat sich selbst über ihre Militär-Politik widersprochen wenn sagte, sich es um eine nationale Angelegenheit und nicht um eine kollektive Frage handelt. Vor kurzem, wie 2010, London  unterzeichnet Verträge um gemeinsame Marine-Einheiten mit Frankreich zu erstellen und Flugzeugträger zu teilen, was eine Fusion von  Militär bedeutet. Darüber hinaus, das britische Militär und die militärisch-industriellen Sektoren sind in unterschiedlichem Maße alle mit den USA integriert.

Hier gibt es einige sehr wichtigen Fragen. Sind die Anrufe für einem EU-Militär gemeint, Druck auf die USA zu üben, oder gibt es ein echter Versuch Washingtons Einflusses innerhalb Europas entgegenzutreten? Gibt es Anzeichen von Berlin und seinen Partnern, durch Deaktivieren der NATO und eine gemeinsame EU-Armee, Washington aus Europa zu vertreiben?

Quelle: RT

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Photo: SOS à propos de l’acidification de l’océan Arctique. Source: http://www.lejdd.fr/Ecologie/Pollution/Images/Septembre-2009/alaska-acidification-des-oceans-131765

Avec l’ère industrielle et celle de la consommation de masse les océans et les mers sont devenus le passage obligé d’une quantité énorme de produits et, dans le contexte d’un marché mondial de plus en plus intégré, plus de 100 000 navires assurent le transport des marchandises. Près de trois milliards de personnes dépendent des zones marines et côtières pour assurer leur subsistance, notamment pour la pêche, le tourisme, le commerce, le transport et l’énergie. Ainsi, la surface des océans et des mers et de leur bordure est le théâtre d’un nombre croissant d’activités dont plusieurs leur infligent d’énormes préjudices. L’agriculture affecte les eaux marines par le rejet des engrais. D’autres matières résiduelles non traitées dans les zones densément peuplées dégradent l’environnement des baies fermées, des estuaires et des littoraux. Les activités touristiques ont un impact souvent destructeur sur les plaines littorales et les habitats côtiers.

Le premier bilan mondial de l’état de santé des océans dressé par E. D. Golberg en 1976 relevait des problèmes majeurs de pollution dans les zones côtières. Plus tard, en 1992, dans les cadres du Forum Global de Rio, le chapitre 17 de l’Agenda 21 faisait de nouveau un diagnostic d’ensemble alarmant tout en proposant un plan d’action global. Puis, les analyses de GEO-3, de GEO-4, du rapport publié en juin 2011 par l’IPSO (International programme on the state of the oceans), les constats de Rio+20 ainsi que de GEO-5 ont exposé les menaces qui pèsent sur l’environnement marin et les grands enjeux entourant le processus de restauration des habitats, la conservation de la biodiversité marine ainsi que la stratégie globale devant être appliquée d’urgence en vue d’améliorer l’ensemble du milieu marin.

Dans la première partie de cet article nous présentons un bilan succinct de l’état de santé des océans, les principales formes de dégradation et de destruction des écosystèmes et les efforts consentis dans le processus de création et de gestion des aires marines protégées. Pour illustrer ces éléments nous avons choisi de présenter, dans la deuxième partie, trois expériences dans lesquelles le concept de la conservation et de l’utilisation durable des ressources a présidé depuis plusieurs années au développement des activités économiques: La réserve marine des îles Galápagos en Équateur, le parc national marin de la Grande Barrière de Corail en Australie et la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio située au sud de la Corse.

I. Grandeur et immensité

Les océans occupent plus de 70% de la surface terrestre (figure 1). On pourrait dire que vus du ciel les continents baignent dans leurs eaux. C’est la Planète océan selon l’expression consacrée (https://www.youtube.com/watch?v=QWn6ttf9NRg).

Figure 1. Les océans

 

Source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:World_ocean_map-fr.gif?uselang=fr

Les océans sont interconnectés les uns avec les autres. Cependant, on en distingue quatre : Le Pacifique, l’Atlantique, l’Indien et l’Arctique. À partir du début du siècle l’Organisation hydrographique internationale reconnaît un cinquième qui correspond aux eaux qui entourent le continent Antarctique jusqu’au 60èmedegré de latitude. Leur bathymétrie montre un profil composé de quatre zones : La  plateforme continentale, le talus, les grands bassins et les fosses abyssales. C’est sur les plateformes continentales et les littoraux (environ 10% des surfaces océaniques) ou s’exercent la presque totalité des activités économiques et c’est sur cette zone ou se développe l’essentiel de la vie marine : « Ces eaux côtières sont les sites d’une production élevée de matières organiques et de la photosynthèse des plantes qui forment la base de la chaîne alimentaire qui se termine dans les poissons, les oiseaux et les mammifères marins » (Golberg, 1976, p. 17) Il importe d’ajouter les zones de «upwellings» (remontées d’eaux profondes côtières) où la productivité est élevée comme celles, notamment, du Pérou, de la Californie et des côtes occidentales du continent africain. Ces zones ne couvrant que 0,1% des aires océaniques produisent 50% de la production halieutique (Golberg, 1976, p. 17).

L’océan Pacifique occupe une surface immense de 165 250 000 de kilomètres carrés. Sa profondeur moyenne est de 4028 mètres et la fosse la plus profonde qui le borde dans la partie nord-ouest est celle des Mariannes d’une profondeur de 10 994 mètres (figure 2) (wikipedia.org). L’océan arctique est le moins étendu avec une superficie de 5 400 000 kilomètres carrés, une profondeur moyenne de 1 205 mètres et sa cote la plus profonde correspond au bassin Eurasia qui atteindrait la profondeur de près de 6 000 m (Source : enchantedlearning.com).

Figure 2. L’océan Pacifique avec fonds marins

Source : http://www.geodus.com/fr/carte-ocean-pacifique-ng_0-7922-9803-9.htm

«L’Océan mondial génère plus de 60% des services écosystémiques qui nous permettent de vivre, à commencer par la production de la majeure partie de l’oxygène que nous respirons (wikipedia.org).

II. Un état de santé très précaire et inquiétant

L’on sait très bien que les océans et surtout les zones côtières, les estuaires et les mers fermées subissant une grande pression de la part des utilisateurs montrent un environnement fort dégradé. Ce qu’on connaît moins c’est l’ampleur de cette dégradation. La mort des coraux,  La perte d’habitats, la diminution des stocks de poissons,  la multiplication ainsi que l’expansion des zones mortes sont des symptômes de cet état critique dans lequel se retrouvent les habitats de l’environnement marin. 

LES BILANS SUR L’ÉTAT DE SANTÉ DES OCÉANS

Nous ne faisons qu’évoquer, ici, les principaux enjeux définis dans le cadre des bilans dressés sur l’état de l’environnement mondial par les Nations Unies.

L’état de l’environnement mondial – 1982La pollution côtière nuit aux ressources halieutiques et réduit les attraits touristiques.

Les grands constats de ce premier rapport des Nations Unies sur l’état de santé de l’environnement mondial concernant les océans se résument ainsi : «Il n’y a aucun danger imminent pour la haute mer, mais la pollution croissante des estuaires et des zones côtières a nui à leurs ressources halieutiques et a réduit leurs attraits touristiques. Les océans de l’hémisphère austral ont un potentiel économique précieux, mais il faut encore mettre au point des systèmes écologiquement sains pour en gérer les ressources» (PNUE, 1982, p. 67).

GEO-3. La dégradation du milieu marin se poursuit et même s’intensifie – 2002

Le rapport GEO-3 publié en 2002 conclut que «de façon générale au cours des 30 dernières années, la protection du milieu marin et du milieu côtier n’a progressé que dans quelques pays, surtout industrialisés, et au sujet de quelques questions d’environnement seulement. Dans l’ensemble, la dégradation du milieu côtier et du milieu marin non seulement se poursuit, mais s’est même intensifiée. Les principales menaces pesant sur l’océan qui étaient reconnues en 1972 – pollution marine, surexploitation des ressources biologiques de la mer et perte des habitats côtiers – existent toujours, en dépit d’une action nationale et internationale menée pour résoudre ces problèmes» (PNUE. GEO-3, p. 180).

Le rapport synthèse du Millénaire sur l’évaluation des écosystèmes – Les menaces se font de plus en plus fortes, 2005

«L’activité humaine engendre maintenant plus de produits azotés que tous les processus naturels réunis, et plus de la moitié de tout l’azote industriel a été produit et utilisé depuis 20 ans. Le résultat : l’apport d’azote dans les océans a doublé depuis 1860. Par ailleurs, depuis 1980, 35% des mangroves ont disparu, 20% des récifs coralliens ont été détruits et une autre tranche de 30% est menacée. La surexploitation des ressources marines fait en sorte que les humains grugent désormais le capital plutôt que les intérêts annuels du quart de tous les stocks de poissons. Néanmoins, les volumes de prises continuent d’augmenter en raison de l’évolution des techniques utilisées, ce qui accentue le déclin d’espèces autrefois abondantes comme la morue» (unep.org).

GEO-4 – 2007 – La planète est dans un état critique. L’espèce humaine est menacée.

Selon le communiqué de presse mondial délivré à l’occasion du lancement du rapport, les problèmes plus graves  de la planète persistent, notamment le changement  climatique, le taux d’extinction des espèces et le défi consistant à alimenter une population croissante. Ces menaces « figurent parmi les nombreux problèmes qui n’ont pas été résolus et qui mettent l’humanité en danger » (unep.org/documents).

Le rapport souligne le fait que les stocks de poisson sont à la baisse. «La consommation a plus que triplé entre 1961 et 2001. Les prises ont stagné ou légèrement décliné depuis les années 1980. Les subventions ont créé des capacités de pêche excessives, selon les estimations supérieures de 250% à la capacité nécessaire pour capturer la production durable des océans (unep.org / Documents)».

 Le rapport du Programme international sur l’état des océans (IPSO)- 2011. Le danger d’asphyxie des océans est appréhendé

 Selon le PNUE, « Des millions de déchets plastiques et les rejets de phosphores venant des engrais agricoles menacent les océans d’asphyxie. Le cas des phosphores et des plastiques marins mettent clairement en évidence le besoin urgent (…) d’effectuer une transition mondiale vers une économie verte plus efficace en terme de ressources afin de réaliser un développement durable et s’attaquer à la pauvreté». Le rapport souligne la nécessité d’une surveillance accrue de ces phénomènes (lapresse.ca).

 GEO-5- 2012 – Les signes de dégradation persistent

Source : http://www.unep.org/geo/geo5.asp

Selon GEO-5, «Malgré les accords mondiaux, les signes de dégradation persistent. Ainsi, le nombre des zones côtières eutrophiques a augmenté considérablement depuis 1990 – au moins 415 zones côtières ont connu une grave eutrophisation et 13 d’entre elles seulement sont en train de se rétablir. Le nombre des poussées signalées d’intoxication paralytique par fruits de mer (IPFM), dues par exemple à la toxine produite par des efflorescences algales dans des eaux eutrophiques, est passé de moins 20 en 1970 à plus de 100 en 2009. Dans les 12 mers étudiées entre 2005 et 2007, c’étaient les côtes de la mer d’Asie de l’Est, du Pacifique Nord, du Pacifique Sud-Est et de la mer des Caraïbes qui étaient les plus touchées par les détritus marins, et celles de la Caspienne, là Il n’en reste pas moins que les pertes substantielles continues d’espèces contribuent à la détérioration des écosystèmes. Dans certains taxons, jusqu’à deux tiers des espèces sont menacées d’extinction; les populations d’espèces déclinent et, depuis 1970, les populations de vertébrés ont régressé de 30 %.., tandis que la conversion et la dégradation ont réduit de 20 % certains habitats naturels. Les changements climatiques auront des impacts profonds sur la biodiversité, notamment en association avec d’autres menaces» (GEO5).

Rio+20 – Des pressions humaines croissantes – 2012

Selon les Nations Unies, «la négligence, l’acidification, les changements climatiques, la pollution et l’exploitation excessive ont un impact dévastateur. Les océans, qui recouvrent plus de 70 % de la surface terrestre, sont l’un des écosystèmes les plus menacés.

Un fort pourcentage (85 %) des stocks mondiaux de poissons est soumis à une forte pression par la surpêche. Les espèces aquatiques envahissantes continuent de se répandre. Les zones mortes, des zones océaniques dépourvues d’oxygène, se multiplient. Les récifs coralliens agonisent. Des habitats côtiers disparaissent ou se dégradent, entraînant une perte de biodiversité marine. La pollution des bassins versants et des océans causée notamment par les déversements accidentels de pétrole et d’eau rendue radioactive à la suite d’accidents nucléaires entraîne d’autres problèmes»  (un.org).

LES SYMPTÔMES D’UN ÉTAT DE SANTÉ TRÈS PRÉCAIRE ET MÊME ALARMANT

Nous avons retenu six éléments qui indiquent jusqu’à quel point les environnements marins et côtiers sont affectés par les activités humaines : La destruction des coraux, la perte d’habitats, la pollution marine, la multiplication et l’expansion des zones mortes, la surexploitation des stocks de poissons et la formation et l’expansion d’immenses plaques de déchets.

La destruction des coraux

Selon le bilan dressé en 2004 «on estime que 20% des récifs du monde ont été détruits et qu’ils ne montrent aucun signe de récupération. Les rapports permettent d’indiquer que 24% des récifs dans le monde sont actuellement en grave danger de destruction sous les impacts des activités humaines et que 26% le sont également dans l’avenir».

«Les récifs continuent à se dégrader en raison des pressions humaines croissantes. De mauvaises pratiques culturales dans les bassins versants provoquent une pollution par les sédiments, les nutriments et autres produits toxiques qui atteignent les récifs. La surpêche, et particulièrement les méthodes destructives de pêche, déstabilisent les récifs et diminuent leur productivité. Conjointement aux autres pollutions et dégradations, on assiste à un changement de nature des récifs qui sont alors dominés par les algues au détriment des coraux constructeurs».

«Le blanchiment quasi mondial de 1998 est considéré comme un événement majeur à l’occurrence millénaire. Des prédictions de changement climatique permettent de considérer que de tels événements pourraient être plus fréquents dans les décennies à venir» (SALVAT, Bernard. 2004).

 

Figure 3. Les récifs en danger dans le monde

Source : http://www.grida.no/graphicslib/detail/threats-to-the-worlds-coral-reefs_3601

«Les plus graves menaces observées qui pèsent sur les récifs coralliens comprennent le tourisme, la surexploitation des stocks de poissons, la sédimentation, les récoltes de coraux, la pêche à la dynamite et la pollution. Le graphique (figure 3) « Menaces majeures aux récifs » indique le pourcentage des récifs qui sont menacées par la surexploitation, l’occupation du littoral, la pollution terrestre et la pollution marine ainsi que le degré auquel ils sont menacés. Le graphique « détruit les récifs coralliens » indique le pourcentage des récifs de corail qui ont été détruits dans les grandes régions du monde» (grida.no).

La perte d’habitats

L’occupation croissante des espaces côtiers se traduit par une accélération continue et rapide de l’utilisation des plaines littorales et des littoraux eux-mêmes et une augmentation des pressions sur les écosystèmes et les espèces qu’ils renferment. Il en résulte une perte d’habitats et de biodiversité. L’élévation du niveau de la mer exerce un impact important sur les habitats côtiers : Des inondations côtières plus étendues, un accroissement de l’érosion côtière, une intrusion d’eau salée dans les aquifères d’eau douce, un amincissement de la couverture glacielle, une hausse des inondations causées par des ondes de tempête, une augmentation des températures à la surface de la mer (rncan.gc.ca).

La pollution marine

Selon les données rapportées par les Nations Unies, «les pollutions d’origine terrestre (comme les pollutions agricoles, le rejet de fertilisants, de pesticides et de déchets non traités y compris les déchets plastiques) représentent environ 80% de la pollution marine à l’échelle mondiale. Dans le monde entier, les habitats marins sont contaminés par des débris d’origine humaine. Les déversements de pétrole restent une source de préoccupation, bien que leur nombre ait diminué de façon constante depuis plusieurs décennies (unesco.org).

La multiplication et l’expansion des zones mortes ou déserts biologiques (figure 4)

«Une zone morte est une zone hypoxique (déficitaire en oxygène dissous) située dans un environnement aquatique (mers, océans, estuaires, grands lacs, mares, etc.). Les études conduites en mer Baltique et aux États-Unis depuis la fin des années 1990 montrent que nombre de poissons, dont on pourrait penser qu’ils puissent facilement les fuir, y perdent rapidement connaissance et meurent asphyxiés. Comme on l’a observé au moyen de films pris par des robots, si dans certains cas, certains poissons semblent pouvoir échapper à la mort, les crustacés tels que homards, langoustes ou crevettes se déplacent trop lentement pour échapper à l’asphyxie. Quant aux moules, huîtres et autres organismes fixés, ils sont condamnés. Les coraux et de très nombreux animaux coloniaux meurent, et leur putréfaction contribue à accentuer le phénomène» (mondialisation.ca).

Figure 4. Localisation des zones mortes

Source : https://www.classzone.com/books/earth_science/terc/content/investigations/es2206/es2206page04.cfm

En 2005, le rapport GEO-3 identifie près de 150 zones mortes dans le monde. Si certaines de ces zones sont de superficie réduite (moins d’un kilomètre carré), d’autres sont devenues très vastes, la plus grande atteignant 70 000 kilomètres carrés selon le PNUE. Le nombre et la taille de ces zones augmentent à chaque décennie au moins depuis les années 1970 et plus particulièrement depuis la fin des années 1990. Celle qui se trouve dans le golfe du Mexique au sud du delta du Mississipi a dépassé en 2010 les 12 000 kilomètres carrés. La taille de cette zone est l’une des plus importantes jamais cartographiées depuis 1985. La  »zone morte » du golfe du Mexique est l’une des plus grandes jamais observées (actu-environnement.com).

La surpêche

D’après les données des Nations Unies et de la FAO rapportées par notre-planete.info, «70% de la biomasse marine est surexploitée, au point de ne plus pouvoir se régénérer à temps, résultat : 30% des populations de poissons ne sont plus qu’à 10% de leur niveau « normal », c’est-à-dire s’ils n’avaient pas été pêchés. Mais il y a pire : sur les 9000 à 10 000 tonnes de poissons que nous pêchons par heure, pratiquement la moitié est gaspillée ! (notre-planete.info). Les zones affichant les plus fortes proportions de stocks de poissons pleinement exploités sont situées dans l’Atlantique du Nord-Est, à l’ouest de l’océan Indien et dans le Pacifique du Nord-Ouest.

La dérive d’immenses plaques de déchets

«Appelé le 7e continent de plastique une immense plaque de déchets s’est formée dans le nord de l’océan Pacifique, de la taille d’un tiers de la superficie des États-Unis. Il s’agit d’une multitude de micro-plastiques, d’un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur. Selon Audrey Garric, «cette pollution, invisible depuis l’espace, se retrouve dans cinq grand bassins océaniques, au sein du Pacifique Nord, mais aussi du Pacifique Sud, de l’Atlantique Nord et Sud et de l’océan Indien (figure 5). Ces zones sont en effet caractérisées par la rencontre de courants marins qui, influencés par la rotation de la Terre, s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et en sens inverse dans l’hémisphère sud, selon le principe de la force de Coriolis, et forment d’immenses vortex appelés gyres océaniques. La force centripète aspire alors lentement, en plusieurs années, tous les détritus qui flottent sur l’eau vers le centre de la spirale, où ils s’amalgament et d’où ils ne sortent jamais».

«Les déchets qui peuplent les océans proviennent en effet à 80 % des terres, portés par le vent ou les rivières – le reste tombant des navires de commerce. Jusqu’alors, les débris flottants étaient détruits par les micro-organismes, mais cela n’est plus le cas avec l’arrivée des plastiques, essentiellement du polyéthylène, du polypropylène et du PET, qui constituent 90 % des déchets maritimes».

Le déversement des plastiques dans les océans pourrait décupler d’ici à dix ans. On estime que 269 000 tonnes de déchets plastique flottent sur les océans et que leur surface est contaminée à 88 % par du plastique (lemonde.fr).

Figure 5. Localisation approximative des plaques de déchets

Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/le-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-les-oceans_1696072_3244.html#bsJWKP5b3K43J8SH.

III. Au secours des océans

Une conscience environnementale qui saisit peu à peu les grands enjeux et passe à l’action

La route a été longue vers une prise de conscience générale des dangers qui menace l’environnement mondial. Des efforts considérables ont été déployés par un très grand nombre d’organisations internationales, par des gouvernements nationaux et par la société civile. Plusieurs conventions ont été ratifiées et appliquées en vue de concrétiser dans l’action les principes de la conservation et de l’utilisation durable des ressources. Les différentes stratégies et, notamment, la stratégie mondiale de la conservation, la stratégie pour l’Avenir de la Vie et celle de la biodiversité, visent à améliorer l’état de la planète et les conditions d’existence des peuples en proposant des moyens d’action. Les conventions internationales telles que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer,  la Convention-cadre sur les changements climatiques et la Convention pour la diversité biologique constituent les références de base qui guident les actions à entreprendre par les organisations responsables.

Un plaidoyer pour la protection des océans a été présenté dans les cadres de la Conférence sur le développement durable à Rio en juin 2012 par France Nature Environnement. En plus de demander qu’une plus grande protection soit assurée à la haute mer il a été proposé qu’un réseau mondial d’aires marines protégées soit créé.

IV. Le réseau mondial des aires marines protégées

Les aires marines protégées couvrent désormais 2,8% des océans – une superficie plus grande que l’Europe – selon la carte officielle issue de la base de données mondiale sur les aires protégées, gérée par l’UICN et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

La carte mondiale des aires océaniques protégées permet, pour la première fois, de géolocaliser facilement les aires marines protégées dans le monde, pour tout public. En outre, elle offre la possibilité de suivre les progrès réalisés pour la protection des océans et d’identifier les zones qui mériteraient d’être incluses.

Figure 6. Localisation des aires océaniques protégées

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/3862-carte-oceans-zones-protection

«Elle matérialise ainsi les progrès obtenus ces dernières années grâce à la création de grandes aires marines protégées en mer, en complément des nombreux sites de plus petite taille qui existent dans les eaux côtières de nombreux pays. Ces évolutions sont particulièrement visibles autour des eaux territoriales de l’Australie, de la France et de l’Afrique occidentale.  Elle prend en compte les données officielles de WDPA (World Database on Protected Areas) et un certain nombre d’autres données concernant les aires marines protégées (AMP), comme les parcs naturels marins, sur le point d’être désignées».

«Ainsi, la carte montre une augmentation de 0,6% de la superficie des zones protégées depuis 2012».

« »Il est encourageant de constater les progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent », a déclaré Carl Gustaf Lundin, Directeur du Programme mondial marin et polaire de l’UICN. « Protéger moins de 3% de l’océan n’est pas encore suffisant pour assurer sa conservation durable. Toutefois, si nous continuons à augmenter cette superficie de un pour cent chaque année, nous devrions être en mesure d’atteindre l’objectif de 10% d’ici 2020. Nous espérons que cette carte va rendre ce processus beaucoup plus efficace »» (unesco.org).

Conclusion

Les activités économiques mondiales exercent une pression de plus en plus forte sur la biosphère. Le système capitaliste dominant est hanté par la croissance qui a pour conséquence de détériorer, de dégrader et de détruire les écosystèmes. Ce processus compromet le renouvellement des fondements de la vie génératrice des ressources pour le bien-être et la survie de toute l’humanité.

Les nombreux bilans sur l’état de santé des océans et des mers qui ont été dressés depuis trente ans ont exposé l’ampleur des dommages causés aux habitats côtiers et marins. Les décharges de matières azotées, la destruction des coraux, la disparition des mangroves, l’augmentation du niveau de la mer, la surexploitation des ressources halieutiques, l’accumulation des déchets et des plastiques et la formation de déserts marins ne peuvent que soulever de grandes inquiétudes et ce à l’échelle mondiale.

Des efforts ont été consentis pour améliorer la performance de la gouvernance environnementale un peu partout dans le monde. De nombreux accords internationaux demandent à tous les gouvernements de s’engager sur la voie de l’utilisation durable des ressources. Plusieurs stratégies globales et programmes d’intervention s’avèrent les guides pour l’action. Des voix se sont fait entendre dans toutes les conférences mondiales pour réclamer des changements profonds à l’intérieur des paradigmes qui président au développement actuel. Les fortes inégalités sociales entraînent avec elles le phénomène du gaspillage des ressources dans les régions les plus riches, lesquelles par surcroît continuent d’effectuer un pillage des ressources des pays pauvres. Devant ce panorama il y a lieu de manifester, en effet, beaucoup d’inquiétudes.

Selon GEO-4 :

«pour certains des problèmes persistants, les dégâts peuvent déjà être irréversibles. Celui-ci avertit que s’attaquer aux causes sous-jacentes des pressions environnementales affecte souvent les intérêts de groupes puissants capables d’influencer les décisions politiques. La seule façon de traiter ces problèmes plus difficiles exige de déplacer l’environnement depuis la périphérie vers le centre du processus de prise de décision : l’environnement pour le développement, et non un développement obtenu au détriment de l’environnement» (unep.org).

RIO+20 a proposé des actions pour atteindre quatre objectifs :

–        Réduire les facteurs de stress et restaurer la structure et les fonctions des écosystèmes marins;

–        Promouvoir le développement de l’économie bleue-verte;

–        Entreprendre des réformes politiques, juridiques et institutionnelles en faveur d’une gouvernance efficace des océans;

–        Apporter un appui de la recherche marine, de la surveillance et de l’évaluation du milieu marin, du transfert de technologies et de capacités en vue d’améliorer les connaissances, de répondre aux questions nouvelles et de développer les capacités en faveur d’une exploitation durable des océans (unesco.org).

Enfin, nous croyons, que l’établissement d’un réseau mondial d’aires marines protégées performant est l’expression d’une volonté de modifier substantiellement les paramètres du développement pour une utilisation de l’environnement côtier et marin qui puisse respecter le rythme de vie et le renouvellement des écosystèmes. Ces aires constituent des laboratoires de conscientisation et d’apprentissage pour tous.

Jules Dufour

Pour le Centre de recherche sur la Mondialisation

Deuxième partie :

Grande barrière Australie

Les océans pour la survie de l’humanité (deuxième partie)Aires marines protégées des Galápagos, de la Grande Barrière et de Bonifacio, 24 mars 2015

 

Références

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Vidéos

AFP. Le 8ième continent. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=C1b82uX08wU

ARTHUS-BERTRAND, Yann. Planète Océan. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=QWn6ttf9NRg

NATIONAL GEOGRAPHIC. Why the Ocean Matters En ligne : http://video.nationalgeographic.com/video/why-ocean-matters

 

Jules Dufour, Ph.D., C.Q.: Professeur émérite, géographe, membre de la Commission mondiale des Aires protégées de  l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN), président du Comité de coordination du Parc national marin du Saguenay-Saint-Laurent (2002-2010), membre du Conseil de gestion des ressources fauniques de la région marine d’Eeyou (Baie James et Baie d’Hudson)  (2013- ).

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Photo : Le 27 janvier 2015, le président François Hollande rendait les « complotistes » d’aujourd’hui responsables des crimes commis hier par les nazis contre les juifs d’Europe. Il appelait à leur interdiction d’expression.

À la demande du président François Hollande, le Parti socialiste français vient de publier une Note sur le mouvement international « conspirationniste ». Son but : préparer une nouvelle législation lui interdisant de s’exprimer.

Aux États-Unis, le coup d’État du 11 septembre 2001 a permis d’établir un « état d’urgence permanent » (Patriot Act) et de lancer une série de guerres impériales. Progressivement, les élites européennes se sont alignées sur leurs homologues d’Outre-Atlantique. Partout, les citoyens s’inquiètent d’être abandonnés par leurs États et remettent en question leurs institutions. Cherchant à se maintenir au pouvoir, les élites sont désormais prêtes à utiliser la force pour bâillonner leurs oppositions.


Le président de la République française, François Hollande, a assimilé ce qu’il nomme les « théories du complot » au nazisme, puis a appelé à empêcher leur diffusion sur internet et les réseaux sociaux.

Ainsi a-t-il déclaré le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah :

« [L’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire » (…) « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement » [1].

Plusieurs ministres ont également conspué ce qu’ils appellent les théories du complot comme autant de « ferments de haine et de désintégration de la société ».

Sachant que le président Hollande appelle « théorie du complot » l’idée que les États, quels que soient leurs régimes –y compris les démocraties–, ont une propension spontanée à agir dans leur intérêt et non pas dans celui de leurs administrés, on peut en conclure qu’il s’est livré à cet amalgame pour justifier d’une éventuelle censure de ses opposants.

Cette interprétation est confirmée par la publication par la Fondation Jean-Jaurès, think tank du Parti socialiste dont M. Hollande était le Premier secrétaire, d’une note intitulée « Conspirationnisme : un état des lieux » [2].

Laissons de côté les relations politiques de François Hollande, du Parti socialiste, de la Fondation Jean-Jaurès, de son Observatoire des radicalités politiques et de l’auteur de la note et concentrons-nous sur son message et son contenu idéologique.

Définition des « théories du complot »

Les expressions « théories du complot » et « conspirationnisme » se sont développées en France à la suite de la publication de mon livre sur l’impérialisme états-unien post-11-Septembre, L’Effroyable imposture [3]. À l’époque, nous avions du mal à comprendre ce qu’elles signifiaient car elles renvoyaient à l’histoire politique américaine. Aux États-Unis, on appelait couramment « conspirationnistes » ceux pour qui le président Kennedy n’avait pas été assassiné par un seul homme, mais par plusieurs, formant une conspiration (au sens judiciaire). Avec le temps, ces expressions sont entrées dans la langue française et se sont superposées avec des souvenirs des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la dénonciation du « complot juif ». Ces expressions sont donc aujourd’hui polysémiques, évoquant parfois la loi du silence états-unienne et, à d’autres moments, l’antisémitisme européen.

Dans sa note, la Fondation Jean-Jaurès donne sa propre définition du « conspirationnisme ».

C’est « un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement et donc concurrencer la « version » qui en est communément acceptée, stigmatisée comme « officielle » » (p. 2).

Observons que cette définition ne s’applique pas qu’aux délires de malades mentaux. Ainsi, Platon affirmait avec le mythe de la caverne remettre en cause les certitudes de son temps ; Galilée avec sa thèse héliocentrique défiait la lecture que son époque faisait de La Bible ; etc.

Pour ma part et puisque l’on voit en moi le « pape du conspirationnisme » ou plutôt l’« hérésiarque », selon le mot du philosophe italien Roberto Quaglia, je réaffirme mon engagement politique radical, au sens du radicalisme républicain français, de Léon Bourgeois [4], de Georges Clemenceau [5], d’Alain [6] et de Jean Moulin [7]. Pour moi, comme pour eux, l’État est un Léviathan qui par nature abuse de ceux qu’il gouverne.
Comme républicain radical, je suis conscient que l’État est l’ennemi de l’intérêt général, de la Res Publica ; raison pour laquelle je souhaite non pas l’abroger, mais le dompter. L’idéal républicain est compatible avec divers régimes politiques —y compris avec la monarchie, comme l’ont acté les auteurs de la Déclaration de 1789—.
Cette opposition, que le Parti socialiste actuel conteste, a tellement marqué notre histoire qu’en 1940 Philippe Pétain abrogea la République pour proclamer l’« État français ». Dès sa prise de fonction présidentielle, j’ai dénoncé le pétainisme de François Hollande [8]. Aujourd’hui, M. Hollande se réclame de la République pour mieux la combattre et son inversion des valeurs plonge le pays dans la confusion.

Qui sont les « conspirationnistes » ?

Les « conspirationnistes » sont donc des citoyens qui s’opposent à la toute-puissance de l’État et qui souhaitent le placer sous surveillance.

La Fondation Jean-Jaurès les décrit en ces termes :

« [C’est une] mouvance hétéroclite, fortement intriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs d’Hugo Chávez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent anciens militants de gauche ou d’extrême gauche, ex-« Indignés », souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultra-nationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11-Septembre, antisionistes, afrocentristes, survivalistes, adeptes des « médecines alternatives », agents d’influence du régime iranien, bacharistes, intégristes catholiques ou islamistes » (p. 8).

On notera les amalgames et les injures de cette description visant à discréditer les personnes qu’elle désigne.

Les mythes des « conspirationnistes »

La Fondation Jean-Jaurès poursuit son dénigrement en accusant les « conspirationnistes » d’ignorer les réalités du monde et de croire naïvement en des mythes éculés. Ainsi, nous croirions au « complot sioniste mondial », au « complot illuminati » et au « mythe Rothschild » (p. 4). Et pour créditer ces trois affirmations, elle ne cite qu’un exemple relatif au seul « mythe Rothschild » : le blogueur Étienne Chouard —dont le travail ne porte pas simplement sur la République, mais va bien au-delà pour traiter de la Démocratie [9]— affirme que la loi Pompidou-Rothschild de 1973 est à l’origine de la dette de la France. Et la Fondation de réfuter cette affirmation en citant une tribune publiée par Libération.

On notera ici que l’exemple d’Étienne Chouard nous laisse sur notre faim à propos des deux autres mythes cités. Surtout, la Fondation s’adresse à des ignorants qui n’ont pas lu la réponse de M. Chouard à la tribune de Libération [10], ni la contribution du « conspirationniste » Michel Rocard [11]. En effet, de ce débat, il ressort bien que la loi de 1973 a permis l’explosion de la dette française au profit de banques privées, ce qui aurait été impossible auparavant.

La « complosphère »

Pour la Fondation Jean-Jaurès, les intellectuels conspirationnistes seraient

« essentiellement Nord-Américains. Citons en particulier Webster Tarpley et William Engdhal (tous deux anciens membres de l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche), Wayne Madsen (WayneMadsenReport.com), Kevin Barrett (VeteransToday.com) ou encore Michel Chossudovsky (Mondialisation.ca). Avec leurs homologues européens, ces derniers forment une sorte d’Internationale à laquelle Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, a tenté de donner une forme concrète en novembre 2005, en réunissant à Bruxelles une « conférence anti-impérialiste » – « Axis for Peace » – dont la liste des participants se lit comme un who’s who des auteurs conspirationnistes les plus en vue de l’époque » (p. 8).

Observons d’abord que la Fondation Jean-Jaurès ne doit lire que le français et l’anglais, et n’avoir que survolé la liste des participants d’Axis for Peace, pour croire que le phénomène qu’elle décrit ne concerne que la France, le Canada et les États-Unis, alors qu’il comprend une très importante littérature en allemand, en arabe, en espagnol, en italien, en persan, en polonais, en portugais et en russe ; langues qui sont d’ailleurs majoritaires à Axis for Peace.

Notons aussi le caractère malveillant de l’allusion à « l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche ». En effet, Webster Tarpley et William Engdhal ont quitté cette organisation, il y a plus de 20 ans. Et à l’époque où ils en étaient membres, ce parti était représenté en France aux congrès d’une formation d’extrême-gauche

Un peu plus loin, la Fondation Jean-Jaurès ne manque pas de citer l’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala, dont l’État tente d’interdire les spectacles, le sociologue Alain Soral, dont le site internet (EgaliteEtReconciliation.fr) obtient des records d’audience en France, et Alain Benajam (facebook.com/alain.benajam), président du Réseau Voltaire France et représentant du gouvernement Novorossien du Donbass.

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En 1989, l’ancien chef du Renseignement états-unien en Europe, Irwing Brown, révélait aux journalistes Roger Faligot et Rémi Kauffer avoir recruté Jean-Christophe Cambadélis lorsqu’il militait chez les trotskistes lambertistes. 25 ans plus tard, M. Cambadélis est devenu Premier secrétaire du Parti socialiste français.

Les idées politiques des « conspirationnistes »

Après ces apéritifs, la Fondation Jean-Jaurès en vient au cœur du débat, celui des idées politiques. Il définit ainsi celles des « conspirationnistes » :

- « l’effacement de toute distinction de nature entre régimes autoritaires et démocraties libérales (réputées plus « totalitaires » que les pires des totalitarismes) » ;
- « [l’opposition à] toute législation antiraciste sous prétexte de défense de la « liberté d’expression » » ;
- « [le rejet de] la pertinence du clivage droite-gauche, le véritable clivage étant celui qui sépare « le Système » (ou « l’Empire », ou « l’Oligarchie ») de ceux qui lui résistent » ; (p. 8)
- « l’idée que le sionisme est un « projet de domination » du monde » (p. 9).

La Fondation Jean-Jaurès cible précisément les sujets de conflit, mais grossit le trait pour discréditer ses opposants. Par exemple, personne ne s’est opposé à la législation antiraciste, mais uniquement et exclusivement à la disposition de la loi Fabius-Gayssot qui punit de prison le débat sur l’extermination des juifs d’Europe [12]

Qu’est-ce que le sionisme ?

La Fondation se livre alors à une très longue analyse de mes travaux sur le sionisme. Elle les défigure puis les commente :

« L’antisionisme revendiqué ici par Thierry Meyssan n’a pas de rapport avec la critique d’une politique conjoncturelle, celle des gouvernements qui ont pu se succéder à la tête de l’État d’Israël. Il ne relève pas d’un anticolonialisme que satisferait le retrait d’Israël des territoires occupés à l’issue de la guerre des Six Jours et la création d’un État palestinien. Il ne procède pas non plus d’un internationalisme qui tiendrait en suspicion, par principe, tout mouvement national d’où qu’il vienne puisque, précisément, il ne tient pas le sionisme pour un mouvement national. Cet antisionisme de facture paranoïaque ne prétend pas combattre le sionisme envisagé dans la diversité de ses expressions historiques, mais une hydre fantasmatique qui serait à la source du malheur du monde » (p. 9).

En voulant conclure sur ce débat et en lui donnant une place considérable dans son analyse, la Fondation Jean-Jaurès en souligne l’importance. Je défends en effet une position jusqu’ici absente du débat politique occidental [13] :
- Le premier chef d’État ayant affirmé son intention de rassembler les juifs du monde entier dans un État qui serait le leur fut Lord Cromwell au XVIIe siècle. Son projet, clairement explicité, consistait à utiliser la diaspora juive pour étendre l’hégémonie anglaise. Ce projet a été défendu par tous les gouvernements britanniques successifs et inscrit par Benjamin Disraeli à l’ordre du jour de la Conférence de Berlin.
- Theodor Herzl lui-même était un disciple de Cecil Rhodes, le théoricien de l’Empire britannique. Herzl avait proposé au départ de créer Israël en Ouganda ou en Argentine, pas du tout en Palestine. Lorsqu’il est parvenu à faire adhérer des militants juifs au projet britannique, il a acheté des terres en Palestine en créant l’Agence juive dont les statuts sont la copie intégrale de la société de Rhodes en Afrique australe.
- En 1916-17, le Royaume-uni et les États-Unis se sont réconciliés en s’engageant ensemble à créer l’État d’Israël, c’est la Déclaration Balfour pour Londres et les 14 points de Wilson pour Washington.

Il est donc parfaitement absurde de prétendre que Herzl a inventé le sionisme, de dissocier le projet sioniste du colonialisme britannique, et de nier que l’État d’Israël est un outil du projet impérial commun de Londres et de Washington.

La position du Parti socialiste sur ce sujet n’est pas innocente. En 1936, il proposait avec Léon Blum de transférer les juifs allemands au Sud du Liban de manière à ce que ce territoire soit annexé par Israël lorsque celui-ci serait créé [14]. Cependant le projet fut rapidement écarté par le haut-commissaire français à Beyrouth, le comte Damien de Martel de Janville, parce qu’il violait à l’évidence le mandat de la Société des Nations. Aujourd’hui le lobby israélien, créé en 2003 au sein du Parti socialiste, alors que François Hollande était Premier secrétaire, s’appelle donc naturellement Cercle Léon-Blum.

Remarques conclusives

En 2008, le professeur Cass Sunstein, conseiller du président Barack Obama et époux de l’ambassadrice US aux Nations unies, avait rédigé une note similaire [15].

Il écrivait :

« Nous pouvons facilement imaginer une série de réponses possibles.
- 1. Le gouvernement peut interdire les théories de la conspiration.
- 2. Le gouvernement pourrait imposer une sorte de taxe, financière ou autre, sur ceux qui diffusent de telles théories.
- 3. Le gouvernement pourrait s’engager dans un contre discours pour discréditer les théories du complot.
- 4. Le gouvernement pourrait engager des parties privées crédibles à s’engager dans un contre-discours.
- 5. Le gouvernement pourrait s’engager dans la communication informelle avec les parties tierces et les encourager
 ».

En définitive, le gouvernement des États-Unis avait décidé de financer des individus, à la fois chez lui et à l’étranger, pour perturber les forums des sites internet « conspirationnistes » et pour créer des groupes leur apportant la contradiction.

Ceci n’ayant pas suffi, la France est appelée à prendre des mesures autoritaires. Comme par le passé, les élites françaises, dont le Parti socialiste forme l’aile prétendument de gauche, se sont placées aux ordres de la principale puissance militaire de l’époque, en l’occurrence les États-Unis.

Pour la mise en œuvre de ce projet, il reste à définir quelle instance, nécessairement administrative, sera chargée de la censure et quels en seront les critères. Ne soyons pas naïfs, nous nous approchons d’une inévitable épreuve de force.

Thierry Meyssan

 

Documents joints

 

Thierry Meyssan : Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

Notes

[1] « Discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah », par François Hollande, Réseau Voltaire, 27 janvier 2015.

[2] « Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Observatoire des radicalités politiques, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

[3L’Effroyable Imposture suivi de Le Pentagate, par Thierry Meyssan, Nouvelle réédition, entièrement réactualisée et annotée, éditions Demi-Lune.

[4] Léon Bourgeois, sculpteur français (1851-1925). Théoricien du « solidarisme » (que les socialistes actuels confondent avec la Fraternité). Il fut président du Parti radical, président du Conseil des ministres, premier président de la Société des Nations et lauréat du prix Nobel de la paix en 1920. Avec l’aide du Tsar Nicolas II, il posa le principe des arbitrages entre États, dont la Cour internationale de Justice des Nations unies est l’aboutissement actuel.

[5] Georges Clemenceau (1841-1929). Il défendit les Communards face à la droite et combattit la gauche socialiste de Jules Ferry aussi bien contre son projet de colonisation que contre sa vision de la laïcité. Alors que, durant la Grande Guerre, le pays semblait vaincu, il devint président du Conseil et le conduisit jusqu’à la victoire.

[6] Alain, philosophe français (1868-1951), co-fondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Il milita pour une république protectrice de la liberté, strictement contrôlée par le peuple.

[7] Jean Moulin, haut fonctionnaire (1899-1943). Il prit le parti des Républicains espagnols et organisa illégalement, malgré le gouvernement socialiste neutre, un trafic d’armes pour résister aux Franquistes. Durant l’Occupation de la France, il dirigea le Conseil national de la Résistance, y incluant toutes les sensibilités politiques à l’exception de celle qui s’était battue aux côtés des Franquistes. Arrêté par les nazis, il mourut sous la torture.

[8] « La France selon François Hollande », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 30 juillet 2012.

[9] La République veille à ce que le Pouvoir serve l’Intérêt général. La Démocratie exige que le Pouvoir soit exercé par tous les citoyens.

[10] « Analyse des réflexions de Monsieur Beitone sur la prétendue rumeur d’extrême droite à propos de la loi de 1973 », par Étienne Chouard, 30 décembre 2011.

[11] Émission Mediapolis sur la radio Europe 1, le 22 décembre 2012, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard était l’invité de Michel Field et d’Olivier Duhamel.

[12] De nombreux responsables politiques se sont vainement opposés à cette loi, dont l’ancien président Jacques Chirac, et les anciens Premiers ministres Dominique de Villepin et François Fillon.

[13] « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.

[14My Enemy’s Enemy : Lebanon in the Early Zionist Imagination, 1900-1948, par Laura Zittrain Eisenberg, Wayne State University Press (1994). Thèse de doctorat vérifiée par Itamar Rabinovitch côté israélien et Kamal Salibi côté libanais.

[15] « Conspiracy Theories », Cass R. Sunstein & Adrian Vermeule, Harvard Law School, January 15, 2008.

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Retour sur la crise géorgienne de 2008

mars 14th, 2015 by Robin Marty

Le jour de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, le 8 août 2008, Saakachvili lance une offensive militaire contre l’Ossétie du Sud. Durant la nuit du 7 au 8, le président Medvedev fut mis au courant du mouvement des troupes géorgiennes. L’administration russe tenta alors de joindre Saakachvili en personne, mais ne tomba que sur Dan Fried, diplomate américain, qui répondit que les États-Unis essayaient de reprendre la situation en main. Ce qui signifierait que l’armée américaine n’avait plus le contrôle des forces géorgiennes.(1) Nous reviendrons sur ce point ultérieurement. Cette offensive géorgienne n’obtient pas les résultats escomptés, les troupes ossètes défendant avec bravoure leur territoire et empêche les troupes géorgiennes de prendre possession de la capitale autonome Tshinkvali. Cependant, si la Géorgie espérait que la communauté internationale aurait les yeux tournés vers Pékin et les jeux, c’est raté. L’armée russe réplique immédiatement pour défendre ses minorités russophones et environ 10 000 hommes pénètrent sur le territoire ossète par le tunnel de Roki et entre 7000 et 10 000 sur le territoire Abkhaze par les nombreuses voies ferrées. La Géorgie et la Russie s’accusent mutuellement de perpétrer des massacres envers les populations civiles. Le lendemain, les forces géorgiennes sont repoussées de Tshinkvali et les raids aériens de l’armée russe met en branle les contre-offensives géorgiennes.

Le 10 et 11 août, les forces géorgiennes, totalement dépassées par les événements, tentent de se replier, avant de demander un cessez-le-feu à la Russie, qui sera refusé. La Russie demande à ce que les forces géorgiennes en Ossétie du Sud soient définitivement retirées, condition sine qua non au retrait des troupes russes de Géorgie, qui l’accuse de l’envahir. L’armée géorgienne est balayée et les forces russes rentrent dans la ville de Poti, sur les rives de la mer noire, ainsi que dans la ville de Gori, en territoire géorgien, à une cinquantaine de kilomètres seulement de la capitale, Tbilissi. C’est à ce moment que l’Union européenne, par le biais du président français, Nicolas Sarkozy, intervient en tant que médiateur dans le conflit. L’Union européenne demande à la Russie de retirer ses troupes de la Géorgie.(2)(3)

Le 12 août, le président Medvedev ordonne à son armée de s’immobiliser, estimant que tous les objectifs initiaux furent remplis par son armée. Cependant, les troupes ne doivent pas se retirer pour protéger l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. La Géorgie dit avoir des preuves que les bombardements continuent. La France est à ce moment précis à la présidence de l’Union européenne. Sarkozy expose un plan de paix en six points à Dimitri Medvedev, qui sera accepté par ce dernier, mais les troupes ne se retirent seulement jusqu’aux frontières ossètes et abkhaze. En effet, le président Medvedev a reconnu officiellement l’indépendance de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud aussitôt que l’armée géorgienne pénétrait sur le territoire ossète. La Russie veut donc protéger militairement ces deux nouveaux États indépendants de la Géorgie. Ce plan comprend le non-recours à la force armée, la fin des opérations militaires, le libre accès de l’aide humanitaire, le retour des forces géorgiennes dans leur lieu de cantonnement habituel, le retrait des armées russes sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités et le lancement de discussions internationales sur le statut de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie et leur sécurité. Bien entendu, la Géorgie contestera le dernier point sur les possibles indépendances de ces régions autonomes et décide de se retirer de la CÉI. Enfin, les 13 et 14 août, les armées russes rentrent au pays, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie signent le plan de paix de l’Union européenne.

Dans ce climat instable, l’Union européenne envoie une mission de forces de maintien de la paix, tout comme l’ONU avec des casques bleus et de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe). Ces forces de maintien de la paix s’installent aux frontières entre l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Géorgie.

Le cessez-le-feu fut signé, il est maintenant l’heure des bilans. Ce conflit fit 171 morts côté géorgien, 64 côtés russes et environ 500 civils furent tués. Qui sort vainqueur de ce conflit ? Est-ce que le pire fut évité ou bien est-ce que le conflit fut prémédité ?

Nous allons revenir sur certains points du conflit que nous avons brièvement évoqué précédemment. Comme le rapporte le journal russe, toujours très bien informé, RIA Novosti, un navire américain doté de missiles de croisière était en route pour la Géorgie en août 2008. Mikhail Saakachvili a confirmé lui-même la source en déclarant que « Lorsque la 6e Flotte US a mis le cap sur la Géorgie, le vaisseau amiral qui a traversé le Bosphore était bien évidemment équipé de missiles de croisière. Le vice-président [Dick] Cheney m’avait alors dit directement: « Tu dois comprendre que nous n’avons pas acheminé d’eau potable, il s’agit d’une cargaison plus sérieuse » ». Il poursuit : « Lorsque le président Bush est arrivé à Washington, ils ont mis en état d’alerte leur aviation en Turquie et dépêchée des renforts à leur base en Roumanie » ».(4) Ce facteur s’ajoute aux confidences du journal français Le Canard Enchainé qui prétend pouvoir affirmer que « Le 7 août, avant même de lancer son offensive en Ossétie du Sud, le président Saakachvili savait qu’il allait disposer d’une aide américaine sur le terrain. ». Et l’armée américaine aurait bel et bien participé aux manœuvres militaires, contrairement à ce qu’a affirmé le diplomate américain Field, le 8 août, au président Medvedev, lorsqu’il lui annonçait que l’armée US avait perdu le contrôle de la situation. Elle aurait même conseillé à l’armée géorgienne de lancer des missiles sur Tchinkvali.

Pour bien comprendre, rappelons que les États-Unis militaient farouchement pour l’entrée de la Géorgie dans l’OTAN et à terme, dans l’Union européenne. Sauf que la France et l’Allemagne ne se réjouissaient pas de cette possibilité. Les deux puissances européennes estimaient que l’Ossétie et l’Abkhazie étaient source d’instabilité. Selon toutes vraisemblances, les États-Unis ont voulu agir seuls et précipité les choses en procédant à des manœuvres militaires autour de l’Ossétie et ne pas attendre la rencontre de décembre 2008 qui devait statuer une fois de plus sur l’entrée de la Géorgie dans l’OTAN ou non.(5) Ils s’imaginaient certainement que la Russie se serait contentée de condamner ces manœuvres, sans pour autant se montrer plus hostile. L’armée américaine a sans doute sous-estimé la réponse de la Russie. Un autre journal français, Le Figaro, recueillit les propos de Julianne Smith, directrice du programme européen au Centre des études stratégiques internationales à Washington, qui expliqua que ce conflit n’aura au final que contribué à l’apparition de deux tendances distinctes au sein de l’OTAN entre la France et l’Allemagne, opposés toutes deux à l’entrée de la Géorgie et de l’Ukraine dans l’organisation et les États-Unis, eux-mêmes divisés sur la question, mais dont l’inimitié de la franche conservatrice envers la Russie n’est que plus renforcée.(6) De ce fait, le sociologue américain, Immanuel Wallerstein, estime que les États-Unis « ne sont plus une superpuissance » et « les Américains n’ont pas compris les nouvelles règles du jeu ».  Assistons-nous à un rééquilibrage des forces entre les deux plus grandes anciennes puissances de la planète ?

Un autre État a joué un rôle prépondérant durant le conflit, sans que les médias occidentaux n’en parlent. C’est Israël, dont on sait très proche de la politique étrangère américaine. C’est un média israélien lui-même qui divulgue ces informations. « Ces sept dernières années, des entreprises israéliennes ont aidé l’armée géorgienne à se préparer à une guerre contre la Russie par le biais de vente d’armes, d’entraînement d’unités d’infanterie et de conseils en matière de sécurité », profitant notamment du fait que le ministre de la Défense géorgien, Dimitri Kezerashvili est un ex-Israélien. Israël a en effet armé, financé et entraîné l’armée géorgienne avant le déclenchement du conflit. Plus exactement, Israël a commencé à vendre des armes en quantité à la Géorgie en 2001, lorsque Chevardnadze était encore au pouvoir et avant que ce dernier change d’idéologie politique en se rapprochant de la Russie. Un homme incarne ce nouveau partenariat militaire entre Israël et la Géorgie, l’industriel et ancien ministre Roni Milo, qui a facilité les négociations pour la signature des contrats militaires. Ces contrats irritèrent la Russie, avec qui Israël souhaitait garder de bonnes relations diplomatiques. Surtout que des armes israéliennes furent utilisées contre les Russes par les Géorgiens durant le conflit. Si bien qu’après le conflit, Israël décida de suspendre plusieurs contrats militaires, notamment sur la vente de drones (40 furent déjà vendues à la Géorgie) pour éviter les représailles de Moscou.(7)

Il est l’heure désormais de nous intéresser désormais à la situation postconflit, quel avenir pour les deux États de facto ? Comment se portent les relations politiques russo-géorgiennes ? Quel avenir politique pour Saakachvili ? Autant de questions essentielles afin de comprendre le dernier point de notre recherche, qui sont les enjeux géopolitiques de la région pour aujourd’hui et demain.

Après le conflit, seules les missions de maintien de la paix de l’Union européenne sont autorisées à rester, après le veto de la Russie au conseil de sécurité de l’ONU en faveur du retrait des Casques bleus. Les relations entre la Russie et Géorgie sont rompues tant que Saakachvili reste au pouvoir. Ce dernier n’a absolument pas changé de ligne directrice et reste pro-occidental. La situation a cependant beaucoup évolué en interne entre 2012 et 2015. Nous allons voir pourquoi. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud émettent une demande d’adhésion début 2012 à l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective). Ce traité est qualifié par certains experts américains et européens « d’OTAN russe ». En somme, il serait le nouveau Pacte de Varsovie. L’OTSC est une initiative du gouvernement russe de Vladimir Poutine, souhaitant réunir sous un même étendard les nations sur une ligne prorusse. La majorité des Nations concernées sont en fait les anciens États satellites de l’URSS se trouvant aujourd’hui tout autour de la Russie qui souhaite se protéger de l’OTAN. Nous y reviendrons. En mai 2012, l’OTSC se dit prête à examiner les demandes des deux États de facto, ce qui ne manque pas d’irriter la Géorgie qui continue à dire que la Russie occupe son territoire. L’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan sont les États pour l’instant membres de l’OTSC.

En septembre 2012, le président de l’Ossétie du Sud, Léonid Tibilov, déclarait que la Géorgie se préparait possiblement à une nouvelle offensive militaire. Le président ossète met en cause Saakachvili de construire de nouvelles installations militaires, comprenant des entrepôts d’armes, le long de la frontière ossète. Andrei Arichev, analyste politique, estime que le conflit n’est pas encore réglé et que « les relations russo-géorgiennes restent tendues, il n’y a plus aucun lien diplomatique, et la rhétorique hostile de Tbilissi est toujours actuelle. Les actions hostiles restent donc une évidence. »(8) Pourtant, il est difficile d’envisager une nouvelle attaque de la Géorgie, car contrairement à 2008, les forces russes se trouvent toujours sur le territoire ossète et ne tergiverseront pas si une nouvelle attaque a lieu. En revanche, cela donne une certaine idée de la température bouillonnante dans les relations internationales dans le Caucase en 2012, à un mois des élections géorgiennes.

Les élections d’octobre sont déterminantes, car Mikheil Saakachvili est battu aux législatives. Certes, il reste au pouvoir, mais sa position ne cesse de se fragiliser. À ce titre, le journal Libération titre « Saakachvili, de la rose aux épines » et revient sur l’arrogance du jeune chef d’État. Le président sortant devra vivre une cohabitation politique avec l’opposition jusqu’aux élections présidentielles fin 2013. Plusieurs scandales ont sali son mandat comme restreindre l’influence des médias de l’opposition, l’absence de débat politique avec cette dernière ou encore les tortures dans les prisons. Le chômage et la pauvreté n’ont fait qu’augmenter sous sa présidence. La population géorgienne n’est pas dupe, et la rancœur fut notamment perceptible dans la capitale Tbilissi ou il réalisa de très mauvais scores.(9)

Malgré ce vote sanction, Saakachvili ne prend absolument pas le même chemin que son prédécesseur, Chevarnadze, qui lorsqu’il sentit le vent tourner, afin de garder sa place, s’était rapproché de la Russie. Non, Saakachvili est un homme fidèle, nous pouvons lui accorder cette qualité. Fidèle donc à l’administration Barack Obama, qui a remplacé celle de George W. Bush, bien que sur la scène internationale, ce changement ne modifia en rien la doctrine mondialiste américaine. Pourtant, en avril 2013, Moscou tente un rapprochement avec Tbilissi pour essayer de reprendre les relations diplomatiques. Le chef de la diplomatie russe en personne, Serguei Lavrov, qui déclara espérer «  que la reprise des relations diplomatiques, rompues à l’initiative de la partie géorgienne, reviendra à l’ordre du jour » à l’issue d’une rencontre Russie-OTAN qui plus est. Il ajouta « « Nous sommes pour leur développement. Nous avons entendu et évalué les approches du nouveau gouvernement géorgien. Je crois que le développement classique de notre coopération économique, commerciale, culturelle, humaine, scientifique et dans le domaine de l’art se poursuivra. Tout cela permettra de mieux se comprendre ». Cette véritable main tendue trouvera-t-elle écho à Tbilissi ?

La réponse géorgienne fut immédiate. Tbilissi refuse de reprendre les relations diplomatiques avec Moscou, tant que les troupes russes occuperont les États de facto abkhaze et ossète. Le chef de la diplomatie géorgienne, Maïa Pandjikidze, ajouta même que son pays demandait à ce que la Russie annule la reconnaissance en tant qu’États indépendants de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Si la première condition peut ouvrir à des pourparlers, la seconde est un non-sens.

Le 17 novembre 2013, un nouveau visage arrive à la tête de la Géorgie. Mikheil Saakachvili perdit les élections présidentielles sur un très large score (3e avec 22% des voix). Le nouvel homme fort de la Géorgie se nomme Guiorgui Margvelachvili. Immédiatement, les observateurs internationaux se demandent quel impact sur les relations internationales géorgiennes aura ce changement de régime. Ce nouveau gouvernement sera-t-il autant pro-occidental que le précédent ? Dès son élection, Margvelachvili s’est dit ouvert à une reprise des relations diplomatiques avec la Russie pour renouer un dialogue constructif. Nouvelle contradiction, en janvier 2014, la Géorgie se dit prête à un rapprochement de l’Union européenne. En effet le nouveau gouvernement espère que l’Union européenne pourra protéger la Géorgie de nouvelles menaces de la Russie et compte pour ce faire de l’Allemagne. Berlin et Moscou entretiennent relativement de bonnes relations depuis plusieurs années et possèdent un ministre des affaires étrangères particulièrement à l’écoute de la situation dans le Caucase en la personne de Franck Steinmeier. Ce dernier avait proposé un plan de paix et de développement économique en 2008 à la Géorgie, la Russie et l’Abkhazie. Les efforts de la diplomatie allemande furent réduits à néant par l’ex-président Saakachvili qui n’en démordait pas vis-à-vis de la Russie. L’Allemagne n’ayant par après plus insisté. Mais le gouvernement Margvelachvili croit que l’Allemagne pourrait de nouveau jouer son rôle de médiateur afin de sécuriser la région. « Les relations entre l’Allemagne et la Russie pourraient servir à persuader cette dernière que l’aspiration de Tbilissi à intégrer les structures européennes et euratlantiques ne nuit pas aux intérêts de la Russie », espère Irakli Menagarichvili, ex-ministre géorgien des Affaires étrangères.(10) Est-ce une réelle volonté pour la Géorgie de renouer avec la Russie ? Ou est-ce une astuce pour implicitement avoir l’appui de l’Union Européenne en cas d’un futur conflit et vis-à-vis du statut des deux États de facto ?

Une semaine plus tard, un événement va particulièrement agacer le nouveau gouvernement géorgien. Un accord économique et culturel qui fut signé entre l’Ossétie du Sud et la Sardaigne, ou plus exactement entre Tshinkvali et Lanusei. Non pas que la Géorgie ait une antipathie envers la Sardaigne, mais parce qu’un accord économique est un des premiers pas vers l’indépendance totale d’un État. Or la Géorgie considère toujours ces deux régions autonomes comme géorgienne, puisque la communauté internationale ne les a pas reconnues, hormis quelques pays. Ce premier pas vers l’indépendance internationale fit réagir Tbilissi qui demanda aussitôt des explications à Rome en convoquant l’ambassadeur italien. De plus, après le conflit de 2008, tout accord entre une des deux régions autonomes et un État étranger doit être approuvé par Tbilissi.

Robin Marty

À suivre

Première partie :

révolution des roses

Les dessous de la révolution des roses

Notes :

(1) Spiegel Staff. « Road to War in Georgia : The Chronicle of a Caucasian Tragedy », Spiegel, 25 août 2008.

(2) « L’armée russe restera en Ossétie du Sud jusqu’au retrait des troupes géorgiennes » Ria Novosti, 11 août 2008.

(3) Irakli, Metreveli. « La Géorgie se dit occupée par la Russie, qui dément vouloir attaquer Tbilissi ». Le Point, 11 août 2008.

(4) «Août 2008 : Un navire US était en route pour la Géorgie », Ria Novosti, 8 août 2013.

(5) « Implication US en Géorgie », page 3. Le Canard enchaîné, 20 août 2008.

(6) Turlin, Jean-Louis. « L’élargissement de l’OTAN à l’est contrarié par la crise ». Le Figaro, 13 août 2008.

(7) Egozi, Arie. « Guerre en Géorgie: la connexion israélienne ». Mondialisation.ca , 12 août 2008.

(8) Kharlamov, Ilia « La Géorgie mobiliserait ses forces pour une nouvelle provocation ». La voix de la Russie, 19 septembre 2008.

(9) Despic-Popovic, Héléne. « Géorgie : Mikhail Saakachvili, de la rose aux épines ». Libération, 2 octobre 2012.

(10) « La Géorgie veut se rapprocher en douceur de l’UE ». RiaNovosti, 13 janvier 2014.

 

 

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The Philippines has an estimated $840 billion worth of untapped mineral resources, according to the Mines and Geosciences Bureau of the Philippines which is responsible for giving permits to mining companies to do exploration of mining areas and to commence operation. Small-scale mining industries have contributed to national revenues.

A big problem ensued with the signing of the Philippine Mining Act of 1995 authored by then Senator Gloria Macapagal Arroyo which allowed 100% ownership of the claimed mining land area and minerals by foreign multinational mining corporations. Large-scale mining is destructive as it uses the method of open-pit mining which entails clearing thousands of hectares of rainforests and agricultural lands, deep excavations to extract minerals, the use of toxic heavy metals and chemicals to process mineral ores, and the consumption of millions of liters of water – all of which negatively impact the lives of the Filipino citizens with the grave disregard for their right to health, life, food security, livelihood, and a clean environment. This is the social justice issue of large-scale mining. Large-scale mining is against the sustainability of the environment and of the people’s cultural identity and quality of life. 

Corporate mining permits multiplied under the administration of President Benigno Aquino III in the belief that large-scale mining tax revenues would spur economic growth. However, environmentalists blame the liberalized mining sector for the greater destructiveness of natural disasters in the country. According to Marya Salamat of bulatlat.com (2013), environmentalists blame mining companies for contributing to massive siltation of the rivers, poisoning the waterways and agricultural fields with toxic chemicals and rendering communities more vulnerable to flooding. At the same time, local communities affected by mining bewail the loss of their former livelihood in fishing, agriculture and forestry, “as some of them were forced to become mineworkers instead, or service workers for those at work in the mines, including some women becoming prostitutes, reportedly driven to it by the combination of their family’s loss of land, livelihood and influx of men working in the mines” (Salamat, 2013).

Tampakan Mining (Mining Journal)

Tampakan Mining (Source: Mining Journal)

If realized, the proposed Tampacan copper-gold mining project by the Sagitarrius Mining Incorporated in South Cotabato, Mindanao would be the largest open-pit mine in the Philippines and one of the largest of its kind in the world. The open pit would reach an extent of 500 ha and a depth of 785 meters while the topsoil stockpile would cover an area of 5 ha and the pit ore stockpile 49 ha, according to conservation and development consultants like Clive Montgomery Wicks. On February 2013, the Mines and Geosciences Bureau under the Department of Enviroment and Natural Resources issued an Environmental Compliance Certificate to SMI. But various civil society groups and church leaders strongly oppose the Tampacan copper-gold mining project because of its disastrous impact to the environment, to the watershed area spanning three major rivers in Mindanao, to agricultural production, and to the displacement of 5,000 people living in the area where the proposed mining will be done.

Source: Mining.com

The sad and unfortunate concomitant to the struggle against the Tampacan copper-gold mining project is the lack of in-depth analysis of most mainstream media news on the issue, and instead of providing an assessment of the impacts vis-à-vis the alleged benefits from the mining project, tend to provide news on the corporate affairs of the multinational corporations which have interest on this project. In contrast, alternative media like bulatlat.com and davaotoday.com provide news reports with in-depth analysis of the mining situation and show the alternative viewpoints of those who are against the mining project. In 2012, Bulatlat.com reported on what has not been reported by the mainstream media: the massacre of a B’laan family whose head declared a tribal war against SMI. Davaotoday.com reported on the Catholic Bishops’ plea to President Aquino to stop the Tampacan mining project on strong moral grounds. Civil society groups which are against the Tampacan mining project such as Kalikasan Peoples’ Network for the Environment, Alternative Forum for Research in Mindanao, Center for Environmental Concerns, and international non-profit, cause-oriented organizations such as War on Want, London Mining Network, Banktrack, and Indigenous Peoples’ Link have posted press releases, investigative reports, and analytical articles on the destructive impact of the proposed large-scale mining project and expressed a clear, strong opposition to the proposed mining project.

The proposed mining project straddles the jurisdiction of two regions, four provinces, four municipalities, and nine barangays. If this mining project will be realized, its environmental cost and negative impact to the livelihood, health, and quality of life of the Filipinos living in affected areas in four provinces of Mindanao (South Cotabato, Sarangani, Sultan Kudarat, and Davao del Sur) will be immense and incalculable, to say the least. The open pit will not be back filled, and according to Dr. Godilano (2012), the billions of tons of acid forming waste rocks and mine tailings that the mining corporation will leave behind will require management in perpetuity. According to the Catholic Church in South Cotabato, if Sagittarius Mines, Inc. (SMI) will be allowed to operate, it will destroy the environment by massive clearing of 6,935 hectares of rainforests and agricultural lands, contaminate three major watersheds (ridge-rivers-reef) for five provinces, and dry up the irrigation systems in the lowlands and the aquifers in General Santos and Koronadal City. It will result to the dislocation of almost 6,000 surface dwellers, mostly B’laans, from their ancestral land, and has actually led to human rights violations with the killing of anti-mining indigenous people and activists and the restrictions of access by the indigenous people to the forests and agricultural lands claimed by the mining corporations.

In addition, it impacts negatively the people’s health, safety, food security and right to life and livelihood by the constant risk of breakage of the dam that will hold the mine tailings and the contamination of water, soil, and air by toxic chemicals and heavy metals that will be used for processing the mineral ores from the mining area in Tampacan. The added risk is that the Tampacan mining area sits on fault lines, which increases the risk of seismic activity that poses threat to the spilling of the dam for mine tailings and the contamination of flood waters with toxic mine wastes due to the deforestation of the area, soil erosion, and siltation of rivers, which further aggravate and are aggravated by climate change.

Because of these huge environmental, social, and cultural costs, allowing the SMI to operate tantamounts to a betrayal of the Philippine nation and of the Filipino people because no amount of taxes that will be obtained from SMI can compensate for the environmental destruction and long-term negative impacts on the health, food security, and right to life and livelihood of the Filipinos in five provinces of Mindanao- South Cotabato, Sarangani, Sultan Kudarat, Davao del Sur, and Maguindanao – and the cities of General Santos and Koronadal. The promises made by the mining company to provide scholarships and provide livelihood to the affected people, especially the indigenous B’laan tribe, are mere palliatives in comparison to the massive environmental destruction and long-term negative impacts of this proposed large-scale mining project.

The government must listen to the cry of the Filipino people to stop the Tampacan mining project. The Philippine Mining Act of 1995 which allows for 100% ownership of mineral ores and land covered in the claimed mining area should be repealed because it is against national sovereignty and against sustainability of the environment, cultural identity, quality of life, and livelihood of the Filipinos that will be most affected by the large-scale mining projects. President Benigno Aquino should learn to adopt the principles of sustainable development, repudiate neoliberal economics which is pro-corporate profits and breeds grave inequities in the world, and repudiate the impositions of World Bank, World Trade Organization, and International Monetary Fund.

Citizens who understand the situation must shout together the protest against the evils of neo-liberal capitalism exemplified by large-scale, corporate mining and must put a stop to the desecration of nature and the violation of human rights of the poor and the indigenous peoples of the Philippines and other developing countries.

Professor Belinda Espiritu is the Coordinator of the Mass Communication Program at the University of the Philippines, Cebu. 

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La Unión Económica Eurasiana es una realidad que puede terminar costándole su “ventajosa posición” a Estados Unidos en la periferia occidental de Eurasia según vaya formándose un espacio económico común.

En 1997, el ex asesor en seguridad nacional Zbigniew Brzezinski aseguró lo que sigue: “Pero si el espacio central rechazara a Occidente, se convertiría en una única entidad firme; así, tanto adquiriría capacidad de control del Sur como crearía una alianza con el principal actor de Oriente. La consecuencia sería que la primacía de EEUU en Eurasia se reduciría dramáticamente. Lo mismo sería si los dos jugadores más importantes del Este se unieran de algún modo”.

Se trataba de una clara advertencia a las elites de Washington y Wall Street. Escondido detrás de una melifluamente velada jerga de apariencia liberal y académica, lo que el doctor Brzezinski estaba diciendo era que si la Federación Rusa y el espacio post-soviético se las arreglaban para rechazar o hacer retroceder la dominación de Occidente –léase, una combinación de tutelaje de EEUU y la Unión Europea (UE)– y tenían éxito reorganizándose en la creación de cierto tipo de confederación o bloque supranacional, que o bien ganara influencia en Oriente Medio y Asia Central o bien se aliara con China, la influencia de Washington en Eurasia se acabaría.

Todo lo que advertía Brzezinski a Washington está sucediendo. La Unión Económica Eurasiana (UEE) –llamada sencillamente Unión Eurasiana– se ha formado con Armenia, Bielorrusia, Kazakhstán y Rusia. Próximamente, Kyrgyzstan accederá a la membresía de la UEE, y Tayikistán está considerando hacer lo propio. El Kremlin y la UEE están activos también en la búsqueda de nuevos socios. Incluso países que están fuera del espacio post-soviético, como Siria, están interesados en unirse a la UEE, y el bloque liderado por Rusia ya ha firmado un importante tratado comercial con el gigante árabe Egipto. En el Sudeste Asiático, se han realizado negociaciones con Hanoi; Vietnam es el siguiente país en el cronograma de firmas de tratados con la UEE en algún momento de 2015.

Está claro que el “Espacio Central” está resurgiendo. Turquía está atenta a la alternativa eurasiana. El tratado entre Ankara y Moscú por el ducto que transportará gas natural a través de Turquía han puesto en alerta a Washington y la Comisión Europea. Después de los acuerdos en materia de energía y comercio, Rusia renovó sus lazos militares con Irán; consecuentemente, ofreció a Teherán el vehiculo lanzamisiles Antey-2500. En 2013, Teherán codo a codo con Moscú fue un actor clave cuando se evitó que el Pentágono lanzara una guerra abierta en Siria. El 20 de enero de 2015, el ministro de defensa ruso, Sergei Shoigu, y su equivalente iraní, brigadier general Dehghan, firmaron públicamente en Irán unos tratados que renuevan la cooperación militar ruso-iraní. Desde Egipto, Líbano y Siria hasta Yemen e Iraq, la influencia de Rusia está aumentando en Oriente Medio (es decir, “el Sur”).

En América latina, desde Argentina y Brasil hasta Nicaragua y Venezuela, la influencia de Rusia también está creciendo. La excursión regional que el año pasado realizó el presidente ruso Vladimir Putin y otra de Shoigu este mismo año han incluido conversaciones sobre cooperación militar y condujeron a especulaciones sobre la construcción de una red de bases de comunicaciones, navales y aéreas en el continente. Por otra parte, el aumento de la influencia rusa y la disminución del peso de Washington en el interior de América latina han sido razones para el acercamiento de EEUU y Cuba. La influencia de Moscú estuvo presente incluso en la víspera de la histórica visita de una delegación del Congreso estadounidense cuando el buque de inteligencia y comunicaciones rusoViktor Leonov amarró en La Habana el 20 de enero de 2015.

Tanto el “Espacio central” como el “Reino central” ( Zhongguo/China) han unido fuerzas hace tiempo. Esto sucedió antes de la formación de la UEE o el golpe del EuroMaidan en Ucrania. Moscú y parte del espacio post-soviético empezaron a construir una alianza con China (esto es, “el más importante actor del Este”). Esto ha comenzado a florecer. La Organización por la Cooperación de Shanghai (SCO, por sus siglas en inglés), constituida en 2001 por Los Cinco de Shanghai, es la prueba de ello. El megacuerdo chino-ruso sobre el gas natural no es más que el fruto de esta alianza y la consolidación d el espacio común integrado por el “Espacio central” y el “Reino central”.

Evitar la integración eurasiana: intentos de cercar el “Espacio central”

Independientemente de cualquier mezquindad o cálculo, sin Rusia, Europa está incompleta. Tanto demográfica como territorialmente, la Federación Rusa es el mayor país europeo. Sin la menor duda, Moscú también es la fuerza primordial en lo político, lo socioeconómico y lo cultural en los asuntos europeos, una fuerza que no puede ser desdeñada desde el mar Báltico a los Balcanes y el mar Negro.

Económicamente, Rusia es un exportador importante y un mercado importador para la UE y sus países miembros. Es por eso que la UE está sufriendo las consecuencias de las sanciones económicas, urdidas por Estados Unidos, impuestas a Rusia como una forma de guerra económica. Es en este contexto, en el de la importancia económica de Rusia para las economías de la UE, que el vicepresidente de EEUU Joseph Biden admitió con todo candor durante una conferencia el 2 de octubre de 2014 en la escuela de gobernanza John F. Kennedy de la Universidad de Harvard que Washington debía presionar a la UE para que aceptara el régimen de sanciones.

En este sentido, la advertencia de Brzezinski tiene otro ángulo que involucra también a los socios de Washington, la UE y la OTAN. “Finalmente, cualquier expulsión de Estados Unidos de su posición privilegiada en la periferia de Occidente por parte de sus socios occidentales significará automáticamente el fin de la participación de EEUU del tablero de juego eurasiático, aunque también signifique la eventual subordinación del extremo occidental de un revivido jugador ocupando el espacio central”, avisó Brzezinski. Lo que quería decir el ex funcionario estadounidense es que si las más importantes potencias europeas alineadas con EEUU (Francia y Alemania, o el conjunto de la UE) rechazaban la influencia de Washington (tal vez incluso con la retirada de la OTAN), EEUU perdería su situación de privilegio en Eurasia. Brzezinski advirtió de que una Rusia afirmativa –probablemente junto con su aliados de la Comunidad de Naciones Independientes (CIS, por sus siglas en inglés)– podría incluso sustituir la influencia estadounidense.

La razón por la cual esta unidad en el espacio post-soviético y cualquier convergencia entre la UE y el “Espacio central” constituyen una amenaza para Washington puede ser analizada mediante la utilización del punto de vista y el léxico del ministro de asuntos exteriores de Rusia. En el marco diseñado en el Nº 32 de la plaza Smolenskaya-Sennaya, Eurasia está dividida en tres zonas o regiones: la región euratlántica (periferia occidental), la eurásica (región central) y la región Asia-Pacífico (periferia oriental). Por lo tanto, la expresión “Espacio central” usada por Brzezinski alude al espacio post-soviético.

En términos orgánicos, la región central –Eurasia– es la que puede unir e integrar a las periferias occidental y oriental. En última instancia, Rusia y la UEE quieren establecer una zona de libre comercio que englobe a toda la UE y la UEE: un “Espacio Económico Común”. En las palabras del ministro ruso de asuntos exteriores, la UEE está diseñada para ser un vínculo efectivo entre Europa y la región Asia-Pacífico”.

Rusia y la UEE, actuando como puente entre las dos periferias eurasianas, son las que amenazan los planes de Washington de integrar las regiones euroatlántica y Asia-Pacífico con Estados Unidos.

Espacio Económico Común vs. TTIP y TPP

Estados Unidos quiere ser el centro de gravedad de Eurasia. Y tiene el temor de que la UE podría eventualmente inclinarse en la dirección del “Espacio central” e integrarse a Rusia y la UEE.

Las tensiones que Washington está acumulando deliberadamente en Europa son un intento de distanciar la UE de Moscú; esto le permitiría continuar con la construcción del imperio estadounidense en Eurasia, la versión washingtoniana de un moderno “Gran Juego”. Incluso la advertencia de Brzezinski sobre el resurgimiento del “Espacio central” (Rusia más el espacio post-soviético) se refiere a la zona unificada que se convertiría en una “entidad afirmativa única” y no precisamente “agresiva”, es decir, una amenaza militar para la paz mundial.

Washington pretende que la periferia occidental (euroatlántica) y la periferia oriental (Asia-Pacífico) se integren mediante el Tratado de Asociación e Inversión Comercial Transatlántico (TTIP, por sus siglas en inglés) y el Tratado de Asociación Transpacífica (TPP, por sus siglas en inglés). La UEE y cualquier pensamiento de un Espacio Económico Común son una amenaza para la fusión de esas regiones con EEUU. Es por eso que Estados Unidos no puede tolerar un “Espacio central” independiente y asertivo, ni, por la misma razón, un “Reino central” independiente y asertivo. De ahí la demonización y el señalamiento mediático de los que son objeto Rusia y China: Moscú está en el centro de atención mediante la desestabilización inducida en Ucrania (también mediante una novedosa ola de rusofobia); al mismo tiempo, los dardos se dirigen contra Pekín mediante el llamado “giro (militar) hacia Asia”. Esto se está dando mientras EEUU continúa desestabilizando Oriente Medio (es decir, “el Sur”).

Mientras Bruselas tenía sus propias razones para acelerar las conversaciones con Washington por el TTIP, los temores de una integración eurasiana avivaron la sensación de urgencia de EEUU para llevar a término las negociaciones por el TTIP de modo de solidificar su influencia sobre la UE. Las sanciones (guerra económica) contra la economía de Rusia, la caída del precio del petróleo y gas, y la depreciación del rublo en Rusia son también otras tantas caras del cubo de Rubik.

El Espacio Económico Común es una aspiración conducente a una zona de comercio de ámbito eurasiano. El interés por el Espacio Económico Común viene dado porque Moscú y sus socios de la UEE lo ven como un marco en el que poco a poco se incorporarían otras regiones eurasianas. El segundo en el ministerio de asuntos Exteriores ruso, Vasily Nebensya, confirmo todo esto a la agencia de noticias Tass en una entrevista publicada el 31 de diciembre de 2014. Nebenzya le dijo a Tass que Moscú tiene en vista el objetivo a largo plazo de una cooperación UE-UEE en Eurasia “sobre la base de un espacio económico común desde el Atlántico hasta el Pacífico”.

Cualquier acuerdo comercial entre la UE y la UEE no solo sería el primer paso hacia un Espacio Económico Común sino también el embrión de una zona comercial de ámbito eurasiano con el potencial de incluir el Acuerdo de Libre Comercio Centro Europeo (CEFTA, por sus siglas en inglés), la Asociación por la Cooperación Regional del Sur de Asia (SAARC, por sus siglas en inglés) y la Asociación de Naciones del Sudeste Asiático (ASEAN, por sus siglas en inglés). La posibilidad es del surgimiento de un bloque supranacional compartimentado.

Desde una perspectiva rusa, en lugar de priorizar el TTIP con EEUU, para la UE tendría más sentido la creación de un marco de cooperación con la UEE. Esta apreciación ha sido reflejada por el embajador ruso ante la UE, Vladimir Chizhov, quien en una entrevista a EU Observer publicada el 2 de enero pasado dijo que Moscú quería iniciar contactos entre la UE y la UEE tan pronto como fuera posible, y que las sanciones de la UE contra Rusia no impedirían el diálogo y el contacto entre ambos bloques. “Podríamos pensar en una zona de libre comercio que abarcaría a todas las partes interesadas de Eurasia”, explicó en la entrevista el embajador Chizhov mientras describía “el bloque liderado por Rusia como un socio mejor para la UE que Estados Unidos”. Tal como preguntaba persuasivamente, la cuestión en la que la UE debe pensar es esta: “¿Creéis acaso que es inteligente gastar tanta energía política en una zona de libre comercio con Estados Unidos mientras tenéis socios más naturales al lado mismo de vuestra casa?”.

¿Está despertando la Unión Europea?

La pregunta del embajador Chizhov no ha caído en oídos sordos. La misma pregunta se están haciendo en varias capitales de la UE. Los líderes de las potencias europeas están dándose cuanta de que EEUU está provocando un conflicto con Rusia, y que Washington pretende que sean los europeos quienes peleen y dilapiden recursos que debilitarán tanto a la UE como a Moscú para beneficio de Washington. Países más pequeños de Europa se han hecho oír sobre esta cuestión mientras que los más grandes han sido más lentos para darse cuenta de ella.

Grecia se negó a alinearse cuando la UE dio a conocer el 24 de enero pasado una declaración de condena a Rusia por el estallido de combates en la ciudad de Mariupol, Ucrania del Este. Atenas rechazó condenar a Moscú y lamentó que la UE actuara antidemocráticamente y no respetara sus propios procedimientos pidiendo el consenso de los estados miembros antes de publicar una declaración en nombre de todos ellos. En lugar de enfrentarse con Rusia, el gobierno griego busca lazos más estrechos con Moscú.

La visita del presidente Putin a Budapest en febrero de 2015 alborotó las plumas de la UE y EEUU. Hungría había alzado la voz para oponerse a las sanciones estadounidenses contra Rusia. Esto había escandalizado a algunos en Washington y la Comisión Europea. Incluso se produjo un conflicto diplomático entre Budapest y Washington cuando el senador estadounidense John McCain llamó “dictador neo-fascista” al primer ministro húngaro Viktor Orban porque en 2014 Hungría se negó a romper sus vínculos con Rusia.

Mientras se conjeturaba sobre la posibilidad de que Hungría fuera utilizada como el “policía bueno” para regatear con Moscú, el 20 de octubre de 2014 Estados Unidos se excedió y prohibió la entrada en territorio estadounidense de miembros del gobierno húngaro. A pesar de que la UE está obligada a reaccionar colectivamente si cualquier país miembro es castigado con sanciones diplomáticas, Bruselas no respondió a Washington.

El presidente de Chipre Nicos Anastasiades se unió a la sublevación contra Bruselas y Washington visitando Moscú el 25 de febrero de 2015. Nicosia y Moscú incluso firmaron un acuerdo que permite el uso de puertos chipriotas a los barcos de la armada rusa.

Alemania y Francia –una vez más llamados sarcásticamente “la vieja Europa” por el jefazo del Pentágono Donald Rumsfeld– también están dudando. Las diferencias franco-alemanas con EEUU aparecieron en la Conferencia de Seguridad de Munich en el hotel Bayerischer Hof cuando la canciller alemana Angela Merkel contradijo a los delegados de EEUU e Inglaterra en relación con una solución militar en Ucrania. En este contexto, París y Berlín hicieron un refrito de la propuesta de paz original del Kremlin e iniciaron conversaciones diplomáticas en Moscú.

Casualmente, Merkel también mencionó su apoyo al Espacio Económico Común: ¿será una señal de los tiempos que se avecinan?

____________________________

Mahdi Darius Nazemroaya es sociólogo e investigador asociado del Centre for Research on Glabalization, especializado en geopolítica y estrategia.

Traducido del inglés para Rebelión por Carlos Riba García.

Fuente: RT, 12 de marzo 2015.

Une dette qui met Détroit en détresse

mars 12th, 2015 by Laila Benzzi

Immeubles en ruine, herbes folles et pauvreté qui explose : les images de Detroit témoignent de l’ampleur de la crise qui touche les États-Unis depuis 2008.

Les dernières discussions, approuvées par le juge Steven Rhodes, concernant le plan de sortie de faillite de Detroit ont été récemment qualifiées de « Happy Talk » (discussions heureuses). Néanmoins, la ville est toujours frappée par la crise, les problèmes fondamentaux persistent, les droits les plus élémentaires ne sont pas respectés : logement décent, accès à l’eau, soins de santé, etc.

Dianne Feeley, auteure américaine, ouvrière retraitée de l’automobile aux Etats-Unis et militante de « Solidarity » |1|, lève le voile sur la réalité à Détroit. Detroit est la principale ville de l’État du Michigan aux États-Unis. Elle est connue principalement pour son industrie automobile, comme le soulignent les surnoms populaires de la ville : the Motor City, Motown ou la ville des Big Three (Ford, General Motors et Chrysler).

Detroit est le symbole de la montée en puissance d’une économie étasunienne et d’un « capitalisme triomphant » pendant les trente glorieuses. Aujourd’hui, elle est frappée de manière emblématique par les effets du néolibéralisme avec un taux de pauvreté supérieur à 40 % par rapport à la moyenne nationale et un taux de chômage représentant, officiellement, le double de celui de l’État du Michigan.

Detroit est aussi une ville marquée par la ségrégation raciale : le drame commence avec la fuite des blancs vers les banlieues dans les années 70 (aujourd’hui, 83 % de la population de Détroit est afro-américaine). Ce déclin du nombre d’habitants a conduit à une baisse des revenus publics. La situation s’aggrave avec la délocalisation des industries automobiles dans des États du pays où la main d’œuvre est moins chère, moins syndiquée et où la fiscalité est plus souple. Au début des années 80, Detroit se voit donc privé de toute aide, vidé de ses entreprises et de ses habitants. Toutes ces raisons ont accéléré le déclenchement d’une crise sociale et économique autodestructrice et amorcé la spirale de la faillite.


Comment la crise de 2008 a empiré la situation à Détroit ?

La crise de 2008 a frappé de plein fouet les États-Unis. Detroit, ville marquée par une combinaison de plusieurs années de baisse des ventes d’automobiles et une faible disponibilité du crédit, n’a pas été épargnée.

Après une chute spectaculaire des ventes d’automobiles en 2008, chacun des « Big Three » constructeurs américains – General Motors (GM), Ford Motor Company et Chrysler – ont demandé des prêts d’urgence pour remédier à leur pénurie de trésorerie. Avec l’intention de prévenir les pertes d’emplois massives et des dommages qui déstabiliseraient l’ensemble du secteur manufacturier, les gouvernements étasunien et canadien ont fourni une « aide » financière sans précédent : 85 milliards dollars pour permettre aux entreprises automobiles de se restructurer. Malgré ces aides étatiques (prêts de sauvetage), les entreprises n’ont pas pu s’en sortir, en 2009, Chrysler et General Motors se déclarent en faillite.

Le 18 juillet 2013, Detroit est la première grande ville étasunienne à demander à bénéficier d’une procédure judiciaire de mise en faillite. L’objectif pour la ville est de lui permettre de renégocier sa dette abyssale. En effet, la dette de la ville accumulée depuis des années, d’environ 18,5 milliards de dollars, est devenue impayable.

La municipalité répondant aux critères juridiques a pu se placer sous la protection du chapitre 9 |2| de la loi des États-Unis sur les faillites.
Selon le site Internet des tribunaux américains (US Courts) |3http://www.uscourts.gov/FederalCour…, le chapitre 9 du code des faillites a pour but de « donner aux municipalités en difficulté financière une protection contre leurs créditeurs pendant qu’elles mettent au point et négocient un plan d’ajustement de leurs dettes. » Il vise à faire reconnaître le droit, pour un pays endetté en mesure de prouver son insolvabilité, de recourir à l’établissement d’une instance d’arbitrage neutre chargée de régler les différends qui l’opposent à ses créanciers. Le juge Rhodes, a déclaré en 2013 : « Le tribunal constate que Detroit était et est insolvable ».

L’ouverture de la procédure de faillite va permettre de suspendre le remboursement de la dette afin de la restructurer en allongeant la durée ou en réduisant les taux d’intérêt, voire d’en annuler un certain pourcentage de manière généralisée pour tous les créanciers.

Mais cette mise en faillite a de lourdes conséquences sur les habitants de Detroit. De fait, 7,8 milliards de dollars ont été économisés en réduisant les pensions de retraite (de 13% et même de 18 % pour les policiers et les pompiers en retraite. Cette mesure a sérieusement inquiété les travailleurs par ailleurs pénalisés pour leurs dépenses en matière de soins de santé.
Pour tenter de résoudre ce problème, la ville a versé 4,3 milliards de dollars aux groupes financiers des parties prenantes du VEBA |4|. En retour, ils versent un misérable montant de 125 dollars par mois aux retraités pour qu’ils puissent acheter l’assurance santé individuelle instituée par l’ « Obama care ».

Si le rapport de faillite cherche à récupérer 7 milliards de dollars auprès des retraités, il ne prévoit par contre qu’une récupération de 3 milliards de dollars pour la restructuration de la dette contractée auprès des créanciers de Wall Street, alors que ceux-ci touchent des intérêts de 13 %. En réalité, il n’y jamais eu d’enquête sérieuse sur les offres de crédits.

Grâce à son plan de sortie de la faillite, Detroit a pu négocier et restructurer finalement sa dette mais tout en réduisant le bien être de la population. En effet, le coût de la restructuration de la dette a été essentiellement supporté par la population, notamment les retraités qui pensaient avoir un avenir sûr. Les créanciers ont quant à eux été épargnés. C’est le cas des banques, Bank of America, JP Morgan Chase, Deutsche Bank, UBS, City, etc. qui ont été les premières bénéficiaires de ces opérations de renégociation.

Récemment un autre phénomène est venu aggraver la situation des habitants de Détroit. Les valeurs de marché des maisons de Detroit ont baissé de manière significative, mais cela n’a eu aucune répercussion en matière de fiscalité et d’échéances d’emprunts : les taxes d’habitation et les emprunts hypothécaires représentent toujours des charges très importantes qui étranglent les familles modestes.

À partir de 2015, 62 000 propriétés pourraient être saisies, dont environ 37 000 maisons occupées par des familles en situation d’impayées |5|. Les banques ont accéléré les procédures judiciaires en refusant de modifier les prêts hypothécaires.

Les maisons vont donc être saisies et les impôts dus à partir de 2012 vont être réclamés, en facturant des intérêts sur le solde impayé à un taux punitif de 18% par an ! Le législateur du Michigan vient de modifier la loi en donnant aux trésoriers du comté la possibilité d’abaisser l’intérêt annuel sur les taxes impayées de 18% à 6% (mais pour certains cas seulement).

Comme le souligne « Detroit Eviction Defense », pour sauver les quartiers, il faut garder les gens dans leurs maisons et arrêter le cycle d’expulsions qui provoquent la rupture sociale. Il faut mettre un terme aux saisies de maisons occupées et opérer une réévaluation du parc immobilier de la ville à des niveaux réalistes et annuler les arriérés d’impôts fondés sur un marché artificiellement gonflé.


Quel futur pour Detroit ?

Dans un appel lancé les 5 et 6 octobre 2013, l’Assemblée Internationale des Peuples contre les banques et contre l’austérité réunie à Detroit avait identifié les causes et désigné les responsables de la situation calamiteuse de Detroit et de ses habitants :

« À l’intérieur des frontières des États-Unis, Detroit constitue l’épicentre de la guerre déclarée par les banques à la classe ouvrière. Les quartiers de Detroit ont été détruits et 237 000 résidents ont été expulsés de la ville du fait du racisme et des frauduleux montages de prêts hypothécaires. Les banques ont fait souscrire des subprimes et des emprunts prédateurs à 73 % des propriétaires immobiliers, avec pour résultat plus de 100 000 saisies au cours des 10 dernières années.

Après avoir détruit l’assiette d’imposition de la ville, les banques ont soumis la ville elle-même à ces emprunts prédateurs, comportant des swaps de taux d’intérêt qui permettent aux banques de percevoir des intérêts à des taux 1 200 % plus élevés que le taux actuel des bons qui financent les villes |6|. La dette exorbitante que les banques ont imposée à la ville a servi de prétexte au gouverneur du Michigan pour faire un coup d’état en privant de tous leurs pouvoirs les autorités élues de la communauté afro-américaine, et en désignant un administrateur d’urgence non élu – dont la mission, de par la loi, est de garantir aux banques le service de la dette. »

Aujourd’hui, comme en 2013, les habitants de Detroit doivent agir collectivement pour exiger :

  • L’annulation de la dette qui étrangle les écoles, les villes, les états et les campagnes.
  • La garantie de l’emploi et des pensions pour les travailleurs des services des collectivités.
  • La fin de l’administration d’urgence des villes et des écoles anti-démocratique et raciste.
  • Une augmentation du financement des écoles publiques et l’arrêt du subventionnement des écoles par des fonds |7|.
  • Un programme d’emplois financé par les banques pour que les chômeurs soient employés à la reconstruction des villes.
  • Un moratoire sur toutes les saisies et sur toutes les expulsions consécutives aux saisies, car le logement est un droit.
  • La répudiation de la dette représentée par les prêts étudiants, car l’éducation doit être gratuite et accessible à tous.

En définitive, l’urgence est de sauver les populations, pas les banques.

Laila Benzzi

Notes

|1http://solidarity-us.org/site/about

|2| Le régime américain des faillites réservé aux municipalités.

|3http://www.uscourts.gov/FederalCour…

|4| Voluntary Employee Beneficiary Association

|5| Judge okay’s tax foreclosures on thousands of Wayne County families
www.detroitevictiondefense.org

|6| Aux États-Unis, les banques ont amené les collectivités à se financer au moyen d’un dispositif spéculatif, très rémunérateur pour les banques mais très risquée pour les villes et les États qui y ont recours. Les collectivités émettent des bons dans le cadre d’un montage spéculatif qui combine trois éléments clefs : des obligations à vue à taux variable (ou VRDBs : variable rate demand bonds), des lettres de crédit et un swap de taux d’intérêts.

|7| Les charter schools ou « écoles à charte » dont il est question ici sont des établissements scolaires privés sous contrats mais financés par des fonds publics et disposant d’une grande autonomie de fonctionnement.

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La «saggia leadership» di Petro

mars 12th, 2015 by Manlio Dinucci

A Kiev il premier Renzi ha lodato la «leadership saggia»  del presidente Poroshenko, da lui confidenzialmente chiamato Petro. E l’amico Petro gli ha assicurato che gli imprenditori italiani potranno partecipare agli ulteriori processi di privatizzazione in Ucraina (delocalizzando così altre attività produttive a scapito dell’occupazione in Italia). Di privatizzazioni Poroshenko se ne intende: negli anni Novanta, con lo smantellamento dell’economia socialista, ottiene a prezzi stracciati o gratis la proprietà di diverse industrie dolciarie già statali, divenendo il «re del cioccolato». Estende quindi il suo impero all’industria automobilistica, alla cantieristica e ai media (è proprietario dell’influente Canale 5). Dopo essere stato il principale sostenitore della «rivoluzione arancione» del 2004, ministro degli esteri con la Tymoshenko e del commercio con Yanukovic, sostiene e finanzia il movimento EuroMaidan, nato nel novembre 2013 come protesta al rifiuto del presidente Yanukovic di firmare gli accordi di associazione con l’Unione europea, e trasformatosi in un vero e proprio putsch che rovescia il presidente nel febbraio 2014. Usando quale forza d’assalto, sotto regia Usa/Nato, militanti neonazisti appositamente armati e addestrati, come prova tra l’altro una documentazione fotografica di giovani di Uno-Unso addestrati nel 2006 in Estonia da istruttori Nato. Subito dopo, nel marzo 2014, le formazioni neonaziste vengono incorporate nella Guardia nazionale. Su questa scia diviene presidente della repubblica, nel maggio 2014, l’oligarca Poroshenko appoggiato da Washington e Bruxelles  («saggia scelta», commenta Obama). Sotto la sua presidenza, i battaglioni neonazisti – come l’Azov, l’Aidar, il Dnepr – che costituiscono la forza d’urto della Guardia nazionale, compiono atrocità, ampiamente documentate da video e testimonianze, contro i civili di nazionalità russa nell’Ucraina orientale. Gli stessi battaglioni vengono oggi addestrati da centinaia di istruttori Usa della 173a divisione aviotrasportata, trasferiti da Vicenza in Ucraina dove resteranno almeno sei mesi, affiancati da britannici e altri della Nato. Ben sapendo, a Washington e Bruxelles, che questi battaglioni hanno una chiara ideologia nazista. L’emblema del battaglione Azov, che opera sotto l’egida del ministero dell’interno ucraino, è lo stesso (rappresentato in modo speculare) della divisione delle SS Das Reich della Germania nazista. Mentre in tuta mimetica passa in rassegna i battaglioni che si ispirano  all’ideologia nazista, il presidente Poroshenko si muove per mettere fuorilegge l’ideologia comunista.  Dal Canale 5 di Poroshenko, il ministro della giustizia Pavel Petrenko ha annunciato il 3 marzo la presentazione di un progetto di legge che proibisce l’ideologia comunista, in linea con leggi analoghe in vigore in Polonia e nella Repubblica Ceca. La legge, che prevede il divieto di qualsiasi simbolo e propaganda comunista, metterebbe automaticamente fuorilegge il Partito comunista di Ucraina.  Per la sua messa al bando è già stato avviato un procedimento giudiziario, inceppatosi quando lo scorso febbraio è stato bloccato dai giudici di una corte di Kiev. Nel frattempo, però, è stato imposto lo scioglimento del gruppo comunista in parlamento e oltre 300 membri del partito sono stati incriminati, mentre molti altri vengono sottoposti a violenze e intimidazioni. Sotto la presidenza di Petro, che l’amico Matteo ha invitato a Roma. Dove c’è un giornale, il manifesto, che se fosse a Kiev rischierebbe di sparire non per ragioni economiche, ma perché si definisce  «quotidiano comunista».

Manlio Dinucci

 

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Obama est sur le pied de guerre. La civilisation occidentale serait supposément « menacée par le groupe État islamique ».

La « guerre mondiale au terrorisme » est présentée comme une entreprise humanitaire.

Nous avons une « responsabilité de protéger » et la guerre humanitaire est la solution.

Des méchants rôdent, « il faut les éliminer », a déclaré George W. Bush.

Les médias occidentaux appellent à la guerre : le programme militaire d’Obama est soutenu par un vaste appareil de propagande.

L’un des principaux objectifs de la propagande de guerre est de « fabriquer un ennemi ». Comme la légitimité politique de l’administration Obama vacille, les doutes quant à l’existence de cet « ennemi extérieur », à savoir Al-Qaïda et son réseau de groupes affiliés (appuyés par la CIA) doivent être dissipés.

Le but est d’inculquer tacitement dans la conscience des gens, par la répétition ad nauseam dans les médias, l’idée que les musulmans constituent une menace pour la sécurité du monde occidental.

La guerre humanitaire est menée sur plusieurs fronts : la Russie, la Chine et le Moyen-Orient sont actuellement les cibles principales.

La xénophobie et le programme militaire

La vague de xénophobie à l’encontre des musulmans ayant balayé l’Europe occidentale est liée à la géopolitique. Elle fait partie d’un programme militaire consistant à diaboliser l’ennemi.

Les pays musulmans possèdent plus de 60 pour cent des réserves totales de pétrole. En revanche, les États-Unis d’Amérique en ont à peine 2 pour cent. L’Irak a cinq fois plus de pétrole que les États-Unis. (Voir Michel Chossudovsky, The “Demonization” of Muslims and the Battle for Oil, Global Research, 4 janvier 2007)

Une part importante du pétrole mondial se trouve dans les pays musulmans. L’objectif de la guerre menée par les États-Unis est de voler et de s’approprier les réserves de pétrole. Afin d’atteindre cet objectif, on vise ces pays en y faisant la guerre, en menant des opérations secrètes, en les déstabilisant économiquement, en changeant les régimes.

L’Inquisition étasunienne

Théoricien du complot: personne qui questionne les déclarations de menteurs avérés

Le processus de recherche d’un consensus pour faire la guerre est similaire à l’Inquisition espagnole. Il nécessite la subordination sociale et le consensus politique ne peut pas être remis en question. Dans sa version contemporaine, l’inquisition exige la soumission à l’idée que la guerre est un moyen de diffuser les valeurs occidentales et la démocratie.

La dichotomie du bien contre le mal prévaut. Nous devons pourchasser les méchants.

La guerre c’est la paix.

Le « grand mensonge » est maintenant devenu la vérité… et la vérité est devenue une « théorie du complot ».

Ceux qui se sont engagés à dire la vérité sont qualifiés de « terroristes ».

Selon Paul Craig Roberts (2011) , le concept de théorie du complot « a subi une redéfinition orwellienne » […]

Une « théorie du complot » ne signifie plus un événement expliqué par une conspiration. Maintenant il signifie plutôt toute explication, ou même tout fait, en décalage avec l’explication du gouvernement et celle de ses souteneurs médiatiques […]

Autrement dit, la vérité devenant inconfortable pour le gouvernement et son ministère de la Propagande, la vérité est redéfinie comme une théorie du complot, signifiant qu’il s’agit d’une explication absurde et risible que nous devrions ignorer.

La fiction devient réalité.

Le journalisme d’investigation a été mis au rancart.

L’analyse factuelle des questions sociales, politiques et économiques est une théorie du complot, car elle remet en question un consensus basé sur un mensonge.

Qu’est-ce que la vérité?

La véritable menace à la sécurité mondiale émane de l’alliance entre les États-Unis, l’OTAN et Israël, mais les réalités dans un environnement inquisitorial sont bouleversées : les bellicistes oeuvrent pour la paix et les victimes de la guerre sont présentés comme ses protagonistes.

La patrie est menacée.

Les médias, les intellectuels, les scientifiques et les politiciens, en chœur, camouflent la vérité tacite, à savoir que la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN détruit l’humanité.

Quand le mensonge devient vérité, il n’y a pas de retour en arrière.

Lorsque l’on maintient que la guerre est une entreprise humanitaire, la justice et l’ensemble du système juridique international sont bouleversés : le pacifisme et le mouvement antiguerre sont criminalisés. S’opposer à la guerre devient un acte criminel. Entre-temps, les criminels de guerre haut-placés ont ordonné une chasse aux sorcières contre ceux qui contestent leur autorité.

Le grand mensonge doit être exposé pour ce qu’il est et ce qu’il fait.

Il sanctionne le massacre aveugle d’hommes, de femmes et d’enfants.

Il détruit des personnes et des familles. Il détruit l’engagement des humains envers leurs semblables.

Il empêche les gens d’exprimer leur solidarité avec ceux qui souffrent. Il défend la guerre et l’État policier comme étant la seule avenue.

Il détruit le nationalisme et l’internationalisme.

Briser le mensonge, c’est démolir un projet criminel de destruction mondiale, dans lequel la recherche du profit est la force dominante.

Ce programme militaire motivé par le profit détruit les valeurs humaines et transforme les gens en zombies inconscients.

Renversons la vapeur.

Défions les criminels de guerre haut-placés et les puissants lobbies des entreprises qui les soutiennent.

Brisons l’Inquisition étasunienne.

Sapons la croisade militaire des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël.

Fermons les usines d’armement et les bases militaires.

Ramenons les troupes à la maison.

Les membres des forces armées devraient désobéir aux ordres et refuser de participer à une guerre criminelle.

Michel Chossudovsky

Article publié en anglais le 5 mars 2015: What is a Conspiracy Theory? What is the Truth?

Traduction: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

Photo tirée du film Interstellar.

Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de « Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre », « La Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial » (best-seller international publié en plus de 10 langues). Contact : [email protected]


Guerre et mondialisation


Mondialisation de la pauvreté

Son dernier livre (en anglais) :

The Globalization of War, America’s “Long War” against Humanity, Global Research, 2015.

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Qui a tué Nemstov?

mars 12th, 2015 by Israel Shamir

C’est fait, les assassins présumés de Nemstov sont sous les verrous et il s’agit (prière de marquer une pause étranglée) de musulmans de Tchéchénie qui avaient, nous dit-on, une furieuse envie de punir l’homme politique ardemment Je-Suis-Charlie. On ne dispose pas encore de rapport officiel, mais c’est la version peu plausible que l’on répand à Moscou.

Alors, notre 11 septembre à l’échelle d’un pauvre type ? Certes, l’assassinat de l’homme politique russe a tout l’air de sortir du même studio hollywoodien à gros moyens, qui nous a servi le 11 septembre et le marathon de Boston, et Charlie’s tuerie. Ces crimes à New York, Boston, Paris et maintenant Moscou ont deux points communs : les musulmans, dans le rôle d’accusés, et le fait que personne n’y croit vraiment ; la défiance s’est répandue comme la poudre, et s’étend aux détails du récit tels qu’ils sont publiés.

Ces crimes incontestables ont une autre qualité commune : un impact visuel certain. La mort de Nemstov, rien à voir avec l’échelle des Tours Jumelles, mais le playboy flamboyant et l’étendard de l’opposition, deux en un. Une neige floconneuse épousant chaque dentelle des ponts sur la Moskova avec en fond, les dômes polychromes brillamment éclairés de la cathédrale Saint-Basile, et les rouges murs crénelés du Kremlin, voilà pour le décor, impeccable. Six balles, une voiture blanche, une américaine, dans laquelle les assassins ont pris la fuite, et Anna, l’Ukrainienne de vingt-trois ans, mannequin, s’effondrant sur la dépouille prostrée de son amant ; tout ce qu’il faut pour une image inoubliable, telle que scriptée par Raymond Chandler, et animée par Howard Hawks. Quoique peut-être James Cameron, réalisateur du Titanic, serait un meilleur choix encore.

Vous percevez peut-être un soupçon d’envie, dans ma description. C’est que Nemstov avait une vie de rêve, et il aura eu une mort magnifique dans son timing parfait. A peine diplômé de physique, la révolution de 1991 l’avait fait gouverneur d’une ville importante, vice-premier ministre, candidat à la présidence et millionnaire en dollars. Depuis 2000, en politique, sa cote redescendait à la mesure même des sommets atteints. Nemstov était généralement considéré comme celui qui avait su rendre possible le vaste pillage de la Russie par les oligarques, le promoteur de la « privatisation par le vol ». Version confirmée par le député Ponomaryev, qui était son ami et chef de file de l’opposition. Certains cadres de Boris Eltsine ont gardé des positions importantes dans la Russie de Poutine jusqu’à aujourd’hui, mais Nemstov n’en faisait pas partie.

Ses tentatives pour être élu maire ou membre du parlement échouaient toujours. Il n’avait pas grand-chose à faire, à part profiter de la vie, courir les filles, boire et manger, et réchauffer son ressentiment contre Poutine qu’il traitait de tous les noms. Cela ne le rendait nullement amer, mais chaleureux. A cinquante-cinq ans, c’était un has been, on n’en attendait plus rien, mais il allait aux manifs et répétait tous les jours le même mot d’ordre glauque « A bas Poutine », en particulier sur les chaînes financées par les US, et propriétés américaines. Il a été tué un vendredi soir, et le dimanche il aurait dû aller à Maryino, un glauque faubourg de Moscou, pour manifester contre l’inflation. L’assassinat l’a débarrassé de cette corvée : il est mort encore jeune, encore mince et souple, encore tout à fait joli garçon, dans les bras d’une poupée exquise.

Sa mort a d’ailleurs sauvé la manif, le premier rassemblement pro-occidental à Moscou depuis des mois, qui risquait la débâcle. On n’attendait pas grand monde, le mouvement des « blancs » a pratiquement disparu. Grâce à sa mort, la manif du dimanche a été annulée, et a été remplacée par une marche de deuil, qui a attiré quelque cinquante mille citoyens, nombre respectable. Mais la marche est restée pacifique, aucune confrontation violente n’en est sortie.

Les médias occidentaux se sont lancés en mode piqué à l’unanimité, comme pour l’affaire du crash de la Malaysian Airlines. Ils ont accusé Poutine d’avoir envoyé ses sbires abattre Nemstov parce qu’il avait peur qu’il lui fasse ombrage. Mais c’est une histoire qui ne marche que pour le marché étranger : les Russes n’auraient jamais cru que Poutine ait envoyé les tueurs, ce n’est pas son style. Et Nemstov ne représentait aucune espèce de menace pour personne. Dans le pays, les médias russes pro-occidentaux ont dit que Poutine était responsable de la mort de Nemstov dans la mesure où il a su faire détester partout la « cinquième colonne » de l’Occident.

De fait, il y a une véritable haine réciproque entre les Russes normaux et l’opposition pro-occidentale. Ces derniers traitent les premiers de vermine et de « cous rouges », de bouseux(vata), et de façon quelque peu raciste les qualifient d’espèce différente. Ils n’ont aucune chance de remporter le pouvoir par des élections. Ils sont très utiles à Poutine, car ils solidifient le soutien populaire, avec leur mépris. Il le sait, et ce n’est pas lui qui ferait flinguer des rabatteurs aussi utiles.

Beaucoup de Russes croient, sur la base du cui bono (« à qui profite le crime ? ») que le meurtre de Nemstov a été ordonné par des concurrents au sein de l’opposition, tels que M. Khodorkovsy, oligarque brutal qui a beaucoup de cadavres à son acquit et qui a fait neuf ans de prison. Mais la majorité l’impute tout simplement aux services secrets occidentaux, dans la logique de leurs efforts pour déstabiliser la Russie.

La Russie n’est pas un Etat arabe, mais les organisateurs de l’assassinat de Nemstov ont sans doute oublié ce fait géographique. Pendant le printemps arabe, le meurtre d’une figure de proue de l’opposition déclenchait invariablement un soulèvement populaire dans la capitale, qui motivait une rude riposte gouvernementale, plus de sang versé, puis une condamnation internationale, et enfin la chute du gouvernement et l’installation d’un nouveau pouvoir plus plaisant au regard des sponsors de la révolution. Cette routine a été couchée par écrit dans le manuel de Gene Sharp, l’homme avisé de la NED (New Endowment for Democracy), branche semi-clandestine des renseignements US chargés de gérer les « révolutions de couleur. »

Mais vous ne pouvez pas toujours vous reposer sur la générosité d’un gouvernement, aussi oppressif soit-il, pour qu’il fasse abattre juste la personne qu’il faut, au bon endroit, au bon moment. C’est pourquoi les « forces obscures » qui sont derrière les révolutions préfèrent mener l’opération elles-mêmes, et les imputer au gouvernement. C’est ce qu’on appelle la « routine du sacrifice ». L’année dernière en Ukraine, une variante améliorée du scénario a été activée, avec la douzaine d’activistes descendus par de mystérieux snipers. Les snipers ont disparu, mais la condamnation internationale a débouché sur la fuite du président, et le coup d’Etat qui a mis en place un régime nationaliste pro-occidental.

Les Russes ont compris le schéma. Pendant la vague de turbulences de 2011, le gouvernement a pris soin de ne pas créer de martyrs, et la foule révolutionnaire était assez timide pour jouer le jeu. Maintenant, en 2015, il n’y avait pas de raison visible de se faire du souci. La vaste majorité (86%) des Russes soutient le président, tandis que l’opposition pro-occidentale a rétréci. Les militants étaient feignants et cupides, ont dit les émissaires de l’Ouest. Ils étaient en colère parce que les dirigeants de l’opposition ne se démenaient pas assez pour déboulonner Poutine. Vous ne crachez pas sur nos cookies, vous pourriez bien bosser un peu pour nous, au moins, auraient dit les agents du Département d’Etat en poste à Moscou. Une déclaration de John Tefft, l’ambassadeur US en Russie, une semaine avant le meurtre, a été largement citée et reprise : « Messieurs Navalny et Nemtsov vont faire une grande contribution à notre cause dans un futur tout proche ». M. Alexei Navalny, le dirigeant le plus visible dans l’opposition, a préféré éviter de « faire une contribution » en se faisant embastiller lui-même pour une petite offense, pendant la semaine cruciale en question. Les gens disent qu’il avait peut-être senti le vent du boulet.

Quoi qu’il en soit, tandis que la veillée et les funérailles n’ont en rien troublé la paix, la marche n’a pas débouché sur une place Maïdan ou Tahrir, et BHL n’a pas atterri en fanfare sur la Place Rouge. Le gouvernement de Poutine a gardé son sang-froid. Pendant huit longues journées la police russe a cherché les meurtriers, et pendant ce temps, les cadres de Eltsine, les gens des années 1990, se sont jetés sur Poutine, dans le pays, tandis que les médias et représentants officiels de l’Ouest faisaient de même à l’extérieur. Le président Poutine n’est pas un Gengis Khan, c’est un bloc, un mur de la non confrontation ; sa grande ambition, c’est de vivre en paix et en harmonie avec l’Occident tout en défendant les intérêts vitaux de la Russie, ceci dans le respect des richesses et des valeurs de la Russie. Il veut en outre être accepté comme un égal parmi les grands de ce monde, de l’Est comme de l’Ouest. Son désir d’être populaire et accepté à l’étranger n’a jamais atteint les extrémités maladives d’un Gorbatchev ou d’un Anouar al Sadate, mais il était indigné de découvrir que le public occidental était persuadé qu’il avait personnellement refroidi Nemstov, depuis la fenêtre de sa chambre à coucher au Kremlin, pour le plaisir. Or, si l’on découvrait que les assassins de Nemstov avaient reçu leur feuille de route d’une Victoria Nuland quelconque, cela ne mobiliserait personne en Occident.

« Les extrémistes musulmans » sont donc tout indiqués pour porter le chapeau, personne n’y verra d’objection. S’ils ont descendu des caricaturistes à Paris et fait tomber les Tours à New York, ils ont bien pu descendre un politicien de deuxième ordre à Moscou. Edouard Limonov, le visionnaire, écrivain et révolutionnaire, avait prédit ce choix dès le 3 mars. « L’administration russe préfèrerait que ce soit un extrémiste islamique qui ait fait le coup ». C’est hautement improbable, mais cette version lui permettrait de se rapprocher de l’Occident. Les extrémistes islamiques sont un excellent ennemi commun. La Russie veut se rapprocher de l’Occident tout en préservant sa propre dignité.
Quoi de mieux pour cela que le cadavre encore chaud d’une victime commune abattue par un ennemi commun ?

Cette version n’est pas complètement délirante : l’opposition libérale pro-occidentale est islamophobe et sioniste. M. Nemstov faisait l’affaire : il détestait les « faces de citron », s’était exprimé en faveur de Charlie, avait applaudi au bombardement de Gaza par Israël, et il avait une adorable vieille mère juive. Dans son dernier texte, il parlait du FBI russe en termes de gens « puants » et suggéraient qu’ils feraient bien d’aller combattre les terroristes islamiques tchétchènes au lieu de casser les pieds aux libéraux ; très macho, il décrivait le parti de Poutine en termes de « bougrerie » dans son interview.

Nemstov n’était pas pire qu’aucun autre dirigeant de l’opposition libérale russe. Khodorkovsky (désormais dirigeant) a appelé chaque journal russe à imprimer une caricature du Prophète par jour ; Ganapolsky, de l’Echo de Moscou, a qualifié les musulmans de « non humains » ; Makarevitch, le porte-parole de l’opposition, est allé en Israël soutenir Liberman, le nationaliste juif d’extrême-droite ; Julia Latynina a béni les canons juifs qui ont détruit la vermine arabe de Gaza. Il fallait bien que quelqu’un entonne le couplet des « fanatiques musulmans » à propos de Nemstov, quand même.

Beaucoup de gens mettent en doute cette version. Est-ce que ce sont des combattants pour la vérité pour autant ? Les « truthers » ne sont plus une petite secte : désormais tout le monde se méfie de ce qu’on nous dit, on ne croit plus les images qu’on nous montre, et on rejette massivement les explications qu’on nous donne. Mais les « Truthers » russes sont encensés par les médias occidentaux qui ont une peur panique des mêmes en Occident. Vladimir Milov, opposant très en vue, a mis en cause les détails de l’assassinat de Nemstov de façon tout à fait semblable à ce qu’ont fait les Truthers pour Charlie ou pour l’histoire du Marathon de Boston. Et il est arrivé à la même conclusion qu’eux ; les meurtres ont été exécutés par des Services secrets. Mais dans une interview sur CNN, Christiane Amanpour appelle le politicien Sergueï Markov « conspirationniste » parce qu’il refuse d’accepter la version des truthers russes. Bref, votre combattant pour la liberté est mon terroriste, et votre version officielle est ma théorie conspirationniste.

La mort de Nemtsov aura-t-elle un impact sur les événements à venir en Russie ? il est probable que Poutine va tenter d’être plus accommodant envers l’Occident et envers le régime de Kiev. Les Russes redoutent que le parti pro-occidental néo-libéral retrouve les positions qu’il avait perdues après 2000, et indiscutablement, Nemtsov va leur être bien plus utile mort que vif.

Israël Adam Shamir

Article original en anglais :

Israel Shamir reporting from Moscow offers his view on Who Killed Nemtsov

Traduction : Maria Poumier

http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1694

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« Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre où il remettait en cause (à juste titre) la légitimité de ceux qui, à l’époque, cherchaient à renverser son gouvernement, en les qualifiant d’extrémistes, d’agents étrangers, de rats et de toxicomanes. On s’est moqué de lui, on l’a caricaturé, ridiculisé et diabolisé; une ignoble vidéo parodique tournant en dérision le leader libyen s’est propagée sur les réseaux sociaux; l’auteur de la vidéo, un Israélien, trouvait sans doute le mot libyen d’arabe courant « Zenga » (qui signifie une ruelle) si drôle qu’il l’a extrait de l’un des discours de Kadhafi, l’a mis en boucle sur un air de hip-hop et voilà* … il a fait un hit qui a été diffusé largement (et honteusement) avec un zèle « révolutionnaire » dans le monde arabe. Nous l’avons partagée, nous avons ri, il est mort.

Mais c’est nous qui faisons maintenant les frais de cette plaisanterie sanglante ; Kadhafi savait de quoi il parlait; dès le début, il a accusé les soi-disant rebelles libyens d’être sous l’influence de l’idéologie d’Al-Qaïda et de Ben Laden; personne ne l’a cru, évidemment, même pas un tout petit peu. Et pourquoi aurions-nous dû le croire? Après tout, n’était-il pas un vil dictateur obsédé par le sexe et déterminé à massacrer la moitié de la population libyenne tout en soumettant l’autre moitié à des viols collectifs à l’aide de ses mercenaires subsahariens shootés au Viagra? Au moins c’est ce que le cancer visuel qu’est la chaîne Al Jazeera nous serinait, tout comme sa collègue saoudienne, encore plus haineuse si possible, d’Al-Arabiya dans leur couverture d’une rare malhonnêteté de la brutale conquête de la Libye par l’OTAN. C’est vrai que Kadhafi s’habillait bizarrement; pourquoi ferait-on faire confiance à un despote excentrique, fantasque, vêtu de bouts d’étoffe bigarrées, lorsqu’on a avec soi des sionistes bien propres sur eux comme Bernard Henry Levy, John McCain et Hillary Clinton qui sourient en faisant le signe de la victoire sur les photos, pourquoi vraiment?

Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début ; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

La prolifération rapide de groupes terroristes à la gâchette facile et de factions djihadistes arrosées de pétrodollars en Libye n’a pas été due à une sorte d’échec des services secrets des gouvernements occidentaux ni à la simple conséquence du vide de pouvoir laissé par le meurtre de Kadhafi; non, c’était un calcul politique délibéré, une stratégie volontairement mise en œuvre par l’OTAN et ses alliés dans le Golfe réunis sous le sinistre sobriquet des « Amis de la Libye » (Coalition Internationale contre ISIS) pour faire de ce pays d’Afrique du nord le plus grand et le plus incontrôlable dépotoir d’armes, de militants d’Al-Qaïda et du commerce illégal d’hydrocarbures du monde.

On peut donc dire, sans risquer de se tromper, que la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a permis à l’OTAN de bombarder la Libye jusqu’à la réduire en miettes, a finalement porté ses fruits … et c’est un fruit complètement pourri, dont, en quelque sorte, le dernier assassinat horrible de 21 pêcheurs et travailleurs égyptiens par la branche libyenne de l’État Islamique est la pièce à conviction n° 1, sans parler bien sûr, de la myriade de meurtres quotidiens, de bombardements et de mini-guerres civiles qui sont maintenant le lot quotidien de l’ensemble du pays depuis que l’Occident a fomenté son coup d’Etat contre le gouvernement de Kadhafi. La « Libye » est devenue aujourd’hui synonyme d’anarchie et de mort. En la libérant, l’OTAN lui a fait l’inestimable cadeau d’un long avenir d’instabilité et de chaos.

Dans une interview avec les médias occidentaux de désinformation collective que sont la BBC, ABC et le Sunday Times, en février 2011, feu Mouammar Kadhafi a dit à ses arrogants interviewers; « Avez-vous vu les agents d’Al-Qaïda? Avez-vous entendu toutes ces émissions djihadistes? C’est Al-Qaïda qui contrôle les villes de Al Baida et de Derna, des anciens détenus de Guantanamo et des extrémistes lâchés par l’Amérique pour terroriser le peuple libyen … «  Derna est maintenant le principal bastion d’ISIS en Libye.

Par une étrange coïncidence (ou une sorte d’ironie cosmique), la date à laquelle ISIS a choisi de diffuser sa vidéo de la décapitation des captifs égyptiens, déclarant ainsi officiellement sa présence dans le pays déchiré par la guerre avec trois champs de pétrole sous son contrôle, a marqué (de manière tout à fait appropriée) le 4e anniversaire du commencement de la soi-disant révolution libyenne le 15 février 2011; aucun « hommage » n’aurait mieux convenu à la commémoration de la débâcle causée par le changement de régime opéré par l’Occident en Libye.

Mais bien avant qu’ISIS ne fasse le buzz, tout de suite après la chute de l’ancien régime, la nature atroce de la Libye « révolutionnaire » s’est révélée dans toute son effroyable splendeur, quand les soi-disant rebelles ont commis, avec une perfection qui donne la chair de poule, tous les crimes dont Kadhafi avait faussement été accusé : massacres, bombardements aveugles de zones résidentielles, voitures piégées, arrestations massives, torture, vol du pétrole et des ressources nationales … toute la panoplie. En 2013, deux militantes britanniques pro-palestiniennes, en chemin vers la bande de Gaza avec un convoi d’aide humanitaire, ont fait l’expérience personnelle des fruits pourris du chapitre libyen du soi-disant printemps arabe, quand elles ont été enlevées par une bande de révolutionnaires libyens-devenus-seigneurs-de-guerre dans la ville de Benghazi et violées devant leur père.

Les partisans des interventions humanitaires doivent se donner des claques dans le dos de satisfaction maintenant que la Libye a achevé sa métamorphose démocratique d’un pays qui avait le plus haut niveau de vie d’Afrique sous le régime de Kadhafi, au modèle typique d’état failli : une zone sans foi ni loi de fanatisme religieux, d’affrontements sanglants et de marché de gros de têtes coupées ; en fait la Libye est devenue si « démocratique » qu’elle dispose maintenant de deux parlements et de deux gouvernements (en guerre), chacun avec sa propre armée (de criminels) et soutenus par l’argent et les caches d’armes de puissances étrangères concurrentes, sans parler de la myriade de mouvements et de milices sécessionnistes auxquels le coup illégal contre Kadhafi a donné naissance dans tout le pays tandis que la gratuité des soins de santé, de l’éducation et de l’électricité, que les Libyens tenaient pour acquise sous le régime de Kadhafi, n’est plus maintenant qu’une relique du passé; voilà l’opération « Odyssey Dawn »** qu’on avait promise aux Libyens; une version aseptisée de l’Irak sans l’indignation publique, soigneusement reconditionnée en « responsabilité de protéger » et livrée au moyen de campagnes de bombardements aériens grâce auxquelles le très zélé Club des Co-conspirateurs du Golfe (CCG) de l’Occident conduits uniquement par leur mesquines vendettas personnelles contre Kadhafi, a pu tester l’efficacité meurtrière des avions de guerre rouillés made in USA et de ceux de l’OTAN, sur le peuple de Tripoli et de Syrte.

C’est ce que Kadhafi avait prédit dès le début et plus encore; l’euphorie éphémère des révolutions tunisienne et égyptienne était tout simplement trop puissante et trop exaltante pour que nous nous embarrassions à lire les lettres en petits caractères; était-ce un complot, ou un véritable esprit révolutionnaire qui avait mal tourné? Ça n’a plus d’importance, maintenant qu’ISIS est devenu le véritable legs de la place Tahrir; « Ils tourneront la Libye en un autre Afghanistan, une autre Somalie, un autre Irak … vos femmes ne seront pas autorisées à sortir, ils vont transformer la Libye en un émirat islamique et l’Amérique bombardera le pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme », avait dit le dirigeant libyen assassiné à la fin d’un discours télévisé le 22 février 2011, et on n’a jamais entendu paroles plus prophétiques.

Le prototype libyen de la « guerre propre » américaine s’est avéré être un tel succès qu’on l’a reproduit avec la plus totale inconscience en Syrie; Les escadrons de la mort « Blackwater » de Paul Bremer du temps passé, qui répandaient la terreur partout en Irak, sont de retour … avec une touche islamique : barbus, vêtus de noir, couverts d’explosifs de la tête aux pieds, circulant dans des convois de Toyota Land Cruiser et l’idée fixe d’établir un califat islamique sans frontières et en constante expansion (qui se garde bizarrement de déranger le régime sioniste dans son occupation de la Palestine).

Chaque jour, le monde arabe découvre au réveil une nouvelle atrocité enregistrée sur vidéo; un festival de scènes sanglantes et terrifiantes offert par ISIS (ou IS ou ISIL), et d’innombrables autres « youtube », avec par exemple les crimes encore plus odieux que nous offrent les Etats-Unis avec leur guerre unilatérale de drones exterminateurs; toute la région tangue au rythme des décapitations à la machette et des incinérations par les missiles Hellfire. La mort est partout, elle tombe du ciel … et monte du sol; la guerre contre le terrorisme dresse sa tête hideuse une fois de plus; pour faire rentrer dans le rang les méchants terroristes que l’Occident lui-même a financés et commandités au nom de la démocratie pour déstabiliser des régimes « peu recommandables »; un implacable rituel cyclique*** qui commence par la responsabilité de protéger et se termine par la guerre contre le terrorisme, avec des milliers de vies innocentes, généralement qualifiées de dommages collatéraux, écrasées dans le processus.

C’est exactement ce que Kadhafi avait prévu; une Libye engloutie dans le chaos total, la guerre civile et les diktats occidentaux; un terrain fertile pour le fondamentalisme djihadiste et les extrémistes … dommage que, au lieu d’écouter ses mises en garde, nous ayons préféré nous payer sa tête au son d’une parodie israélienne.

Ahmad Barqawi 

Article original : http://www.counterpunch.org/2015/03/09/libya-isis-and-the-unaffordable-luxury-of-hindsight/

Traduction : Dominique Muselet pour Arrêt sur Info

http://arretsurinfo.ch/lavenir-que-kadhafi-avait-predit/

Ahmad Barqawi, chroniqueur indépendant et écrivain

Notes :
*En français dans le texte
**L’opération Odyssey Dawn est la contribution américaine à l’intervention militaire de 2011 en Libye.
***Groundhog Day. Le jour de la marmotte est un événement célébré en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur, soit le 2 février. Selon la tradition, ce jour-là, on doit observer l’entrée du terrier d’une marmotte. Si elle émerge et ne voit pas son ombre parce que le temps est nuageux, l’hiver finira bientôt. Par contre, si elle voit son ombre parce que le temps est lumineux et clair, elle sera effrayée et se réfugiera de nouveau dans son trou, et l’hiver continuera pendant six semaines supplémentaires (Wikipedia).
Cela signifie aussi une situation où les événements se répètent ou semblent se répéter indéfiniment.

 

 

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Ce texte a été publié le 19 janvier 2015 par la Fondation Frantz Fanon

Après cette terrible semaine, mes pensées, comme celles de beaucoup, sont pour tous ceux qui sont morts, pour leurs familles, leurs amis et collègues. Pour ceux qui ont été tués, victimes et terroristes. Oui, je ne peux pas ne pas aussi penser à eux, à leurs familles et amis, à ceux qui les ont connus [1]. Pour ce que ce pays est devenu et est en train de devenir. Pour la désignation, urbi et orbi, à la vindicte publique de personnes qui se battent pour une réelle justice sociale et contre l’expression de toutes les formes de racisme, dont le racisme anti-noir, antimusulman mais aussi le racisme antijuif et de ceux qui refusent l’exclusion, la marginalisation, l’essentialisation et la stigmatisation.

On ne peut que s’inquiéter de cette « union nationale », convoquée dans un élan unanime, émotionnel, qui a parcouru les artères et les places publiques de nombreuses villes de France mais aussi bien au-delà. Que penser de cette union inconditionnelle convoquée par des milieux dont les discours de haine et d’exclusion ouvrent la voix aux pires dérives. On a ainsi vu d’anciens ministres jeter en pâture le nom de groupes politiques honorables ou de militants humanistes qui dénoncent l’ensemble des dérives sectaires, racistes portées par différents gouvernements depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981. Est-ce ainsi que se construit une réelle unité nationale ? Si tant est que cette unité soit pertinente quand on sait à quels moments elle réfère [2].

Mais ce dimanche, il fallait être du bon « côté » identifié par les media et ceux qui nous gouvernent. Toute autre voix étant impossible, toute nuance de fait interdite ; le seul terme du contrat médiatique et politique étant celui de l’adhésion acritique au récit officiel. Cette communion devait agir comme une catharsis avec une fonction édifiante ; elle risque d’être déclinée pendant plusieurs semaines, tant les crimes, par leur nature et leur ampleur, interpellent différents niveaux de la société française.

Elle l’a été, le jour où le Premier Ministre s’est adressé aux députés qui l’ont accueilli, debout, en entonnant d’une seule voix la Marseillaise. Cet hymne guerrier était, à ce moment, le signe de ralliement d’une partie du corps législatif en fusion avec l’exécutif pour la guerre. Mais de quelle guerre est-il question ?

La réalité et l’idéologie dominante ont la vie dure. Ce discours n’a pas maintenu le besoin ressenti d’une purgation émotionnelle. Les annonces et le ton du premier-ministre lancent la société française, avec entre autres « la France est en guerre » dans une guerre imprécise du bien contre le mal, des uns contre les autres… Evoquant la formule de Georges W. Bush, au lendemain du 9 septembre 2001, qui affirmait que les Etats-Unis entraient « en guerre contre la terreur ».

La guerre impérialiste, horizon de l’occident en crise

Nous ne pouvons que constater que, depuis quatorze ans, ce sont les populations civiles irakienne, afghane, et plus récemment syrienne, libyenne et malienne…qui paient le prix fort de cette guerre contre la terreur. Une guerre ou les amis d’hier sont les ennemis d’aujourd’hui dans une étrange surenchère de trahisons et de prétextes éventés. Mais sans le moindre mot de compassion, sans la moindre excuse lorsque les frappes (chirurgicales comme il se doit et donc très civilisées) déciment une famille entière réunie pour célébrer un mariage. Sans un mot pour les 200 000 victimes de la guerre qui ravage la Syrie depuis trois ans. Sans le moindre regret pour la destruction de la Libye et la descente aux enfers du peuple Libyen. La population française va-t-elle, à son tour, payer le prix de cette guerre impériale éternelle au prétexte de protéger les intérêts des happy-fews qui portent sur la France « d’en bas » – ainsi la nomment ils – un regard condescendant ? Cette France des classes « dangereuses » que les médias dissimulent est celle, déjà exclue, qui est directement touchée par les politiques de restrictions budgétaires. Celle qui est éloignée des centres villes dévolus au luxe et aux banques, par les politiques d’exclusion sociale, économique, culturelle, éducative et politique. Cette France d’en bas et d’ailleurs est montrée du doigt lorsque des voitures brulent ou que des jeunes à l’esprit embrasé par l’inaction, ont pour seul espoir de rester là, adossés aux murs de leurs cités.

Manque d’empathie certainement mais aussi une forme de cynisme que l’on a pu éprouver lors de l’agression israélienne au Liban en 2006 ou dans la Bande de Gaza en 2009, en 2012 et encore en 2014. Toutes manifestations de solidarité, toute demande de ne violer ni le droit international ni le droit international humanitaire, étant suspectes par définition, car elles seraient motivées par l’antisémitisme. Et toujours si peu de mots pour les victimes et leurs familles. Il ne s’agissait pas de 17 personnes mais de plus de 1 500 victimes, sans oublier les quelque 4 000 blessés, dont certains sont morts des suites de leurs blessures.

Du cynisme construit sur l’arrogance occidentale qui continue de proclamer partout, qu’au regard de sa culture, de son modèle dit démocratique, des valeurs et des principes qu’elle porte, rien ni aucune autre culture ne peut l’égaler, même si par le maniement de l’injonction paradoxale qu’elle utilise à tout venant, elle prétend le contraire !

Ceux qui ont surfé sur l’unité nationale sont, en définitive, incapables d’empathie, de rencontre et de partage, convaincus que « les autres » – personnes d’origine africaine, Africains, musulmans, arabes, Roms, migrants, jeunes, pauvres – sont le problème et qu’ils doivent être contenus, contrôlés ou, selon Netanyahou, déplacés et destinés à errer de pays en pays, ce qu’il appelle de ses vœux pour les Palestiniens. N’est-ce pas précisément ce qu’il préconise ? Le mieux étant, bien sûr, qu’ils partent d’eux-mêmes. Pour les forcer, toutes stratégies de terreur, de harcèlement, d’arrestation, de privation de libertés à grande échelle, d’apartheid hypocrite, non-dit mais institutionnalisé, sont légitimes et peu importe que cet Etat soit en grande délicatesse avec le droit international. Il est protégé par ses indéfectibles amis et alliés puisqu’il en va de la survie du monde « blanc ».

De l’exploitation cynique de l’émotion

En attendant que cette éventualité n’advienne, Naftali Bennet [3] trouve normal d’affirmer publiquement qu’il a « tué beaucoup d’Arabes dans (s)a vie ». Et qu’il « n’a aucun problème avec ça [4] ». Aucune réaction ; il ne s’agit pas briser le mur de la domination et de l’aliénation.

Cela rappelle que les tenants de l’apartheid étaient convaincus – au regard des idéologies découlant du « siècle des Lumières » et de la « modernité européenne » ayant émergé sous le pouvoir du christianisme – que les Africains n’étaient rien de plus que des sous-hommes. Combien d’années de résistance et de solidarité a-t-il fallu pour briser le mur de la honte ? Combien d’Africains du Sud ont-ils été tués par un pouvoir aussi violent et arrogant que l’est aujourd’hui celui de l’Etat d’Israël ?

Leur monde s’est levé, dans un seul élan d’exaltation comparable à celui qui fait s’enflammer un stade devant un but parfait, pour 17 victimes à Paris. Il serait plus juste de dire seulement pour 15 ; le policier ayant été bien peu mentionné, c’est vrai qu’il est musulman ; et la policière municipale encore moins, c’est vrai, qu’elle est d’origine africaine et de l’un des départements ultramarins de la République.

Pas un regard, pas un mot de la part de tous ceux et de toutes celles qui ont vanté l’unité nationale, pour les deux mille personnes tuées au Nigéria le lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo et juste un jour avant celle du magasin Hyper Casher, c’est vrai qu’elles sont africaines et peut-être d’une religion animiste. Comme il ne dit rien sur les victimes qu’il fait en portant la guerre sans fin en des lieux où il n’a rien à faire au regard du droit international et des principes fondateurs de la Charte des Nations Unies.

Mais là encore, le cynisme prévaut parce que le plus important est la propagande qui consiste à prétendre frapper là où sont les « terroristes » pour éviter qu’ils n’arrivent aux portes de l’Occident. Cela rappelle étrangement ce qui se passait, lors des croisades, où pour mieux contrer l’invasion des barbares, des cohortes de chrétiens allaient les combattre sur leurs territoires !

Le seul objectif de ces élites recroquevillées sur leurs privilèges étant de surfer sur le populisme et de refuser de voir notre pays changer ; à son avantage, si nous acceptons de nous enrichir de chacun et chacune. Pour l’heure, ceux qui orientent, comme ceux qui exécutent cette politique, ont choisi de l’appauvrir, de l’amputer. Comment ne pas voir que ne sont pris en compte que sa partie blanche et les quelques « autres » qu’ils ont réussi à « intégrer » ou à « assimiler » en les soumettant à des lois de plus en plus xénophobes et liberticides et rendus silencieux par le poids de l’aliénation qui pèse sur leurs épaules.

Criminalisation des luttes politiques, amalgames et exclusions

Les autres, chemin faisant, deviendront des ennemis de l’intérieur et certains seront plus « ennemis » que d’autres. Et pour peu qu’ils commettent des actes faisant trembler l’entendement, ils seront renvoyés à leur pays d’origine, aussi lointaine soit elle. Ainsi des deux jeunes Kouachi assignés à l’Algérie – comme l’avait été Mohamed Merah – et de Coulibaly au Mali. Ces deux frères pourtant nés en France, enfants de l’assistance publique et donc de cette République iconique et sacralisée. On pourrait continuer la longue liste des personnes essentialisées et renvoyées au pays de leurs parents…quelle qu’en soit la raison. Les discussions portant sur leur lieu de funérailles est le reflet d’une société qui a perdu l’entendement et qui se laisse aller à des instincts primaires.

L’objectif étant de rendre invisible et de taire leur lien à la France. Il faut faire entrer dans l’inconscient collectif qu’ils sont « ennemis » de cette nationalité et que la guerre est déclarée, comme l’ont affirmé de nombreux leaders politiques ou intellectuels. Cette antienne a été reprise, ad libitum, par les représentants des media, qui, de ce fait, n’ont pas assumé leur devoir d’informer en toute objectivité. On peut pourtant être atterré et faire preuve de professionnalisme !

Le but étant de faire comprendre aux auditeurs, aux Français de souche et aux quelques « invités » à cette nationalité ou à ses futurs candidats que nulle position n’est acquise, que les statuts sont révocables et qu’il aisé de passer du statut de Français à part entière à celui d’ »ennemi » de l’intérieur ; l’étape ultime étant d’être catalogué de « terroriste ».

En ce sens, le discours du Premier Ministre [5] apparaît comme un avertissement et une menace qui concerne non seulement tous ceux qui manifesteraient trop ouvertement leur attachement à la religion musulmane ou qui, convaincus qu’il est possible de vivre dans un contexte où cette religion coexiste, se mobilisent contre l’islamophobie pour les droits civils [6]. Un avertissement et une menace aussi clairement adressés à tous ceux pour qui la solidarité internationale est un des principes politiques essentiels.

Ainsi seront dénoncés celles et ceux solidaires de la Palestine combattant depuis plus de soixante ans pour son droit inaliénable à l’autodétermination, pour un Etat libre et totalement indépendant. Celles et ceux solidaires des Basques, des Vénézuéliens qui risquent bientôt d’endosser le statut réservé, pendant plus de quarante ans, aux Cubains, des Sahraouis maintenus sous occupation marocaine, des Mahorais dont l’île est toujours otage de la France depuis 1974. Celles et ceux dénonçant les politiques découlant de la religion du marché imposée au continent africain et les relations coupables entre pays anciennement colonisés et leurs anciens, et toujours actuels, maîtres.

La solidarité en ligne de mire

Mais plus généralement seront montrées du doigt, toutes celles et tous ceux combattant le racisme structurel et institutionnel, questionnant la colonialité du pouvoir ou dénonçant la permanence du paradigme racialisant de l’organisation de sociétés. Ou, toutes celles et ceux se trouvant aux côtés des peuples se battant pour leur droit à leurs terres, contre les grands projets inutiles, l’exploitation des gaz de schiste, auprès des familles dont des membres ont été tués ou ont disparu… Celles et ceux qui se tiendront auprès des migrants ou des jeunes mineurs sans papier scolarisés, auprès des prisonniers politiques, auprès de celles et ceux victimes du profilage racial, auprès des femmes voilées, auprès de tous ceux et de toutes celles qui expriment la différence dans l’égalité et la non-discrimination. Une voix discordante mais une voix solidaire.

Ainsi, depuis quelques années, l’aide au séjour irrégulier est devenu un délit, « sauf s’il s’agit d’actions humanitaires et désintéressées [7] » ; ceux qui osent braver ce décret se retrouvent promptement accusés alors que ceux qui prônant le repliement identitaire, l’assignation à résidence, rendent la vie impossible à de trop nombreux hommes, femmes et enfants et sont encensés et vénérés par le capital.

Mais seront aussi dans le viseur du tout sécuritaire, toutes celles et tous ceux qui dévoileront les abandons successifs de l’Etat en matière de politique sociale et éducative ou qui interrogeront la responsabilité d’un Etat qui n’a de cesse de diviser pour mieux exploiter, d’infantiliser pour mieux dominer, de refuser d’analyser avec lucidité la situation économique et sociale au prétexte qu’elle serait trop complexe, préférant parfois le mensonge à l’objectivité. Il s’agit d’une injure faite à l’intelligence de tout un chacun.

Mais n’est-ce-pas une insulte à la mémoire des victimes que de défiler derrière un slogan vide de sens politique, sauf qu’il manifeste de la faiblesse de l’analyse épistémologique et politique de ce qui se joue en ces jours de basculement ? Alors oui, nous sommes nombreux à ne pas être aller « communier » en cet après-midi, en raison de la présence de personnes infréquentables mais aussi par manque d’ouverture et par l’expression d’un besoin de vengeance inqualifiable. Néanmoins, le processus de construction de ce slogan et son adoption, en un seul souffle, reste à analyser pour comprendre comment plus d’une semaine après, il reste la nouvelle devise de ce pays et se voit repris par d’autres.

Surveillance et exclusion

Il aurait fallu prendre le temps d’analyser les raisons qui ont poussé ces jeunes Français à de tels actes, celles qui les ont amenés à préférer la mort plutôt que le jugement. A regarder, quelques jours après les 7 et 9 janvier, la vidéo montrée sur TV5 Monde [8], où Amedy Coulibaly dénonçait les conditions d’incarcération qu’il avait connues en 2008 et ce à quoi il était confronté – quelles qu’en soient les raisons -, on est en droit d’interroger les politiques pénitentiaires, qui autorisent que de telles situations extrêmes se développent au mépris de la dignité humaine et de la réinsertion.

On est en droit d’interroger les politiques de réinsertion, qui pour des raisons économiques, ont vu leur budget et leur personnel se réduire de manière drastique laissant de nombreuses personnes sans repères et à l’abandon après un passage dans l’univers carcéral. Un Etat, ne faisant que le choix de surveiller et de punir, peut-il s’attendre à des comportements cohérents et responsables ? Ainsi les « formations de haut niveau » –annoncées par le Premier Ministre- « pour appréhender le processus de radicalisation » des services de la Protection judiciaire de la jeunesse, chargée de suivre et de réinsérer les jeunes délinquants répondront elles aux raisons contextuelles qui poussent certains jeunes à partir vers un ailleurs fait de mort et de sang ?

Il semble bien qu’une fois encore le gouvernement, dans l’urgence, décide de maintenir sa politique de l’autruche au mépris de l’éducation, ainsi Maria Inès, du syndicat SNPES-PJJ, retoque cette formation de haut niveau, précisant qu’avec ces jeunes, « en perte profonde de repères » c’est « l’éducatif qui doit primer [9] ». Elle fait écho à la voix de nombreux enseignants qui s’alarment depuis des années devant les orientations prises par le système éducatif, dénonçant, entre autres la réduction du budget, la fermeture de ZEPs, alors que ces politiques éducatives particulières avaient impacté positivement l’environnement culturel de zones désertées. Sera-t-elle entendue ?

Pensent ils sérieusement qu’il suffira de créer des « quartiers spécifiques » – ce qu’a proposé le Premier Ministre- pour limiter le prosélytisme ou pour éviter la radicalisation des jeunes confrontés à l’intégrisme de l’Islam et pour y contenir les détenus « réfractaires à toute autorité » ? Aurons nous, nous aussi, notre Guantanamo à l’intérieur de nos prisons ?

La nécessaire résistance à l’ordre sécuritaire

Et que l’on ne nous parle pas d’angélisme, de naïveté, d’irresponsabilité ou de sauvagerie. C’est bien parce que nous regardons l’autre, que nous pensons et cherchons inlassablement à construire les éléments de l’altérité, que nous nous tenons aux côtés de l’autre, que nous nous inquiétons de ce qui se joue en son nom et de la façon indigne dont les leaders politiques, les responsables politiques, cautionnés par les media, toisent avec mépris tous ceux qui ne sont pas à leur hauteur.

On est en droit de s’inquiéter des coupes sombres opérées dans les subventions octroyées aux associations de quartier, ainsi de certaines épiceries sociales qui ont dû fermer leurs étals parce que les mairies ont fait le choix de financer des programmes de façade. Sans que ces élus ne se soucient de l’aggravation de l’exclusion et de la précarité des familles et des quartiers entiers. Ces zones inconnues des médias où les premières victimes sont les enfants, dont certains risquent de prendre le chemin de la radicalisation et d’autres celui de la délinquance.

On est en droit de se mobiliser contre ceux qui font courir au monde un réel danger en refusant de prendre en compte les besoins et les attentes de l’homme, qui sans cesse doit interroger afin d’assumer sa part d’humanité pour résister aux logiques prédatrices, cyniques et guerrières.

On peut s’interroger sur les raisons qui poussent le Premier Ministre a annoncé, trémolos dans la voix, index pointé vers l’ennemi qu’un « nouveau fichier obligera les personnes condamnées à des faits de terrorisme ou ayant intégré des groupes de combat terroristes à déclarer leur domicile et à se soumettre à des obligations de contrôle ». Il suffit seulement de rappeler qu’il existe déjà un fichier permettant de tracer les déplacements des uns et des autres, le Passenger Name Record [10] [11] et un autre portant sur la Prévention des atteintes à la sécurité publique [12].

On peut se demander si la trentaine de fichiers déjà en exercice en France –et pour certains se recoupant- ne serait pas suffisante pour contrer les errements de personnes perdues dans des comportements « guerriers ».

Pourquoi une telle accumulation de fichiers sinon pour encore plus de contrôle et encore plus de surveillance ?

Quel objectif est visé en créant « des ennemis de l’intérieur » et en distillant la méfiance, l’angoisse et la peur ? Ne visent ils pas ainsi à, socialement, culturellement et psychologiquement, nous occulter tous et toutes et tuer nos différences dans notre commune égalité ?

A ce stade, notre réaction ne peut être que de nous compter, de nous unir, de conforter les alliances initiées, ainsi de celle contre le racisme antimusulman qui voit depuis deux ans des progressistes se réunir et penser ensemble à contrer les politiques qui rejettent la différence. Et dans la même lutte pour l’humanité, de celle portée par le lancement de la décennie pour les personnes d’origine africaine [13], pour résister au racisme anti-noir et réfléchir, aux fondements de la colonialité du pouvoir qui autorisent une partie du monde, en raison d’une globalisation déstructurante, à continuer à dominer l’autre.

Ensemble pour les libertés

Nous sommes nombreux à appeler et à agir pour un autre monde qui ne sera possible que si le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie, le racisme antimusulman et anti-noir ne sont plus ses règles de « gouvernance ». Une alternative envisageable seulement si la colonialité du pouvoir et du savoir qui nous a amenés dans cet abime inhumain, de siècles en siècles, est enfin identifiée, dénoncée et déconstruite afin de baser ce monde sur la non-discrimination avec son corollaire l’égalité entre les peuples et les Etats, entre les êtres humains, différents et égaux afin qu’ils agissent politiquement en tant que citoyen et citoyenne….

Le monde globalisé, imposant une guerre sans fin aux peuples et aux nations n’est rien de moins qu’un « monde compartimenté, manichéiste, immobile, monde de statues (…) Monde sûr de lui, écrasant de ses pierres les échines écorchées par le fouet. Voilà le monde colonial. L’indigène est un être parqué, l’apartheid n’est qu’une modalité de la compartimentation du monde colonial. La première chose que l’indigène apprend, c’est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites [14] », c’est ainsi que Frantz Fanon décrivait le monde colonial.

C’est ce retour à ce monde colonial remis à l’ordre du jour auquel, par notre engagement politique et notre solidarité internationale, nous tentons inlassablement d’échapper.

16 janvier 2015

 

Notes

[1] Lire le reportage, http://www.reporterre.net/L-enfance…

[2] Voir l’analyse proposée par Maxime Tandonnet, Le Figaro, 9/01/2015
http://www.lefigaro.fr/vox/politiqu…

[3] Homme d’affaires et millionnaire israélien qui dirige d’une part, le parti politique nationaliste et sioniste religieux situé à l’extrême droite du spectre politique israélien -Le Foyer juif-, et d’autre part, le mouvement pro-colonies « My Israel »

[6] Voir le site de la Fondation Frantz Fanon, http://frantzfanonfoundation-fondat…

[7] Au JORF n°0001 du 1 janvier 2013 a été promulguée la LOI n° 2012-1560 du 31 décembre 2012 relative à la retenue pour vérification du droit au séjour et modifiant le délit d’aide au séjour irrégulier pour en exclure les actions humanitaires et désintéressées

[10] Article 7 de la loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme, un arrêté du 28 janvier 2009 a créé un système de traitement automatisé de données à caractère personnel concernant « les provenances et les destinations, situées dans des États n’appartenant pas à l’Union européenne, des passagers aériens ». Lors de l’enregistrement de ces données, le Fichier des personnes recherchées (FPR) et le Système d’information Schengen (SIS) est consulté.

[11] Les données PNR sont conservées 5 ans, sauf celles concernant le FPR ou le SIS, qui ne seraient conservées que 24 heures. Par ailleurs, ce nouveau fichier a une double finalité de prévention et répression d’actes de terrorisme d’une part, et d’autre part de « lutte contre l’immigration clandestine »

[12] Le décret publié le 16 octobre 2009 ne porte pas sur des personnes condamnées mais sur des personnes « susceptibles d’être impliquées dans des actions de violences collectives, en particulier en milieu urbain ou à l’occasion de manifestations sportives ». Entrent dans le cadre du fichier toutes les « personnes dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique », et ce, dès l’âge de 13 ans. Seront fichés, dans une base de données à part, des personnes employées dans la sécurité (gardiens, pompiers) et qui font l’objet d’une enquête administrative. Dans la mesure ou des données liées aux infractions sont traitées ce traitement est un traitement de données sensibles au sens de la CNIL

[14] Frantz Fanon, Les damnés de la terre, Petite collection Maspero, 1961

 

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Après la décision du président Barack Obama, le 9 mars 2015, de décréter « l’urgence nationale aux États-Unis » face à la « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et notre politique extérieure qu’est le Venezuela » (sic), le président de Bolivie Evo Morales a demandé une réunion d’urgence de l’UNASUR (organisme regroupant la totalité des nations sud-américaines) et de la CELAC (Communauté élargie des États Latino-américains et des Caraïbes) « pour nous déclarer en état d’urgence et défendre le Venezuela face à l’agression de Barack Obama. Nous allons défendre le Venezuela » Il a souligné l’importance de l’unité des peuples face à l’Empire qui tentent de « nous diviser, pour nous dominer politiquement et nous spolier sur le plan économique ».

Le président Correa, à travers son chancelier, a exprimé son « rejet le plus ferme de la décision illégale et extra-territoriale contre le Venezuela, qui représente une attaque inacceptable pour sa souveraineté ». Il a rappelé le signal négatif que constitue la signature de ce décret par Obama 48 heures après la visite de travail de l’UNASUR à Caracas. Cette délégation a enquêté sur la récente tentative de coup d’État contre le président Nicolas Maduro, élu en avril 2013, a rejeté l’ingérence extérieure, demandant aux secteurs violents de l’opposition de revenir à la voie électorale.

« Comment le Venezuela menace-t-il les Etats-Unis? A des milliers de kilomètres de distance, sans armes stratégiques et sans employer de ressources ni de fonctionnaires pour conspirer contre l’ordre constitutionnel étasunien ? Une telle déclaration faite dans une année d’élections législatives au Venezuela révèle la volonté d’ingérence de la politique extérieure étasunienne. » a déclaré pour sa part le gouvernement cubain.

movimientos_sociales_boliviaLes mouvements sociaux latino-américains se sont mobilisés en défense de la démocratie vénézuélienne. Pour Joao Pedro Stédile, de la direction nationale du Mouvement des Sans Terre du Brésil : « Au Brésil il y a un peuple qui est avec vous, nous serons toujours solidaires et nous ne laisserons pas l’Empire envahir le Venezuela pour récupérer ses gisements de pétrole ». Le mouvement social bolivien a également manifesté sa solidarité. Rodolfo Machaca, dirigeant de la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, a condamné l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures vénézueliennes, et leur complicité avec les violences organisées par la droite. Selon Machaca : « La situation au Venezuela nous préoccupe, c’est pourquoi nous proclamons notre solidarité avec ce pays, mais aussi avec le président Maduro. Nous condamnons l’ingérence nord-américaine, et toutes les tentatives de coup d’État ou autres manœuvres visant à la déstabilisation du Venezuela. ».

Rafael Correa dénonce les manipulations médiatiques contre le Venezuela.

Le 1er mars, depuis Montevideo, où il assistait à l’investiture du président uruguayen Tabaré Vasquez, le président Correa a déclaré : «Le Venezuela est confronté à une guerre économique et médiatique, et se retrouve dans la situation d’autres gouvernements progressistes d’Amérique latine, avant lui. Cette situation, on l’a déjà vécu en Amérique latine. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à (Salvador) Allende : la même guerre économique, le même type d’ingérence, les mêmes attaques médiatiques. De grâce, tirons les leçons de l’Histoire ». Selon Correa, cette ingérence « ne débouchera pas forcément sur ce qui est arrivé à Allende. Il n’en demeure pas moins que nous sommes confrontés chaque jour aux tentatives de déstabilisation de gouvernements démocratiques et progressistes d’Amérique latine, par la guerre économique, et à la manipulation mondiale en matière d’information ».

Au sujet de l’arrestation du maire d’opposition de Caracas, Antonio Ledezma, accusé d’implication dans un complot visant à déstabiliser le gouvernement de Nicolas Maduro, le président Correa a déclaré qu’il était « réducteur de commenter cet événement sans connaître les détails de l’affaire, en outre la souveraineté et les institutions de chaque pays doivent être respectées ».

Le Venezuela et la Grèce renforcent leurs relations bilatérales.

En visite officielle en Grèce le 6 mars, la ministre des Affaires étrangère Delcy Rodriguez a félicité le nouveau gouvernement du premier ministre Alexis Tsipras, au nom du Gouvernement Bolivarien et du peuple vénézuelien. Dès la victoire de Syriza, Maduro avait salué la décision des électeurs malgré « la campagne médiatique qui tentait de leur faire peur en présentant notamment Alexis Tsipras comme l’agent d’une dictature vénézuélienne »

La Chancelière vénézuélienne a été reçue par Alexis Tsipras qui a manifesté son intention d’accueillir prochainement en Grèce le président Nicolas Maduro, assurant de son soutien le Venezuela et son peuple et insistant sur l’affection qu’il lui porte.

Delcy-Rodríguez-junto-a-Nikos-KotziasAccompagnée de l’ambassadeur du Venezuela en Grèce – Farid Fernandez – Mme Rodriguez a eu aussi l’occasion de rencontrer son homologue grec Nikos Kotzias (photo). La réunion a porté sur la possibilité de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays dans le domaine économique et commercial. Nikos Kotzias a reçu des informations sur la situation actuelle au Venezuela et a souligné l’importance de nouer des relations solides dans les domaines de la technologie, de l’économie, du commerce et du tourisme.

Un désir commun s’est exprimé : qu’Athènes devienne l’un des principaux partenaires de Caracas.

Cette visite officielle en Grèce répond à la volonté de Caracas de renforcer l’émergence d’un monde multipolaire, au sein duquel prévaudront le respect mutuel, la compréhension, la coopération, mais aussi le droit pour les peuples à l’autodétermination, à la liberté et à la souveraineté.


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Traduction : Jean-Marc del Percio

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Alors que nous combattons l’État islamique, l’EI, alias ISIS, en Irak et en Syrie, et que les responsables américains soulignent le prétendu danger d’une attaque sur le territoire américain, Washington et le Califat se battent du même côté en Ukraine. Dans une remarquable série d’articles dans l’Intercept, Marcin Mamon s’est penché sur un aspect du conflit en Ukraine auquel personne d’autre n’a fait attention: le rôle joué par le Bataillon Doudaïev, «une force de combat des islamistes radicaux composée de Tchétchènes, mais incluant également des combattants de tout le Caucase ainsi que quelques Ukrainiens».

Les clés des organisations clandestines islamistes en Ukraine ont été remises à Mamon par un contact à Istanbul, Khalid, qui commande la branche ISIS locale. «Nos frères sont là», a-t-il dit à Mamon, et le journaliste s’est rendu en Ukraine où il a été mis en rapport avec un contact nommé Ruslan, qui l’a conduit au camp clandestin de Munayev.

Portant le nom du premier président de la Tchétchénie séparatiste, Djokhar Doudaïev, le bataillon Doudaïev était commandé par Isa Munayev, récemment tué dans l’est de l’Ukraine. Imprégnés d’une haine fanatique des Russes, qui soutiennent les rebelles de l’Est, les hommes de Munayev estiment également qu’ils paient une dette, puisque les bataillons du Secteur Droit ultra-nationaliste qui aujourd’hui luttent pour Kiev ont apparemment aidé les Tchétchènes dans le passé. Le Secteur Droit est un groupe paramilitaire ouvertement néo-fasciste qui a fourni une grande partie des forces qui ont rendu possible le coup d’État contre Viktor Ianoukovitch, l’ancien président ukrainien. Organisés en différents bataillons, dont la célèbre Brigade Azov, ils idolâtrent les collaborateurs nazis de la Seconde Guerre mondiale, qui ont combattu les troupes soviétiques: les ultra-nationalistes ont été accusés d’avoir commis des atrocités dans le Donbass, ainsi que de terroriser leurs adversaires politiques sur le front intérieur. D’après Mamon, ils ont également été impliqués dans la lutte contre les Russes dans la lointaine Tchétchénie, où l’ancien gros bonnet du Secteur Droit Oleksandr Muzychko a combattu aux côtés de Munayev et des frères contre les Russes.

Comme Ruslan l’a dit à Mamon:

« Je suis ici aujourd’hui parce que mon frère, Isa, nous a appelés et a dit: ‹Il est temps de rembourser votre dette. Il fut un temps où les frères de l’Ukraine sont venus [en Tchétchénie] et se sont battus contre l’ennemi commun, l’agresseur, l’occupant.›. »

A côté de cette solennelle éthique du guerrier, une autre raison probable du soutien de l’EI à Kiev est l’accès à des cibles occidentales, données ainsi aux terroristes. Comme Mamon l’indique:

«L’Ukraine est en train de devenir une étape importante pour les frères comme Ruslan. En Ukraine, vous pouvez acheter un passeport et une nouvelle identité. Pour 15 000 dollars, un combattant reçoit un nouveau nom et un document juridique attestant de sa citoyenneté ukrainienne. L’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne, mais c’est une voie facile pour l’immigration vers l’Ouest. Les Ukrainiens ont peu de difficultés à obtenir des visas pour la Pologne voisine, où ils peuvent travailler sur les chantiers et dans les restaurants, comblant le vide laissé par les millions de Polonais qui sont partis à la recherche de travail au Royaume-Uni et en Allemagne. »

On nous dit que l’EI prévoit des attaques terroristes en Europe, et que les forces de sécurité sont occupées à recenser tous les suspects du continent; pourtant voici ce trou béant dans les défenses de l’Ouest, par où les frères s’infiltrent tranquillement, sans que les médias occidentaux en rendent compte. En coopération avec des groupes ultra-nationalistes comme le Secteur Droit, qui ont également créé leurs bataillons semi-autonomes, les islamistes d’Ukraine, brandissant des passeports ukrainiens, ont ouvert une passerelle vers l’Ouest.

Les demandes faites à Washington de commencer à fournir des armes létales au régime ukrainien font maintenant partie du débat de politique étrangère à Washington, avec les habituels suspects exhortant l’administration à ouvrir le robinet d’armement. Pourtant, les Ukrainiens disent qu’ils obtiennent déjà une aide létale de pays qu’ils refusent d’identifier, selon le membre officiel du Conseil de sécurité nationale ukrainienne Oleg Gladovsky:

«[L’aide provient] d’endroits où nous n’avons aucune influence et où il n’y a pas de tollé public à ce sujet (que nous avons nous-mêmes contribué à créer dans certains endroits, malheureusement). C’est de ces pays que nous sommes en train de recevoir de l’aide létale

Alors d’où vient cette aide?

«Dans l’est de l’Ukraine, écrit Mamon, le drapeau vert du djihad flotte sur certaines bases des bataillons privés.» Mais comment ces groupes de combat sont-ils privés?

L’armée ukrainienne en loques, composée de conscrits peu motivés et mal armés, ne fait pas le poids contre les séparatistes, qui se battent sur leur propre territoire contre un envahisseur. Le régime de Kiev dépend de ces armées privées pour fournir une colonne vertébrale à sa force de combat, et il semble y avoir une relation symbiotique difficile entre l’armée ukrainienne régulière et ces volontaires, avec une approche non interventionniste adoptée par Kiev pour ces derniers . Si le régime ukrainien reconnait ouvertement aujourd’hui obtenir de l’aide de pays non nommés, il est normal de se poser la question: le Bataillon Doudaïev obtient-il une aide directe à partir des mêmes sources que celles qui équipent en armes les rebelles islamistes radicaux de Syrie – le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et les Saoudiens?

Comme les rebelles modérés syriens financés et soutenus par les Etats-Unis rejoignent l’EI en masse, le réseau djihadiste international étend ses tentacules en Ukraine pour reprendre le combat au nom de leurs frères.

L’un des principaux liens entre les factions ultra-nationalistes ukrainiennes et les islamistes était Oleksandr Muzychko, qui a combattu aux côtés du chef terroriste tchétchène Chamil Bassaïev – le cerveau derrière le massacre de l’école de Beslan – dans les guerres de Tchétchénie. L’année dernière, Muzychko a été tué dans une fusillade avec les policiers ukrainiens. Mais avant de disparaître, il était le visage public très évident du mouvement ultra-nationaliste d’Ukraine.

Dans une vidéo devenue virale, Muzychko et un groupe de ses compagnons du commando Secteur Droit sont entrés dans le bureau du procureur de la ville de Rivne, dans le nord-ouest de l’Ukraine, et ont giflé le procureur coupable de ne pas faire son travail à la satisfaction de Muzychko. Il a également fait irruption dans une réunion du conseil de la ville de Rivne, brandissant un fusil, et déclarant que le Secteur Droit ne désarmerait jamais. Alors que les autorités ont sans aucun doute trouvé les singeries de Muzychko ennuyeuses, ce genre de chose est normal dans la nouvelle Ukraine. Et il est probable que c’est son implication clandestine avec l’EI, bien plus que ses pitreries publiques, qui a provoqué la colère des autorités: elles lui ont tendu une embuscade et l’ont abattu le 24 mars de l’année dernière. Son implication avec la cellule EI en Ukraine est-elle devenue de plus en plus évidente, même pour ceux en Occident qui s’étaient contentés regarder de l’autre côté?

Que les autorités de Kiev travaillent avec un avant-poste de l’EI est implicite dans toute l’article de Mamon: quand ce dernier s’est rendu au campement de Munayev en compagnie de Ruslan, ils n’ont eu aucune difficulté aux points de contrôle de l’armée ukrainienne, où la possibilité de percevoir des pots de vin ne faisait aucun doute, et ils sont passés à travers. Tout au long de l’article de Mamon nous entendons Munayev se plaindre de la pauvreté: le Bataillon Doudaïev, nous dit-on, doit dépendre d’activités criminelles pour financer le djihad. Pourtant, un oligarque mineur, nommé Dima leur remet 20 000 dollars, et il est question de vendre au marché noir de l’ambre à des «acheteurs du golfe Persique, y compris de riches cheikhs» – peut-être les mêmes riches donateurs qui ont si généreusement financé l’EI.

Les liens entre le régime de Kiev et l’enclave de l’EI en Ukraine sont nombreux, et seulement à demi cachés. Lorsque Mamon est arrivé au camp de Munayev, il a été accueilli par une voiture blindée qui, nous dit-on, a été donnée par Ihor Kolomoisky, l’un des hommes les plus riches d’Ukraine, récemment nommé gouverneur de Dniepropetrovsk. Kolomoisky, malgré son héritage juif, n’a aucun scrupule à s’allier à des groupes ouvertement antisémites comme le Secteur Droit, dont il a financé les bataillons: comme les djihadistes affiliés à l’EI, auxquels il a offert une voiture blindée, il ne pense qu’à la lutte contre Vladimir Poutine, qu’il méprise.

Une autre indication de l’alliance EI-Kiev est l’évasion d’Adam Osmaev, commandant-adjoint du Bataillon Doudaïev, d’une prison ukrainienne où il purgeait une peine pour avoir fomenté l’assassinat de Poutine. Après le coup d’état à Kiev, Munayev et ses compagnons ont fait sortir Osmaev de prison: quand ils ont été confrontés à la police ukrainienne à un barrage, ils ont été mystérieusement autorisés à passer. Comme le rapporte Mamon:

«Après une impasse dramatique, les Ukrainiens ont permis aux Tchétchènes de filer. (Il n’y a pas moyen de confirmer le récit de Ruslan, mais à l’automne 2014, le tribunal d’Odessa a soudainement déclaré qu’Osmaev avait suffisamment purgé sa peine et il a été libéré.) Osmaev et Munayev sont revenus à Kiev, et le bataillon Doudaïev a été créé.»

«De temps en temps, écrit Mamon, Munayev rencontre des représentants du Service de sécurité ukrainien, connu sous le nom de SBU.»

Le Bataillon Doudaïev compte environ 500 combattants, mais il y a aussi d’autres brigades djihadistes en Ukraine, organisées dans le Bataillon Sheikh Mansour, qui s’est détaché du Bataillon Doudaïev et «est basé à proximité de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine», ainsi que deux autres groupes composés des Tatars de Crimée, comptant chacun environ 500 djihadistes.

Comme l’aide des États-Unis coule à flot en Ukraine, dans quelle mesure va-t-elle retomber sur ces alliés de l’EI – et quelle sera son utilisation future? Si John McCain et Lindsey Graham arrivent à leurs fins, les armes américaines vont bientôt se trouver dans les mains de ces terroristes, dont il est sûr que le djihad contre les Russes se tournera vers l’Ouest et frappera les capitales de l’Europe.

C’est un retour de flamme avec une vengeance: nous créons nos propres ennemis, et leur donnons les armes pour nous faire du mal, alors même que nous affirmons notre besoin d’une surveillance universelle pour les combattre. Les savants fous formulant la politique étrangère américaine sont en train de créer une armée de monstres de Frankenstein – qui ne manqueront pas d’attaquer leurs créateurs bercés d’illusions.

Justin Raimundo

Article original : ISIS in Ukraine. Kiev and the jihadists: a dark alliance. Antiwar, 6 mars 2015

Traduit par Claude, relu par Diane et jj pour le Saker Francophone

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L’administration Obama [prix Nobel de la Paix, NdT], qui en 2009 a fourni l’assistance cruciale pour renverser le président démocratique progressiste du Honduras et le remplacer par une junte d’oligarques; et qui en 2014 a perpétré le sanglant coup d’État qui a remplacé le corrompu, mais démocratiquement élu président ukrainien Viktor Ianoukovitch, par un gouvernement tout aussi corrompu mais farouchement anti-russe, déclenchant ainsi une guerre civile contre l’est de l’Ukraine qui avait voté à 90% pour M. Ianoukovitch; cette administration essaie maintenant à nouveau de renverser le président démocratiquement élu du Venezuela, Nicolas Maduro.

Lundi 9 mars, Reuters publie «Les États-Unis déclarent que le Venezuela menace leur sécurité nationale, et sanctionnent des hauts fonctionnaires», leur rapport donne le mot de la fin à un politicien de l’opposition, soutenu par Obama et qui dit: «Ce n’est pas un problème avec le Venezuela ou les Vénézuéliens; c’est un problème avec ceux qui sont corrompus» (c’est à dire, Maduro et son gouvernement).

En d’autres termes, une fois encore, le sempiternel prétexte promu par Obama: nous essayons simplement de remplacer un chef d’État élu corrompu.

La Maison Blanche explique son décret le 9 mars en disant: «Le président Obama a publié aujourd’hui un nouveau décret exécutif (EO) déclarant une urgence nationale suite à la menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis posée par la situation au Venezuela. (…) Plus précisément, le décret cible les menaces décelées par le Département du Trésor, en consultation avec le Département d’État, impliquant le Venezuela dans des actions (…) ou des politiques qui sapent les processus ou les institutions démocratiques.»

Le décret lui-même déclare que le gouvernement du Venezuela est corrompu et limite les droits humains, ce qui «constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis, et je déclare par la présente une urgence nationale pour faire face à cette menace.»

Le 14 février 2015, le président Maduro avait déjoué un coup d’attentat fomenté par les gouvernements du Canada et du Royaume-Uni. Ces événements ont eu lieu presque exactement un an après qu’il avait déjà déjoué une tentative similtaire du gouvernement américain. En décembre 2013, le gouvernement de Maduro avait présenté des preuves détaillées que les Etats-Unis planifiaient un coup contre lui.

Le 15 janvier 2015, Maduro a rencontré le président russe Vladimir Poutine au Kremlin. L’administration Obama essaie évidemment de faire également tomber le président Poutine.

Le président Obama s’efforce également d’abattre le président Bachar al-Assad en Syrie. En 2011, il avait bombardé le régime du président Mouammar Kadhafi en Libye pour se débarrasser de lui. Tant Assad que Kadhafi sont aussi ou ont été des alliés de la Russie, comme l’Iran. L’administration Obama aide l’État Islamique dans sa guerre contre Assad, alors que dans le même temps, il le bombarde*.

Eric Zuesse

Article original en anglais :

venezuela-us43

President Obama Declares Venezuela “A Threat to National Security”, Seeks Regime-Change, publié le 10 mars 2015

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

Note du Saker Francophone
*Cet état de fait apparemment illogique est la conséquence de l’hyper-désordre qui règne à Washington en matière de politique étrangère du fait des luttes de pouvoir intestines entre le Pentagone et les agences de renseignement, d’une part, et d’autre part le département d’État. Obama n’étant pas désireux, ou tout à fait impuissant voire incapable, de remédier à cette situation. Cet hyper-désordre se reflétant d’ailleurs dans l’ensemble des conflits provoqués par l’hybris de l’Empire du néant.

L’auteur est historien d’investigation. Il a écrit récemment, They’re Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010et CHRIST’S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

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Un débat qui ne manquera pas de suspense nous attend ce mercredi (11 mars) devant le Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, quand témoigneront dans la même pièce le secrétaire d’État, John Kerry, le nouveau chef du Pentagone, Ashton Carter, et le chef d’État-Major des armées des Etats-Unis, Martin Dempsey.

Le vif du sujet: le Château de cartes, pardon, le Congrès des USA, qui rumine son doute à propos des véritables enjeux derrière la proposition de l’administration Obama de recourir à la force armée en Syrie, tout en se demandant s’il faut ou non imposer une zone d’exclusion aérienne pour protéger les rebelles syriens.

Obama dispose déjà d’un émissaire spécial du président au sein de l’orwellienne coalition globale contre l’État islamique, en la personne de John Allen, général du corps des Marines à la retraite. Ce dernier promet que les USA vont protéger les rebelles formés et armés par Washington, en plus d’appuyer sans réserve l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne au‑dessus du nord de la Syrie.

L’émissaire ne fait que répéter comme un perroquet la voix de son maître, soit l’administration à la stratégie autoproclamée d’éviter les conneries, qui est convaincue que sa demande d’autorisation du recours à la force armée en Syrie résistera à l’examen du Château de cartes, pardon, du Congrès des USA.

La zone d’exclusion aérienne, c’est précisément ce que défend depuis toujours le gouvernement du sultan de Constantinople, pardon, du président de la Turquie Tayyip Erdogan. Le plan directeur du sultan Erdogan consiste à solidifier une base à partir de laquelle l’opposition syrienne armée pourra combattre non seulement l’EIIS/EIIL/Da’ech, mais aussi les forces armées syriennes de Bachar al-Assad.

Alep, Syrie (Reuters / Jalal Al-Mamo)
 

Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a publiquement insisté sur le fait que c’est exactement ce à quoi l’on s’attend des rebelles syriens. Ankara, il semble que nous avons un problème !

Car voyez-vous, le Pentagone affirme maintenant, par l’entremise de son porte-parole, le contre-amiral John Kirby, que la composante syrienne de cette campagne vise l’État islamique. C’est ça l’objectif principal, pas le régime d’Assad. Rien n’a changé à propos de la politique écartant toute solution militaire contre Assad par les USA.

De deux choses l’une: ou bien on a affaire à une mascarade de désinformation, ou bien Erdogan vit au royaume des Bisounours. En fait, il pourrait s’agir d’une autre illustration de la tactique du bon et du méchant.

Parlant de méchants, nos salopards des monarchies du golfe Persique sont vraiment imbattables.

Les agents secrets du Qatar ont rencontré nul autre que le chef du front al-Nosra en Syrie, Abou Mohammed al-Joulani, en lui proposant l’offre proverbiale qu’il ne pouvait refuser: si vous coupez votre cordon ombilical avec Al-Qaïda, nous vous ferons pleuvoir des liasses d’argent liquide.

Le fait que le front al-Nosra soit considéré comme une organisation terroriste diabolique par le département d’État des USA n’a pas d’importance. Après tout, le Qatar n’a jamais vacillé dans son obsession de voir partir Assad, contrairement à l’administration Obama. La fin justifie les moyens une fois de plus.

Au même moment, l’Empire du Chaos garde vivante la fiction ambivalente d’une coalition globale combattant l’EIIS/EIIL/Da’ech, en mettant en veilleuse son intention cachée d’affaiblir Assad.

En Syrie, ce sont des conseillers militaires iraniens qui coordonnent l’armée arabe syrienne, avec l’aide de combattants du Hezbollah expérimentés et de miliciens chiites d’Irak.

 

Militants de l’Etat Islamique en Syrie (Reuters/Stringer)

Comme il n’y a plus d’opposition syrienne modérée (tous ont rejoint le faux califat), l’intention à peine cachée de l’Empire du Chaos derrière cette autorisation de recourir à la force armée serait de maintenir en place un groupe de rebelles armés sélectionnés par la CIA, juste pour maintenir la pression sur Damas. Il apparaît maintenant évident que ce n’est pas l’Empire du Chaos qui l’emportera sur le faux califat, mais bien l’alliance formée par l’armée arabe syrienne, les combattants du Hezbollah et les milices chiites supervisées par l’Iran.

Rock Star iranienne

Il se passe quelque chose de semblable sur le front irakien, que le ministre de la Défense de l’Irak, Khaled al-Obeidi, résume bien en disant que Bagdad se sent à l’aise avec l’aide qu’elle reçoit de Téhéran pour combattre sérieusement l’EIIS/EIIL/Da’ech sur le terrain.

Ce qui nous amène au véritable vif du sujet: le ballet croisé complexe auquel se livrent Washington et Téhéran en Syrak. Car ce n’est pas l’hyperpuissance qui est en train de repousser et de soumettre le faux califat sur le terrain en Irak, mais bien l’Iran, qui apporte son soutien tactique, stratégique et aérien à Bagdad.

Comme l’armée irakienne formée par les USA est une pagaille complète, ce sont les milices qui font le gros du travail. Les milices irakiennes comptent dans leurs rangs au moins 100 000 combattants pleinement mobilisés par de puissants dignitaires religieux chiites dans leur contre-djihad les opposant au faux califat, qui dépeint les chiites comme des apostats dont la seule destinée convenable repose six pieds sous terre.

Leur haut commandant est nul autre que le général Qasem Soleimani, le chef de la Force (d’élite) Al-Qods, qui jouit d’une renommée digne des rock stars en Iran. Soleimani est présent sur tous les écrans de télé iraniens et irakiens. Sa dernière apparition, au grand plaisir des photographes, c’était à Samara, où on l’a vu encourager les milices et les soldats irakiens à lutter contre les brutes du calife.

Derrière Soleimani, on retrouve deux personnalités incontournables: Hadi al Ameri et Abou Mahdi Mohandes.

Ameri a été ministre des Transports sous l’ancien premier ministre Nouri al-Maliki. Il est devenu depuis le chef de la milice numéro un en Irak, les brigades Badr.

Mohandes, un ex-membre de l’opposition à Saddam Hussein exilé en Iran, a été député au parlement lui aussi. Il est en quelque sorte l’homme de main de Soleimani, en plus d’être chargé de superviser le retour des sunnites dans les villes irakiennes reprises à l’EIIS/EIIL/Da’ech.

Ce sont donc ces hommes et ces forces qui sont sur le point de prendre Tikrit, l’ancien fief du clan de Saddam Hussein, à seulement 130 km au nord de Bagdad. Une fois Tikrit prise, il n’y a qu’un pas à franchir pour arriver à Mossoul, une ville comptant 1,5 million d’habitants, qui pourrait être libérée à la fin du printemps.

 

Alep, Syrie (Reuters/Stringer)

La considération déterminante, c’est que l’Empire du Chaos ne fait absolument rien pour débarrasser l’Irak de l’EIIS/EIIL/Da’ech, à part demander au gouvernement à Bagdad, par l’entremise du général Martin Dempsey, de se réconcilier avec les sunnites et d’expliquer ses relations avec Téhéran.

Voici une explication plausible: pendant que vous poursuivez vos inepties, ils nous aident à enrayer un cancer que vous avez permis de s’étendre.

Pagaille tous azimuts

L’administration Obama, avec sa politique étrangère décousue fondée sur sa stratégie autoproclamée d’éviter les conneries, rend complètement dingues les véritables Maîtres de l’Univers, ceux qui contrôlent le système mondial en place.

Ce qui n’est pas étonnant, car ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils veulent vraiment accomplir en Syrak. 

La RAND Corporation (groupe de réflexion des USA – NdT) a tenté de rendre les objectifs parfaitement clairs.

Puis le Council on Foreign Relations (autre groupe de réflexion des USA – NdT) a perdu les pédales, en affirmant que la seule manière de s’en sortir, consistait à remettre le palais impérial à l’ordre en le confiant à un groupe de sages formé d’Henry Kissinger, de Brent Scowcroft, de Zbigniew Brzezinski et de James Baker.

La proposition a été toutefois été discréditée en long et en large par Andrew Bacevich.

Que ce passe-t-il vraiment alors? La nouvelle Stratégie de sécurité nationale de l’administration Obama est volontairement vague. Elle vante en quelque sorte les vertus de la coalition globale, qui est en fait une alliance entre l’Empire du Chaos et nos salopards des pays du golfe Persique dans la lutte contre l’EIIS/EIIL/Da’ech, dont l’objectif n’est pas de le détruire pour de bon, mais de le laisser couver pour affaiblir Damas perpétuellement.

D’autres factions à Washington préféreraient contenir et détruire le faux califat, d’abord en Irak, puis en Syrie, ce qui implique un appui tacite de Washington aux efforts de l’Iran.

Le chef du Pentagone, Ashton Carter, pourrait bien avoir concocté son propre scénario. Il a réuni des experts de Washington et des intervenants au Moyen-Orient comme Robert Ford, ancien ambassadeur des USA en Syrie et fomenteur notoire de la campagne Assad dégage, qui travaille maintenant pour l’AIPAC (eh oui !). Il est important de se rappeler que l’AIPAC [équivalent du CRIF aux USA – NdT] craint davantage l’Iran, la Syrie sous Assad et le Hezbollah que la peste noire, mais ne considère toutefois pas l’EIIS/EIIL/Da’ech comme une menace pour Israël.

En attendant, la coalition globale entretient la fiction qu’elle bombardera le faux califat jusqu’à sa destruction complète. Dans la réalité, ce sont les forces coordonnées par l’Iran qui sont en train de gagner la bataille sur le terrain en Syrak. 

Il serait naïf de croire qu’en poursuivant sur cette voie, l’Empire du Chaos va nécessairement jeter du lest dans sa diabolisation croisée de la Syrie, de l’Iran et de la Russie.

La campagne Assad dégage ne disparaîtra jamais complètement de la feuille de route. Une véritable détente avec l’Iran va dépendre de la conclusion ou non d’un accord sur le nucléaire cet été. Sur ce point, Obama augmente la pression en multipliant les demandes. Quant à la diabolisation de la Russie, elle sera encore plus véhémente.

Ce qui est assez intrigant, c’est que même des généraux étoilés du Pentagone laissent tomber les raisonnements non sequitur [illogique, NdT] à la Rumsfeld, comme la Révolution dans les affaires militaires, selon laquelle un Pentagone technologiquement capable vaincrait facilement tous les ennemis.

En fait, ladite révolution a foiré sur le sol afghan et irakien. Elle ne peut rien non plus contre les forces irrégulières de l’EIIS/EIIL/Da’ech. La seule chose que la domination tous azimuts a réussi à accomplir, c’est la destruction de la Libye à l’aide des bombes de l’Otan et d’une bande de djihadistes déments.

Pepe Escobar

Article original en anglais :

http://rt.com/op-edge/239597-us-iran-intersect-syria-iraq/

Traduit par Daniel, relu par jj  pour Le Saker francophone

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

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La disparition du père Paolo Dall’Oglio et sa couverture médiatique

Près d’une année s’est écoulée depuis ma chronique sur les Chrétiens de Syrie *. Ayant amplement analysé le rôle du prêtre italien Paolo Dall’Oglio dans la propagande de guerre des pays occidentaux, je ne comptais plus revenir sur son cas. Mais le 29 juillet 2013, par une ironie du destin surprenanteil est apparu que le père Paolo a été fait prisonnier par les terroristes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant [EIIL]. Au moment où j’écris ces lignes on est sans nouvelles de lui depuis 9 mois et on est en droit de redouter que le pire ne lui soit arrivé. Le traitement médiatique de sa disparition est, une nouvelle fois, extrêmement révélateur de la façon dont les médias français couvrent l’actualité syrienne.

De Souleymanieh à Raqqa, fin de parcours pour le père Paolo

Interdit de séjour sur le sol syrien, ce n’est pas pour autant que le père Paolo dall’Oglio avait renoncé à participer, de près ou de loin, aux événements de Syrie. Après son expulsion du territoire syrien en juin 2012, le religieux avait trouvé refuge à Souleymanieh, au Kurdistan irakien. C’est dans cette ville, située à 350 kilomètres de la frontière syrienne et 50 de la frontière iranienne, qu’il résidait depuis, entre ses campagnes de propagande contre le gouvernement d’Assad, en Europe et en Amérique du nord. Il y avait été accueilli avec l’aval de Monseigneur Louis Sako, l’archevêque chaldéen de la ville de Kirkouk, au sein de la fondation monastique Deir Mariam el Adhra, fondée quelques mois auparavant. En ce lieu, rapporte le site Cath.ch, il se proposait « avec les frères du monastère de Deir Maryam, (de) prier pour la paix en Syrie, dans l’espoir et dans l’attente de pouvoir y retourner »[i].

Mais il faut croire que le père Paolo était trop pressé pour attendre la fin de la guerre, puisqu’à plusieurs reprises il avait franchi clandestinement la frontière syrienne pour se rendre dans des zones libérées. C’est ainsi que le 27 juillet 2013, passant par la frontière turque, il se rend dans la ville de Raqqa[ii], située au nord-est de la Syrie, à 200 km de la frontière irakienne, et 80 de la frontière turque ; c’est la première capitale régionale entièrement « libérée » par les « rebelles » depuis le début du la crise en mars 2011. Nous pouvons le lire, dans une vidéo postée sur sa page Facebook le même jour, confier sa joie de se trouver enfin dans une zone qu’il prétend « libérée » :

« Je me suis rendu aujourd’hui à Raqqa et j’étais rempli de joie pour deux raisons, la première parce que je me trouvais en territoire syrien et dans une ville libérée et la deuxième en raison de l’accueil formidable que m’a réservé cette jolie ville, a-t-il écrit. C’est l’image de la nation que nous voulons pour tous les Syriens. »

raqqa

 

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Dernière image du père Paolo, extraite de la vidéo tournée le 27 juillet 2014 dans Raqqa « libérée » par l’EIIL

L’homme n’était cependant pas venu pour participer à une fête avec les Ewoks à la fin de la Guerre des Étoiles[iii], car les « libérateurs » ne sont pas des gens spécialement commodes et amoureux de la « démocratie » comme il voulait nous le faire croire. Conquise le 3 mars par une coalition de groupes djihadistes, la ville est en effet entre les mains des combattants de l’Etat Islamique en Irak et au Levant, qui emprisonnent les opposants « modérés », appliquent la shar’ia, pratiquent des exécutions publiques[iv], et profanent les églises[v].

raqqa 3Exécution publique de trois alaouites le 16 mai 2013 à Raqqa par le groupe de Jabhat al-Nosra. L’EIIL se rendra par la suite coupable de mêmes crimes

Ainsi dans cette même vidéo précisait-il le sens de sa « mission » :

« Je suis venu pour rencontrer la société civile et les chefs des groupes armés. Je voudrais qu’à Raqqa se fassent les premiers pas d’une réconciliation entre opposants. Je jeûne et fais le Ramadan pour demander à Dieu la grâce de l’unité pour le peuple syrien. Notre jihad (combat), c’est pour la démocratie….  Le berceau de la révolution ne doit pas devenir son tombeau. »[vi]

Le père Paolo avait par ailleurs une motivation personnelle à se hasarder dans cette aventure. Dans l’équipe municipale de Raqqa emprisonnée par l’EIIL, se trouvait un homme du nom de Ahmed Haj Saleh, qui, rapporte Béatrice Petit, dans la Vie du 20 août, lui « avait généreusement offert l’hospitalité en février dernier ».

C’est ainsi que le père Paolo avait décidé, dès le lendemain de son arrivée dans la ville, d’aller directement à la rencontre des « libérateurs », pour intercéder en faveur de la libération de cet homme, et enclencher le processus de réconciliation préalable à l’instauration de la « démocratie ».

Ayant publiquement proféré des critiques envers les exactions de l’EIIL, et connaissant la réputation de l’organisation, l’homme demeurait tout de même lucide quant à l’éventualité d’un échec puisqu’il jugea utile, avant d’aller se jeter dans la gueule du loup, de prévenir ses proches qu’ils devraient le considérer comme mort si dans les trois jours il ne donnait pas de nouvelles de lui.

Le 29 juillet 2013, au matin, le père Paolo dall’Oglio se rend donc au siège de l’EIIL. Nul ne l’a revu depuis et nul ne sait ce qu’il est devenu.

Rumeurs

Alors que ses deux passages en France (en septembre 2012 et en mai 2013) avaient fait l’objet d’une couverture médiatique impressionnante et à l’évidence orchestrée, sa disparition a été peu relayée dans les médias français. Sans doute fut-il jugé gênant de donner un large écho au fait que l’une des « icônes de la révolution » avait été enlevée, et éventuellement exécutée, précisément par des combattants qui avaient prétendument contribué à « libérer » la ville de Raqqa, en l’occurrence des combattants d’un des groupes armés anti-Assad les plus redoutables qui soient. Nous étions encore, par ailleurs, dans une séquence où les grands médias et dirigeants de la zone OTAN avaient bon espoir de porter le coup de grâce au régime syrien et d’ajouter à la liste des dictateurs renversés dans le sillage des « printemps arabes » le nom de Bachar el-Assad. Ayons à l’esprit que la deuxième affaire des armes chimiques (du 21 août) surviendra trois semaines plus tard. Comme la première affaire des armes chimiques du 19 mars (voir le débat truqué à l’IMA[vii]), le relais médiatique de l’enlèvement du père Paolo aurait sonné de manière trop discordante avec la propagande médiatique à l’œuvre sur les mêmes rails intangibles depuis le début des événements en mars 2011.

C’est sans doute la raison pour laquelle le journal la Croix (je me borne aux sites internet), a été l’un des seuls médias commerciaux à relayer immédiatement cette « disparition » le 30 juillet[viii].

La suite du traitement médiatique de cette disparition est extrêmement confuse.

Le 12 août, le Saint-Siège reconnaît n’avoir aucune nouvelle du religieux[ix], dans le même temps où un « porte-parole de l’ASL », Lama el Atassi, annonce qu’il « a été tué », et accuse les « services de renseignement » d’el-Assad d’avoir contribué au forfait. Dans tous les cas, « le régime d’Assad doit en porter l’entière responsabilité ».

Le 14, l’OSDH déclare que « les activistes dans la ville, proches du père Paolo, ont confirmé à l’OSDH que le prêtre jésuite italien et messager de la paix Père Paolo Dall’Oglio a été tué dans les prisons de l’EIIL, où il était détenu depuis deux semaines. »

Le 16 août, le Réseau Voltaire publie un communiqué[x] reprenant l’information de l’OSDH et annonçant l’exécution du Jésuite.

Le 20 août, Béatrice Petit publie dans la Vie un article de synthèse[xi] dans lequel elle avance 1) que le CNS a démenti les déclarations de Lama el Atassi en affirmant que cette femme ne faisait pas partie de l’ASL 2) que « la ministre italienne des Affaires Etrangères, Emma Bonino a déclaré « La mort du prêtre n’est pas confirmée ». » 3) que « De source fiable, il nous vient que deux canaux de communication au moins ont été ouverts avec le groupe qui retiendrait le prêtre, et que celui-ci était toujours vivant aux dernières nouvelles, datant du 19 août. Sans pouvoir en dévoiler davantage, il y a aussi, et de divers côtés, des indicateurs sérieux en ce sens. » Comme le Réseau Voltaire, la journaliste ne donne aucun élément « fiable » ou « sérieux » à l’appui de son affirmation et on doit la croire sur parole.

Le 25 août, un communiqué du Figaro évoque sa disparition mais, se basant également sur le démenti de la Coalition Nationale Syrienne, il remet en question le fait qu’il soit mort, tout en reconnaissant que « ces informations sont difficilement vérifiables »[xii]. Le 28 août, dans le Monde, Christophe Ayad[xiii], dont nous avons relevé les errances lors de son intervention au débat truqué de l’IMA[xiv], constate sa disparition sans trancher dans un sens ou dans l’autre.

Les articles, déjà très sporadiques, se raréfient les quatre mois suivants sans rien apporter de neuf.

S’il était difficile d’accorder une couverture médiatique digne de ce nom à la disparition du père Paolo Dall’Oglio, il n’était cependant pas inscrit dans le marbre que la machine de propagande anti-Assad en resterait là. Même mort ou disparu, on peut avoir une seconde vie dans les médias de masse, comme on le verra dans les trois grosses affaires que j’étudierai dans les chroniques suivantes : l’affaire Hamza el Khatib de mai 2011,  le massacre de Houla du 21 mai 2012, et l’attaque à l’arme chimique du 21 août 2013.

Alors que la disparition du père Paolo fin juillet 2013 a été entourée d’un relatif silence, et d’une confusion certaine, fin janvier 2014, pour les six mois de sa disparition, les médias décident de remettre en branle la machine, et de donner un large écho à l’événement. Cette fois-ci, le père Paolo a même droit à une couverture mondiale.

Une campagne d’envergure mondiale

Le programme de l’événement, comme d’habitude,  est annoncé et détaillé sur le site de l’association Souria Houria[xv]le 29 janvier, Organisé par « les amis de Paolo et de la Syrie », l’événement se veut un « rassemblement non politique en soutien au Père Paolo, à l’occasion des six mois de sa disparition ». Plus généralement, il s’agit d’attirer l’attention sur « tous les otages et détenus en Syrie ».

On est fondé à parler d’une campagne d’envergure mondiale puisque des cérémonies sont organisées, à peu près synchronisés dans une tranche horaire de quatre heures : en France sur l’esplanade des droits de l’homme de Paris[xvi], sur la place Kleber de Strasbourg, au centre saint Hugues de Grenoble, sur la place de la préfecture du Mans[xvii], sur la place de l’opéra de Lyon, à l’église saint Ferreol de Marseille, à la fontaine des trois grâces de Montpellier, à l’église Notre Dame de Bordeaux ; en Italie à l’église San Giuseppe de Rome, à l’église de San Fidele de Milan, au sanctuaire de la Madone de Barracano de Bologne, à Ulivo Dell Pace à Trente ; en Suisse à la chapelle du centre Boniface de Genève et sur la place des Nations de Genève ; en Belgique dans une marche à Bruxelles ; aux Pays-Bas à côté du parlement de la Haye ; en Angleterre à l’université de Leeds et à l’église de la Sainte Trinité de Londres ; en Allemagne à l’académie catholique de Berlin ; au Liban près de l’église jésuite de Sodeco (Beyrouth) ; en Irak au monastère de la Vierge Marie de Souleymanieh ; aux Etats-Unis à l’université de Scranton ; au Japon au Shinmeizan Center for Interreligious Center ; au Porto Rico par l’université de Puerto Rico de San Juan… au Qatar. Les « amis de la Syrie » veillent sur le père Paolo.

 

 raqqa 4

 Rassemblement sur l’esplanade des Droits de l’Homme, le 30 janvier 2014, en commémoration des neuf mois de la disparition du père Paolo

Et les médias pour cette occasion se manifestent.

Le 28 janvier : Christophe Lamphalussy, dans la Libre Belgique[xviii], annonce la tenue de l’événement et retrace le parcours de ce « jésuite hors du commun ». Le 29 janvier : Ouest-France annonce la tenue de la veillée de prière en invitant gentiment : « Venez, c’est ouvert à tous. » Le 30 janvier : article d’Aymeric Christensen dans la Vie[xix] mettant en doute qu’il soit mort et évoquant la journée de commémoration. Le 31 janvier : article de Mickaël Corre dans le Monde[xx] évoquant l’événement et renvoyant à sa page de soutien du Facebook (article par ailleurs relayé sur le site du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, le CRIF[xxi] ); article de Ouest France relatant la veillée pour le père Paolo au Mans ; Le 4 février 2014 : long article hagiographique dans Causeur d’Ondine Debré[xxii] qui retrace tout le parcours du prêtre (relayé le lendemain sur le site du CRIF[xxiii]). Des articles lui sont également consacrés dans la presse internationale des pays où des réunions sont annoncées.

Ces réunions consistaient en des marches, des prières collectives, des conférences. Elles ont eu lieu dans des universités, des églises, des monastères, dans des places ou des lieux publics de villes importantes.

Au moment où j’écris ces lignes (juin 2014), cela fait un peu plus de neuf mois que le père Paolo a disparu, et une nouvelle série d’articles et de prises de position commencent à tomber. Nous ne commémorons plus cette fois les « six mois » de sa disparition, mais les « neuf mois ». Je viens ainsi de tomber sur un long article de Karina Sehhai dans Paris Match[xxiv], relayant un « appel de la famille du père Paolo », plus neutre que d’autres productions, mais qui fatalement comporte quelques piques envers le « régime » en place. Mon attention est aussi tombée sur un communiqué des éditions de l’Atelier (son éditeur), relayé par le site Souria Houria[xxv], communiqué qui appelle, en soutien à la famille, à ne pas laisser sombrer dans l’oubli le prêtre disparu, et qui reproduit toutes les dénonciations mensongères du Jésuite lors de ses séjours à Paris. On y apprend par ailleurs que le père Paolo n’a pas été reçu une fois par le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, mais « à plusieurs reprises ». L’auteur confirme par ailleurs le comportement des médias français depuis deux ans, médias qui « ont été les plus nombreux à relayer son cri de rage, son appel. », grâce à quoi « il a su toucher alors le cœur des Français. » Il est en effet plus facile de toucher le cœur du public –fût-ce sur la base de mensonges- quand on a tous les médias et le pouvoir politique derrière soi.

Cependant cela ne semble pas suffisant, puisque, lit-on: «Il faut faire plus. Aujourd’hui, nous espérons que les médias français pourront rediffuser des images de lui, des interviews, trouver tous les moyens possibles pour évoquer cette belle figure, courageuse et engagée. Refaire parler de lui, malgré son absence. Pour qu’on ne l’oublie pas, et surtout pour rappeler combien sa vie est précieuse pour nombre d’entre nous, notamment pour le symbole qu’elle représente

On comprend certes la souffrance de l’éditeur et de la famille, mais avancer qu’il faudrait que les médias en fassent plus, cela ne me paraît pas très décent par rapport aux dizaines de milliers de victimes anonymes, morts souvent dans des circonstances atroces, parfois dans le cadre de massacres de masse systématiquement et mensongèrement attribués aux troupes régulières syriennes, surtout pendant les deux premières années de guerre où les médias, adoptant une position unanimement négationniste, refusaient de reconnaître la présence de terroristes à l’œuvre sur le sol syrien dès le début des événements. On pourrait avancer au contraire, même si évidemment je souhaite comme tout le monde sa libération, qu’on en a beaucoup trop fait pour le père Paolo, qui de son côté à fait énormément de tort à la vérité, à ses coreligionnaires de Syrie qu’il a mis en danger par ses accusations répétées, et in fine au peuple syrien tout entier en relayant la propagande de guerre des puissances hostiles au gouvernement de Damas avec les mêmes éléments de langage que des menteurs en série comme Bernard Henri Levy ou Laurent Fabius.

La disparition du Père Paolo, prétexte à alimenter la propagande contre le « régime » syrien

Tout cela a cependant un coût : il faudrait être le dernier des naïfs pour croire que la couverture médiatique des commémorations de la disparition du père Paolo est généreuse et désintéressée, ou que c’est parce qu’il a été touché au plus profond de son âme que M. Fabius l’a reçu à plusieurs reprises et que toutes les rédactions des médias lui ont donné une caisse de résonance puissante et répétée. Je rappelle le traitement du point de vue d’autres autorités chrétiennes de Syrie, autrement plus représentatives, par ces mêmes personnages et instances, à savoir leur passage sous silence quasi intégral, ou les calomnies et la diffamation. Il était donc fatal que dans cette nouvelle série d’articles on relève les éléments de langage auxquels nous sommes maintenant habitués, et qui par martelage constant sont destinés à imprimer une version très précise et orientée dans l’esprit du grand public.

L’identité des ravisseurs et éventuels assassins n’ayant été contestée par aucun média (ce qui était impossible puisque le père Paolo avait lui-même précisé le but de sa mission auparavant), dans un monde normal, cet enlèvement aurait été le prétexte à la dénonciation des horreurs perpétrées par des groupes comme Jabhat al Nosra ou l’EIIl depuis 3 ans que la guerre en Syrie fait rage. Le père Paolo aurait pu être érigé en symbole des malheurs qui accablent le peuple syrien, à savoir le terrorisme international financé et appuyé par les pays de l’OTAN, les monarchies du Golfe, et Israël.

Je ne rêve évidemment pas. C’est tout le contraire qui s’est passé. J’ai fait remarquer plus haut que sa mort avait été peu relayée dans les grands médias, en raison certainement de son incompatibilité avec la version généralement mensongère des faits diffusée alors en concomitance avec l’agenda des puissances étrangères œuvrant à la déstabilisation de la Syrie. Cependant, père Paolo ayant été leur chevalier servant et une figure de proue, il était impossible de passer tout à fait sa disparition sous silence. Quitte à la rapporter, il fallait donc insérer des éléments habituels de la propagande, pour le coup en déconnexion totale avec l’affaire traitée.

Voici par exemple comment Agnès Rotivel, dans la Croix du 30 juillet, reproduit une nouvelle fois l’hypothèse tirée par les cheveux de l’instrumentation du terrorisme par le régime :

« L’EIIL, composé principalement de combattants étrangers, se bat contre le régime de Damas aux côtés de la rébellion dite modérée. Mais certains spécialistes n’hésitent pas à dire que ce groupe est infiltré par les forces militaires syriennes, ce qui expliquerait que l’information sur l’enlèvement du prêtre italien ait été donnée par la télévision d’État, dès lundi 29 au soir. »
Cet article lui permet de rappeler mensongèrement qu’au départ de la crise, en mars 2011, il n’y avait qu’un « mouvement contestataire et pacifique », lequel « s’est heurté à la répression féroce du régime de Bachar al Assad ».

Le 20 août, Béatrice Petit, dans la Vie, reprend une millième fois comme tous ses collègues les plus en vue la thèse de l’instrumentation du terrorisme par le « régime », en s’abritant sous l’autorité de l’ « islamologue » Thomas Pierret[xxvi] :
« Sous l’occupation américaine en Irak, Al Qaeda a travaillé avec les services secrets syriens. C’est un milieu que le régime Assad connaît bien, il serait bien bête de ne pas y avoir laissé quelques taupes. D’ailleurs, ses services l’ont déjà fait et ont tout intérêt à le faire. Officiellement, Damas est passée (d’une répression de la révolution) à une guerre contre les terroristes. C’est mieux pour la communication ! »[xxvii]

Le 28 août, Christophe Ayad, prend de nouveau sa plume pour raviver la mémoire de l’icône de la révolution. Le père Paolo était « l’un des meilleurs connaisseurs du monde de son pays d’adoption. » C’est à juste titre que le père Paolo promouvait l’instauration, enfin, d’un « Proche Orient démocratique », forcément un remède miraculeux contre « la dictature d’Assad ». Il avait raison d’inviter les Syriens de ne pas craindre le mouvement « des printemps arabes » (dont on sait qu’il s’agit d’événements manipulés, voir Mezri Haddad[xxviii] et Michel Collon[xxix] au moins pour les cas tunisien et libyen). « Mar Moussa », le monastère qu’il avait contribué à redresser était devenu avec les années « l’un des rares espaces de liberté et de dialogue démocratique dans la Syrie des Assad » Enfin, si la hiérarchie chrétienne syrienne s’est ralliée au régime de Bachar el-Assad, c’est parce que ce dernier « a toujours exercé un chantage envers les chrétiens en se présentant comme leur exclusif protecteur et le seul garant de leur survie en Syrie face aux islamistes. » (argument mensonger répété des centaines de fois depuis 3 ans).

Je me contenterai de ces trois exemples. On retrouve les mêmes argumentaires que j’avais relevés et analysés l’année dernière, et on ne peut qu’être impressionné de nouveau par la persistance, sous une forme quasiment identique, de certains argumentaires erronés ou mensongers sous la plume de journalistes travaillant pour des grands médias. Et on retrouve si souvent les mêmes !

Encore des rumeurs (suite et fin)

Dans son édition du 30 mai 2014, le quotidien francophone libanais l’Orient le Jour relaie et commente (article de Fady Noun), un communiqué publié 3 jours plus tôt par la ligue syrienne des droits de l’homme annonçant la mort du père Paolo dall’Oglio[xxx]. La chaîne d’information saoudienne al Arabiya s’en fait également l’écho. Le père Paolo aurait été exécuté deux heures après son arrivée au quartier général de l’EIIL, par un haut responsable de l’organisation. L’information a été fournie par un officier dissident de l’EIIL, Abu Mohamed le Syrien. L’information est jugée crédible par la ligue syrienne des droits de l’homme:
La Ligue syrienne des droits de l’homme a condamné « le meurtre » du prêtre jésuite, précisant que les indications d’Abou Mohammad le Syrien doivent être considérées comme « crédibles », et recoupent des données qu’elle possédait déjà. Elle a précisé que ce dissident est prêt à témoigner en public des données en sa possession, mais qu’entre-temps, son identité véritable serait gardée secrète pour des raisons de sécurité.

Cette déclaration d’un officier dissident de l’EIIL est la première permettant de se faire une idée un peu plus précise de ce qui s’est éventuellement passé après l’entrée du père Paolo dans le QG de l’EIIL à Raqqa, et elle est jugée comme “crédible” par une instance émanant de l’ « opposition syrienne ».

Cette information est toutefois démentie le 3 juin par l’OSDH (une ONG anti-Assad basée à Londres qui avait commencé par confirmer sa mort en juillet 2013) : le père Paolo serait toujours en vie : les hommes de l’EIIL le retiendraient dans l’attente du versement d’une rançon. Cette affirmation est relayée le 10 juin par la chaîne al Akhbar, qui est le porte-voix du mouvement chiite pro iranien Hezbollah, proche également de Bachar el-Assad et du régime syrien légal. Une délégation italienne aurait eu l’occasion de rencontrer le Jésuite un mois auparavant. Celui-ci aurait été déplacé à la campagne au nord de Raqqa. Le montant de la rançon demandée dépasserait tout ce qui a déjà pu être exigé dans des circonstances comparables en Syrie. L’annonce de son exécution ferait partie d’une manœuvre de chantage de la part des terroristes, qui espéreraient ainsi faire encore monter les enchères.

Cette série d’annonces contradictoires a été relayée en Italie, mais les médias français n’en ont presque pas parlé, à l’exception de l’hebdomadaire la Vie. S’il était avéré qu’il était entre les mains de miliciens pro-Assad ou qu’il avait été exécuté par eux, on aurait sans doute assisté à une campagne médiatique de grande ampleur. A moins que les grands médias entre temps soient passés à autre chose. Cette série de nouvelles intervient précisément au moment où l’EIIL vient de terminer la conquête foudroyante du nord-est de l’Irak, EIIL qui est enfin présentée dans les médias de masse pour ce qu’elle est, c’est à dire une organisation terroriste, sanguinaire et impitoyable, en particulier envers les minorités religieuses comme les chrétiens. Le père Paolo ne leur est plus utile, et surtout pas dans la situation impossible où il s’est mis. Je souhaite évidemment avec sa famille sa libération dans les plus brefs délais. Affaire à suivre…

Avertissement final aux chrétiens de France

Ce n’a pas été la moindre de mes surprises, au cours de cette étude, de me rendre compte qu’il n’existait finalement en France, concernant les événements de Syrie, presque aucune différence de traitement de l’information entre les médias commerciaux estampillés « chrétiens » (La Croix, La Vie, Pèlerin, Radio Notre-Dame), et les autres médias intituionnels (Charlie Hebdo, Libération, TF1, RMC, France inter, Le Monde, France24, etc).

Il faut être conscient que la propagande se loge partout et que ce que l’on appelle la « presse chrétienne » (quand elle est commerciale) doit être lu par les chrétiens de France avec le même esprit critique que les publications « profanes ».
Les médias chrétiens sont entrés dans le bal médiatique hagiographique du père Paolo avec le même enthousiasme, la même confiance, et la même absence d’esprit critique que leurs confrères du Monde ou de France Inter.

Ainsi va la désinformation à des fins d’intervention militaire en France.

A suivre…

François Belliot 

Notes

[i] http://www.cath.ch/newsf/le-jesuite-expulse-espere-retourner-un-jour-en-syrie/

[ii] Cette ville est toujours entre les mains de l’EIIL, devenu entretemps EI (Etat Islamique), dont l’empire s’étend désormais à l‘ex Kurdistan irakien et aux portes de Bagdad. Le président Bachar el-Assad, lors de son discours investiture à la mi-juillet 2014 rappelait ainsi : « Bien que nous ayons accompli dernièrement de grands exploits dans notre guerre contre le terrorisme, nous ne pourrons jamais oublier notre « Raqqa » bien aimée que nous libérerons avec la grâce de Dieu. »

[iii] Pour ceux qui auraient oublié cette scène célèbre de la saga, voir cet extrait d’une minute trente : https://www.youtube.com/watch?v=np6vAuS0KNs

[iv] Dans le rapport 2013 de l’Institut international pour la paix, la justice et les droits de l’homme, on lit par exemple, concernant la ville de Raqqa : « Le 14 mai, l’EIIL a exécuté 3 hommes sous prétexte qu’ils étaient des soldats loyalistes. Il est apparu que les deux hommes étaient des alaouites du village d’al Achrafiya du Nord de Homs. L’un est un médecin dénommé Moustafa Al Jani et l’autre est un enseignant dénommé Iyad Nofal. Cette information a été signalée par l’OSDH et provient d’activistes de Homs. Le 16 septembre 2013, deux hommes ont été exécuté sur la place al Na’im de Raqqa par les combattants de l’EIIL au motif qu’ils étaient alaouites. D’après l’OSDH, une femme aurait invectivé les bourreaux qui lui ont répondu : « Les apostats noussayri ont violé nos femmes ». Sur quoi elle aurait répondu : « Vous êtes les apostats et nous sommes tous Syriens. »
http://www.youtube.com/watch?v=Wz8mHDRDDSs&feature=youtu.be. Rapport relayé par silviacattori.net le 17 septembre 2013.

[v] Voir par exemple cette vidéo mise en ligne le 29 septembre 2013 par la chaîne de télévision al-Aan dans laquelle on voit des combattants de l’EIIL profaner l’église catholique melkite Notre Dame de l’Annonciation à Raqqa : http://www.christianophobie.fr/videos/video-de-la-profanation-dune-eglise-a-raqqa-en-syrie#.VP7Q3Cy1QSU

[vi] http://www.belfasttelegraph.co.uk/video-news/video-father-paolo-dalloglio-at-raqqa-rally-before-kidnap-29459940.html

[vii]  Syrie : Comment les médias français intoxiquent l’opinion publique [ I ]

[viii] http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-jesuite-italien-Paolo-Dall-Oglio-porte-disparu-en-Syrie-2013-07-30-992607

[ix] http://www.cath.ch/newsf/a-raqqa-la-population-manifeste-contre-les-jihadistes/

[x] http://www.voltairenet.org/article179833.html

[xi] http://www.lavie.fr/actualite/monde/espoirs-et-angoisse-pour-le-pere-paolo-dall-oglio-20-08-2013-43270_5.php

[xii] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/08/25/97001-20130825FILWWW00063-syrie-incertitude-sur-le-pere-dall-oglio.php

[xiii] http://www.lemonde.fr/international/article/2013/08/28/le-padre-de-la-revolution-syrienne-a-disparu_3467427_3210.html

[xiv] Syrie : Comment les médias français intoxiquent l’opinion publique [ I ]

[xv] http://souriahouria.com/2014/01/

[xvi] https://www.facebook.com/otagesdu.monde/media_set?set=a.10202973786296207.1073741843.1550471758&type=1

[xvii] http://www.ouest-france.fr/veillee-devant-la-cathedrale-en-soutien-au-pere-paolo-1900260

[xviii] http://www.lalibre.be/actu/international/le-pere-paolo-homme-du-dialogue-en-otage-52e7efe53570e5b8eee92cca

[xix] http://www.lavie.fr/hebdo/2014/3570/priere-et-appel-a-la-liberation-de-paolo-dall-oglio-detenu-en-syrie-29-01-2014-49254_578.php

[xx] http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/le-pere-paolo-dall-oglio-porte-disparu-en-syrie-31-07-2013-3299_118.php

[xxi] http://www.crif.org/fr/revuedepresse/journ%C3%A9e-de-soutien-au-p%C3%A8re-paolo-dalloglio-toujours-port%C3%A9-disparu-en-syrie/48937

[xxii] http://www.causeur.fr/au-nom-du-pere-paolo-otage-en-syrie-26088.html#

[xxiii] http://www.crif.org/fr/tribune/au-nom-du-p%C3%A8re-paolo-otage-en-syrie/49075

[xxiv] http://www.parismatch.com/Actu/International/Enleve-en-Syrie-il-y-a-9-mois-L-appel-de-la-famille-du-pere-Dall-Oglio-562401

[xxv] http://souriahouria.com/communique-de-presse-30-avril-2014-les-editions-de-latelier/

[xxvi] Quand on consulte l’impressionnant CV de M Pierret sur le site de l’université d’Edimbourg, http://www.ed.ac.uk/schools-departments/literatures-languages-cultures/islamic-middle-eastern/people/pierret, on est d’autant plus surpris par la médiocrité de l’ « analyse » de cet « islamologue ».

[xxvii] http://www.lavie.fr/actualite/monde/espoirs-et-angoisse-pour-le-pere-paolo-dall-oglio-20-08-2013-43270_5.php

[xxviii] Mezri Haddad, la face cachée de la révolution tunisienne, éditions apoxsix, janvier 2012

[xxix] Michel Collon, Libye, OTAN et médiamensonge, manuel de contrepropagande, éd Instig’action

[xxx] http://www.lorientlejour.com/article/869474/daech-a-execute-le-pere-paolo-dalloglio-selon-un-dissident-du-groupe.html

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Pour que la paix en Ukraine soit possible

mars 11th, 2015 by Oscar Fortin

« Lorsque le mensonge devient roi, la vérité s’éclipse, mais quand elle revient le mensonge s’évapore»
Depuis que les États-Unis ont décidé de prendre le contrôle de l’Ukraine, la paix recherchée par Washington ne peut être que celle fondée sur la soumission complète du peuple ukrainien à ses volontés. Il ne saurait être question qu’il fasse un pas en arrière pour assurer une paix qui respecte les droits fondamentaux d’indépendance du peuple ukrainien ainsi que sa diversité ethnique.
Toutes les tentatives pour arriver à une paix durable devront passer inévitablement par ce pas en arrière des Etats-Unis, consistant à abandonner leur prétention de dominer l’Ukraine et de s’en servir comme leur dépendance. En Syrie, toutes les négociations pour la paix ont échoué pour la simple raison que Washington n’a reculé en rien sur sa prétention de dominer la Syrie en exigeant le départ du président Al Assad et en prenant le contrôle d’un nouveau gouvernement répondant à ses attentes.
En Ukraine, il y a eu Minsk 1 et Minsk 2, où des accords de paix ont été conclus entre les principaux belligérants internes du pays. Toutefois, l’absence du principal belligérant externe que sont les États-Unis, rend ces accords caducs. Ce dernier alimente ses alliés dans le pays en armement et ne se fait aucun scrupule à envoyer ses marines pour renforcer leur force de combat. Rien dans tout cela pour favoriser la paix. Ce ne sont ni le Président actuel d’Ukraine, ni le Président de France, ni même la Chancelière d’Allemagne qui fera reculer Washington dans ses prétentions d’occuper en totalité l’Ukraine.
Une médiation du Vatican
Voilà que maintenant, on annonce une médiation du Vatican, en la personne de Pietro Parolin, secrétaire général de la Curie romaine. Ancien nonce apostolique au Venezuela, de 2008 à 2013, il aura été aguerri à jouer diplomatiquement la carte des ambitions des États-Unis sur le Venezuela. Il a été et est toujours l’homme de Washington au cœur même de l’administration du Vatican.
En 2014, en préparation de la seconde rencontre de négociations sur la Syrie à Genève, le Vatican avait convenu avec le secrétaire d’État, John Kerry, d’une stratégie commune. En mars 2014 aboutissait le projet d’un Pacte secret entre le Vatican et  Washington. Il fut signé par le président Obama et le pape François, un peu comme l’avaient fait, en juin 1982, le président Reagan et le pape Jean-Paul II. Si nous en savons plus sur le Pacte secret de 1982, nous n’en savons que très peu sur celui de mars 2014.
En 1982, il s’agissait, pour l’essentiel, d’être solidaires dans la lutte contre le communisme et tout ce qui pouvait s’en rapprocher. Une alliance fondamentale qui ne pouvait que servir les forces des pays de l’Est qui voulaient s’affranchir de l’URSS d’alors, comme c’était le cas en Pologne avec Lech Walesa et le syndicat Solidarnosc. Beaucoup de combines entre les principaux acteurs furent critiquées et condamnées par l’Histoire. Cette solidarité s’est élargie à l’Amérique latine où tous les mouvements sociaux aux allures anti-impérialistes et anticapitalistes furent poursuivis et anéantis. L’histoire du plan Condor et de la guerre au Nicaragua de las Contras,  cadrent avec cette grande alliance contre le communisme.
Qu’en est-il de ce second Pacte signé en mars 2014 ?  Il s’agit, à n’en pas douter, d’une approche différente de celui de 1982. On y rattache l’intervention du pape François pour la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et Washington. Cette intervention a également permis la libération de deux prisonniers à la solde des services secrets des Etats-Unis en échange des trois Cubains antiterroristes, détenus depuis 16 ans dans les prisons étasuniennes. Il faut évidemment se réjouir de ce premier pas, mais sans toutefois en espérer trop. Les objectifs d’Obama de changer le régime politique cubain est toujours là et ceux de l’Église d’éliminer le communisme l’est tout autant.
De fait, pendant que cette ouverture se fait à l’endroit de Cuba et qu’Obama reconnaît que le blocus n’a pas permis d’atteindre les objectifs recherchés, le même Obama établit des sanctions contre le Venezuela et continue d’y alimenter la préparation d’un coup d’État. Tout se passe, dans ce cas, sans que le Vatican et l’Épiscopat vénézuélien élèvent la voix pour condamner ces actions interventionnistes. Au contraire, les prises de position tout comme les silences vont plutôt dans le sens des politiques de Washington. L’Épiscopat vénézuélien ne manque pas une occasion pour affubler le gouvernement de tous les mots. Serait-ce un élément de solidarité prévu dans le pacte secret de mars 2014 ?
On se souviendra qu’en 2014, le Vatican avait été appelé par l’opposition vénézuélienne pour agir comme médiateur pour résoudre les conflits internes au Venezuela. Pour l’opposition, l’objectif était d’amener le gouvernement à partager avec elle une partie du pouvoir exécutif. Il y a eu des rencontres, mais le Gouvernement n’a pas cédé à ce partage du pouvoir que le peuple lui a consenti lors des élections présidentielles de 2013. Il a toutefois ouvert la porte à une coopération renforcée avec tous ceux et celles qui acceptent de respecter la Constitution et d’agir dans le cadre des lois. Cette prise de position fut reçue par les autorités religieuses comme un manque de collaboration. À ce moment, le secrétaire d’État du Vatican n’a pas jugé bon d’aller au Venezuela pour y poursuivre une médiation.
Tout ceci pour dire que la situation en Ukraine se saurait évoluer vers une paix durable que si le peuple ukrainien retrouve sa pleine indépendance et qu’il décide par lui-même de sa gouvernance. Pour cela, il faut que les États-Unis, l’OTAN, les pays de la Communauté européenne, la Russie, permettent au peuple ukrainien de résoudre ses propres problèmes sans interférences extérieures motivées par des prétentions de contrôle ou de domination.
Dans ce contexte, le Vatican aura-t-il la crédibilité et le courage d’exiger la non intervention des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie dans les affaires internes de l’Ukraine ? Pietro Parolin pourra-t-il imposer un agenda qui aille à l’encontre des intérêts des États-Unis?  Chacun peut avoir son idée à ce sujet. Personnellement, j’en doute. D’ailleurs, qui pourrait y parvenir ?
Nous nous dirigeons tout droit vers un conflit majeur entre la Russie et les forces de l’OTAN, sous commandement des États-Unis. Les sanctions et provocations contre la Russie se multiplient. Le mensonge est devenu roi. Pour le moment, la Russie patiente, mais pour encore combien de temps? Le déplacement des navires de guerre dans la Méditerranée et les exercices à répétitions des armées des deux camps sont-ils des signes avant-coureurs de cette guerre.
Il faut savoir que l’Empire, pour survivre, doit s’asservir toutes les forces de nature à lui faire ombrage. C’est évidemment le cas de la Russie et de tous les pays qui se font les promoteurs d’un monde multipolaire, respectueux de la souveraineté des peuples, et de leur indépendance. Dans ce monde, il n’y a plus de place pour un Empire, dominant tous les peuples de la terre.
Oscar Fortin
Québec, le 7 mars 2015
Sources
 
 
 
             
 
 
 
 
 
 
 
 
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Le monde anglo-saxon en guerre contre l’Europe?

mars 11th, 2015 by Alexandre Latsa

Les accords de Minsk ont fait resurgir une vérité oubliée un peu trop vite : les Etats européens ont un rôle fondamental et incontournable quand il faut gérer une crise sur ce continent.

Paris et Berlin se sont en effet bien gardés d’inviter Washington et Bruxelles, c’est-à-dire l’Otan et l’UE, à ces négociations de Minsk, destinées à avancer vers un accord de paix, dans cette guerre civile qui se déroule en Ukraine.

Ironie de l’histoire: la Biélorussie, régulièrement taxée de « dernière dictature d’Europe », a accueilli une rencontre ayant permis aux puissances continentales de bloquer les velléités guerrières anglo-saxonnes.

Prises entre l’enclume des faucons ukrainiens et le marteau de leurs sponsors américains, les élites ukrainiennes, qui auraient naïvement cru à la fable de leur intégration fraternelle au sein de la communauté euro-atlantique, doivent désormais déchanter.Les rêves d’adhésion immédiate à l’Union Européenne et à l’Otan sont partis en fumée, et le pays est maintenant très proche de la faillite. Le divorce avec la Russie sur le modèle géorgien se fait au prix d’une guerre contre le monde russe et donc quasi-directement contre la Russie. Dans le même temps, les oligarques qui ont pris le pouvoir en Ukraine après les événements de la place Maïdan ont mis les nations européennes face à une situation très complexe.

Du côté de l’Europe de l’ouest, on essaie de croire à la paix en Ukraine et de rester optimistes, mais une scission apparaît de plus en plus nettement. D’une part, se profile un axe qui recherche la paix et d’autre part un groupe qui souhaite un affrontement plus direct avec Moscou.

L’axe anglo-saxon, fauteur de guerre?

Dans ce groupe, quatre acteurs principaux.Il y a d’abord l’Angleterre, dont le ministre de la Défense Michael Fallon affirme que Moscou fait planer un « véritable danger » sur les pays baltes. Quant à l’ex-ministre britannique de la Défense Liam Fox, il martèle que les forces de l’Otan doivent « offrir aux Ukrainiens les capacités nécessaires pour se défendre » et notamment des « armes antichars sophistiquées » car la Russie menacerait de dominer l’Europe. Même son de cloche pour l’ancien responsable des services secrets anglais qui affirme que la Russie représente une «menace en tant qu’Etat » pour l’Angleterre.Il y a le Canada, l’un des acteurs étrangers les plus actifs durant le Maïdan, fait rarement mis en lumière par les médias français, qui vient d’être clairement appelé à l’aide par les autorités ukrainiennes qui affirment se préparer à une « guerre d’envergure » contre la Russie. Et au passage, sans aucun doute, à balayer d’un revers de main les accords de Minsk.Washington menace de son côté la Russie de sanctions d‘une extrême gravité en l’accusant de faire entrer des chars en Ukraine, ce que pourtant François Hollande lui même dément. Fort de ce mythe médiatique, Washington étudie même la possibilité de livrer des armes à l’Ukraine afin de torpiller la fragile tentative de « quintuple entente continentale » arrachée à Minsk pendant la nuit du 11 au 12 février.

Enfin il y a l’Otan, dont le commandant adjoint de l’Alliance atlantique en Europe, le général Adrian Bradshaw, vient d’affirmer, tout comme l’ex-secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen, que la Russie pourrait être tentée d’envahir des pays membres du bloc. Grace à la crise ukrainienne, l’Alliance se redonne une raison d’exister et peut utiliser ses satellites en Europe (Pologne, Etats baltes…) pour constituer un cordon « Otanien » entre Paris, Berlin et Moscou.La crise en Ukraine a donc permis en quelque sorte l’apparition d’un projet de mur américain, qui remplacerait le mur de Berlin.

L’Europe face à ses contradictions historiques et systémiques

Un commentateur objectif et raisonnable pourrait se demander ce qu’un axe non-européen et maritime « Otan-Washington-Londres-Ottawa » peut apporter à une crise ne concernant que des puissances continentales européennes ou péri-européennes. Il pourrait avec étonnement constater que cet « axe du bien » a été exclu des négociations vers la paix mises en place par l’axe « Paris-Berlin-Moscou ». Il y a pourtant des explications à cela.

A la fin du second conflit mondial, l’Europe a confié sa défense aux Etats-Unis pour se protéger du péril soviétique. Lors de la disparition de ce danger, les Européens n’ont pas fait l’effort de créer un système de défense indépendant. L’Otan a poursuivi son expansion vers l’est du continent, pays par pays. Dans cette organisation, la suprématie américaine coule de source.

La jurisprudence De Gaulle n’a pas fait tache d’huile, tandis que Berlin s’est montré incapable de s’affirmer en leader de la puissance militaire européenne. L’Allemagne se contentait de prendre le leadership économique d’une construction européenne ayant transformé les pays de l’union en sujets de ce nouveau Reich puissant économiquement, mais sans défense autonome.Une Allemagne désormais prise en tenaille entre sa tendance naturelle à l’expansion vers l’Est (militaire en 1940, économique en 2000) et le risque d’une guerre ouverte dans laquelle elle serait la grande perdante, à cause de sa position économique dominante. Enfin, et peut être surtout, l’UE n’a toujours pas clairement défini ses frontières, ses limites civilisationnelles et par conséquent la limite territoriale et géographique de son expansion.

La Russie et les frontières du monde russeL’Europe se retrouve face à une Russie en pleine mutation. Parallèlement au redressement économique spectaculaire qu’il a connu, le pays vit une mutation qui est de nature géopolitique. On l’imaginait devenir une puissance européenne ou quasi-européenne au début des années 2000; depuis quelques années, on constate au sein des élites russes une tendance géopolitique « eurasiatique » qui s’est beaucoup affirmée et qui tend à devenir dominante.

Ce changement de cap a logiquement entraîné une reconfiguration systémique et permanente tant de la politique étrangère russe, que de la gestion de ses marches (son étranger proche) et de la relation avec sa zone d’influence propre: le fameux « monde russe » que l’on peut qualifier « d’étranger intérieur », une notion difficile à comprendre pour les occidentaux.

Avec moins de 9 habitants au kilomètre carré, la Russie n’est pas un Etat nation européen comme les autres. Certaines frontières sont très éloignées du centre politique, et d’autres n’ont pas, en Russie, une signification identitaire aussi forte qu’en Europe occidentale. Cette réalité explique l’obsession russe d’avoir marches stables. L’existence de populations situées « hors » des frontières administratives de l’Etat russe actuel, mais se considérant comme appartenant au monde russe, complique encore les choses, que l’on pense par exemple aux Ossètes, aux populations russophones du Donbass ou à une partie de la population de la Moldavie.

Quel avenir pour l’Ukraine entre Washington, Moscou et l’Europe?

Le retour de la Russie en tant qu’acteur géopolitique indépendant et autonome, ayant ses propres intérêts et les moyens de les défendre, est un élément clairement déstabilisant pour l’agenda américain en Eurasie et en Europe. Mais cette nouvelle donne place également l’Europe face à des choix stratégiques. L’affaire ukrainienne le démontre, en contraignant l’Europe à naviguer entre l’unilatéralisme de Washington et ses intérêts propres. Ces derniers n’allant pas du tout dans le sens d’une guerre sur le continent et contre la Russie, avec laquelle l’interaction commerciale, politique et économique est croissante depuis une quinzaine d’années.

Les Américains et les Européens ont globalement deux visions et des intérêts diamétralement opposés quant à l’avenir de leur relation avec l’Ukraine.

Pour Washington, l’Ukraine est un pion stratégique fondamental du fait de sa position géographique. Une fois l’Ukraine affranchie de l’influence de Moscou, elle pourrait se transformer en satellite docile, à l’extrémité est du continent, pour introduire l’Otan en Eurasie, en commençant par la mer noire, et ainsi refouler la Russie vers l’Est. Le plus loin possible du « mur de Washington ».

L’Ukraine ne revêt en revanche aucun intérêt stratégique fondamental pour Paris ou Berlin, ni sur le plan militaire, ni sur le plan sécuritaire. Sur le plan économique, le pays peut représenter un marché potentiel pour certains produits européens, et pourrait devenir une source importante de main d’œuvre bon marché pour l’Allemagne. Sous cet angle, du reste, l’opération ukrainienne permet aux Etats-Unis de donner des gages économiques à leur allié allemand en Europe; du moins tant que Berlin ne se permet pas de s’octroyer une quelconque liberté sur le plan militaire ou sécuritaire. Ceci explique en partie l’effroi qui a saisi Washington, Berlin et la soi-disant « nouvelle Europe » sous tutelle militaire américaine et sous domination économique allemande lorsque les Français ont esquissé la vente de navires Mistral, alors que dans le même temps l’Allemagne procède elle à des entraînements militaires avec des reproductions des mitrailleuses en bois en raison de la faiblesse de son budget militaire.

Si la paix revient en Ukraine, ce qui semble improbable, il faudra rebâtir, avec tous ces intérêts divergents, un système viable de relations Europe-Ukraine-Russie.

On imagine mal comment il pourrait pacifiquement s’esquisser sans que l’Ukraine ne redevienne ce que sa géographie et son histoire lui imposent d’être: un pont naturel entre la Russie d’un côté, et l’Europe centrale et occidentale de l’autre et surtout un tampon suffisamment étendu pour éviter au monde euro-occidental et au monde eurasien bien des heurts, et bien des affrontements.

Je dis improbable que la paix ne revienne car une question bien plus inquiétante se profile à l’horizon, question que les dirigeants occidentaux semblent ne pas vouloir se poser: l’Ukraine en tant qu’Etat existe-t-elle encore?

Alexandre Latsa
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Les ministres des Finances de la zone euro se sont rencontrés lundi pour discuter d’une suite de propositions soumises par le gouvernement Syriza sur la base du plan d’austérité signé par les deux parties le 20 février. La Grèce était tenue de présenter, condition préalable à l’obtention d’une tranche de 7,2 milliards d’euros ainsi que de tout nouveau prêt, une liste de mesures d’austérité jugées acceptables par ses créanciers.

La réunion de l’Eurogroupe s’est terminée au bout d’une heure et demie. Signe évident qu’il n’y aurait pas de recul sur le bouclage d’un plan d’austérité, les ministres des Finances sont tombés d’accord pour que les « discussions techniques » entre la Grèce et ses principaux créanciers, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire International (FMI), reprennent ce mercredi.

Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, s’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion a dit, « L’heure tourne, il n’y a plus de temps à perdre, et c’est une perte de temps de discuter pendant deux semaines de qui doit parler avec qui… »

L’Eurogroupe avait « besoin de voir que les réformes sont appliquées, » a-t-il précisé en prévenant qu’il « ne pouvait être question d’un déboursement anticipé s’il n’y a[vait] pas d’accord et pas de mise en œuvre. » Le gouvernement grec, a-t-il ajouté, avait promis à l’Eurogroupe de ne pas prendre d’action unilatérale et de ne pas faire marche arrière sur des mesures déjà adoptées.

Sans les milliards d’euros consentis sous forme de prêts, la Grèce ferait en l’espace de quelques semaines défaut sur une dette souveraine de 320 milliards d’euros. La réunion de la zone euro avait lieu alors que s´élevaient des cris d’alarme que les banques grecques n’étaient plus en mesure de financer l’économie dû au manque de liquidités et à la fuite continue de l’argent déposé sur leurs comptes.

Près de 20 milliards d’euros furent retirés des banques en janvier et en février. L’écart entre les 135 milliards d’euros en dépôt dans les banques et leur solde de crédit, dépassant 210 milliards d’euros, est de presque 80 milliards d’euros. Les banques n’ont qu’un accès temporaire à l’Assistance de liquidité d’urgence (ELA), à taux d’intérêt élevés, de la BCE et celle-ci peut être stoppée à tout moment.

Le haut responsable d’une banque a dit au quotidien Kathimerini « en l’état actuel des choses, il nous est tout simplement impossible de financer l’économie, vu que nous ne pouvons couvrir que partiellement les besoins de trésorerie de nos clients. »

Vendredi dernier, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait présenté une lettre à l’Eurogroupe contenant une liste de six propositions de réforme. Celles-ci prévoyaient entre autre de recruter des étudiants et même des touristes comme inspecteurs « non professionnels » intérimaires du fisc; de vagues initiatives « antibureaucratiques » et des mesures pour percevoir des recettes sur les jeux en ligne. On s’est moqué de la lettre, considérée comme loin d’être adéquate.

Syriza avait dès son entrée en fonction commencé sa rapide capitulation devant les exigences du capital mondial et insisté pour dire qu’il avait déjà accepté 70 pour cent des mesures d’austérité en vigueur. Se référant dimanche aux dernières propositions de Syriza, Dijsselbloem a dit, « Celles-ci ne seront absolument pas acceptées comme les 30 pour cent de changements qu’ils voulaient remplacer. »

Dans une lettre adressée à Varoufakis, Dijsselbloem a souligné que les propositions devaient également être évaluées et approuvées par la BCE et le FMI.

Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis a rejeté d’emblée la lettre de la Grèce et a confié à un journal allemand qu’« une lettre par-ci et par-là ne changera pas grand-chose. »

Depuis la signature de l’accord en février, la BCE a resserré la vis et dit instamment qu’il n’y avait pas d’alternative à la poursuite de l’austérité de masse et du remboursement de la montagne de la dette grecque. Luc Coene, membre du directoire de la BCE, a dit samedi au quotidien belge De Tijd que la Grèce devait appliquer de nouvelles mesures d’austérité ou quitter la zone euro ce qui « sera dix fois pire pour eux. Dix fois. »

Coene a déclaré, « Je ne pense pas qu’il y ait une autre voie radicalement différente… Syriza a fait des promesses qu’il ne peut tenir, » et la population grecque « comprendra rapidement qu’elle a été trompée par de fausses promesses. »

Il a dit, menaçant, « réformer est le seul moyen… Dites-moi d’où l’argent doit venir si les Grecs ne veulent pas réformer et ne veulent pas rembourser les autres pays européens ? »

En approuvant le mois dernier un prolongement de l’accord d’austérité signé par le gouvernement précédent (Nouvelle Démocratie et PASOK), Varoufakis et le premier ministre Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, ont affirmé, de manière grotesque, ne plus vouloir rendre de comptes à la « troïka » haïe, formée par l’UE, la BCE et le FMI, et qui ne devait plus revenir à Athènes pour superviser l’austérité. Ils ont en fait accepté que se poursuive la subordination de la Grèce à la troïka, rebaptisant simplement cette dernière, avec un cynisme consommé, les « institutions ».

Ce tour de passe-passe terminologique fut l’unique « concession » obtenue par le gouvernement grec en près d’un mois de négociations.

En réalité tout se passe, comme c’est le cas depuis 2010, conformément aux termes de la troïka. Même la prétention de renommer la troïka a été abandonnée et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a utilisé délibérément de nombreuses fois le terme en se rendant lundi à la réunion; d’autres ministres de la zone euro, dont Dijsselbloem, ont fait de même. Dijsselbloem a dit lors de la conférence de presse que les discussions techniques débutant mercredi auraient lieu à la fois à Bruxelles et en Grèce, ce qui est bien loin d’une fin du contrôle de la troïka sur le gouvernement d’Athènes

La réaction des ministres de la zone euro à l’égard du gouvernement grec montre le caractère impitoyable de cet organe capitaliste. Les électeurs grecs qui ont voté pour Syriza sur la base des promesses électorales faites par ce parti de mettre un terme à l’austérité se sont vus dire que leur vote ne valait rien. L’aristocratie financière et ses institutions ne toléreront rien qui puisse nuire au transfert de la richesse des pauvres vers les riches.

La réaction de la classe dirigeante à la catastrophe grecque expose au grand jour la perspective frauduleuse (Voir : « La capitulation de Syriza et ses leçons pour la classe ouvrière ») grâce à laquelle Syriza a remporté sa victoire électorale. Syriza a affirmé que son programme de négocier un plan de restructuration de la dette tout en restant au sein de l’Union européenne convaincrait des secteurs de l’élite dirigeante comme étant la seule possibilité réaliste d’aller de l’avant. En l’espace de quelques jours Syriza a, au contraire, dû se prosterner et capituler.

Le gouvernement grec a rapidement étouffé dimanche des commentaires parus dans un journal italien, attribués à Varoufakis et disant que si les propositions d’Athènes n’étaient pas acceptées, on pourrait envisager de nouvelles élections ou un référendum sur l’adhésion à l’UE.

Varoufakis a cherché à propager des illusions sur l’UE pendant le week-end même après que sa liste de propositions a été ridiculisée par l’Eurogroupe. Obligé de reconnaître que sa proposition de remplacer l’actuelle dette de la Grèce par des obligations indexées sur la croissance nominale s’était heurtée au « silence », il a dit sur le ton du plaidoyer, « J’aimerais que l’Europe comprenne que ce serait une façon de rembourser davantage d’argent et non pas moins. »

Si une fraction de l’élite dirigeante est préoccupée par l’impact d’une sortie de la Grèce de l’euro sur la stabilité d’une économie européenne fragile, d’autres voix réclament que si la Grèce n’applique pas des coupes plus profondes, elle devrait être autorisée à quitter la zone euro. L’objectif est de montrer clairement qu’il n’y aura pas de relâchement de l’austérité ni en Grèce ni ailleurs en Europe.

Dans un récent forum du FT City Network du Financial Times, qui est constitué par 50 des financiers, gestionnaires d’actifs et assureurs les plus influents de Londres, Robert Swannell, le président de Marks and Spencer, et Stephen Hester, le directeur général de l’assureur RSA, ont décrit la position de la Grèce au sein de la zone euro comme ressemblant à celle de l’« empereur sans habits. »

Le Financial Times a noté que Hester « soutenait que la zone euro devait adopter une attitude plus agressive et déclencher une sortie de l’euro si le gouvernement rechignait à des réformes supplémentaires. » Hester a dit, « Si la Grèce n’est pas prête à introduire des réformes suffisantes pour y rester, je pense que l’UE ne devrait pas risquer le danger politique représenté par trop de compromis à l’égard de la Grèce qui bloqueraient les réformes dans d’autres Etats-membres. »

Robert Stevens

Article original, WSWS, paru le 10 mars 2015

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Communiqué par Eau Secours ! (Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau)

Montréal, le 10 mars 2015 – Partout sur la planète, l’eau sera à l’honneur le 22 mars prochain. Au Québec, le seul évènement d’ampleur nationale pour marquer la journée mondiale de l’eau aura lieu à Trois-Rivières sous l’initiative de la coalition Eau Secours! qui invite le public à un grand rassemblement citoyen. Le Conseil central du Cœur du Québec – CSN et la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie sont partenaires de l’évènement.

« Trois-Rivières est au centre du Québec, près du Saint-Laurent, de la Saint-Maurice et à côté du lac St-Pierre. Ici les industries, de la drave au nucléaire, des papetières aux alumineries, ont toujours eu besoin d’eau pour fonctionner ou pour transporter les produits. Cette région a souvent vu ses nombreux cours d’eau souffrir des impacts négatifs du développement industriel. Un enjeu majeur de fluoration de l’eau inquiète aussi les citoyens » explique Martine Chatelain, présidente d’Eau Secours!

LA JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU AU QUÉBEC

L’année 2015 constituera un tournant pour le Québec au niveau de choix énergétiques qui auront de grands impacts sur l’eau : fracturation pour l’extraction de pétrole ou de gaz de schiste, projets d’oléoducs qui visent le territoire québécois, menacent de passer sous, sur ou près de plusieurs cours d’eau, sources d’eau potable des citoyens. L’Institut Simon Fraser de Colombie-Britannique estime à 90% le risque de déversement des oléoducs et à 16 déversements par année la moyenne nationale. L’Agence nationale de l’énergie déclare que les oléoducs entrainent des déversements contenant trois fois plus de pétrole que le transport ferroviaire, que ce pétrole est plus lourd, plus visqueux et plus difficile à nettoyer, car il coule et se lie aux sédiments. La crise de Longueuil qui a privé d’eau près de 300 000 personnes nous a rappelé à quel point notre approvisionnement en eau est fragile si un déversement d’hydrocarbures, même de faible importance, a lieu. Les hydrocarbures ne font pas bon ménage avec l’eau. Les contaminations des lagunes de Mercier, du Lac Mégantic ou du Technoparc de Montréal ne sont toujours pas réglées après plusieurs années.

L’eau est notre plus grande richesse naturelle, plus précieuse que l’or ou tous les métaux et hydrocarbures. Une eau saine garantit la santé de la population québécoise, assure son alimentation, participe à la santé de la faune, de la flore et de l’environnement. Nous souhaitons profiter de la Journée mondiale de l’eau pour le crier haut et fort et le rappeler aux pouvoirs publics.

LE GRAND RASSEMBLEMENT CITOYEN : 22 MARS 2015

14 h – 15 h: Marche citoyenne du Parc Champlain à l’église Sainte-Cécile

15 h – 17 h: Spectacle gratuit à l’église Sainte-Cécile : Fabiola Toupin avec les porteurs d’eau de la coalition Eau Secours! Raôul Duguay et Jici Lauzon, accueilleront la population avec plusieurs autres artistes invités. Jean-François Bastien, auteur, compositeur, interprète, de la région de Trois-Rivières, sera notre hôte et le maître de cérémonie.

À PROPOS DE LA COALITION EAU SECOURS!

Eau Secours!, la coalition pour une gestion responsable de l’eau, est née en 1997 pour empêcher la ville de Montréal de privatiser le réseau d’eau potable. Depuis, elle revendique et promeut une gestion responsable de l’eau, qui tienne compte de l’équité, de l’accessibilité, de la santé publique, de l’avenir viable et de la souveraineté collective. Elle est composée de comités de citoyens, de groupes environnementaux, sociaux et communautaires, de syndicats, d’associations étudiantes, d’individus et de Porteuses et Porteurs d’eau. La Coalition regroupe 1700 membres individuels et 273 groupes et associations, dont 54 groupes nationaux.

La journée mondiale de l’eau 2015 sera l’occasion de lancer notre nouvelle identité; une signature plus moderne et plus significative pour transmettre le dynamisme et la vitalité de notre mouvement.

 

Pour plus d’informations, veuillez contacter
Martine Chatelain, Présidente de la Coalition Eau Secours! au (514) 771-5529

Page web de l’évènement : http://eausecours.org/2015/03/dimanche-22-mars-2015-ensemble-a-trois-rivieres- pour-celebrer-la-journee-mondiale-de-leau/

Page Facebook de l’évènement :

https://www.facebook.com/events/1547123538908634/?ref=3&ref_newsfeed_story_type=regular

Ces deux pages seront mises à jour régulièrement jusqu’au 22 mars 2015.

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Les dessous de la révolution des roses

mars 11th, 2015 by Robin Marty

Le 7 août 2008, la deuxième guerre d’Ossétie du Sud fut déclenchée. Les troupes russes entrèrent sur le territoire géorgien, ce que les médias occidentaux, fiers de leur inculture sur le plan international, qualifièrent de violation du droit international. Certaines administrations européennes et américaines se dirent surprises par le déclenchement de ce conflit, pourtant, celui-ci était largement prévisible. Depuis la révolution des roses de 2003, les tensions entre le gouvernement géorgien et les régions autonomes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie n’ont cessé de s’accentuer. Le changement de régime politique de 2003 y est pour beaucoup.

La Géorgie est au centre d’un véritable échiquier politique où s’affrontent les plus grandes nations mondiales. Il n’est pas surprenant de constater que le Caucase est une région très riche en matières premières et se démarque en étant le lien géographique entre l’Europe, la Caspienne et l’Asie centrale.

Nous connaissons tous l’issu de la chute de l’URSS. De nombreux États satellites font sécession pour retrouver leur indépendance nationale. La Géorgie n’échappe pas à la règle. Dés 1992, un certain Édouard Chevarnadze, ancien ministre des Affaires étrangères sous l’URSS, prend le pouvoir, et ce pour plus de dix ans. Il faut mentionner que contrairement aux États d’Asie centrale ou le Belarus, la Géorgie n’est pas un nouvel État. Son histoire est riche en péripéties. La Géorgie fut un des premiers pays à adopter la religion catholique comme religion officielle au IVe siècle. Annexée par la Russie impériale au XIXe siècle, elle retrouve un pan d’indépendance en 1918 avant d’être de nouveau incorporé à l’Union soviétique et ce jusqu’en 1991. Édouard Chevarnadze va donc diriger le pays pendant plus de onze années jusqu’à cette révolution des roses de 2003. Initialement, le mouvement contestataire prend racine après une nouvelle victoire électorale de président sortant en 2003. Ils estiment que des fraudes avérées furent constatées pendant l’élection, ce qui rend illégitime la réélection de Chevarnadze. Le 2 novembre 2003, l’opposant politique du président sortant, Mikheil Saakachvili, annonce sa victoire. Il est aussitôt soutenu par les autres partis d’opposition ainsi que par les médias et gouvernements occidentaux. Le mouvement des roses prend de plus en plus d’ampleur jusqu’au 22 novembre, ou les manifestants interrompent l’assemblée parlementaire tenue par le président Chevarnadze. Ce dernier tente de mettre le pays en état d’urgence, mais l’armée géorgienne refuse de le suivre. Le lendemain, ce dernier démissionne, et Saakachvili remporte les nouvelles élections organisées du 4 janvier 2004.(1)

La question légitime qu’on peut se poser est la suivante : est-ce que ce mouvement protestataire est un authentique soulèvement d’une population opprimée ? Par le passé, nous avons pu constater que des mouvements contestataires furent organisés dans un but précis, créer un climat d’insécurité et déstabiliser un pouvoir en place. Nous pouvons prendre de nombreux cas en exemple, la révolution orange en Ukraine et des tulipes au Kirghizistan en 2005, la guerre en Bosnie-Herzégovine ou encore plus récemment en Libye et en Syrie. Qu’en est-il pour la Géorgie ?

Les premières escarmouches commencent en 1999, lorsque les dirigeants décident de fermer quatre bases russes. Ce choix délibéré suit les faveurs de Washington. On peut dire que les États-Unis poursuivent leur politique de containment, également appelé politique d’endiguement qui avait pour objectif de réduire la zone d’influence de l’URSS. Cette politique étrangère est aujourd’hui appelée rollback et elle a un but identique, réduire ou plutôt empêcher la Russie d’étendre sa zone d’influence, notamment sur les anciens États satellites.(2) La Géorgie semble de plus en plus avoir choisi son camp. En 1999, Chevarnadze refuse à Boris Heltsine, encore président de la Russie, le droit d’attaquer la Tchétchénie depuis son sol; en 2001, après les attentats du 11 septembre, il proposait à l’administration Bush de se servir de la Géorgie comme base militaire. Quelles sont les raisons, par conséquent, de sa chute ? Et bien ce sont celles qui ont été évoquées. Corruption et mauvaise conjoncture économique. Sa position étant de plus en plus fragilisée, critiquée par sa population, il décide de changer son fusil d’épaule en tentant un rapprochement avec l’inteligencia russe. Son gouvernement décide de rompre ses liens avec certaines sociétés américaines, ce qui on s’en doute ne plaît pas du tout à Washington qui envoie une délégation pour s’entretenir avec le président géorgien.(3) D’après The Guardian, ces visites ont pour objectif d’intimider Chevarnadze. L’ambassadeur américain à Tbilissi déclarera au Washington Post que les États-Unis veulent voir un gouvernement plus fort.(4)

Mikhail Saakachvili est un très jeune politicien, il a 35 ans et sort diplômé de l’Université Colombia à New York. Il retourne en Géorgie au début des années 2000 dans le parti de Chevarnadze pour devenir ministre de la Justice. Cependant, en 2002, il est contraint de démissionner et crée son propre parti d’opposition, le mouvement national uni. Il est rapidement soutenu par l’administration américaine qui voit en lui le parfait remplaçant de Chevarnadze. Jusqu’alors rien d’anormal, les États-Unis ont pris pour habitude de soutenir dans plusieurs pays où ils ont des intérêts géostratégiques un opposant au pouvoir en place, car celui-ci serait plus accommodant. Chaque grande puissance agit ainsi en fonction de ses intérêts, la Russie avec les ex-États soviétiques, la France avec ses ex-colonies africaines, la Grande-Bretagne avec les membres du Commonwealth ou encore la Chine et l’Inde en Asie du sud est.

Le départ de la contestation en Géorgie, c’est évidemment novembre 2003 avec les élections législatives. La victoire de Chevarnadze est contestée, des irrégularités furent trouvées et les sondages ne correspondent pas aux résultats du vote. Pourtant, une seule question mériterait d’être posée, et elle ne l’a pas été au moment des faits. Qui est-ce qui a dévoilé ces irrégularités ? Quel organisme a fait ces sondages ? Et bien il s’agit du National Democratic Institute, organisme non gouvernemental américain, appartenant au National Endowment Democracy, organisme dirigé par l’ancienne secrétaire d’État américaine sous l’administration Clinton, Madeleine Albright. Ce qui pourrait remettre en doute ces possibles irrégularités. Mais l’élément perturbateur fut évidemment les mouvements contestataires. Édouard Chevarnadze déclarait à des médias russes de l’époque que des associations étrangères s’étaient introduites dans les groupes de manifestants.(5) Un homme est ciblé, le milliardaire Georges Soros, qui a déjà financé lors de la révolution orange en Ukraine de 2005 le parti de Youlia Tymochenko. Ainsi, une partie des manifestants aurait été formée pour créer un climat d’insécurité. Chevarnadze accusera Soros et le National Democratic Institute d’avoir formé une rébellion. On retrouve une certaine dichotomie dans la façon de faire avec la « révolution de velours » de Yougoslavie qui avait précédé la chute de Milosevic. La suite, nous la connaissons, Saakachvili remporte les élections de janvier 2004 et sera réélu en 2007.(6)

Dès son arrivée au pouvoir, le discours de Saakachvili crée des tensions vis-à-vis des États de facto que sont l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Le leader géorgien souhaite reprendre le contrôle notamment de l’Ossétie du Sud, dont la région est contrôlée à 85% par la capitale régionale, Tskhinvali. Cela déplaît fortement à la Russie qui veut protéger ses minorités russophones. Les tensions sont de plus en plus vives entre la république autonome d’Ossétie du Sud et la Géorgie. Saakachvili va accentuer le rapprochement avec les États-Unis en assurant au président américain Georges W. Bush de sa volonté de faire entrer la Géorgie dans l’OTAN, de mettre en place un partenariat privilégié avec les États-Unis et de se rapprocher de l’Europe.

Saakachvili est tout aussi virulent vis-à-vis de l’Abkhazie. En mai 2008, des journalistes s’inquiétaient des tensions acerbes entre les deux belligérants. L’Abkhazie, contrairement à l’Ossétie du Sud, ne souhaite pas être annexée par la Russie. Bien qu’elle entretienne d’excellentes relations avec elle, son objectif est de devenir indépendante. Cependant, elle dépend énormément de la Russie et du propre aveu de politiciens abkhazes, l’Abkhazie est actuellement un « protectorat russe ». Saakachvili, qui commence à être critiqué par la population géorgienne pour ses mesures d’austérité et liberticide (mais toujours présenté comme un démocrate par les médias occidentaux), envoie des militaires à la frontière abkhaze.(7) La Géorgie accuse la Russie de tenter une annexion rampante (ce qui est peut-être vrai) et tente de légitimer de ce fait une augmentation des contingents militaires en Abkhazie. La réaction de la Russie est immédiate et renforce sa puissance militaire le long de la frontière géorgienne. Depuis maintenant plusieurs années, le gouvernement de Saakachvili se croit peut-être intouchable. Soutenu par l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis, financé et armé par ce dernier, ce pays du Caucase veut devenir une nouvelle force dans la région. Depuis 2006, la Russie impose un embargo sur la Géorgie, notamment sur des produits alimentaires tels que le vin et l’eau et se refuse le droit de fournir des visas aux ressortissants géorgiens. De plus, le Kosovo a déclaré son indépendance et fut reconnu par l’OTAN, qui en plus de négociations avec la Géorgie a engagé des pourparlers avec l’Ukraine. La Russie semble de plus en plus dos au mur face à l’agressivité (rampante elle aussi) de l’OTAN. La Russie en retour, menace de reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud, de l’Abkhazie et du Haut-Karabagh (autre État de facto au sein de l’Azerbaïdjan dont la population est majoritairement arménienne). Un des journalistes russes proches du Kremlin déclara: « Je vois des menaces et des défis colossaux. J’ai le sentiment que la Russie doit se préparer à la guerre et ne pas rester là. Ils [les Américains] veulent nous détruire… Si nous nous préparons correctement pour la guerre, alors peut-être qu’elle n’aura pas lieu… Mais si nous nous préparons mal, il est certain qu’elle aura lieu. ».

Et pourtant, le conflit éclata en Ossétie du Sud et non en Abkhazie. Pourquoi ? Recentrons-nous et revenons en février 2008, lorsque les États-Unis veulent accélérer l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN. Le président russe Vladimir Poutine « a laissé entendre de façon très claire que si l’Ukraine était tout de même admise à l’OTAN, cet état cesserait tout simplement d’exister. Il a, de fait, menacé la Crimée et l’est de l’Ukraine d’adhésion par la Russie » au journal RIA Novosti. Certains experts pensent que cette guerre était un test de l’armée américaine pour estimer quelle pouvait être la réaction, militaire ou non, de la Russie.(8) Le journal français Le Canard Enchainé a déclaré avoir les preuves que des militaires américains étaient en Ossétie du Sud dés le départ du conflit. Nous y reviendrons. Si tel était le cas, le test fut réussi pour la Russie, qui bomba le torse face à l’hégémon américain.

La première guerre d’Ossétie en 1991 avait laissé des traces puisque la Russie avait installé suite au conflit quatre bases militaires sur le territoire géorgien afin de déployer des troupes de maintien de la paix. La réalité est, que la Russie est elle aussi, un des éléments perturbateurs de la région sur les deux dernières décennies, au même titre que l’OTAN et les États-Unis. En invoquant le désir de protéger sa diaspora russophone, elle arma les opposants de Tbilissi ce qui contribua à la dégradation des relations diplomatiques entre les différentes régions concernées.(9)

En février 2008, Saakachvili se rend à Moscou avec la ferme intention de renouer avec un dialogue constructif avec le président Poutine. Le président géorgien, réélu par une faible avance, sait que son avenir en tant que président est précaire s’il n’arrive pas à reconquérir l’électorat russophile. Cependant, la Russie estime qu’une réconciliation est impossible sans un retrait de la candidature de la Géorgie pour devenir membre permanent de l’OTAN. Proposition rejetée par Saakachvili qui de toute façon ne peut pas se dérober de l’influence de Washington.(10) Après le conflit de 1991, une « Joint Control Commission » avait été créée avec la Russie en tant qu’arbitre entre Géorgie et Ossétie. Le 5 mars 2008, la Géorgie se retire de cette commission de médiation, ce qui se répercute le lendemain par la levée de toutes les sanctions de la CÉI (Communauté des États indépendants) à l’encontre de l’Abkhazie. Des armes et des troupes, comme nous l’avons vu précédemment, seront acheminées vers l’Abkhazie.(11) Le 16 avril, Poutine durcissait encore plus le ton en annonçant implicitement reconnaître l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud comme des partenaires indépendants. Il accuse également la Géorgie d’abriter et de financer les combattants tchétchènes depuis plusieurs années. La Russie est en conflit armé avec la Tchétchénie depuis plus de vingt ans. Le 20, un drone géorgien est abattu au-dessus de l’Abkhazie.(12) L’Union européenne début juin condamne avec une certaine précaution la Russie de refuser des visas russes aux ressortissants géorgiens. Ce que l’Union Européenne ne savait pas, ou faisait mine de ne rien savoir, c’est que des manœuvres militaires étaient prévus début juillet impliquant l’armée géorgienne et américaine autour des villes de Poti et Vaziani. Les Russes, eux, se préparaient à une éventuelle intervention militaire en concentrant troupes et chars à l’embouchure du tunnel de Roki, à la frontière russo-ossète. Nous rappelons également que des troupes étaient stationnées à la frontière abkhaze. Saakachvili en visite à Washington quelques semaines plus tôt, plaisantaient sur le manque de réaction des Russes. Sans doute que fin août, il riait jaune.

à suivre

Robin Marty

 

Notes :

(1) Jean Radvanyi et Philippe Rekacewicz, « Conflits caucasiens et bras de fer américain », Monde diplomatique, octobre 2000

(2) Labarique, Paul. « Les dessous du coup d’État en Géorgie », Réseau Voltaire, 7 janvier 2004.

(3) « Crise géorgienne : l’ami américain n’est plus ce qu’il était », AFP, 22 novembre 2003.

(4) « It looks disturbingly like a coup », The Guardian, 25 novembre 2003.

(5) Traynor, Ian. « The people smoke out the grey fox », The Guardian, 24 novembre 2003.

(6) « L’ex-président Chevardnadzé dénonce le rôle des Américains dans sa chute », AFP, 1er décembre 2003.

(7) « Praise, Scorn For Accusations Against Georgia President », Radio Free Europe Liberty, 26 septembre 2007.

(8) Volkov, Vladimir. « La Russie et la Géorgie au bord du conflit armé au sujet de l’Abkhazie », Mondialisation.ca, 15 mai 2008.

(9) Adrie, Bruno. « Retour sur la Géorgie », Mondialisation.ca, 1er décembre 2008.

(10) Nilsonn, Niklas, « Tbilissi withdraws from the joint control commission ; proposes new format for south Ossetia », Central Asia-Caucasus Analyst, 19 March 2008

(11) Cornell, Svante E., Popkanevski, Johanna, Nilsonn, Niklas, « Russia’s War in Georgia : Causes and Implications for Georgia and the World », Policy Paper, August 2008, Central Asia-Caucasus Institute, Silk Road Studies Program, Washington.

(12) Nodé-Langlois, Fabrice, « Drone abattu, tensions entre Russie et Géorgie »,www.lefigaro.fr , 22 avril 2008.

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Las mujeres palestinas, famosas por su resistencia, su apego a su patria, su determinación, su paciencia y por la educación de una generación determinada, celebran este 8 de marzo en un contexto particular marcado sobre todo por la continuación de la ocupación y la ausencia de perspectivas en los territorios ocupados.

Estén donde estén, en Cisjordania, en Gaza, en los territorios ocupados en 1948 o en el exilio, la determinación de las mujeres palestinas es mayor que nunca y como toda la población esperan un mañana mejor, un mañana de libertad y paz.

Desde este año la Autoridad Nacional palestina ha decidido considerar festivo el 8 de marzo en los territorios palestinos, una iniciativa bien recibida por toda la población para rendir homenaje a las mujeres, aunque siga siendo largo el camino hasta que la obtención de todos sus derechos.

Los y las palestinas celebran este día mundial de la mujer pensando particularmente en las mujeres presas en las cárceles israelíes, en las cisjordanas que desafían la ocupación y la colonización, y en las gazatíes que sufren, como el resto de la población civil, este bloqueo inhumano impuesto desde hace más de ocho años por las fuerzas de ocupación.

Las mujeres palestinas celebran el 8 de marzo entre lágrimas y dolor. Piensan en las personas mártires, en las personas heridas, en las personas presas y en la población civil de Gaza que el verano pasado sufrió esta nueva agresión que causó más de 2.200 muertos, entre ellos 300 mujeres, sin olvidar a las 2.000 personas heridas.

En la primera línea del conflicto, las mujeres palestinas están muy comprometidas. Desempeñan un papel importante en nuestra sociedad, siguen sacrificándose para que sus hijos y las futuras generaciones tengan un futuro mejor. Ellas son quienes dan a Palestina sus héroes y heroínas. Ellas padecen todo el sufrimiento de su patria.

La mujer palestina que lucha sin descanso con dignidad tiene un valor excepcional, es a la vez madre del mártir, mujer del preso y abuela de los jóvenes desesperados. Siempre está presente para apoyar a su marido, para ayudar a sus hijos, para dar esperanza y para participar en el desarrollo de una sociedad en crisis.

Está fuertemente implicada en la vida social y económica, desempeña un papel fundamental en la vida de las familias, de los pueblos, ciudades y organizaciones. De hecho, es un elemento fundamental de cohesión en la sociedad palestina.

El 75% de las personas que frecuentan las universidades en Palestina son mujeres y la tasa de escolarización entre las mujeres palestinas es superior al 87%.

Cuando la mujer palestina pierde a su marido, mártir por Palestina, sacrifica su vida por sus hijos e hijas, no piensa en su vida privada, se ocupa de ellos y los educa en el respeto y apego a su tierra.

En la muy difícil situación económica que prevalece en Palestina muchas de estas mujeres trabajan para ayudar a su marido y a su familia, crean cooperativas, venden productos artesanales y llevan a cabo pequeños proyectos para poder vivir dignamente.

Están siempre presentes en todos los sectores: en el trabajo, en los partidos políticos, en las asociaciones, en las manifestaciones, en los mercados. Participan y defienden sus derechos y los derechos de sus hijos e hijas. Con su valor y determinación los animan a ir a la escuela a pesar de las barreras y de los checkpoints israelíes, suelen ir a recoger la aceituna con sus maridos a pesar de las amenazas de los colonos y de los soldados, llevan a cabo una resistencia ejemplar contra la ocupación y sus medidas, luchan por un lugar primordial en la sociedad.

En este 8 de marzo pensamos en las mujeres palestinas muertas por una Palestina libre, en las mujeres presas, en las mujeres que dieron a luz en un checkpoint israelí, en las mujeres que detrás del Muro del Apartheid se levantan a las 3 de la mañana para preparar la cartera de sus hijos e hijas y acompañarles al colegio, en las mujeres que desafían a los soldados y a los colonos en el campo y en las manifestaciones populares. Pensamos en las mujeres de Gaza que siguen soportando este inhumano bloque israelí y animando a una sociedad a esperar. ¡Qué valor! ¡Y qué determinación!

Este extraordinario valor de las mujeres palestinas que antes de pensar en sí mismas piensan en los demás, en sus hijos e hijas, en sus maridos, en su familia, este extraordinario valor es una inspiración y un ejemplo para nosotros, los hombres.

Rendimos también homenaje a todas las mujeres del mundo solidarias con nuestra justa causa, por su valor, por su movilización y por sus diferentes acciones de apoyo a los y las palestinas en su lucha por la libertad.

Las mujeres de Palestina merecen todo nuestro respeto, merecen leyes que mejoren su estatus en nuestro país y no solo esta fiesta de un día, merecen toda nuestra admiración.

Un gran homenaje a la mujer palestina: origen de nuestra sabiduría, canto de nuestra esperanza, remedio para nuestras heridas, riqueza de nuestra tierra, luz de nuestra memora, ángel de nuestra historia, símbolo de nuestra paz, sentido de nuestra identidad, tierra de nuestros antepasados. Ella es el futuro de nuestra gran Palestina de paz y de justicia.

Ziad Medoukh

 

Fuente: http://www.mondialisation.ca/les-femmes-palestiniennes-resistance-lutte-et-courage/5435410

Traducido del francés para Rebelión por Beatriz Morales Bastos.

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=196293

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Par l’exécution samedi dernier d’un accusé islamiste, le premier meurtre d’État parmi les centaines de condamnations à mort prononcées lors des procès de masse qui ont suivi le coup militaire de juillet 2013, la junte égyptienne proaméricaine intensifie sa campagne de terreur dictatoriale contre la population.

La junte a choisi de commencer les exécutions par l’accusé Mahmoud Ramadan, personnellement impliqué dans un crime horrible, le meurtre d’un jeune homme dans le quartier de Sidi Gaber à Alexandrie au cours des manifestations de masse contre le président égyptien islamiste Mohamed Mursi, dans la période précédant le coup d’Etat de 2013. Le régime a calculé sans doute que le choix d’une telle cible permettrait de donner un vernis de légitimité à ses simulacres de procès et aux peines de mort sommaires prononcées au cours de l’année passée.

Ramadan faisait partie d’un groupe de voyous islamistes qui a agressé l’adolescent, qui aurait lancé des pierres sur des manifestants pro-Mursi, et l’a jeté d’un toit – un crime capturé sur une vidéo mise en ligne et largement consultée. Dans cette vidéo, Ramadan a un drapeau noir où est inscrit le Shahada, la profession de foi islamique – un drapeau souvent associé à Al-Qaïda.

Quelque soit la nature odieuse de l’assassinat de Sidi Gaber, la junte du général égyptien Abdel Fattah al-Sisi n’a pas de légitimité politique pour exécuter Ramadan. Elle est coupable de crimes bien plus grands contre les masses égyptiennes, commis avec le soutien de Washington et des grandes puissances européennes. Après avoir supervisé d’innombrables actes de violence contre les manifestants sous Mursi avant le coup de juillet 2013, l’armée a tiré sur des milliers de manifestants pacifiques opposés au coup d’Etat dans les rues du Caire et d’autres villes.

En tuant Ramadan, le but de la junte est le même que lorsqu’elle assassinait en janvier dix-huit manifestants qui défilaient pour marquer le quatrième anniversaire de la chute du dictateur militaire Hosni Moubarak, soutenu par les Etats-Unis. Elle vise à prévenir par la pure terreur policière une nouvelle montée révolutionnaire de la classe ouvrière contre l’armée et dit clairement que ce qui attend tous les opposants politiques c’est une peine de mort potentielle.

Le procès de Ramadan était une parodie de justice. Selon des documents judiciaires, Ramadan a été reconnu coupable de « tuer un enfant en le poignardant et le jetant du toit. » Il a été condamné à mort en mai 2014, une peine confirmée ultérieurement par le Grand Mufti d’Egypte Shawqy Allam, comme le demande la loi égyptienne.

La décision se fondait apparemment sur la confession télévisée de Ramadan après son arrestation par l’armée, dans laquelle il reconnaissait son implication dans le crime. Toutefois, Ramadan a admis plus tard n’avoir fait que poignarder le jeune homme, niant qu’il l’avait jeté du toit de l’immeuble. La vidéo en ligne ne montre pas Ramadan jetant le jeune du toit.

Les avocats de Ramadan ont donc demandé que les procureurs fournissent des preuves pour prouver l’implication de leur client dans le meurtre. Les procureurs et le juge ont simplement ignoré leurs requêtes.

Des groupes des droits humains ont dénoncé le procès. « L’exécution s’est passée après un procès inéquitable où n’étaient pas inclus tous les [témoignages] et où la conviction fondée sur des preuves est très fragile, » a déclaré le chercheur Mohamed Elmessiry d’Amnesty International-Egypte. « L’exécution n’aurait pas dû se produire, et un nouveau procès aurait dû être ordonné. »

L’Organisation arabe des droits de l’homme (OADH) a également condamné la décision. « Le tribunal a considéré des preuves fabriquées et a refusé de se pencher sur les preuves qui démentaient les charges pesant sur les accusés, » a-t-elle déclaré.

Un porte-parole des Frères musulmans (FM) de Mursi a également condamné l’exécution. « Il n’y a pas de différence entre un meurtrier avec un fusil et un assassin sur un banc de tribunal, » a déclaré Mohamed Montaser, ajoutant : « Les peines de mort sont de nature politique. »

La terreur contre-révolutionnaire de la junte dirigée par Sisi s’appuie avant tout sur le soutien de Washington et de ses alliés impérialistes d’Europe, qui ont maintenu un silence assourdissant sur l’exécution de Ramadan. Ceux-ci ont donné l’an dernier le feu vert aux condamnations à mort de masse prononcées contre des membres ou sympathisants présumés des Frères musulmans (FM) dans des jugements sommaires à la fin de simulacres de procès. Il y eut 529 condamnations en mars, 683 en avril et 185 en Décembre 2014.

Bien que ces condamnations à mort de masse aient principalement touché un mouvement islamiste droitier, leur cible politique était l’opposition continue de la classe ouvrière, la principale force dans les luttes révolutionnaires qui ont éclaté il y a quatre ans en Tunisie et en Egypte.

Entre le coup d’Etat de juillet 2013 et la première condamnation à mort de masse, en mars 2014, la junte a attaqué des vagues de grèves et de manifestations qui ont culminé dans une grève des travailleurs des usines textiles de Mahalla. La junte craint une large opposition populaire à ses méthodes dictatoriales et à ses mesures néo-libérales, comme les coupes sombres dans les subventions alimentaires et de carburant pour la population laborieuse, telles qu’elles sont exigées par le FMI et les puissances impérialistes. Les réductions de subventions ont finalement été introduites par Sisi en juillet dernier.

Washington et ses alliés européens ont multiplié leur soutien à la junte de Sisi pendant qu’elle faisait pleuvoir les coupes sociales et les condamnations à mort, récompensant le Caire par des liens toujours plus étroits et des fournitures militaires toujours plus importantes. L’administration Obama a livré des hélicoptères d’attaque Apache juste après les condamnations à mort de mars 2014 et a accueilli le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmy à Washington, le jour après les condamnations à mort d’avril.

L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu haut conseiller de la junte Sisi en juillet, et le gouvernement du Parti socialiste en France a signé avec la junte à Paris des contrats d’armement représentant des milliards de dollars peu avant l’annonce des condamnations à mort de masse de décembre.

Le rôle d’agent contre-révolutionnaire de l’impérialisme pour l’ensemble du Moyen-Orient joué par la junte Sisi devient de plus en plus clair. Son ciblage des islamistes pour justifier la violence contre-révolutionnaire à l’intérieur l’a alignée avec l’intervention impérialiste de plus en plus développée au Moyen-Orient contre les milices de l’Etat islamique (EI) et ses mandataires régionaux, à la suite des victoires de l’EI au printemps dernier en Irak et en Syrie.

La junte Sisi a été de plus en plus intégrée dans les opérations militaires de l’impérialisme contre les milices islamistes à travers la région. Alors que les forces militaires occidentales ont commencé le déploiement de troupes en Irak et le bombardement du pays, l’Egypte elle, a bombardé les zones de la Libye contrôlées par la guérilla islamiste depuis la guerre de l’OTAN qui a renversé le régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011.

Le bain de sang dans la région entraîne l’Egypte elle-même de plus en plus profondément dans le conflit; la junte fait face à des menaces de représailles contre ses simulacres de procès, sous forme de lutte armée ou d’actions terroristes de la part de groupes islamistes ou de milices intérieures.

« La réponse à l’exécution de Ramadan est un soulèvement et la [déclaration] du djihad, » a déclaré Mohamed Galal, un chef de file du Front Salafi islamique.

Des organes de presse égyptiens ont cité des déclarations de mouvements politiques, tels que la Résistance populaire à Gizeh et Répression révolutionnaire, jurant de venger l’exécution de Ramadan.

Alex Lantier

Article original, WSWS, publié le 9 mars 2015

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Une délégation non officielle de quatre parlementaires français s’est rendue à Damas le mois dernier et a rencontré le président syrien Bachar Al-Assad le 25 février. Au même moment, des pourparlers conduits par les Etats-Unis à Genève s’acheminent vers une éventuelle normalisation des relations entre Washington et l’Iran, principal allié régional de la Syrie.

Les délégués étaient le socialiste Gérard Bapt et les conservateurs Pierre Vial, François Zocchetto et Jacques Myard, tous membres du groupe parlementaire Amitié France-Syrie que préside Bapt.

Cette visite a provoqué un certain embarras au sein de l’élite dirigeante française. Paris avait rompu ses relations diplomatiques avec le régime du président Bachar Al-Assad en 2012 et avait même reconnu comme gouvernement de la Syrie le groupe Coalition nationale syrienne (CNS), qui s’est depuis effondré. La France avait oeuvré énergiquement pour une guerre contre la Syrie en 2013, mais avait dû reculer quand le gouvernement Obama avait décidé de ne pas partir en guerre. Cependant, au moment où les relations américaines avec l’Iran sont en pleine évolution et où Washington cherche à rassembler une coalition de forces par procuration contre les milices du groupe Etat islamique (EI), Paris envisage la possibilité de sortir Assad de son isolement.

En conformité avec la propagande qui a prédominé jusqu’à présent, le président François Hollande et le premier ministre Manuel Valls ont cyniquement critiqué les quatre parlementaires pour avoir traité avec un «dictateur» et «boucher» de son propre peuple. Bien entendu, cette posture humanitaire hypocrite n’a pas empêché Paris de vendre des dizaines de chasseurs Rafale le mois dernier au président Abdel Fattah El-Sisi d’Egypte, dont le régime a perpétré des massacres de masse d’Egyptiens dans les rues.

Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé le 26 février que Bapt serait sanctionné pour son initiative diplomatique en Syrie.

Cependant Paul Quilès, ministre de la Défense sous le président PS François Mitterrand (1981-1995), a pris la défense de la délégation dans Le Figaro, qualifiant ces critiques d’«excessives» et «injustes». Des députés du parti droitier Union pour un mouvement populaire (UMP) ont également défendu son initiative.

Une fraction jusqu’ici inaudible qui prône la collaboration avec Assad est sortie de l’ombre. Le Monde du 27 février a qualifié les forces qui veulent un changement de politique de «coalition hétéroclite qui va de l’extrême droite (Front national) à la gauche radicale (Front de gauche), en passant par le lobby pro-russe, les pro-iraniens (dont des proches de Michel Rocard), les catholiques traditionalistes (…) et certains lobbyistes d’affaires, notamment dans le pétrole et l’armement.»

Le débat parmi les cercles impérialistes sur la façon de procéder témoigne de la catastrophe déclenchée au Moyen-Orient par les guerres par procuration de l’OTAN contre la Libye et la Syrie, menées par les insurgés islamistes et soutenues par des groupes de la pseudo-gauche tel le Nouveau Parti anticapitaliste français.

La société syrienne a été laminée par une brutale guerre impérialiste par procuration, en vue d’un changement de régime, justifiée par la diabolisation du régime Assad. Plus de 200.000 Syriens ont été tués; et plus de 10 millions de personnes déplacées, dont au moins 3,3 millions de réfugiés syriens sont passés à l’étranger et 7,2 millions ont été déplacés à l’intérieur de la Syrie elle-même, selon les chiffres des Nations unies.

Le rapprochement avec Assad des puissances impérialistes, confrontées à l’émergence du groupe EI suite au chaos provoqué dans la région par leur guerre, indique clairement que leurs guerres visant à dominer cette région riche en pétrole ont été vendues sur la base de mensonges et d’hypocrisie.

Laurent Fabius et Philip Hammond, respectivement ministres français et britannique des Affaires étrangères, ont essayé de maintenir l’ancienne ligne dans une déclaration commune publiée dans Le Monde le 27 février. Ils ont rejeté la «démarche d’auto-réhabilitation» d’Assad qui essaie «de profiter de l’effroi provoqué par les extrémistes».

Néanmoins, Fabius et Hammond ont suggéré que certains éléments du régime d’Assad continueraient à jouer un rôle en Syrie. Ils prévoient une alliance avec «les différentes parties syriennes conduisant à un gouvernement d’unité» qui «devraient réunir certaines des structures du régime existant, la Coalition nationale et d’autres composantes qui ont de la Syrie une vision modérée …»

Dans Le Figaro, Quilès a souligné la vigueur persistante du régime d’Assad, qui «dispose donc encore d’un soutien significatif, non seulement parmi les minorités, notamment alaouites, mais aussi parmi une fraction des sunnites, majoritaires».

Quilès a brossé un tableau dévastateur des conséquences de la guerre par procuration de l’OTAN en Syrie: «La Coalition nationale syrienne soutenue par l’Occident semble subir l’influence des Frères musulmans. L’Armée syrienne libre, à l’origine composante essentielle de l’insurrection, est divisée, en désaccord avec la Coalition nationale et militairement très affaiblie.»

Il a attaqué l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et la Turquie, supposés alliés, pour leur attitude «complaisante à l’égard du Front Al-Nosra et même de l’organisation de l’État islamique (…) Aujourd’hui, la chute d’Assad sans transition organisée conduirait à une situation de type libyen, à l’effondrement de l’État, au chaos, puis à la déstabilisation du Liban et sans doute aussi de la Jordanie.»

Réclamant de nouveaux pourparlers à Genève et de meilleures relations avec la Syrie et l’Iran, Quilès a vivement recommandé une initiative de la France afin de contribuer à changer la politique américaine: «N’attendons pas que, pour les besoins de leur politique iranienne, les États-Unis décident seuls de faire un pas vers le régime syrien.» Il a proposé à la place une offensive conjointe immédiate contre le groupe EI.

Il a également fait remarquer que Washington et Paris collaborent déjà avec Assad. Les services du renseignement français ont rencontré leurs homologues en Syrie en 2013 «pour obtenir des renseignements nécessaires à la lutte contre le terrorisme», et des avions américains frappant des positions du groupe EI «partagent le ciel avec les forces d’Assad».

Dans l’esprit de l’adage impérialiste «Nous n’avons pas d’alliés permanents, seulement des intérêts permanents», l’ancien ministre de la guerre de Mitterrand soutient que la France ne renonce pas, à plus long terme, à l’objectif d’un changement de régime contre Assad en Syrie et au-delà. «Il ne s’agit pas de s’accommoder du maintien au pouvoir d’Assad, et encore moins d’oublier ses crimes. Mais il faut mener une politique qui réponde à la réalité et à l’urgence de la situation, qui est alarmante.», a-t-il dit.

Antoine Lerougetel

Article original, WSWS, publié le 9 mars 2015

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Venezuela: Obama derrière son masque

mars 10th, 2015 by Oscar Fortin

Celui qui déclarait, en octobre dernier, avec le plus grand sérieux du monde, que la politique extérieure des États-Unis d’Amérique reposait sur un principe fondamental de non-intervention dans les Affaires internes des autres pays, se retrouve aujourd’hui, plus que jamais à visage découvert.

« Moi, Barack Obama (…) je considère que la situation au Venezuela (…) constitue une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ».

« C’est pourquoi je déclare l’urgence nationale pour faire face à cette menace ».

Comment, un pays de moins de 29 millions d’habitants, à des milliers de kilomètres des États-Unis, sans armes nucléaires, promoteur avant tout d’une Amérique latine territoire de paix, peut-il devenir tout d’un coup une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ?

Comment peut-il faire une telle déclaration au lendemain de la visite au Venezuela d’une délégation d’UNASUR, invitée spécialement par le président Nicolas Maduro, pour constater sur le terrain la nature et l’ampleur des problèmes que vit le pays et pour échanger à leur sujet avec les principaux représentants politiques, économiques et sociaux concernés?

Comment peut-il ignorer l’avis des principales instances régionales, telles UNASUR, ALBA, CELAC qui regroupent, dans leur ensemble, tous les pays de l’Amérique latine ? Ces dernières se déclarent contre tout interventionnisme dans les affaires internes des pays latino-américains et des Caraïbes et, dans le cas du Venezuela, la délégation d’UNASUR s’en remet au processus constitutionnel qui prévoit pour décembre prochain des élections pour le renouvellement des députés à l’Assemblée générale?

L’Amérique latine et les Caraïbes représentent 33 pays, comprenant plus de 500 millions d’habitants. Longtemps considérée comme la cour arrière des États-Unis, elle s’affirme, aujourd’hui, comme un territoire de paix, de souveraineté et d’indépendance.

Il y a quelques mois à peine, ce même Obama reconnaissait que la politique des États-Unis et le blocus criminel contre Cuba avaient été un grand échec. Un aveu inattendu qui laissa entrevoir un changement de direction des politiques extérieures des Etats-Unis dans ses relations avec l’Amérique latine, devenue souveraine et indépendante. C’est en ce sens que la reprise des pourparlers avec Cuba se présenta comme pleine de promesses.

Le rêve ne dura pas longtemps. Pendant que les réflecteurs étaient tournés vers ces négociations de réconciliation entre Cuba et les États-Unis, ce même Obama déclarait la guerre des sanctions contre le Venezuela, ignorant complètement sa déclaration concernant l’échec du blocus économique contre Cuba. Avec le décret d’hier, il va encore plus loin. Il déclare la guerre au Venezuela.

On attribue la reprise des échanges entre Cuba et les États-Unis à une intervention du pape François auprès d’Obama. Si tel fut le cas, il faudrait, et c’est urgent, qu’il en fasse tout autant auprès de ce dernier pour éviter une guerre sanglante qui risquerait d’enflammer toute l’Amérique latine. Il faut qu’il fasse comprendre à M. Obama qu’il appartient aux instances multilatérales d’arbitrer les conflits mettant en cause le respect du droit des personnes et des peuples.

Pour un récipiendaire du prix Nobel de la paix, les projets de guerre ne lui manquent pas : Syrie, Irak, Ukraine, Russie et maintenant le Venezuela. Il est temps qu’il prenne un temps d’arrêt. Le bon sens n’y est plus. Il met son pays sur un pied de guerre pour voler au secours de criminels assassins qu’il convertit arbitrairement en prisonniers politiques. C’est hors de toute proportion et c’est prendre le monde pour des cons.

Nous sommes bien loin de ce jeune Obama militant dans les quartiers pauvres de Chicago, assurant la défense des pauvres et laissés pour compte de la société. Nous sommes loin de ce Obama qui avait redonné espoir à l’Amérique qu’un autre monde était possible. Il disait à l’époque, avec la passion qui l’habitait,  « Yes, we can ». « Oui nous pouvons ».

Malheureusement, ce rêve d’Obama se révèle être aujourd’hui toute autre chose de ce qu’il était au temps de la conquête du pouvoir.

Si le pape François veut empêcher une guerre sanglante au Venezuela et éventuellement dans l’ensemble de l’Amérique latine, il est temps qu’il agisse et vite. Il se doit de dénoncer avec force et sans ambiguïté cette forme d’interventionnisme dans les affaires internes du Venezuela. Une occasion unique pour l’Église de se racheter de toutes les fois où elle a servi de caution à pareilles interventions.

Sans l’appui du Vatican, Obama ne saurait s’aventurer dans une guerre en Amérique latine. Il est important que le pape François lui fasse savoir que l’Église et le Vatican s’opposent fermement à ce décret et qu’ils ne le suivront pas sur cette voie de l’interventionnisme.

Oscar Fortin

Le 10 mars 2015-03-10

http://humanisme.blogspot.com

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Ukraine-Italie: Le « sage leadership » de Petro

mars 10th, 2015 by Manlio Dinucci

A Kiev le premier ministre Renzi a fait les louanges du « sage leadership » du président Poroshenko, qu’il appelle familièrement Petro. Et l’ami Petro l’a assuré que les entrepreneurs italiens pourront participer aux prochains processus de privatisation en Ukraine (en délocalisant ainsi d’autres activités productrices au détriment de l’emploi en Italie). En matière de privatisations, Poroshenko s’y connaît : dans les années 90, avec le démantèlement de l’économie socialiste, il obtient à prix cassés ou gratis la propriété de plusieurs industries pâtissières auparavant publiques, et devient le « roi du chocolat ». Il étend ensuite son empire à l’industrie automobile, à la construction navale et aux médias (il est le propriétaire de l’influent Canal 5). Après avoir été le principal soutien de la « révolution orange » de 2004, ministre des Affaires étrangères avec Timoshenko et du commerce avec Ianoukovytch, il soutient et finance le mouvement Euromaïdan, né en novembre 2013 comme contestation du refus du président Ianoukovytch de signer les accords d’association avec l’Union européenne, et transformé en véritable putsch qui renverse le président en février 2014. En utilisant comme force d’assaut, sous régie USA/Otan, des militants néo-nazis armés et entraînés à cet effet, comme le prouve notamment un document photographique sur des jeunes de Uno-Unso entraînés en 2006 en Estonie par des instructeurs Otan. Immédiatement après, en mars 2014, les formations néo-nazies sont incorporées à la Garde nationale. Dans ce sillage, en mai 2014, l’oligarque Poroshenko devient président de la République, appuyé par Washington et Bruxelles (« sage choix », commente Obama). Sous sa présidence, les bataillons néo-nazis -comme l’Azov, l’Aidar et le Dniepr- qui constituent la force de choc de la Garde nationale, commettent des atrocités, amplement documentées par des vidéos et des témoignages, contre les civils de nationalité russe en Ukraine orientale.

Ces mêmes bataillons sont aujourd’hui entraînés par des centaines d’instructeurs USA da la 173ème division aéroportée, transférés depuis Vicenza en Ukraine où ils resteront au moins six mois, avec des britanniques et autres instructeurs de l’Otan à leurs côtés. Washington et Bruxelles sachant bien que ces bataillons ont une véritable idéologie nazie. L’emblème du bataillon Azov, qui opère sous l’égide du ministère de l’intérieur ukrainien, est le même (représenté de façon spéculaire) que celui de la division SS Das Reich de l’Allemagne nazie. Pendant qu’il passe en revue, en treillis, les bataillons qui s’inspirent de l’idéologie nazie, le président Poroshenko travaille à mettre hors la loi l’idéologie communiste.

Sur Canal 5, appartenant à Poroshenko, le ministre de la justice Pavel Petrenko a annoncé le 3 mars la présentation d’un projet de loi qui prohibe l’idéologie communiste, dans la lignée de lois analogues en vigueur en Pologne et en République Tchèque. La loi, qui prévoit l’interdiction de tout symbole et propagande communiste, mettrait automatiquement hors la loi le Parti communiste d’Ukraine. Pour son bannissement une procédure judiciaire a déjà été lancée, interrompue quand en février dernier elle a été bloquée par les juges de la cour de Kiev.

Entre temps cependant, a été imposée la dissolution du groupe communiste au parlement et plus de 300 membres du parti ont été incriminés, tandis que de nombreux autres sont soumis à des violences et à des intimidations. Sous la présidence de Petro, que son ami Matteo a invité à Rome. Où se trouve un journal, il manifesto, qui s’il était à Kiev risquerait de disparaître non pas pour des raisons économiques, mais parce qu’il se définit comme « quotidien communiste ».

 Manlio Dinucci

Edition de mardi 10 mars 2015 de il manifesto,

http://ilmanifesto.info/la-saggia-leadership-di-petro/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi, 6 mars, une résolution qui condamne l’utilisation du gaz de chlore comme arme chimique dans le conflit syrien, sans désigner les coupables. Le texte a été adopté par 14 voix pour et une abstention de la part du Venezuela [1].

Pour mémoire, voici la Conférence de presse tenue au siège de l’ONU par le Dr Bachar al-Jaafari, délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies [NdT].

____________________________________________

COMMUNIQUÉ DU Dr BACHAR AL-JAAFARI

Le Conseil de sécurité vient d’adopter une nouvelle résolution en relation avec ce que l’on désigne par « Le dossier chimique syrien » : la résolution 2209 [2]. Je me concentrerai sur certains points précis en rapport avec les interventions des délégués des USA, de la Grande Bretagne et de la France.

Le scénario auquel nous avons assisté aujourd’hui reflète les mauvaises intentions de ceux qui ont présenté ce projet de résolution et nous rappelle le cadeau que deux d’entre eux ont déjà offert au peuple irakien, lequel cadeau a abouti à l’invasion et à la destruction de leur pays suite à des allégations comparables portant sur un soi-disant « Programme d’armes chimiques ». Nous nous souvenons tous comment ils ont envahi et détruit l’Irak, sur la base d’accusations qui se sont révélées fausses et mensongères.

Certains États membres de ce Conseil n’ont pas intérêt à travailler au maintien de la paix et de la sécurité du monde en fournissant les efforts nécessaires pour parvenir, avec les autorités syriennes, à une solution pacifique de la crise en Syrie. Ils ont recours à tous les mécanismes disponibles aux Nations Unies, et au Conseil de sécurité, pour créer les prétextes dont ils ont besoin afin de poursuivre l’agression incessante contre la souveraineté syrienne.

Ici, nous tenons à signaler certains faits survenus au cours de la seule semaine dernière :

  • Le tête à tête, d’hier, du Premier ministre turc Ahmed Davidoglou avec le Secrétaire général Ban Ki-moon reconnaissant la générosité du gouvernement turc… qui contribue au maintien de la paix et de la sécurité du monde, en laissant passer les flots de terroristes à travers la frontière turco-syrienne.
  • L’annonce selon laquelle l’entraînement de la soi-disant « opposition syrienne modérée » a bel et bien commencé [3], en sachant que les principaux présentateurs de ce dernier projet de résolution, et notamment la délégation étatsunienne [4], ont déjà publiquement reconnu avoir formé et équipé les terroristes qui s’attaquent à la souveraineté de la Syrie, tuent son peuple et détruisent ses infrastructures. Ils le font ouvertement ! De ce fait, ils sont les principaux soutiens du terrorisme, en violation des résolutions 2170, 2178, 2199, et même de la résolution d’aujourd’hui ; leurs actes contredisant leurs dires.
  • Les tentatives de sabordage de la mission de l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura ; alors que vous savez que les terroristes présentés comme des opposants syriens modérés, soutenus et armés par les principaux présentateurs de cette résolution, ont refusé son plan consistant à geler les combats à Alep… [5].
  • Les déclarations du secrétaire d’État américain John Kerry, hier à Riyad, indiquant que les Saoudiens ont convenu avec les États-Unis de continuer à soutenir les actions terroristes contre la souveraineté de la Syrie [6].

Ceci, sans oublier l’incursion militaire de la Turquie en territoire syrien sous prétexte d’évacuer la dépouille d’un lointain ancêtre… [7], sans consultation du gouvernement syrien et au mépris du droit international et des règles de bon voisinage entre les pays.

Sans oublier, non plus, toutes les manifestations parallèles soutenues par les délégations des USA et de la France, ici-même dans les bâtiments des Nations Unies ; la dernière en date baptisée « loin des yeux, loin du cœur » ayant été organisée par la délégation allemande et Amnesty international.

Les États occidentaux, et particulièrement les États-Unis, ont à l’évidence usé de toutes sortes de pressions sur le Conseil de sécurité pour qu’il adopte cette dernière résolution ; alors que la politisation de ces questions techniques ne sont d’aucun secours pour aider la Communauté internationale à éliminer les Armes de destruction massive, notamment lorsque certains États membres usent de doubles standards vis-à-vis du Moyen-Orient et d’autres régions du monde.

Nous, nous affirmons que le gaz de chlore a été utilisé comme arme chimique, en Syrie, par les groupes terroristes armés. La Syrie a fourni tous les éléments de preuve à ce sujet. Et c’est le gouvernement syrien qui a demandé au Secrétaire général d’envoyer une mission d’enquête pour démasquer les auteurs de l’attaque chimique à Alep, en mars 2013. Il s’était alors excusé de ne pouvoir répondre à cette demande. Mais après consultation des délégations étatsunienne, britannique et française, il s’était décidé à le faire sans cependant révéler l’identité des auteurs de cette attaque.

En d’autres termes, le Secrétaire général a déjà refusé de coopérer avec le gouvernement syrien à l’identification des utilisateurs d’armes chimiques à Alep et voilà qu’aujourd’hui, les présentateurs de ce projet de résolution répètent la même erreur avec le gaz de chlore.

Nous renouvelons donc notre invitation au Secrétaire général pour qu’il aide à l’identification des coupables et, juste pour rappel, nous disons que ce sont les Européens qui ont eu recours aux gaz toxiques en Europe et que ce sont les Américains qui en ont usé au Vietnam, bien avant d’envahir l’Irak sous le faux prétexte d’un programme secret inexistant…

Et, tout en rappelant que c’est le gouvernement syrien qui a appelé à une mission d’enquête en Syrie, nous disons que cette enquête a été détournée de son véritable objectif et s’est soldée par un rapport imprécis et non professionnel. Ce qui nous ramène à une autre erreur du Secrétaire général concernant la publication d’un rapport analogue et tout aussi incomplet sur les utilisateurs d’armes chimiques en Syrie ; rapport qui a failli provoquer, l’année dernière, une agression militaire US contre la Syrie.

Nous regrettons que cette Commission d’enquête ait été utilisée par certains membres de ce Conseil pour n’aboutir qu’à ce type de résolution. Une Commission qui n’a pas coopéré avec le gouvernement syrien, a mené son enquête en dehors du territoire syrien et n’a rencontré que de prétendus témoins à la solde de pays ennemis de la Syrie. Ici, je tiens à remercier le délégué russe qui est intervenu, une deuxième fois, pour signaler que les témoignages pouvaient être fabriqués.

Nous ne connaissons ni l’identité de ces témoins, ni leur lieu de résidence, ni la date de leur témoignage. Tout ce que nous savons est qu’ils font partie de la soi-disant opposition et qu’ils ne vont évidemment pas témoigner en faveur du gouvernement syrien, mais au bénéfice de leurs employeurs.

Nous tenons donc à souligner que cette commission n’a été ni juste, ni professionnelle et a manifestement abusé de son mandat, notamment lorsqu’elle a traité avec des témoins préalablement sélectionnés par les groupes terroristes armés, pour falsifier la réalité de ce qui s’était passé à Kafr Zita, à Altmanah et à Talmnas. Ainsi, à Kafr Zita, l’une des voitures transportant les enquêteurs a été attaquée par les groupes armés à l’entrée de la ville. Elle n’a été protégée que par la vigilance des forces régulières. Mais à l’ONU personne n’en a parlé, bien que l’incident ait été largement documenté.

Quant aux trois rapports émanant de cette commission, ils n’ont amené aucune réponse aux questions et explications attendues, par les membres du Conseil exécutif de l’OIAC [l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques] et par la délégation syrienne, quant à leurs méthodes d’investigation, à leurs techniques d’analyse des échantillons, à leurs critères de sélection des témoins et aux organisations internationales avec les quelles elles auraient collaboré…

Pour finir, cette Commission a échoué à démontrer qui a utilisé le gaz de chlore comme arme, et les présentateurs du projet n’ont fait que porter des accusations sans fondement contre le gouvernement syrien.

C’est pourquoi, à mon humble avis, certains membres permanents du Conseil de sécurité ne méritent pas leur statut. Ils menacent la paix et la sécurité du monde ; utilisent ce Conseil pour envahir d’autres États ; soutiennent Daech, Jabhat al-Nosra et d’autres organisations terroristes en Syrie, en Irak et ailleurs, tout en prétendant faire la guerre au terrorisme devant ce même Conseil.

Il est, par conséquent, fort regrettable que de tels États puissent occuper un siège permanent au Conseil de sécurité et continuer à nous parler de la Charte des Nations Unies et du droit international.

RÉPONSES AUX QUESTIONS DES JOURNALISTES

1. Pourquoi pensez-vous que cette résolution 2209 représente une menace contre la Syrie, alors qu’elle n’a pas été adoptée en vertu du Chapitre VII et ne parle pas d’intervention militaire ?

Cette résolution ne comporte, en effet, aucune indication ou accusation contre le gouvernement syrien. Mais la manière dont elle a été présentée par les États occidentaux, devant le Conseil de sécurité, ne laisse aucun doute sur leur intention d’accumuler tout un arsenal de résolutions justifiant leurs mauvaises politiques envers la Syrie. Ils le construisent brique par brique et l’exploitent, notamment dans le domaine humanitaire, pour arriver à légitimer une agression contre la Syrie.

À ce propos, notre lecture s’accorde parfaitement avec celle des représentants de nombre d’autres pays. Vous avez entendu les interventions des délégués russe et vénézuélien qui ont clairement exprimé leur crainte d’une interprétation erronée de cette résolution par certains gouvernements occidentaux.

Nous voulons vraiment savoir qui a utilisé des produits chimiques à Khan al-Assal, comme nous voulons savoir qui a utilisé le gaz de chlore à Kafar Zita et dans cinq autres villages syriens. Mais jusqu’ici, la mission d’enquête ne s’est toujours pas rendue à Khan al-Assal ; ce qui, comme je l’ai dit, n’a pas empêché le Secrétaire général de publier le fameux rapport « incomplet » qui a failli mener à une intervention militaire US. Et bien que le rapport « complet », finalement publié, ne comportait aucune indication accusant le gouvernement syrien d’avoir commis ce crime, les voilà qui recommencent.

Le rapport indique que des témoins, faisant partie des groupes armés, ont affirmé avoir vu des hélicoptères sur les lieux, au moment de l’incident. Des témoins qui sont des opposants armés et qui nous ont habitués aux mensonges et aux faux témoignages. Par conséquent, la question qui se pose est de savoir si ce sont là les seules preuves retenues par les enquêteurs, alors que nous avons avancé des preuves et des documents même pas mentionnés dans ce rapport ?

Pourquoi un tel comportement négatif à l’égard du gouvernement syrien par l’équipe de la Commission d’enquête ? Un comportement qui nous paraît indiquer qu’elle a subi de fortes pressions.

La même chose s’étant produite lors de la mission d’enquête concernant aussi des allégations d’emploi d’armes chimiques en Syrie, menée par M. Åke Sellström [8] ; il devient clair que quelqu’un a la volonté d’exploiter le travail de la Commission d’enquête pour en arriver à accuser le gouvernement syrien d’avoir utilisé le gaz de chlore contre sa population, sans même se rendre dans les cinq villages concernés et alors que c’est le gouvernement syrien qui a demandé la mise en place de ces missions d’enquête.

À ce sujet, nous vous conseillons de lire l’ouvrage important intitulé « Les chemins de Damas » des deux grands reporters français, Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Ils parlent de l’implication du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans la fabrication de faux indices avec la collaboration de l’ambassade française à Beyrouth puis de l’ambassade française en Jordanie. Ce qui signifie que les services de renseignement sont impliqués au plus haut niveau. Le livre est disponible partout et décrit l’hypocrisie de la politique française actuelle à l’égard de la Syrie et l’implication de la France dans « le dossier chimique syrien ».

Vous les avez tous déjà entendus avancer de fausses informations devant le Conseil de sécurité. Vous les avez vus s’appuyer sur de fausses preuves pour détruire la Yougoslavie, l’Irak et le Soudan. Vous les avez vus user d’une résolution onusienne, censée protéger les civils, pour détruire la Libye avec plus de 150 000 civils libyens assassinés. NON, ces États ne méritent pas leur statut de membres permanents au Conseil de sécurité !

2. Avez-vous été surpris par le vote de certains états membres du Conseil de sécurité ?

En réalité, nous étions conscients des positions que devaient prendre les États membres, quoiqu’il nous semble que le Venezuela ait pris la meilleure décision en s’abstenant.

Ceci dit, la position de La Russie est devenue plus claire lors de la deuxième intervention de son représentant, puisqu’il a fait remarquer qu’il y avait des lacunes critiquables dans le rapport et une mésinterprétation de la part de certains délégués occidentaux présentateurs du projet. Les délégations russe et chinoise ont voté cette résolution parce qu’elle n’accuse d’aucune façon le gouvernement syrien. Et c’est cette « mésinterprétation » qui a poussé M. Vitaly Churkin à clarifier et à corriger son contenu, et notamment à dire qu’il était surprenant que certaines délégations fassent peser tout le poids de la résolution 2118 (2013) [10] sur le gouvernement syrien.

Une résolution que j’avais moi-même favorablement accueillie, parce que c’est le peuple syrien d’Alep qu’on asphyxiait et que nous avions demandé au Conseil de sécurité de nous aider. Mais ils ne veulent pas coopérer avec nous. Ils réservent leur coopération aux groupes terroristes armés uniquement, recueillent et cumulent leurs témoignages en Turquie et ailleurs, dans le but d’obtenir du Conseil de sécurité la justification d’une agression future de la Syrie.

Finalement, ces gens là sont comme certains monstres, plus ils tuent, plus ils sont affamés.

Dr Bachar al-Jaafari

Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies

06/03/2015

 

Sources: Facebook

https://www.facebook.com/seyasi?fref=nf

https://www.facebook.com/naram.sargon?fref=nf

Texte traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

Notes :

[1] Syrie: le Conseil de sécurité condamne l’utilisation du chlore comme arme (résolution)

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150307.AFP0943/syrie-le-conseil-de-securite-condamne-l-utilisation-du-chlore-comme-arme-resolution.html

[2] Adopting Resolution 2209 (2015), Security Council Condemns Use of Chlorine Gas as Weapon in Syria

http://www.un.org/press/en/2015/sc11810.doc.htm

[3] Defence Secretary pledges to train Syrian Moderate Opposition

http://rpdefense.over-blog.com/2015/03/defence-secretary-pledges-to-train-syrian-moderate-opposition.html

[4] Explanation of Vote at the Adoption of Resolution 2209 on Syria

Samantha Power U.S. Permanent Representative to the United Nations

http://usun.state.gov/briefing/statements/238618.htm

[5] Kerry tente de rassurer les monarchies du Golfe sur le nucléaire iranien

http://www.bloob.fr/kerry-tente-de-rassurer-les-monarchies-du-golfe-sur-le-nucleaire-iranien-48042.html

[6] L’opposition syrienne refuse le plan de paix de l’ONU

http://www.itele.fr/monde/video/lopposition-syrienne-refuse-le-plan-de-paix-de-lonu-113869

[7] Incursion militaire turque en Syrie, Damas avertit des répercussions

http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=221308&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1

[8] Conférence de presse sur le rapport final de la Mission d’enquête de l’ONU concernant les allégations d’emploi d’armes chimiques en Syrie

http://www.un.org/press/fr/2013/Conf131213-ARMES_CHIMIQUES.doc.htm

[9] LES CHEMINS DE DAMAS. Le dossier noir de la relation franco-syrienne

http://www.laffont.fr/site/les_chemins_de_damas_&100&9782221140468.html

[10] Résolution 2118 (2013)

http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/2118%282013%29

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Syriza inspira la lucha antiausteridad en Quebec

mars 9th, 2015 by Jorge Zegarra

En Canadá, los quebequeses y representantes de partidos políticos europeos reflexionaron sobre las perspectivas para la “izquierda radical” después de la victoria de la Coalición de la Izquierda Radical de Grecia (Syriza, en su acrónimo griego).

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Dans cette troisième chronique, de la série « Syrie : Comment les médias français intoxiquent l’opinion publique », l’écrivain François Belliot * dénonce la partialité avec laquelle les médias traditionnels ont rendu compte de la position des chrétiens de Syrie. Donnant un écho disproportionné aux propos antigouvernementaux du père Paolo dall’Oglio, ils ont systématiquement ignoré la voix de très nombreuses personnalités religieuses de premier plan qui exprimaient les sentiments majoritaires des communautés chrétiennes de Syrie. Ces voix s’alarmaient des massacres perpétrés par des mercenaires venus de l’étranger, et soulignaient que l’armée gouvernementale constituait leur dernier rempart contre ces bandes armées fanatisées, honteusement qualifiées d’ « opposition modérée » par les « grands médias ». [Arrêt sur Info ]

Première partie :

Syrie : Comment les médias français intoxiquent l’opinion publique

Deuxième partie :

assad_soldats

Chrétiens de Syrie : le mensonge organisé des médias français


Il est remarquable que les journalistes qui réalisaient ces interviews de complaisance, ou rédigeaient des articles à sa gloire, prenaient souvent soin de souligner que le point de vue du père Paolo dall’Oglio était très minoritaire, que les chrétiens de Syrie, majoritairement, ne souhaitaient pas le renversement du régime qu’ils considéraient comme un rempart contre les mercenaires extrémistes venus de l’étranger.

On pouvait se demander alors : si l’opinion du père Paolo était à ce point minoritaire, pourquoi bénéficiait-elle d’une couverture médiatique aussi massive et diversifiée, alors qu’aucun autre témoignage de religieux connaissant bien la Syrie, y vivant, ou y ayant vécu, n’était jamais rapporté.

Trois explications possibles à ce focus extraordinaire des médias sur ce personnage.

1. Le père Paolo est l’un des seuls chrétiens lucides de Syrie. Tous les autres, comme il le soutient, sont intoxiqués par la propagande du « régime ». Les médias ont raison de relayer massivement et exclusivement ce témoignage
2. Le père Paolo est l’un des chrétiens les moins lucides de Syrie. Il ne comprend rien à ce qui se passe sur place, mais a choisi cette position tranchée en raison de l’immense amertume qu’il ressent d’avoir dû quitter un lieu sacré qu’il a contribué à redresser, et dans lequel il a vécu pendant 30 ans.
3 ; Le père Paolo dall’Oglio est tout à fait lucide ; quand il lance ses déclarations fracassantes et diffamatoires, il sait qu’il ment, il sait que ses incitations à la haine sont infondées et qu’en les proférant il trahit le Christ, il sait que son analyse de la situation est fausse et orientée, mais pour des raisons qui restent à éclaircir (et sans doute pas très catholiques), c’est la voie du mensonge et de la haine pour laquelle il a opté.

J’ai déjà donné beaucoup d’éléments d’information en faveur de la 3ème explication, mais avant de trancher pour de bon, passons en revue quelques témoignages d’autorités chrétiennes qui, elles, n’ont bénéficié d’aucune couverture médiatique, ou ont été systématiquement caricaturées et diffamées dans les mêmes médias qui servaient la soupe au père Paolo dall’Oglio. En prenant connaissance de ce qu’ils disent, peut-être comprendrons nous mieux ce silence qui les environne, et le degré de supercherie qu’implique cette focalisation unique et martelée sur le père Paolo dall’Oglio.
Donnons la parole à cinq personnalités religieuses syriennes ou très proches de la Syrie.

Père Elias Zahlaoui

 

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Le père est un prêtre arabe catholique syrien qui officie depuis 1977 à Notre-Dame de Damas. Horrifié par ce qu’il a constaté sur place, et en particulier les massacres de chrétiens perpétrés par les mercenaires fanatisés, l’homme a publié une série de lettres ouvertes à diverses autorités. Le 23 juin[i] et le 15 septembre 2011[ii] à Alain Juppé quand ce dernier était ministre des affaires étrangères, le 17 juillet dernier à François Hollande[iii], enfin le 30 juillet 2012 à Benoît XVI. Dans ces lettres, le père Zahlaoui dénonçait la désinformation des médias occidentaux sur la situation en Syrie, et les persécutions des chrétiens. Certaines phrases étaient très audacieuses. L’homme faisait le parallèle entre le cas syrien et le cas libyen :

« N’est-il pas vrai que vous êtes intervenus en Lybie, pour soi-disant protéger les droits humains des civils, contre un dictateur, que, pourtant, la France et l’Italie n’ont cessé de flatter, et que l’Angleterre et les États-Unis ont fini par chérir ! Et vous vous en êtes acquittés en laissant sur le sol de la Lybie, un charnier de 50000 morts, pour la plupart des civils. »

Il comparait l’obsession des médias sur la Syrie à leur silence sur les graves et répétées violations des droits de l’homme à l’encontre des Palestiniens par l’état d’Israël :

« Si, en Occident, vous êtes si sensibles au problème des Droits de l’homme, pouvez-vous me dire ce qui vous rend totalement aveugles à ce que fait Israël en Palestine, depuis plus de 60 ans, en décimant systématiquement le peuple palestinien, et en dévorant même la portion de terre, qui lui a été dévolue par les fameuses Nations Unies en 1947 ? ».

Enfin, M. Zahlaoui poussait la témérité jusqu’à comparer le traitement médiatique unilatéral de l’affaire syrienne à celui de ces «  mystérieux événements du 11 septembre 2001 ». Les lecteurs au courant de la censure draconienne sur ces trois sujets ne seront pas étonnés que ces lettres ouvertes soient restées sans réponse, qu’aucun média traditionnel ne les ait relayées, et que seuls des sites comme silviacattori.net, legrandsoir.info, michelcollon.info, Infosyrie, ou mondialisation.ca en aient compris le risque et reçu l’honneur.

Philippe Tournyol du Clos

 

Tournyol du Clos

Qualifié de « faux prélat » par L’Oeuvre d’Orient, Mgr Philippe Tournyol du Clos, ici en audience avec Jean-Paul II.

Nous n’avons pas là affaire à un Syrien, mais après tout puisque les médias commerciaux ne voient pas d’inconvénient à relayer exclusivement le point de vue d’un Italien, tout témoignage de chrétien connaissant bien la Syrie peut être considéré comme pertinent. Le site www.silviacattori avait relayé, le 26 MAI 2012[iv], le témoignage de Mgr Philippe Tournyol Du Clos, archimandrite, grec catholique melkite, qui se rend fréquemment au Proche-Orient. Il commençait par déplorer que « la paix en Syrie pourrait être sauvée si chacun disait la vérité. De retour à Damas en ce mois de mai 2012, il me faut bien constater qu’après une année de conflit, la réalité du terrain ne cesse de s’éloigner du tableau catastrophiste qu’en imposent les mensonges et la désinformation occidentale. » Plus loin il révélait qu’Alain Juppé, quand il était ministre des Affaires étrangères en exercice, avait sciemment ignoré les multiples communications de l’ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier, démentant absolument la version officielle :

« Il faut dire et redire que l’idéologie fanatique est d’importation étrangère et que la Syrie n’a jamais été confrontée à un cycle de manifestations/répression, mais à une déstabilisation sanguinaire et systématique par des aventuriers qui ne sont pas syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Éric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre à Monsieur Juppé ; mais le ministre français refusa toujours de tenir compte de ses rapports et falsifiait sans vergogne ses analyses pour alimenter la guerre contre la Syrie. »

Il affirmait que les chrétiens qui n’avaient pas encore fui sous la menace des combattants étrangers reconnaissaient dans l’armée syrienne leur dernier rempart :

« Un habitant me confie : « Si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés. Si la répression sauvage dont l’accusent vos médias était réelle, pourquoi les militaires seraient-ils les bienvenus dans nos villages ? ». Ils sont, j’ai pu le constater de mes yeux, sous la protection attentive des troupes fidèles au Président Bachar. Pourtant, le jour de l’Ascension, une roquette est arrivée dans le jardin, heureusement sans faire de dégâts, mais l’explosion a terrifié les enfants. »

Pour être honnête le témoignage de M. du Clos n’a pas été complètement ignoré. L’hebdomadaire chrétien La Vie, par exemple, sous la plume du théologien belge proche de L’Oeuvre d’Orient Christian Cannuyer, a publié le 27 juin 2012 un article sur ce religieux[v]. Toutefois, ce n’était pas pour reprendre des éléments dérangeants de son témoignage, comme ceux que je viens de citer, mais pour faire de l’homme un portrait horrible propre à dépouiller de toute valeur son témoignage. M. du Clos serait selon lui un « prétendu évêque », « transfuge des milieux ingristes et catholiques d’extrême droite ». « Ses allégations sont fausses et manipulées. » L’article allait jusqu’à mettre en doute, qu’il se fût rendu réellement à Homs. Le nom du père Paolo apparaît dans cet article où il est complaisamment évoqué comme « notre ami ». Toutes les allégations de L’Oeuvre d’Orient mettant en cause l’identité de Mgr Philippe Tournyol du Clos ont été démenties par un communiqué du Saint-Siège.

Je m’attarde quelques lignes sur cet article de La Vie. Son caractère outrageusement caricatural fait deviner quelque chose de tout à fait surprenant : certains milieux ecclésiastiques eux-mêmes semblent résolument engagés dans la machine de propagande de l’OTAN. Je suis ainsi tombé à plusieurs reprises sur L’Oeuvre d’Orient[vi], dirigée par le père Pascal Gollnich (le frère de l‘homme politique du Front National), et j’ai constaté son positionnement extrêmement trouble et équivoque dans cette histoire. Je ne me suis intéressé qu’en passant à cet aspect du problème, mais je suis certain qu’une étude plus approfondie amènerait son lot de révélations surprenantes.

Le patriarche melchite Grégoire III Laham

 

le patriarche melchite Grégoire III Laham 3

Grégoire III Laham est le patriarche de l’Eglise catholique melkite qui compte seulement 180 000 fidèles. C’est néanmoins une personnalité importante de l’Eglise catholique : ainsi, présida-t-il la messe de funérailles du pape Jean Paul II ou joua-t-il un rôle clé lors du dernier synode des Evêques pour le Proche-Orient. Dans un appel du 9 juillet 2012[vii], Mgr Laham, dénonce avant toute chose « l’ingérence d’éléments arabes et occidentaux », une ingérence qui « se traduit par les armes, l’argent et les moyens de communications à sens unique, programmés et subversifs. » Cette ingérence est « nuisible même à l’opposition », et « affaiblit aussi la voix de la modération qui est spécifiquement celle des chrétiens et, plus particulièrement, la voix des Patriarches et des Evêques ». Il dénonce par ailleurs le procès qui est fait aux chrétiens de Syrie d’être des suppôts du régime :

« Nous considérons que ce sont les positions de certaines personnalités, d’une presse déterminée et d’institutions particulières qui nuisent aux chrétiens en Syrie et les exposent au danger, à l’enlèvement, à l’exploitation et même à la mort. Ces positions accablent les chrétiens de fausses accusations, semant le doute dans leurs cœurs et diffusant la peur et l’isolement. Par suite, elles aident à leur exode à l’intérieur du pays ou à l’extérieur ».

On ne peut s’empêcher de penser aux positions du père Paolo dall’Oglio sur ce point… Cette présentation systématique des chrétiens comme « collés au régime » les désigne comme une cible pour les groupes armés :

« Ce sont ces positions elles-mêmes qui prétendent intempestivement s’intéresser aux chrétiens qui peuvent augmenter le radicalisme de certaines factions armées contre les chrétiens. Elles exacerbent les relations entre les citoyens, particulièrement entre les chrétiens et les musulmans comme ce fut le cas à Homs, à Qusayr, à Yabrud et Dmeineh Sharquieh. ».

Il place ses espoirs dans le mouvement Mussalaha[viii] (réconciliation) :

« C’est ce qui prépare la voie à la résolution du conflit. Nous avons beaucoup d’espoir dans la création de ce nouvel organe qu’est le ministère de la Réconciliation. » Mgr Laham pointe par ailleurs l’influence écrasante du conflit israélo-palestinien dans les malheurs de la Syrie :

« La division du monde arabe a toujours été la cible majeure interne et externe. Cette division est la raison des dangers qui guettent la région et elle est la cause de l’absence d’une solution juste et globale au conflit israélo-palestinien. Ce conflit est le fondement et la cause primordiale de la plus grande partie des malheurs, des crises et des guerres du monde arabe. »

Ce conflit « est la cause primordiale de l’exode des chrétiens ». Cet appel de Mgr Laham a été pratiquement ignoré par les grands médias commerciaux français. Seul le journal La Croix, le 23 juillet 2012, lui a consacré un article[ix]. Le journaliste François-Xavier Maigre y fait une présentation équilibrée des positions de l’homme, sans y mettre une quelconque réserve comme c’est presque toujours le cas. Quand on constate ces positions, on comprend mieux pourquoi les médias traditionnels l’ont complètement passé sous silence. Au-delà du fait qu’il dénonce l’infiltration d’éléments non syriens et occidentaux, qu’il évoque comme le plus grand danger pour les chrétiens, il dénonce également l’analyse la plus courante du point de vue des chrétiens par les grands médias de masse occidentaux, qui à l’instar du père Paolo dall’Oglio, les présentent comme des collabos ou des brutes assommées par la propagande du régime. Mgr Laham suggère ainsi que ces médias ont une responsabilité indirecte dans les persécutions dont les chrétiens sont victimes.

Mgr Antoine Audo

 

Mgr Antoine Audo 4

Monseigneur Audo est l’évêque des chrétiens chaldéens de Syrie. Il est également le président de Caritas pour la Syrie, ce qui l’amène à venir en aide aux victimes de la guerre de diverses manières : achats de médicaments, couvrements des frais de scolarité, aide aux personnes âgées, aide à la reconstruction. Mgr Audo est donc une personne très bien informée. Il a effectué un séjour en France en juin 2012, ce qui a donné l’occasion à des médias indépendants et/ou chrétiens de recueillir son point de vue sur la situation en Syrie. Les citations suivantes sont extraites d’une interview réalisée par l’Eglise catholique de Moselle, et d’un entretien accordé au site Aide à l’Eglise en Détresse[x] (AED).Aucun média n’a relayé ses prises de position.

Mgr Audo affirme que le président syrien est largement soutenu par le peuple syrien toutes tendances confondues : « Quatre-vingt pour cent de la population est derrière le gouvernement, comme le sont les chrétiens ». Il dénonce la partialité de la couverture des événements par les médias occidentaux ou arabes :

« Dans certains médias, tels que la BBC ou Al-Jazeeera, on constate une certaine orchestration visant à déformer le visage de la Syrie. Le gouvernement respecte les personnes qui respectent la loi et l’ordre. La Syrie a beaucoup d’ennemis, et le gouvernement doit se défendre, ainsi que le pays. Il y a une guerre d’information contre la Syrie. La retransmission des médias n’est pas objective. Nous devons défendre la vérité en tant que Syriens et chrétiens. »

Il dénonce l’ingérence étrangère en Syrie :

« Le régime continue de se défendre contre des groupes armés dont certains membres viennent des pays qui entourent la Syrie. J’ai parfois le sentiment que ces groupes utilisent les médias pour servir leur cause et provoquer un changement dans le pays. Le réel est toujours plus complexe et plus nuancé quand on le vit de l’intérieur. »

Il redoute que l’effondrement du régime ne plonge la Syrie dans un enfer à l’irakienne et ne soit cause d’un exode massif des chrétiens :

«  Le risque est de remplacer une dictature militaire par une autre dictature théocratique. C’est ce que l’on craint. En étant réaliste, voyez ce que l’Irak a donné : la moitié des chrétiens a quitté le pays et moi je les ai vu arriver, nombreux, en Syrie. »

Caritas (et donc Antoine Audo) avait en effet en 2005 participé à l’accueil des chrétiens qui fuyaient en masse l’Irak en proie aux violences interconfessionnelles. La Syrie, ce qu’on oublie trop souvent, à l’époque a accueilli 1 200 000 réfugiés irakiens sur son sol.
La position de Mgr Audo a été complètement ignorée par les grands médias commerciaux. Seul le journal La Croix, dans son édition du 14 juin 2012[xi], lui a consacré un petit article, transcription d’un entretien avec François Xavier Maigre à l’occasion du passage de l’évêque en France. Son propos y est extrêmement modéré par rapport en comparaison de ce qu’il peut déclarer sur des médias indépendants.

Mère agnés 5

Mère Agnès-Mariam de la Croix est une religieuse franco-libanaise, prieure du monastère Saint-Jacques-le-Mutilé, à Qara, à 70 km de Homs, où elle réside depuis 12 ans. Le cas de cette religieuse est différent des précédents, dans la mesure où les grands médias ont été obligés d’en parler à l’occasion de l’affaire Jacquier, du nom de ce reporter tué par des éléments de la « rébellion » à Homs en janvier 2012. Elle avait obtenu des visas pour un groupe de journalistes français venant rendre compte des événements, et les accompagnait parfois dans leurs déplacements divers. Gilles Jacquier a trouvé la mort à Homs, au moment où les combats faisaient rage. Désireux de se rapprocher du feu de l’action, malgré les avertissements de mère Agnès-Mariam, il est tué par un mortier thermobarique. L’affaire fait grand bruit en France : Gilles Jacquier est le premier journaliste français à périr dans la Syrie en guerre. A cette occasion, de nombreux articles sont publiés dans les médias commerciaux de masse, et fatalement son cas y est évoqué. Quand ils l’évoquent rapidement ils se contentent de préciser que mère Agnès-Mariam est « une proche du régime » (Libération[xii]) , « une religieuse libanaise favorable au régime » (Le Point[xiii]) , « une religieuse favorable au régime syrien » (id) (L’Express[xiv]) . Quand ils entrent un peu dans le détail, de façon systématique, ils recourent à des expressions péjoratives, et dénoncent la position qu’elle occupe. Angela Bolis, du journal Le Monde la qualifie ainsi « de personnalité ambiguë qui affiche son soutien au régime »[xv]. Pour l’association Souria Houria, sans surprise, mère Agnès-Mariam est « la grande avocate du régime de Bachar el-Assad »[xvi]. Pour Christian Cannuyer, dans La Vie, elle serait (avec d’autres), « manifestement stipendiée ou manipulée », et son comportement « confine à la collaboration »[xvii]. Certains articles vont jusqu’à laisser planer l’hypothèse qu’elle serait peut-être responsable de la mort de Gilles Jacquier. Le Dauphiné rapporte ainsi que, pour la compagne du journaliste décédé :

« La thèse du guet-apens ne fait pas de doute : « Il ne voulait pas aller à Homs. Il a été contraint par la sœur Marie-Agnès. Face à son refus, elle lui a dit qu’il ne lui restait que deux jours avant de quitter la Syrie. Cette religieuse lui avait permis d’obtenir son visa d’entrée et celui de Christophe Kenck, son collègue »[xviii] .

Le magazine Envoyé Spécial a lui aussi relayé cette accusation. Cette version de l’histoire est réfutée par l’intéressée :

« La réalité, c’est que Monsieur Gilles Jacquier, que Dieu ait son âme, avait fait par écrit une demande de visa pour aller à Homs.(…) Avant qu’ils y aillent, j’ai demandé et j’ai informé expressément le délégué de l’AFP, qui parle l’arabe, et la responsable de l’information, qu’il fallait être de retour à 15 heures : le couvre-feu à Homs commençait en effet à 15 heures de l’après-midi et il ne fallait surtout pas y circuler au-delà de 15 heures. Cela a été dit et il y avait des témoins. (…) Cette équipe a fait fi des directives des militaires qui les avaient accompagnés à leur demande et elle s’est perdue. Pourquoi était-il impératif de rentrer avant 15 heures ? ça je l’ai expérimenté moi-même, quand je suis passée à Homs : à 15 heures, tous les jours, les rebelles commençaient à attaquer de toutes parts et cela, personne, aucune presse ne l’a dit. »

Du reste il est maintenant avéré, si l’on en croit George Malbrunot pour Le Figaro du 17 juillet 2012[xix], que M. Jacquier n’a pas été tué dans un guet-apens organisé par l’armée, mais par une roquette tirée par les groupes armés.

On peut également relever quelques portraits réalisés par des journalistes, qui la présentent comme proche des milieux d’extrême droite ou citée dans des sites qui parlent de façon complaisante de Robert Faurisson. Rien de neuf sous le soleil…

Si le nom de « Marie-Agnès » a été abondamment cité dans les médias, c’est donc, soit de façon succincte et toujours en la définissant par son « soutien au régime d’Assad », soit comme une personne douteuse et peu digne de confiance, et parfois comme une auxiliaire active du régime éventuellement responsable de la mort de Gilles Jacquier.

De façon frappante, pratiquement pas un seul article ne développe certaines des prises de position et analyses qu’elle a pu faire de la situation sur place. Elle a ainsi pris à plusieurs reprises des positions tranchées dans lesquelles elle dénonce la partialité et les mensonges des médias commerciaux.

« Les journalistes de la propagande atlantique, les propagandistes à la Goebbels n’ont montré que la moitié de ce qui se passe en Syrie. Et encore, ils ont truqué leurs reportages. »

Mère Agnès-Mariam fait le parallèle, comme le père Zahlaoui, entre les mensonges médiatiques sur la Syrie et ceux qui ont permis l’invasion de l’Irak et de la Libye : « C’est faux qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, et on a attaqué Saddam Husseïn. C’était faux que Kadhafi allait faire un génocide contre son peuple en Libye. l’ONU a fait 150000 morts. » Elle dénonce également le traitement horrible que réservent les mercenaires étrangers aux chrétiens, par exemple à Homs :

« Suite à une mission d’information avec des médias catholiques j’ai été amenée à visiter la ville de Homs et ses environs. J’ai été remuée au plus profond de ma conscience par la tragédie que vit la population civile, notamment les chrétiens. Ces derniers sont surtout concentrés dans les quartiers centraux de la ville qui sont devenus le repaire de bandes armées que personne jusqu’à présent n’a réussi à identifier. Toujours est-il que ces bandes imposent une loi martiale en vertu de laquelle les fonctionnaires qui rejoignent leur travail sont susceptibles de représailles, les enseignants dans les écoles publiques, inclus. De même les artisans, les vendeurs et même ceux qui ont une profession libérale sont la cible d’actes terroristes qui visent à paralyser la vie sociale. Les résultats de ces méthodes coercitives sont des plus terribles : chaque jour des innocents sont égorgés ou kidnappés. Des familles perdent ainsi le père, le fils ou le frère. Les veuves et les orphelins sont dans la nécessité. Ceux qui n’ont pas affronté le spectre de la mort doivent faire face à la séquestration forcée dans leurs domiciles où ils cherchent à survivre sans travail. »

Cette dernière citation est extraite d’un Appel qu’elle a lancé le 26 décembre 2011[xx], pour qu’enfin le monde prenne conscience de ce qui se passe réellement en Syrie. Cet appel, comme les lettres du père Zahlaoui, ne sera jamais relayé dans un média commercial.
Ce passage sous silence intégral des positons de Mère Agnès-Mariam est d’autant plus choquant qu’elle a effectué plusieurs passages en France depuis le début de la crise. Recueillir son témoignage n’avait rien de compliqué. Ainsi en décembre dernier, lors de son avant-dernier passage dans la capitale, elle a participé à un colloque organisé par L’Institut pour la Démocratie et la Coopération (IDC) en compagnie de l’ambassadeur de Russie en France, et deux médias indépendants ont pu l’interviewer : le journal L’Audible[xxi], et la chaine Méta TV. L’ignorance de ce témoignage aux antipodes de la version officielle se comprend mieux, si l’on a en tête la présentation caricaturale et diffamatoire qui en est faite depuis l’affaire Jacquier par les grands médias.

Retour au père Paolo

Nous nous posions la question au départ de savoir pourquoi le père Paolo était la coqueluche de certains journalistes encartés, et pourquoi toutes les autres autorités chrétiennes de Syrie étaient intégralement passées sous silence. Au terme de ce parcours il n’est pas très difficile de répondre à cette question, même si c’est difficile à admettre.

Le père Paolo a bénéficié de cette couverture médiatique exceptionnelle car c’est la seule « autorité » chrétienne de Syrie (bien que non-Syrien par ailleurs rappelons-le) à appuyer la version officielle faisant peser toute la responsabilité de la crise et des massacres sur le gouvernement de Bachar el-Assad. La plupart des journalistes qui ont écrit sur lui ou qui l’ont interrogé prennent eux-mêmes souvent soin de le reconnaître. Cela implique que les médias commerciaux (ceux qui occupent les postes clés, pas les journalistes qui souffrent de cette censure), dans leur totalité, ont reçu pour consigne de ne rapporter que cette sorte de témoignage, et que tous ont obéi à la lettre. C’est la raison pour laquelle, inversement, tous les témoignages que je viens de citer ont été ignorés, et leurs auteurs pour certains caricaturés ou diffamés.

Les médias qui ont aveuglément et complaisamment relayé les positions du père Paolo pouvaient d’autant moins donner une tribune à leurs auteurs que tous mettent en cause la partialité du traitement médiatique de la crise syrienne par la presse occidentale. Fait aggravant pour cette presse, ces autorités religieuses avancent que la crise syrienne est couverte par un média mensonge comparable à celui qui a précédé l’invasion de l’Irak et de la Libye. Impensable pour l’instant de remettre en cause dans les médias traditionnels à la fois la version officielle des événements de Syrie et de Libye.

Quant au poids du conflit israélo-palestinien dans cette dramatique équation…

Certains journalistes influents des médias commerciaux français ont menti sur le témoignage des chrétiens de Syrie, comme ils ont menti sur les autres aspects de la crise syrienne. Les médias français, une nouvelle fois, comme dans l’affaire libyenne, comme pour les attentats du 11 septembre 2001, ont joué pleinement le rôle moderne qui est désormais le leur : celui de complice dans la justification par le mensonge aux yeux de l’opinion publique d’une guerre illégale accompagnée d’exactions horribles, de massacres de masse, et entraînant l’exode de centaines de milliers de réfugiés.

          Actualisation (mars 2015)

Près de deux années se sont écoulées depuis la rédaction de cette chronique en mai 2013. Il me semble important de faire un point sur l’évolution de la couverture médiatique française du point de vue des chrétiens de Syrie.

A partir de septembre 2013, une grande campagne politique et médiatique a été orchestrée pour venir en aide au « chrétiens d’Orient ». Tous les hommes politiques et médias qui ont contribué pendant les trois premières années de la guerre à la censure du point de vue des autorités chrétiennes de Syrie se sont soudain saisis de cette question en montrant la compassion la plus vive des « chrétiens d’orient ». Une étude même superficielle de cette « révélation » montre qu’il ne faut en aucun cas la considérer comme sincère. J’y reviendrai peut-être quand j’aurai le temps d’étudier ce sujet de façon aussi approfondie que je l’ai fait pour le parcours du père Paolo.

Qu’il me suffise de dire que cette expérience du type « chemin de Damas » faite par ceux qui n’ont de cesse depuis mars 2011 de raconter tout et n’importe quoi pour installer dans l’opinion la nécessité de renverser Bachar el-Assad manu militari, n’est pas passée, justement, par Damas. Le point de vue des autorités chrétiennes de Syrie est toujours autant ignoré, et le sort des chrétiens de Syrie est toujours aussi catastrophique, à l’instar du reste des autres composantes de la société syrienne. Il suffit de passer en revue quelques déclarations récentes d’autorités chrétiennes de Syrie pour s’en rendre compte.

Voici par exemple ce qu’écrit le père Elias Zahlaoui dans une lettre ouverte au peuple français, suite aux événements terroristes de Paris. Je cite pour clore cet article un large extrait de cette lettre très émouvante qui a été reprise par de nombreux médias indépendants comme Arrêt Sur Info[xxii], et totalement ignorée dans les médias traditionnels. Dans ses premières lettres ouvertes à Alain Juppé ou François Hollande, on sentait encore une lueur d’espoir d’être entendu et écouté. A présent l’on comprend – au ton extrêmement sombre et solennel de cette dernière lettre – que le père Zahlaoui a abandonné tout espoir de voir des positions comme la sienne relayées par les médias au grand public, qu’il continue pourtant de mettre en garde, à la lumière de la récente affaire Charlie Hebdo.

« Mes amis,

Certains d’entre vous savent qu’il m’est arrivé d’écrire de nombreuses lettres, tant personnelles qu’ouvertes, à nombre de vos responsables politiques et religieux (lettre à François Hollande, à Alain Juppé, etc.). Mais ce n’est que peine perdue. Pourtant, ces lettres étaient loin d’être feutrées. Je n’y manquais pas de les prévenir, depuis de longues années, qu’infailliblement, un jour ou l’autre, la violence qu’ils ont déchaînée dans le monde arabe, et depuis près de quatre ans en Syrie –en y envoyant des centaines de milliers de combattants soi-disant « Djihadistes », de 83 pays, dont des pays européens– leur retombera, d’une façon ou d’une autre, sur la tête. Je ne crains que « Charlie-Hebdo » n’en soit que le prélude. N’oubliez pas votre fameux dicton : « Qui sème le vent, récolte la tempête ! » Puisse cette tempête n’être pas une tornade…

Mes amis,

Je sais que la plupart d’entre vous n’y sont pour rien, et que vous trimez comme quatre, comme vous dites, pour vous en sortir. De plus, noyés comme vous l’êtes par les médias dominants faux et mensongers, vous finissez toujours par confier à vos dirigeants, sans le savoir, le soin de conduire la France, tôt ou tard, au fond du gouffre.

Laissez-moi donc le soin aussi de vous faire savoir très brièvement que, selon les Nations Unies, la moitié de la population syrienne, qui est de l’ordre de 24 000 000 d’habitants, est sur les routes, soit à l’intérieur du pays, soit ailleurs sur terre, voire sur mer ! Or aujourd’hui, il fait à Damas -2 degrés, à Maaloula-, 8 degrés.

Imaginez donc un moment les 33 000 000 de personnes qui représentent la moitié de la population française, sur les routes de France et du monde.

Quant aux tués en Syrie, ils sont de l’ordre, toujours selon les Nations Unies, de 300 000 morts.

Beau et valeureux bilan à incruster sur les blasons d’or de vos présidents, Sarkozy et Hollande !

Mes amis,

Cela vous évoque-t-il quelque chose ?

Cela vous invite-t-il à faire quelque chose ?

Cela vous incite-t-il à interpeller vos « irresponsables » évêques, devenus, hélas, depuis des décades, rien moins que des momies ?

Et Jésus-Christ dans tout cela, vous dit-il encore quelque chose ?

Amis de France,

Où que vous soyez et quels que vous soyez, je vous transmets sincèrement ma compassion et mon espoir.

Pr. Elias Zahlaoui, Eglise Notre-Dame de Damas Koussour

Damas, le 10/01/2015 »

***

Au moment où je termine cette chronique je découvre deux témoignages bouleversants du docteur Nabil Antaki : Triste Anniversaire et Le Dr Nabil Antaki parle des souffrances quotidiennes à Alep . Une personnalité chrétienne exceptionnelle qui vient en aide au quotidien – avec sa congrégation et ses compétences médicales – aux habitants d‘Alep plongés aujourd’hui dans une détresse inimaginable.

A suivre…

François Belliot

 

 

Notes

[i] http://www.michelcollon.info/Lettre-ouverte-d-un-pretre-syrien.html

[ii] http://www.michelcollon.info/Lettre-ouverte-d-un-pretre-syrien.html

[iii] http://www.legrandsoir.info/lettre-ouverte-d-un-pretre-arabe-de-syrie-a-mr-francois-hollande.html

[iv] http://silviacattori.net/article4171.html

[v] http://www.lavie.fr/

[vi] http://www.oeuvre-orient.fr/

[vii] http://www.oeuvre-orient.fr

[viii] « Musalaha), c’est un effort communautaire, une initiative non-violente née à Homs, centre d’affrontements entre l’armée syrienne et les groupes armés. Elle associe des membres des communautés ethniques et religieuses fatigués par la guerre. Elle se propose comme « troisième voie » alternative au conflit armé et elle veut conjurer même une intervention armée de l’extérieur (même si celle-ci indirectement existe depuis longtemps). Elle dit « non » à la poursuite des violences. Non à la guerre civile et aux violences sectaires. » Cette citation est extraite d’un article de Marinella Correggia consultable ici : http://www.mondialisation.ca/

[ix] http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/

[x] http://www.aed-france.org

[xi] http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/

[xii] http://www.liberation.fr

[xiii] http://www.lepoint.fr

[xiv] http://www.lexpress.fr

[xv] http://www.lemonde.fr/

[xvi] http://souriahouria.com/

[xvii] http://www.lavie.fr/

[xviii] http://www.ledauphine.com/

[xix] http://www.lefigaro.fr/

[xx] http://www.legrandsoir.info/

[xxi] http://journal-audible.org/mere-marie-agnes-de-la-croix/

[xxii] http://arretsurinfo.ch/pere-elias-zahlaoui-qui-seme-le-vent-recolte-la-tempete/

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«L’effondrement de l’Union soviétique a supprimé la seule limite au pouvoir de Washington qui l’empêchait d’agir unilatéralement à l’étranger… Soudain, les Etats-Unis se sont retrouvés le seul pouvoir, la seule superpuissance mondiale. Les néoconservateurs ont proclamé la fin de l’histoire.»

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint du Trésor Américain

Proverbe russe
«Ce n’est pas la faute du miroir si votre visage est tordu.»

 

Le 10 Février 2007, Vladimir Poutine a prononcé un discours à la 43e Conférence sur la sécurité de Munich qui a ouvert un fossé entre Washington et Moscou, fossé qui n’a fait que s’approfondir au fil du temps. Une heure durant, le président russe a critiqué de manière cinglante la politique étrangère américaine, se livrant à un acte d’accusation en bonne et due forme des interventions américaines dans le monde entier et de leur effet dévastateur sur la sécurité du monde. Poutine n’a probablement pas réalisé l’impact qu’aurait son réquisitoire sur l’assemblée réunie à Munich, ni la réaction des éminences grises états-uniennes, pour qui ces déclarations ont représenté un tournant dans les relations américano-russes. Mais, le fait est que l’hostilité de Washington envers la Russie remonte à cet incident particulier, à ce discours dans lequel Poutine s’est engagé publiquement en faveur d’un système mondial multipolaire, rejetant par là-même les prétentions à un Nouvel ordre mondial des élites américaines. Voici ce qu’il a dit:

«Je suis convaincu que le moment est venu de réfléchir sérieusement à l’architecture de la sécurité internationale. Et nous devons rechercher un équilibre raisonnable entre les intérêts de tous les participants au dialogue international

En disant cela, Poutine a contesté le rôle de seule superpuissance mondiale et de seul responsable de la sécurité mondiale des États-Unis, une position privilégiée que Washington estime avoir méritée par sa victoire dans la guerre froide et qui autorise les États-Unis à intervenir unilatéralement lorsqu’ils le jugent opportun. Le discours de Poutine a mis fin à des années de querelles et de discussions entre les analystes des groupes de réflexion sur la question de savoir si la Russie pouvait être intégrée au système dirigé par les États-Unis ou non. Désormais, ils savaient que Poutine ne danserait jamais sur l’air de Washington.

Dans les premières années de sa présidence, on a cru que Poutine finirait par se plier aux demandes de l’Ouest et à accepter un rôle secondaire dans le système centré sur Washington. Mais ça ne s’est pas passé ainsi. Le discours de Munich a simplement mis en lumière ce que beaucoup de faucons américains et partisans de la guerre froide disaient depuis le début, à savoir que Poutine ne renoncerait pas à la souveraineté russe sans se battre. La déclaration qui contestait l’aspiration américaine à gouverner le monde n’a laissé aucun doute sur le fait que Poutine allait devenir un problème qui devait être réglé par tous les moyens nécessaires, y compris des sanctions économiques sévères, un coup d’État dirigé par le Département d’État US en Ukraine voisine, un complot pour faire s’écrouler le prix du pétrole, une attaque spéculative contre le rouble, une guerre par procuration dans le Donbass en utilisant les néo-nazis comme troupes de choc de l’Empire, et des myriades d’opérations sous fausse bannière pour ternir la réputation de Poutine tout en provoquant des divisions entre Moscou et ses principaux partenaires en affaires européens. Maintenant, le Pentagone projette d’envoyer 600 parachutistes en Ukraine sous prétexte de former la garde nationale ukrainienne, une grave escalade qui viole l’esprit de Minsk 2 et qui appelle à une réponse proportionnée du Kremlin. En un mot comme en cent, les États-Unis utilisent toutes les armes de leur arsenal pour poursuivre leur guerre contre Poutine.

L’assassinat de style mafieux du leader de l’opposition russe, Boris Nemtsov, la semaine dernière, doit être replacé dans un contexte géopolitique actuel plus large. Nous ne saurons sans doute jamais qui a commis le crime, mais nous pouvons déjà affirmer que le manque de preuves n’a pas empêché les médias ou les politiciens américains d’instrumentaliser ce drame pour faire avancer leur agenda anti-Poutine qui est de déstabiliser son gouvernement et de déclencher un changement de régime à Moscou. Poutine lui-même a suggéré que le meurtre pouvait avoir été commandité pour mettre plus de pression sur le Kremlin. Le site World Socialist Web résume ainsi ses implications politiques :

«L’assassinat du politicien de l’opposition russe Boris Nemtsov est un événement politique important, qui découle de la confrontation américano-russe et de la lutte intense qui fait rage actuellement aux plus hauts niveaux de l’État russe. L’administration Obama et la CIA jouent un rôle majeur dans l’escalade de ce conflit pour le faire évoluer dans un sens qui serve les intérêts géo-politiques et financiers internationaux de l’impérialisme américain …

»Il est tout à fait évident que l’administration Obama espère qu’une faction va émerger du sein de l’élite russe, et que, avec le soutien d’éléments de l’armée et de la police secrète, elle va fomenter une révolution de palais et se débarrasser de Poutine…

»Les États-Unis ne cherchent pas à déclencher une révolte populaire générale. (Mais) ils font tout leur possible pour convaincre une fraction de l’oligarchie et de la nouvelle classe capitaliste que leurs intérêts commerciaux et leur richesse personnelle dépendent du soutien des États-Unis. C’est pourquoi l’administration Obama se sert des sanctions économiques individuelles pour faire pression sur les oligarques ainsi que sur des segments plus larges de l’élite entrepreneuriale…

C’est dans le cadre de cette lutte de pouvoir internationale que l’on doit analyser l’assassinat de Nemtsov. Bien sûr, il est possible que sa mort soit la conséquence d’affaires privées. Mais il est plus probable qu’il a été tué pour des raisons politiques. De fait, le moment du meurtre – la veille de la manifestation anti-Poutine de l’opposition à Moscou – est une forte indication que le meurtre était un assassinat politique, et non un règlement des comptes privé.» (Assassinat à Moscou: Pourquoi Boris Nemtsov a-t-il été assassiné? David North, World Socialist Web Site)

Quelques heures après que Nemtsov avait été abattu à Moscou, les médias occidentaux sont passés à l’action en publiant des volées d’articles suggérant l’implication du Kremlin, sans la moindre preuve à l’appui de leurs dires. La campagne d’insinuations s’est renforcée à mesure que de plus en plus d’experts et de politiciens russes donnaient leur avis sur les éventuels responsables. Naturellement, aucune des personnes interrogées ne s’est écartée de la ligne officielle selon laquelle quelqu’un devait avoir effectué l’attentat sur l’ordre de Poutine. Le Washington Post a publié un article qui est un bon exemple des tactiques utilisées dans la dernière campagne de communication visant à discréditer Poutine. Selon Vladimir Gel’man, de l’Université européenne des scientifiques politiques de Saint-Pétersbourg et de l’Université de Helsinki:

«Boris Nemtsov, un des leaders de l’opposition, a été abattu à proximité du Kremlin. À mon avis, cela a toutes les caractéristiques d’un assassinat politique provoqué par une campagne agressive menée par le Kremlin contre la cinquième colonne de traîtres à la nation qui se sont opposés à l’annexion de la Crimée, à la guerre avec l’Occident sur l’Ukraine, et à la diminution croissante des libertés civiles politiques dans le pays. Nous ne saurons jamais si le Kremlin a ordonné ce meurtre, mais Nemtsov était l’un des critiques les plus efficaces non seulement du régime russe en tant que tel, mais aussi de la personne même de Poutine, et sa voix dissidente ne dérangera jamais plus Poutine et son entourage immédiat.(Qu’est-ce que l’assassinat de Boris Nemtsov signifie pour la Russie?, Washington Post)

L’article du Washington Post est typique des articles publiés dans les médias dominants. Ils sont fertiles en insinuations et accusations mais pour les faits, on repassera. Les principes journalistiques traditionnels d’objectivité et de présentation des faits ont été abandonnés au profit de l’agenda politique de leurs propriétaires. En matière de couverture médiatique, l’assassinat de Nemtsov n’est que la dernière illustration de l’état lamentable des médias occidentaux.

L’idée que des agents de Poutine puissent détruire un candidat de l’opposition à un jet de pierre du Kremlin est pour le moins tirée par les cheveux. Comme un commentateur du blog Moon of Alabama le note:

«L’’image d’un opposant politique étendu mort sur un pont en contrebas du Kremlin n’est-elle pas un peu trop belle? Je veux dire qu’il ne manque que le poignard planté entre les omoplates avec l’inscription : Si vous le trouvez, rapportez-le s’il vous plaît à M. Poutine; je ne peux pas imaginer une meilleure manière d’impliquer le gouvernement. Et, en plus, la nuit précédant un rassemblement de l’opposition que Nemtsov espérait conduire. Pour qui nous prennent-ils?»

On ne peut bien sûr pas nier que Moscou puisse être impliqué, mais cela semble peu probable. L’explication la plus plausible est que le meurtre fait partie du projet de changement de régime et a pour but de créer de l’agitation sociale et de déstabiliser le gouvernement. Les États-Unis ont utilisé ces méthodes tant de fois auparavant dans diverses révolutions de couleur qu’il est inutile de les détailler ici. Mais il faut tout de même rappeler que les États-Unis n’ont pas de lignes rouges quand il s’agit d’atteindre leurs objectifs stratégiques. Ils feront tout ce qu’ils jugent nécessaire pour l’emporter sur Poutine.

La question est pourquoi? Pourquoi Washington est-il aussi déterminé à éliminer Poutine?

Poutine a répondu lui-même à cette question récemment lors de la Journée des travailleurs diplomatiques de Russie. Il a dit que la Russie poursuivrait une politique étrangère indépendante malgré les pressions dans ce qu’il appelle l’environnement international complexe d’aujourd’hui.

«En dépit des pressions que nous subissons, la Fédération de Russie continuera à mener une politique étrangère indépendante, dans l’intérêt supérieur de notre peuple et dans le respect de la sécurité et de la stabilité mondiales.» (Reuters)

Voilà le crime impardonnable de Poutine, C’est le même crime qu’ont commis le Venezuela, Cuba, l’Iran, la Syrie et d’innombrables autres nations qui refusent d’obéir aux directives de Washington.

Poutine a également résisté à l’encerclement de l’Otan et aux efforts états-uniens pour piller les vastes ressources naturelles de la Russie. Et tout en faisant le maximum pour éviter une confrontation directe avec les Etats-Unis, Poutine n’a pas reculé sur les questions qui sont vitales pour la sécurité nationale de la Russie, au contraire, il l’a souligné à maintes reprises, non seulement la menace que pose à Moscou l’avancée de l’Otan, mais aussi les mensonges qui ont précédé son expansion vers l’est. Poutine en a aussi parlé à Munich:

«Je voudrais citer le discours du Secrétaire général de l’OTAN, M. Woerner à Bruxelles le 17 mai 1990. Il a dit à l’époque que le fait que nous soyons prêts à ne pas placer une armée de l’Otan en dehors du territoire allemand donne à l’Union soviétique une solide garantie pour sa sécurité… Où sont ces garanties?»

Où, en effet. Apparemment, ce n’étaient que des mensonges. Comme l’a dit l’analyste politique Pat Buchanan dans son article Poutine n’a-t-il pas raison sur un point?:

«Bien que l’Armée rouge se soit retirée volontairement d’Europe de l’Est et soit rentrée chez elle, et que Moscou ait compris que nous n’étendrions pas l’Otan vers l’est, nous avons saisi toutes les occasions de faire l’inverse. Non seulement nous avons fait entrer la Pologne dans l’Otan, mais aussi la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, et la quasi-totalité des pays du Pacte de Varsovie, ce qui amenait l’Otan à la porte d’entrée de la Mère Russie. Il y a maintenant un projet en cours de réalisation pour y faire entrer l’Ukraine et la Géorgie, un pays du Caucase où est né Staline…

… »Nous semblons maintenant déterminés à rendre permanentes les bases en Asie centrale que Poutine nous avait laissés installer dans les anciennes républiques soviétiques pour libérer l’Afghanistan.

… »Par le biais de la National Endowment for Democracy, ses auxiliaires Démocrates et Républicains et leurs think-tanks exonérés d’impôt, ses fondations, et ses institutions de droits de l’homme comme Freedom House, (…) nous avons fomenté des changements de régime en Europe de l’Est, dans les anciennes républiques soviétiques, et en Russie elle-même…

Ce sont les griefs de Poutine. N’a-t-il pas un peu raison?» (Poutine n’a-t-il pas raison sur au moins un point?, Pat Buchanan, antiwar.com)

Maintenant, les États-Unis veulent déployer leur système de défense antimissile en Europe de l’Est, un système qui – selon Poutine – «va fonctionner automatiquement et faire partie intégrante de la capacité nucléaire des États-Unis. Pour la première fois dans l’Histoire, et je tiens à le souligner, il y a des portions de la capacité nucléaire des États-Unis sur le continent européen. Cela change tout simplement la configuration de la sécurité internationale dans son ensemble. (…)  Nous devons naturellement répondre à cela.»

Comment Poutine peut-il laisser faire cela? Comment peut-il laisser les États-Unis installer des armes nucléaires dans un endroit qui augmentera leur capacité de frapper les premiers, ce qui détruira l’équilibre des forces de dissuasion et mettra la Russie devant le choix d’obéir aux États-Unis ou d’être anéantie. Poutine est obligé de s’opposer à cette éventualité, tout comme il est obligé de s’opposer au principe sur lequel repose l’expansion des États-Unis, à savoir l’idée que la guerre froide a été remportée par les États-Unis, et que donc les États-Unis ont le droit de remodeler le monde en fonction de leurs propres intérêts économiques et géopolitiques. Voici encore Poutine:

«Qu’est-ce qu’un monde unipolaire? Même si on tente d’embellir ce terme, il ne s’en réfère pas moins à une situation où il y a un centre d’autorité, un centre de force, un centre de prise de décision. C’est un monde dans lequel il y a un seul maître, un seul souverain. Au bout du compte, c’est dommageable non seulement pour tous ceux qui vivent au sein de ce système, mais aussi pour le souverain lui-même, car il se détruit de l’intérieur…

»Je considère que le modèle unipolaire est non seulement inacceptable mais aussi impossible dans le monde d’aujourd’hui (…) le modèle lui-même est vicié à la base car il n’est pas et ne peut pas être le fondement moral de la civilisation moderne…» (Munich, 2007)

Quel genre d’homme parle de la sorte? Quel genre d’homme parle des fondations morales de la civilisation moderne ou invoque Franklin D. Roosevelt dans son discours?

Poutine: «La sécurité de l’un d’entre nous est la sécurité de tous. Comme l’a dit Franklin D. Roosevelt pendant les premiers jours de la Seconde Guerre mondiale : Quand la paix a été rompue quelque part, la paix de tous les pays est partout en danger. Ces mots restent d’actualité aujourd’hui.»

J’exhorte chacun à regarder au moins les dix premières minutes du discours de Poutine et à décider par lui-même si la description (et la diabolisation) de Poutine dans les médias est juste ou non. En faisant particulièrement attention à la sixième minute où Poutine dit ceci:

«Nous assistons au mépris de plus en plus grand des principes fondamentaux du droit international. Et les normes juridiques indépendantes se rapprochent, en fait, de plus en plus du système juridique d’un État. Cet État c’est, bien sûr, les États-Unis, qui débordent de leurs frontières nationales dans tous les domaines. Cela se voit dans les politiques économiques, politiques, culturelles et éducatives qu’ils imposent aux autres nations. Eh bien, qui aime cela? Qui est satisfait de cette situation?» (Discours légendaire de Vladimir Poutine à la Conférence sur la sécurité de Munich)

Pendant que Poutine parle, la caméra panoramique s’attarde sur John McCain et Joe Lieberman qui sont assis au premier rang, le visage figé, bouillonnant de rage à chaque mot prononcé par le président russe. Si on regarde d’assez près, on peut voir la vapeur sortir de l’oreille de McCain.

Voilà pourquoi Washington veut un changement de régime à Moscou. C’est parce que Poutine refuse de se laisser mener par le bout du nez par les États-Unis. C’est parce qu’il veut un monde régi par des lois internationales appliquées de manière impartiale par les Nations Unies. C’est parce qu’il rejette un ordre mondial unipolaire où une nation dit à tout le monde ce qu’il doit faire et où la guerre devient le moyen préféré des puissants d’imposer leur volonté aux plus faibles.

Poutine: «Aujourd’hui, nous assistons à une hyper-utilisation, une utilisation presque sans limites de la force, qui plonge le monde dans un abîme de conflits permanents. (…) Les États-Unis outrepassent leurs frontières nationales dans tous les domaines (…) Et bien sûr, c’est extrêmement dangereux. Il en résulte que plus personne ne se sent en sécurité. Je tiens à le souligner – personne ne se sent plus en sécurité.» Vladimir Poutine, Munich 2007.

Poutine n’est pas parfait. Il a ses défauts et ses manquements comme tout le monde. Mais il semble être une personne honnête qui a permis le rétablissement rapide de l’économie de la Russie, qui avait été pillée par des agents des États-Unis suite à la dissolution de l’Union soviétique. Il a élevé le niveau de vie, augmenté les pensions, réduit la pauvreté et amélioré l’éducation et les soins, ce qui explique le taux de satisfaction du public, qui plafonne actuellement à un impressionnant 86 %. Mais ce qui suscite le plus l’admiration chez Poutine, c’est qu’il ose s’opposer aux États-Unis et bloquer leur stratégie de pivoter vers l’Asie. La guerre par procuration qu’il mène en Ukraine a pour but de contrecarrer le plan de Washington de briser la Fédération de Russie, d’encercler la Chine, de contrôler le flux des ressources de l’Asie vers l’Europe et de gouverner le monde. Vladimir Poutine est le fer de lance de cette lutte et c’est pourquoi il a gagné le respect et l’admiration de beaucoup de gens dans le monde.

Quant à la démocratie, laissons encore la parole à Poutine:

«Suis-je un pur démocrate? (Rires.) Bien sûr que oui. Absolument. Le problème est que je suis le seul, le seul de mon espèce dans le monde entier. Il suffit de regarder ce qui se passe en Amérique, c’est terrible, la torture, les sans-abri, Guantánamo, les personnes détenues sans procès ni enquête. Et regardez la violence avec laquelle l’Europe traite les manifestants, des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sont utilisés dans une capitale après l’autre, des manifestants sont tués dans les rues…  Je n’ai plus personne à qui parler depuis que Gandhi est mort.»

Bien dit, Vladimir.

Mike Whitney

Article original en anglais : How Putin Blocked the U.S. Pivot to Asia, CounterPunch, 6-8 mars 2015

Traduit par Dominique, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

Mike Whitney vit dans l’État de Washington.Il a contribué à l’ouvrage « Hopeless: Barack Obama and the Politics of Illusion (AK Press) « .
On peut le joindre à fergiewhitney@msn.com.

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Des conseillers militaires américains et israéliens ont été arrêtés alors qu’ils prétaient assitance aux terroristes de l’Etat islamique.

L’agence iranienne Tasmin News nous apprend que les forces anti-terroristes irakiennes ont arrêté quatre conseillers militaires étangers originaires des États-Unis et d’Israél alors qu’ils aidaient l’État islamique.

Trois d’entre eux possèdent la double nationalité états-unienne et israélienne, tandis que le quatrième est originaire d’un pays du Golfe persique, nous rapporte l’agence irakienne Sarma News.

Les conseillers militaires étrangers ont été capturés près d’un des quartiers généraux d’où l’État islamique organise ses opérations militaires dans la province septentrionale irakienne de Ninive.

Les arrestations sont survenues lors d’une opération dénommée « Piqure de scorpion. » Un certain nombre d’autres combattants de l’Etat islamique ont été tués pendant l’assaut. Les conseillers étangers capturés ont été transféres à Bagdhad.

Sputnik

sur SputnikNews, le 7 mars 2015

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

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D’après David Pugliese (ci-dessous), un reporter du Ottawa Citizenqui a eu accès à certains documents des services des services secrets militaires canadiens, ces derniers savaient que l’intervention de l’OTAN en Libye en mars 2011 profiterait aux militants islamistes alignés sur al-Qaïda et plongerait pour longtemps le pays dans le chaos.

A l’époque, l’amiral américain James Stavridis, chef militaire de l’OTAN, niait que l’opposition au dirigeant gauchiste Mouammar Kadhafi était menée par des théocrates islamistes de droite, et se plaisait à dire des forces d’opposition qu’il s’agissait « d’hommes et de femmes responsables. » …

En réalité, les services secrets canadiens savaient parfaitement à quoi s’en tenir au sujet de l’opposition libyenne.

David Pugliese écrit qu’ « un rapport des services secrets canadiens publié fin 2009 décrivait la place forte de l’Est libyen « d’où est partie la contestation contre Kadhafi » comme « l’épicentre de l’extrémisme islamique. » »

De même, les pilotes canadiens plaisantaient volontiers entre eux, disant qu’ils étaient la force aérienne d’al-Qaïda, étant donné que leurs bombardements « aidaient à paver la route des rebelles affiliés au groupe terroriste. »

Dans son article David Pugliese explique que quelques jours avant l’intervention de l’OTAN en Libye :

Des spécialistes canadiens du renseignement avaient envoyé un mémo à l’adresse de hauts responsables des services secrets : « Il y a de fortes probabilités pour que la situation en Libye dégénère en une longue guerre civile ou entre différentes tribus, » écrivaient-ils en mars 2011.  « Cela a toutes les chances de se produire si les forces d’opposition bénéficient de l’aide militaire d’autres pays. »

Le Premier ministre canadien Stephen Harper a par la suite refusé d’admettre que l’intervention en Libye avait engendré le chaos qui a paralysé le pays, même si ses propres chefs militaires l’avaient averti que cela avait toutes les chances de se produire.

Tout cela constitue une tentative malhonnête de manipuler l’opinion publique au travers d’un mensonge éhonté, et est comparable aux appels du premier ministre Benjamin Netanyahou à soutenir une intervention militaire contre l’Iran en 2002, arguant que Téhéran n’était plus qu’à un an de la mise au point de la bombe nucléaire, alors que ses propres services de renseignement avaient conclu que l’Iran « ne poursuivait pas d’activités visant à produire des armes [nucléaires]»

Le rapport de Pugliese est accessible ici.

Stephen Gowans

Article original :

libya_rebels-tank

Canadian Military Intelligence and NATO Knew the Intervention in Libya Would Create Chaos and Aid Al-Qaeda-aligned Islamists

sur GlobalResearch, 5 mars 2015

Traduction : Christophe pour ilfattoquotidiano.fr

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Que faire face au « Plan Condor » médiatique en Amérique Latine?

mars 9th, 2015 by Fernando Buen Abad Dominguez

La disparition des 43 étudiants de Ayotzinapa au Mexique a révélé l’attaque systématique de l’Etat contre les jeunes et a suscité une indignation mondiale. Cependant, l’État mexicain peut compter sur l’étroite complicité des médias de communication des oligarchies. Dans cette interview accordée à Alex Anfruns, l’écrivain mexicain Fernando Buen Abad, connu également comme philosophe, analyse les défis à relever au Mexique et dans Notre Amérique en portant toute son attention à l’actualité.

 Photo: Mexico : Mexico : nouvelles manifestations cinq mois après la disparition des 43 étudiants d’Iguala, 1er mars 2015.

Alex Anfruns : Beaucoup d’analystes ont noté que la disparition des 43 étudiants n’est pas un cas isolé. On estime à 22.600 le nombre de disparitions forcées au Mexique durant ces 8 dernières années. Que peut révéler un tel chiffre sur une société ou l’avenir d’un pays ?

Fernando Buen Abad : Le décompte macabre, monstrueux, exprimé en morts et en disparitions, est en soi très incertain. D’un côté, il n’y a pas de données officielles crédibles à propos des chiffres. Et d’un autre côté, il y a diverses sources dont les décomptes sont très différents ainsi que les méthodologies utilisées.

Selon certaines informations, par exemple celles de la revue « Proceso de Mexico », le nombre d’assassinats pourrait être « arrondi » autour de 120.000 personnes (jpour le journal de Felipe Calderon et ce que l’on a de Pena Nieto). D’autres avancent des chiffres de 22.000, 25.000 ou 30.000 disparus, selon les sources. Et ensuite on évoque le chiffre de 300.000 personnes déplacées de leurs terres du fait de la lutte territoriale du crime organisé. A eux seuls, les chiffres sont scandaleux, mais ne sont pas suffisamment expressifs pour comprendre le niveau de l’impact social et politique que cela a provoqué dans le pays. Il s’est produit un déchirement social d’une profondeur inestimable.

Ayotzinapa est l’expression la plus ultime du capitalisme au Mexique. Là se condense toute la perversité du modèle néo-libéral, en mettant en évidence l’une de ses plus claires et plus brutales pathologies, qui est la haine contre les jeunes, surtout si ces jeunes sont critiques, si ces jeunes se regroupent et si ces jeunes sont pauvres.

Effectivement cela n’a pas été un cas isolé, il a plutôt fait partie d’une sale habitude du capitalisme au Mexique, qui se répète dans d’autres pays mais, au Mexique, cela fait plusieurs années. Sans aller plus loin dans l’histoire, on peut citer 1968, avec le massacre d’étudiants de Tlatelolco, perpétré par le gouvernement de Gustavo Diaz Ordaz.

Participèrent à ce crime beaucoup de ceux qui aujourd’hui continuent toujours d’être des personnages de la vie politique au Mexique, en particulier ceux qui sont les plus soumis aux intérêts nord-américains, de même que certains membres de l’appareil bureaucratique du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel), considéré comme étant un appareil fondamentalement répresseur tout au long de son histoire.

Depuis 1968, les agressions contre les jeunes étudiants et universitaires au Mexique n’ont pas cessé. Et nous n’avons pas de source claire d’information, ni officielle ni d’un autre type, à propos du mode d’agression et de répression contre les jeunes. Nous pourrions passer en revue les différents mouvements d’expression qui ont été harcelés et attaqués par le gouvernement mexicain, en y incluant évidemment ceux des jeunes indigènes et paysans qui, au Mexique, ont représenté l’apparition d’un mouvement politique longtemps négligé. Ainsi, en 1994 cette action s’est rendue visible avec l’apparition de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN en espagnol) dans le Sud-Est du Mexique. Il s’agit d’un mouvement composé principalement par des jeunes, qui prennent les drapeaux de Emiliano Zapata, les actualisent à leur manière, et proposent, dans le Mexique actuel, la perspective d’un mouvement social révolutionnaire, comme le sont les mouvements indigènes et paysans, dans un pays qui a signé le Traité de Libre-Echange avec les Etats-Unis et le Canada.

Ayotzinapa est la preuve palpable de l’attaque systématique de l’Etat contre les jeunes. C’est pour cela qu’il y a eu une telle réaction, entraînant un tel chaos, dans un Etat non seulement incapable de garantir la sécurité et la tranquillité de la population mais aussi garantissant l’impunité des criminels et la confusion totale. Actuellement, le gouvernement va tout faire pour composer avec la douleur du peuple mexicain, grâce à un processus électoral. Bien entendu, les 43 -que nous voulons vivants- perturbent beaucoup le projet d’un parti politique comme celui du PRI.

Concrètement, avec la disparition des 43 étudiants de Ayotzinapa, comment s’articule le traitement médiatique de cette affaire avec le récit de l’Etat mexicain ?

Fernando Buen Abad : Ceux qu’on appelle « les médias » -que moi je mets toujours entre guillemets-, devraient s’appeler des armes de guerre idéologique. Le rôle joué par ces outils au Mexique, en particulier ceux des monopoles comme Televisa ou Teleazteca, consiste à être les armes d’une guerre idéologique dont l’objectif fondamental est d’effrayer systématiquement le peuple, avec des menaces de tous types et en créant un climat oppressant de violence, d’instabilité, d’apocalypse. A travers ces « médias » et ces armes, le paysage sanguinaire provoqué par le crime organisé devient une espèce de culture ou de destin fatal en imposant l’idée qu’au Mexique le climat apocalyptique est d’une telle intensité qu’il n’y a plus rien à faire, qu’on ne peut rien changer. Quoi de mieux au lieu d’être résigné et soumis face à cette réalité que de lutter face cette réalité ?

En plus de cela, les armes de la guerre idéologique pointent systématiquement la criminalisation de tout leader critique qui fait face à l’establishment au Mexique. Ils privent les leaders de leur prestige, les accusent de tout et n’importe quoi en toute impunité, s’escriment à créer de fausses preuves et pratiquent un espionnage illégal. Enfin, ce sont des armes qui opèrent avec une absolue impunité dans la scène des imaginaires collectifs pour influencer les gens à l’aide de mensonges, de tromperies et de falsifications. Ces armes de guerre idéologique sont absolument complaisantes avec la corruption du gouvernement mexicain…Elles ne sont rien d’autre que leur âme. La droite en Amérique Latine est allée se réfugier dans les médias. Ses faiblesses et son incompétence lui ont fait perdre du terrain et, par conséquent, elle croit qu’elle peut réparer ses erreurs en se réfugiant dans les appareils médiatiques, dans les grands monopoles.

Le cas mexicain en est l’expression la plus évidente car c’est le monopole de la télévision qui a mis le président du Mexique sur le devant de la scène après l’avoir soutenu durant de nombreuses années. Pena Nieto est une fabrication de l’ingénierie médiatique de Televisa qui l’a « mis au monde » pour recevoir les bénéfices, archiconnus aujourd’hui au Mexique, par la voie de la corruption, des cadeaux, du trafic d’influence. Une corruption qui est la marque de ce gouvernement

Tout ceci obéit à ce que j’appelle le « Plan Condor » médiatique en Amérique Latine, dans lequel apparaissent des alliés comme le groupe Prisa en Espagne, CNN à Miami, la chaîne Foxnews, Televisa au Mexique, le groupe Clarin en Argentine, Globo au Brésil, El Mercurio au Chili… Toutes les chaînes médiatiques exercent un monopole sur le continent et contrôlent une alliance pour produire un discours chaque fois un peu plus omniprésent et en même temps plus synchronisé. C’est-à-dire que, en même temps et sur tout le continent, se produit le même modèle d’agression médiatique de façon simultanée. C’est ainsi qu’une même calomnie se propage partout.

Au Mexique donc, une figure comme Pena Nieto a réussi à prendre le pouvoir. Un homme qui a été fabriqué directement par la télévision pour arriver à ses fins. Une opération de guerre idéologique est donc en marche à travers les médias et, comme le dit Michel Collon, son comportement de domination et d’invasion peut être comparé à celui d’un bélier.

Des voix comme la votre pointent, depuis quelques temps, la nécessité de faire face à cette stratégie de guerre médiatique en mettant en avant le soutien des médias à ces agressions. Fort de votre expérience dans le domaine de l’enseignement et de l’étude du langage et de la communication, comment pensez-vous qu’il faille développer et renforcer la stratégie de communication des mouvements sociaux ?

Fernando Buen Abad : Le seul diagnostic du comportement du capitalisme, armé de ces outils de guerre idéologique, n’est pas suffisant. Cela nous avance pas de savoir comment ils vont nous tuer ou comment ils sont en train de nous agresser. Effectivement, nous savons par exemple que Ollanta Humala au Pérou que 3.200 soldats états-uniens armés arriveront au Pérou en septembre pour appuyer la lutte contre le narcotrafic. En Amérique Latine, nous savons déjà que cela va créer un nouveau foyer de violence dans la région pour transformer cette zone de la planète en quelque chose de semblable à ce qui se passe en Irak ou en Syrie. Nous savons que, pour en arriver là, ils ont dû créer un écran de fumée et un discours médiatique. Un travail qu’ils ont déjà commencé au Pérou depuis quelques années et qui justifie maintenant l’arrivée de ces soldats sur le territoire péruvien.

Très bien. Maintenant que faisons-nous pendant tout ce temps ? Que faisons-nous quand nous sommes victimes d’un problème d’isolement communicationnel entre les médias alternatifs et les mouvements sociaux ?

Que faisons-nous lorsqu’il y a une grande force mondiale communicationnelle mais qu’elle se trouve éparpillée ? Que faisons-nous quand il y a urgence ?

Comme le dit le grand poète Jorge Falcone en Argentine : « il y a une veillée des caméras ». Un réveil de l’intérêt photographique, audiovisuel, cinématographique, de documentaire, qui témoigne de choses que nous n’avions jamais vues auparavantant, dans les luttes des peuples de toute la planète.

Et cependant, cette grande quantité de nouvelles forces communicationnelles, alternatives, révolutionnaires et indépendantes n’arrivent ni à l’unité ni à la cohésion.

Il y a une urgence à constituer des ponts, des réseaux, des espaces de rencontres pour pouvoir articuler des mouvements entiers. En Amérique Latine, j’ai la certitude que ceux qui sont en train de travailler dans le domaine critique, dans le domaine révolutionnaire de la communication sont beaucoup plus nombreux que ceux qui travaillent dans les structures oligarchiques. Et pourtant, ils nous vainquent à cause de notre propre incapacité à nous unir. Ceci doit être résolu par une profonde autocritique.

Mais la phase la plus compliquée, la plus alarmante, à avoir spécifiquement avec le champ sémantique, est de développer notre propre agenda, avec des raisons, des arguments, un tas de thèmes à discuter et de développer des raisonnements critiques de tous types. Mais nous n’avons pas encore réussi à construire un agenda politique ou géopolitique qui pose les grands thèmes de nos luttes comme axes primordiaux. A cause de notre retard pour résoudre ce problème, on nous a vaincus systématiquement. « Dans le retard se trouve le danger ».

S’ils gagnent du terrain, et en particulier sur le terrain sémantique, ils termineront un jour par nous assassiner avec nos propres drapeaux, comme cela s’est passé plusieurs fois dans l’histoire. Par exemple, des mots comme « austérité » ? Que voulons-nous d’autre sinon une vraie retenue du gaspillage, du cynisme bourgeois qui gaspille tant d’argent de manière infernale. Quelle austérité supplémentaire demanderions-nous que de distribuer la richesse d’une meilleure manière ?

Ainsi, ils utilisent le mot précisément pour nous soumettre ! Et nous imposer l’austérité qu’ils veulent pour nous, non pour eux ! Nous avons besoin d’espace de discussion pour ne pas répéter le discours du patron sans nous en rendre compte. Chez certains peuples d’Afrique, parler de démocratie signifie parler des pires choses qui se sont passées. Les États-Unis affirment être le grand paradigme de la démocratie et c’est précisément l’endroit où on pratique le moins la démocratie.

La bataille sémantique est un défi face auquel nous avons beaucoup de retard. De plus, nous devons faire une autocritique et nous demander systématiquement si notre récit est à la hauteur de l’histoire que nous sommes en train de vivre. Si nous avons vraiment les mots, la fraîcheur, la créativité qu’a su avoir par exemple l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN en espagnol) à ses débuts. L’EZLN a su trouver les mots, mais aussi la poésie, qui lui a permis de toucher les cœurs et les pensées pour créer une mobilisation et une unité. Cet aspect est crucial. Notre capacité de communication révolutionnaire, alternative, populaire et de base doit construire sa propre poésie pour toucher simultanément les pensées et les cœurs afin d’arriver à action organisée.

Pour finir, qu’est ce qui ressort selon-vous de la tentative de coup d’État qui a eu lieu au mois de février au Venezuela ?

Avant tout, je veux exprimer ma solidarité avec le Venezuela. Nous voyons ici l’exemple type de toutes les agressions médiatique, économique et politique possibles. Le président Maduro a lancé un appel contre la guerre économique et la guerre médiatique. Le Venezuela est le parfait exemple du territoire qui dispose de toutes les possibilités, notamment celle de discuter de manière critique avec les outils de communication et où, malgré cela, l’unité n’est pas atteinte.

J’insiste pour dire qu’aujourd’hui plus que jamais, il manque un sommet des Présidents en matière de communication, comme cela a lieu avec le sommet de l’UNASUR ou de l’ALBA, Un sommet serait nécessaire pour discuter de ce que nous allons faire face à l’agression médiatique et comment nous impulsons la grande révolution de la communication qu’il nous manque. En solidarité avec les principes de la révolution et avec le Président Maduro, mais aussi devant la perspective que nous sommes en train d’observer dans la région.

Comme je le disais, Ollanta Humala vient d’annoncer qu’il acceptera des militaires états-uniens au Pérou et, dans le même temps, au Mexique, Enrique Pena Nieto présente une initiative de la Chambre de Sénateurs, pour accepter que des agents extérieurs transitent armés via le territoire mexicain. Une permissivité légalisée de violation de la souveraineté des peuples est en train de se configurer, avec un message clair : Pérou, Colombie, Mexique, nous sommes les pays de l’alliance du Pacifique.

Et cette alliance n’est autre qu’une avant-garde du projet de l’ALCA qu’ils veulent ressusciter pour imposer un Traité de Libre Échange avec toute l’Amérique Latine. Pour autant, il y a une alerte claire qui montre où va cette alliance : à travers l’agression médiatique mais aussi avec la présence de forces militaires armées nord-américaines en Amérique Latine. Je crois que c’est un moment fondamental pour freiner ces tentatives en créant un consensus international de dénonciation et de rejet face à ces initiatives. Mais également en renforçant la solidarité, spécialement avec le Venezuela qui est l’avant-garde politique de l’Amérique Latine.

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La libération de la parole et des passages à l’acte islamophobe depuis les attentats de janvier 2015 révèlent l’ampleur du « racisme respectable » au sein de la gauche française. Cela nous conduit à republier un de nos textes, publié pour la première fois en avril 2012 dans la revue Que faire.

Prise de position en faveur d’une loi sur le foulard à l’école en 2004, soutien plus ou moins assumé et plus ou moins net aux interventions impérialistes en Afghanistan, en Irak, en Lybie, thématique de l’intégration pour penser les questions liées à l’immigration, approche dogmatique de la laïcité découplée des enjeux sociaux, etc.

Ces quelques exemples contemporains de positions d’organisations et de partis se réclamant de la « gauche » et même de « l’extrême gauche », font écho à d’autres plus lointains : absence ou dénonciation ambiguë de la colonisation, absence ou ambigüité du soutien aux luttes de libérations nationales dans la décennie 50, silence assourdissant pendant des décennies sur les massacres coloniaux de la conquête au 17 octobre 1961 en passant par les crimes de Madagascar (1947), du Cameroun (1955-1960), etc. Les constantes sont telles entre hier et aujourd’hui, qu’il nous semble nécessaire d’en rechercher les causes idéologiques et matérielles. Il existe des héritages encombrants qu’il convient de rendre visible, faute de quoi les reproductions des mêmes pièges idéologiques se déploient et aboutissent aux mêmes cécités et aux mêmes impasses politiques.

Une hégémonie culturelle assise depuis le 19e siècle

L’hégémonie culturelle est un concept proposé par Antonio Gramsci pour décrire la domination culturelle des classes dominantes. Le concept s’inscrit dans l’analyse des causes du non développement des révolutions annoncées par Marx pour les pays industrialisés d’Europe en dépit de la vérification des conclusions économiques de Marx (crise cycliques, paupérisation de la classe ouvrière, etc.). L’hypothèse de Gramsci est que cet « échec » des révolutions ouvrières est explicable par l’emprise de la culture de la classe dominante sur la classe ouvrière et ses organisations. La classe dominante domine certes par la force mais aussi par un consentement des dominés culturellement produit. L’hégémonie culturelle de la classe dominante agit par le biais de l’État et de ses outils culturels hégémoniques (écoles, médias, etc.) pour produire une adoption par la classe dominée des intérêts de la classe dominante. L’hégémonie culturelle décrit donc l’ensemble des processus de production du consensus en faveur des classes dominantes.

La radicalité des luttes de classes dans l’histoire française (Révolution antiféodale radicale en 1789-1793, Insurrection de juillet 1830, Révolution de février 1848, et enfin et surtout la Commune de Paris) a amené la classe dominante à comprendre très tôt que son pouvoir ne pouvait pas être assuré uniquement par la force des armes et de la répression (ce que Gramsci appelle la domination directe). Le processus de construction d’un « roman national » fut mis en œuvre afin d’assurer l’hégémonie culturelle de la classe dominante (domination indirecte). Les ingrédients de ce roman national sont essentiellement la diffusion de « légendes nationales » : pensée des Lumières, Révolution française et Déclaration des droits de l’homme, école républicaine et laïcité, etc. À la différence du mythe, la légende s’appuie sur quelques faits historiques identifiables qui sont absolutisés. La mise en légende se réalise par occultation des contradictions et enjeux sociaux, négation de l’histoire et transformation de résultats historiques (avec leurs contradictions, leurs limites, etc.) en caractéristiques permanentes et spécifiques de la « francité », du « génie français », de la « spécificité française », du « modèle français », etc.

L’objectif de l’hégémonie culturelle étant de produire du consensus en faveur des classes dominantes, c’est bien entendu à l’intention des classes dominées et de leurs organisations que sont produites et diffusées les légendes nationales (modèle français de laïcité, modèle français d’intégration, pensée des Lumières comme caractéristique typiquement « française », abrogation de l’esclavage comme volonté de l’état français et non comme résultat de la lutte des esclaves, colonisation française posée comme différente des autres dans ses aspects « humanitaires » et « civilisateurs », etc.). La question n’est donc pas celle du jugement des faits, des hommes et des opinions de la pensée des lumières ou de la Révolution française par exemple. Ces événements et ses pensées sont inscrits dans l’histoire et les hommes de ces périodes ne pouvaient penser le monde qu’avec les données de leurs époques. En revanche le maintien d’une approche non critique, non historicisée, essentialisée, etc. de ces processus historiques est à interroger dans ses causes et dans ses effets désastreux contemporains. Sans cette approche critique, les légendes de la classe dominante s’inscrivent comme données d’évidence dans les lectures de la réalité contemporaine, deviennent des représentations sociales qui déforment la réalité, produisent des logiques de pensées qui empêchent de saisir les enjeux sociaux et les contradictions sociales. Sans être exhaustif abordons deux des légendes de l’hégémonie culturelle construite au 19ème siècle et qui ont fortement imprégnées les organisations de « gauche ».

L’absolutisation de la pensée des Lumières et de la Révolution française

Les Lumières désignent un courant d’idées philosophiques en Europe qui a connu son apogée au dix-huitième siècle. Ce courant se caractérise par un appel à la rationalité et le combat contre l’obscurantisme. En libérant l’homme de l’ignorance et de la superstition, il s’agit de le faire penser par lui-même et ainsi de le faire devenir adulte. Ces dimensions communes aux différents philosophes des Lumières n’empêchent pas son hétérogénéité. La philosophie des Lumières est parcourue de « courants » correspondant aux intérêts sociaux divers de l’époque. L’absolutisation de la pensée des Lumières commencent ainsi par l’homogénéisation d’une pensée contradictoire. Mais la philosophie des Lumières est également bornée historiquement.

Elle se déploie, non pas comme logique pure, mais comme logique de pensée inscrite dans une époque précise. C’est d’ailleurs la première critique qui lui est faite par Marx et Engels qui veillent à la mettre en correspondance avec les intérêts sociaux qui la suscitent et la portent : « Les philosophes français duXVIIIe siècle, eux qui préparaient la Révolution, en appelaient à la raison comme juge unique de tout ce qui existait. On devait instituer un État raisonnable, une société raisonnable ; tout ce qui contredisait la raison éternelle devait être éliminé sans pitié. Nous avons vu également que cette raison éternelle n’était en réalité rien d’autre que l’entendement idéalisé du citoyen de la classe moyenne, dont son évolution faisait justement alors un bourgeois. Or, lorsque la Révolution française eut réalisé cette société de raison et cet État de raison, les nouvelles institutions, si rationnelles qu’elles fussent par rapport aux conditions antérieures, n’apparurent pas du tout comme absolument raisonnables. L’État de raison avait fait complète faillite » [1]. Les droits de l’Homme pour leur part sont caractérisés comme les droits d’un homme abstrait, d’un homme bourgeois, d’un homme égoïste : « L’homme réel n’est reconnu que sous l’aspect de l’individu égoïste et l’homme vrai que sous l’aspect du citoyen abstrait » [2].

Depuis cette première critique de l’universalisme des Lumières, d’autres sont venues la compléter : la critique féministe a souligné « les présupposés androcentriques, racistes, économiques et anthropologiques de la philosophie européenne du siècle des Lumières » [3] ; le caractère ethnocentrique de la pensée des Lumières a également été dénoncé en soulignant que « là où nous lisons « homme », « humanité », « citoyenneté », c’est de l’humanité blanche et européenne que nous parlent les Lumières. Certes, dans les Lumières pourtant les premières lueurs de nos valeurs. À condition d’ignorer la traite, la négritude, l’esclavage » [4]. L’universalisme des lumières apparaît ainsi très peu universel que ce soit à l’interne (universalisme masculin du droit de vote jusqu’à l’après seconde guerre mondiale, universalisme excluant les ouvriers du droit de vote jusqu’en 1848) et à l’externe (code noir, code de l’indigénat, etc.).

Au travers de l’absolutisation de la pensée des Lumières et de la Révolution française, la classe dominante vise à présenter l’histoire française comme n’étant pas le résultat des affrontements sociaux mais comme résultat du déploiement d’un « génie » et/ou d’une « spécificité » française transversal aux différentes classes sociales. Il y aurait ainsi des caractéristiques proprement françaises qui situeraient cette nation au dessus des autres, en avance sur les autres, en avant-garde de l’émancipation et de la civilisation. Bref il s’agit de produire un complexe chauvin pour canaliser les luttes sociales à un moment où se déployait la colonisation violente du monde. L’offensive idéologique visant à ancrer l’idée d’une exceptionnalité/supériorité française est tout azimut et a malheureusement en grande partie réussie. Voici comment par exemple Karl Marx raille la prétention de la « gauche française » à l’exceptionnalité linguistique et républicaine :

« Les représentants (non ouvriers) de la « Jeune France » soutenaient que toutes les nationalités et les nations étaient des « préjugés surannés ». Stirnérianisme proudhonisé : on répartit tout en petits « groupes » ou « communes » qui forment ensuite une « association » et non pas un état. Et tandis que se produit cette individualisation de l’humanité et que se développe le « mutualisme » adéquat, l’histoire des autres pays doit suspendre son cours et le monde entier attendra que les Français soient mûrs pour faire une révolution sociale. Alors ils effectueront sous nos yeux cette expérience, et le reste du monde, subjugué par la force de l’exemple, fera de même. (…) Les Anglais ont bien ri quand j’ai commencé mon discours en disant que notre ami Lafargue et ceux qui avec lui supprimaient les nationalités, s’adressaient à nous en français, c’est-à-dire une langue que les 9/10e de l’assistance ne comprenaient pas. Ensuite, j’ai signalé que Lafargue, sans s’en rendre compte, entendait apparemment par négation des nationalités leur absorption par la nation française modèle » [5].

L’universalisme des Lumières apparaît ainsi très peu universel que ce soit à l’interne : universalisme masculin du droit de vote, etc. [ou] à l’externe : le code noir, le code de l’indigénat, etc.

La construction du consensus colonialiste

L’offensive idéologique de la classe dominante a créé l’espace mental qui a permis la colonisation. L’image des autres cultures et civilisations diffusée par la pensée des Lumières et amplifiée par la Troisième République, de même que l’idée d’être l’avant-garde de l’humanité ont préparé les esprits à la conquête : « il existe un espace mental qui, d’une certaine façon, préexiste à l’instauration de l’ordre colonial, espace essentiellement composé de schèmes de pensées à travers lesquels est reconstruite la coupure entre les occidentaux et les Autres – les schèmes Pur/Impur, Bien/Mal, Savoir/Ignorance, Don d’Amour/Besoin d’Amour. La perception de l’Autre comme un être dans l’enfance de l’humanité, confiné aux ténèbres de l’ignorance comme l’incapacité à contenir ses pulsions informe la pensée coloniale et la connaissance anthropologique » [6].

De fait l’opposition aux guerres de conquêtes coloniales fut à la fois faible et tardive. Les quelques voix anticoloniales comme celles de Georges Clémenceau et de Camille Pelletan restent isolées et marginales. L’imprégnation coloniale est profonde comme en témoigne le rapport adopté à l’unanimité au congrès interfédéral d’Afrique du Nord du parti communiste en septembre 1922 : « L’émancipation des indigènes d’Algérie ne pourra être que la conséquence de la révolution en France (…). La propagande communiste directe auprès des indigènes algériens est actuellement inutile et dangereuse. Elle est inutile parce que les indigènes n’ont pas atteint encore un niveau intellectuel et moral qui leur permette d’accéder aux conceptions communistes. (…). Elle est dangereuse (…) parce qu’elle provoquerait la démission de nos groupements » [7].

Certes ces positions furent condamnées par la direction du PCF et peu après les militants communistes donnaient un exemple d’internationalisme dans l’opposition à la guerre du Rif en 1925, mais leur simple existence témoigne de l’imprégnation de l’imaginaire colonial jusque dans la gauche la plus radicale de l’époque. Le reste est connu : abandon du mot d’ordre d’indépendance nationale à partir du Front populaire, promotion de l’Union française après 1945, vote des pouvoirs spéciaux en 1956. En dépit de ces positions, le PCF a été le seul à avoir eu des périodes anticolonialistes conséquentes. La S.F.I.O. pour sa part est ouvertement colonialiste : « à l’exception de quelques individualités « anticolonialistes », la majorité du parti socialiste s’est ralliée à l’idée d’une colonisation « humaine, juste et fraternelle » et refuse de soutenir les nationalismes coloniaux qui attisent la haine des peuples, favorisent les féodaux ou la bourgeoisie indigène » [8].

Des héritages encombrants toujours agissants

Au cœur de la pensée des Lumières puis du discours colonial se trouve une approche culturaliste clivant le monde en civilisations hiérarchisées, expliquant l’histoire et ses conflits en éliminant les facteurs économiques et justifiant les interventions militaires « pour le bien » des peuples ainsi agressés. Il s’agit ainsi d’émanciper l’autre malgré lui et si nécessaire par la violence. C’est ce que nous avons appelés dans d’autres écrits le « racisme respectable » c’est-à-dire un racisme ne se justifiant pas « contre » le racisé mais s’argumentant de grandes valeurs censées l’émanciper.

Force est de constater que cette logique de raisonnement est loin d’avoir disparu dans la « gauche » française. Elle a même été étendue en dehors des questions internationales puisqu’elle agit également en direction des questions liées aux français issus de la colonisation. Donnons quelques exemples. Le premier est celui de la logique intégrationniste encore présente fortement à « gauche ». Cette logique relève entièrement du culturalisme binaire portée par la pensée des lumières. Les difficultés subies par les citoyens issues de la colonisation, qu’ils soient français ou étrangers, ne sont pas expliquées dans l’intégrationnisme par les inégalités qu’ils subissent ou leurs conditions matérielles d’existence. Ce sont au contraire des facteurs culturels qui sont mis en avant : obstacles culturels à l’intégration, intégration insuffisante, islam comme contradictoire avec la république et la laïcité, inadaptation culturelle, etc.

Il s’agit ainsi d’émanciper l’autre malgré lui et si nécessaire par la violence. C’est le « racisme respectable », ne se justifiant pas « contre » le racisé mais s’argumentant de grandes valeurs censées l’émanciper

Dès lors les objectifs de l’action ne sont pas l’éradication des inégalités mais la transformation des personnes c’est-à-dire qu’il s’agit de les civiliser en les assimilant. Ce n’est pas un hasard si le terme d’intégration est vomi dans les quartiers populaires et perçu comme une agression. C’est ce qu’Abelmalek Sayad appelle le « chauvinisme de l’universel » comme l’a été celui des Lumières : « [Les enfants de parents immigrés seraient] alors, selon une représentation commode, sans passé, sans mémoire, sans histoire (…), et par la même vierge de tout, facilement modelables, acquis d’avance à toutes les entreprises assimilationnistes, même les plus éculées, les plus archaïques, les plus rétrogrades ou, dans le meilleur des cas, les mieux intentionnées, mues par une espèce de « chauvinisme de l’universel » » [9].

Si la droite est globalement dans ce que Sayad nomme les entreprises « éculée », la « gauche » est encore fortement dans de qu’il nomme le « chauvinisme de l’universel ». Ces deux approches recoupent celles entre « colonisation violente » et « colonisation humanitaire » de l’époque coloniale. Elles sont basées sur une coupure binaire entre deux entités homogénéisées (un « Nous » homogène face à un « Eux » homogène) qui est une autre des caractéristiques de l’ethnocentrisme des Lumières puis du discours colonial et qui ne cesse de s’entendre aujourd’hui dans les discours sur le communautarisme ou le « repli communautaire ». Écoutons encore Sayad sur le processus d’homogénéisation : « Au fond ne s’autorise-t-on pas du préjugé identifiant les uns aux autres tous les immigrés d’une même nationalité, d’une même ethnie, ou d’un groupe de nationalité (les Maghrébines, les Africains noirs, etc.), pour faire passer dans la réalité et pour mettre en œuvre dans la pratique, en toute légitimité et en toute liberté, l’illusion communautaire ? Ainsi la perception naïve et très ethnocentrique qu’on a des immigrés comme étant tous semblables, se trouve au principe de cette communauté illusoire » [10]. Sayad parle ici des immigrés mais la logique est en œuvre pour les français issus de la colonisation. De même l’homogénéisation s’est étendue aux « musulmans ».

Lorsque les membres du « Eux » ne perçoivent pas leurs intérêts, il convient de les émanciper malgré eux. Cette logique a justifié autant les guerres coloniales hier, les agressions impérialistes contemporaines comme celle d’Afghanistan par exemple au plan externe et la loi d’interdiction du foulard à l’école en 2004 au plan interne. Hier comme aujourd’hui elle est présente, bien sur à droite, mais également à « gauche ». C’est pour émanciper qu’il fallait coloniser, c’est pour libérer les femmes afghane qu’il fallait intervenir militairement en Afghanistan, c’est la libération de la femme qu’il fallait pour instaurer une police des habits. L’héritage est pesant et agissant. Il forme un obstacle épistémologique à la compréhension des enjeux économiques et politiques du monde contemporain et des luttes sociales qui le caractérise.

Les difficultés subies par les citoyens issues de la colonisation ne sont pas expliquées dans l’intégrationnisme par les inégalités qu’ils subissent. ce sont au contraire des facteurs culturels qui sont mis en avant

Prenons un dernier exemple dans les révolutions qui ont secoué la Tunisie et l’Égypte. Elles ont massivement été saluées comme signe positif par l’ensemble de la gauche. Il restait à les caractériser et de manière significative ont fleurit des expressions les comparant à 1789 : « le 1789 du monde arabe ». De nouveau l’étalon reste la France comme le raillait déjà Marx il y a plus d’un siècle. L’historien Pierre Serna commente : « Non la Tunisie n’est pas en 1789 ! Par pitié que l’on cesse d’instrumentaliser l’Histoire en mesurant l’histoire du monde à l’aune de l’histoire de France. La posture consciente ou non de Jean Tulard, dans Le Monde du 18 janvier, qui consiste à considérer les Tunisiens en face de leur 1789, relève d’une lecture post-colonialiste insultante au pire, condescendante au mieux. Les tunisiens auraient 220 ans de retard sur l’histoire de France et découvriraient enfin les vertus de la liberté conquise. Eh bien non ! La liberté n’est acquise pour nul peuple, et à leur façon les français doivent lutter pied à pied pour leurs anciennes conquêtes en ces temps de recul systématique du pacte républicain. C’est nous qui devons apprendre des Tunisiens et non le contraire. Nous sommes restés dans un 1789 mental, mythifié et figé. Les Tunisiens eux sont bien en 2011 » [11].

L’insulte ou la condescendance, le paternalisme, le maternalisme ou le fraternalisme d’une part et la condamnation indignée d’autre part, la diabolisation ou l’infantilisation, etc. sont des attitudes politiques extrêmement fréquentes à « gauche » et même à « l’extrême-gauche » dans les analyses sur les quartiers populaires et leurs habitants. Elles ont été présentes au moment des débats sur la loi d’interdiction du foulard à l’école, lors des révoltes des quartiers populaires en novembre 2005, au cours des multiples débats sur la revendication d’une régularisation de tous les sans-papiers, etc. Elles sont présentes également dans les commentaires des résultats électoraux en Tunisie et en Égypte comme elles l’étaient au moment des agressions contre l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye.

Dans notre approche matérialiste, les penseurs des Lumières sont le résultat de leur époque, de son état des savoirs et de ses limites historiques. Le regard non critique et dogmatique sur la pensée des Lumières est depuis bien longtemps une arme des classes dominantes et un héritage encombrant pour les dominés.

Saïd Bouamana

Notes

[1] Friedrich Engels, Socialisme utopique et Socialisme scientifique, Éditions sociales, Paris, 1950, p. 35.

[2] Abdelmalek Sayad, « Le mode de génération des générations immigrées », Migrants-formation, n° 98, septembre 1994, p. 14.

[3] Jennifer Chan-Tiberghien, « La participation féministe au mouvement altermondialiste : Une critique de l’Organisation Mondiale du Commerce », Recherches Féministes, volume 17, n° 2, 2004, p. 199.

[4] Louis Sala-Molins, « Le Code Noir, Les Lumières et Nous », dans Valérie Lange-Eyre (dir), Mémoire et droits humains : Enjeux et perspectives pour les peuples d’Afrique, Éditions d’En Bas, Lausanne, 2009, p. 38.

[5] Karl Marx, « Lettre à Friedrich Engels du 20 juin 1866 », Correspondances, tome VIII, Éditions sociales, Paris, 1981.

[6] Eric Savarèse, L’ordre colonial et sa légitimation en France métropolitaine : oublier l’autre, L’Harmattan, Paris, 1998, p. 134.

[7] Cité dans René Galissot, « Sur les débuts du communisme en Algérie et en Tunisie : socialisme colonial et rupture révolutionnaire », dans Collectif, Mélanges d’histoire sociale offerts à Jean Maitron, Éditions ouvrières, Paris, 1976, p. 101.

[8] Philippe Dewitte, Les mouvements nègres en France, 1919-1939, L’Harmattan, Paris, 1985, p. 62.

[9] Abdelmalek Sayad, « Le mode de génération des générations immigrées », Migrants-formation, n° 98, septembre 1994, p.14.

[10] Abdelmalek Sayad, « Le foyer des sans-familles », dans L’immigration et les paradoxes de l’altérité, De Boeck Université, Paris-Bruxelles, 1991, pp. 91-92

[11] Pierre Serna, Les tunisiens ne sont pas en 1789 ! ou impossible n’est pas tunisien, Institut d’histoire de la révolution française, Université Panthéon-Sorbonne.

 

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L’écrivain russe donne un témoignage exclusif sur la guerre dans le Donbass au cours du Salon du livre russe le 30 janvier 2015 : interview réalisé par Frédéric Saillot et Dimitri de Kochko pour Eurasie Express.

 

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M. Antaki aurait pu quitter sa ville d’ Alep pour se mettre à l’abri. Il a au contraire décidé de rester pour se mettre au service des plus démunis dans le cadre notamment de l’organisation caritative des « Maristes Bleus ». Et pour témoigner de la gravité de la situation causée par le soutien apporté par l’Occident aux groupes armés venus de l’extérieur qui, depuis 4 ans, détruisent son pays et terrifient la population.

 

 

Nabil Antaki, médecin syrien, directeur d’un hôpital à Alep.

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Le ministère américain de la Justice a publié le 4 mars un rapport dans lequel se trouvent documentées les brutalités et les violences systématiques et délibérées de la police à Ferguson (Missouri) et sa criminalité pure et simple. Des agissements qui violent les droits constitutionnels, protégés par la loi, de la population de cette ville.

Ce rapport constate que la police de Ferguson, le service responsable de la mort d’un adolescent non armé, Michael Brown, en août dernier, avait recours aux « interpellations sans suspicion raisonnable et aux arrestations sans cause probable, en violation du quatrième amendement de la constitution; aux atteintes à la liberté d’expression, ainsi qu’aux représailles contre l’expression protégée, en violation du premier amendement; et une force excessive en violation du quatrième amendement. »

Il documente de nombreux exemples d’abus flagrants de la part de la police. Il note que dans un incident, des policiers ont incité un chien à attaquer un garçon de quatorze ans, puis « l’ont frappé alors qu’il était au sol, l’un [des policiers] appuyant son brodequin sur le côté de sa tête. » Les policiers ont « ri de l’incident par la suite. »

Le rapport a également constaté que la ville avait ce que l’un des juges a assimilé à une « prison pour dettes, » qu’elle délivrait un grand nombre de mandats d’arrêt, jetait les pauvres en prison pour les forcer à payer leurs contraventions. Il note que, pour les habitants pauvres et à faible revenu de la ville, « Les infractions mineures peuvent engendrer des dettes écrasantes, entrainer une peine de prison en raison d’une incapacité à payer et résulter dans la perte du permis de conduire, de l’emploi ou du domicile. »

Les conditions décrites sont un réquisitoire dévastateur à l’égard du système économique et politique américain. Les actions de la police en Amérique s’apparentent bien plus à ce qu’on s’attendrait à trouver dans une dictature économiquement arriérée plutôt que dans une grande puissance industrielle, qui de plus est déclare être un modèle de gouvernance démocratique pour le monde entier.

Obama a répondu au rapport sur Ferguson, deux jours après sa publication, dans un mélange typique de cynisme et de tromperie. Caractérisant les pratiques de la police à Ferguson comme « oppressives et abusives, » Obama a déclaré qu’« il s’avérait » que ce que les manifestants contre les violences policières dans la ville disaient « n’était pas de la pure invention. » Il a ajouté cependant que les abus révélés n’étaient « pas typiques. »

« L’écrasante majorité de ceux qui sont responsables de faire appliquer la loi ont un travail très dur, dangereux et ils le font bien, » a dit M. Obama en Caroline du Sud. « Ils le font équitablement, et ils le font héroïquement. »

Nonobstant les hymnes d’Obama à la police « héroïque » de l’Amérique, les pratiques détaillées dans le rapport sur Ferguson ne sont pas des aberrations. En effet, le ministère de la Justice conclut lui-même à une inconduite similaire dans des rapports sur la police d’Albuquerque et de Cleveland l’année dernière.

Il y a eu près de deux mille meurtres aux mains de la police aux États-Unis au cours des deux dernières années seulement. Partout dans le pays, les gens dans les communautés pauvres et ouvrières vivent dans la peur de la police qui, jouissant de l’immunité judiciaire, harcèle et brutalise la population au service de l’élite dirigeante.

Les commentaires d’Obama faisaient suite à des remarques faites par le procureur général Eric Holder lorsqu’il a annoncé le rapport sur Ferguson. Holder a déclaré que les résultats du rapport montraient que les préoccupations des manifestants n’étaient « que trop réelles. » Selon son expression, « certains de ces manifestants avaient raison. »

Un journaliste sérieux, s’il en existait un dans le corps de presse de la Maison Blanche, aurait demandé à Holder: « Si les manifestants avaient en fait raison, pourquoi alors êtes-vous allé à Ferguson au plus fort de la répression policière contre des gens qui manifestaient pacifiquement contre le meurtre de Brown et avez-vous organisé une séance photo où vous donniez l’accolade à Ron Johnson, celui qui coordonnait la répression contre ces manifestants pacifiques? »

C’était, après tout le même gouvernement que celui qui avait collaboré avec Jay Nixon le gouverneur du Missouri lorsque la Garde nationale fut mobilisée contre les manifestants et envoya plus d’une centaine d’agents du FBI pour espionner ceux qui avaient participé aux manifestations.

La Maison Blanche a combiné l’admission, sans grande signification, que les manifestants « avaient raison » avec une défense à tout crin de la décision de ne pas porter d’accusation contre Darren Wilson pour avoir abattu Brown devant tout le monde. Obama a insisté le 6 mars pour défendre explicitement la décision du ministère de la Justice de ne pas inculper Wilson – une décision qui avait suivi un simulacre de procès devant un Grand Jury l’année dernière – comme si les actes du policier assassin ne s’intégraient pas parfaitement aux conditions scandaleuses décrites dans le rapport sur Ferguson publié le même jour.

La criminalité de la police aux États-Unis est une partie intégrante du fonctionnement de l’État dans son ensemble, et de l’aristocratie économique et financière qui dirige le pays. Quant à la réponse de l’administration Obama, elle suit un scénario bien établi. Chaque fois que la criminalité de l’Etat américain fait surface et qu’elle est exposé aux yeux du public, Obama admet les crimes tout en faisant en sorte que les personnes responsables restent impunies et en faisant comme si la Maison Blanche n’avait elle-même aucune responsabilité en la matière.

En mai 2013, Obama prononcait un discours dans lequel il déclarait: « Je ne crois pas que ce serait constitutionnel pour le gouvernement de cibler et de tuer tout citoyen américain – avec un drone ou avec un fusil de chasse – sans une procédure régulière. Nul président ne devrait non plus déployer des drones armés au-dessus du sol américain. »

Le président avait dit cela après qu’on a organisé les meurtres de plusieurs citoyens américains à l’aide de drones, et seulement deux mois après qu’Holder a déclaré que le président avait le droit de procéder à des assassinats par drone « sur le territoire des États-Unis. »

Puis il y a la question de la complicité du gouvernement dans la torture. En août de l’année dernière, Obama a déclaré qu’au cours de la dernière décennie et demie, « Nous avons torturé certaines personnes … Nous avons fait des choses qui étaient contraires à nos valeurs. » Et pourtant, aucun des tortionnaires, dont les activités ont été documentées de façon exhaustive dans le rapport de la Commission du renseignement du Sénat publié l’an dernier, n’a été puni. A présent, quelques mois plus tard seulement, les médias contrôlés par le grand patronat agissent comme si ce rapport n’avait jamais existé.

La même mode opératoire apparait clairement dans les nombreuses révélations ayant trait à la criminalité pure et simple des banques et des spéculateurs financiers. Le rapport de 2011 par le sous-comité permanent des enquêtes du Sénat américain sur le krach de Wall Street a prouvé sans l’ombre d’un doute que les différents dirigeants de grandes banques, dont Goldman Sachs, Deutsche Bank et d’autres, avaient commis des crimes prescrivant des peines de prison. Le Sénat a remis le rapport au ministère de la Justice, mais personne n’a été accusé et encore moins poursuivi.

Dans tous ces scandales, l’establishment politique tout entier veille à ce que personne ne soit tenu responsable. Pour ce qui est du rapport sur Ferguson, il conclut, en dépit de ses révélations accablantes, en faisant seulement quelques propositions de « réforme », vides et inoffensives.

Nul ne peut être tenu responsable parce que tous ces grands crimes font partie d’une conspiration criminelle plus vaste de la part de l’oligarchie financière en vue de garder la grande masse de la population dans la pauvreté et la soumission.

Andre Damon

Article original, WSWS, publié le 7 mars 2015

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 «Refuser de faire la paix avec des gens avec lesquels on est en guerre, cela signifie continuer de faire la guerre».

 Jérôme Lambert, député socialiste français

 

La guerre imposée au peuple syrien dure depuis près de quatre ans. Un organe autoproclamé comme indépendant,  à partir de Londres compte les morts et les évalue à 200.000 morts qu’il impute  naturellement au gouvernement légitime syrien. Les oppositions off-shore pour reprendre la judicieuse expression de René Naba, ont fait long feu, de Burhan Ghalioun universitaire français et à l’occasion à Madame Kodmani fille d’une dignitaire du régime (son père était ambassadeur en France), l’opposition au fil des ans s’est effilochée. Bachar tient toujours malgré toutes les coalitions, il s’est même permis le luxe d’être réélu pour un nouveau mandat. On a même accusé Assad de gazer son peuple et l’histoire retiendra qu’il n’en est rien; la ligne rouge a pourtant été franchie selon les critères américains, mais Obama a décidé de ne pas bombarder Damas, il sera suivi par la Grande-Bretagne qui, du fait d’un vote aux communes négatif, s’est retirée de la coalition. Le feuilleton gazage s’est arrêté avec le veto russe et sa proposition de détruire le stock d’armes chimiques. Ce qui fut fait. Reste la France et son obsession de punir Assad

Hollande voulait «punir» Assad

De fait, la rhétorique guerrière de Hollande fait appel au bien et au mal. Hollande se voit défendre la veuve et l’orphelin syriens . Faut-il «punir» Bachar al-Assad? écrit le philosophe Philippe-Joseph Salazar. Pour justifier une potentielle attaque en Syrie, François Hollande l’affirme: si le régime syrien a utilisé l’arme chimique contre sa population, il faut le corriger. Légitime-t-on une guerre par le châtiment? «La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents», disait François Hollande il y a quelques jours. (…) «Punition», «châtiment», ces mots ont été bannis de tout discours politique depuis des années. (…) Sans compter que se réactive un argumentaire néocolonialiste et impérialiste: nous, grande civilisation occidentale, sommes dépositaires des vrais principes moraux… Nous voilà revenus au XIXe siècle. Au nom de la démocratie, on envoie les canonnières.(…) Nous sommes au-dessus de la Charte. Nous sommes le bien absolu. On retrouve la rhétorique de la «mission civilisatrice», mais sous une forme inattendue (…) (1).

On se souviendra que Hollande n’a pas puni Assad du fait que Obama ne l’a pas accompagné. Lâché à la fois par Hollande et par  Cameron Hollande ne voulait prendre de risques inutiles

La situation présente: Où en est-on actuellement?

Le conflit aurait pu encore durer sur une ancienne cinétique celle de l’impasse Souvenons nous : Aucune  des conférences  (Génève I et II), malgré tout le savoir du diplomate algérien  Lakhdar Brahimi envoyé spécial à la fois des Nations Unies et de la Ligue Arabe , n’a pu aboutir à la résolution de la crise syrienne crée par l’Occident de toute pièce par un Occident sûr de lui et dominateur qui pensait la régler à la libyenne. Ce ne fut pas une promenade de santé et le peuple syrien est en train de payer pour un conflit qui le dépasse .

Cependant  depuis juin 2014, la donne a changé. Il est vrai que les médias aux ordres n’ont pas cessé et continuent de diaboliser Assad. Cette contribution de Kristien Pietr, permet de décrire la situation après l’avènement d’un nouveau venu, Daesh, qui a changé totalement le paysage politique au Proche-Orient. Nous lisons: «Dans la foulée du «printemps arabe», certains esprits ont désigné le président syrien Bachar al-Assad comme le Satan des temps modernes – «un individu qui ne mérite pas de vivre» selon Laurent Fabius… Quel est donc le crime commis par le président syrien pour déclencher une telle haine? Posséder la 3e armée mondiale, à l’exemple de Saddam Hussein? Rien de tout cela! Comme dans chaque État souverain, le dirigeant syrien a dû réprimer les émeutes, mater les affrontements interreligieux et les rebelles armés.» (2)

«Une coalition hétéroclite s’est formée contre le pouvoir syrien, soutenue par les rois du pétrole et dirigée depuis Londres. Des milliers de «conseillers» militaires étrangers entraînent les volontaires en Turquie, en Jordanie, en Irak et, sur le terrain opérationnel, en Syrie. Face à cette coalition contre nature, le président syrien ne peut compter que sur le soutien de la Russie et de l’Iran (présent depuis fort longtemps dans le sud-est de l’Irak)»(2).

«Malgré ces aides occidentales, complétées par des brigadistes recrutés en Europe, mais surtout de katibas arrivant de toute la planète, Damas ne cède pas et, bien au contraire, reprend des positions stratégiques. Après des années de guerre, ces «gentils rebelles djihadistes» deviennent subitement infréquentables! Comprenne qui pourra… Dès la prise de Mossoul par les salafistes, la communauté internationale opère un revirement à 180°. À cette occasion, les djihadistes ont mis la main sur les arsenaux de 4 divisions de l’armée irakienne (formées et équipées par les USA) et aussi sur un trésor de guerre de 425 millions de dollars en dépôt à la banque centrale de la ville. Le sigle arabe de Daesh – «ad-dawla al islamiyya fi-l Iraq wa-scham» – remonte à sa création en 2006, quand Al Qaîda en Irak forme, avec cinq autres groupes djihadistes, le conseil consultatif des moudjahidines en Irak. (…) »(2)

«  Il est surprenant de constater que c’est l’armée de Bachar al-Assad qui livre maintenant des armes aux Kurdes assiégés à Kobané, alors que la Turquie assiste tranquillement à leur massacre.» En outre, il faut aussi noter que toute tentative de regroupement ou de création de républiques nationalistes arabes, qui aurait pu s’inspirer de la doctrine et de l’idéologie de Michel Aflak, a été sabotée par les USA et la CIA, à commencer par la destitution de Mossadegh en 1953. (…) Il est grand temps de stopper les élucubrations des dirigeants américains. Oui, après le soldat Ryan, il faut sauver le président Bachar!» (2)

La décantation : Un nouveau  Proche-Orient avec Assad ?

Les ennemis d’hier sont les alliés d’aujourd’hui. Pour Thiery Meyssan fondateur du site Voltaire.org du fait de l’évolution rapide de la situation au Proche-Orient, Barack Obama étudie de nouvelles options: «depuis plusieurs mois écrit-il, Barack Obama tente de modifier la politique états-unienne au Proche-Orient de manière à éliminer l’Émirat islamique avec l’aide de la Syrie. Mais il ne le peut pas, d’une part, parce qu’il n’a cessé de dire des années durant que le président el-Assad devait partir, et d’autre part, parce que ses alliés régionaux soutiennent l’Émirat islamique contre la Syrie. Pourtant, les choses évoluent lentement de sorte qu’il devrait y parvenir bientôt. Ainsi, il semble que tous les États qui soutenaient l’Émirat islamique ont cessé de le faire, ouvrant la voie à une redistribution des cartes.»(3)

Thierry Meyssan pense que tout est lié à l’accord Etats-Unis-Iran, qui permettrait à Barack Obama d’avoir les mains libres, notamment vis-à-vis d’Israël surtout s’il y a une nouvelle équipe élue en Israël à partir du 17 mars «Le monde attend écrit-il, la conclusion d’un accord global entre Washington et Téhéran (…) Il porterait sur la protection d’Israël en échange de la reconnaissance de l’influence iranienne au Proche-Orient et en Afrique. Cependant, il ne devrait intervenir qu’après les élections législatives israéliennes du 17 mars 2015 (…) Dans ce contexte, les élites états-uniennes tentent de s’accorder sur leur politique future, tandis que les alliés européens des États-Unis se préparent à s’aligner sur ce que sera la nouvelle politique US.»(3)

Plusieurs scénarii sont sur la table poursuit Thierry Meyssan, le plus probable serait de reprendre langue avec Bachar Al Assad pour détruire Daesh. Il écrit: «La recherche du consensus aux États-Unis. Après deux années de politique incohérente, Washington tente d’élaborer un consensus sur ce que devrait être sa politique au «Proche-Orient élargi». Le 10 février, le National Security Network (NSN), un think tank bipartisan qui tente de vulgariser la géopolitique aux États-Unis, publiait un rapport sur les options possibles face à l’Émirat islamique. Il passait en revue une quarantaine d’opinions d’experts et concluait à la nécessité d’«endiguer, puis de détruire» l’Émirat islamique en s’appuyant d’abord, sur l’Irak, puis sur la Syrie de Bachar el-Assad».(3)

«Durant les derniers mois, plusieurs facteurs poursuit-il, ont évolué sur le terrain. L’«opposition modérée» syrienne a totalement disparu. Elle a été absorbée par Daesh. Au point que les États-Unis ne parviennent pas à trouver les combattants qu’ils pourraient former pour construire une «nouvelle Syrie». (…) Israël a cessé le 28 janvier 2015 (riposte du Hezbollah à l’assassinat de plusieurs de ses leaders en Syrie) son soutien aux organisations jihadistes en Syrie. Durant trois et demi, Tel-Aviv leur fournissait des armes, soignait leurs blessés dans ses hôpitaux militaires, appuyait leurs opérations avec son aviation (..) Le nouveau roi d’Arabie saoudite, Salmane, a renvoyé le prince Bandar, le 30 janvier 2015, et interdit à quiconque de soutenir l’Émirat islamique. (;;)Identiquement, la Turquie semble avoir également cessé de soutenir les jihadistes depuis le 6 février et la démission du chef du MIT, ses Services secrets, Hakan Fidan.»(3)

Thierry Meyssan décrit six options, l’une d’elle serait: «Affaiblir, puis détruire l’Émirat islamique, en coordonnant des bombardements états-uniens avec les seules forces capables de le vaincre au sol: les armées syrienne et irakienne. C’est la position la plus intéressante parce qu’elle peut être soutenue à la fois par l’Iran et par la Russie. (…) Ces éléments permettent aisément de prévoir l’avenir: dans quelques mois, peut-être même dès la fin mars, Washington et Téhéran parviendront à un accord global. Les États-Unis renoueront le contact avec la Syrie, suivis de près par les États européens, France comprise. On découvrira que le président el-Assad n’est ni un dictateur, ni un tortionnaire. Dès lors, la guerre contre la Syrie touchera à sa fin, tandis que les principales forces jihadistes seront élimées par une véritable coalition internationale» (3)

La visite de quatre élus français à Damas à l’insu du plein gré de l’Elysée…

Pour ne pas être en reste, le gouvernement français tente de prendre le train en marche. Il envoie au feu…des critiques quatre parlementaires, qui font -consentant- le chemin de Damas pour reprendre langue avec Assad. Ils le font certainement pas pour plaire à Assad, mais de deux maux il faut choisir le moindre; La peur inspirée par Daesh impose cela. Ainsi, quatre sénateurs et députés français ont défié la diplomatie française en se rendant à Damas et en rencontrant Bachar Al Assad. Le Lundi 23 février deux députés, Gérard Bapt (PS, Haute-Garonne) et Jacques Myard (UMP, Yvelines) sont à Beyrouth. Deux sénateurs, Jean-Pierre Vial (UMP, Savoie) et François Zocchetto (UC, Mayenne) sont déjà à Damas. Ces quatre parlementaires appartiennent aux groupes d’amitiés franco-syriennes à l’Assemblée nationale et au Sénat. C’est la première visite d’élus français à Damas depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Elle a lieu à titre privé, insistent-ils. (…)» (4)

«L’homme-orchestre du voyage est Jérôme Toussaint. Il explique que ce voyage se justifie tant sur le plan humanitaire qu’en raison de la présence des chrétiens d’Orient en Syrie et du maintien à Damas du lycée français Charles-de-Gaulle. De plus, les attentats de janvier en France prouvent la nécessité de rouvrir le dialogue sécuritaire avec Damas pour combattre les réseaux djihadistes. (…) Dans les faubourgs de la capitale syrienne, la circulation est dense, la ville est grise, les visages marqués par la fatigue et quatre ans de guerre. La délégation est invitée à la résidence du mufti de la République, Ahmad Badr Al-Din Hassoun, Il est entouré de deux patriarches, le grec-catholique Grégorios III Lahham, et le grec-orthodoxe Youhanna. Les trois hommes ont à coeur de convaincre les élus français que leur ennemie n’est pas la République laïque syrienne, exemple unique dans la région d’une parfaite coexistence entre sunnites et minorités, disent-ils, mais bien les djihadistes de Daesh et leurs commanditaires, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.»(4)

Naturellement, ils ont été désavoués, à la fois par le président, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, mais on peut être certain que le debriefing… Les parlementaires en mission, dénoncent des «postures»politiques et l’hypocrisie de ceux qui savaient. Car rien n’avait été laissé au hasard. Ils affirment qu’avant de partir, Gérard Bapt avait averti le ministère des Affaires étrangères, opposé au voyage et dont la position depuis le début du conflit n’a pas varié: haro sur Bachar Al Assad et soutien à une coordination de l’opposition pourtant en pleine déliquescence. À l’Élysée, le député socialiste s’était entretenu avec Jacques Audibert, conseiller diplomatique de François Hollande, et Emmanuel Bonne, de la cellule diplomatique.» (4)

Comment parler à Assad à qui on souhaite la mort?

La décantation est en train de se faire, on préfère la peste de Assad au choléra de Daesh. Renaud Girard reporter international au Figaro interviewé par Alexandre Devecchio déclare qu’il faut aller combattre Daesh en s’alliant avec Assad: «(…)Ils ont eu raison de faire ce voyage, ne serait-ce que pour se rendre compte de l’état de la route entre la frontière libanaise et Damas, de l’état de la capitale. Il faut bien comprendre que la diplomatie ne se fait pas avec ses amis. C’est l’art de parler à ses adversaires ou à ses rivaux. On peut reprocher beaucoup de choses à Bachar el-Assad, mais ce n’est pas une raison pour ne pas lui parler. Car Bachar el-Assad incarne la Syrie: il n’incarne certainement pas 95% de la population, mais rien ne prouve qu’en cas d’élection réellement libre, il n’emporterait pas la majorité.»(5)

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont fait l’énorme erreur de fermer l’ambassade, qui était pour nous la place où nous pouvions parler au régime et surtout obtenir des renseignements. La position française est intenable car elle ne prend pas en compte la notion d’ennemi principal. Nous avons remplacé le général Kadhafi par les amis de Bernard-Henri Lévy. Cela n’a pas marché et nous sommes face à un désordre total.» (5)

«Selon un sondage Ifop, une majorité de Français condamne cette initiative. Cependant, le débat sur la nécessité de dialoguer avec le régime syrien est désormais ouvert. Jean-Christophe Lagarde a jugé que l’exécutif français avait fait preuve «d’hypocrisie» en condamnant ce déplacement. 44% des Français souhaitent rétablir un dialogue «compte tenu de la menace que continue de représenter l’Etat islamique (EI) en Syrie comme en Irak». (…) les voix réclamant une reprise de la discussion avec Damas se multiplient, face à la menace croissante représentée par les jihadistes de l’Etat islamique, et leurs recrues étrangères susceptibles de revenir commettre des attentats en Occident.

On s’acharne à dire que les droits de l’homme sont bafoués par le régime Assad. Outre le fait que c’est un gouvernement légitimement élu, on lui sait gré de tenir et de sauver ce qui reste de la Syrie pour éviter un scénario à la libyenne. Certes, Assad n’est pas poussin de la première éclosion, il doit passer la main. Il rentrera alors dans l’histoire pour avoir résisté au nouvel ordre qui, sous couvert de mots creux, liberté, démocratie est une prédation.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

1. Philippe-Joseph Salazar  http://leplus.nouvelobs.com/contribution/932288-syrie-hollande-veut-punir-assad-l-inquietant-retour-de-la-morale-en-politique.html  04-09-2013

2. K. Pieter http://www.les4verites.com/international/daesh-les-americains-et-bachar-al-assad

3. Thierry Meyssan 2 03 2015 http:// www.mondialisation.ca/lavenir-du-proche-orient/5434402

4. http://www.la-croix.com/Actualite/ Monde/La-delicate-visite-de-quatre-elus-francais-a-Damas-2015-03-04-1287224

5. http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/02/26/31002-20150226ARTFIG00385-parlementaires-francais-a-damas-la-diplomatie-ne-se-fait-pas-avec-ses-amis.php

6.  http://actu.orange.fr/france/vous-avez-la-parole/la-france-doit-elle-renouer-les-liens-avec-bachar-al-assad-magic_CNT000000815LK.html

 

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/ 212116-l-inevitable-chemin-de-damas.html

 

 

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