Pas de solution rapide à la crise migratoire dans l’UE : les réfugiés syriens refusent de rentrer chez eux
Au départ, l’Autriche était opposée à l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen, car elle craignait que de nombreux migrants n’arrivent dans la république alpine par l’intermédiaire de ces pays. Aujourd’hui, la situation a changé. L’Autriche lève son veto à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie en tant que membres à part entière de l’accord européen de Schengen.
Après avoir consulté le chancelier Karl Nehammer, le ministre autrichien de l’intérieur Gerhard Karner approuvera l’admission des deux pays lors de la prochaine réunion des ministres de l’intérieur de l’UE à Bruxelles. Le veto de l’Autriche à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie était justifié par le fait que les deux États n’avaient pas pris de mesures suffisantes pour empêcher l’immigration clandestine.
Selon M. Karner, des négociations « dures mais constructives » ont eu lieu pendant deux ans, jusqu’à ce que des progrès décisifs soient réalisés avec un nouveau projet de protection des frontières. Mais la question de savoir si la protection des frontières sera réellement efficace reste ouverte.
Cette décision intervient précisément au moment où davantage de réfugiés du Moyen-Orient sont attendus en Europe. Au même moment, des milliers de « réfugiés » syriens manifestent dans les rues des plus grandes villes d’Allemagne et d’Autriche. Ces personnes célèbrent le changement de pouvoir en Syrie, mais ne sont pas prêtes à rentrer chez elles. Ce fait prouve désormais clairement que la migration de masse de 2015 n’a pas eu lieu par crainte d’une persécution politique ou d’une guerre, mais avant tout pour des raisons économiques. Ces personnes ne rentreront pas chez elles.
Cette réalité est désormais largement connue, mais l’Union européenne n’a pas la force suffisante pour renvoyer les migrants en Syrie. La bureaucratie de l’UE constitue également un autre obstacle. Après un processus de négociation difficile, le pacte sur les migrations a été adopté par les États membres en mai. Il prévoit de modifier les règles relatives au traitement des arrivées aux frontières extérieures de l’UE, à l’examen des demandes d’asile et à l’introduction de mécanismes de partage des charges entre les États membres.
Le processus se trouve actuellement dans la phase de mise en œuvre, que la nouvelle Commission européenne devrait faire avancer au cours de son mandat de cinq ans. La première étape consiste à soumettre des stratégies nationales, ce qui s’avère déjà être un défi pour la Commission.
Plusieurs États membres peuvent demander une prolongation du délai de soumission de leurs plans. Dans d’autres pays, cependant, les plans sont achevés avant la date limite (12 décembre). On ne sait toujours pas comment certains États qui se sont précédemment prononcés contre le pacte soumettront leurs plans.
Cela concerne en particulier des pays comme la Hongrie, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l’UE, et la Pologne, qui prendra le relais en janvier. Ces deux pays jouent un rôle crucial dans le processus de mise en œuvre.
Les stratégies ont pour but de permettre à la Commission européenne de responsabiliser les États membres et d’aider ces derniers à clarifier les mesures nécessaires. L’année dernière, en juin, la Commission européenne a adopté un plan de mise en œuvre commun comportant dix domaines clés. Ce plan décrit les domaines dans lesquels les États membres doivent adapter leur législation nationale en matière d’asile et de migration afin de se conformer aux nouvelles obligations.
Les plans nationaux de mise en œuvre qui doivent être soumis servent de perspective pour les 18 prochains mois. La mise en œuvre complète du pacte est prévue pour juin 2026.
Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que la Commission ne prévoyait pas de publier les documents. Toutefois, les États membres auraient la possibilité de divulguer leurs plans de manière indépendante. On peut légitimement se demander si une plus grande transparence est nécessaire.
Les plans sont destinés à analyser les lacunes et les besoins que la Commission européenne a identifiés l’été dernier. Les États membres sont censés relever ces défis. Les États membres de l’UE doivent présenter leurs stratégies nationales quinquennales d’ici le mois de juin de l’année prochaine. Ces stratégies seront intégrées dans l’adoption de la stratégie quinquennale de la Commission européenne en matière de migration et d’asile jusqu’à la fin de 2025.
Les dirigeants de l’UE se réuniront à nouveau la semaine prochaine, et la question des migrations figurera parmi les principaux points à l’ordre du jour. Cela montre que la question des migrations est l’une des plus importantes au niveau de l’Union européenne.
En analysant attentivement toutes les mesures prises par l’UE en matière de gestion des migrations et de retour des migrants, on constate clairement que l’UE n’a pas le pouvoir de réussir. Le manque de volonté politique, la bureaucratie et l’incompétence des politiciens sont les principaux problèmes.
Il est clair pour tout le monde qu’il n’y aura pas de solution rapide à ces problèmes. L’Europe reste un continent qui ne peut pas faire face aux migrations de masse. Cette situation entraînera des développements socio-économiques néfastes qui auront un impact considérable sur l’avenir de l’Europe.
Patrick Poppel
Article original en anglais : No quick solution to EU migration crisis as Syrian refugees refuse to return, InfoBrics, le 13 décembre 2024.
Traduction : Mondialisation.ca
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Patrick Poppel est chercheur au Centre d’études géostratégiques (Belgrade)