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Pays basque : L’ertzaintza s’en prend à la résistance
Par Goizeder Taberna
Mondialisation.ca, 20 avril 2013
Le journal du Pays basque
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https://www.mondialisation.ca/pays-basque-lertzaintza-sen-prend-a-la-resistance/5332271

Finalement, ils les ont arrêtés. Après plusieurs jours de résistance “passive”, six des huit jeunes condamnés à une peine de prison pour leur activité dans le mouvement de jeunes Segi ont été interpellés vendredi à l’aube et écroués. Ils se trouvaient tous sur le Boulevard de Donostia, dans un lieu rebaptisé “Aske Gunea” (“espace libre”), entourés de près de 800 personnes solidaires.

Les manifestants “ont été dégagés un à un” et la police a arrêté “six des huit personnes recherchées” ainsi que deux autres qui se trouvaient dans la foule et ont été interpellées pour outrage aux forces de l’ordre, a précisé le porte-parole de l’ertzaintza. Une centaine de policiers a été mobilisée lors de cette opération qui a duré plus de deux heures. Plusieurs témoins ont dénoncé “la violence de l’opération”.

Arrestations empêchées

Les jeunes mobilisés dans le centre de la capitale gipuzkoar ont formé “un mur populaire” (un sit-in) qui, la veille, avait empêché à deux reprises les arrestations. Les agents de l’ertzaintza ont agi sous les huées des manifestants qui scandaient des slogans : “Nous sommes des jeunes, pas des terroristes !”, “Laissez en paix la jeunesse basque !”.

Le Tribunal suprême avait confirmé le 8 avril dernier la condamnation des huit membres de Segi prononcée par l’Audience nationale espagnole en 2011, mais annulé la condamnation de sept autres. L’Audience nationale avait lancé un mandat d’arrêt à leur encontre mardi dernier. Segi s’est autodissous en 2012.

La désobéissance face aux casques rouges

“C’est un véritable mouvement de désobéissance civile”, racontait Nahikari Otaegi, l’une des huit condamnés, dans nos colonnes le 16 avril. Ce “mur de protection” s’est traduit par un sit-in permanent, nuit et jour, depuis mardi dernier, dans “l’espace libre” appelé “Aske Gunea”. Six des jeunes condamnés se sont réfugiés dans cette mobilisation de solidarité.

Cette “zone libre” avait été mise en place le 13 avril, quelques jours avant le lancement des mandats d’arrêt. Lieu de solidarité, mais aussi de dénonciation pour des centaines de jeunes, cet espace a été la scène de plusieurs mobilisations qui se poursuivront ce samedi avec une marche vers la prison de Martutene.

La coalition abertzale EH Bildu a soutenu l’initiative. Pour elle, c’est le moment de “dire ‘ça suffit’ à ces violations judiciaires” des droits des citoyens. Elle ajoute : “Nous ne pouvons accepter que des jeunes soient emprisonnés pour avoir fait un travail politique.”

Le mouvement civil Bake Bidea continue d’affirmer que “la répression menée à l’encontre de militants politiques constitue une menace contre le processus de résolution du conflit” et interpelle les deux États impliqués. Le PNV, lui, a considéré qu’Aske Gunea créait une situation “anormale et inacceptable”.

Goizeder Taberna

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