Pays Basque : Réactions politiques à l’initiative internationale en faveur de la paix
Brian Currin a présenté au Parlement de Bruxelles une résolution en faveur de la paix en Pays Basque. Résolution signée par une vingtaine de personnalités internationales, dont quatre Prix Nobel de la Paix, connues pour leur travail dans la résolution de conflits. Elle se félicite de l’engagement de la gauche abertzale qui souhaite poursuivre ses objectifs politiques «par des moyens exclusivement démocratiques et politiques» et enjoint ETA à «déclarer un cessez-le-feu unilatéral et intégralement vérifiable, afin que cet engagement devienne une réalité irréversible.» Et de demander également au gouvernement espagnol d’y répondre favorablement si un tel geste devait avoir lieu. Il s’agit donc de porter le conflit basque au niveau de l’Union Européenne dans un premier temps et internationalement, dans ce que les signataires de la résolution nomment le «dernier conflit en Europe.»
Pour Max Brisson de l’UMP «un médiateur peut toujours apporter quelque chose. Qui va s’opposer à des parcours de vie aussi exemplaire ? Toute initiative qui va dans le sens de l’apaisement ne peut-être que bienveillante. Mais la tâche est rude, face aux obstacles qui se dresseront. La médiation internationale est nécessaire, mais pas suffisante». Pour Jean-Jacques Lasserre du Modem, «c’est une très bonne initiative, car appuyée par des personnalités reconnues. Cela donne du poids à cette démarche. Souvent ceux qui pratiquent la violence la justifient par la non-reconnaissance des spécificités. La reconnaissance des spécificités par un chemin apaisé me paraît possible.»
Le vice-président du Conseil régional d’Aquitaine (Parti Socialiste) Frantxoa Maitia estime que «c’est une énième résolution en faveur d’un arrêt des armes au Pays Basque. Hélas ETA reste sourd aux demandes de la société ! Cela reste toujours aussi désespérant. Lors de la dernière trêve, ETA avait entamé des discussions avec l’Etat espagnol, il y a eu une initiative forte de la part de Zapatero, tant aux Cortes comme au Parlement Européen et ETA achève le processus avec l’attentat de Barajas. On se méfie des trêves, car pendant la dernière, ils ont continué à voler des armes et s’en s’ont servi ensuite pour tirer sur un policier français. ETA continue sa course désespérée avec des centaines de prisonniers. La gauche abertzale leur demande d’entamer un processus démocratique. Réponse : on assassine un policier en France. J’attends la réponse d’ETA et il faut travailler inlassablement à un processus de paix.»
Les partis abertzale
Batasuna souligne l’importance de cette déclaration faites par des personnalités, anciens chefs d’Etats et Prix Nobel de la Paix : «La proposition reconnaît la nature politique du conflit et recherche des solutions démocratiques, stables et durables. C’est une importante contribution dans la construction d’un nouveau scénario en Euskal Herri, une tâche dans laquelle, tous les agents impliqués devraient s’engager. L’initiative analyse positivement le débat mené par la gauche abertzale et son engagement total dans le développement d’un processus démocratique, sans violence et sans ingérences. Un processus qui devrait aboutir par le dialogue et la négociation, à un cadre dans lequel l’ensemble des projets politiques, y compris le projet indépendantiste, soient non seulement défendables, mais aussi réalisables, dès lors qu’ils s’appuient sur l’adhésion majoritaire des citoyens.» Batasuna réaffirme «sa disposition à rechercher la résolution du conflit.» Pour AB, la déclaration présentée à Bruxelles est un événement porteur d’espoir : «Car une implication aussi concrète de plusieurs personnalités, laisse espérer que les rumeurs entourant une décision historique de la part d’ETA sont crédibles. Ensuite parce qu’une médiation internationale est nécessaire à la recherche d’un processus de sortie de conflit. Enfin, parce que cette déclaration pose les bonnes basses et les bonnes questions : la fin de la lutte armée ne se résume pas à cette violence-là, sa nature est politique et implique donc un changement équivalent de la part de l’Etat Espagnol. Il reste maintenant à espérer que cet appel soit entendu par les deux parties, comme AB le réclame depuis longtemps. La résolution du problème ne s’arrête pas à une éventuelle négociation entre ETA et le gouvernement espagnol : la solution est dans la volonté exprimée de la population du Pays Basque sur son avenir.»
Le PNB du Pays Basque Nord indique «que la déclaration de Bruxelles est une voix supplémentaire qui tente de convaincre la gauche radicale. Mais elle ne diffère en rien de ce que la société basque elle-même ne cesse de dire à ETA, de ce que le PNV a déjà dit à ETA et à son entourage. L’intervention de médiateurs internationaux a peut-être un effet pédagogique pour une organisation terroriste qui va réaliser qu’elle ne sera plus accompagnée par des intermédiaires comme lors des processus de paix antérieurs. ETA doit se rendre à cette évidence : l’immense majorité de la société basque exige la fin définitive de la terreur qu’elle exerce. Le plus tôt sera le mieux». EA du Pays Basque Nord déclare pour sa part «que le plus important est que la démocratie ait toutes les chances de s’exprimer. Une des clés est la force politique de Zapatero. Sera-t-il un second Tony Blair ? L’initiative est positive, mais l’urgence est aujourd’hui à l’intérieur de la maison.»