Portrait de sans papiers emprisonnés à Ceuta
Plusieurs centaines de réfugiés ont tenté de passer les murs de Ceuta le 28 septembre dernier. Cette tentative de passage qui s’est terminée pour plus d’une dizaine d’entre eux par leur assassinat par la police espagnole témoigne d’un désastre humain résultant de l’aberration d’un système capitaliste européen qui opprime en Afrique et ferme ses frontières à ceux qu’il pille et exploite.
Des bribes de dialogues pris lors d’une rencontre le week-end du 4 novembre témoignent de l’injustice des situations de personnes cherchant seulement à fuir des territoires détruits par des décennies de colonisation.
Ceuta est un bout de Terre au Maroc colonisé par l’Espagne. Des murs de barbelés entourent cette petite ville du côté marocain gardée par des garnisons de militaires postés sur les collines avoisinantes. La population locale de Ceuta est essentiellement composée d’espagnols travaillant dans le cadre militaire ou pénitentiaire. D’un autre côté, la deuxième partie de la ville, beaucoup plus pauvre, est peuplée par des immigrés marocains ayant obtenu un titre de séjour provisoire pour travailler momentanément à Ceuta.
Du côté marocain, des milliers de réfugiés subsahariens mais aussi indiens, bengladis attendent dans les forêts avoisinantes (notamment la forêt de Benyounes). Beaucoup on fait un trajet commme ils ont pu du Mali, voire de plus loin, en passant par le désert mauritanien et l’Algérie.
Au Maroc, ce sont des humiliations, des menaces tant de la part de la police marocaine que d’autres personnes que les réfugiés doivent subir.
Beaucoup de réfugiés sont aussi arrétés en vue d’être déporté vers le désert mauritanien. Tous les témoignages de déportations parlent de bus de la police marocaine embraquant les réfugiés dans des bus et les laissant sans rien en plein milieu du désert. Comme en parle dans cet article Abdullay, venant de Côte d’Ivoire, qui a fait 10 fois l’aller retour entre le désert mauritanien et le Maroc.
A Ceuta, certains sont emprisonnés dans le CETI, centre de rétention qui leur permet de sortir le jour de 9h à 21h en les obligeant de pointer à la sortie et à l’entrée du centre de rétention. Ils sont tous munis d’une carte d’identification et un lecteur de cartes magnétiques et d’empreintes digitales certifie leur départ ou leur entrée dans le centre. Ici à Ceuta, la carte INES n’est pas un projet mais une application concrète … Tous les emprisonnés acceptent cette situation en attendant une réponse hypothétique de l’OFPRA vis à vis de leur demande d’asile. Toute l’horreur d’un système d’emprisonnement qui ne dit pas son noom et extrèmement bien ficelé. Tout est fait pour que les prisonniers acceptent et soient des acteurs de leur propre emprisonnement.
D’autres, par contre, n’ont pas l’autorisation de séjourner au CETI (c’est le cas de la plupart des réfugiés algériens) et squattent en attendant la bonne occasion pour passer la frontière du détroit (la plupart de temps par le ferry). Tous nous ont témoignés la violence dont fait preuve la police espagnole, quand celle-ci vient dans leur lieu de vie pour l’unique envie d’intimider.
Toute cette situation de zone de non-droit provoque un écoeurement et un mal-être chez une personne qui viendrait pour la première fois sur ces lieux. Bruits d’hélicoptère incessants, habitants des lieux qui pour accepter une telle situation sont devenus inhumains (plusieurs saluts fascistes sur le trajet de la manifestation de la part de certains habitants)
L’Europe engendre des horreurs, Ceuta est là pour en témoigner. Et à tous ceux qui disent ne pas être concernés par cette situation à cause de la distance, une seule réponse : ne vous inquiétez pas, elle arrive à grands pas dans nos sociétés lissées et aseptisées de petits nantis européens occidentaux.