Pour l’establishment, Trump est «considéré comme un intrus qui ne mérite pas de gouverner»

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Après les accusations d’espionnage démenties par le FBI, l’écrivain Diana Johnstone revient sur le «cercle vicieux» entamé par «l’Etat profond» qui «dénonce la Russie pour stigmatiser Trump, tout en stigmatisant Trump pour dénoncer la Russie».


RT France : Le FBI estime sans fondement les accusations d’espionnage formulées par Donald Trump à l’encontre de Barack Obama, cependant Wikileaks ne semble pas aussi convaincu. En qui faites-vous le plus confiance dans cette affaire ? Y a-t-il des ressemblances avec le scandale du Watergate ?

Diana Johnstone (D. J.) : Je n’ai pas les moyens de savoir qui aurait fait quoi et je n’ai aucune raison d’avoir confiance en qui que ce soit. Quelqu’un qui est pourtant très bien informé, c’est le colonel Lawrence Wilkerson – ancien chef d’état major de Colin Powell – qui déteste Donald Trump mais qui connaît bien les habitudes du pouvoir à Washington. Lui vient de dire – dans une interview diffusée par The Real News Network – que la rumeur circule dans les milieux des renseignements à Washington que l’ancien chef de la CIA John Brennan – soucieux de voir gagner Hillary Clinton pour garder son poste – aurait sous-traité l’espionnage de Donald Trump à ses collègues du MI6 britannique. Cette sous-traitance serait un moyen de brouiller les pistes. Ce sont des spéculations mais cette rumeur suggère que l’accusation de Donald Trump est prise au sérieux, même par ceux qui la jugent mensongère.

Cette affaire ne peut pas ressembler au scandale du Watergate pour la simple raison que le scandale du Watergate était monté par la grande presse, en particulier par le Washington Post, en collaboration avec les services de renseignements. Pour qu’il y ait un grand scandale public, il faut la collaboration des médias, qui ne rendraient pas ce service au Président Trump puisqu’ils veulent le détruire encore plus qu’ils voulaient détruire Nixon.

RT France :Après le départ de Michael Flynn, le tour est venu à Jeff Sessions accusé également de relations inappropriées avec l’ambassadeur russe. Pourquoi la «carte russe» est-elle de nouveau jouée ?  S’agit-il d’une nouvelle «chasse aux sorcières» ?  

D. J. : Il est devenu clair que tout ce qu’on peut appeler «l’Etat profond» – qui n’est pas seulement américain mais qui implique les pays de l’OTAN, surtout le Royaume-Uni – est bien décidé à maintenir la russophobie comme orientation politique majeure, malgré les désirs contraires de Donald Trump, considéré comme un intrus qui ne mérite pas de gouverner. Pourquoi cet acharnement contre la Russie ? Pour préserver l’unité occidentale, pour fournir une raison d’être à l’industrie militaire et plus fondamentalement, pour châtier le dirigeant russe qui a osé prôner un monde multipolaire. C’est un cercle particulièrement vicieux : on dénonce la Russie pour stigmatiser Donald Trump, tout en stigmatisant Donald Trump pour dénoncer la Russie.

RT France : Pensez-vous que l’affrontement entre l’establishment et Trump va encore s’exacerber ? Pourrait-on entrevoir la fin des tensions ?      

D. J. : Hélas, non. Pas de fin des tensions, au contraire. C’est un désastre politique international et national. Il n’y a aucun précédent à ce qui se passe actuellement à Washington.

 

Diana Johnstone est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique américaine dont notamment Hillary Clinton : La Reine du Chaos et La Croisade des fous : Yougoslavie, première guerre de la mondialisation.



Articles Par : Diana Johnstone

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