Pourquoi l’Afrique sub-saharienne est-elle épargnée par le Covid-19?

L’information m’est parvenue par l’infolettre d’Yves Razir, journaliste scientifique et éditeur de la revue Néosanté [1] : il n’y aurait eu depuis le début de l’épidémie que 1053 décès liés au Covid-19 en RDC (République du Congo démocratique), l’ex-Zaïre. [2]

Sur une population de 90 millions d’habitants, cela représente 0,001% de la population. 

Le pays a par ailleurs connu 54 009 cas, ce qui est infime. 

La France, par exemple, en a connu 7 millions, la Belgique 1,4 million et l’Allemagne 4,6 millions.[3]

Bref, le Covid-19 n’a quasiment pas touché le Congo Kinshasa. 

Le virologue de référence du pays, le Dr Jean-Jacques Muyumbe-Tanfum [4], connu pour avoir découvert le virus Ebola, estime que dans son pays, il s’agit d’une “pandémie douce”. 

C’est l’autre mot pour évoquer un “non sujet”. 

Augustin de Livois, Alerte santé

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L’Afrique sub-saharienne épargnée par le Covid-19 

La situation du Congo ressemble à celle des autres pays d’Afrique sub-saharienne.

Par exemple, la Tanzanie a connu 1367 cas pour 50 décès et l’Angola, 64 533 cas pour 1716 décès. [3]

Le Nigeria, avec ses 213 millions d’habitants [5], dont la capitale Lagos est une mégalopole surpeuplée de près de 15 millions d’habitants [6], n’a enregistré que 212 000 cas pour 2900 décès. [3]

Ce chiffre minuscule n’a donc rien à voir avec la densité du pays.

Certains épidémiologistes avaient émis l’idée que l’Afrique était épargnée en raison de la discipline de sa population et de la mise en place de politiques sanitaires très strictes avec une distanciation sociale parfaitement respectée.

Yves Razir réfute cette théorie qui paraît un peu optimiste compte tenu de la promiscuité qui existe dans certains quartiers des grandes villes africaines.[7]

En tout cas, vu la situation sanitaire en Afrique sub-saharienne, l’utilisation du mot “pandémie” pour le Covid-19, c’est-à-dire d’une épidémie qui toucherait l’ensemble de la planète, paraît totalement erronée !

L’exception de l’Afrique du sud 

Seule l’Afrique du Sud a des chiffres totalement différents.

Dans ce pays, il y a eu près de 3 millions de cas positifs pour 90 000 décès environ.

Le pays a réalisé 18 millions de tests et 22 millions de doses vaccinales ont été administrées.

En Afrique du Sud s’est même développé un variant spécifique du SARS-Cov-2 : le B.1.351. [8]

Bref, l’Afrique du sud semble avoir des chiffres proches de ceux des pays occidentaux alors que les autres pays d’Afrique sub-saharienne n’ont presque pas connu d’épidémie.

Comment expliquer ce phénomène ? 

La première idée qui vient à l’esprit est la jeunesse de la population, s’agissant d’un virus qui tue majoritairement des personnes âgées de plus de 70 ans. [9]

En effet, la moyenne d’âge de la population sur l’ensemble du continent est de 18 ans ![10]

Elle est de 42 ans en France… [11]

Par ailleurs, l’espérance de vie en Afrique, qui s’est bien améliorée ces dernières décennies, tourne autour de 60 à 70 ans selon les pays.[12]

Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes ne vivent pas assez longtemps pour risquer de mourir du coronavirus…

Néanmoins, est-ce suffisant pour expliquer une telle différence entre l’Occident et l’Afrique sub-saharienne ?

En effet, la différence entre les pays d’Afrique sub-saharienne et le reste du monde se situe aussi au niveau du nombre de cas qui reste très faible dans ces pays.

Yves Razir avance trois explications possibles [13] :

  • une immunité naturelle :  la présence de coronavirus depuis longtemps en Afrique aurait permis à la population de développer une immunité contre de nombreux virus de ce type. Cette hypothèse a été émise par des chercheurs qui ont étudié des prélèvements de personnes vivant en Tanzanie, en Zambie et aux Etats-Unis. Chez les Africains de l’étude, ils ont trouvé 2 à 4 fois plus d’anticorps capables de lutter contre la fameuse protéine spike que chez les Américains. Il pourrait également y avoir un lien entre la présence de parasites contre lesquelles les populations africaines sont capables de lutter et le coronavirus.
  • l’utilisation répandue de l’ivermectine : cet antiparasitaire est couramment utilisé en Afrique en raison des infections parasitaires locales. Ce médicament serait par ailleurs également efficace pour traiter le SARS-Cov-2.
  • l’absence de campagne de vaccination contre la grippe. Selon Yves Razir, le vaccin contre la grippe n’est pas utilisé en Afrique parce qu’elle sévit toute l’année en raison du climat. Les Africains sont donc assez bien immunisés et n’ont pas besoin de vaccin. À l’inverse, les Européens vaccinés contre la grippe pourraient être plus fragiles face au coronavirus. Il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse.

La situation africaine présentée comme inquiétante 

Malgré cette situation très rassurante en Afrique sub-saharienne, les médias occidentaux, lorsqu’ils parlent de ces pays, se montrent souvent catastrophistes.

Ainsi, France info, évoquant le Dr Muyembe au Congo, affirme :

“En 2020, en plus d’Ebola, le Dr Muyembe est appelé à mener la riposte contre le Covid-19 qui frappe son pays comme le reste du monde.” [13]

En septembre 2021, le journal Le Monde indiquait que le bilan du nombre de morts en Afrique dépassait les 200 000 morts. [14]

Mais la plupart de ces décès ont eu lieu en Afrique du Sud et au Maghreb. Le bilan en Afrique sub-saharienne demeure très faible.

D’autres médias mécontents des bons chiffres africains pour le Covid-19 affirment qu’ils sont largement sous-estimés. [15]

L’OMS n’est pas en reste, en août 2021, l’institution évoquait le “niveau record” atteint par le Covid-19 en Afrique. [16]

En réalité, ces messages catastrophistes n’ont qu’un seul but : inciter les pays africains à utiliser des vaccins dont ils n’ont absolument pas besoin.

Faut-il que les Africains soient tous vaccinés ? 

Différents pays dont la France, la Belgique, la Russie et la Chine ont décidé de faire “don” de vaccins aux Africains.

Pour la France et la Belgique cela veut dire utiliser l’argent du contribuable pour acheter des vaccins aux firmes pharmaceutiques et les donner à des pays africains.

Ces actions sont présentées comme étant “humanitaires”.

Mais c’est absurde car les populations de ces pays comme les enfants partout dans le monde ne risquent pas grand-chose du SARS-Cov-2.

À l’inverse, en vaccinant massivement leurs populations, ils risquent de multiplier des effets secondaires chez une population jeune qui n’a rien demandé à personne et qui se méfie à juste titre de la “générosité” des pays étrangers.

Pour l’instant, les taux de vaccination restent faibles en Afrique, quoique plus élevés que les taux de contamination au Covid-19.

Peut-être que les Africains sauront résister aux pressions extérieures, d’autant plus qu’ils ont à portée de main un remède extraordinaire qui est déjà distribué dans toutes les zones où sévit la malaria. Il s’agit de l’artemisia annua, armoise annuelle qui a fait des merveilles à Madagascar.

Augustin de Livois

Notes :

[1] https://www.neosante.eu/accueil/
[2] https://www.neosante.eu/allez-les-congolais/
[3] https://github.com/CSSEGISandData/COVID-19
[4] https://www.opinion-internationale.com/2021/09/27/muyembe-ou-mupapa-qui-donc-est-le-vrai-docteur-ebola_95234.html
[5] https://countrymeters.info/fr/Nigeria
[6] https://www.macrotrends.net/cities/22007/lagos/population
[7] https://www.neosante.eu/allez-les-congolais/
[8] https://www.acrobiosystems.com/A1226-SARS-CoV-2_spike_mutants.html?gclid=CjwKCAjwiY6MBhBqEiwARFSCPpMIO92-II_B_q7lL-b8S6i-Nc6fH4n58JRUk-xFNLTadxKnvFMq4BoC-PwQAvD_BwE
[9] https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2622115-victimes-covid-19-france-nombre-age-profil-homme-femme-personnalite-reanimation-deces-jeunes/
[10] https://www.dw.com/fr/lafrique-un-continent-jeune-dirig%C3%A9-par-des-vieillards/a-42835790
[11] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381476
[12] https://www.afd.fr/fr/actualites/atlas-de-lafrique-afd-le-boom-de-lesperance-de-vie
[13] https://www.neosante.eu/pourquoi-lafrique-est-elle-epargnee/
[14] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/republique-democratique-du-congo/ebola-covid-19-jean-jacques-muyembe-tamfum-le-chasseur-de-virus-en-rdc_4118385.html
[15] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/08/covid-19-l-afrique-enregistre-plus-de-200-000-morts_6093849_3212.html
[16] https://www.capital.fr/economie-politique/covid-19-les-infections-largement-sous-estimees-en-afrique-la-russie-face-a-des-deces-records-1417274
[17] https://news.un.org/fr/story/2021/08/1101302



Articles Par : Augustin de Livois

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