Pourquoi l’ultra libéralisme est-il un fascisme ?

1 – C’est quoi exactement le fascisme ?

Il est indispensable de passer par ce premier constat : le retour en force de la religion annonce toujours le retour en force du fascisme. Car le fascisme est une production, une émanation directe des religions monothéistes. Le fascisme est une idéologie religieuse inspirée des monothéismes.

Son origine concernant l’Occident dont l’Europe chrétienne

Les accords du Latran du 11 février 1929 disent que « la religion officielle du fascisme en Italie est la religion catholique, apostolique et romaine. Le fascisme protège directement le christianisme et le catholicisme de la menace communiste ! » Le fascisme est donc concrètement la version politique de la religion catholique avec Mussolini, avec Franco, avec Salazar, avec Hitler, avec Pétain, avec les colonels en Grèce, avec les dictatures de droite, civiles ou militaires, du Brésil, du Chili, de l’Argentine… etc.

On sait que Bernanos, écrivain catholique Français, avait eu le courage, en son temps, de dénoncer les crimes de Franco. Il avait montré comment l’Eglise catholique cautionnait les massacres de 400.000 espagnols en bénissant les tueurs phalangistes ! Pie XII dira à Franco : « Nous nous réjouissons avec votre excellence de la victoire tant désirée de l’Espagne catholique » !

En 1937, l’encyclique « Divini Redemptoris » condamnait le communisme. Or, il n’existe aucune encyclique condamnant le fascisme et le nazisme. Hitler lui-même va se référer constamment au christianisme pour légitimer sa manière de voir, explicitée dans son « Mein Kampf ». Le nazisme non seulement est compatible avec la religion chrétienne Paulinienne et le catholicisme romain, mais il en est une émanation. Hitler reprend la « religion du glaive » de Paul de Tarse, écrit très justement Michel Onfray, dans son livre « Décadence ». C’est la raison pour laquelle, au milieu de tous les ouvrages mis à l’index par le Vatican, on ne trouve aucun provenant du camp nazi ! C’est un fait incontestable et avéré !

« Gott mit uns », « Dieu est avec nous », était la devise des soldats allemands ! Hitler trouvera à travers les papes et les grands prédicateurs de croisades, la justification de la guerre sainte catholique, une confirmation du nazisme et un appui inconditionnel de l’Eglise.

La théorisation du nazisme

Il est indispensable également de souligner que c’est un évêque catholique Autrichien, Alois Hudal, qui écrira les « Fondements du national-socialisme » en 1936. Certes, Pie XI, il est vrai, fera exception en s’opposant aux idées du national socialisme, mais dès sa mort le 10 février 1939, la parenthèse sera fermée et Pie XII couvrira les nazis, même après leur défaite par la victoire écrasante des « bolchéviques »…

Soulignons également qu’aujourd’hui, le pape François procède à la canonisation de Pie XII ; canonisation engagée par le pape Benoît XVI. Ce n’est pas Pie XI qui va être canonisé mais Pie XII qui a cautionné les crimes nazis, et cela en dit très long sur l’origine du fascisme!

(Voir analyse plus détaillée sur cette question dans « La libération de l’homme », tome 1, Publibook, 2012, Jean-Yves Jézéquel.)

Le fascisme et la post-vérité

Ce qui caractérise encore le fascisme, c’est son sectarisme naturel lié à son origine monothéiste. Il est dictatorial, prône « l’ordre absolu », la pensée unique et la non contestation de son idéologie.

Une conviction évolue toujours avec la connaissance et l’expérience : elle est donc relative. La « vérité » imposée comme un absolu est toujours un mensonge, elle est un parti pris sectaire qui ne peut jamais se remettre en cause, ni par la connaissance, ni par l’expérience : c’est le point de vue des idiots et le contraire de la sagesse. Une conviction, même forte n’est pas une certitude. Le choc des idées permet de faire évoluer sa conviction jusqu’à la transformer complétement, car la connaissance et l’expérience ne sont jamais un acquis définitif. L’ignorance est à l’origine de toutes les dérives et du malheur des hommes. Les certitudes sectaires sont le meilleur garant du malheur. Celui qui « croit » dans ce qu’il pense être une évidence est un pantin désarticulé. Tout ce qui semble être « évident » ne doit pas engendrer une croyance mais un doute. Le doute relève du rationnel alors que la certitude sectaire, le dogme engageant la croyance, est le symptôme d’une arriération mentale. Il est rationnel de douter et il est fou de croire à une certitude que l’on déclare être indiscutable ! Le fascisme est imprégné des principes du monothéisme qui ne tolère pas la relativisation de sa « révélation », considérée comme indiscutable et absolue puisque venant directement d’un dieu qui ne peut être conçu que comme absolu !

Les revendications d’une conscience éclairée ne sont pas acceptables dans la perspective du fascisme : c’est l’idéologie qui éclaire !

C’est parce qu’il est difficile de réfléchir qu’il est plus courant de juger. Il n’y a jamais eu autant d’information côtoyant autant d’ignorances, dans la société qui est la nôtre, modelée par l’idéologie ultra libérale qui se cache et ne veut pas se faire identifier comme idéologie.

Les avalanches d’informations ne font pas des montagnes de connaissances ! C’est un certain éveil de conscience qui fonde la démocratie et la rend possible. L’ignorance est la condition préalable à l’esclavage. La mémoire est donc toujours manipulée parce qu’elle a un rapport direct avec la conscience. C’est une conscience éveillée qui garantit la liberté, la liberté étant une expression de la conscience.

Pourquoi le fascisme plonge ses racines dans la religion monothéiste ?

Suivons le raisonnement ! Parce que le mensonge est devenu une « post vérité » et la « vérité » des faits un mensonge ! L’ignorance entretient la bêtise. La connaissance peut donc la guérir ! Le Pouvoir est intrinsèquement pervers. Il est menteur et se construit obligatoirement sur le mensonge. Un Pouvoir ne peut pas exister sans le mensonge. C’est une croyance arbitraire qui permet au Pouvoir de se faire accepter par les peuples maintenus dans l’ignorance et une conscience sous-développée. Or, les monothéismes sont favorables à la croyance qui maintient dans l’ignorance, puisque la croyance s’oppose directement à la conscience. La conscience est obligatoirement en compétition avec la croyance. C’est la croyance qui engendre l’aliénation de la raison. L’aliénation de la raison n’est possible que si l’ignorance est entretenue à dessein. La croyance engendre les illusions et la connaissance engendre la conscience éveillée. Je dois toujours choisir entre la croyance ou la conscience. La conscience en soi élimine la raison d’être de la croyance. Dans la croyance il est possible de s’imposer aux humains. Dans la conscience il est impossible de s’imposer aux humains.

Les fruits naturels du fascisme, c’est la criminalité, une violence faite à tous et la guerre inhérente à son projet hégémoniste. Nous en avons un exemple actuel plutôt parlant. Les atrocités commises contre le peuple Syrien grâce aux mensonges et au soutient du Pouvoir de l’Etat Français, sont considérées comme « légitimes » et « bonnes » et « nécessaires » pour le « bien » de l’humanité, parce qu’elles proviennent d’une société de droit qui adhère à la croyance en un Pouvoir légitimé par un principe pontificaliste théocratique, faisant de l’Etat, le pontife de la société laïque revêtu des attributs de l’innocence caractérisant le « bien », la « vertu » du Pouvoir qui peut ainsi imposer aux citoyens l’obligation de la croyance en ce principe théocratique en échange de son désir de démocratie…Les atrocités commises en Syrie grâce au soutient de l’Etat Français, ne sont pas considérées comme des atrocités. Pourtant, les mêmes atrocités commises par le camp ennemi sont considérées comme telles. Le droit légitime de se défendre, lorsqu’il est appliqué par le camp ennemi, est considéré comme une atrocité par chaque Etat partisan! C’est l’inspiration fasciste par excellence.

Rappelons-nous que « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. » (Albert Einstein.)

Le fascisme part du principe que son idéologie sous-jacente est le corpus de la « vérité révélée » en soi, et que cette « vérité » vient d’en haut, d’une supériorité justifiant l’hégémonie. L’ordre de la croyance qu’il instaure dans le lien social et qui fonde le Droit présidant à la légitimité de l’Etat, dépossède tout citoyen de son désir démocratique en faisant de lui un sujet soumis à la loi dont la nature se réclame du divin théocratique.

Le résultat est là : « Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups. » disait un auteur de roman policier.

La spécialité du Pouvoir fasciste en soi, est de canaliser vers l’extérieur les tensions internes existantes. La mise en scène du prétendu terrorisme, est faite pour légitimer la préparation assidue de la guerre en favorisant la militarisation et toutes les lois qui permettent de parvenir à la désignation d’un coupable ! La manipulation à grande échelle, pratiquée en permanence par des medias collaborateurs du système, accomplit son œuvre de destruction du monde sans la moindre difficulté.

2 – L’ordo libéralisme, ou le néo libéralisme ou ultra libéralisme : c’est quoi ?

Le 3 mai 2017, Manuela Cadelli, Présidente de l’Association Syndicale des Magistrats Belges, rappelait dans une tribune, que le « libéralisme » avait son origine dans la philosophie des Lumières. Cette approche de la politique et de l’économie voulait à son origine favoriser l’émancipation démocratique des peuples.

En revanche, le néo libéralisme est devenu un économisme total qui frappe tous les secteurs de la société à tout moment : c’est un extrémisme.

« Le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste.

Je prétends que le néo libéralisme est un fascisme car l’économie a proprement assujetti les gouvernements des pays démocratiques mais aussi chaque parcelle de notre réflexion. L’État est maintenant au service de l’économie et de la finance qui le traitent en subordonné et lui commandent jusqu’à la mise en péril du bien commun. » (Manuela Cadelli)

Car, « Le capitalisme porte en lui la guerre comme les nuages noirs portent l’orage, » disait Jean Jaurès.

Manuela Cadelli ajoutait encore : « L’austérité voulue par les milieux financiers est devenue une valeur supérieure qui remplace la politique. Faire des économies évite la poursuite de tout autre objectif public. Le principe de l’orthodoxie budgétaire va jusqu’à prétendre s’inscrire dans la Constitution des Etats. La notion de service public est ridiculisée.

Le nihilisme qui s’en déduit a permis de congédier l’universalisme et les valeurs humanistes les plus évidentes : solidarité, fraternité, intégration et respect de tous et des différences. Même la théorie économique classique n’y trouve plus son compte : le travail était auparavant un élément de la demande, et les travailleurs étaient respectés dans cette mesure ; la finance internationale en a fait une simple variable d’ajustement. » (Manuela Cadelli, in Le Soir)

La notion de performance ou de « pragmatisme » est omniprésente dans le discours des hérauts de l’ordo libéralisme: il n’y a plus de place pour les faibles. Tout le monde doit être fort ou mourir. Tout principe humaniste est disqualifié, accusé, diabolisé car il n’est pas rentable, il ne rapporte pas. Le néo libéralisme a le monopole de la rationalité et du réalisme pragmatique. C’est le discours de Margaret Thatcher en 1985 : «  There is no alternative  ». C’est le discours d’Emmanuel Macron en 2017. Tout le reste doit être éliminé de la vie sociétale dans la perspective de l’idéologie ultra libérale.

« Cette sous-culture recèle une menace existentielle qui lui est propre : l’absence de performance condamne à la disparition et dans le même temps, chacun est inculpé d’inefficacité et contraint de se justifier de tout. La confiance est rompue. L’évaluation règne en maître, et avec elle la bureaucratie qui impose la définition et la recherche de pléthore d’objectifs et d’indicateurs auxquels il convient de se conformer. La créativité et l’esprit critique sont étouffés par la gestion. Et chacun de battre sa coulpe sur les gaspillages et les inerties dont il est coupable. » (Manuela Cadelli, idem)

L’idéologie ultra libérale crée une « norme » qui met d’office en échec les lois de tout Parlement. Tous les contre-pouvoirs sont comme « naturellement » éliminés de la vie politique et sociétale. On entre, sans en avoir l’air, dans une nouvelle forme de dictature hautement et spécifiquement fasciste !

Jean-Luc Mélenchon nous a bien souvent parlé, durant la campagne électorale présidentielle 2017, de « La caste qui est au-dessus du peuple ». Cette « caste » au Pouvoir, n’a rien fait pour dresser le monde financier et le remettre à sa place, après la crise de 2008 et le « sauvetage des banques » par l’argent public des contribuables ! Nous connaissons tous le désastre que cette idéologie ultra libérale a répandu sur tous les peuples soumis à sa loi de profit pour le profit.

Le terrorisme redevenu à la mode, est un nihilisme qui a permis de justifier toutes les atteintes aux libertés, à la contestation, à la divergence, en saisissant l’occasion de nous imposer un « Etat d’urgence » permanent : la dictature policière et la militarisation de la société. L’ultra libéralisme a détruit toutes les libertés !

Le néo-libéralisme, ultra libéralisme qui nous impose son ordo libéralisme est un fascisme. Il doit être combattu par l’humanisme inspirant une éthique de conviction associée à une éthique de responsabilité. Voilà ce qu’était le projet de la France Insoumise porté par Jean-Luc Mélenchon.

La justice et la police sont régies par des normes économiques qui ont introduit un désastre dans le fonctionnement de ces institutions ayant l’obligation elles aussi d’être « rentables », mais n’ayant rien à faire avec les principes du néo libéralisme et de l’austérité !

L’austérité aveugle qui impose sa violence aux secteurs publics, comme aux personnes individuelles, sans considération pour les intérêts collectifs qu’ils poursuivent, vient aggraver les effets du néo-libéralisme.

Dans ce contexte de l’ordo libéralisme, « Il n’est pas rare de relever des exemples de carence de gestion, d’intimidation, de mesures absurdes, de représailles ou de complaisances injustifiées. » (Manuela Cadelli)

Même les réseaux sociaux sont diabolisés : on prépare activement tous les systèmes réputés « infaillibles » qui permettront de les censurer et de les contrôler en filtrant ce qu’ils pourront véhiculer après un triage « efficace » des données ne laissant passer que celles relevant de la « vérité » selon la censure du système qui ne veut pas appeler les choses par leur nom et qui décidera seule ce qui sera considéré comme « vrai »…

C’est cela le fascisme : c’est ce monde « orwellien » devenu la réalité par l’efficacité de sa méthode d’action incognito !

Citizen Kane (1941), un film d’Orson Welles

Source : Panorama Cinema

L’efficacité du néo libéralisme, ou ultra libéralisme, c’est d’avoir réussi à faire croire qu’il n’existait pas ! Lorsque quelqu’un l’accuse aujourd’hui d’être une renaissance du fascisme, ses défenseurs le nient en disant qu’il ne peut pas être « fasciste » puisqu’il n’existe pas…

Le libéralisme, après la deuxième guerre mondiale, était remis en question suite à la crise de 1929 : c’était les accords de Bretton Woods du 22 juillet 1944 aux USA.

Faut-il encore redire que le « néo libéralisme » des années 1930, n’a rien à voir avec l’ultra libéralisme contemporain qui promeut la nouvelle économie, ou économie du profit pour le profit, la marchandisation acharnée de tout ce qui est ?

Conclusion

En guise de conclusion, prenons cet exemple bien connu de 1973 au Chili : les « néo libéraux » américains de l’école de Chicago, dirigée par Milton Friedman, participaient au coup d’Etat contre le président élu Salvador Allende. La sanglante dictature du général Pinochet était ainsi installée au Chili. Voilà une mémoire très concrète qui existe et qui permet de comprendre le lien naturel qu’il y a entre le néo libéralisme ou ultra libéralisme et le fascisme.

L’ultra libéralisme ou le néo libéralisme qui va de paire avec une politique néo conservatrice, est un fascisme. Les Etats-Unis comme l’Europe sont des pays où règne une politique fasciste et où dominent, par conséquent, les partis néo conservateurs, les tenants des politiques ultra libérales qui ont ruiné les peuples soumis aux conséquences naturelles de ce fascisme. Il n’y a pas de mystère à cette hécatombe du chômage de masse, à la paupérisation massive des peuples, à ce pillage scrupuleusement organisé par les prédateurs du Grand Capital Financier Mondialisé…

Il n’y a pas de mystère à cette liquidation, sous nos yeux, de la souveraineté des Etats, de l’indépendance des peuples, de l’atomisation des points de la résistance par le procédé odieux du terrorisme comme méthode de dressage accéléré à la soumission par la peur… Il n’y a pas de mystère à cette sidérante fièvre d’une volonté de faire la guerre totale, sanglante, destructrice de la planète et de tout ce qu’elle contient : l’ultra libéralisme est un fascisme ; il veut la guerre en soi, il est la guerre en soi, il ne fait que révéler son vrai visage après toutes ces années de falsification et de patiente préparation de la revanche sur le peuple des anciens Bolchéviques qui l’avaient mis à genoux !

L’OTAN c’est l’armée du 4ème Reich et l’ultra libéralisme son idéologie.

Voilà pourquoi, tous les naïfs et ignorants, les dressés par la propagande et la manipulation médiatique ; tous ceux-là qui ont voté, parfois sous la menace, pour Macron, « afin de faire barrage au danger du fascisme de l’extrême droite », ont en réalité voté pour le plus pur fascisme simplement revêtu d’un autre costume! L’extrême droite a elle aussi gagné cette élection, en faisant voter Macron, puisque sur l’essentiel ils s’accordent sur le même fond qui est le fascisme.

Il n’y a pas de réelle différence entre un fascisme nationaliste (FN) et un fascisme mondialiste (EM)… Dans les deux cas, le peuple est assurément le grand perdant !

Jean-Yves Jézéquel

10 mai 2017

 



Articles Par : Jean-Yves Jézéquel

A propos :

Jean-Yves Jézéquel, philosophe et psychanalyste, diplômé du troisième cycle en sciences humaines, est l’auteur d’une trentaine d’essais en philosophie, spiritualité, religion, psychologie. Il publie également depuis 2014, une série d’analyses sur les grandes questions actuelles de société.

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