Pourquoi Trudeau s’allie à Trump contre le Mexique?
Chassez le naturel...

Afin d’obtenir un sursis de 30 jours sur les tarifs douaniers imposés par Trump au Canada, le premier ministre Trudeau a fait quelques concessions. Il a nommé un « tsar » de la lutte contre la drogue et mis en place une surveillance supplémentaire des frontières.
Non, rien de surprenant, mais décevant et humiliant. Céder à l’intimidation américaine ne fera que l’encourager, comme tout le monde sait. « Le chien qui gémit se fait botter », dit le proverbe.
Mais il y a eu une autre concession qui n’appartient pas à la catégorie des compromis ou des concessions raisonnables. Trudeau a accepté avec Trump de qualifier les cartels de la drogue mexicains de « terroristes », une désignation que le Mexique rejette avec véhémence.
Pourquoi le Mexique s’oppose-t-il à cette désignation? Parce que la doctrine américaine sur le terrorisme affirme qu’ils ont des droits extraterritoriaux et peuvent capturer et/ou détruire toute entité qu’ils jugent terroriste. La menace d’une intervention militaire au Mexique pour résoudre les problèmes de frontière et de drogue est une constante américaine.
Trudeau n’a pas le droit d’intervenir en ce sens. Mais pourquoi le fait-il ? Et pourquoi le silence à ce sujet de la part de ses compatriotes, tous partis confondus?
Réponse : Le Canada demeure un membre solide et fier de la bande impériale, réunie dans les « Five Eyes » de l’Anglosphère (avec États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle Zélande – bref, les WASPs de triste mémoire).
La bonne réponse aurait dû être celle-ci : informer la présidente du Mexique, dirigeante d’un pays souverain visé par la même politique de tarifs discriminatoire et un allié potentiel du Canada dans sa propre défense contre les actions impériales du nouveau pensionnaire de la Maison Blanche.
À la place, Trudeau/Canada a accepté de s’allier à Trump et lui fournir une arme supplémentaire à brandir contre un Mexique, un pays qui a été victime de l’agression américaine à de nombreuses reprises dans le passé.
Nous apprenons ainsi qu’en bout de ligne, le Canada se rangera derrière Washington pour rester le chiot de confiance, comme lorsqu’il a convenu d’arrêter une femme d’affaires chinoise lorsque Trump le lui a demandé. Notons que Doug Ford a récemment fait de même en disant que Trump devrait se concentrer sur la « vraie guerre commerciale avec la Chine ».
Si le Canada et le Québec veulent avoir une vraie souveraineté, il faudrait cesser d’obéir au doigt et à l’œil de l’ordre impérial anglo-américain. Ça commencerait par respecter la souveraineté mexicaine.
Le Mexique voit sans doute ce qui se passe et fera les préparatifs appropriés.
Et le Québec doit faire de même. Car qui ne se souvient pas du référendum de 1995 et de la vitesse avec laquelle les autorités politiques fédérales se sont ruées à Washington pour implorer à l’administration Clinton de se prononcer fortement contre le OUI au Québec et de menacer à exclure le Québec de l’ALÉNA?
Robin Philpot
Phil Taylor