Pressions du lobby pro-israélien sur les intellectuels américains

L’historien Tony Judt interdit de conférence par peur de représailles.

L’autocensure décidée sous la pression n’est pas réservée au débat européen touchant à l’islam, en témoigne l’affaire qui agite depuis quelques jours les intellectuels américains.

Liberté d’expression. L’historien Tony Judt, éminent professeur à l’université de New York, devait donner mardi soir au consulat polonais une conférence sur le lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Quelques heures avant le début de la conférence, le consul général, Krzysztof Kasprzyk, décide d’annuler la conférence. Après avoir parlé au président de l’Anti-Defamation League (ADL), association de lutte contre l’antisémitisme, il a pris peur d’une campagne contre son pays. Scandalisé, Judt considère que l’affaire pose la question de la liberté d’expression aux Etats-Unis : « Il y a des similarités avec les récents problèmes que vous avez eus en Europe. Nous avons ici des imams juifs, mais non religieux », nous déclarait-il hier.

L’affaire émeut le monde universitaire, au-delà des frontières américaines. Une pétition circule. Car Tony Judt, Britannique de 58 ans, juif, n’a pas vraiment le profil d’un antisémite. Militant sioniste dans sa jeunesse, il est depuis devenu très critique de l’occupation des Territoires palestiniens. Très indépendant d’esprit, c’est aussi un ancien élève de l’Ecole normale supérieure, ami de nombreux intellectuels français.

Le directeur de l’ADL, Abe Foxman, dément avoir exercé une quelconque « pression », et le Consul affirme qu’il a pris sa décision « de lui-même » après avoir entendu les « préoccupations » de l’ADL. Selon Judt, pourtant, l’ADL l’aurait menacé d’une campagne de presse.

L’affaire vient s’ajouter à d’autres récents incidents similaires. Plusieurs universitaires sont dans le collimateur des lobbies pro-israéliens. Le professeur Juan Cole (université du Michigan) s’est vu fermer la porte de Yale, et son collègue Joseph Massad (Columbia), à la suite de protestations, a fait l’objet d’une enquête pour antisémitisme (qui l’a blanchi). A New York, une pièce de théâtre consacrée à la militante américaine propalestinienne Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer israélien, a été déprogrammée sous la pression, et un architecte réputé, Richard Rogers, a été menacé de perdre des chantiers s’il ne coupait pas les liens avec un groupe appelant au boycott d’Israël.

Pas d’éditeur. Enfin, deux auteurs, John Mearsheimer, de l’université de Chicago, et Steven Walt, doyen de la prestigieuse Harvard Kennedy School of Government, n’ont pas réussi à trouver d’éditeur américain pour leur étude consacrée au lobby pro-israélien. Leur travail a finalement été publié par The London Review of Books.



Articles Par : Global Research

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