Québec – Nos Églises, lieux de refuge et de résilience communautaire. Vers un important projet de mobilisation.

Cette note est destinée aux organisations partenaires du Centre de ressources sur la non-violence (CRNV) et au milieu des médias alternatifs.  Elle a pour but d’expliquer les bases d’une campagne en démarrage.

Pour éviter le découragement périodique dans la mobilisation climatique, il est important de savoir que nous œuvrons tous à un projet commun sur le vaste territoire du Québec.  Depuis plusieurs mois maintenant l’équipe du CRNV élabore un projet de mobilisation citoyenne permettant à toutes les communautés de passer à l’action.  Celui-ci émerge, et nous sommes au moment d’en partager les grandes lignes.

En cette période caniculaire, de sécheresse et de fin de cycle pandémique, nous savons maintenant que la protection des personnes vulnérables face aux chocs environnementaux récurrents sera un immense défi.  Nous aurons besoin de lieux physiques pour protéger les gens, faire face aux crises et assurer la résilience de nos communautés.  Nous avons ici des assises importantes pour les rendez-vous électoraux qui s’annoncent au municipal, au fédéral et sous peu au provincial.

Partout, dans chacun de nos quartiers et villages, il y a une église.  Ces bâtiments sont nombreux à être en mal de vocation.  Certains sont même laissés à l’abandon.  Pourtant ces vastes espaces de patrimoine bâti sont des lieux idéaux pour servir de refuge et d’espace facilitant la résilience. Plusieurs hébergent déjà des services d’aide aux communauté locale.

Nos travaux mobilisent présentement plusieurs intervenants clés des milieux religieux, de la sauvegarde du patrimoine bâti, et une firme d’architecte spécialisée dans la conversion des églises.  L’équipe a identifié et évaluera en cours d’été la faisabilité de six vocations indispensables, des vocations qui sont complémentaires à l’usage actuellement le plus populaire; soit la conversion d’églises en salles communautaires polyvalentes.  Ces vocations sont celles que nous jugeons prioritaire pour faire face aux crises ou pour faciliter la résilience des communautés.  Ces vocations visent à répondre à des besoins urgents, qui permettront aux autorités locales et aux Ministères concernés de s’engager.  Ces vocations peuvent être combinées, mais il faut agir rapidement et de façon concertée…

• Le sanatorium temporaire ;

La crise pandémique nous a montré la nécessité d’avoir accès à des lieux de distanciation physique.  Une telle installation sera composée de pièces à pression négative pour isoler et traiter des personnes infectées.  On pourra y installer des sites de prélèvement, des sites de vaccination, et des lieux de distanciation pour nos services publics comme les services de garde, les écoles, les centres jeunesses, et divers centres d’hébergement.   Ces lieux nécessaires serviront aussi à entreposer le matériel médical indispensable pour répondre aux crises.  De tel lieux sont dorénavant critiques pour chacune de nos communautés.

• Le refuge communautaire sécuritaire ;

Les crises récurrentes apporteront leur lot de cataclysmes et d’aléas destructeurs.  Nous pouvons prévoir les besoins en termes de refuges dans nos communautés.  Des refuges thermiques et hydriques, permettant aux gens de se protéger de canicules et de sécheresses mortelles.  Des sites qui sont autonomes en production électrique renouvelable, permettant en cas de panne énergétique prolongée de se protéger du froid comme ce fut le cas lors de la crise du verglas.  Ces lieux peuvent aussi s’avérer indispensables advenant le cas où l’eau potable se retrouve indisponible ou gravement contaminée; entre autres par la fuite d’un pipeline dans le fleuve.  Et que dire de la protection en situation de méga-incendies forestiers de plus en plus fréquents, ou de l’arrivée d’un grand nombre de déplacés climatiques.  Le bâtiment doit avoir les équipements sanitaires nécessaires à l’hébergement de moyenne durée (plusieurs semaines) pour un bon nombre de personnes.

• Le pôle agroalimentaire ;

Nous avons tous constaté que les probabilités de bris dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont très élevées.  Sécheresses prolongées, neutralisation des services ferroviaires, aléas climatiques dans les lieux de production, crises sanitaires; et ce n’est qu’un début.  On parle de plus en plus d’autonomie alimentaire et de production alimentaire de proximité.  Cet enjeu est de plus en plus criant dans les communautés riveraines menacées par l’érosion rapide des berges détruisant les voies de transport.  Le pôle alimentaire de proximité, offrant des services indispensables aux petits producteurs locaux est devenu une nécessité.  Il fournit des services de stockage, de réfrigération et parfois de congélation.  Des cuisines de transformation aux normes, à des fins de conservation des végétaux et parfois de la chair animale.  Le pôle peut permettre la prolongation du marché public à l’année grâce à un point de vente.  On peut y greffer des serres, des jardins communautaires éducatifs, et des banques de partage de semences.  Certaines églises sont même devenues des sites de production verticale de légumes.

• La production électrique par des énergies durables ;

Peu importe la vocation, ou les vocations qu’on envisage greffer à ces salles polyvalentes, on doit voir à l’autonomie énergétique du site.  La boucle géothermique communautaire permettant de puiser la chaleur du sol et de la distribuer à divers bâtiments communautaire devient indispensable.  Cette boucle peut en hiver chauffer l’église, l’école de village ou de quartier, le presbytère, l’ancien couvent et des serres communautaires; puis en été devenir un activateur pour la production de gaz naturel renouvelable (GNR) à partir des déchets organiques d’un secteur.  Combiné à l’énergie solaire, et aux autres avenues énergétiques renouvelables comme l’éolien, l’énergie marémotrice et les micro turbines en rivière; l’autonomie énergétique du site en hiver est faisable.  Et comme c’est le cas pour toutes les pompes à chaleur, la géothermie offre en prime, la climatisation des lieux en été.

• La gare intermodale électrique ;

Le virage du transport tout électrique doit être pris rapidement.  On doit voir émerger rapidement des stations de services électriques.  On parle ici de véritable gare avec tous les équipements nécessaires à la recharge des véhicules, de l’autobus, au vélo; en passant par les automobiles, les voiturettes de golf et les utilitaires sports.  Vous avez besoin d’une recharge, vous cherchez l’église, et dans le stationnement vous trouverez votre borne, et une variété de véhicule en partage pour votre période de recharge.  Votre église est le lieu idéal.  Son site est généralement bien situé, près des services et au coeur de nos quartiers et villages.  De plus le bâtiment a presque toujours un stationnement sous utilisé.  C’est idéal pour en faire une véritable gare intermodale.  Un partenariat paroisse et municipalités doit être établis.  Les municipalités ont déjà accès à du financement pour des véhicules en partage, et l’installation de bornes électriques.  Exceptionnellement nécessaire, cette lubie généralisée et destructrice des véhicules utilitaires sports et des camionnettes de tout genre doit cesser.  La solution passe par l’offre de ces véhicules, en partage, électriques et disponible pour les usages occasionnels.  La gare intermodale électrique sera une composante importante de la diminution des GES dans le transport.

• Le centre de télétravail. 

Nombreux sommes-nous en période de pandémie à avoir vécu le télétravail, et ainsi avoir réduit un grand nombre de nos déplacements superflus.  Le télétravail a ses avantages incontestables dans la gestion de notre temps et la réduction des GES.  Mais le télétravail à la maison a ses inconvénients au niveau des relations sociales et professionnelles qui sont importantes pour notre développement.  Les Centre de télétravail de proximité sont une solution permettant de tracer une ligne entre la maison et le lieu de travail.  Au lieu de rester à la maison, il est envisageable de se déplacer dans un lieu de proximité qui regroupe tous les services nécessaires pour le travail de bureau.  Le Centre peut offrir toute une gamme de services aux travailleurs dont les employeurs louent des espaces de travail: une réception, des salles de réunion et téléconférence, une connexion rapide, des postes de bureautique et les services d’infographie et de reprographie.  Ainsi le télétravailleur côtoie des gens de sa communauté oeuvrant dans divers secteurs et bénéficie de tous les avantages d’une présence au bureau; tout en restant près de chez lui.  Les voies existent donc pour rendre le télétravail plus social.

Le défi à relever.

Nos bâtiments religieux ont écrit de grands pans de notre histoire collective.  Ils représentent l’engagement de nos ancêtres envers leur communauté et ont été le site de nombreux rites de passage auxquels un grand nombre de québécois sont attachés.  Dans plusieurs contexte les églises ont été un lieu de refuge et elles ont facilité la résilience des communautés en situation d’adversité.  L’engagement envers les gens vulnérables est porteur, et la sauvegarde de ce patrimoine interpelle une majorité des citoyens.  Cette avenue de mobilisation est porteuse, car elle est concrète.  Elle peut réellement mettre en valeur nos richesses du patrimoine bâti, pour des services dorénavant essentiels à nos communauté.  Jamais l’adage « d’une pierre, deux coups » n’aura été aussi porteur d’avenir.

D’ici peu, suite à l’évaluation de faisabilité, nous aurons entre les mains une incroyable opportunité de mobilisation pour la suite de la lutte aux changements climatique.

Normand Beaudet
Centre de ressources sur la non-violence


Articles Par : Normand Beaudet

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