Quel plan pour sortir de l’impasse politique au Proche-Orient ?

Alors que le pape poursuit sa tournée dans la région, le roi Abdallah de Jordanie révèle que les États-Unis prôneraient désormais un plan de paix « à 57 États ».

Alors que le pape poursuit sa tournée au Proche-Orient (lire ci-dessous), un certain nombre de déclarations et d’attitudes laissent penser que de nouveaux développements sont possibles. Reste à savoir dans quel sens. Le statu quo actuel recèle un nombre incalculable de dangers.

Côté israélien, la position du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou consiste à ne pas évoquer la possible création d’un État palestinien. Une attitude difficilement tenable vis-à-vis de la communauté internationale qui, en paroles, s’est prononcée pour une solution à deux États. D’où ce chiffon rouge agité en permanence par les dirigeants israéliens, faisant de l’Iran le danger principal. Netanyahou est même allé s’entretenir hier avec le président égyptien Hosni Moubarak, dont les ressentiments envers l’Iran sont bien connus.

Aucune idée nouvelle

Israël s’appuie également sur un manque évident dans les orientations énoncées par le nouveau président américain, Barack Obama. Si la rupture avec la stratégie de George W. Bush est perceptible s’agissant de l’Irak, de l’Afghanistan et même de la Syrie et de l’Iran, concernant le conflit israélo-palestinien, on ne peut qu’être surpris par le manque de propositions originales, permettant de sortir de l’impasse actuelle.

Certes, Obama n’est pas resté silencieux (sauf concernant les massacres de Gaza). Il a nommé un envoyé spécial en la personne de George Mitchell, ce qui était censé marquer son intérêt pour la question. Il a redit son penchant pour une solution à deux États. Mais Bush aussi. En revanche, le nouveau locataire de la Maison-Blanche n’a présenté aucune idée nouvelle, aucun mécanisme. C’est dans ce vide que s’engouffrent les dirigeants israéliens qui savent pertinemment qu’ils auront du mal à résister à une véritable volonté américaine si celle-ci s’exprimait. D’où les craintes de Tel-Aviv après les déclarations du vice-président américain, Joe Biden, devant l’AIPAC, association pro-israélienne, où l’éventualité de pressions pour qu’Israël signe le traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

La totalité du monde arabe

Côté arabe, on s’active également. Ainsi, le roi Abdallah de Jordanie a révélé dans le Times de Londres que les États-Unis prôneraient un plan de paix au Proche-Orient prévoyant « une solution à 57 États » par laquelle la totalité du monde arabe reconnaîtrait Israël. Selon le quotidien britannique, ce plan aurait été mis au point avec Barack Obama lors de la visite du souverain hachémite à Washington en avril.

Les détails seront sans doute mis au point lors d’une série d’événements diplomatiques ce mois-ci, notamment lors de la rencontre entre le président américain et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Washington la semaine prochaine. « Si nous retardons nos négociations de paix, il y aura un autre conflit entre Arabes ou musulmans et Israël dans les douze à dix-huit mois », prévient le souverain jordanien.

Un bras de fer semble s’engager

Côté palestinien, paradoxalement, on piétine alors que la colonisation se poursuit. L’unité politique n’existe toujours pas. Le chef du Hamas, Khaled Meshaal, a redit dans une interview au New York Times qu’il souhaitait un État palestinien dans les frontières de 1967 mais souligne qu’aucune solution n’est envisageable sans son organisation. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, suggère de former un gouvernement sans le Hamas. C’est l’impasse. Un bras de fer semble s’engager, ce qui pourrait être dommageable pour le mouvement national palestinien.

Les prochaines semaines seront cruciales. « Je pense que nous allons devoir faire beaucoup de navette diplomatique, faire s’asseoir les gens à une table dans les deux prochains mois pour trouver une solution », insiste le roi Abdallah. Selon le Times, après la rencontre Obama-Netanyahou à Washington le 18 mai, l’initiative de paix pourrait être au centre du grand discours au monde musulman que le président américain doit prononcer en Égypte le 4 juin. « Si Israël temporise sur la solution à deux États ou s’il n’y a pas de vision américaine claire de la façon dont cela va se jouer en 2009, alors la crédibilité énorme d’Obama dans le monde et dans cette région se volatilisera du jour au lendemain », prédit Abdallah de Jordanie. Quant à l’Union européenne (UE), elle attend !



Articles Par : Pierre Barbancey

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