EI (État Islamique) : Qui est le véritable Daech ?

Erdogan est le véritable Daech !

(Titre original : Erdogan est le véritable Daech !)

Le président turc, Recep Erdogan, est le chef des « Frères Musulmans » dans une région qui l’a submergé de déceptions. Incapable de vaincre la Syrie et son commandant en chef, il a vu se dissiper ses rêves de gloire à la tête d’un néo-empire ottoman. Incapable de gagner son pari consistant à imposer sa tutelle coloniale aux peuples du Levant et de l’Égypte, il a déchaîné sa haine seldjoukide profonde en conspirant contre la Syrie, l’Égypte, l’Irak, et en s’ingérant dans les moindres affaires du Monde arabe.

Tous les chemins qui profitent à Daech, en finance, en armes et en effectifs, passent par Istanbul, où se concrétisent les transactions de vente du pétrole volé, en Irak et en Syrie, par l’intermédiaire d’entreprises turques qui se chargent de sa livraison à leurs clients étasuniens et sionistes puis virent des sommes colossales, se chiffrant en millions par jour, dans les caisses d’Al-Baghdadi.

C’est sous les auspices des agences du renseignement turc que des milliers de turcs ont été recrutés dans les rangs de Daech, que des camps ont été dressés pour les entraîner et que des « maisons de convalescence » les ont accueillis. Nombre d’entre eux ont été filmés dans ces « lieux de repos d’après les massacres ». Leurs photos ainsi que de nombreuses enquêtes relatant leurs périples ont même été publiées par la presse turque ! Et c’est toujours sous ces mêmes auspices qu’ont afflué des milliers de combattants étrangers qui ont fait dire à Obama que « l’Occident craignait leur retour vers leurs pays d’origine ».

Quant aux armes financées par l’Arabie saoudite et par le Qatar, une grande partie a été acheminée vers la Turquie pour être remise à Daech, mais aussi à des factions d’agents du renseignement turc qui ont massacré à leur tour, ont pillé les usines syriennes, et ont ravagé le nord et l’est de la Syrie ; quoique la part la plus importante du butin soit néanmoins revenue aux « Dawaech » [pluriel du terme : membre de Daech] pour règlement de la facture des attaques visant les Kurdes en Irak et en Syrie.

La Turquie est l’état agresseur où se sont regroupées « les salles d’opération pour destruction de la Syrie » dirigées par le général US David Petraeus. C’est l’état qui s’est chargé d’organiser « les conférences des mercenaires » selon leurs éditions successives, mais toujours sous la bannière d’une prétendue opposition syrienne. Une opposition dont l’apparence, l’appellation et les chefs,  ont varié au gré des patrons US, mais dont la constante est demeurée dépendante de l’illusion d’une gouvernance ottomane des plus déterminées du fait de sa haine de la Syrie et de son peuple, et de son hostilité à tout ce qui est arabe.

Erdogan vise l’Égypte arabe, peuple et dirigeants, depuis sa révolte contre l’Organisation des Frères Musulmans, « mère du terrorisme et servante du colonialisme en Orient », parce que les Égyptiens qui ont cru à leur propagande ont vite découvert l’hypocrite transaction signée dans les locaux de l’Ambassade US, à la veille de l’arrivée de Mohamed Morsi au pouvoir, sous l’égide du calife de l’illusion ottomane, fabricant de Daech et protecteur des groupes takfiri sévissant en Syrie.

Erdogan veut disloquer l’Irak et ambitionne d’occuper Kirkouk, et le voici qui se prépare à attaquer la Syrie pour parfaire le « plan Daech », sous prétexte d’une prétendue « zone de sécurité » qu’il cherche à imposer sur le terrain.

Mais la moindre avancée de la Turquie en territoire syrien sera considérée comme une agression contre la Syrie, sa souveraineté et son indépendance. Elle déclenchera une réponse ferme et adaptée, l’État syrien étant fin prêt pour repousser les agresseurs.

Les autorités syriennes se sont comportées avec sagesse en acceptant la « coordination non déclarée » avec l’administration US pour lui permettre de sauver la face et lui épargner le coût d’un échec moral et politique, alors que les frappes aériennes US sont bel et bien coordonnées à l’avance avec Damas ; ceci, sans que la Syrie ne les légitime tant qu’elles se déroulent «  en dehors du cadre du Conseil de sécurité et donc en dehors de la légitimité internationale ».

Les autorités syriennes sont parfaitement conscientes de tous les risques potentiels d’une telle situation et détiennent des atouts majeurs ; mais à Damas, les règlements de comptes se font toujours au moment opportun et c’est avec ses alliés que la Syrie trace les lignes rouges et les règles relatives aux frappes aériennes US dans le cadre actuel de «  la lutte contre Daech ».

La Syrie a déclaré, par la voix de son ministre des Affaires étrangères à New York, que toute invasion terrestre de ses territoires, sous n’importe quel prétexte, sera considérée comme une agression contre la souveraineté nationale syrienne. Par conséquent, il faudra qu’ils s’attendent à une défense et à une résistance usant de toutes les capacités disponibles, d’autant plus que les agresseurs font partie de l’alliance odieuse qui a lancé une « guerre mondiale » pour détruire la Syrie, et que la Turquie d’Erdogan est le quartier général de cette alliance et l’un de ses États membres les plus haineux, vicieux et hypocrite.

Ghaleb Kandil

Directeur de New orient news

أردوغان داعش الأصلي

http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=145210

 

Voilà ce qu’écrivait M. Ghaleb Kandil à la veille du 2 Octobre, jour de l’adoption par le parlement turc du texte, présenté par le désormais Premier ministre Ahmet Davutoğlu, autorisant l’engagement de la Turquie dans une intervention militaire « contre Daech » en Irak et en Syrie.

Nous passerons sur tout ce que nous avons pu entendre sur nos médias, ravis que la Turquie démontre enfin qu’elle est vraiment l’alliée de l’OTAN, mais qu’il lui a d’abord fallu libérer ses otages retenus à Mossoul par la simple force dissuasive de sa diplomatie face à l’infâme Daech. En effet, nous avons vu ces otages s’en sortir tirés à quatre épingles [1] là ou d’autres ont été décapités !

Nous passerons aussi sur la prétendue abnégation du gouvernement turc qui justifie une éventuelle invasion terrestre de la Syrie par son intention de créer des camps de réfugiés ou, plus exactement, une « zone de sécurité » pour les millions de réfugiés syriens qu’il a si humainement accueillis avant même qu’ils n’en éprouvent le besoin, sans oublier les centaines de Kurdes irakiens à qui il a ouvert ses frontières après avoir hésité… le temps que son allié US cède à ses exigences.

Nous ne retiendrons que les déclarations du porte parole du ministère français des Affaires étrangères [2], au lendemain de cette excellente nouvelle :

« 8 – Turquie / Syrie / Daech

Q – En quoi consistent les consultations franco-turques ?

R – Cette réunion des ministres des Affaires étrangères portera à la fois sur la relation bilatérale et sur les questions régionales. Le format en a été décidé après la visite d’État du président de la République en Turquie les 27 et 28 janvier 2014. Ce sont des consultations annuelles. C’est la première fois qu’elles se tiennent à Paris.

Q – Quel regard porte la France sur le projet maintenant approuvé par l’Assemblée turque de créer une zone autour de Kobané, dont les Turcs assureraient la couverture aérienne ?

R – Nous saluons la décision du Parlement turc, qui permet au gouvernement d’intervenir militairement s’il l’estime nécessaire. Pour nous, la Turquie est un pays allié et un partenaire incontournable au sein de la coalition et dans la lutte contre le terrorisme. Les consultations bilatérales du 10 octobre seront l’occasion de revenir sur l’ensemble de ces questions. Sur les projets précis des autorités turques, je vous renvoie vers elles.

Q – Cela implique-t-il de mettre un pied en Syrie et de déployer des troupes en territoire syrien, avec l’argument qu’il faut protéger Kobané ?

R – C’est une décision qui relève des autorités et du parlement turcs. Comme le ministre l’a dit, il y a une répartition des tâches entre les pays membres de la coalition contre l’organisation terroriste Daech.

Q – Mais il y a malgré tout urgence. On dirait que personne ne s’occupe de la situation à Kobané et que l’on va accepter que cette ville tombe et que des massacres aient lieu. Personne ne semble vouloir armer les Kurdes syriens ?

R – Nous soutenons ce que font en Syrie les Américains et des pays arabes, mais il doit y avoir une répartition des tâches. Nous intervenons militairement en Irak. En Syrie nous appuyons l’opposition modérée. Le ministre l’a clairement rappelé la semaine dernière à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Q – Dans ce partage des tâches qui s’occupe d’aider les Kurdes à Kobané ?

R – Pour nous, l’interlocuteur qui peut lutter sur le terrain le plus efficacement contre Daech comme contre Bachar Al-Assad, c’est la coalition nationale syrienne.

Q – Pourquoi aider les peshmergas kurdes en Irak et non les Kurdes de Syrie à Kobané ?

R – En Irak, nous le faisons à la demande des autorités locales en liaison avec les autorités irakiennes. »

Rien de neuf, mis à part une question pertinente et inattendue par les temps qui courent, dans ce type de document. Kobané [3] étant une ville syrienne à majorité kurde, pourquoi aider les kurdes en Irak et non les Kurdes de Syrie ? Mais question à laquelle Monsieur le porte parole répond par une pirouette.

Or, il semble que là est « la question », le problème kurde étant la bombe qui risque d’exploser au visage de « l’allié Erdogan », maintenant que Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan en Irak, a compris qu’il ne pouvait pas compter sur lui, et que Abdullah Öcalan, toujours prisonnier en Turquie et chef du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan], a menacé de rompre le dialogue avec Ankara si la population de Kobané était massacrée [4]. Une bombe qui sera autrement plus explosive que celle lancée, ce même 3 octobre, par le vice-président des USA, Joe Biden [5] :

« Nos alliés dans la région sont notre plus grand problème en Syrie… les Turcs sont de grands amis et j’ai d’excellentes relations avec Erdogan, avec lequel j’ai passé beaucoup de temps… les Saoudiens… les Émiratis… Qu’ont-ils fait ? Ils étaient si déterminés à renverser Assad qu’ils ont mené une guerre par procuration entre sunnites et chiites…  ».

Bref, les USA sont blancs comme neige. Ce sont leurs alliés qui ont armé et financé Daech, mais ces alliés « ont fini par prendre conscience de leurs erreurs » !!! Vu cette conclusion, cela ne veut pas dire grand-chose pour la suite de l’agression sur la Syrie.

Reste à savoir si ce n’est pas la réponse des USA à Erdogan, et à d’autres alliés, pour leur rappeler qui est le maître du jeu et quel est le but définitif du « plan Daech » : servir d’abord et avant tout les intérêts US ! Ils avaient une marge de manœuvre, ils l’ont dépassée en se servant d’abord.

Reste à savoir aussi si ce coup de semonce de Joe Biden peut expliquer le fait que le paragraphe 8 ci-dessus [tiré des Déclarations officielles de politique étrangère du 03 octobre 2014] a disparu, alors que nous avons procédé par un copier/coller il y a à peine quelques heures.

La Turquie ne serait-elle plus le partenaire « incontournable » digne de la France ? Ou bien, une fois de plus, les USA refusent d’accorder les violons et la France joue faux ?

 

Traduction et commentaire par Mouna Alno-Nakhal

04/10/2014

 

Notes :

[1] Libération des otages turcs : « c’est un jour de fête pour la nation »

http://www.youtube.com/watch?v=kFNP7_hGew4

[2] Déclarations officielles de politique étrangère du 03 octobre 2014

http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?type=bafr

[3] Les Kurdes de Kobané sont «massacrés» par les djihadistes

http://www.tdg.ch/monde/Les-Kurdes-de-Kobane-sont-massacres-par-les-djihadistes/story/10408492

[4] Abdullah Öcalan menace de rompre le dialogue avec Ankara

http://www.lopinion.fr/2-octobre-2014/abdullah-ocalan-menace-rompre-dialogue-ankara-16967

[5] Anyone but US ! Biden blames allies for ISIS rise

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=11l8nLZNPSY http://rt.com/news/192880-biden-isis-us-allies/

 



Articles Par : Ghaleb Kandil

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