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Qui peut protéger les Arméniens de Syrie?
Par Ahmad al-Khaled
Mondialisation.ca, 08 novembre 2019

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Immédiatement après son lancement en octobre, l’opération Peace Spring menée par la Turquie dans le nord de la Syrie est devenue un mal de tête énorme pour toutes les parties au conflit syrien, mais avant tout pour les États-Unis. Washington s’est retrouvé coincé entre deux options mutuellement exclusives: sauver les relations avec son alliée à l’OTAN, la Turquie, ou tenir les promesses faites aux Kurdes syriens, un partenaire clé des États-Unis en Syrie.

Ces mêmes Kurdes sont devenus l’objectif ultime de l’opération lancée par la Turquie, qui considère les Forces démocratiques syriennes à dominance kurde comme un groupe terroriste en raison de ses liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan. La création d’une zone dite de sécurité devrait stabiliser la situation le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie, selon Ankara.

Cependant, outre les Kurdes, la région frontalière accueille d’autres minorités vulnérables qui ont de bonnes raisons de rester prudent en ce qui concerne l’offensive turque. La diaspora arménienne vient en tête de liste.

Environ 20 000 Arméniens vivent dans les provinces du nord de la Syrie. Bien que la majeure partie de la population syro-arménienne soit concentrée dans la sécurité de la ville d’Alep, des communautés arméniennes subsistent également dans un certain nombre de villes situées le long de la frontière, notamment Tell Abyad, Hassaké, Qamichli, etc.

Après le lancement de l’opération turque, certaines de ces communautés sont devenues témoins d’affrontements armés et de bombardements. À Tell Abyad, où l’artillerie turque a ciblé de nombreux quartiers, la situation est devenue tellement dangereuse que les dirigeants de la diaspora locale ont décidé d’évacuer les familles arméniennes.

Sous la pression des États-Unis, les factions armées kurdes qui contrôlaient Tell Abyad ont refusé de coopérer avec le gouvernement syrien, manquant ainsi l’occasion de faire entrer l’armée arabe syrienne dans la ville pour empêcher l’offensive de l’armée turque et de ses mandataires. Le seul espoir de sécurité des Arméniens syriens repose désormais sur l’accord improbable entre la Turquie et la Russie.

Des sources bien informées ayant connaissance des résultats des négociations récentes entre Recep Erdogan et Vladimir Poutine ont indiqué que la sécurité de la diaspora arménienne de Syrie était à l’ordre du jour de la rencontre. Les autorités turques doivent encore le confirmer officiellement, mais il existe de nombreuses preuves indirectes mais solides en faveur de cela. Les chefs militaires turcs se sont déclarés prêts à rencontrer les dirigeants de la diaspora arménienne de Tell Abyad pour discuter de la possibilité d’entamer la reconstruction de l’église chrétienne locale endommagée lors du bombardement.

Ahmad al Khaled

Special Monitoring Mission to Syria

Photo en vedette : Église arménienne détruite par le groupe terroriste EI à Alep.

Source  de l’image :

tweeter d’Aram Iskenderian, 28 décembre 2015 via sputniknews.com.

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