Qui sont les terroristes en Irak: Deux officiers britanniques déguisés en terroristes Al Qaïda
L’enquêteur chargé de l’affaire meurt subitement
Le capitaine Ken Masters, enquêteur chef de la police militaire britannique à Bassora, vient de mourir dans des circonstances mystérieuses. Selon un porte-parole du ministère de la Défense, sa mort « n’est pas due à des actions hostiles » ou à des causes naturelles.
Ken Masters était commandant de la branche des enquêtes spéciales de la police militaire royale. Il était « responsable des enquêtes sur tous les incidents sérieux dans le théâtre (des opérations militaires) », selon le ministère.
Le capitaine Masters était donc responsable de l’enquête sur les circonstances de l’arrestation de deux agents des forces spéciales (SAS) britanniques, habillés en tenue « arabe », par la police irakienne à Bassora le 19 septembre.
Les deux « soldats » britanniques, qui conduisaient une voiture remplie d’armes et de munitions, furent ensuite « rescapés » par les forces britanniques, dans un assaut militaire majeur contre l’édifice où ils étaient détenus. Les britanniques ont eu recours à une dizaine de tanks assistés d’hélicoptères pour détruire les murs de la prison et libérer les deux hommes.
L’incident, qui a fait plusieurs victimes civiles et policières, a mis les autorités britanniques dans l’embarras.
Plusieurs rapports de presse ainsi que des témoignages suggèrent que les deux officiers étaient en quelque sorte déguisés en « terroristes » d’Al Qaïda et planifiaient de faire exploser les bombes dans le centre de Bassora durant un important événement religieux.
Comme le rapporte The Scotsman, le 14 octobre dernier, le Royaume-Uni s’est formellement excusé à l’Irak et à confirmé qu’il dédommagerait pour « les blessures et dommages causés pendant l’attaque par l’armée d’un poste de police à Bassora dans le cadre d’une opération pour libérer deux soldats ». La compensation pour les familles des victimes devait dépendre de l’enquête du capitaine Masters et de son équipe.
Le capitaine Masters est mort à Bassora le 15 octobre. Selon le ministère de la Défense, « les circonstances de sa mort n’ont pas été considérées comme suspectes. »
Les rapports suggéraient prudemment que Masters aurait du « stress », ce qui aurait pu le pousser au suicide. Le Daily Mail du 17 octobre tend toutefois à écarter la thèse du suicide et affirme que « peu de choses sont connues sur sa vie privée et on dit qu’il serait peu probable que la pression du travail puisse l’avoir poussé au suicide. »
L’attaque du 19 septembre pour « secourir » les deux soldats fut lancée sous le commandement du général de brigade John Lorimer. Ce dernier a déclaré que le but du raid était d’assurer la sécurité des deux hommes, qui auraient été entre les mains de milices.
Ironiquement, le récit de Lorimer est contredit par le gouvernement intérimaire mis en place par les États-Unis. Le ministre de l’Intérieur irakien Bagir Solagh Jabr, dans une entrevue à la BBC, a nié le fait que la police avait remis les deux Britanniques aux milices locales. Il a accusé le général de brigade Lorimer de réagir à des rumeurs en ordonnant à ses hommes d’attaquer le poste de police.
Dans une déclaration subséquente, Lorimer a affirmé que la police à Bassora était impliquée dans le terrorisme et soutenue par l’Iran (ce lien avec l’Iran est maintenant nié par les hauts responsables de la Défense britannique).
Selon le Daily Telegraph, Lorimer aurait ajouté que les deux agents britanniques arrêtés avaient enquêté sur des actes de torture et d’abus dans la prison. Les officiers s’étaient vus confier la tâche de découvrir « qui était derrière le règne de terreur à la prison ».
Les citoyens de Bassora ont assisté à l’arrestation. Des civils ont été tués et blessés quand les forces britanniques, sous le commandement du général de brigade Lorimer, ont lancé l’assaut contre la prison. Le réseau télévisé Al Jazira a décrit les circonstances de l’arrestation dans une entrevue avec Fattah al-Shaeikh, membre de l’Assemblée nationale irakienne. Selon ce dernier, les Britanniques conduisaient une voiture piégée qu’ils voulaient faire exploser au cœur de la ville de Bassora, mais « les fils de la ville de Bassora les ont rapidement arrêtés. Ils (les deux étrangers) ont ensuite ouvert le feu sur les personnes présentes et tué certaines d’entre elles. »
Selon le Financial Times, un haut dirigeant du plus grand parti chiite irakien, M. Hakim, a affirmé que les deux britanniques devaient être poursuivis pour espionnage puisque l’immunité légale pour les soldats britanniques ne s’appliquait pas lorsqu’ils n’étaient pas en uniforme. Il a écarté la possibilité que les agents aient enquêté sur des militants liés à l’Iran et qualifié ces rapports de « propagande ».
Est-ce que l’armée britannique bloquait l’enquête policière du capitaine Masters ?
Selon The Independent, il y avait désaccord entre le commandement militaire britannique et les responsables policiers envoyés sur le théâtre des opérations pour enquêter sur les agissements et comportements du personnel militaire.
Est-ce que le ministère de la Défense a mis de la pression sur Masters ?
Le capitaine Ken Masters avait le mandat de coopérer, dans son enquête, avec les autorités civiles irakiennes. Dans le cadre de son mandat, il devait enquêter sur des « allégations selon lesquelles des soldats britanniques auraient tué ou maltraité des civils irakiens ». Spécifiquement, dans ce cas, l’enquête portait sur les circonstances de l’assaut sur la prison, le 19 septembre. Les rapports de presse et les déclarations officielles suggèrent que l’assaut a été autorisé par le ministère de la Défense.
Le général Sir Michael Jackson, chef de l’État-major, était à Bassora quelques jours avant la mort du capitaine Masters pour traiter de cette affaire.
Alors qu’il était à Bassora, il a sans aucun doute rencontré le brigadier Lorimer ainsi que le capitaine Masters. Le général Jackson avait défendu le sauvetage des deux agents clandestins. Le Times du 12 octobre le cite : « Il est bien clair qu’il était important de récupérer ces deux soldats. »