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Réchauffement : des pirates mettent de l’huile sur le feu
Par Jean-Luc Goudet
Mondialisation.ca, 30 novembre 2009
Futura-Sciences 30 novembre 2009
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/r-chauffement-des-pirates-mettent-de-l-huile-sur-le-feu/16333

En publiant des courriels volés dans un centre de recherche britannique sur le climat, une mystérieuse équipe provoque une polémique en prétendant montrer que les scientifiques trichent lorsqu’ils annoncent un réchauffement de la PlanèteL\’Union Astronomique Internationale (UAI) s\’est longuement penchée sur la définition des planètes lors de sa 26ème assemblée générale qui s\’est tenue à Prague du 14 mai au 25 août 2006. Il devenait en effet urgent que la nomenclature des objets reflète l\’ensemble des corps que les performances des…’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()planète. Les données sont publiées sur un ServeurOrdinateur qui exécute des opérations à la demande d\’autres ordinateurs, surnommés clients. De ce fait, on parle d\’architecture réseau client serveur. Un serveur HTTP fournit des pages web à la demande d\’un navigateur par exemple.’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()serveur russe, à deux semaines de la réunion de Copenhague et font les délices des climato-sceptiques.

La Base de donnéesEnsemble de données organisé en vue de son utilisation par des programmes correspondant à des applications distinctes et de manière à faciliter l\’évolution indépendante des données et des programmes.
Anglais : data base.’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()base de données
du Climate Research Unit (CRU) de l’université East Anglia a été piratée par des hackers, qui ont récupéré des courriels échangés depuis treize ans par des chercheurs spécialistes du climat et participant, pour nombre d’entre eux, au Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Plus d’un millier de ces documents ont été immédiatement rendus publics sur un serveur installé en Russie. L’introduction de la page indique clairement l’objectif. Ces échanges démontreraient que les scientifiques faussent leurs résultats pour faire admettre la réalité d’un réchauffement de l’AtmosphèreCouche gazeuse qui enveloppe certaines planètes. Sans notre atmosphère, nous ne pourrions vivre sur Terre. En astronomie, enveloppe gazeuse entourant un corps céleste et pouvant contenir des particules en suspension (poussières, gaz, aérosols…). Les étoiles ont toutes une atmosphère gazeuse dont…’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()atmosphère terrestre dû à l’homme.

Dans un communiqué, le CRU a reconnu le vol et l’authenticité d’au moins une partie des courriels mais « le volume du matériel publié et son éparpillement en petits documents font qu’il est impossible de confirmer quelle proportion est réelle ». La police britannique a ouvert une enquête.

Un chercheur « astucieux » ou « tricheur » ?

Depuis la publication de ces courriers, la planète InternetRéseau informatique mondial constitué d\’un ensemble de réseaux nationaux, régionaux et privés qui sont reliés par le protocole de communication TCP/IP et qui coopèrent dans le but d\’offrir une interface unique à leurs utilisateurs.
L\’ambition d\’Internet s\’exprime en une phrase : relier entre eux…’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()Web
est agitée de rumeurs, une nouvelle fois réamorcées, sur ce grand complot fomenté par le Giec et la majorité des climatologues mondiaux. L’expression Climatgate rencontre un grand succès. Le mail qui fait couler le plus d’OctetAnglais : byte.
Suite de huit chiffres binaires. Un octet permet d\’écrire 28, soit 256 nombres, de 0 à 255.
L\’octet est l\’unité de mémoire de l\’informatique. Un caractère alphanumérique, par exemple, est codé par un nombre à huit bits.
Les quantités de mémoires (mémoire vive, mémoire de masse,…’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()octets
dans les tuyaux d’Internet est celui du directeur du CRU, Phil Jones, qui parle d’une méthode utilisée par un certain Michael Mann (université de Pennsylvanie), lequel aurait trouvé une astuce (« trick ») pour masquer le déclin des TempératureGrandeur physique liée à la notion immédiate de chaud et froid.
Deux corps en contact ont tendance à égaliser leurs températures, par échange de chaleur (équilibre thermique). Les thermomètres fournissent une mesure de la température en utilisant des phénomènes comme la variation de la pression…’,’Cliquez pour plus d\’information’); » onmouseout=killlink()températures
dans les données alors analysées. Comme trick signifie aussi bien farce que astuce, le propos est présenté comme la preuve d’une tricherie.

Phil Jones a reconnu l’authenticité de ce courrier et précisé qu’il avait bien utilisé le mot trick dans le sens du français astuce. Le sujet dont il est question dans ce mail concerne la relation entre la croissance des arbres au fil des années, estimée par l’épaisseur et la densité des cernes, et la température ambiante. Les scientifiques qui se sont penchés sur ce phénomène ont remarqué une bonne corrélation pour la plus grande partie du vingtième siècle mais pas pour les dernières décennies. Cette différence ne semble pas être identique dans toutes les régions géographiques et les causes sont encore débattues. Une correction est donc nécessaire pour relier les données de la dendrochronologie à la température mais elle n’est pas simple à établir. Bref, il s’agit là d’une situation très classique en science.

Le reste est à peu près à l’avenant. A consulter ces échanges, on réalise qu’il faut méconnaître profondément le travail quotidien du scientifique pour analyser cet ensemble hétéroclite comme la preuve d’un complot généralisé, ou bien faire preuve d’une grande malhonnêteté.

C’est mettre de côté trois évidences : la science est le domaine du doute, la critique du travail des collègues est consubstantielle de l’activité scientifique et, enfin, les chercheurs sont des êtres humains comme les autres. Pêcher dans la correspondance privée ramène donc nécessairement des propos trop enthousiastes, trop critiques, injustes ou, surtout, ininterprétables hors contexte. Si, en prime, on opère un tri, on peut organiser une vraie manipulation.

Par ailleurs, l’ensemble de ces documents ne démontre aucun complot centralisé. Il montre, au maximum, que la climatologie est une science difficile, où les certitudes sont rares et les remises en cause faciles. Espérons que ce triste épisode ne détériore pas le climat (sans jeu de mot) à deux semaines de l’ouverture du sommet international de Copenhague… On peut aussi espérer qu’il ne polluera pas le – vrai – débat scientifique sur la question du changement climatique.

Voir la vidéo sur leClimat-gate.

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