Rapport Chilcot – Et maintenant, il faut juger Tony Blair

Le rapport Chilcot, c’est à dire l’enquête de la commission sur l’engagement britannique dans la guerre d’Irak, a enfin été publié. Il ne fait que confirmer ce que les observateurs indépendants savaient de la situation dans ce pays depuis la Première guerre du Golfe, à savoir que la menace irakienne n’existait que pour ceux qui voulaient renverser Saddam Hussein à tous prix.

L’embargo, seule arme de destruction massive

En janvier 2003, je suis allé à Bagdad, Taji, Bassora et Oum Qasr avec l’écrivain gaulliste Philippe de Saint Robert, un groupe d’officiers français (CR) – spécialistes des armes NBC – des scientifiques, des journalistes et des membres des Amitiés franco-irakiennes. Nous nous sommes rendus sur des lieux mentionnés dans un rapport de Tony Blair comme étant des caches d’armes de destruction massive, notamment au complexe militaire de Zulficar, à Taji, pour constater que les tubes d’aluminium qui y étaient entreposés étaient impropres à quelque utilisation que ce soit en matière nucléaire…

En mars 2003, j’ai visité d’autres sites soi-disant sensibles dans les régions de Bagdad et de Mossoul, avec une autre délégation qui fit le même constat que Philippe de Saint Robert : le rapport Blair était un tissu de mensonges. En Irak «la seule arme de destruction massive, c’était l’embargo ». 

Le bilan du renversement du régime baasiste est effroyable : plus d’un million de civils tués, des destructions sans nombre, l’implosion de la société irakienne, la partition de facto du pays, des millions de déplacés et de réfugiés, le terrorisme, une guerre de religion… en un mot le chaos.

Crimes de guerre et crime contre l’humanité 

Il aura fallu 7 ans pour que l’enquête sur l’engagement britannique en Irak soit publiée, 13 ans pour que la Grande-Bretagne reconnaisse officiellement certains de ses crimes. George Galloway – député exclu du Parti travailliste parce qu’il s’opposait à la guerre– a remercié Sir John Chilcot d’avoir rendu à son pays un peu de son honneur. Un peu, seulement, car il reste à juger Tony Blair pour crimes de guerre. Rien moins. C’est ce que réclament Jeremy Corbyn, chef actuel du Parti travailliste, et plusieurs pétitions en ligne sur Internet. La Cour Pénale Internationale (CPI), accusée à raison de « tropisme africain », pourrait gagner en crédibilité en ordonnant la comparution de l’ancien Premier ministre britannique.

Si ce procès a lieu un jour – qui sait ? – Blair devra s’expliquer sur ses mensonges et leurs conséquences, sa relation de vassalité à l’égard de George W. Bush… et sur la mort plus que mystérieuse, en juillet 2003, de David Kelly, inspecteur de l’ONU expert en armes de destruction massive qui contredisait ses dires.

Gilles Munier



Articles Par : Gilles Munier

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