Renaissance du projet colonial en Libye

La chute inattendue de Tripoli avec la participation d’unités d’élite occidentales et de groupes de mercenaires acheminés de pays où les Israéliens sont très actifs, a focalisé l’attention de l’opinion publique et des observateurs.

Depuis que le régime de Mouammar Kadhafi a procédé à son célèbre virage, en 2003, se jetant dans les bras des Occidentaux de peur de subir le même sort que Saddam Hussein, il se croyait à l’abri et pensait jouir d’une protection illimitée. Mais les États-Unis et leurs alliés européens ont tout de suite commencé à infiltrer son régime, recrutant de hauts responsables dans les cercles les plus proches du colonel.

Ces dissidents potentiels, qui voulaient en finir avec Kadhafi et sa famille, n’attendaient qu’un signal pour passer à l’action. Ils ont saisi l’occasion de la révolte populaire de février pour encadrer le mouvement qu’ils ont livré sur un plateau d’argent aux Américains et aux Européens.

L’Occident convoite les immenses richesses de la Libye, qui renferme de grandes réserves de pétrole d’une qualité exceptionnelle. C’est en pillant les centaines de milliards de dollars de la Libye que l’Occident malade espère pouvoir régler ses problèmes économiques et retarder la faillite de ses États-pivots.

L’Occident projette, aussi, de transformer la Libye de demain en base avancée pour contrôler l’Afrique du Nord et maintenir une épée de Damoclès au dessus de l’Egypte si elle était tentée d’emprunter le chemin de la véritable indépendance politique et économique.

Il envisage, enfin, d’étendre son influence sur toute l’Afrique de l’Ouest, considérée par les Israéliens comme le soutien financier du Hezbollah, car elle abrite des centaines de milliers de Libanais, dont beaucoup disposent de fortunes colossales dans les domaines du diamant, du commerce et de l’industrie.

La rébellion libyenne est confrontée à un défi de taille et porte le fardeau d’une responsabilité historique : construire la Libye de demain, libre, réellement indépendante, et prospère. Mais l’évolution des événements ces cinq derniers mois montre à quel point elle doit sa victoire à l’Occident. Dans ce contexte, il est peu probable que le Conseil national de transition (CNT) dispose d’une volonté politique assez autonome et solide pour pouvoir résister aux pressions occidentales et faire échouer les plans néocoloniaux américains et européens. Sans compter le fait que de nombreuses personnalités du CNT sont des acteurs de ce plan depuis longtemps.

New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf (*)
Tendances de l’Orient No 46, 29 août 2011.

(*) Chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales de Beyrouth.



Articles Par : Pierre Khalaf

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