Reportage du toit du monde : Le plateau tibétain en Chine
Brève introduction : Reportage sur le Centre chinois de recherche en tibétologie, Pékin
Le 24 août 2023, j’ai accepté l’invitation de la convocatrice de l’International Manifesto Group / New Cold War, la professeure Radhika Desai, à représenter l’organisme lors d’un voyage spécial de deux semaines sur le plateau tibétain et à Pékin, au sein d’un groupe sélectionné de six participants d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe et d’Océanie. Nous avons été invités par le Bureau des droits de l’homme du Bureau de l’information du Conseil d’État de la République populaire de Chine.
Ma tâche consiste à rédiger des articles pour New Cold War. Bien que cette série en plusieurs parties soit de ma responsabilité, elle est le résultat d’un effort collectif de nous six pendant et depuis notre retour de Chine dans nos pays respectifs. Dès le premier jour, nous nous sommes immédiatement rapprochés, avec l’objectif commun de faire connaître la réalité du plateau tibétain à l’opinion publique internationale.
Le plateau tibétain comprend la région autonome du Tibet et une grande partie de la province de Qinghai. Il s’étend à l’ouest jusqu’à la province du Sichuan et au sud jusqu’à la région autonome ouïgoure du Xinjiang et une partie des provinces de Gansu et Yunnan. Pourquoi le « toit du monde »? Le plateau tibétain a une altitude moyenne d’environ 4 500 mètres. C’est le plus haut et le plus grand plateau du monde au-dessus du niveau de la mer, couvrant une superficie de 2,5 millions de kilomètres carrés.
La simple mention du mot « Tibet » par la professeure Radhika a déclenché dans mon esprit, deux jours seulement avant son invitation, l’annonce du 22 août 2023 par le secrétaire d’État américain Antony J. Blinken de « Restrictions sur les visas pour faire face à l’assimilation forcée au Tibet ». La raison invoquée par M. Blinken pour justifier cette nouvelle sanction à l’encontre d’individus est « leur implication dans l’assimilation forcée de plus d’un million d’enfants tibétains dans des internats gérés par le gouvernement. Ces politiques coercitives visent à éliminer les traditions linguistiques, culturelles et religieuses distinctes du Tibet parmi les jeunes générations de Tibétains ». Cependant, il n’existe pas une seule source qui fournisse des faits à l’appui de cette accusation.
Le 6 février 2023, dans une déclaration complémentaire, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a écrit :
« Nous sommes très préoccupés par le fait que, ces dernières années, le système de pensionnat pour les enfants tibétains semble agir comme un programme obligatoire à grande échelle destiné à assimiler les Tibétains à la culture majoritaire des Han, ce qui est contraire aux normes internationales en matière de droits de l’homme ».
Une fois de plus, pas de sources, juste des affirmations sans fondement.
Le 14 septembre, à Pékin, nous avons organisé un échange au Centre chinois de recherche en tibétologie (CTRC). Le Centre était représenté par Zha Luo, directeur de l’Institut d’études sociales et économiques du CRTC. Auteur prolifique sur le Tibet, il nous a informés qu’en août 2023, plus de 300 chercheurs en tibétologie de Chine et de l’étranger s’étaient réunis à Pékin pour un grand séminaire international visant à promouvoir les études tibétaines. Ce séminaire se tient depuis 1991. En tant qu’un des plus grands événements académiques internationaux dans le domaine des études tibétaines, le séminaire est une plateforme importante pour les chercheurs en tibétologie en Chine et à l’étranger pour présenter les derniers résultats de la recherche et approfondir les échanges et la coopération, selon le CTRC. Au cours de l’événement, les chercheurs ont discuté de sujets tels que l’éducation, le bouddhisme tibétain, la transformation et le changement social, ainsi que l’architecture et les conditions de vie sur le plateau Qinghai-Tibet.
Crédit photo : H. Weldin.
Zha Luo nous a également assuré que nous visiterions un internat lors de notre visite sur le Plateau. Nous en avons effectivement visité un et, comme lors de notre échange avec le CRTC à Pékin, nous avons pu poser toutes les questions que nous souhaitions. Et c’est ce que nous avons fait, comme nous le verrons plus loin dans cette série. Bien que les plaintes susmentionnées contre la Chine concernant les internats n’aient pas nommé d’individus, nous étions sur place. Nous avons vu et entendu la réalité, non seulement sur place, mais tout au long du voyage : une véritable révélation.
L’orientation de cette série d’articles n’est donc pas du tout défensive en ce qui concerne les conditions sur le plateau tibétain. Outre des échanges francs avec la CTRC et de nombreuses visites sur place, la conclusion est que nous devons éviter de nous limiter à la réfutation de l’histoire menée par les États-Unis. En effet, la réalité du plateau tibétain que nous avons découverte est tellement imprégnée de la promotion de la langue, de la culture, de l’histoire, du patrimoine et de la religion tibétains qu’affirmer que le Tibet n’est pas ceci ou cela, comme le promeuvent les États-Unis, ne peut rendre justice à la réalité du plateau tibétain. Si cette orientation avait été adoptée, cette série en plusieurs parties se résumerait à une série d’insinuations que j’aimerais éviter. Il s’agit de savoir ce qu’est le Tibet, et non ce qu’il n’est pas.
De plus, la réalité tibétaine est tellement différente de la désinformation des médias que la série peut, espérons-le, jeter un peu plus de lumière sur l’autre problème principal de la région – la région autonome ouïgoure du Xinjiang – en posant la question suivante : « Maintenant que la réalité du Tibet est révélée, les gens peuvent-ils croire le récit américain sur la soi-disant oppression et le génocide des Ouïgours ?
Arnold August
Article en anglais :
The Roof of the World: China’s Tibetan Plateau. Arnold August, le 31 octobre 2023
L’article en anglais a été publié initialement sur le site New Cold War.