Russie—Turquie—Ukraine: les résultats de la réunion trilatérale

Ce qui se passe en Ukraine a de très graves implications géopolitiques. Cela pourrait nous conduire à un scénario de troisième guerre mondiale.

Il est important qu’un processus de paix soit engagé afin d’éviter une escalade.

Mondialisation.ca n’est pas en faveur de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un accord de paix bilatéral est nécessaire.

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Dans la province d’Antalya, dans le sud de la Turquie, le jeudi 10 mars, une réunion trilatérale s’est tenue entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov, de l’Ukraine Dmytro Kouleba et de la Turquie Mevlüt Çavuşoğlu.

Les ministres des Affaires étrangères de la Russie et de l’Ukraine, Sergueï Lavrov et Dmytro Kouleba, se sont assis à la table des négociations. A en juger par leurs conférences de presse, la conversation n’a pas abouti. Les deux ministres ne sont parvenus à aucun accord et, en général, d’après leurs propos, il s’avère qu’ils ont parlé de choses différentes. Cependant, le fait même que des hauts fonctionnaires soient finalement impliqués dans les négociations est remarquable.

La réunion a duré une heure et demie. Plus tôt le matin, Mevlüt Çavuşoğlu a tenu des réunions séparées «sans liens» avec Sergueï Lavrov et Dmytro Kouleba.

Ankara, qui propose une médiation à la Russie et à l’Ukraine dans le cadre du troisième Forum diplomatique, entretient de bonnes relations avec Moscou et Kiev. «Nous espérons un rétablissement rapide de la paix dans la région. Nous poursuivrons nos efforts pour promouvoir la diplomatie entre la Russie et l’Ukraine», a tweeté le ministre turc Mevlüt Çavuşoğlu à l’issue de la réunion trilatérale.

Les exigences russes sont précises. La partie russe a soumis des propositions concrètes à Kiev sur la résolution des contradictions, et Kiev a pris en considération le projet russe et donnera une réponse. Aujourd’hui, il est devenu clair qu’il n’y a pas d’alternative au processus de négociation comme ce qui a eu lieu en Biélorussie. A ce moment là, lors des pourparlers avec le chef du ministère ukrainien des Affaires étrangères, personne n’allait s’entendre sur un cessez-le-feu. Le ministre russe des Affaires étrangères a, donc, indiqué divers points à respecter pour aboutir à des accords.

Les couloirs humanitaires. Pour Sergueï Lavrov, «L’initiative de Moscou d’ouvrir des couloirs humanitaires quotidiens en Ukraine reste en vigueur». Dmytro Kouleba a, lui, affirmé que «Sergueï Lavrov n’a pas donné de garanties sur les couloirs humanitaires et a déclaré qu’il discuterait de la question avec les structures concernées».

Place de l’Ukraine dans l’Otan et finlandisation du pays. «La Russie plaide pour que l’Ukraine ait un statut « neutre »» et Sergueï Lavrov martèle que «nous nous opposons à l’élargissement de l’Otan, mais nous ne rejetons pas la nécessité d’assurer la sécurité de l’Ukraine». Il a dénoncé le fait que «la seule chose que l’Occident attend de l’Ukraine, c’est que Kiev agisse constamment contre la Russie». Aussi, «la Fédération de Russie veut voir l’Ukraine démilitarisée, amicale, sans avoir l’interdiction de la langue russe».

Volontaires envoyés en Ukraine. Sur la question de l’envoi d’armes et de volontaires en Ukraine par les pays de l’UE et d’autres pays, le ministre russe a fait savoir que «ceux qui envoient des armes en Ukraine sont responsables de leurs actes», et «les pays occidentaux, fournissant des armes létales à l’Ukraine, agissent dangereusement» car «quiconque qui encourage les mercenaires sera tenu responsable». Observateur Continental avait soulevé cette question car, par exemple, le droit pénal en France l’interdit.

Les négociations ne sont pas des rencontres pour la presse people. Sergueï Lavrov rappelle que ces négociations ne sont pas des rencontres autour d’une tasse de thé pour alimenter les titres de la presse people: «Nous ne voulons pas que les négociations soient menées uniquement pour le plaisir des négociations». Il a fait savoir cet aspect important concernant le sérieux de ces échanges: «Nous avons discuté de cette question avec Dmytro Kouleba». L’administration ukrainienne dénonce qu’«aucun progrès n’a été réalisé pour parvenir à un cessez-le-feu de 24 heures en Ukraine».

Dmytro Kouleba a, notamment, déclaré: «Je suis arrivé à Antalya pour prendre des décisions concrètes sur la façon de sortir de la situation, tandis que [Sergueï] Lavrov n’est venu que pour écouter». Il a rajouté: «Nous ne pouvons pas arrêter la guerre. Si l’Etat qui nous attaque ne veut pas cela, alors nous ne pouvons pas arrêter la guerre». Dmytro Kouleba a indiqué: «Un accord a été conclu pour tenir une autre réunion de ce type. S’il est nécessaire de résoudre la crise, nous sommes prêts à rencontrer».

Le président russe d’accord pour rencontrer le président ukrainien. Contrairement aux informations relayées dans la presse occidentale, comme en France, qui affirment que le président russe, Vladimir Poutine, ne souhaite pas rencontrer le président ukrainien, Observateur Continental apprend, qu’au contraire, le chef du Kremlin «ne refuse pas une rencontre avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky», et qu’ «un jour cela peut avoir lieu, mais que pour l’instant, un travail préparatoire doit être fait». C’est ce qu’a annoncé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Philippe Rosenthal



Articles Par : Philippe Rosenthal

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