Rwanda – Kihizo Mihigo, mort du chantre de la réconciliation

Kizito Mihigo – Hommage de Perpétue Muramutse

Kizito Mihigo avait 38 ans le jour de son décès. Il avait seulement 8 ans en 1990 quand le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame attaque le Rwanda.

Rescapé de la tragédie qui a emporté son père, il obtient une bourse pour étudier au conservatoire à Paris.

De retour au Rwanda, il devient l’enfant chéri du régime de Kagame, aidant à composer l’hymne national ainsi que d’autres chansons qui louangent le régime.

À mesure qu’il grandit, il comprend que l’histoire officielle de la tragédie rwandaise n’est pas aussi simple qu’on veut le faire croire.

La communication aidant, il se rendra compte, sans doute en contact avec l’information formelle ou informelle, qu’il y a des victimes dans toutes les composantes de la société rwandaise. Il se questionne sans doute sur sa mission de réconciliation du peuple rwandais qu’il s’est donné lui-même puisqu’il avait créé la fondation Kizito pour la paix en 2010, ce qui lui a permis de sillonner tout le pays et de visiter les prisons. En 2013, il compose une chanson qui lui attirera les foudres des autorités de Kigali.

Que dit cette chanson : Elle dit clairement que les rwandais devraient apprendre à avoir de l’empathie pour autrui qu’il faut reconnaître la douleur des uns et des autres et que c’est de cette manière que les rwandais auront une véritable réconciliation basée sur la justice et la reconnaissance de toutes les victimes.

Il dit clairement dans sa chanson, que même ceux qui sont morts autrement par massacres de masse, même si ces massacres ne s’appellent pas « génocide », ce sont des morts que l’on doit reconnaître et commémorer comme les autres.

Pour Kigali, il avait dépassé la ligne rouge comme dit souvent le président Paul Kagame.

La police l’interpelle, le jette en prison. Il est accusé en 2014 d’avoir mobilisé des jeunes pour des mouvements rebelles en exil. Un procès sans preuve le condamne à 10 ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement. Il est libéré en 2018 en même temps que des milliers de prisonniers libérés par grâce présidentielle en même temps que Victoire Ingabire Umuhoza.
Depuis ce jour il ne connaîtra pas la paix. Ses chansons sont interdites de diffusion. Il continue néanmoins à chanter dans des concerts populaires des chansons de pardon et de réconciliation

Le 13 février 2020, la police annonce qu’il a été arrêté au Rwanda à quelques 10 de minutes de la frontière du Burundi et que donc il avait l’intention de fuir le pays. Il n’a pas traversé la frontière. La police prétend que deux simples citoyens l’ont arrêté et ont signalé sa présence à la frontière à la police, qui est venue aussitôt l’arrêter formellement. Il est emmené en prison et c’est 3 jours plus tard, soit le 17 février que la police déclare qu’il s’est suicidé en prison par pendaison.

Au Rwanda, c’est la consternation. Qui sera la prochaine victime parmi les opposants au dictateur de Kigali?

L’entrevue se termine avec la chanson VIVE LE PARDON de Kihizo Mihigo



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