Selon des documents classifiés, la NSA a formé des agents à la torture à Guantánamo

Formation contre l’Amérique Latine

Publication de nouveaux documents sur la formation à la torture d’agents de la NSA à Guantánamo et au « Projet d’avenir de l’Amérique latine » pour « guider les événements vers des objectifs nord-américains dans la région Andine et au Brésil. »  

The Intercept a déclaré lundi avoir commencé à diffuser des documents classifiés de la NSA transmis par Edward Snowden, et avoir mis à la disposition d’autres médias l’ensemble des documents.

La nouvelle série de documents datés de 2003 publiés hier par The Intercept expose également au grand jour que l’agence de renseignement nord-américaine a formé des agents pour forcer les pays andins « aux objectifs des États-Unis. »

Une nouvelle série de documents de la fuite massive en provenance d’Edward Snowden, l’ancien agent de l’Agence Nationale de Sécurité des États-Unis (NSA, pour son sigle en anglais), révèle que la NSA a eu une participation directe dans les programmes d’ « interrogatoires » par la torture à Guantánamo dès le début de la « guerre mondiale contre le terrorisme. »

Les documents, publiés lundi 16 mai par The Intercept montrent également que l’agence de renseignement a formé son personnel sur les questions de sécurité nationale en Amérique latine et comment détourner les pays andins au profit des intérêts des États-Unis.

Dans la publication interne de la NSA, SIDtoday[1] qui est en charge des Alertes de la Direction du Renseignement, apparaissent des informations sur le déploiement d’agents à Guantánamo en 2003 avec des militaires des États-Unis et du personnel de la CIA.

Une édition en date d’octobre 2003 a publié une annonce intitulée « Votre chance d’apprendre à Guantánamo en 90 jours ! » à la manière d’une promotion pour des vacances, mais dont le but était en fait d’embaucher du personnel qui serait formé aux interrogatoires pour l’opération « Enduring Freedom », terme officiel pour la guerre nord-américaine contre le terrorisme.

L’annonce[2] expliquait que les candidats travailleraient avec le Département de la Défense, la CIA et les interrogateurs du FBI à « évaluer et exploiter les informations des détenus » liés à Al-Qaïda et aux talibans afghans détenus dans la prison de Guantánamo, une région de Cuba illégalement occupée par les États-Unis et utilisée comme prison pour des suspects soupçonnés de terrorisme.

L’édition de décembre 2003 de la même publication présentait un rapport de l’expérience d’un employé de la NSA qui a travaillé à la Baie de Guantánamo[3]. L’agent de Liaison de la NSA écrivait alors qu’il travaillait tous les jours pour rassembler « des renseignements pour soutenir le prochain interrogatoire, formuler des questions et des stratégies pour l’interrogatoire, et d’observer ou de participer à l’interrogatoire, » un travail que l’employé décrivait comme « extrêmement intéressant, stimulant et satisfaisant. »

Aussi nauséabonde était l’anecdote personnelle de l’agent relatant « les distractions qui attendent les agents » pendant leur temps libre, notamment les « sports nautiques ».

Les descriptions de bonheur et de fêtes à Guantánamo dans le bulletin de la NSA contrastaient fortement avec les horreurs que vivaient à l’intérieur de la prison, pendant la torture, les présumés terroristes, dont beaucoup ont été complètement innocentés.

C’est à cette époque également que des rapports des organisations des droits de l’homme ont commencé à émerger au sujet des actes de torture, que des fonctionnaires des États-Unis ont tenté de masquer.

Un rapport de 2014 du Sénat des États-Unis a toutefois fait connaitre les techniques d’interrogatoire sur la torture qui violent les lois internationales.

« Des détenus de la CIA ont été torturés », a déclaré la présidente du comité sénatorial qui a produit le rapport sur Guantánamo, Dianne Feinstein.

Le législateur a approfondi en disant que « les conditions de détention et l’utilisation de techniques d’interrogatoire autorisées et non autorisées étaient cruelles, inhumaines et dégradantes. »

Une formation spéciale de la NSA pour l’Amérique latine

L’édition de juin du bulletin SIDtoday a annoncé une possibilité supplémentaire de travail pour les employés de la NSA sur les questions de renseignement stratégique en Amérique latine.

L’annonce publiait la recherche d’agents pour un cours intitulé « Projet d’avenir de l’Amérique latine » dispensé par le Conseil de l’Intelligence de la NSA et son École Nationale de Cryptologie, dont la finalité était « d’analyser les évolutions possibles dans la région andine et le Brésil pendant cinq ans et ses implications pour les intérêts des États-Unis dans la région. »

La qualification visait également l’analyse « des questions sociales, économiques, politiques et de sécurité, » ainsi que « les options politiques disponibles pour les États-Unis afin d’orienter les événements vers des objectifs des États-Unis dans la région. »

Les 166 documents de Snowden publiés par The Intercept sont les premiers d’un grand nombre que les médias d’information des États-Unis rendront prochainement publics.

 

Article original : Nueva Filtración de Snowden vincula a la NSA con tortura en Guantánamo, Telesur, le 16 mai 2016.

Traduction : Francecuba.org,  le 17 mai 2016.

Notes :

[1] NdT : bulletin d’information de la division interne la plus importante de la NSA.

[2] NdT : l’entête de l’annonce est « Pouvez-vous manipuler la vérité ? » – une référence à la célèbre phrase de Jack Nicholson dans le drame « A few good men » utilisée pour Guantánamo.

[3] NdT : Voir aussi l’annonce du documentaire « Guantánamo nous appartient ».



Articles Par : Telesur

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