Stratégies des conflits mondiaux : Une guerre contre la Chine et la Russie? Conception militaire de Washington en Asie-Pacifique

Le texte qui suit est un résumé thématique point par point d’une allocution du prof. Michel Chossudovsky lors d’une conférence à l’Université des Philippines (Cebu), qui portait sur l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et le monde. 

UP Cebu, Cebu, 24 et 25 août 2016.

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Introduction

Il est important d’examiner la situation en Asie du Sud-Est et en Asie de l’Est dans un contexte géopolitique plus large. La Chine, la Corée du Nord et la Russie sont des cibles potentielles en du « pivot vers l’Asie » d’Obama, qui comprend la menace conjuguée du déploiement de missiles, de la puissance navale et d’une guerre nucléaire préventive.

Il ne s’agit pas d’initiatives militaires fragmentaires. Le programme militaire de la région Asie-Pacifique sous l’égide du Commandement militaire des USA pour le Pacifique (USPACOM) entre dans un processus global de planification militaire de la part des USA et de l’OTAN.

Les interventions militaires des USA sont menées en étroite coordination. Des opérations militaires et de renseignement clandestines majeures sont en cours simultanément au Moyen‑Orient, en Europe de l’Est, en Afrique sub‑saharienne, en Asie centrale et en Asie‑Pacifique. La planification des opérations militaires se fait en coordination avec des moyens de faire la guerre non conventionnels comme les changements de régime, la guerre financière et les sanctions économiques.

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La situation actuelle est d’autant plus critique que le débat en cette campagne présidentielle aux USA porte notamment sur une guerre menée par les USA et l’OTAN contre la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Iran. La guerre est présentée à l’opinion publique occidentale comme une option politique et militaire.

Le programme militaire des USA et de l’OTAN englobe à la fois les principaux théâtres d’opérations et les activités clandestines visant à déstabiliser des États souverains. Le projet hégémonique des USA consiste à déstabiliser et à détruire des pays par des actes de guerre, le soutien à des organisations terroristes, des changements de régime et la guerre économique.

Bien qu’un scénario de Troisième Guerre mondiale demeure sur la planche de travail du Pentagone depuis plus de dix ans, une intervention militaire contre la Russie et la Chine est maintenant envisagée à « l’échelle opérationnelle ». Les forces des USA et de l’OTAN sont déployées essentiellement dans trois grandes régions du monde :

  1. Moyen-Orient et Afrique du Nord. Les théâtres de guerre et les insurrections commanditées par les USA et l’OTAN contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie et le Yémen sous la bannière de la « lutte mondiale contre le terrorisme ».
  2. Europe de l’Est, y compris la Pologne et l’Ukraine, où les manœuvres militaires, les jeux de guerre et le déploiement de matériel militaire aux portes mêmes de la Russie pourraient mener à un affrontement avec la Fédération de Russie.
  3. Les USA et leurs alliés menacent aussi la Chine dans le cadre du « pivot vers l’Asie » du président Obama.
  4. Le déploiement du NORAD-Northcom menace aussi la Russieà sa frontière nord‑est.
  5. Dans les autres régions du monde, y compris en Amérique latine et en Afrique sub‑saharienne, l’intervention des USA est axée sur les changements de régime et une guerre économique livrée contre des pays non conformistes comme le Venezuela, le Brésil, l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie, Cuba, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua.

En Afrique sub-saharienne, l’offensive consiste à utiliser principalement le prétexte du « terrorisme islamiste » pour lancer des opérations de contreterrorisme sous l’égide du Commandement militaire des USA pour l’Afrique (USAFRICOM).

En Asie du Sud, Washington a l’intention de créer une alliance avec l’Inde pour mieux affronter la Chine.

Le pivot vers l’Asie et la menace d’une guerre nucléaire

Dans la région Asie-Pacifique, la Chine, la Corée du Nord et la Russie sont visées par une attaque nucléaire préventive venant des USA. Il est important de revenir sur l’histoire de la guerre et des menaces nucléaires et sur la doctrine nucléaire des USA telle qu’elle a été formulée pour la première fois en 1945 sous l’administration Truman.

HIROSHIMA ET NAGASAKI

« Nous avons découvert la bombe la plus terrible de l’histoire du monde. C’est peut‑être la destruction par le feu prophétisée dans la période dite de la vallée de l’Euphrate, après l’histoire de Noé et son arche fabuleuse (…). Cette arme est sur le point d’être utilisée contre le Japon (…) [Nous] l’utiliserons de sorte que les cibles soient des objectifs militaires, des soldats et marins, et non des femmes et des enfants. Même si les Japs sont sauvages, impitoyables, sans merci et fanatiques, nous, comme dirigeants du monde, pour le bien‑être commun, nous ne pouvons larguer cette terrible bombe sur l’ancienne capitale ou la nouvelle(…) La cible sera purement militaire (…) Il semble que ce soit la chose la plus terrible jamais découverte, mais on peut faire en sorte qu’elle soit la plus utile. » (Journal du président Harry S. Truman, 25 juillet 1945)

« Le monde notera que la première bombe atomique a été larguée sur une base militaire d’Hiroshima. Ceci parce que nous voulions dans cette première attaque éviter, le plus possible, de tuer des civils. » (Discours à la nation du président Harry S. Truman radiodiffusée le 9 août 1945).

[Nota : La première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima le 6 août 1945; la deuxième sur Nagasaki le 9 août, le même jour que le discours à la nation de Truman livré à la radio.]

(Audio-vidéo d’Hiroshima comprenant des extraits de ce discours.)

 Hiroshima après la bombe

La notion de « dommages collatéraux » de Truman en cas de guerre nucléaire tient‑elle toujours? Des documents militaires accessibles au public confirment qu’une guerre nucléaire demeure sur la planche de travail du Pentagone.

Mais comparativement aux années 1950, les armes nucléaires d’aujourd’hui sont beaucoup plus perfectionnées et peuvent atteindre leurs cibles avec plus de précision. Outre la Chine et la Russie, l’Iran et la Corée du Nord pourraient être visées par une première frappe nucléaire préventive.

Des documents militaires étasuniens affirment que la nouvelle génération d’armes nucléaires tactiques est inoffensive pour les civils. Tout dépendant du modèle, la mini‑bombe nucléaire B61 a une capacité explosive variable (du tiers de la force de la bombe d’Hiroshima à presque 12 fois plus).

DOCTRINE NUCLÉAIRE ET FOLIE POLITIQUE

Ne nous berçons pas d’illusions, le plan du Pentagone de faire « exploser la planète » au moyen d’armes nucléaires perfectionnées s’applique toujours.

Les armes nucléaires tactiques ont été fabriquées en vue d’être utilisées dans des « conflits conventionnels avec des pays du Tiers‑Monde » de l’Après‑guerre froide. En octobre 2001, soit juste avant le 11 septembre, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld envisageait d’utiliser la bombe nucléaire tactique B61-11 en Afghanistan. Les cibles étaient les cavernes transformées en bunkers d’Al‑Qaïda dans les montagnes de Tora Bora.

Rumsfeld disait à l’époque que les « bombes antibunker conventionnelles pourront faire le travail, (…) mais il n’a pas écarté le recours éventuel à des armes nucléaires. » (Citation tirée du Houston Chronicle, 20 octobre 2001, soulignement ajouté.)

L’utilisation de la B61-11 a également été envisagée lors du bombardement et de l’invasion de l’Irak en 2003 et du bombardement de la Libye par l’OTAN en 2011.

À cet égard, la B61-11 a été décrite comme « une arme nucléaire de pénétration du sol à petit rayon d’action précise » pouvant être utilisée contre les bunkers souterrains de Saddam Hussein :

« Si Saddam était à la rigueur la cible ayant la plus forte valeur en Irak, on aurait pu utiliser une arme nucléaire comme la B61-11 pour s’assurer de le tuer et de décapiter le régime. » (Defense News, 8 décembre 2003)

Picture: B61-11 tactical nuclear bomb. In 1996 under the Clinton administration, the B61-11 tactical nuclear weapon was slated to be used by the US in an attack against Libya.

Bombe nucléaire tactique B61-11. En 1996, sous l’administration Clinton, l’utilisation de l’arme nucléaire tactique B61-11 était envisagée par les USA en cas d’attaque contre la Libye.

Toutes les garanties de l’époque de la Guerre froide, où l’on considérait la bombe nucléaire comme « l’arme du dernier recours », ont été mises au rebut. Les interventions militaires « offensives » à l’aide d’ogives nucléaires sont maintenant décrites comme des actes « d’autodéfense ». Pendant la Guerre froide, c’est la doctrine de la « destruction mutuelle assurée » qui prévalait, c’est‑à‑dire que l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Union soviétique engendrerait la « destruction à la fois de l’attaquant et du défenseur ».

En cette période de l’Après-guerre froide, on a redéfini la doctrine nucléaire des USA. Ce qui est appelé euphémiquement la politique étrangère étasunienne est totalement insensé.

Depuis que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima le 6 août 1945, jamais l’humanité n’a été aussi proche de l’impensable…

Une guerre nucléaire, c’est bon pour les affaires

Aiguillonnée par les « entrepreneurs de la défense » (Lockheed Martin, Northrop Grumman, Boeing, British Aerospace, et al), l’administration Obama prévoit dépenser 1 000 milliards de dollars ces 30 prochaines années pour le développement d’une nouvelle génération d’armes, de bombes, de sous‑marins et de missiles balistiques intercontinentaux nucléaires dirigés principalement contre la Russie et la Chine.

Russie : de la Guerre froide à la Nouvelle guerre froide

Faire sauter la Russie en ciblant des villes russes est toujours dans les cartons du Pentagone. Cette possibilité fait même l’objet d’une loi habilitante au Congrès des USA.

Résolution 758 de la Chambre des représentants des USA

Le 18 novembre 2014, l’importante résolution 758 a été présentée à la Chambre des représentants. Son idée maîtresse consiste à présenter la Russie comme un « pays agresseur » qui a envahi l’Ukraine et à réclamer une intervention militaire contre la Russie.

Pour Hillary Clinton, l’option nucléaire est sur la table. Elle parle de guerre nucléaire préventive dans sa campagne électorale.

Source : National Security Archive

D’après un plan datant de 1956, la « puissance aérienne » devait larguer des bombes H contre des cibles jugées prioritaires en Union soviétique, en Chine et en Europe de l’Est.

Des grandes villes du bloc soviétique, y compris Berlin‑Est, étaient en tête des priorités pour la « destruction systématique » par des bombes atomiques. (William Burr a publié la liste des cibles d’attaque nucléaire par les USA durant la Guerre froide comprenant 1 200 villes du bloc de l’Est « de l’Allemagne de l’Est à la Chine », National Security Archive Electronic Briefing Book No. 538, décembre 2015.)

Extrait de la liste des 1 200 villes ciblées par une attaque nucléaire, classée en ordre alphabétique. (National Security Archive)

Le document déclassifié ci-dessus fait ressortir toute la magnitude d’une première frappe nucléaire qui ciblait plus de 1 000 villes russes.

Le contexte actuel prévoit un scénario d’attaque nucléaire contre la Russie. 

« Tuer les Russes » : la nouvelle Guerre froide a cessé d’être froide

Un ancien responsable de la CIA appelle à « tuer les Russes ». Les médias et le département d’État des USA applaudissent :

 

Pivot vers l’Asie : la Chine menacée militairement par les USA en mer de Chine méridionale et orientale

UNE GUERRE CONTRE LA CHINE EST ACTUELLEMENT DANS LES CARTONS DU PENTAGONE, COMME L’INDIQUE UN RAPPORT RAND COMMANDÉ PAR LES FORCES ARMÉES DES USA.

D’après le rapport Rand :

Bien qu’une victoire nette des USA a déjà été considérée comme probable, il est de plus en plus clair qu’un conflit peut engendrer des combats peu concluants avec d’énormes pertes des deux côtés. Les États‑Unis ne peuvent s’attendre à maîtriser un conflit qu’ils ne peuvent dominer militairement.

http://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/research_reports/RR1100/RR1140/RAND_RR1140.pdf

Attaque préventive de la Chine (« par autodéfense »)

Le rapport est notoirement ambigu. Il se penche sur la façon d’éviter une guerre tout en analysant les circonstances en vertu desquelles les USA pourraient gagner une guerre préventive contre la Chine :

Le développement des capacités militaires fait en sorte qu’il est d’autant plus important de sérieusement réfléchir à une guerre contre la Chine. Les senseurs, le guidage d’armements, les réseaux numériques et d’autres technologies de l’information utilisées pour cibler les forces ennemies ont progressé au point où les forces militaires étasuniennes et chinoises menacent sérieusement de se détruire l’une et l’autre. Cela fournit les moyens et les incitatifs d’une frappe contre les forces ennemies avant elles. Ce qui favorise à son tour des frappes réciproques brusques dès le déclenchement d’une guerre sans qu’on ne puisse, d’un côté comme de l’autre, prendre le contrôle, mais en disposant d’une capacité suffisante pour poursuivre le combat, même si les pertes militaires et les coûts économiques grimpent.

La présomption de ce rapport, c’est que la Chine nous menace et que cela justifie une guerre préventive. Il n’existe aucune preuve de menace militaire chinoise. Au niveau du commerce et des investissements, la Chine constitue cependant un concurrent potentiel à l’hégémonie économique des USA. Selon James Petras : 

Pour contrer les progrès économiques de la Chine, le régime Obama a adopté une politique d’érection de murs économiques sur le plan intérieur, de restrictions commerciales à l’étranger et de confrontation militaire en mer de Chine méridionale, une route commerciale stratégique de la Chine.

Le but du rapport RAND est qu’il soit lu par les responsables politiques chinois. Il s’agit là d’un processus d’intimidation militaire laissant planer des menaces :

Bien que cette étude s’adresse principalement à la communauté politique des USA, il est à espérer que les responsables politiques chinois réfléchiront aussi aux conséquences possibles d’une guerre contre les États‑Unis, y compris aux dommages potentiels au développement économique de la Chine et aux menaces à l’équilibre et à la cohésion de la Chine. Nous avons trouvé peu de choses dans le domaine public qui indique que les dirigeants politiques chinois accordent à cette question toute l’attention qu’elle mérite.

Le rapport précise « quatre scénarios analytiques » sur la façon dont une guerre contre la Chine se déroulerait :

La voie de la guerre serait principalement définie par deux variables : son degré d’intensité (de modéré à élevé) et sa durée (de quelques jours à un an ou plus). Ce qui nous amène à analyser quatre possibilités : guerre courte à intensité élevée, guerre longue à intensité élevée, guerre courte à intensité modérée, guerre longue à intensité modérée. Le facteur déterminant du degré d’intensité dépend de si, d’entrée de jeu, les dirigeants politiques étasuniens et chinois autorisent ou non leurs forces armées respectives à exécuter leurs plans d’attaque des forces ennemis sans hésiter.

Les observations finales du rapport soulignent les faiblesses potentielles de la Chine par rapport aux USA et aux forces alliées : « (…) [les progrès de la Chine] ne révèlent pas une domination ou une victoire de la Chine ».

Le rapport emploie un ton de guerre idéologique. Il manque de rigueur dans sa compréhension de la guerre moderne et des systèmes d’armement. Il s’agit pour une large part d’une ruse de propagande à l’intention des dirigeants chinois. Il ignore complètement l’histoire chinoise et les perceptions militaires de la Chine, qui reposent en grande partie sur la défense des frontières nationales historiques du pays.

La majeure partie de l’analyse porte sur une guerre conventionnelle prolongée s’étalant sur plusieurs années. L’utilisation d’armes nucléaires n’est pas envisagée dans le rapport RAND, malgré le fait qu’elles sont actuellement déployées contre la Chine à titre préventif. Les assertions suivantes sont en porte‑à‑faux avec la doctrine nucléaire des USA définie dans la revue de la posture nucléaire de 2002, qui autorise l’utilisation d’armes nucléaires tactiques dans un théâtre de guerre conventionnelle :

Il est peu probable que des armes nucléaires seraient utilisées. Même en cas d’affrontement conventionnel violent, aucune des deux parties ne considérerait la gravité de ses pertes, de sa situation ou des enjeux en cause au point de courir le risque d’une riposte nucléaire dévastatrice en utilisant des armes nucléaires en premier. Nous présumons aussi que la Chine n’attaquerait pas les USA sur son territoire, sauf via le cyberespace.

Bien que les USA n’envisagent pas de recourir à des armes nucléaires si l’on en croit le rapport, il s’attarde néanmoins sur les circonstances en vertu desquelles la Chine pourrait utiliser des armes nucléaires contre les USA pour éviter une défaite. L’analyse est diabolique :

Ainsi, il n’est pas totalement exclu que les dirigeants chinois n’en viennent à conclure que seule l’utilisation d’armes nucléaires empêcherait une défaite totale et la destruction de l’État. Cependant, même dans de telles conditions désespérées, le recours à des armes nucléaires ne serait pas la seule option de la Chine : elle peut toujours accepter sa défaite. En effet, comme la riposte nucléaire des USA rendrait la destruction de l’État et l’effondrement du pays d’autant plus certains, une acceptation de la défaite (tout dépendant de la sévérité des conditions des USA) vaudrait mieux qu’une escalade nucléaire. Cette logique, de pair avec la politique de non‑recours en premier profondément ancrée en Chine, fait en sorte qu’il est très peu probable que la Chine aille de l’avant en premier. (p. 30)

Autrement dit, la Chine a le choix soit d’être totalement détruite, soit de se soumettre aux USA. Le rapport conclut par ces mots :

Pour résumer, malgré les tendances militaires qui la favorisent, la Chine ne peut gagner, et pourrait perdre, une guerre d’envergure contre les USA en 2025, surtout si elle se prolonge. De plus, les coûts économiques et les dangers politiques d’une telle guerre mettraient en péril la stabilité de la Chine, stopperaient son développement et nuiraient à la légitimité de l’État chinois. (p 68)

Asie du Sud-Est

L’objectif de Washington est d’entraîner l’Asie du Sud‑Est et l’Extrême‑Orient dans un conflit armé prolongé en créant des divisions entre la Chine et les pays de l’ANASE, dont la plupart sont des victimes du colonialisme et de l’agression militaire de l’Occident : des crimes contre l’humanité d’une grande ampleur ont été commis contre le Japon, le Vietnam, le Cambodge, la Corée, les Philippines et l’Indonésie. Ironie du sort, ces pays sont aujourd’hui alliés des USA. Voici quelques extraits qui confirment l’ampleur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les USA :


LES CRIMES DE GUERRE ET LES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ COMMIS PAR LES USA

Indonésie 

Jusqu’à un million de personnes tuées en Indonésie, la CIA n’en reconnaissant que 105 000. Les listes de sympathisants communistes (et des membres de leur famille) ont été dressées par la CIA.

Corée

Vietnam

 

THE LIST OF US CRIMES IS EXTENSIVE: 37 “VICTIM NATIONS” SINCE WORLD WAR II

THE LIST OF US CRIMES IS EXTENSIVE: 37 “VICTIM NATIONS” SINCE WORLD WAR II

 


Chine et Association des nations de l’Asie du Sud-Est

Une déstabilisation des relations économiques bilatérales avec la Chine est prévue. Le Partenariat transpacifique est un projet hégémonique étasunien qui vise à contrôler entre autres le commerce, les investissements et la propriété intellectuelle dans la région Asie‑Pacifique.

Le rapport RAND indique en termes clairs que les différends maritimes et territoriaux en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale auraient un effet dévastateur sur les pays asiatiques, de l’Inde au Japon :

La possibilité que d’autres puissances et de nombreux États risquent d’être entraînés dans une guerre sino‑étasunienne n’est pas à exclure. Outre le Japon, il se pourrait que l’Inde, le Vietnam et l’OTAN soient du côté des USA, tandis que la Russie et la Corée du Nord appuieraient la Chine. Les combats peuvent s’étendre à l’extérieur de la région. Les objectifs militaires peuvent s’élargir et augmenter ainsi les coûts d’une défaite. Même si des armes nucléaires n’étaient pas utilisées, la Chine pourrait trouver d’autres façons d’attaquer le territoire étasunien.  (p. 65)

Les déploiements des USA en Asie-Pacifique. La Chine est encerclée de bases militaires étasuniennes.

Source : Antiwar.com

LE DÉPLOIEMENT DE MISSILES THAAD EN CORÉE DU SUD DIRIGÉS CONTRE LA CHINE

Des missiles THAAD sont déployés en Corée du Sud contre la Chine, la Russie et la Corée du Nord. Washington affirme qu’il ne s’agit que d’un bouclier antimissile contre la Corée du Nord. 

Système THAAD

LA BASE MILITAIRE DE L’ÎLE JEJU EST DIRIGÉE CONTRE LA CHINE 

Elle se trouve à moins de 500 km de Shanghai.

LA REMILITARISATION DU JAPON SOUS LE GOUVERNEMENT DU PREMIER MINISTRE ABE

Le Japon est résolument derrière les USA. Il utilise la base militaire de l’île Jeju à titre de partenaire. Des rapports récents confirment le déploiement, par le Japon, de missiles anti‑navire en mer de Chine orientale.

Le Japon planifie le déploiement d’un nouveau type de missile en mer de Chine orientale, où Tokyo est impliqué dans un différend territorial tendu avec Pékin. Cette décision constitue un jalon important dans la volonté du gouvernement du premier ministre Shinzo Abe et du Parti libéral démocrate au pouvoir de remilitariser le Japon. Le système de missiles planifié sera conçu localement, par l’industrie de la défense du pays qui est en pleine expansion, au lieu d’être fourni par les États‑Unis ou un autre allié.

Les médias japonais ont laissé entendre que « le missile aura la capacité prédéfinie de frapper des cibles au sol. »

Les USA avaient des accords de coopération militaire avec la Corée du Sud, les Philippines, le Japon, le Vietnam et le Cambodge. Plus récemment, la Malaisie est devenue un allié des USA par voie de traité, dans le cadre du pivot vers l’Asie de Washington. Selon South Front :

Cela est perçu comme un virage majeur dans la politique étrangère de la Malaisie, qui entretenait des relations limitées lorsque l’ancien premier ministre Mahathir Mohamad était au pouvoir, car il s’opposait ouvertement aux tentatives de l’Occident de créer un monde unipolaire.

BASE MILITAIRE ÉTASUNIENNE PROPOSÉE À SABAH, À L’EST DE LA MALAISIE? 

L’enjeu du point de vue de Washington, c’est le contrôle des voies navigables stratégiques.

Le gouvernement de la Malaisie a établi des relations étroites avec les USA, marquées par l’achat d’équipement militaire étasunien et l’exécution des jeux de guerre entre les USA et la Malaisie en 2014.

Selon des rapports non confirmés, le gouvernement de Kuala Lumpur songe à l’installation d’une base militaire étasunienne. Toutes ces initiatives visent à déstabiliser les relations bilatérales entre la Malaisie et la Chine.

La guerre des USA contre le terrorisme en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est

La stratégie antiterroriste mise en œuvre au Moyen-Orient et en Afrique est également envisagée en Asie du Sud‑Est. C’est le prétexte invoqué pour justifier des déploiements militaires, y compris la construction de bases militaires.

Les pays cibles potentiels sont le Pakistan, le Bengladesh, la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines. Autre élément à considérer dans les discussions à propos du pivot vers l’Asie de Washington, les services secrets des USA soutiennent aussi l’insurrection islamiste dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang.

La guerre mondiale contre le terrorisme est un énorme mensonge. Al-Qaïda est la création des services secrets des USA.

Du déclenchement de la guerre soviéto-afghane en 1979 jusqu’à maintenant, diverses organisations paramilitaires formées d’intégristes islamistes sont devenues de facto des instruments des services secrets des USA et, de façon plus globale, de l’alliance militaire regroupant les USA, l’OTAN et Israël.

Les USA soutiennent activement des organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda depuis l’offensive de la guerre soviéto‑afghane. Washington a orchestré l’installation de régimes islamistes en Afghanistan et au Pakistan. Il a détruit le tissu social de pays laïques.

Les combattants de l’opposition syrienne affiliée à Al-Qaïda sont recrutés par les USA et l’OTAN et par le haut commandement turc, ce qui a été confirmé dans les médias des services secrets israéliens.

Ce sont les fantassins de l’alliance militaire occidentale, qui intègre d’ailleurs des membres de ses forces spéciales dans leurs rangs. Les organisations terroristes « modérées » affiliées à Al-Qaïda sont soutenues par l’Arabie saoudite et la Turquie.

Le programme de lutte contre le terrorisme est bidon. Il s’agit plutôt d’une entreprise criminelle. Ce qu’on bombarde, c’est l’infrastructure civile d’un pays souverain.

Pour de plus amples détails, voir le dossier de la guerre contre le terrorisme.

Michel Chossudovsky

 

Article original en anglais :

U.S. Military Meddling In The Asia-Pacific

The Strategies of Global Warfare: War with China and Russia? Washington’s Military Design in the Asia-Pacific, publié le 24 août 2016.

Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca



Articles Par : Prof Michel Chossudovsky

A propos :

Michel Chossudovsky is an award-winning author, Professor of Economics (emeritus) at the University of Ottawa, Founder and Director of the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal, Editor of Global Research.  He has taught as visiting professor in Western Europe, Southeast Asia, the Pacific and Latin America. He has served as economic adviser to governments of developing countries and has acted as a consultant for several international organizations. He is the author of eleven books including The Globalization of Poverty and The New World Order (2003), America’s “War on Terrorism” (2005), The Global Economic Crisis, The Great Depression of the Twenty-first Century (2009) (Editor), Towards a World War III Scenario: The Dangers of Nuclear War (2011), The Globalization of War, America's Long War against Humanity (2015). He is a contributor to the Encyclopaedia Britannica.  His writings have been published in more than twenty languages. In 2014, he was awarded the Gold Medal for Merit of the Republic of Serbia for his writings on NATO's war of aggression against Yugoslavia. He can be reached at [email protected] Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur d’économie (émérite) à l’Université d’Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) de Montréal, rédacteur en chef de Global Research.

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