Suicides en masse de fermiers indiens : ce qui se profile à l’horizon
La vérité émerge lentement. Un rapport du Ministère (indien) de l’Intérieur sur les morts par suicide, indique que, jusqu’à 2003, environ 100 000 fermiers se sont suicidés en six ans en Inde. Le 18 mai 2006, Sharad Pawar, le ministre indien de l’Agriculture a présenté les données à la Chambre Haute (Rajya Sabha), en ajoutant que les enquêtes des gouvernements des États (de l’Union indienne) sur le désarroi agraire démontrent que la principale « cause de suicide est l’endettement». Grâce à l’ingéniosité des statistiques déshumanisées, le ravage total de 100.000 familles de fermiers morts, avec des femmes, des enfants et des anciens, a été tranquillement balayé sous le tapis épais et moelleux du Parlement indien.
L’Inde, avec sa pluviométrie suffisante, son climat chaud, son immense diversité biologique, et ses excellentes pratiques agricoles traditionnelles, n’a aucune raison d’affronter une crise agraire et, étant donné la générosité de la nature, ses fermiers n’ont aucune raison de se suicider. Cet article traite de la manière dont le règne d’une compagnie britannique et de ses boucaniers a entamé en 1760 un processus qui continue à ce jour, ravageant les fermiers du sous-continent, et comment les fermiers indépendants sont en tous lieux de la terre menacés d’extinction.
Les fermiers indiens avant le « régime de la compagnie »
Au début du 19ème siècle un paysan indien moyen gagnait sensiblement plus que son homologue britannique, et il n’y avait aucune différence alimentaire importante entre un paysan et un riche propriétaire indien. Plus révélateur, la tradition voulait que nourrir les étrangers passe en premier, y compris des mendiants, avant la famille attablée pour manger. Les riches ménages ne vendaient pas de lait ni de produits laitiers ; ils étaient distribués librement au sein de la communauté, une pratique qui continua jusqu’aux années 1960 dans beaucoup de régions. La destruction de l’agriculture indienne et la misère de ses fermiers est l’histoire de la cupidité d’une compagnie et de la nature absolument impitoyable d’un petit groupe d’individus en Europe et aux USA qui n’apprécient pas les êtres humains : blancs, bruns, jaunes, ou noirs. Plus vite nous réaliserons cela et prendrons des mesures efficaces, mieux ce sera pour nous et les fermiers.
La genèse de du malheur agraire
La désolation agraire commence avec la colonisation de l’Est de l’Inde par une compagnie britannique, la East India Company, vers 1760, avec son système d’impôt foncier exorbitant, qui a forcé les fermiers à accroître l’agriculture de rente (surtout l’indigotier et le coton) sur les meilleures terres, sans payer à leur juste prix les productions. Ils ont systématiquement détruit un système agricole viable, qui nourrissait des millions de gens depuis plus de 6000 ans, et ils ont introduit ensuite des prêteurs sur gages et des extorqueurs de loyers exorbitants pour piéger les fermiers dans la dette.
La méthode coloniale d’utilisation de la terre a mené à de fréquentes ruines des fermes indiennes avec pour résultat la pénurie de nourriture, la famine, les morts en masse, la destruction des terres fertiles, et la destruction du système symbiotique séculaire de culture, d’élevage, et de sylviculture. Tout en ne faisant rien pour soulager la détresse agraire, les responsables coloniaux continuaient à répéter, comme des perroquets, qu’il y avait trop d’Indiens ! Le document de Henry Waterfield sur la comparaison de la densité de population de l’Inde avec celle de certaines régions européennes est des plus éclairantes : alors que la densité dans l’empire britannique des Indes était de 64 habitants au kilomètre carré en 1875, elle était de 173 en Belgique, 162 en Angleterre, 146 en Saxe, 112 aux Pays-Bas, 92 en Italie, 75 dans l’Empire allemand, 69 en Prusse, et 68 en Suisse. Seuls la France, le Danemark, l’Écosse, le Portugal, l’Espagne et la Grèce avaient une densité de peuplement inférieure à celle de l’Inde. (1)
Les Anglais ont fixé l’impôt sur la terre à cinquante pour cent de la moyenne du produit brut et ont collecté l’impôt en espèces (roupies), ce qui obligeait les fermiers à vendre d’abord leur production pour obtenir du liquide, et à payer l’impôt ensuite. C’était une expérience unique pour la paysannerie indienne. Les coûts de maintien des institutions culturelles et religieuses, les équipements de soins de santé, les écoles, l’infrastructure de l’irrigation, les routes, les serais (lieux où les itinérants pouvaient s’arrêter la nuit, un peu comme les auberges en Angleterre), etc., étaient prélevés en plus de l’impôt foncier, tout au moins pendant les huit premières décennies (1780-1860). Aucune pitié n’était montrée en matière de perception d’impôt : Si la récolte était inférieure à la normale, l’impôt pouvait atteindre plus de 100% de sa valeur. Si le prix des récoltes s’effondrait en raison de moissons exceptionnelle, le fermier perdait encore au profit du percepteur.
Des historiens de l’économie, comme Dharampal, ont calculé que, par exemple, à la présidence de Madras (État actuel du Tamil Nadu), de 1830 à 1840, environ un tiers des terres les plus fertiles, probablement d’une superficie plus grande que la terre cultivable disponible dans les principaux comtés d’Angleterre, sont sorties des cultures parce que, même avec la production vendue comptant à 100%, la demande d’impôt foncier ne pouvait pas être satisfaite. Les Anglais ont appelé ce fait un « déclin important du revenu. » (2)
Cet important déclin des revenus n’a pas arrêté leur expansion territoriale. John Stuart Mill a écrit en 1858 que pas un penny n’a été dépensé par les contribuables britanniques pour la conquête et le contrôle de l’Inde ni pour les régions s’étendant de Sainte-Hélène, sur la côte occidentale de l’Afrique, jusqu’à Hong Kong en Chine. Les ressources, tous les pennies, étaient extorqués aux fermiers de l’Inde. L’Inde était une incroyable vache à lait pour la compagnie.
Pour les fermiers indiens, endurer la faim ou même la sous-alimentation, était une expérience nouvelle, et ils ont exercé des représailles ; l’histoire de 1780 à 1858 offre une longue liste de soulèvements spontanés à travers toute l’Inde.
Les États où ont lieu la plus grande partie des suicides de paysans.
La région de Vidarbha dans l’État de Maharashtra a connu 597 cas de sucides de paysans de juin 2005 à juin 2006. Source : India Daily
Les fermiers indiens recommencent à nourrir des millions de gens
La population indienne s’élevait à 238,4 millions en 1900. Les colonialistes disaient : « trop nombreux, on peut pas tous les nourrir » Elle se monta à 252,1 millions en 1911 et les colonialistes répétaient : «trop nombreux, on peut pas tous les nourrir» En 1947, quand l’Inde est devenue indépendante, les fermiers pouvaient nourrir les 325 millions d’Indiens. En 1991 ils étaient plus de 844 millions et les fermiers les ont alimentés tous ; aucune famine ni débâcle de l’agriculture comme cela arriva à maintes reprises à l’époque britannique. La détresse agraire et le suicides de masse depuis 1997 ont été provoqués par le fait que l’Inde a livré son agriculture aux entreprises étrangères à partir de 1991. Cela conduit à nouveau les fermiers indiens en enfer, et cette fois avec l’entier soutien du gouvernement indien, des responsables du ministère de l’agriculture, et de l’establishment AG-scientific (allusion à une firme US de médicaments). Cette fois, il y a de la méthode dans la folie.
Malheur agraire et Loi d’Entreposage
En 1945, en prévision de l’indépendance de l’Inde les économistes de la Reserve Bank of India ont étudié l’endettement des fermiers et fait quatre recommandations clefs :
(a) que les fermiers soient munis d’équipements de stockage scientifique des denrées, dans des entrepôts appropriés, pour réduire au minimum les pertes après les récoltes ;
(b) que des récépissés d’entreposage soient délivrés aux fermiers, qui pourront les utiliser pour emprunter du iquide par le canal bancaire normal, éliminant ainsi leur dépendance aux prêteurs sur gages privés qui font souvent payer un minimum de 60% d’intérêts ;
(c) que chaque entrepôt ait une équipe technique qualifiée travaillant en étroite collaboration avec des agronomes, fournissant des services annexes comprenant le conseil concernant les semences, les engrais, et le stockage scientifique des denrées ; et
(d) le directeur d’entrepôt conseillera les fermiers sur le moment de vendre leur produit afin de maximiser les revenus et éviter les ventes-panique.
Alors que les recommandations étaient excellentes, c’est seulement neuf ans après, en 1956, que la loi d’entreposage est passée au Parlement. De 1956 à 1971, pratiquement chaque État a construit un certain nombre d’entrepôts. Le personnel technique employé dans ces entrepôts était en général compétent et résolument motivé ; il travaillait avec les fermiers, les aidait, et apportait un certain degré de stabilité dans la communauté des exploitants agricoles ruraux.
À partir de 1971 le siège des sociétés d’entreposage a changé de place. Il a été permis que la disposition sur les récépissés d’entreposage tombe en désuétude pour différentes raisons, dont la corruption des sociétés d’entreposage et la pression des sociétés d’engrais et de produits chimiques, afin d’allouer plus d’espace à leurs produits. C’était un arrangement pratique : les compagnies obtenaient de l’espace d’entreposage fortement subventionné et les sociétés d’entreposage obtenaient un revenu assuré par le loyer, avec le confort supplémentaire de la paperasserie allégée et pratiquement aucun travail sur le terrain avec les fermiers. Ainsi, on a mis en échec une excellente stratégie pour sortir les fermiers du désespoir.
En 1966 la situation alimentaire était désespérée à la suite de trois sécheresses consécutives. Le gouvernement US refusa d’autoriser la vente de blé à l’Inde en raison du refus de celle-ci de se plier à la politique US en Asie.
Conformément aux conseils de MS Swaminathan, le gouvernement décida de rendre disponibles aux fermiers des engrais, des pesticides et des semences hybrides, par l’intermédiaire de ces entrepôts, pour le même loyer nominal demandé aux fermiers pour l’entreposage de leurs récoltes. C’est toujours vrai en 2006. Ainsi, de nombreuses entreprises publiques et privées de semences, d’ engrais et de produit chimique, ont beaucoup plus bénéficié des équipements d’entreposage existants que les paysans indiens. Les gros propréitaires en ont aussi bénéficié.
Les aspects économiques de l’agriculture en Inde : une illustration simple
L’analyse suivante est basée sur les pratiques agricoles, de culture de la pomme de terre, de l’oignon et de quelques légumes, dans l’une des plus grandes régions (en gros 700 kilomètres carrés). La région est au Sud-Est de Patna et jouxte la plaine du Gange. La récolte de la pomme de terre se fait à trois mois et demi, et celle de l’oignon à environ cinq mois et demi aux alentours du mois de mai. Pendant la saison des pluies la région est inondée, donc les gens ont cessé de cultiver le riz. La plupart des fermiers ont oublié le rôle revigorant de la rizière : le développement d’algues sur l’eau stagnante est le procédé de fixation naturel de l’azote au sol. Un cerveau comme Sir Albert Howard a trouvé pourquoi les fermiers de la plaine du Gange ont pratiqué des cultures vivrières, saison après la saison, année après l’année, depuis l’antiquité. Il convient de noter que quand les Britanniques ont forcé les paysans indiens à cultiver le coton et l’indigotier sur les meilleures terres à rizières, ils ont aussi détruit le système de restauration de la fertilité, causant l’effondrement des récoltes d’hiver. Mais arrêtons-nous sur l’année 2004. J’ai constaté que cette année-là, les semences constituaient 20% des intrants, les produits chimiques (engrais et pesticides) environ 32%, le carburant (pour irriguer en drainant l’eau des couches aquifères souterraines) environ 10%, et la main d’oeuvre 38%. Ajoutez ou prenez quelques points du pourcentage, et vous aurez un effondrement des intrants, à la fois pour les récoltes de pommes de terre et d’oignon et cela est largement représentatif des coûts moyens des fermiers dans le Nord de Inde.
À ce coût, les fermiers obtiennent environ sept tonnes métriques [1 tm = 991 kg] de pommes de terre et le même poids d’oignon par bigha (en superficie, 1,59 bigha équivalent à un acre, soit 0,25 ha). Le prix moyen à la ferme et au quintal (100 kilogrammes), sur cinq ans dans les anciennes fermes, est d’environ 200 roupies pour la pomme de terre et 250 roupies pour l’oignon. La perte peut être fixée quelque part entre 10 à 40% à cause du dessèchement, du pourrissement, et des déperditions en transit (selon diverses évaluations du gouvernement). Si le fermier est chanceux, et répond aux prix du marché intelligemment, il peut faire en moyenne environ 2000 roupies la tonne pour la pomme de terre et l’oignon. En d’autres termes, en deux récoltes il peut produire un revenu d’environ 44.500 roupies l’acre par an (environ 1000 dollars). Avec des coûts de production d’environ 38.000 roupies l’acre, le rapport dans les anciennes fermes est d’environ 6500 roupies plus l’épargne sur les coûts de main-d’œuvre, réalisée parce que le ménage entier travaille dans ces fermes. Ce calcul n’inclut ni les pertes après moisson, dues au pourrissement, au dessèchement, et aux déperditions pendant le transport, ni le coût des capitaux empruntés.
Si les 14.440 roupies calculées pour les coûts de main-d’œuvre sont économisées, le revenu net du ménage peut atteindre 20.900 roupies l’acre par an, c’est à peu près le même que celui d’une famille de six personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté. La majorité des fermes sont petites (moins de deux hectares) et les petits fermiers marginaux ont moins d’un hectare. Ainsi, un petit fermier marginal peut avoir un revenu maximum d’environ 50.160 roupies à l’hectare (20.900 roupies x 2,4 acres — ou 1114 dollars par an et par hectare), en excluant le coût des capitaux. Les fermiers obtiennent rarement ce niveau de revenu hypothétique.
Si un fermier finance 50% de ses coûts de production par des emprunts, même à un intérêt de 36% (taux forfaitaire de 3% par mois), il se retrouve dans de graves difficultés financières. Beaucoup empruntent 75 à 100% de leurs intrants parfois à un taux d’intérêt de 40%. Invariablement au temps de la moisson, quand il y a surabondance, les prix s’effondrent. Les petits fermiers et les marginaux n’ont pas les ressources pour louer l’espace d’entreposage afin d’obtenir un prix meilleur plus tard. La vente-panique érode davantage la viabilité financière des fermiers. Ceux qui emmagasinent leur surplus finissent en perdant 10 à 20% du stock à cause de la détérioration et du rabougrissement par dessèchement, ce qui neutralise tous les gains à travers la fluctuation saisonnière des prix.
Si le prix du marché chute de 20%, même si le fermier n’a pas emprunté d’argent, il aura une perte de 2384 roupies (53 dollars) à l’acre. Pratiquement tous les trois ans, les prix s’effondrent d’au moins 30 à 50%, à cause en grande partie des manigances des commerçants, laissant les fermiers profondément endettés. Par conséquent, le discours sur l’aide aux fermiers avec un plus grand accès au marché, une promesse qui a été répétée par chaque politicien et chaque ministre de l’Agriculture depuis 1947, est peu susceptible de résoudre le problème du revenu minimum garanti. Comme montré ci-dessus, les fermiers marginaux ne peuvent pas tirer bénéfice de l’accès au marché ; c’est plutôt le marché qui agit à son gré contre l’intérêt des petits fermiers marginaux.
Cela démontre comment la méthode conventionnelle d’agriculture emprisonne les fermiers petits et marginaux dans la dette, un système de culture qui a été promu par Swaminathan, un établissement de Rockefeller. Swaminathan a exploité à fond la situation alimentaire désespérée en 1966 : sans évaluation critique de notre système de culture autochtone, il a vigoureusement appuyé les méthodes de cultures industrielles, piégeant les fermiers dans l’élévation en spirale des coûts de production financés par la dette. C’est ainsi que les petits fermiers indépendants US ont été décimés, pour être remplacés par une agriculture industrielle. Et c’est ainsi que les fermiers indiens sont détruits.
En dépit du fait que 70% des électeurs indiens sont des petits fermiers marginaux vivant dans 600.000 villages, et malgré le fait que chaque politicien fait une génuflexion selon les rites devant ces pauvres insignifiants à l’époque des élections, pas une fois le gouvernement de l’Inde, ou un quelconque gouvernement d’État de quelque tendance politique que ce soit, n’a fait montre de sérieux pour les sortir de la pauvreté, de la santé précaire, de la malnutrition, ou de l’analphabétisme.
Pour manifester leur désespoir, les habitants de Dorli, district de Wardha, État du Maharashtra, ont affiché cette banderole à l’entrée de leur village : « Village à vendre, avec ses maisons, son bétail et ses champs ». Photo AP
L’échec des programmes de développement en Inde
Depuis 1951, l’Inde avait en apparence démarré ses plans quinquennaux pour le « développement planifié » sous influence soviétique, mais étonnamment sa politique agraire était directement sous contrôle et influence des Rockefeller, de la Fondation Ford et de l’USAID. Dans chaque plan quinquennal, l’agriculture et le développement rural étaient la priorité n°1 sur le papier, mais la réalité sur le terrain était fort différente.
• Les plus vieux fermiers se souviennent que dans les années 60, chaque responsable du développement agricole parcourait les villages en les encourageant à prendre le « kit gratuit » contenant des semences hybrides, des engrais et des pesticides. Au début, le rendement a augmenté de manière phénoménale. Par exemple, le rendement du blé a augmenté de 500% et celui du riz de 300%. Mais dans le processus de nombreux fermiers ont cessé de mettre de côté leurs graines et sont devenus lourdement dépendants de l’achat des semences hybrides, une politique délibérée pour déqualifier les fermiers.
• Des canaux d’irrigation ont été creusés pour les fermiers dans tout le pays, mais nombre de ceux-ci n’ont jamais obtenu d’eau ; même après trois ou quatre décennies la majorité sont à sec. Seuls quelques-uns, ceux creusés au Pendjab et en Haryana, ont de l’eau parce que les ingénieurs ont détourné les fleuves intarissables de l’Himalaya. Les départements de l’irrigation de la plupart des États sont maintenant faits une mauvaise réputation,privilégiant la corruption et le harcèlement des fermiers sur la construction de canaux qui fonctionnent.
• Le programme rural d’électrification, lancé en grande fanfare dans les années 70, soi-disant pour les fermiers, a été un fiasco. Villages après villages ont vu des poteaux et des fils électriques, certains depuis plus de trois décennies, mais les gens attendent toujours l’électricité. Ainsi les fermiers en sont arrivés à dépendre d’engins diesels pour tirer l’eau des couches aquifères souterraines. Comme ils tiraient plus d’eau, le niveau de l’eau est descendu, exigeant toujourrs plus de gasoil pour remonter l’eau. Il y a quarante ans, on pouvait atteindre l’eau à six pieds sous terre et construire un puits intarissable d’une profondeur d’environ 12 à 15 pieds. Aujourd’hui on a de la chance si on obtient de l’eau à moins de 120 pieds.
• Le plus grand programme de nutrition complémentaire du monde depuis 1974, dirigé par le gouvernement indien avec l’aide financière d’agences de l’ONU (FAO, Programme alimentaire mondial et UNICEF) et de la Banque Mondiale, censé alimenter 25 jours par mois les femmes enceintes, les mères allaitantes, les adolescentes et les enfants en-dessous de 6 ans, fonctionna pendant quatre ou cinq ans dans la majorité des centres de distribution en Uttar Pradesh, l’État le plus populeux de l’Inde. L’alimentation souvent vendue aux commerçants locaux, finit par se transformer en nourriture à bétail dans les exploitations d’élevage industriel ou comme matière première dans l’industrie agro-alimentaire, ou termine dans l’approvisionnement de l’épicerie locale. Le cycle de malnutrition entre les générations s’est perfectionné à un tel point que les fermiers marginaux sont des squelettes ambulants dans la plupart des endroits.
• Le programme d’alphabétisation des adultes, amorcé dans les années 50, a échoué ; trente ans plus tard le nombre d’adultes illettrés a en fait doublé en Inde. En 1988 a été lancée une autre « Mission Nationale d’Alphabétisation », mais en 1993 elle était moribonde. Pendant que beaucoup de régions renvoyaient des chiffres truqués, le recensement de 2001 indique en fait que la majorité des ruraux indiens sont toujours illettré. Dans certains villages aucune femme ne sait lire et écrire. Les ressources ont été détournées mais aucun responsable n’a été poursuivi. La communauté agricole reste illettrée.
• La majorité des fermiers n’ont aucun accès à une eau potable sûre. Le programme d’eau potable approvisionne maintenant en eau de pluie régénérée classique, récoltée dans des structures au niveau de la communauté, mais seulement du réservoir d’eau dans la majorité des villages. Une pompe électrique pour tirer l’eau souterraine et des canalisations chères ont été posées, bénéficiant aux fabricants de ces articles. Les couches aquifères souterraines sont contaminées par des pesticides infiltrés qui les rendent impropres à la consommation. Puisqu’il n’y a pas d’électricité et que la crise énergétique a déjà atteint des proportions explosives, plusieurs de ces ressources deviendront bientôt inexploitables. Par conséquent, les maladies et l’intoxication chimique portés par les eaux sont endémiques en Inde, et ce sont les fermiers qui en souffrent le plus.
• La majorité des villages n’ont aucun système sanitaire. Dans certaines régions, 93% des ménages ruraux n’ont pas de toilettes. Pendant la Campagne d’Hygiène Totale du gouvernement indien, des toilettes ont été construites dont les eaux usées sont évacuées dans les rues. Des solutions simples comme des toilettes à compostage ont été ignorées. En fait, ces toilettes constituent le plus grand désastre hygiénique du monde.
À quelques rares exceptions près, la même histoire se répète à travers à travers toute l’Inde.
Un point commun à presque tous les programmes indiens de développement rural est qu’ils ne bénéficient ni au peuple, ni aux communautés locales. En fait, ces programmes ne font que causer un colossal gaspillage d’argent du contribuable ; ils créent en réalité des conditions de mort lente par ignorance, saleté et maladie, pour le plus grand profit des grandes entreprises.
Ainsi, tous les programmes cherchant à alléger la misère rurale, à instruire la paysannerie, et à créer l’infrastructure rurale sont faits pour échouer mais aucun fonctionnaire ni aucun politicien ne peuvent être tenus responsable de l’échec. L’administration fonctionne avec des règles qui s’assurent que les individus investis de pouvoir ne peuvent jamais être tenus pour responsables des échecs. Il y a certainement d’excellents fonctionnaires et des politiciens efficaces, mais ils sont invariablement marginalisés. La méthode à l’œuvre dans ce pays est telle que peu de gens peuvent la combattre.
M. S. Swaminathan (à droite), président de la Fondation qui porte son nom, et Ravi Venkatesan, président de Microsoft Corporation India Pvt Ltd, en 2005, lors de la remise d’un million de dollars par l’entreprise de Bill Gates au « père de la révolution verte »
Les machinations du Nouvel Ordre Mondial
Pourquoi les dirigeants élus et les professionnels du service public de la plus grande démocratie du monde gardent-ils délibérément 70% de leur peuple, les fermiers marginaux, dans une dépendance servile continuelle ? Quelque chose de très sinistre se passe ici en Inde, quelque chose d’aussi méprisable que ce qui est arrivé en Union Soviétique il y a environ 70 ans, et qui est arrivé aux USA au cours des 100 dernières années : La décimation totale du fermier indépendant.
Selon John Coleman, « l’une des opérations principales mais peu connues de la Fondation Rockefeller ont été ses techniques de contrôle de l’agriculture mondiale. »
Son directeur, Kenneth Wernimont, a établi des programmes agricoles contrôlés par Rockefeller dans l’ensemble du Mexique et de l’Amérique Latine. Le fermier indépendant est une grande menace pour l’Ordre Mondial, parce qu’il produit pour lui-même, et parce que sa production peut être convertie en capital, lui donnant l’indépendance. En URSS, les Bolcheviks ont cru être parvenus au contrôle total du peuple ; ils furent consternés de constater que leurs plans étaient menacés par l’indépendance obstinée des petits fermiers, des koulaks. Staline ordonna à l’OGPU de saisir toute la nourriture et les animaux des koulaks pour les affamer.
Aux USA, les fondations sont à présent engagées dans le même genre de guerre d’extermination contre les fermiers US… La Brookings Institution et d’autres fondations sont à l’origine de programmes monétaires mis en application par la Réserve Fédérale pour détruire le fermier US, un remake de la tragédie soviétique en Russie, avec une clause conditionnelle il sera permis au fermier de survivre s’il devient travailleur esclave des trusts géants. »
La recherche du Dr John Coleman
http://www.barefootsworld.net/tavistok.html
Les recherches du Dr John Coleman, ancien agent des renseignements du MI6 britannique, jettent une lumière nouvelle qui force à regarder la crise agraire actuelle dans une nouvelle perspective, peut-être jamais explorée avant par les intellectuels indiens, quelle que soit la signification de ce terme, en particulier ceux qui prétendent représenter la société civile ; les intellectuels officiels sont de toute façon des payés à ne rien faire, des acolytes cooptés par les Rockefeller.
Premièrement, les banquiers, avant tout les Rockefeller, étaient responsables de la destruction des fermiers indépendants aux USA et cette histoire est en train de se répéter en Inde : détruire la volonté des fermiers marginaux afin de contrôler plus de 700 millions d’indiens pour toujours, condamnés à l’esclavage permanent. Cela fut mis en route par les colonialistes britanniques qui les ont maintenus continuellement affamés pendant 180 ans. Dans l’Inde libre la même politique est poursuivie par l’élite régnante cooptée, en maintenant les fermiers marginaux dans l’illettrisme, la sous-alimentation et sans aucun service de base comme les soins de santé, le système sanitaire, l’eau potable, les écoles, et les routes.
Deuxièmement, le fermier indépendant est la plus grande menace pour le pouvoir de l’élite régnante dans le monde parce que le fermier peut produire pour lui-même. Il ne peut pas mourir de faim. Si tous les fermiers indépendants produisaient seulement pour leur consommation personnelle, le reste du monde pourrait mourir de faim, l’élite régnante aussi pourrait mourir de faim (à moins qu’ils mangent du blé martien ou de la viande de Pluton). Le mille carré de Delhi, où vit l’élite régnante indienne, mourrait certainement de faim, mais pas les fermiers. Si les fermiers indépendants et les petits fermiers marginaux refusaient de vendre leur excédent aux multinationales agro-alimentaires, cette décision pourrait détruire le racket mondial de 3200 milliards de dollars sur la nourriture et rendre les gens en si bonne santé que les 466 milliards de dollars de l’industrie pharmaceutique pourraient passer à leur tour à la trappe [1]. Oh non, trop d’argent est en jeu. Par conséquent, la mascarade soignée du gouvernement « favorable aux fermiers », un mécanisme minutieux pour voler l’argent de contribuables au nom des « pauvres fermiers », brillamment manigancée par la gauche et les socialistes (principalement Jawaharlal Nehru et ses subordonnés) depuis 1947. Et tout cet argent, se déversant par milliers de milliards de roupies depuis 1947, n’a ni amélioré le sort des fermiers marginaux, ni aidé à créer une infrastructure rurale viable. L’argent s’est simplement évaporé et aucune question n’a été posée.
Troisièmement, les fermiers indépendants et marginaux ont besoin de capitaux pour les labours, les intrants et la connaissance. L’éducation (pour réduire les risques) et les intrants, comme les engrais, les pesticides, et les semences, sont tous contrôlés par de grosses entreprises sous tutelle des grands milieux d’affaires des fonctionnaires du gouvernement, dont les scientifiques de la bureaucratie agricole indienne. L’argent pour acheter ces intrants cruciaux est fourni par les banquiers des USA, de l’Union européenne, d’Australie et de Nouvelle-Zélande et n’est pas fourni par le système bancaire indien, qui est en fait maintenant sous contrôle de la Banque Mondiale et du FMI, lesquels sont à leur tour contrôlés par des ploutocrates comme Baring, Hambros, Lazard, Erlanger, Mirabauld, Fould, Mallett, Rothschild+Morgan, Schroeder, et bien entendu les Rockefeller.
Quatrièmement, les fermiers marginaux en Inde sont harcelés de produire pour les multinationales agro-alimentaires, comme PepsiCo et d’autres. Le nom de PepsiCo surgit maintes et maintes fois quand je rencontre les fermiers marginaux du Nord de l’Inde. Leur équipe de terrain avait offert des affaires « lucratives » pour un contrat de fermage, un nouveau concept en Inde. Entamée par le gouvernement précédent du BJP (les Nationalistes Hindous, comme dit la Britannique Blablateuse Corporation (BBC) aurions-nous cru, que veut nous faire croire que les nationalistes hindous sont des frères des Talibans), cette opération vise à louer la terre des fermiers marginaux pour y cultiver les produirts dont ont besoin ces multinationales pour fabriquer des produits alimentaires. Cela évincera des millions de fermiers marginaux de leurs fermes et émoussera davantage le savoir-faire de l’agriculture indienne. Où iront-ils, comment passeront-ils leur temps, combien ces multinationales les payeront-elles, si elles les payent intégralement, et restitueront-elles leurs terres aux propriétaires légitimes, ce sont là des questions qui n’habitent pas l’esprit de l’élite régnante indienne. Ce sont des machinations dans la droite ligne de celles de la Compagnie des Indes Orientales. Et le même ordre du jour, du Parti Nationaliste Hindou précédent, est mis au point sous l’actuel gouvernement « laïque », grand favori de Fox, de CNN et bien sûr de la BBC de gauche, et soutenu avec compétence par la Droite et le Centre-gauche indiens. Ainsi, tous les gouvernements et tous les partis politiques mettent en application le programme des Rockefeller et de leur espèce, à travers les puissantes multinationales ; nous sommes revenu aux années 1760, seuls les noms ont changé.
Cinquièmement, tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement des fermiers marginaux, en amont comme en aval, sont maintenant sous le contrôle du Big Business. Les entreprises multinationales de semences ont monté des opérations en Inde, certaines font fréquemment la Une pour vol de graines locales (Monsanto et Syngenta). Elles sont responsables, avec des noms illustres comme Swaminathan, de la destruction de la biodiversité indienne. Il convient de noter que l’Inde avait 100.000 variétés de riz ; aujourd’hui à peine 50 sont encore disponibles. Les fermiers dépendent maintenant de ces entreprises multinationales de semences et la première mesure qu’elles ont prises est de préconiser des graines hybrides, souvent volées aux peuples autochtones. Pour ajouter la cerise sur le gâteau à leur vol, maintenant ces multinationales contaminent délibérément les semences locales avec des graines génétiquement modifiées (GM) [2]. Dans 39 États, les semences locales sont maintenant contaminées par des graines GM, comme le rapporte le Dr Mae Ho de l’ISIS au Royaume-Uni.
« Dans son exposé majeur, « Le grand vol de gènes », le Dr Claude Alvares révèle comment le gouvernement US a volé des gènes en Inde en connivence active avec des scientifiques comme le Dr MS Swaminathan, qui a été autrefois largement salué comme le « père de la Révolution Verte », et qui influence toujours les décisions du Ministère de l’Agriculture indien. « Alvares décrit la marginalisation du Dr R H Richharia, brillant spécialiste du riz, qui a combattu tout seul pour préserver un précieux… héritage national (les semences de riz) — pour ensuite perdre face aux agents US. » (The Illustrated Weekly indien ; pages 6-17, du 23 mars au 5 avril 1986). Ce n’est pas un problème spécifique à l’Inde ; en matière de semences, les fermiers mènent partout une bataille perdue d’avance.
Pareillement, les fabricants d’engrais et de pesticides couvrent maintenant la totalité de l’Inde de points de vente locaux vendant des poisons efficaces et les fermiers les utilisent sans chaussures, sans masque facial, pendant que les femmes et les enfants s’asseyent tout près. Les rapports récents d’une ONG révèlent que les cultivateurs de coton de l’État du Pendjab ont de hauts niveaux de résidus de pesticides dans le sang. Les taux de cancer ont augmenté de façon vertigineuse ; des fermiers sont morts empoisonnés par les pesticides.
Il n’y a aucune différence dans l’action des voleurs de l’East India Company (1760-1857), les pilleurs de l’Inde britannique (1857-1947) et le gouvernement indien coopté (depuis 1947). Sauf que la forme d’extorsion a changé
Chaque acre d’oignon et de pomme de terre rapporte aux multinationales 523 dollars en semences, gasoil, engrais et pesticides, et rapporte au maximum 464 dollars au fermier, dans des conditions idéales.
Revenu des fermiers (par an et par acre)
Fermiers : 144 dollars US
Économie de main d’oeuvre : 320 dollars (en cas de non-recours à une main-d’œuvre salariée)
Excédent brut : 464 dollars (coût du capital exclu)
Revenu pour les entreprises (par an et par acre)
Semences : 168,89 dollars
Gasoil : 84,45 dollars
Engrais et pesticides : 270,23 dollars
Total aux entreprises : 523,57 dollars
Si le fermier obtient 464 dollars à l’acre, le coût social du revenu additionnel de 320 dollars est énorme : les enfants ne vont pas à l’école, les femmes font un travail éreintant de 16 heures par jour, et la famille vivote tout juste avec deux repas par jour, et parfois même pas ça. D’autre part, le coût environnemental des 523 dollars allant aux distributeurs et aux détaillants des multinationales US et européennes est aussi énorme : ressources en eau épuisées, terre empoisonnée, mort du sol, biodiversité détruite, contamination des semences naturelles par des graines GM, destruction de l’habitat, contamination des gisements naturels d’eau, apparition de maladies inconnues et extension de problèmes de santé comme le cancer, le diabète, les déficiences immunitaires etc.
Chandrakant Gurenule avait 34 ans. Il s’est sucidé le 1er avril 2006 dans son village de Sayatkhada, dans l’État du Maharashtra Il s’était laissé convaincre par Monsanto de planter sur ses six hectares du coton transgénique, vendant pour cela ses bœufs de labour et les bijoux de sa femme. Il n’a laissé à celle-ci que sa photo. Photo Sebastian D’Souza AFP
Ce qui se profile à l’horizon
L’industrie alimentaire mondiale a une valeur 3200 milliards de dollars et s’accroît, probablement vers la valeur de 4000 milliards de dollars. L’industrie alimentaire peut maximiser ses bénéfices seulement en contrôlant les agriculteurs et leur terre ; c’est la logique du business alimentaire.
Tableau 1 – MARCHÉS GLOBAUX
En millions de dollars % du total
Semences 21.000 0,55%
Engrais 80.000 2,10%
Pesticides 35.400 0,93%
Industrie alimentaire 3.200.000 84,16%
Pharmaceutique 466.000 12,26%
Total 3.802.400 100,00%
Le tableau 1 démontre que les gens ont acheté pour 3200 milliards de dollars de nourriture sur la Terre. Afin de produire les 3200 milliards de dollars de ventes de l’industrie alimentaire, les fermiers ont payé 21 milliards de dollars à l’industrie des semences, 80 milliards de dollars à l’industrie des engrais, et 35,4 milliards de dollars à l’industrie des pesticides. Et chaque industrie est un tueur silencieux. Les gens tombant malades et devenant fragiles, ils ont payé un supplément de 466 milliards à l’industrie pharmaceutique pour faire face aux effets secondaires de cette nourriture, pour rester sains et survivre. Les ploutocrates qui contrôlent les banques contrôlent les semences, les engrais, les industries alimentaires, et ils contrôlent aussi l’industrie pharmaceutique. À travers des agences d’ AID (agences pour le développement international) et des fondations de recherche bien financées ils promeuvent des technologies douteuses [3] et détruisent les systèmes autochtones viables. La complicité du gouvernement indien est partout :
(a) Il a signé la Knowledge Initiative in Agriculture (initiative pour le savoir agraire) avec le meurtrier de masse George Bush à Hyderabad (en mars 2006), sachant parfaitement bien que l’initiative cherche à introduire en douce en Inde des technologies destructrices pour la sécurité alimentaire et les méthodes de culture autochtones ;
(b) une importante tentative pour déréglementer la sécurité alimentaire en faveur des entreprises transnationales est en cours ;
(c) les fermiers des États d’Uttar Pradesh et du Bihar se sont fréquemment plaints de leur impossibilité à stocker des semences, ce qui indique que des terminators GM sont présents sur le marché en dépit des lois interdisant les semences GM ;
(d) le Comité d’approbation du génie génétique du Ministère de l’Agriculture n’est rien de plus qu’un organisme à donner des coups de tampon ;
(e) les gouvernements occidentaux et les transnationales alimentaires sous l’OMC sont en train de réécrire toutes les règles cocnernant tous les aliments (Codex Alimentarius) [4]. Tout cela acculera les fermiers marginaux à la dette et à l’esclavage. Aujourd’hui, pratiquement toutes les méthodes soutenant la santé et la longévité ont été détruites et les gens sont forcés de dépendre des entreprises pour survivre… depuis les semences jusqu’à la nourriture et les médecines, et dans cette globalisation non consentie, la survie des fermiers marginaux n’est pas un problème.
La vérité
Un fermier pauvre indien gagne aujourd’hui en s’épuisant à la tâche 144 dollars, soit exactement 12 dollars par mois. Si le ménage entier, enfants de cinq ans compris, cultive un acre, ils pourraient juste gagner 464 dollars de leur maigre exploitation, à condition que tous les facteurs soient favorables, ce qui arrive rarement. Mais les entreprises, leurs distributeurs et leurs détaillants extraient 523,57 dollars de chaque acre travaillé, que le fermier gagne ou non le moindre dollar. La destruction des fermiers indépendants US manigancée par les Rockefeller est répétée ici en Inde.
Les suicides des fermiers indiens servent deux objectifs :
Un, la réduction de la population indienne et de la pression sur les ressources naturelles pour les raisons qui ont été concotées par les penseurs néo-conservateurs qui contrôlent la politique de Washington. La population mondiale doit être ramenée au niveau de 1750, à 770 millions si la planète veut survivre à l’ère de l’après-pétrole. Cela était connu d’un petit groupe aux USA en 1974 et le plan pour réduire la population mondiale a été mis en marche par Henry Kissinger, endossée par Jimmy Carter, favorisé par Reagan, George Bush senior, Clinton, et maintenant accéléré par Baby George.
Deux, alors que les ploutocrates mettent en application leur programme à travers l’élite indienne régnante et cooptée, ils extraient autant de profits qu’ils le peuvent, tout en tuant simultanément deux fois plus sur la Terre. Le profit doit être assuré, peu importe l nombre de morts. Et les gouvernements indiens ont été d’actifs complices dans la mise en œuvre de cet ordre du jour depuis 1947. D’abord c’étaient Nehru et sa fille Indira Gandhi qui ont gouverné l’Inde pendant 34 ans. Puis Rajiv Gandhi, fils d’Indira Gandhi, qui a gouverné cette nation infortunée. Aujourd’hui, Manmohan Singh, Montek Singh, Chidambaram, Karat, Sitaram, tout l’establishment politique et bureaucratique, sont responsables de la création des conditions pour réduire la population de l’Inde.
Toute la tragédie c’est que chaque individu sur terre est condamné à mort par l’uranium appauvri contaminant l’atmosphère : chaque personne de chaque classe, couleur, croyance, ou religion. L’élite régnante de Delhi est particulièrement vulnérable. Ils ont respiré de l’air contaminé par de l’uranium appauvri depuis 1991 et ils sont tous condamnés à mort. Combien de temps mèneront-ils une vie normale avant une longue et pénible agonie ? C’est leur problème, pas le mien. Mais ils sont autant responsables de la mort des fermiers qu’ils le seront de leur propre mort et de la mort d’une civilisation antique parce qu’ils n’ont pas vu venir la catastrophe annoncée.
Les deux plus grandes démocraties du monde sont en train d’écrire l’épitaphe des fermiers indépendants et de leurs propres peuple. Toute l’ironie c’est que les pierres tombales des fermiers US sont produites en réalité dans des carrières de pierres de l’Inde par les mains de fermiers excédentaires, tandis que le bois des bûchers des fermiers indiens morts sont obtenus ici, directement ou indirectement, en graissant la patte des fonctionnaires forestiers. Les Illuminati gouvernent, ok !
Notes de l’auteur
1- Henry Waterfield, (1875), Mémorandum sur le recensement de l’Inde britannique 1871-72, Londres, Eyre and Spottiswoode, P. 6 ; http://www.chaf.lib.latrobe.edu.au/dcd/page.php?title=&action=next&record=4]
2- Dharampal. L’Inde avant le gouvernement britannique et la base pour la réapparition de l’Inde. 1998. Gandhi Seva Sangh, Sevagram, Wardha, Maharashtra : http://www.swaraj.org/shikshantar/resources_dharampal.html. Il convient de noter que Sevagram a été établi par le Mahatma Gandhi.
Notes du traducteur
[1] D’autres ont les mêmes vues que Arun Shrivastava. De nombreuses maladies de dégénérescence seraient dues au déficit en nutriments essentiels dans les aliments industriels. Les maladies cardio-vasculaires en particulier seraient des états scorbutiques pouvant être soignés rapidement avec de fortes doses de vitamine C, entre autres. Les médicaments de synthèse ne seraient d’aucune utilité, sauf bien sûr pour pérenniser les revenus de l’industrie pharmaceutique…
http://www.laleva.cc/The_Hague/fr/complaint0.html
[2] Ces multinationales ont des objectifs criminels évidents puisqu’elles cachent au public les rares études complètement indépendantes qui démontrent généralement la dangerosité des OGM :
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=BLE20061102&articleId=3672
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=20061103&articleId=3698
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=GE-20061103&articleId=3687
[3] Que penser, par exemple, de la chimiothérapie et des rayons pour « traiter » le cancer ? Ces techniques détruisent et font souffrir, alors que dès la fin des années 60 on savait pratiquement vaincre naturellement le cancer. Voir, par exemple, l’histoire de André Gernez, chercheur à l’INSERM : http://www.lesensdenosvies.org/forum/index.php?s=66094fbdbb20d634abeb7b56962995d3&showtopic=710&st=0&#entry8850
http://www.amessi.asso.fr/Protocole-du-Dr-Andre-Gernez-sur
[4] L’usage de plantes utilisées traditionnellement depuis des lustres est aussi progressivement interdit par le Codex Alimentarius. Actuellement, par exemple, on vise à interdire ou à contrôler l’usage de l’ortie, un fertilisant et un pesticide naturel, efficace, sans danger et pas cher.
Autres exemples tirés du livre « Au nom de la science » de Andew Goliszek et Thierry Souccar : L’AFSSAPS a interdit les produits à base de kava, ils gênaient la vente d’anxiolytiques de synthèse chers (un marché de 380 millions d’euros), ou encore les produits à base de millepertuis, un antidépresseur naturel léger sans danger qui était de plus en plus utilisé contre l’anxiété et la dépression, au détriment des produits de synthèse chers et dotés d’effets secondaires pas secondaires du tout…
Article original : Mass Suicides by Indian Farmers, Shape of Things to Come,Review Article on the Crisis in Indian Farming, Global Research, 11 septembre 2006.
The People’s Voice , 8 octobre 2006.
Arun Shrivastava, Master of Business Administration, au Calcutta Medical College, est conseiller diplômé en gestion.
Traduit de l’anglais en français par Pétrus Lombard, membre associé et révisé par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.