Sur la piste du Canada errant

Mai 2018 : Jean Morisset, prof à l’UQAM, polyglotte, poète, auteur et géographe (espèce en voie de disparition) est un grand voyageur qui foulé les terres de l’Argentine jusqu’au Nunavut. Il a mis toute son expérience et ses connaissances à contribution pour produire ce magnifique livre SUR LA PISTE DU CANADA ERRANT Déambulations géographiques à travers l’Amérique inédite (Boréal 2018). Vos préconceptions et préjugés sur le Canada (dans le sens originel, la Grande rivière de Canada 1535) n’en sortiront pas indemnes. Il bouscule de fond en comble nos idées identitaires : et ce n’est pas du genre d’idée qu’une certaine frange identitaire affectionne. Voici quelques sujets dont il parle dans cette entrevue de 35 minutes.
The Province of Quebec était dans les faits la première réserve, le premier bantoustan que l’Empire britannique a établi. Il se servait de cette méthode en British North America comme il fera plus tard en British West Africa et British West Indies etc.
La France : « nous demeurons semblables à tous les colonisés de la France! » Le mythe français de l’américanité exclut d’emblée les Canayens (dits Québécois aujourd’hui) et ce mythe qui glorifie les anglo-américains et les latino-américains a contribué à l’anéantissement du peuple canadien.
S’identifier comme « Canadien » était dédaigné au plus haut point jusqu’au début du 20e siècle par les Britamiens (résidants de la British North America) qui, à reculons, ont pris possession par usurpation du mot « Canada ».
On s’attarde périodiquement sur le pourcentage de « sang indien » chez les Québécois. Or là n’est pas la question. Ce qui compte, c’est que les Britanniques qui ont conquis le Canada croyaient dur comme fer que les Canadiens étaient des sauvages, des Métis. Les Français le croyaient aussi, eux qui sont partis en France après le Conquête. De plus, French Canadian-Canadien français est un non sens car il est impossible d’être Français et Canadien en même temps, comme d’être noble et sauvage.