Syrie : Du gaz sarin dans l’arsenal djihadiste mais Obama s’est tu!
Pour mieux accuser Bachar al-Assad de l’attaque chimique du 21 août dernier dans la banlieue de Damas, l’administration américaine aurait caché que le Front al Nosra disposait de gaz sarin…
Le camp du bien contre le camp du mal dans la tragédie syrienne ? Cela fait longtemps que la réalité a balayé cette thèse lénifiante. S’il reste encore des Candide, les dernières révélations du journaliste américain Seymour Hersh vont mettre leur angélisme à rude épreuve. Des infos si sensibles qu’aucun journal de son pays n’a eu le cran de les publier !
C’est la London Review of Books, le magazine littéraire britannique, qui a accueilli l’enquête de Seymour Hersh, célébrissime aux Etats-Unis pour avoir dénoncé naguère le massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam et, plus près de nous, le scandale des sévices infligés aux prisonniers irakiens dans la prison d’Abou Ghraib.
Selon ce scoopeur sans peur, l’administration Obama aurait délibérément caché les conclusions d’un rapport secret sur les capacités du Front Al Nosra, la milice des rebelles syriens djihadistes, à produire du gaz sarin. C’est un haut responsable de l’Agence chargée du renseignement militaire qui aurait réceptionné le document.
Un document très étayé qui citait les noms des petits chimistes préférés d’Al Nosra, dont un certain Ziyad Tarik Ahmed, ancien militaire irakien spécialiste des armes chimiques. Ces informations capitales précédaient de deux mois la fameuse attaque du 21 août dans la banlieue de Damas, imputée par (presque) la totalité des médias au régime de Bachar. Cette tragédie a failli entrainer une intervention internationale en Syrie, dont François Hollande s’est révélé l’un des plus chauds partisans tandis que Barack Obama opérait assez rapidement une volte-face spectaculaire.
Selon Seymour Hersh, Obama a « sélectionné » les renseignements qui lui avaient été transmis. Pas question de jeter l’opprobre sur le camp du bien, alias les révolutionnaires opposés au tyran. Pas question d’évoquer à l’époque la guerre qui opposait déjà les rebelles à d’autres rebelles, pas plus que les crimes de guerre commis par ces anges déjà très sanglants. Pourtant, des rapports alarmants sur les massacres de civils commis par les preux révoltés étaient déjà sortis dans les ONG et la première mention du gaz sarin aux mains d’Al Nosra remonte à la fin 2012 !
Les conclusions du document auquel se réfère le journaliste américain sont donc, non seulement plausibles, mais presque tardives. Le fait qu’elles aient été dissimulées par l’administration américaine, comme le soutient Hersh, constituerait donc un scandale d’Etat, aussi énorme qu’a pu l’être en son temps – février 2003- le mensonge de Bush et Colin Powell sur l’arsenal biologique de Saddam Hussein.
Tous les médias américains, tétanisés par ces accusations, se bouchent le nez. Rappelons qu’ils s’étaient tous alignés sur les mensonges bushistes à la veille de l’intervention en Irak. Seymour Hersh était seul alors. Comme aujourd’hui.
Voir le texte en anglais de Seymour Hersh :
Syria: Whose Sarin?, 8 décembre 2013