Syrie: les uns exfiltrent les terroristes, les autres évacuent les civils

La Syrie reste décidément le symbole de la dangereuse hypocrisie du clan atlantiste. Pendant que la Russie aide Assad à évacuer les civils de la Ghouta, le Conseil de sécurité sort de ses compétences pour traiter de manière « informelle » la situation des droits de l’homme en Syrie, oubliant de soulever la question de l’exfiltration par la coalition américaine d’un groupe de chefs de l’état islamique. A chacun sa guerre, semble-t-il.

Grâce au corridor humanitaire ouvert à la Ghouta, déjà plus de 79 000 civils ont pu fuir l’enfer des « terroristes-démocratiques » et l’armée régulière syrienne continue à avancer. C’est certainement la raison pour laquelle, alors qu’une telle question n’entre pas dans la compétence du Conseil de sécurité de l’ONU, mais de celle du Conseil des droits de l’homme de Genève, que les membres de la coalition américaine ont voulu mettre à l’ordre du jour une séance sur le respect des droits de l’homme en Syrie.

La Russie et la Chine ont coupé court à cette opération de politisation d’un conflit déjà largement instrumentalisé. Face à cet échec, les Etats-Unis avec la Grande-Bretagne, la France et la Suède ont organisé une table ronde « informelle », lors de laquelle le Haut commissaire des droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein nommé en 2014, a profité de l’occasion pour condamner la Syrie pour les « crimes de guerre » commis contre les populations. Pour lui, la lutte contre le terrorisme est un prétexte pour attaquer la population civile. Et le combat mené à la Ghouta le dérange particulièrement, comme le révèle cet article du New York Times:

« The siege of eastern Ghouta by the Syrian government forces, half a decade long, has involved pervasive war crimes, the use of chemical weaponry, enforced starvation as a weapon of warfare, and the denial of essential and life-saving aid, »

La représentante de la délégation russe auprès de l’ONU s’interroge sur la compatibilité éthique d’une telle déclaration avec l’obligation de neutralité des fonctionnaires de l’ONU. Surtout que le Haut commissaire ne dispose d’aucune information directe, puisqu’il n’est pas représenté sur le sol syrien. Une autre question se pose: où était-il lors de l’attaque de Mossoul; lors de l’opération en Irak?

Il détournait les yeux, comme la communauté internationale les détourne pendant que des hélicoptères de la coalition américaine exfiltrent tout un groupe de dirigeants de l’état islamique d’origine irakienne du nord-est de la Syrie vers une destination inconnue.

La Syrie, comme l’Ukraine à un autre niveau, montre bien que les Etats dits « civilisés » utilisent des groupes terroristes ou extrémistes, selon les régions, pour déstabiliser les Etats, reconstituer les équilibres régionaux en fonction de leurs intérêts et faire le sale travail à leur place.

Non, ce n’est plus de l’hypocrisie, c’est un mode de gouvernance.

Karine Bechet-Golovko



Articles Par : Karine Bechet-Golovko

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