Tendance en Syrie : Des massacres « préparés » pour torpiller le processus politique

Tendances de l’Orient

Le scénario qui se déroule en Syrie est devenu un classique que mérite d’être enseigné dans les écoles de sciences politiques. A la veille de chaque échéance susceptible de faire avancer le processus de règlement politique, les groupes extrémistes terroristes, financés, armés et manipulés par les Etats-Unis via leurs agents du Golfe et la Turquie, provoquent une flambée de violence. Bénéficiant ensuite d’une couverture médiatique planétaire, ils provoquent un tapage d’enfer, destiné à imposer leur propre agenda. Depuis des mois que cela dure, leur objectif n’ont jamais été atteint. Mais cela ne les empêche pas de réessayer encore et encore…

Heureux hasard du calendrier, les nouveaux massacres imputés aux forces gouvernementales ont eu lieu à la veille de l’arrivée à Damas de l’émissaire international Kofi Annan, dont la visite avait été annoncée en premier lieu par le président Bachar al-Assad, dans une interview accordée il y a deux semaines à la télévision russe Rossia 24. M. Assad avait affirmé qu’il poserait des questions à M. Annan sur le fait que les violences commises par les extrémistes sont systématiquement passées sous silence. L’émissaire de l’Onu était censé examiner les moyens de mettre en œuvre la deuxième phase de son plan en six points, qui consiste à mettre sur les rails la solution politique, basée sur le dialogue. Un dialogue que le Conseil national syrien (dont il ne reste plus grand chose après la démission de son chef Burhane Ghalioun) et l’Armée syrienne libre (ASL), la milice auxiliaire des services de renseignements turcs, de la CIA et des pays du Golfe, n’ont jamais officiellement accepté, pas plus que le plan Annan.

Les officines de l’opposition commencent tout à coup à évoquer la situation à Houla, parlant de « massacres perpétrés par les forces gouvernementales ». Les images de corps ensanglantés et meurtris sont diffusés sur les médias du réseau planétaire. Pour des militants « bombardés au canon de tank et à l’artillerie et pourchassés par les troupes du régime », on remarquera qu’ils ont eu le temps de filmer les corps tranquillement. Les indignations fusent de toutes parts, les condamnations aussi. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, annonce que son pays projetait de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu. L’ASL affirme ne plus être engagée par le plan Annan (qu’elle n’a toujours pas officiellement accepté) et envoie « en enfer » l’initiative de l’émissaire international.

Les observateurs internationaux se rendent à Houla (au Nord d’Alep) et constatent l’ampleur de la tragédie: au moins 32 enfants de moins de dix ans morts et 60 adultes. Le chef des observateurs, Robert Mood, fait une déclaration dans laquelle on peut retenir une phrase très significative: « Ceux qui ont provoqué ces violences, ceux qui ont riposté et ceux qui sont responsables… ». Le général norvégien parle donc de provocation.

La version du gouvernement syrien, que personne ne prendra la peine de diffuser, est la suivante: des groupes extrémistes armés de mortiers et de missiles antichars ont attaqué les troupes régulières qui ont riposté. Les terroristes ont ensuite commis les massacres pour provoquer l’exode des habitants (qui a effectivement eu lieu) pour faire assumer aux troupes régulières  la responsabilités de ces atrocités.

Le gouvernement syrien avait fait état de deux autres massacres commis dans les localités de Taldou et de Choumariya, où des « groupes d’Al-Qaïda » ont massacré les membres de deux familles, 18 personnes au total.

Le ministre des Affaires étrangère, Walid Moallem, a contacté M. Annan pour lui expliquer la réalité des faits, rapportés en détail par le porte-parole du ministère, Jihad Makdessi. Mais les médias internationaux ont-ils des yeux et des oreilles autre que pour les officines de l’opposition, financées par les grandes démocraties wahhabites du Golfe?

  



Articles Par : Pierre Khalaf

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